La chiropratique ou chiropraxie (du grec χείρ kheir « main », et πρᾶξις práxis « exécution, action » ; prononcer kiro-pratique) est une médecine non conventionnelle qui vise à la prévention, au diagnostic et au traitement des troubles de l’appareil musculo-squelettique, en particulier de la colonne vertébrale. Cette pratique a des origines ésotériques et est fondée sur plusieurs idées pseudoscientifiques[1],[2],[3],[4].
Inventée par Daniel David Palmer en 1895, les croyances originelles sur lesquelles la chiropratique s'appuie, la subluxation et le vitalisme, ne sont pas démontrées scientifiquement[3],[1].
La thérapie chiropratique est très diversifiée. Dans certains pays, cette pratique est reconnue et règlementée par des autorités de santé.
Histoire
La chiropratique a été fondée en 1895, à Davenport, Iowa par Daniel David Palmer, qui déclara l'avoir reçue de « l'autre monde »[5]. Le premier ajustement chiropratique fut pratiqué sur le concierge de l'immeuble où Palmer travaillait, Harvey Lillard. Étant sourd, il aurait recouvré l'audition grâce à cet ajustement[6]. D. D. Palmer présenta cette méthode sous un éclairage religieux[5]. Il sera tout de même emprisonné pour exercice illégal de la médecine[7]. La méthode fut déclarée officielle en 1897 avec la fondation de la Palmer School of Chiropractic. Il a écrit un livre sur la chiropraxie, The Chiropractor, publié de façon posthume en 1914[8].
Son fils, Bartlett Joshua Palmer, colonel de réserve dans la Garde nationale, a poursuivi son travail en le développant techniquement et en l'adaptant aux connaissances scientifiques de l'époque, souvent en désaccord avec son père. Il fonda une école de chiropratique près de Chicago en 1902, école qui resta ouverte après les conclusions du Rapport Flexner de 1910, puisque conforme à la nouvelle norme des écoles de santé aux États-Unis. C'est de lui que vient la citation « The power that made the body heals the body », que l'on pourrait traduire en français par « La force qui a créé le corps guérit le corps »[9].
La Fédération mondiale de chiropratique (WFC) est membre de l'OMS depuis 1993[10]. La chiropratique est reconnue comme profession de santé complémentaire par le Comité international olympique depuis 1992[11],[12].
La chiropratique est en 2009 la troisième profession de santé aux États-Unis[13] après la médecine générale et la chirurgie dentaire.
En France, la chiropraxie est reconnue depuis la loi du , cette pratique est rattachée au code de la santé publique par l’article 75 comme « profession de la santé »[14].
En 2011, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) publie une étude qui indique que « Dans les lombalgies aiguës ou subaiguës, la chiropratique semble efficace, avec une efficacité d’un ordre de grandeur comparable à l’efficacité des traitements alternatifs. Dans les cervicalgies, l’efficacité n’apparaît également pas supérieure aux autres traitements possibles, avec en outre un risque d’évènement indésirable rare mais grave (accident vertébro-basilaire). Dans les autres indications les résultats sont peu interprétables[15]. »
Aujourd’hui, plus de 40 pays dans le monde attribuent un statut légal à cette profession[16].
Étymologie
Le terme chiropraxie est composé du préfixe chiro- venant du grec ancien χείρ, kheir (« main ») et de πρᾶξις, praxis (« action »)[17].
La chiropratique est un mot qui a été créé en 1987 lors d’une conversation entre le fondateur de la FICS (Fédération internationale de chiropratique du sport) et le président du College of Chiropractic Sports Sciences (Canada) ; avant cette date, le nom n’existait qu’en anglais. Jacques Breton a dit : « nous avons une loi, ici au Canada, qui nous empêche de rejoindre le FICS à cause du nom. » Avant 1987, tout le monde francophone utilisait le mot en anglais pour la profession : « chiropractic ». Il était interdit au Canada d’employer le franglais dans le nom d’une organisation canadienne. Press a suggéré : « alors Chiropractique ? » Breton a refusé, et a dit : « C’est encore trop Franglais. » L’Américain a alors suggéré : « et… peut-être Chiropratique ? » Breton a dit : « Voilà. » Et le monde francophone adoptait « chiropratique »[18].
