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Art Spiegelman
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Biographie
Naissance

Agentin (d)
Nom de naissance
Itzhak Avraham ben Zeev Spiegelmam
Nationalité
Formation
High School of Art and Design (en)
Université de Binghamton
Activités
Période d'activité
Fratrie
Richieu Spiegelman (d)
Conjoint
Françoise Mouly (depuis )
Enfant
Nadja Spiegelman
Autres informations
A travaillé pour
School of Visual Arts
Membre de
Académie américaine des arts et des sciences
Académie américaine des arts et des lettres
Influencé par
Master Race
Distinctions
Grand prix de la ville d'Angoulême ()
Liste détaillée
Prix Yellow-Kid ()
Prix Inkpot ()
Prix Urhunden ()
Bourse Guggenheim ()
Best foreign work published in Spain (d) ( et )
Pulitzer Prize Special Citations and Awards ()
Prix Eisner ()
Prix Harvey ()
American Book Awards ()
Prix Sproing ()
Fauve d'or : prix du meilleur album ()
Temple de la renommée Will-Eisner ()
Chevalier des Arts et des Lettres ()
Grand prix de la ville d'Angoulême ()
Prix Siegfried-Unseld (en) ()
Médaille Edward MacDowell (en) ()
Enregistrement vocal
Œuvres principales
Maus, À l'ombre des tours mortes, RAW

Art Spiegelman (de son prénom Arthur[1], il est appelé Artie par son père) est un auteur de bande dessinée et illustrateur américain, né le à Stockholm en Suède.

Figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 1970-1980, et illustrateur renommé, il devient surtout connu à partir du milieu des années 1980 pour sa bande dessinée Maus, qui raconte, par le biais de la biographie de son père, l'histoire de la transmission de la mémoire de la Shoah, en particulier les persécutions et l'extermination des Juifs en Pologne par les nazis dans les années 1930 et 1940 ; cet ouvrage lui a valu un prix Pulitzer spécial en 1992. Il est sacré grand prix de la ville d'Angoulême en 2011.

Biographie

Art Spiegelman naît le à Stockholm en Suède[2]. Son père, Vładek Spiegelman, né en 1906 en Pologne, et sa mère, Anja Zylberberg, née en 1912[3], des juifs polonais rescapés des camps de concentration, émigrent aux États-Unis alors qu'il est encore enfant. Il suit très tôt des cours de dessins et parvient à se faire publier alors qu'il n'a que seize ans. Ses premières contributions sont pour des fanzines comme Wild[4]. Il suit des études d'art et de philosophie. En 1968, après avoir achevé ses études il commence à se faire publier dans la presse underground[5]. Il crée aussi un fanzine nommé Blasé[4]. En 1975, il publie avec Bill Griffith le comix Arcade qui accueille Robert Crumb, S. Clay Wilson et Justin Green[6].

Figure emblématique du courant "underground" de la bande dessinée des années 1960 et 1970, Art Spiegelman a contribué aux revues Real Pulp, Young Lust[7] et Bizarre Sex. Il a aussi conçu de nombreux et divers autocollants et paquets de cartes à collectionner (les Garbage Pail Kids qui devinrent Les Crados en français). En 1980, il lance la publication d'une nouvelle anthologie, RAW avec sa femme, l'artiste et romancière française Françoise Mouly.

Il vit à New York avec sa femme[7]. Il est le père de l'écrivaine Nadja Spiegelman (1987) et de Dashiell Spiegelman (1991).

Maus et la reconnaissance internationale

En septembre 1986, il publie le premier volume de Maus, Un survivant raconte (Maus: A Survivor's Tale, aussi publié sous le titre Maus: My Father Bleeds History) édité en français sous le titre Mon père saigne l'histoire, qui retrace la vie de sa famille (racontée par son père) pendant l'holocauste. La suite et fin de cette histoire (Maus: from Mauschwitz to the Catskills, ou Maus: And here my troubles began, édité en français sous le titre Et c'est là que mes ennuis ont commencé) sort en 1991. C'est la première fois qu'une bande dessinée attire autant sur elle l'attention des critiques. Maus fait l'objet d'une exposition au musée d'art moderne de New York, et obtient en 1992 un prix Pulitzer spécial. Cette œuvre est publiée en trente langues[7].

