La XXIe dynastie (1069-945 AEC), de la Troisième Période intermédiaire, inclut des pharaons résidant à Tanis qui devient la capitale et d'où ils vont exercer un pouvoir qui ne dépassera pas la Basse-Égypte.
Ils devront composer avec les pontifes thébains : les rois grands prêtres d'Amon qui eux résident à Thèbes, souvent en établissant des liens solides par des mariages dynastiques.
En succédant à Ramsès XI, Nesbanebdjed Ier (Smendès) est le fondateur et premier pharaon de cette XXIe dynastie, dite Tanite (du nom de sa capitale).
Afin de consolider leur pouvoir les pharaons tanites entretiendront les liens entre les deux pouvoirs qui se partagent le pays par des alliances matrimoniales garantissant ainsi un semblant d'unité du royaume.
Grâce à la mise au jour depuis plus d'un siècle des vestiges de la nouvelle capitale du delta, de son grand temple consacré à Amon qui s'insère dans un schéma urbain copié sur le modèle de celui de Thèbes, puis aux découvertes des trésors inviolés des tombes royales de Tanis, on connaît mieux cette monarchie qui se réclamait de l'héritage des pharaons du Nouvel Empire.
À bien des égards les apparences sont sauves tant du point de vue religieux qu'au niveau de la production artistique révélée par ces découvertes même si l'entreprise de recyclage des monuments trouve à la XXIe dynastie un développement beaucoup plus systématique qu'à la période précédente. Les temples et obélisques de Pi-Ramsès sont démantelés et déménagés à Tanis afin d'orner la nouvelle cité des pharaons qui s'y installent à demeure et recréent à leur compte une base avancée assurant le contrôle du commerce avec le Levant.
Cependant la situation extérieure échappe complètement au contrôle de l'Égypte qui perd la suzeraineté sur ses anciennes conquêtes tant à l'orient où de nouveaux empires se lèvent et menacent l'équilibre des forces en présence dans la région, qu'au sud où la Nubie reprend son indépendance, favorisant l'émergence d'une nouvelle monarchie qui se plaçant elle aussi sous la protection du dieu Amon à Napata réclamera plus tard le trône d'Égypte.
La mésaventure d'Ounamon, texte qui relate un épisode censé se dérouler au début de la dynastie, est éloquent à ce point de vue. Le dignitaire chargé par le grand prêtre d'Amon d'aller chercher du cèdre du Liban afin de restaurer la grande barque du dieu de Thèbes, parcourra un véritable odyssée afin d'accomplir sa mission à Byblos qui pourtant avait toujours été une fidèle alliée des pharaons, et pour revenir en Égypte. En chemin il est dépouillé par ses propres marins, risquera jusqu'à sa vie et victime de diverses calamités reprend le chemin de l'Égypte au bout de plusieurs années.
Au niveau intérieur, les alliances passées entre les deux centres du pouvoir égyptien ne suffirent pas à stabiliser le royaume. La construction de forteresses aux points stratégiques des Deux Terres devait tout à la fois permettre de garantir les positions de chacun comme d'assurer un semblant de sécurité notamment dans la région thébaine en proie à de fréquentes razzias de pillards nomades qui sévissaient dans tout le désert libyque.
Malgré les tentatives de Siamon au nord pour reprendre le contrôle du couloir syro-palestinien et celles infructueuses des grands prêtres d'Amon au sud pour s'assurer les déboucher vers les mines d'or de Basse-Nubie, la situation reste fragile et les gouvernements sont de plus en plus obligés de faire appel à des mercenaires, notamment libyens, qui peu à peu prennent le contrôle des principales fonctions militaires et religieuses donc étatiques.
La transition s'opérera alors pour que les grandes familles, ces véritables clans libyens qui avaient fait souche dans la société égyptienne depuis le milieu de la XXe dynastie, paraissent comme les champions d'une monarchie menacée d'asphyxie et de moins en moins capable de résister aux pressions politiques et internationales.
Le papyrus de Kamara[1] provient de la cachette de Deir el-Bahari, d'ou Eugène Grébaut exhuma en 1890 les momies des prêtres-rois[2].
Pharaons de la XXIe dynastie
Voir aussi la liste des Grands prêtres d'Amon qui règnent parallèlement à Thèbes.
Pharaon | Règne[3] | Capitale | Tombe | Momie | |||||||||||||||
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Nesbanebdjed Ier (Smendès Ier) |
-1069 à -1043 | Tanis | Nécropole royale de Tanis ? | ? | |||||||||||||||
Pinedjem Ier | -1054 à -1032 | Thèbes | Deir el-Bahari, DB320 | Intacte, aujourd'hui au Musée du Caire | |||||||||||||||
Amenemnesout | -1043 à -1040/-1039 | Tanis | Nécropole royale de Tanis ? | ? | |||||||||||||||
Psousennès Ier ou Pasebakhaienniout Ier |
-1043 à -991 | Tanis | Intacte : Nécropole royale de Tanis, NRT III |
Réduite à l'état de squelette | |||||||||||||||
Amenemopet | -993 à -984 | Tanis | Partiellement pillée : Nécropole royale de Tanis, NRT IV puis NRT III |
Réduite à l'état de squelette | |||||||||||||||
Osorkon l'ancien | -984 à -978 | Tanis | ? | ? | |||||||||||||||
Siamon | -978 à -959 | Tanis | Pillée : Nécropole royale de Tanis, NRT IV? puis NRT III |
Réduite à l'état de squelette | |||||||||||||||
Psousennès II ou Pasebakhaienniout II |
-959 à -945 | Tanis | Pillée : Nécropole royale de Tanis, tombe originelle inconnue puis NRT III |
Réduite à l'état de squelette |
Notes et références
- ↑ Femme de Pinedjem Ier
- ↑ « Livres offerts », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 56, no 2, , p. 101–102 (lire en ligne, consulté le )
- ↑ Plusieurs dates peuvent exister ; voir le détail à la page de chaque pharaon
Bibliographie
- Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 847 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5).
Liens externes
- (en) Chronologie, cartouches, histoire, translittérations etc.
- (en) (pl) Site complet pour la datation.
- (en) Phouka.com.