Aujourd'hui, deux termes se côtoient : « Chiropratique » et « Chiropraxie ».
Changement de paradigme en France et contestations
Aujourd'hui en France, la formation des chiropracteurs à l'IFEC (Institue Franco-Européen de Chiropraxie) tend à se rationnaliser. Un nouvel arrêté, paru en février 2018[19], régit l'enseignement.
A la suite de cette publication, l'ordre des kinésithérapeutes en la personne de Pascale Mathieu, sa présidente, a débuté un mouvement de contestation[20],[21].
Une plainte pour diffamation a été déposé par l'Association Française de Chiropraxie à l'encontre de l'ordre des kinésithérapeutes. Cette plainte a été jugée par le Tribunal de Grande Instance de Paris le 20 février 2019, ce dernier a débouté les chiropracteurs[20].
Puis l’ordre des kinésithérapeutes a tenté un recours pour excès de pouvoir auprès du conseil d’état à l'encontre de l'arrêté des ministres des solidarités et de la santé et de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation du 13 février 2018 relatif à la formation à la chiropraxie[22]. Ce dernier a été rejeté le 20 novembre 2019.
Principes généraux
Selon l'association française de chiropratique (AFC)[23] et la société franco-européenne de chiropratique (SOFEC)[24], la chiropratique consiste en la prévention, le diagnostic, et le traitement des pathologies mécaniques, réelles ou supposées, de l’appareil neuro-musculo-squelettique, en particulier du rachis, et de leurs conséquences. Les thérapeutiques sont non invasives, principalement manuelles. La colonne vertébrale et le bassin sont au centre du diagnostic et de la thérapeutique.
Article 1er du Décret n° 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de la chiropraxie :
« Les praticiens justifiant d'un titre de chiropracteur sont autorisés à pratiquer des actes de manipulation et mobilisation manuelles, instrumentales ou assistées mécaniquement, directes et indirectes, avec ou sans vecteur de force, ayant pour seul but de prévenir ou de remédier à des troubles de l'appareil locomoteur du corps humain et de leurs conséquences, en particulier au niveau du rachis, à l'exclusion des pathologies organiques qui nécessitent une intervention thérapeutique, médicale, chirurgicale, médicamenteuse ou par agents physiques. Ils exercent dans le respect des recommandations de bonnes pratiques établies par la Haute Autorité de santé.
Ces actes de manipulation et mobilisation sont neuro-musculo-squelettiques, exclusivement externes. Ils peuvent être complétés par des conseils ou des techniques non invasives, conservatrices et non médicamenteuses à visée antalgique[25] »
.
Liste des examens
L’identification des perturbations de l'unité fonctionnelle vertébrale est obtenue par différents moyens entrecroisés (liste non exhaustive) :
- l’anamnèse ;
- l’imagerie médicale ;
- l’analyse de la posture et des déformations ;
- la palpation statique des téguments, des muscles et des articulations ;
- la palpation dynamique du mouvement ;
- les tests musculaires (cotations) des mécanorécepteurs ;
- les réflexes ostéotendineux ;
- l’examen neurologique et orthopédique ;
- l'examen fonctionnel écho assisté (échographie) ;
- les analyses biologiques complémentaires ;
- la thermographie infrarouge ;
- EMG de surface.
Subluxation
Les perturbations fonctionnelles du système locomoteur sont historiquement appelées « subluxations. » Elles sont localisées en particulier sur la colonne vertébrale et le bassin. Par ailleurs, il existe plusieurs techniques pour les soins des extrémités (membres supérieurs et inférieurs).
Selon les principes chiropratiques, ces interférences nerveuses, conséquences neurologiques des perturbations neuro-musculo-squelettiques, entraîneraient des états douloureux ou des perturbations fonctionnelles, voire organiques, qui affecteraient l'état de santé général[26],[27]. Ce principe relève de la pseudoscience tout comme le concept de vitalisme sur lequel repose la technique[28].
Après avoir identifié ces perturbations dynamiques par une méthode diagnostique spécifique et l'analyse chiropratique, le chiropracteur entreprend alors la correction (selon un protocole de soins) au moyen entre autres d'ajustements chiropratiques (appelées communément « manipulations vertébrales »).