Il devient l'un des plus grands défenseurs de la bande dessinée en tant que média. Il parcourt les États-Unis en donnant des conférences titrées Commix 101. Lui et Françoise Mouly sont aussi éditeurs d'une série d'anthologies pour enfants intitulée Little Lit (en).

Spiegelman après Maus

En 1993, Art Spiegelman entre au magazine The New Yorker, célèbre hebdomadaire artistique et littéraire américain[8]. Il y réalise quelques bandes dessinées et de nombreuses illustrations, dont des couvertures qui marquent le génie de leur auteur, non par leur virulence, mais par leur acuité, leur composition, leur part d'hommage distancié à la tradition du magazine. Sa couverture pour le numéro du 24 septembre 2001 (le premier suivant le 11 septembre 2001) « restera comme l'un des cartoons politiques les plus forts du XXIe siècle ». Semblant au premier abord être complètement noire, elle révèle au spectateur plus attentif les silhouettes des tours du World Trade Center en ombres d'un noir plus profond[9].

Cependant, en 2002, il quitte le New Yorker dont sa femme est directrice artistique, à la suite de plusieurs refus de couvertures[Note 1], et afin de dénoncer le conformisme éditorial qui s'empare alors des médias américains[7]. Virulent critique de la politique de George W. Bush, Spiegelman décrit les médias comme étant « timides et conservateurs ».

En 2002 et 2003, Art Spiegelman publie dans divers grands journaux et magazines européens (les principaux périodiques américains le lui ayant tous refusé) dix planches aussi innovantes techniquement que politiquement dérangeantes d’À l'ombre des tours mortes (In the Shadow of No Towers), dans lesquelles il raconte son expérience des attentats du 11 septembre 2001, et des effets de l'événement sur lui comme sur ses compatriotes. L'album, publié en 2004, est acclamé aussi bien aux États-Unis[Note 2] que dans le monde francophone[10]. En 2008, il publie un livre pour enfant intitulé Jack and the Box (traduit en français Jacques et la boîte)[11].

Le 30 janvier 2011, Art Spiegelman reçoit le grand prix de la ville d'Angoulême[2].

En janvier 2012, Spiegelman publie Meta Maus, sorte de making-of de Maus[12].

Il est décoré de l'ordre des Arts et des Lettres par Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, le , après avoir présidé la 39e édition du Festival d'Angoulême.

En 2014-2015, il collabore avec JR au livre du projet Ghosts of Ellis Island.

En 2017, Spiegelman dessine pour Resist!, magazine graphique d'opposition à Donald Trump créé par Françoise Mouly et sa fille Nadja[13].

En 2019, Marvel demande à Art Spiegelman d'écrire l'introduction d'une anthologie sur les comics des années 1940 : Marvel: The Golden Age 1939-1949[14]. Néanmoins, la maison d'édition rejette le texte écrit par l'artiste : il y compare le président Donald Trump à un super-vilain, l'appelant « Crâne orange », or l'éditeur annonce qu'il ne veut pas prendre position sur le plan politique[14]. Spiegelman décide de retirer l'ensemble de son texte, qui est publié dans The Guardian sous une nouvelle version[14] intitulée Art Spiegelman: golden age superheroes were shaped by the rise of fascism[15].

Œuvres publiées

Bandes dessinées

En anglais

  • Prisoner on the Hell Planet : (mai 1972, sur le suicide de sa mère)
  • Breakdowns: From Maus to Now, an Anthology of Strips, 1977, Nostalgia Press (ISBN 0878970525) / Belier Press (ISBN 0914646141)
changement d'éditeur
  • Maus
  • The Wild Party
  • Open Me, I'm A Dog (children's book)
  • In the Shadow of No Towers
  • Breakdowns: Portrait of the Artist as a Young %@&*!, 2008, Pantheon, (ISBN 978-0 375423956)
  • Be a Nose

