BGM-71 TOW | |
Un missile anti-char TOW dans un musée. | |
Présentation | |
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Type de missile | Missile antichar |
Constructeur | États-Unis Hughes Aircraft |
Coût à l'unité | 65 000 $ |
Déploiement | 1970 |
Caractéristiques | |
Moteurs | ? |
Masse au lancement | 28,1 kg |
Longueur | 1 174 mm (TOW 2A)[1] |
Diamètre | 152 mm |
Envergure | 343 mm |
Vitesse | Haut subsonique |
Portée | 65 à 3 750 m |
Altitude de croisière | ? |
Charge utile | 3,9 kg |
Guidage | filoguidée |
Précision | ? |
Plateforme de lancement | véhicules légers/camions/blindés légers/hélicoptères / trépied |
Le BGM-71 TOW (en anglais : Tube-launched, Optically-tracked, Wire-guided) est un missile antichar filoguidé conçu aux États-Unis et entré en service au début des années 1970. Il a été remplacé ensuite par le TOW 2 plus puissant (+2 kg de charge explosive).
Histoire
Initialement développé par Hughes Aircraft en 1963 et 1968, le XBGM-71A est destiné à des applications terrestres et héliportées.
En 1968, un contrat de mise en production a été remporté par Hughes qui est racheté en 1985 par General Motors puis absorbé par Raytheon en 1997.
La série BGM-71 a remplacé le canon sans recul M40 recoilless rifle de 106 mm et le système de missile ENTAC alors en service. Le missile a également remplacé le Nord SS.11 alors en service comme arme anti-char héliportée. A portée maximale de 3 750 m, sa durée de vol est d'une vingtaine de secondes.
Il est utilisé pour la première fois au combat en mai 1972 pour contrer l'offensive de Pâques lancée par l'Armée populaire vietnamienne durant la guerre du Viêt Nam par une unité d’hélicoptères Bell UH-1 Iroquois de l’US Army Aviation[2].
Il est, en 2018, toujours produit par Raytheon. Plus de 690 000 unités ont été produites qui ont armé plus de 15 000 plates-formes (trépieds, véhicules, hélicoptères) dans plus de vingt armées nationales et l'entreprise prévoit un cycle de vie jusqu'en 2050[3]. L'Iran en produit également une copie sans licence sous le nom Toophan depuis 1988[4].
Affaire Iran-Contra
Durant l’affaire Iran-Contra, Michael Ledeen, un consultant de Robert McFarlane, a demandé de l’aide au Premier ministre d'Israël Shimon Peres dans la vente d’armes à l’Iran en échange d'otages au Liban[5]. L’idée générale derrière le plan était qu’Israël livre les armes à l’Iran, puis les États-Unis rembourseraient Israël avec les mêmes armes. La vente d’armes en Israël exigeait une autorisation de haut niveau du gouvernement des États-Unis. Après avoir convaincu le gouvernement israélien que le gouvernement américain approuvait cette vente, Israël était obligé d’accepter la vente d’armes[5]. Le , alors qu’il se remettait de son opération de cancer, Reagan approuve à l’hôpital l’idée de McFarlane, qui était de tendre la main vers l’Iran[6]. En juillet 1985, Israël envoie les missiles antichar américains BGM-71 TOW à l’Iran par le biais du trafiquant d’armes Manucher Ghorbanifar, un ami du Premier ministre iranien. Le missionnaire Benjamin Weir (en) a été le seul otage relâché, bien que les armes aient été livrées à l’Iran. Le plan de Ledeen fut un échec.
Robert McFarlane démissionne en décembre 1985[7]. Il est remplacé par l'amiral John Poindexter. Le jour de la démission de McFarlane, Oliver North, un assistant militaire au United States National Security Council (NSC), a proposé un nouveau plan pour vendre des armes en Iran. Cette fois, il avait deux idées. La première était qu’au lieu de vendre les armes par l’intermédiaire d’Israël, la vente serait directe. La deuxième, le profit de la vente irait aux Contras après une majoration de prix. Oliver North voulait une augmentation de prix de 15 millions de dollars américains, alors que le trafiquant d’armes iranien Ghorbanifar s’était rajouté une commission personnelle de 41 %[8]. Au départ, les Iraniens ont refusé d’acheter les armes au prix surévalué par les commissions imposées de North et Ghorbanifar. Pourtant en , 1 000 missiles TOW ont été livrés en Iran[9]. De mai à , il y a eu des livraisons additionnelles d’armes, de composants, et d’armes divers[9]. Reagan a déclaré que la totalité des ventes ne remplirait pas un avion[10].
Guerre du Golfe
Le système de missile TOW du M2 Bradley, armé également d'un canon automatique M242 Bushmaster de 25 mm, s'est montré mortel à longue distance contre tous les types de véhicules blindés irakiens, comme les chars, avec peu d'échecs de missiles signalés, malgré l'ingestion de sable et de poussière dans les lanceurs ayant causé des pannes. Par exemple, des équipages de la 1re division blindée et du 2e régiment de cavalerie américains ont déclaré avoir utilisé le TOW pour détruire des chars irakiens à des distances allant de 800 à 3 700 mètres[11].