Méthode
L'ajustement chiropratique consiste en l'application, avec la main, d'une pression ponctuelle qui peut être forcée ou non, c’est-à-dire une impulsion précise, non traumatisante et codifiée, sur un segment ostéoarticulaire. Les manipulations dites HVLA. La différence entre l'ajustement chiropratique et d'autres formes de manipulations vertébrales est la très grande spécificité de la technique, c'est-à-dire que l'impulsion est appliquée sur un seul segment selon un vecteur donné. On dit alors qu'il s'agit d'une manipulation vertébrale à court bras de levier[29]. La précision est sa première caractéristique[30],[31].
La majorité des chiropracteurs a également recours à des instruments pour réaliser leurs ajustements (ex. : la technique Activator, ou de la technique Petitbon) ou à des tables de manipulation multi-articulées (technique Thompson ou Chiropractic Biophysics). Les chiropraticiens pratiquant une technique dite de Flexion/Distraction segmentaire (COX) utilisent une table très spécialisée, afin de traiter particulièrement la pathologie discale. La réglementation octroie donc à cette profession un panel de techniques et technologie très spécifique afin d'apporter une qualité dans l'acte de prise en charge du patient.
Le chiropracteur peut également utiliser[32] des méthodes non invasives à vissées antalgiques comme les ultrasons, la cryothérapie, l'électrothérapie, etc.[33].
Dans de nombreux cas, le chiropraticien recommandera des exercices[32],[34] qui aideraient à faciliter le retour du patient à ses activités de la vie quotidienne[35].
La prise en charge du chiropraticien, ne se résume pas qu'à la pathologie vertébrale commune ou articulaire périphérique, mais également s'intéresse aux pathologies dites « de tissus mous » (ex. : tendinopathie de l'épaule, épicondylite, myoaponévrosite plantaire, etc.).
Aussi, plusieurs chiropraticiens utilisent également des formes de thérapies myofasciales telles qu'« Active release technique » (A.R.T), « Graston technique », points gâchettes ou d'autres formes de massage profond, associées à des exercices de réadaptation.
Il est de la philosophie de la chiropratique d'éduquer son patient à une meilleure hygiène de vie, tant pour ce qui concerne son alimentation que son mode de vie, plus précisément ses habitudes de sommeil et son activité physique. Ainsi, le chiropraticien essaie d'avoir un effet global sur la santé de chacun de ses patients, et un effet bénéfique sur la santé publique.
C'est donc par tous ces moyens que le chiropraticien prétend soigner ses patients et prévenir les troubles neuro-musculo-squelettiques.
Certaines techniques sont spécialisées dans la chiropratique spécifique des cervicales supérieures.
Craquement des articulations
Lors de l'ajustement chiropratique de type HVLA (haute vélocité, faible amplitude) les facettes articulaires sont soudainement séparées en dépassant la barrière de mouvement élastique qui limite normalement le mouvement[36]. Il se produit alors une cavitation audible sous la forme d'un son de craquement ou d'éclatement (« crac » ou « pop ») et l'apparition d'une cavité radio-transparente dans l'espace articulaire[37].
Ce son est dû à l'expansion rapide de gaz dans le liquide synovial de la capsule articulaire et non à un craquement des os. Le gaz libéré est composé à 80 % de dioxyde de carbone[37],[38].
Le craquement indiquerait une séparation brève des facettes articulaires ; par contre, son intensité ne serait pas une mesure sur la grandeur de l'écart créé entre ces dernières[39].
Selon plusieurs études[40],[41],[42],[43], la présence d'une cavitation audible serait le gage d'avoir obtenu la force nécessaire dans le mouvement des tissus périarticulaires sans pour autant avoir causé de dommage musculaire. Il est aussi suggéré que le chiropraticien peut détecter de manière précise la cavitation. Il est toutefois impossible de se baser uniquement sur le son, ainsi le son d'un relâchement audible n'indique pas nécessairement que les bons réflexes ont été stimulés.