En français

  1. Mon père saigne l'histoire, 1986 (ISBN 2080660292)
  2. Et c'est là que mes ennuis ont commencé, 1991 (ISBN 2080666185)
  1. « Prince Coq, une parabole hassidique », dans Conte de fées, contes défaits, 2002 (ISBN 2020510014)
  2. « Les multiples moi de Selby Sheldrake », dans Drôles d'histoires pour drôles d'enfants, 2005 (ISBN 2020601672)
  • À l'ombre des tours mortes, Casterman, 2004 (ISBN 2203370068)
  • Breakdowns, Casterman, 2008. Recueil de bandes dessinées des années 1970-1980, commentées par l'auteur (ISBN 9782203370074)[7]
  • La Nuit d'enfer de Joseph Moncure March, Flammarion, 2008.
  • Be a Nose !, les Carnets Secrets de Art Spiegelman, coffret, Casterman, 2009 (ISBN 978-2203023925)
  • MetaMaus, un nouveau regard sur Maus, un classique des temps modernes, Flammarion, 2012. Genèse et explications sur Maus (contient un DVD)

Illustrations

Revues

Littérature

  • La Nuit d'enfer (texte de Joseph Moncure March), Flammarion, Paris, 1996 (ISBN 2080671006).
  • Ouvre... je suis un chien !, Gallimard Jeunesse, Paris, 1999 (ISBN 2070507483).

Recueils

  • Bons baisers de New York (préf. Paul Auster), Flammarion, Paris, 2003 (ISBN 2080685619).

Prix et récompenses

  • 1982 : Prix Yellow-Kid du meilleur auteur étranger, pour l'ensemble de son œuvre
  • 1987 : Prix Inkpot
  • 1988 :
    • Alph-Art du meilleur album étranger pour Maus t. 1 : Mon père saigne l'histoire[16]
    • Prix Adamson du meilleur auteur de bande dessinée international pour l'ensemble de son œuvre
    • Prix Urhunden du meilleur album étranger pour Maus t. 1
  • 1989 : Prix Harvey spécial pour l'excellence dans la présentation pour son travail sur Hardboiled Defective Stories de Charles Burns (avec Françoise Mouly)
  • 1998 : Prix spécial du jury des prix Max et Moritz pour Maus
  • 1991 : Prix Harvey de la meilleure anthologie pour Raw (avec Françoise Mouly)
  • 1992 :
    • Prix Pulitzer spécial pour Maus
    • Prix Eisner du meilleur recueil pour Maus t. 2 : Et c'est là que mes ennuis ont commencé
    • Prix Harvey du meilleur album reprenant du matériel auparavant publié pour Maus
  • 1993 :
    • Alph-Art du meilleur album étranger pour Maus t. 2 : Et c'est là que mes ennuis ont commencé[16]
    • Prix Sproing du meilleur album étranger pour Maus
    • Prix Urhunden du meilleur album étranger pour Maus, t. 2
  • 1999 : Temple de la renommée Will Eisner
  • 2002 : Prix Harvey de la meilleure œuvre biographique, historique ou journalistique pour Jack Cole and Plastic Man (avec Chip Kidd)
  • 2005 : Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres
  • 2011 : Grand prix de la ville d'Angoulême
  • 2012 : Prix Eisner du meilleur livre consacré à la bande dessinée pour MetaMaus

Hommages

  • La promotion 2023-2024 des élèves conservateurs territoriaux des bibliothèques de l'Institut national des études territoriales a choisi le nom d'Art Spiegelman, alors que Maus a été censuré dans une bibliothèque scolaire américaine[17].

Notes et références

Notes

  1. Notamment celle présentant une bombe A pour le 4 juillet ou celle de l'Action de grâce (Thanksgiving) qui montrait des avions militaires américains larguant des dindes au-dessus de l'Afghanistan.
  2. Le The New York Times le sélectionne parmi les cent publications essentielles de l'année.

