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L'Apothéose est le placement d'une personne au rang des dieux, ou dans les cieux, ou plus prosaïquement parmi les célébrités. Le sens du terme a beaucoup évolué au cours de l'histoire.

Définition

Selon l'étymologie, apothéose vient du latin apotheosis déification »), lui-même issu du grec ancien ἀποθέωσις, apotheosis, il est dérivé de θεός, theós dieu »)[1].

Dans la mythologie grecque, l'apothéose signifie l'admission du héros parmi les dieux de l'Olympe : on a pour exemples celles d'Héraclès ou d'Énée. Pendant la période romaine, l'apothéose est une cérémonie de déification (anthume ou posthume) pour les empereurs (ou exceptionnellement pour une personne de la famille ou de l'entourage de l'empereur)[2].

Dans la religion catholique, l'apothéose renvoie à l'ascension et à la glorification posthume de saints.

Relief votif de Polydeukion.

Grèce antique

Depuis au moins l'époque géométrique (IXe siècle av. J.-C.), certains héros décédés depuis longtemps ou liés aux mythes de fondation des cités grecques se voyaient accorder des rites chthoniens dans un hérôon, ou « temple de héros »[3].

Dans le monde grec, le premier dirigeant qui s’accorda les honneurs divins fut Philippe II de Macédoine. Lors de son mariage avec Nicesipolis, sa sixième femme, l'image de l'intronisation de Philippe II de Macédoine fut transportée en procession parmi les dieux de l’Olympe ; « son exemple à Æges fait alors l'objet d'une coutume, en passant par les rois macédoniens qui ont ensuite été vénérés dans l'Asie grecque, ensuite à Jules César et enfin aux empereurs romains »[4]. De tels chefs d'État hellénistiques pouvaient être ainsi élevés à un statut égal à celui des dieux avant la mort (par exemple : Alexandre le Grand) ou après (par exemple : les membres de la dynastie lagide). Le statut attribué par les cultes héroïques, quelque peu similaire à celui des cultes apothéotiques, était aussi un moyen de rendre un hommage à des artistes vénérés autrefois, en particulier Homère.

Apothéose d'Homère, Jean Auguste Dominique Ingres, 1827

Les cultes des héros grecs archaïques et classiques devinrent essentiellement civiques, s'étendant de leurs origines familiales au VIe siècle av. J.-C. Au VIe siècle av. J.-C., plus personne ne basait son autorité sur le héros, à l'exception de quelques familles qui héritaient de cultes sacerdotaux particuliers, comme les Eumolpides (descendants d'Eumolpos) les mystères d'Éleusis, et quelques prêtres héréditaires aux sites d'oracle.

Les cultes de héros grecs sont différents du culte impérial romain destinés aux empereurs morts, car le héros n'était pas considéré comme étant monté à l'Olympe : il était sous terre, et son pouvoir était purement local. Pour cette raison, les cultes de héros étaient de nature chthonienne[5], et leurs rituels ressemblaient plus à ceux d'Hécate et de Perséphone qu'à ceux de Zeus et d'Apollon. Il y a toutefois deux exceptions, Héraclès et Esculape, qui pouvaient être honorés en tant que dieux ou héros, parfois par des rites nocturnes et des sacrifices chthoniens le jour suivant.

Apothéose de Sabine - Relief de l'Arc de Portugal.

Rome antique

La religion romaine traditionnelle faisait généralement la distinction entre un deus (dieu) et un divus (mortel devenu « divin » ou divinisé). Des temples et des colonnes ont été élevés comme espaces de culte.