Il n'y aurait donc pas preuve directe de bénéfice thérapeutique physiologique d'un relâchement audible lors d'un ajustement chiropratique. D'ailleurs, répéter l'ajustement brièvement après une cavitation non audible avec l'objectif d'entendre une cavitation pourrait même causer des dommages puisque l'articulation est potentiellement déjà étirée au-delà de sa limite anatomique de mouvement. Cette période est appelée la période réfractaire[37],[44].
Peut-être le plus grand bénéfice thérapeutique d'un craquement audible ne sera pas de nature physiologique, mais plutôt psychologique. Le craquement articulaire peut avoir un puissant effet placebo à la fois sur le patient et sur le praticien. Il est possible que le patient s'attende à entendre un craquement pendant le traitement et interprète ce son comme un ajustement réussi. Si les attentes du patient ne sont pas satisfaites, il pourrait y avoir un effet négatif sur le résultat clinique. Par contre, si un craquement audible est obtenu, en particulier avec le renforcement du praticien, un effet placebo puissant peut être attendu. Le craquement pourrait plutôt avoir un effet placebo sur le patient s'il juge qu'un ajustement réussi doit pouvoir être entendu[45].
Formation
Les études de chiropratique sont des études supérieures en écoles privées, ou dans quelques universités, principalement localisées aux États-Unis. Si les principales universités qui enseignent la chiropraxie se trouvent aux États-Unis, la plus célèbre étant celle de Davenport en Iowa, plusieurs autres universités délivrent cette formation comme l’université de Trois-Rivières et l'université de Toronto au Canada, ou le Royal Melbourne Institute of Technology en Australie notamment.
En Europe, 9 unités de formations sont accréditées : l’AECC University College, le Barcelona College of Chiropractic, l’IFEC – Institut Franco-Européen de Chiropraxie, le McTimoney College of Chiropractic, le RCU Escorial Maria-Cristina, le Syddansk Universitet Odense, l’University of South Wales – Welsh Institute of Chiropractic et l’University of Zurich[46].
Les études de chiropraxie durent cinq ans, les élèves sont soumis à des contrôles constants[19],[47],[48]. Certaines formations octroient au chiropraticien un diplôme de radiologie (théorique et pratique), comme au Canada, aux États-Unis et en Suisse[49]. En France, un chiropracteur ne peut réaliser une radiographie, cependant, il peut comme tout le monde, conseiller la consultation directe à un radiologue afin que ce dernier puisse faire l'examen si nécessaire.
Il existe un réseau international d'agences d’accréditations des études de chiropraxie[50] : The Councils on Chiropractic Education International[51]. Dans certains pays, ces agences ont une reconnaissance légale.
Aux États-Unis Il s'agit du Council on Chiropractic Education reconnu depuis 1972 par The U.S. Commissioner of Education, Department of Health, Education and Welfare,
Au Canada c'est La Fédération chiropratique canadienne des organismes de réglementation professionnelle et d'agrément des programmes d'enseignement (la Fédération)[52] qui est une association d’organismes provinciaux et territoriaux de réglementation professionnelle de la chiropratique et d’agrément des programmes d’enseignement constituée en vertu de la Loi sur les Corporations canadiennes.
En Australie et Asie il s'agit du Council on Chiropractic Education Australasia Inc.[53].
Au Québec
Les étudiants ont accès à un programme universitaire de doctorat de premier cycle en chiropratique délivré par l'UQTR. Voici une description tirée du site du programme : « la préparation à l'exercice de la chiropratique comporte trois axes d'apprentissage : une formation fondamentale en sciences biologiques et de la santé (anatomie, physiologie, histologie, sciences biochimiques et physiopathologiques, diagnostics clinique et radiologique, etc.), une formation spécialisée dans tous les aspects de la discipline chiropratique (études théoriques, pratique professionnelle, diagnostics et applications chiropratiques, etc.) et une formation clinique comprenant 1 530 heures de stages et d'internat. Le programme comprend 2 382 heures de formation théorique et 2 587 heures de formation pratique. Cette dernière fait appel aux laboratoires suivants : anatomie humaine, physiologie, histopathologie, diagnostic, radiologie, biomécanique et techniques chiropratiques. La formation clinique (stages et internat) s'effectue dans le cadre de la clinique universitaire installée dans le Pavillon de Chiropratique[54]. »
Depuis 1993, l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) offre le programme de Doctorat de premier cycle en chiropratique. Le programme est d'une durée de 5 ans et de 245 credits. C'est le premier programme de Doctorat en chiropratique offert en français dans une université dans le monde.
