Un chapelet est un objet de dévotion religieuse généralement constitué de grains enfilés sur un cordon formant un cercle. Utilisé dans diverses traditions religieuses (sous des noms différents), le chapelet permet de compter, en égrenant les grains, des prières récitées de manière répétitive. Ces grains sont en matériau d'origine diverse, souvent ordinaire (bois, os, noyaux, métal) mais également précieux (ivoire, corail, pierre précieuse, perle).
Étymologie
Le mot français chapelet est un dérivé du mot chapeau dont la forme ancienne était chapel. À l'origine (v. 1200), il désigne une coiffe, une couronne de fleurs et devient un terme à usage religieux par analogie avec les couronnes de roses, dont on ornait la tête des statues mariales (cf. rosaire). Synonymes : suite, série, défilé. On dit un chapelet de roses pour une suite de roses liées entre elles longitudinalement[1].
Historique
Des colliers de perles, dents et coquillages ont fréquemment été trouvés dans les tombes antiques ou préhistoriques sans qu'on puisse leur accorder de signification religieuse.
Fabrication
Ces objets peuvent se présenter sous différentes formes (croix, collier, bague, corde…), et réalisés en différents matériaux (bois, nacre, plastique, perle…). Le fabricant de chapelets catholiques appelé en français le « patenôtrier ».
En Inde, selon un travail sur la pharmacopée traditionnelle hindoue, les chapelets hindous étaient fabriqués non pas à partir des graines de l’Azadirachta indica (nimba en sanscrit, et neem en hindi) qui étaient plutôt utilisées pour exorciser les démons et les esprits des morts, mais à partir d’Elaeocarpus ganitrus (rudraksha en sanscrit ou en hindi)[2]. Les Hindous utilisent toujours ces chapelets à base de rudraksha.
Les bouddhistes (et probablement les brahmanes) ont utilisé les graines noires de Sapindus mukorossi (aux vertus purifiantes ; également utilisées pour produire un savon) [3].
Les graines de Caesalpinia bonducella servaient aussi à produire des chapelets, ainsi que des perles de colliers et de bracelets[4].
Différents types de chapelets
Christianisme
Dans le christianisme, il existe différents types de chapelets selon les confessions, dont l'usage varie : le tchotki ou komboskini est un chapelet utilisé par les orthodoxes et les catholiques orientaux généralement composé de 33, 50, 100 ou 300 nœuds ; le lestovka, chapelet utilisé par les orthodoxes vieux-croyants.
Chapelets catholiques
Le chapelet catholique traditionnel est composé de cinq dizaines de grains séparés par des gros grains ; c'est le modèle le plus courant et le plus connu. Par métonymie, le terme « chapelet » peut également désigner les prières que l'on récite avec un chapelet.
Il est utilisé par les fidèles catholiques pour compter les Je vous salue Marie, chaque dizaine consistant à réciter dix Je vous salue Marie[1]. Quatre tours de chapelet dits successivement constituent un « rosaire » : vingt dizaines (soit 200 Je vous salue Marie, correspondant au psautier marial), chacune étant associée aux mystères de la vie de Jésus (cinq joyeux, cinq douloureux, cinq glorieux et cinq lumineux). Le pape Jean-Paul II a ajouté une quatrième série, celle des cinq lumineux mais celle-ci n'est pas en principe priée lors du rosaire, mais plutôt au cours d'un unique chapelet (en général le jeudi) — Prier le chapelet ne consiste pas uniquement à répéter des prières mais essentiellement à méditer des passages de la vie de Jésus en les récitant[5].
Le chapelet commence par la récitation du Credo (correspondant à la croix du chapelet), suivi d'un Notre Père (le premier grain), de trois Je vous salue Marie (le groupe de trois grains suivant, correspondant aux vertus théologales), et d'un Gloire au Père (le dernier grain avant la boucle). Ensuite chacune des cinq dizaines commence par un Notre Père (le grain isolé), suivi de dix Je vous salue Marie (le groupe de dix grains) et se terminant par un Gloire au Père.