Jusqu'à la fin de la République, les Romains n’ont accepté qu’un seul cas d'apothéose officielle : le dieu Quirinus, quelle que soit son origine, avait été assimilé à Romulus. Par la suite, l’apothéose dans la Rome antique devint un processus par lequel un souverain défunt était divinisé par son successeur, généralement par un décret du Sénat[6] ou par consentement populaire. De plus, le souverain vivant divinisait un prédécesseur populaire pour se légitimer et gagner en popularité. L'aristocratie n’a pas toujours pris part au culte impérial, et certaines personnes privées se permettaient de ridiculiser l’apothéose des empereurs ineptes et faibles, comme dans la satire de Apocoloquintose sur l'empereur Claude, généralement attribuée à Sénèque.

À l’apogée du culte impérial, dans l’Empire romain, les défunts proches de l’empereur (les héritiers, les impératrices ou les amants, comme Antinoüs pour Hadrien) peuvent également être divinisés les personnes divinisées reçoivent, à titre posthume, le titre de divus[6],[7] (ou diva), attaché à leur nom. Le culte des divi se voit progressivement retirer les ressources et prêtres qui lui sont alloués à la fin de la première moitié du IIIe siècle, bien que des empereurs aient continué à être divinisés jusqu'à la fin du siècle[6],[8].

Christianisme

Ascension de Jésus au-dessus des apôtres et de la Vierge.

À la place du mot « apothéose », les théologiens chrétiens utilisent les mots « déification », « divinisation » ou le mot grec theosis. La théologie traditionnelle voit Jésus-Christ comme le Dieu préexistant qui prend la condition des mortels, et non comme un mortel qui aurait atteint la divinité. L'objectif d'un chrétien est sa déification (theosis). Cela est possible parce qu'il est fait à l'image de Dieu et il peut donc devenir comme Dieu[9].

Islam

Dans l'islam, le concept d’apothéose n’est pas vraiment adapté, on utilise plutôt la notion de « sacrifice » (ou Dhabihà en arabe). On retrouve cette notion dans la fête de « l’Aïd-el-Kebir » qui marque la fin du Hajj, le pèlerinage à La Mecque.

Sens laïc

En elle-même l’apothéose renvoie à de nombreuses notions, très diverses :

  • elle peut se rattacher au concept du prolongement, dans le domaine de l'histoire de l'art ;
  • elle est aussi utilisée dans le langage courant pour faire l’éloge de quelqu’un que l’on veut valoriser ;
  • elle représente également l'éloge d'un homme, mort ou vivant, que l’opinion générale « élève » au-dessus du commun ;
  • le terme « apothéose » peut aussi être utilisé pour caractériser une étape particulièrement impressionnante d'une performance.

Il s'agit là de dérivés du terme initial du mot « apothéose » en usage dans le monde contemporain.

Notes et références

  1. « apothéose — Wiktionnaire », sur fr.wiktionary.org (consulté le )
  2. « Consecratio », sur mediterranees.net (consulté le )
  3. Paul Foucart, « Le culte des héros chez les Grecs », Mémoires de l'Institut national de France, vol. 42, no 1, , p. 1–166 (DOI 10.3406/minf.1922.998, lire en ligne, consulté le )
  4. Robin Lane Fox, Alexander the Great, Penguin, , 4e éd. (1re éd. 1973), 576 p. (ISBN 978-0-14-102076-1).
  5. Un culte « chthonien » renvoie aux divinités chthoniennes, divinités du monde des Enfers, en opposition aux divinités olympiennes.
  6. 1 2 3 Catherine Virlouvet (dir.) et Claire Sotinel, Rome, la fin d'un empire : De Caracalla à Théodoric 212 apr. J.-C - fin du Ve siècle, Paris, Éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 687 p. (ISBN 978-2-7011-6497-7, présentation en ligne), chap. 3 (« Vitalité et crise de la vie religieuse »), p. 106-109.
  7. « divus — Wiktionnaire », sur fr.wiktionary.org (consulté le )
  8. Collectif, L'empereur romain, un mortel parmi les dieux, Nîmes, Musée de la Romanité - Ville de Nîmes, , 240 p. (ISBN 9782957178407)
  9. Athanase d'Alexandrie#Héritage spirituel, Sur l'incarnation du Verbe (54,3).