En France
La formation en chiropraxie et l'agrément des établissements de formation en chiropraxie sont réglementés par les décrets no 2018-90[55] et 91[56] et par l'arrêté du 13 février 2018[57]. Il existe un unique établissement de formation, l'Institut Franco Européen de Chiropraxie (IFEC)[58], accrédité selon les normes internationales, ce qui signifie que ses diplômés peuvent légalement exercer dans plus d'une quarantaine de pays[59]. Le diplôme français de chiropraticien est accrédité par l’European Chiropractor's Union (ECU), qui regroupe 20 pays européens[60]. Le diplôme délivré par l'IFEC est le seul diplôme permettant d'exercer la profession de chiropracteur en France. Il est agréé par le Ministère de la Santé et reconnu RNCP Niveau 1, soit le niveau Master Bac +5 (300 crédits ECTS)[61].
L'IFEC est constitué de deux campus, le premier à Ivry-sur-Seine, près de Paris, le second à Toulouse[62]. La formation dure cinq années pour 4 960 heures de cours. L’objectif affiché de la formation est de permettre la prise en charge (diagnostic, traitement, prévention) des troubles neuro-musculo-squelettiques (en particulier de la colonne vertébrale). Le programme des études est très proche de celui des deux premiers cycles des études médicales[63], plus l’enseignement particulier des techniques de la chiropraxie[63]. L’effectif des enseignants des deux sites est de 65, dont dix médecins[64]. Une collaboration entre le programme UFRSTAPS de l'Université de Paris-sud-Orsay et l'IFEC[65] est mise en place[66].
Les chiropracteurs peuvent, après leurs études, se spécialiser dans des techniques de soins chiropratiques (ex. : COX Flexion/Distraction[67]) ou acquérir des compétences particulières dans de véritables spécialités comme la Fédération internationale de chiropratique du sport[68] (FICS), la radiologie[69], l'orthopédie chiropratique[70], la chiropraxie pédiatrique, la neurologie chiropratique[71]. Pour les premiers, ils obtiendront des certifications post-diplômes dans les techniques ou compétences choisies, les seconds obtiendront des certificats de spécialisation post-diplômes dans les spécialités choisies.
Techniques chiropratiques particulières
Thompson
La technique Thompson a été développé par Dr J. Clay Thompson il y a plus de 50 ans. Cette technique chiropratique est enseignée dans plusieurs écoles accréditées dans le monde et via des séminaires de formation, enseignés par Dr John Minardi, DC. La technique Thompson utilise des tables adaptées munies de pièces mobiles (drops), afin de prodiguer un ajustement précis et sans cavitation[72]. L'outil d'analyse principal se fait par la vérification des jambes (legcheck). En fait, une compensation créée par une subluxation entraîne une traction des épineux engendrant une jambe fonctionnellement plus courte. Évidemment, pour être considérée comme pathologique, l’écart entre la longueur des jambes doit être de plus de 5 mm (1/4’’). Pour permettre une constance dans les mesures, la vérification des jambes doit être effectuée sur le dos, ce qui stabilise les joints SI et les jambes ne doivent être supportées qu’au ¾ du mollet. Le docteur prend chaque pied et applique une pression égale en penchant le corps vers le patient. La malléole médiale sert de repère.
