Bayezid Ier | ||
Le sultan Bayezid Ier. | ||
Titre | ||
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4e sultan ottoman | ||
– (13 ans, 1 mois et 4 jours) |
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Prédécesseur | Mourad Ier | |
Successeur | Mehmed Ier | |
Biographie | ||
Dynastie | Dynastie ottomane | |
Nom de naissance | بايزيد بن مُراد | |
Date de naissance | ||
Date de décès | (à 48 ans) | |
Père | Mourad Ier | |
Mère | Gülçiçek Hatun | |
Fratrie | Yakub Çelebi, Savci Bey, Ibrahim, Yahşi Bey, Nefise Hatun | |
Conjoint | Sultan Hatun, Devlet Hatun, Hafsa Hatun, Despina Hatun, Maria Hatun | |
Enfants | Ertuğrul, Suleyman, Isa, Musa, Mehmed , Moustafa, Yusuf, Kasım, Hundi, Erhondu, Fatma, Oruz, fille inconnue | |
Religion | Islam | |
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Liste des sultans de l'Empire ottoman | ||
Bayezid Ier (turc : Yıldırım[1] Bayezıd), en français Bajazet, est un sultan ottoman né le et mort le . Il succéda à son père Mourad Ier en 1389 après la mort de ce dernier à la bataille de Kosovo, en se débarrassant immédiatement de son frère Yakub Çelebi.
Son caractère emporté et la rapidité de ses décisions lui valurent son surnom de la « Foudre ». Fait prisonnier par Tamerlan en 1402 à la bataille d'Ankara, il mourut en captivité l'année suivante.
Histoire
Il passa son enfance à Bursa où il reçut la meilleure éducation possible. Il épousa en 1381 la fille du bey de Germiyan, qui apporta plusieurs villes en dot aux Ottomans, dont Kütahya[2].
Prise du pouvoir et conquêtes dans les Balkans
En 1389, il participa avec son père et son frère à la bataille de Kosovo ; Mourad Ier étant mort sur le champ de bataille, Bayezid s'empara du pouvoir et fit exécuter son demi-frère Yakub. Il conclut avec Milica (veuve du prince serbe Lazar Hrebeljanović tué lui aussi) et les dignitaires de l'Église serbe un traité laissant à la Serbie une large autonomie. Il épousa la fille de Lazar, Olivera Despina. Stefan Lazarević, fils de Lazar, devenu son beau-frère et vassal, devait assurer sa victoire contre les armées chrétiennes à la bataille de Nicopolis en 1396.
Entre 1389 et 1395, Bayezid conquit la Bulgarie et le nord de la Grèce.
Campagnes en Anatolie
Dès 1389, les princes turcs de l'Anatolie, notamment ceux des deux grands émirats de Germiyan (région centre-ouest de l'Anatolie, autour de Kütahya) et de Karaman, commencèrent à s'opposer à la dynastie ottomane. En 1390, Bayezid parvint, grâce à la dot de son mariage avec la princesse Devlet de Germiyan, à annexer le vaste territoire des princes de Germiyan. Puis, Bayezid arriva en Anatolie avec des troupes serbes et conquit l'émirat de Karaman en 1397.
Siège de Constantinople
En 1391, il entreprit le blocus de Constantinople, la capitale de l'Empire byzantin. Ce siège fut à la fois terrestre et maritime. Les Turcs ne vinrent pas à bout des murailles de la ville. En 1392, une armée hongroise menée par le roi Sigismond Ier de Luxembourg obligea Bayezid à lever le siège. En 1393, Bayezid assiégea la ville de Tirnovo, capitale de l'Empire bulgare. Après cette campagne en Valachie et l'annexion de la province de Salonique en Grèce, le siège de Constantinople fut repris en 1394.
