l'appellation « Triton » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Taxons concernés
- Calotriton
- Cynops dont le triton à ventre de feu
- Echinotriton
- Euproctus
- Hypselotriton (aujourd'hui intégré à Cynops)
- Laotriton
- Lissotriton dont le triton palmé et le triton ponctué
- Ichthyosaura pour le triton alpestre
- Notophthalmus dont le triton vert
- Neurergus
- Ommatotriton
- Pachytriton
- Paramesotriton
- Pleurodeles
- Taricha dont le triton de Californie
- Triturus avec les tritons crêtés et le triton marbré
- Tylototriton
Les tritons sont des amphibiens urodèles, représentés autrefois par le genre Triturus et plus largement aujourd'hui par la sous-famille des Pleurodelinae, qui fait partie de la famille des Salamandridae.
Originellement, on appelle en français « tritons » les urodèles qui, à l'état adulte, sont munis de poumons mais passent beaucoup de temps dans l'eau. Ce dernier point les distingue des « salamandres » qui leur sont apparentées mais qui sont uniquement terrestres à l'âge adulte. Cette distinction souffre aujourd'hui de nombreuses exceptions, du fait que les mots « triton » et « salamandre » précèdent de longtemps la découverte de nombreuses espèces dans le monde. De plus ces termes furent appliqués à de nombreux urodèles de familles diverses, et ce dans différentes langues avec des sens différents puis repris en français. Cette distinction reste cependant utile en Europe pour nommer un groupe au sein de la famille des Salamandridae.
Ce nom, anciennement utilisé en français pour nommer ces animaux, fait référence à Triton, dieu de la mythologie grecque mi-homme mi-poisson.
Genres concernés
Dans la classification classique des amphibiens, seul le genre Triturus comprenait traditionnellement les « tritons » stricto sensu. Mais ce genre a éclaté pour la nouvelle classification phylogénétique, car il s'est révélé polyphylétique. Désormais beaucoup de « tritons » sont classés dans de nouveaux genres, dont certains reprennent ce terme : Triturus (genre désormais fortement réduit), Lissotriton, Ommatotriton, etc.
Néanmoins on peut considérer plus largement, dans la nouvelle classification, que la famille des Salamandridae se divise en trois grands groupes : les « salamandrines » (ne comprenant que le genre Salamandrina, endémique d'Italie) qui constituent la sous-famille des Salamandrininae, les « vraies salamandres » (comprenant les genres Chioglossa, Lyciasalamandra, Mertensiella et Salamandra) qui constituent la sous-famille des Salamandrinae, et enfin les « tritons » (correspondant au mot anglais « newt ») qui regroupent tous les genres restants dans la sous-famille des Pleurodelinae[1],[2].
La plupart des espèces de ce dernier groupe peuvent donc être dénommées « tritons » dans le langage courant. Ainsi le triton oriental (Cynops orientalis) et le triton à ventre de feu (Cynops pyrrhogaster) sont deux espèces asiatiques ressemblantes connues en aquarium, tandis que le triton à points rouges (Notophthalmus viridescens) est une espèce répandue en Amérique du Nord dont le Québec.
Biologie
Les tritons connaissent à l'âge adulte une phase de vie aquatique plus ou moins longue chaque année, au cours de laquelle ils s’accouplent puis pondent des œufs. Les larves se développent dans l'eau jusqu'à leur métamorphose. La plupart des tritons connaissent aussi une phase de vie terrestre durant une partie de l'année. Leur morphologie, leur physiologie et leur coloration sont différentes entre la phase terrestre et la phase aquatique. Le dimorphisme sexuel est important chez les tritons, particulièrement en phase aquatique où le mâle s'orne d'une parure nuptiale élaborée.
Espèces européennes
Le genre Triturus contient désormais deux complexes d'espèces vicariantes qui pourraient constituer deux sous-genres : celui des tritons marbrés (deux espèces) et celui des tritons crêtés (sept espèces, dont six en Europe géographique).
- complexe des tritons crêtés :
- Triturus cristatus - triton crêté
- Triturus carnifex - triton crêté italien
- Triturus macedonicus - triton crêté de Macédoine
- Triturus dobrogicus - triton crêté du Danube
- Triturus ivanbureschi - triton crêté de Buresch
- Triturus karelinii - triton crêté de Karelin
- complexe des tritons marbrés :
- Triturus marmoratus - triton marbré
- Triturus pygmaeus - triton pygmée
Les espèces du genre Lissotriton étaient anciennement incluses dans le genre Triturus. Huit espèces sont strictement européennes, une est partiellement européenne (Caucase) et une autre est endémique d'Anatolie et donc non européenne. Ce sont les plus petites espèces de tritons. Le statut de certaines espèces est encore discuté. Les espèces L. graecus, L. meridionalis et L. lantzi étaient jusqu'à récemment considérées comme des variétés du triton ponctué.