kinésiologie appliquée
Les origines de la kinésiologie appliquée[73] datent de 1964, lorsque Dr Georges J. Goodheart Jr.[74], chiropraticien, a fait l’observation qu’en l’absence d’anomalies congénitales ou pathologiques, un débalancement postural était souvent associé avec une incapacité de certains muscles à répondre efficacement à un test musculaire spécifique. Il a aussi observé que des nodules douloureux étaient souvent palpables au niveau de l’origine et de l’insertion du muscle « défectueux » testé. La manipulation manuelle de ces zones de dysfonction soupçonnées améliorait l’équilibre postural ainsi la capacité du muscle à répondre au test musculaire spécifique. Goodheart ainsi que d’autres ont par la suite observé que plusieurs techniques de traitement conservatrices amélioraient la fonction neuromusculaire évaluée par le test musculaire. Ces techniques de traitement[75] sont devenues la base des thérapies utilisées en kinésiologie appliquée. Les techniques utilisées regroupent des manipulations et mobilisations articulaires spécifiques, des thérapies myofasciales variées, des techniques crâniennes, des traitements utilisant les méridiens d’acupuncture, la nutrition clinique, la modification de la diète de base et l’utilisation de réflexes divers. Avec la recherche continue, les procédures de traitement ont continué de se diversifier et de se modifier au fil des ans. Bien que plusieurs techniques de traitement utilisées en kinésiologie appliquée proviennent de techniques préexistantes (ex : Strain CounterStrain, Fascial Release, Trigger points[76]), certaines ont été et continuent d'être développées de novo à l’intérieur de cette discipline en constante croissance.
De nos jours, la kinésiologie appliquée (KA)[73],[77] est une approche interdisciplinaire des soins de santé qui rassemble les éléments centraux de diverses thérapies complémentaires afin de créer une approche plus complète du diagnostic et des traitements des diverses maladies fonctionnelles. La kinésiologie appliquée (KA) utilise des évaluations fonctionnelles du patient telles l’analyse de la posture et du patron de marche, l’évaluation de l’efficacité de contraction musculaire[78] comme indicateur pour le système nerveux, l’amplitude de mouvement, la palpation statique et dynamique. Les informations soutirées de ces examens sont combinées aux résultats des évaluations traditionnelles (histoire clinique de la problématique, examen clinique, analyses de laboratoire, mesures instrumentales) afin d’en arriver à une impression diagnostique qui tient compte de la nature unique du patient et de sa condition physiologique particulière. Le cas échéant, cette impression clinique est utilisée comme trame de base pour établir un plan de traitement conservateur spécifique au patient.
Contrairement à d’autres spécialités en chiropratique, la KA s’est inspirée en plus de plusieurs sources hors de la profession chiropratique. Du domaine chiropratique, les travaux de DeJarnette, Bennett, et autres ont été combinés avec les travaux de certains ostéopathes comme Sutherland et Jones et avec des travaux du domaine médical de la part de pionniers tels Travell, Wicke, Pert, Janda, Dvorak’s et plusieurs autres à venir qui enrichissent cette mer de connaissances qu’est la KA.
Les professionnels de la santé pratiquant la kinésiologie appliquée sont regroupés dans le collège international de kinésiologie appliquée (ICAK)[79],[80].
Activator
La technique Activator utilise un instrument d’ajustement chiropratique capable de produire une force d’impulsion contrôlée dans un vecteur contrôlable, avec une grande vitesse[81]. Tout comme la technique Thompson, cette technique va utiliser la vérification des jambes (legcheck) comme outil d'analyse.
Atlas orthogonal
La technique d'atlas orthogonal a été développée par le Dr Roy Sweat fin 1960. Dans les années 1930, l’ajustement à l’aide d’instruments était à l’étude. Vers le milieu des années 1950, l’instrument à percussion (dérivé de la médecine dentaire) pouvait répéter infailliblement un ajustement vertébral. Dr Sweat a combiné l’instrumentation et l’analyse orthogonale. Pour déterminer le plan de traitement adéquat, on procède à l'analyse radiographie en incluant les vues cervicales latérales, nasium, vertex et bouche-ouverte (APBO), on fait la vérification des jambes (avant/ après), une palpation de la sensibilité des 4 quadrants (grade 1 à 3) sera effectuée, on procède au positionnement du patient et calcul du vecteur d’ajustement. Selon les résultats d'analyses, la correction vertébrale s'effectuera sur le côté (side posture) en contactant le processus transverse de l'atlas (C1). L'ajustement se fait par l'onde du percuteur via le stylus.
Gonstead
Le principe de base de la technique Gonstead explique que toute structure se doit d’avoir une base, une fondation, solide afin d’assurer une certaine durabilité et une bonne longévité. Celle-ci a apporté une vision différente de la majorité des autres techniques ce qui explique sa popularité à long terme. En effet, la grande majorité des chiropraticiens connaissent de nom ou de manière plus approfondie le travail de Dr Clarence Gonstead DC[82],[83].