Guerre civile syrienne
Lors de la guerre civile syrienne, les États-Unis commencent à livrer des missiles BGM-71 TOW aux rebelles syriens à partir de l'année 2014. Ils sont remis à des groupes affiliés à l'Armée syrienne libre — comme la 13e division, le Mouvement Hazm, la 1re division côtière, la 101e division d'infanterie, Liwa Suqour al-Jabal, Fursan al-Haq et l'Armée de Yarmouk — ou considérés comme modérés, comme le Harakat Nour al-Din al-Zenki et les Kataeb Thuwar al-Sham[12],[13],[14]. Cependant certains missiles tombent aux mains de groupes djihadistes, ainsi le le Front al-Nosra attaque les rebelles modérés du Mouvement Hazm, armés par les Américains, et s'empare de tout leur arsenal lors de la bataille du Régiment 46[13],[15].
Acheteurs officiels et utilisateurs des BGM-71 TOW1/2
- Albanie
- Allemagne
- Arabie saoudite
- Bahreïn
- Belgique 224? BGM-71C ITOW commandés en 1989 et livrés en 1999, 562? BGM-71E TOW-2A commandés en 2001 et livrés entre 2002 et 2003 pour 28 Agusta A109BA Hirundo[16]
- Botswana
- Canada
- Colombie
- Corée du Sud
- Danemark
- Égypte
- Émirats arabes unis
- Espagne
- Eswatini
- États-Unis : 6 127 lanceurs en 1980
- Éthiopie
- Finlande
- France
- Grèce
- Iran
- Israël
- Italie : 15 000 missiles commandés en 1978
- Japon
- Jordanie
- Kenya
- Koweït
- Liban
- Lituanie
- Luxembourg
- Maroc
- Norvège
- Oman
- Pakistan
- Pays-Bas
- Philippines : 12 postes de tir et 100 missiles livrés en 2020[17]
- Portugal
- Royaume-Uni
- Somalie
- Suède
- Suisse : 400 lanceurs et 12 000 BGM-71D TOW-2 commandés en 1986, livrés entre 1988 et 1999, pour 310 Chasseur de chars 90 (de)[16]
- Tchad
- Thaïlande
- Tunisie
- Turquie
- Ukraine : annonce d'une livraison de 1 000 en [18], puis 1 500 et 132 véhicules lance-missiles en [19].
- Viêt Nam
- Yémen
Notes et références
- ↑ (en) Tow two wired - Guided anti tank, army-technology.com
- ↑ (en) « Second Regional Assistance Command (II Corps) », sur angelfire.com (consulté le ).
- ↑ (en) « TOW Weapon System », sur Raytheon (consulté le ).
- ↑ (en) « The discreet use of BGM-71 TOW ATGM in Iraq points to Iran », sur blogspot.fr (consulté le ).
- 1 2 The Iran-Contra Affair, jewishvirtuallibrary.org
- ↑ (en) The American Experience | Reagan | Timeline (1983 - 1985)
- ↑ (en) Walsh Iran / Contra Report - Chapter 1 United States v. Robert
- ↑ Lawrence Walsh, « Vol. I : Investigations and prosecutions », Final report of the independent counsel for Iran/Contra matters, Independent Council for Iran/Contra Matters, .
- 1 2 Iran-Contra Affair, u-s-history.com
- ↑ (en) Address to the Nation on the Iran Arms and Contra Aid Controversy
- ↑ (en) OPERATION DESERT STORM Early Performance Assessmentof Bradleyand Abrms, Government Accountability Office, , 42 p. (lire en ligne), p. 17.
- ↑ Luc Mathieu, Syrie : l'EI attaque la zone de sécurité... avant même sa mise en place, Libération, 11 août 2015.
- 1 2 Hasan Mustafa, The moderate rebels: a growing list of vetted groups fielding BGM-71 TOW anti-tank guided missiles, octobre 2015.
- ↑ BMG-71 TOW ATGM Syrian Opposition groups in the Syrian Civil War
- ↑ Syrie: assaut d'el-Qaëda contre les rebelles modérés dans le Nord, AFP, 30 janvier 2015.
- 1 2 (en)SIPRI Arms Transfers Database — Trade Registers, armstrade.sipri.org.
- ↑ « US Delivers Missiles and Bombs to Philippines », sur defenseworld.net (consulté le )
- ↑ L’Ukraine a réussi à modifier des MiG-29 pour utiliser le missile américain anti-radar AGM-88 HARM, opex360.com du
- ↑ (en) « U.S. Security Cooperation with Ukraine Fact Sheet », sur Département d’État des États-Unis, .