L'Église reconnaît les bénéfices issus de la méditation des mystères du rosaires décrits par Saint Louis-Marie Grignon-de-Montfort ainsi que les révélations faites au Bienheureux Alain de La Roche par la Mère de Dieu au sujet des 15 promesses de grâces et faveurs réservées aux dévots de la pieuse récitation du rosaire[6].
Il existe également un chapelet constitué de sept septaines séparés par des médailles (plus rarement des gros grains) formant le cercle, auxquels s'ajoutent trois grains s'achevant par une médaille. Ce modèle très particulier est appelé Chapelet des sept douleurs de la Vierge.
Sœur Faustine a reçu et répandu le chapelet de la Divine Miséricorde.
On trouve parfois aussi des chapelets dits du précieux sang. La fête du précieux sang a été instituée par Pie IX pour perpétuer le souvenir de la victoire de l’armée française sur la révolution de 1849 qui chassa le pape de Rome. Cette fête rappelle aux fidèles toutes les circonstances où fut versé le sang du Christ. On en a tiré le chapelet du précieux sang (à ne pas confondre avec le chapelet à 12 grains par "dizaine" dit aussi du précieux sang qui aurait été révélé en 1995 à un jeune séminariste Nigérian : Barnabas Nwoye).
Islam
Le misbaha est un chapelet musulman qui compte généralement trente-trois ou quatre-vingt-dix-neuf grains (correspondant aux 99 noms qualifiant Dieu — ou cent grains parfois, dans certaines confréries soufies[7]) délimités en trois parties de trente-trois grains par trois gros grains.Un grain égalant trois grains donc équivalent à 99 grains.
Traditionnellement, il sert à accomplir le « Dhikr d'Allah » (le rappel de Dieu). Les musulmans l'utilisent alors pour faire le tasbîh (rendre gloire à Dieu), le tahmîd (louer Dieu), et le takbîr (proclamer la grandeur de Dieu) et d'autres formules et prières islamiques.
Le Dhikr Allah est une injonction divine dans le Coran: « Vous qui croyez, rappelez Dieu d'un rappel incessant. » Sourate 33:Verset 41[8].
Religions orientales
Le mâlâ est un chapelet utilisé dans l'hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme — où il est également appelé nenju juzu ou yu-dsu en Extrême-Orient — qui compte cent huit grains (27 dans l'amidisme) qui ont une signification symbolique. Le sikhisme utilise également une forme de mâlâ ainsi qu'une corde à quatre-vingt-dix-neuf nœuds.
Voir aussi le bracelet shamballa tibétain.
Chapelets profanes
Le komboloï, objet grec ressemblant beaucoup à un chapelet, mais sans rapport à la religion, est utilisé pour se détendre ou s'occuper les mains.
Notes et références
- 1 2 « Chapelet », sur cnrtl.fr (consulté le )
- ↑ Naveen Patnaik, The Garden of Life: An Introduction to the Healing Plants of India, New York, Doubleday, 1993 (ISBN 978-0-385-42469-1) p. 33; 40.
- ↑ J. C. Th., Uphof, Dictionary of Economic Plants, London, 1968 ; p. 471.
- ↑ Uphof, op. cit., p. 93.
- ↑ « Comment Prier le Chapelet (et les Mystères du Rosaire) », sur Prier le chapelet (consulté le ).
- ↑ « 15 Promesses de Marie à ceux qui prient le chapelet », sur Prier le chapelet (consulté le )
- ↑ Mehdi Nabti, « Des soufis en banlieue parisienne. Mise en scène d’une spiritualité musulmane », Archives de sciences sociales des religions, no 140, , p. 49–68 (v. p. 63-64) (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.11593, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Coran, 33, 41. Traduction Jacques Berque.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Lois Sherr Dubin, The worldwide history of beads, Londres, Thames & Hudson, 2015 (new edition updated), 396 p. (ISBN 978-0-5002-9177-1)
- M. G. Konieczny, La fabrication artisanale de chapelets dans la région d'Oltu (Turquie) et d'Asadabad (Iran). La technique, les outils, terminologie, Baessler Archiv. Beiträge zur Volkerkunde Berlin, 1977, vol. 25, n° 2, p. 319-339.