Sacro-Occipital technique
En 1945, un chiropracteur et ostéopathe, Bertrand DeJarnette, proche des courants craniopathiques issus de l'ostéopathie, travaille sur le rôle des méninges dans le fonctionnement de la neurologie du corps humain, et en outre l'intérêt d'agir sur l'organisme dans sa globalité. Il met en place sa fondation, la Sacro Occipital Research Society[84], à travers laquelle il développe une approche qui est enseignée dans bon nombre d'écoles de par le monde.
Statut de la profession
Il existe en Angleterre, Suède, Japon, Australie, Afrique du Sud, Canada, etc. une vingtaine d'universités formant au titre de chiropracteur. Ces diplômes sont reconnus officiellement dans la majorité des grands pays industrialisés comme les États-Unis, le Canada, la Suisse[85], le Royaume-Uni[86], le Danemark, l'Australie, la Nouvelle-Zélande. La chiropraxie est aussi partenaire officiel de l'Organisation mondiale de la santé par le biais de la Fédération mondiale de chiropraxie[87]. Par ailleurs, l'OMS a fait paraître ses « Directives pour l'enseignement et la sécurité en chiropratique »[88].
Au Québec
Pendant très longtemps, de nombreux chiropraticiens ont fait des démarches répétées pour obtenir une loi québécoise établissant les conditions requises pour exercer la chiropratique. En 1973, la Loi sur la chiropratique (L.Q. 1973, ch. 56) est adoptée par l’Assemblée nationale du Québec.
La loi sur la chiropratique établit les règles concernant l’exercice de la chiropratique au Québec, en décrit l’exercice et en précise les conditions. Elle institue aussi la création de l’Ordre des chiropraticiens du Québec[89].
Dans l’intérêt de la société, l’Ordre, régi par le Code des professions, édicte des normes de qualification et effectue le contrôle de l’acte professionnel. Tout chiropraticien exerçant légalement au Québec est obligatoirement membre de l’Ordre des chiropraticiens du Québec.
En France
En France, la profession a été légalisée par décret en 2002[90]. Les actes accomplis par les chiropracteurs ne sont pas conventionnés par l’Assurance Maladie, et à ce titre, ne sont donc pas remboursés par la Sécurité Sociale. L’intégralité des frais de consultations et de soins sont à la charge du patient.
Le 3 juillet 2018, la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a d'ailleurs déclaré que les consultations de chiropraxie ne seraient jamais remboursées par la Sécurité sociale[91]. Certaines mutuelles de santé complémentaires acceptent cependant une prise en charge partielle des traitements prodigués, selon leurs conditions contractuelles préalablement établies[92]. On peut citer par exemple des complémentaires santé telles que Allianz ou AXA pour les plus connues. Les honoraires sont totalement libres et variables selon les praticiens : de 35 à 70 euros par séance en moyenne, très rarement à plus de 100 euros selon les praticiens et la nature de l’acte accompli[93].
L'activité de chiropracteur a été régulée par la loi Kouchner de mars 2002 (art. 75)[94], en même temps que celle d'ostéopathe, le décret d'application a été signé le 7 janvier[95] (décret no 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de la chiropraxie).
Les chiropracteurs sont reconnus officiellement et leur pratique est encadrée par une loi depuis 2011[96]. Ils ont obtenu en outre le droit d'ajuster les cervicales. La formation est aussi encadrée[97], par le décret de février 2018 qui impose 5 années universitaires, totalisant 4 960 heures de cours théoriques, pratiques et stages en structure hospitalière publique ou privée. Ce cursus est crédité de 300 ECTS.
Au Royaume-Uni
Le titre est protégé depuis The Chiropractic Act de 1994[98]. La formation est universitaire[99]. Il existe la possibilité de prescrire des examens d'imagerie médicale et de posséder le matériel radiographique pour la réalisation des clichés radiographiques standards. Les chiropracteurs sont en voie d'intégration dans le parcours de soins pour la prise en charge des pathologies ostéoarticulaires.