Pour ce faire, la forteresse Anadolu Hisarı (« forteresse d'Anatolie ») fut construite en 1394 au nord de Constantinople, sur la rive asiatique du Bosphore, afin de bloquer le passage des Détroits aux navires ennemis. Mais l'absence de marine et de canons suffisamment puissants rendit ce siège sans effet. À la demande de l'Empereur byzantin Manuel II Paléologue une nouvelle expédition de soutien fut organisée en 1396 avec les Bourguignons. De nouveau commandée par Sigismond Ier de Luxembourg, cette armée de secours fut défaite à la bataille de Nicopolis et les coalisés perdirent le terrain gagné. Cette expédition est appelée parfois la dernière croisade ou encore croisade de Nicopolis. Après cette victoire le calife abbasside du Caire Al-Mutawakkil Ier nomma Bayezid Sultan d'Anatolie.
Le siège de Constantinople fut maintenu jusqu'en 1398. L'irruption de Tamerlan en Anatolie obligea à le lever. Le traité prévoyait que Constantinople paie une très forte rançon et qu'une mosquée soit construite dans la ville. Bayezid engagea une bataille avec les Génois du quartier de Galata sur la rive nord de la Corne d'Or.
Bataille d'Ankara
En 1400, Tamerlan, après avoir pillé un certain nombre de villages, réussit à soulever les petites principautés turques que Bajazet avait annexées. Le à Ankara (Angora) s'engagea la bataille, fatale pour Bajazet qui fut vaincu et fait prisonnier. L'histoire raconte que lorsque Bajazet fut amené enchaîné dans la tente de Tamerlan, il éclata de rire. « Tu as tort de te moquer de moi, regarde ce qui m'est arrivé, cela pourrait aussi bien t'arriver ! Ce à quoi Tamerlan répondit : Je ne me moque pas de toi mais de l'ironie d'Allah qui a partagé le destin du monde entre un borgne et un boiteux ! » L'enfermement de Bajazet dans une cage par Tamerlan semble une légende[3] mais il est probable que Tamerlan l'ait gardé auprès de lui. Sa femme et ses filles furent transférées dans le harem de Tamerlan.
Bajazet est mort en captivité en 1403. Selon certaines sources, il se serait suicidé en utilisant le poison dissimulé dans son anneau tandis que pour d'autres, il se serait fendu le crâne en le heurtant contre les barreaux de sa geôle[4].
Descendance
Bajazet Ier a eu au moins quatre filles et huit fils : Ertuğrul, Yusuf, Kasım, Suleyman, Isa, Musa, Mehmed et Mustafa (capturé ou tué à la bataille d'Ankara). Les quatre survivants se disputèrent le pouvoir : l'État ottoman entra dans une période de désordre et de querelles de succession appelée « l'interrègne ». Son fils Mehmed lui succéda finalement.
Dans les arts
Antonio Vivaldi a composé un opéra inspiré de l'histoire du sultan, Bajazet.
Georg Friedrich Haendel a également mis en scène Bajazet Ier, dans son opéra Tamerlano, où lui et sa fille Asteria s'opposent au conquérant timouride.
Tradition religieuse
Bajazet est le premier sultan à avoir initié la tradition de la procession de Surre.
Notes et références
- ↑ « foudre » ; « tonnerre ».
- ↑ R. Mantran, Histoire de l'Empire ottoman, p. 43.
- ↑ Jean Oliva en parlait comme d'une légende dans son édition du De varietate fortunæ du Pogge, Paris, 1723, p. XVI-XVIII, consultable sur le site del'Institut Warburg. C'est aussi l'opinion de J.P. Roux, Tamerlan, Paris, 1991, p. 143, selon qui la prétendue cage aurait été une litière grillagée (cité dans Le Pogge, Les Ruines de Rome, texte établi et traduit par J.-Y. Boriaud, introduction et notes par F. Coarelli et J.-Y. Boriaud, 2e tirage revu et corrigé, p. 89, note 6 de la p. 72).
- ↑ Cf. H. Hookman, Tamburlaine the Conqueror, Londres, Hodder and Stoughton,, , p. 273-274. Voir également A. D. Alderson, The Structure of the Ottoman Dynasty, Westport, Greenwood, (réimpr. 1982), p. 107, 110 et tableau xxiv « Bayezid I and his family », note 5.