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Le fronton triangulaire, placé au-dessus de l'entrée de l'église de la Madeleine, à Paris.

En architecture, le fronton est un ornement, souvent de forme triangulaire, qui est généralement placé au-dessus de l'entrée d'un édifice, d'une travée, d'une porte ou d'une fenêtre. Le fronton peut couvrir tout un pignon, il n'est alors matérialisé que par son cadre mouluré. Du point de vue technique, le fronton correspond à un couronnement pyramidé.

Composition

Schéma d'un fronton[1].

Le fronton est composé d'un cadre mouluré et d'un tympan[2] :

  • le tympan peut être plus ou moins ajouré, n'occuper qu'une partie de la surface délimitée par le cadre, ou être réduit à un réseau ;
  • le cadre est formé d'une corniche et de deux rampants, qui sont les versants ou pans (corniches rampantes). En général, les rampants ont la même mouluration que la corniche, à la réserve que celle-ci n'a pas de cimaise.

Le fronton est théoriquement triangulaire[2], cependant il existe des frontons cintrés, polygonaux, etc. Les historiens de l'art ne précisent fronton triangulaire que pour l'opposer aux frontons d'une autre forme[2].

Tracé théorique

Le tracé théorique du tympan crée un rapport de proportion idéal entre sa hauteur et sa plus grande largeur. Ce rapport est de 5/24 (à peu près 1/5). Le fronton est dit « surbaissé » lorsque ce rapport est inférieur ou égal à 4/24 (soit 1/6), il est dit « surhaussé » lorsque ce rapport est supérieur ou égal à 6/24 (soit 1/4).

Types de frontons

Frontons, Nouveau Larousse illustré en 7 volumes, 1898-1904.
  • Fronton polygonal : fronton coiffé d'un corps de moulures polygonal ; si le nombre de pans est impair, le plan du milieu sera appelé « corniche supérieure ».
  • Fronton à jour : fronton dont le tympan est percé d'un jour[3].
  • Fronton à jour : fronton dont le tympan est réduit à un remplage.
  • Fronton cintré : fronton dont les rampants sont dessinés dans un même arc de cercle. Pour le fronton plein-cintre, cet arc est un demi-cercle.
  • Fronton curviligne : fronton dont les rampants ont un profil courbe.
  • Fronton brisé : fronton dont les rampants sont interrompus avant le faîte, le tympan étant également découpé. La partie centrale du fronton est généralement remplacée par un motif d'amortissement (vase, pot à feu, buste, etc.).
  • Fronton échancré : fronton dont les rampants sont découpés. Contrairement au fronton brisé, le fronton échancré conserve son faîte.
  • Fronton double : fronton avec deux cadres moulurés inscrits l'un dans l'autre. Ils se comptent de l'intérieur vers l'extérieur : fronton double formé d'un premier fronton triangulaire et d'un second fronton cintré (voir illustration).
  • Fronton sans-retour : le fronton sans-retour est un fronton dont la corniche file sans ressauts pour couronner un corps plus large.
  • Fronton à volutes : fronton dont les rampants présentent une volute à l'une ou aux deux extrémités.

Galerie

Double fronton, un triangulaire appuyé sur un curviligne interrompu.

Histoire

Fronton à volutes d'un château rococo près d’Anvers.
Maison de gauche de la rue Haute à Bruxelles : pignon caractéristique au-dessus d'un larmier fortement profilé : larges volutes et oreilles sous pseudo-fronton courbe[4].

Caractéristique initiale de l'architecture civile puis de l'architecture religieuse grecque en bois (élément structurel du temple grec), ce triangle est la coupe du toit à double versant qui couvre l'édifice et qui dessine un pignon. Cet élément structurel et fonctionnel a eu un impact sur l'histoire ultérieure de l'architecture mondiale qui a oublié cette signification originelle pour en faire un élément décoratif qui n'est plus forcément triangulaire[5].

Le premier fronton sculpté connu est celui du temple d'Héra à Olympie, érigé vers 600 av. J.-C[6].

Les Romains vont en développer grandement l'usage, l'utilisant pour orner portes et fenêtres.

Le Moyen Âge lui préfère le gable.

Le fronton revient en usage avec la Renaissance où il est souvent circulaire ou brisé[7]. Andrea Palladio en étend notamment l'usage à l'habitation (voir les villas palladiennes)[8].

L'architecture néo-classique succède au baroque et au rococo en utilisant les éléments gréco-romains. Elle privilégie les édifices d'ordonnance symétrique dont la partie centrale est surmontée d'un fronton triangulaire que soutient une colonnade de piliers massifs[9]. Le péristyle couronné de ces frontons triangulaire est l'emblème du monument public (bourse, assemblée législative, palais de justice, mairie)[10].

Notes et références

  1. Schéma inspiré de celui donné en p. 38 du Dictionnaire d'architecture de Mathilde Lavenu et Victorine Mataouchek aux Éditions Jean-Paul Gisserot.
  2. 1 2 3 Jean-Marie Pérouse de Montclos, Architecture. Méthode et vocabulaire, Éditions du patrimoine, , p. 361.
  3. Ernest Bosc, Dictionnaire raisonné d’architecture et des sciences et arts qui s’y rattachent, Paris, 1878, pp. 388-393.
  4. Ce pseudo-fronton est souligné de plates-bandes et couronné d'un larmier courbe aux extrémités étirées. Cf. Raymond Lemaire, Le Patrimoine monumental de la Belgique, Soledi, , p. 210.
  5. Pierre Lavedan et Simone Goubet, Pour connaître les monuments de France, Arthaud, , p. 63.
  6. André Chastel, Le grand atlas de l'architecture mondiale, Albin Michel, , p. 138.
  7. Jules Adeline, Lexique des termes d'art, Picard et Kaan, , p. 213.
  8. Michèle Broze et Philippe Talon, Atlas de la Renaissance, Brepols, , p. 100.
  9. Raymond Chevallier, L'Antiquité gréco-romaine vue par le siècle des lumières, Centre de recherches A. Piganiol, , p. 221.
  10. Germain Bazin, Le langage des styles, Somogy, , p. 249.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Ernest Bosc, Dictionnaire raisonné d’architecture et des sciences et arts qui s’y rattachent, Paris, 1878, pp. 388-393.
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos, Architecture, description et vocabulaire méthodiques, Éditions du patrimoine, 2011 (ISBN 978-2757701249).
  • Évelyne Thomas, Vocabulaire illustré de l’ornement, Eyrolles, 2016 (ISBN 978-2-212-14222-8).