- Lissotriton helveticus - triton palmé
- Lissotriton vulgaris - triton ponctué ou triton lobé ou triton vulgaire ou triton commun
- Lissotriton boscai - triton de Bosca ou triton ibérique
- Lissotriton italicus - triton italien
- Lissotriton montandoni - triton de Montandon ou triton des Carpates
- Lissotriton graecus
- Lissotriton lantzi
- Lissotriton meridionalis
- Lissotriton maltzani
Le genre Ichthyosaura ne contient qu'une espèce, commune dans une partie importante de l'Europe. Elle était autrefois classée dans le genre Triturus.
- Ichthyosaura alpestris - triton alpestre
Le genre Ommatotriton contient trois espèces du Moyen-Orient autrefois classées dans le genre Triturus, dont une vit aussi en Russie d'Europe, dans le Caucase et les plaines adjacentes.
- Ommatotriton ophryticus - triton à bandes du Nord
Le genre Calotriton ne contient que deux espèces qui vivent dans les rivières pyrénéennes. Du fait de leur vie dans les eaux courantes, ces espèces étaient autrefois classées dans le genre Euproctus, donc séparées de Triturus. Par conséquent elles ont longtemps porté le nom vernaculaire d'« euprocte » dans la littérature zoologique. Mais la génétique a montré que ces espèces sont, parmi tous les urodèles, les plus apparentées au genre Triturus (au sens actuel et restreint), ce qui est confirmé par leur ressemblance morphologique, conduisant à les reclasser dans un nouveau genre voisin, Calotriton. On peut donc bien les considérer comme étant des « tritons ».
- Calotriton asper - calotriton des Pyrénées ou euprocte des Pyrénées
- Calotriton arnoldi
Le genre Euproctus, depuis longtemps différencié du genre Triturus, contient deux espèces vivant dans les ruisseaux de Corse et de Sardaigne. Ces espèces étant aquatiques et dotées de poumons, appartenant à la famille des Salamandridae et à la sous-famille des Pleurodelinae, elles correspondent à la définition la plus large des « tritons », mais elles sont traditionnellement appelées « euproctes ».
- Euproctus montanus - euprocte de Corse
- Euproctus platycephalus - euprocte de Sardaigne
Le genre Pleurodeles contient trois espèces dont une est présente en Europe, dans la péninsule Ibérique. Ce genre est anciennement considéré comme différent de Triturus. Le pleurodèle de Waltl, espèce bien connue en aquarium, correspond également à la définition générale des « tritons », et il est le plus grand de tous les tritons, mais l'usage depuis longtemps installé en français est de l'appeler « pleurodèle ».
- Pleurodeles waltl — pleurodèle de Waltl
Galerie
- Triturus cristatus - Triton crêté.
- Triturus marmoratus - Triton marbré.
- Ichthyosaura alpestris - Triton alpestre
- Lissotriton helveticus - Triton palmé
- Lissotriton vulgaris - Triton ponctué
- Calotriton asper - Calotriton des Pyrénées.
- Euproctus montanus - Euprocte de Corse .
- Triturus carnifex - Triton crêté italien .
- Notophthalmus viridescens - Triton vert ou à points rouges (mâle adulte en phase aquatique).
- Notophthalmus viridescens - Triton vert ou à points rouges (juvénile en phase terrestre).
Classification phylogénétique
Classification de tous les genres de la sous-famille des Pleurodelinae d'après Pyron et Weins[3], révisée par Mikko Haaramo[4].
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Homonymie
- Triton Laurenti, 1768 est un synonyme de Triturus Rafinesque, 1820
Notes et références
- ↑ Weisrock, D. W., Papenfuss, T. J., Macey, J. R., Litvinchuk, S. N., Polymeni, R., Ugurtas, I. H., Zhao, E., Jowkar, H., and A. Larson. 2006. A molecular assessment of phylogenetic relationships and lineage accumulation rates within the family Salamandridae (Amphibia, Caudata). Molecular Phylogenetics and Evolution 41:368-383.
- ↑ Larson, Allan, Wake, David, and Devitt, Tom. 2007. Salamandridae. Newts and "True Salamanders". Version 24 January 2007 (under construction) in The Tree of Life Web Project.
- ↑ R. A. Pyron, J. J. Weins, A large-scale phylogeny of Amphibia including over 2800 species, and a revised classification of advanced frogs, salamanders, and caecilians, 2011, .
- ↑ Mikko Haaramo, Mikko's Phylogeny Archive, 2011, .