Références bibliographiques

Références

  1. Maus - L'intégrale, p. 105, case 1, bulle 1.
  2. 1 2 « Art Spiegelman grand prix du Festival 2011 », sur charentelibre.fr, La Charente Libre, (consulté le ).
  3. (en) Harold Marcuse (Prof., USCB), « Introduction about Maus - UCSB Hist 133D: The Holocaust in European History », sur www.history.ucsb.edu - Université de Californie à Santa Barbara, Département d'Histoire (consulté le )
  4. 1 2 Estren 2012, p. 44.
  5. (en) Lambiek comic shop and studio in Amsterdam, The Netherlands, « Comic creator : Art Spiegelman », sur lambiek.net, (consulté le ).
  6. (en) Lambiek comic shop and studio in Amsterdam, The Netherlands, « Underground comix overview by Lambiek », sur lambiek.net, (consulté le ).
  7. 1 2 3 4 5 Sylvain Cypel, « Art Spiegelman, l'enfance de l'art », sur Lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  8. Pour ce paragraphe : Morgan (2004)
  9. (en) Cover Story: Ten Years Since Black on Black.
  10. Thierry Groensteen y voit « artistiquement, (...) un modèle de bande dessinée d'intervention et une réussite absolue ». Thierry Groensteen, « Spiegelman is not so well but alive and living in New York », dans 9e Art n°10, Centre national de la bande dessinée et de l'image, avril 2004, p. 121.
  11. « Jack and the box », sur www.publishersweekly.com, Publishers Weekly (consulté le )
  12. (fr)« "Maus", l'odyssée d'un chef d’œuvre », sur www.lefigaro.fr (consulté le )
  13. Rédaction du Monde, « Art Spiegelman en résistance contre Donald Trump », Le Monde, (lire en ligne)
  14. 1 2 3 Pierre Morel, « L’auteur Art Spiegelman censuré par Marvel pour s’être moqué du «crâne orange» de Trump », Le Figaro, (lire en ligne).
  15. (en) Art Spiegelman, « Art Spiegelman: golden age superheroes were shaped by the rise of fascism », The Guardian, (lire en ligne).
  16. 1 2 Mattéo Sallaud, « BD : au festival d’Angoulême, le prix du meilleur album prend du poids chaque année », Sud Ouest, (lire en ligne)
  17. « Le 9ème art à l'honneur avec la promo "Art Spiegelman" », site de l'INET, 3 avril 2023, consulté le 7 avril 2023.

Annexes

Documentation

  • (en) Mark James Estren, A History of Underground Comics, Ronin Publishing, , 3e éd., 319 p. (ISBN 9781579511562, lire en ligne)
Interviews
  • (en) Art Spiegelman (édité par Joseph Witek), Art Spiegelman Conversations, Jackson : University Press of Mississippi, 2008. Recueil d'interviews initialement publiées de 1979 à 2006.
  • (en) Art Spiegelman et Kevin Huizenga (int. par Gary Groth), « Conversation: Art Spiegelman & Kevin Huizenga », The Comics Journal, Fantagraphics Books, no 300, , p. 24-55 (ISBN 978-1-60699-187-9, ISSN 0194-7869).
Articles, chapitres
  • Patrick Gaumer, « Spiegelman, Art », dans Dictionnaire mondial de la BD, Paris, Larousse, (ISBN 9782035843319), p. 795.
  • Harry Morgan, « De toutes les couleurs : Spiegelman au New Yorker », dans 9e Art no 10, Centre national de la bande dessinée et de l'image, avril 2004, p. 44.
  • (en) Jennifer D. Ryan, « Spiegelman, Art », dans M. Keith Booker (dir.), Encyclopedia of Comic Books and Graphic Novels, Santa Barbara, Grenwood, , xxii-xix-763 (ISBN 9780313357466), p. 589-591.
  • Virginie François, « L'art de Spiegelman », dBD, no 22, , p. 20.
  • Paul Gravett (dir.), « De 1970 à 1989 : Breakdowns », dans Les 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie, Flammarion, (ISBN 2081277735), p. 386.

Documentaire

  • Clara Kuperberg (réalisatrice) et Joelle Oosterlinck (auteure), Art Spiegelman - traits de mémoire, Wichita Films, Arte France, 43 min

Liens externes