En Suisse
Le titre est protégé depuis 1974[100],[101]. La formation est universitaire de type médical[102]. Les chiropracteurs sont désormais officiellement reconnus comme une profession de type médical universitaire équivalent français des professions visées à la quatrième partie du Code de la santé publique, au même titre que les médecins, dentistes et sages-femmes[103]. Cette loi définit par la même occasion les collèges et universités reconnus susceptibles de former les chiropraticiens. Comme toute autre profession médicale, les chiropracteurs suisses sont habilités à poser un diagnostic, à recourir aux investigations de laboratoire, d’imagerie, voire à posséder leur propre installation radiologique. Les prises en charge sont remboursées par l’assurance maladie, y compris pour les prescriptions de certaines médications à visée antalgique et de contrôle de la douleur.
Il existe la possibilité de prescrire et d'effectuer les examens d’imagerie. Les chiropraticiens bénéficient de l'ensemble de la panoplie des traitements conservateurs y compris les médicaments pour lutter contre la douleur. La prise en charge s'effectue par l'assurance-maladie.
En Belgique
- le titre est reconnu[104] ;
- la formation s'effectue à l'étranger dans les écoles reconnues sur le plan international ;
- il existe une possibilité de prescription ;
- les soins sont pris en charge par les organismes privés.
En Italie
La profession est reconnue depuis le 21 décembre 2007 comme profession de santé de premier contact.
En Suède
- la profession de chiropraticien est reconnue et le titre est protégé depuis 1989[104] ;
- les soins sont pris en charge par l'assurance-maladie ;
- les praticiens travaillent en première intention et posent un diagnostic.
En Finlande
Aux Pays-Bas
En Norvège
- la profession chiropratique bénéficie d'un statut d’une profession de type médical et protégé[109] ;
- les chiropracteurs sont des praticiens de premier contact et posent leur diagnostic ;
- ils ont un droit de prescription d'examens complémentaires, d'imagerie (radiographies, I.R.M., scanners, échographie et Doppler) ;
- les chiropracteurs ont la possibilité de prescrire des arrêts de travail de moins de huit semaines ;
- ils ont la possibilité de référer à un spécialiste dans le cadre du parcours de soins dont la prise en charge est assurée par l'assurance-maladie ;
- ils ont la possibilité de prescrire des actes de kinésithérapie.
Au Danemark
- le statut est celui d'une profession médicale dont le titre est protégé depuis 1992[110] ;
- l'association des chiropracteurs a vocation ordinale et disciplinaire ;
- les soins chiropratiques sont partiellement pris en charge par l'assurance-maladie depuis 1978[110] ;
- les chiropracteurs sont intégrés dans le système de santé national ;
- les chiropracteurs sont habilités à faire des radiographies et à posséder leur propre matériel ;
- ils travaillent aussi bien à l'hôpital qu'à l'université ;
- ils ont la possibilité de référer vers un spécialiste dans le cadre du parcours des soins avec une prise en charge par l'assurance-maladie ;
- la formation est universitaire.
Critiques et controverses à propos de la chiropratique
Critiques des principes théoriques
La théorie de la subluxation, fondement historique de la chiropraxie est rarement évoquée avec les patients. Les patients réguliers des chiropracteurs ne connaissent souvent pas ses bases historiques mystiques[111],[5]. Pour ses détracteurs, il s'agit donc d'une théorie peu étayée qui ne satisfait pas aux critères scientifiques. L'Académie de médecine française met en garde contre l'hétérogénéité des qualifications des chiropracteurs. Dans ce rapport, l’Académie souligne que « les méthodes manuelles à visée diagnostiques et thérapeutiques prônées par l’ostéopathie et la chiropraxie s’appuient, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, sur des a priori conceptuels dénués de tout fondement scientifique. L’Académie sait très bien que ces méthodes sont, depuis toujours, pratiquées. Mais elle ne saurait les cautionner[112]. » Le président de la commission chargée de la rédaction de ce rapport déclare lors d'un entretien : « Attention ! Les chiropracteurs utilisent aussi des techniques de manipulation mais ils veulent garder leur autonomie professionnelle par rapport à la médecine de soins et surtout vis-à-vis de l’ostéopathie. Ils se limitent à l’appareil locomoteur, à la lombalgie commune et à la cervicalgie courante. Leur souci majeur est d’éviter les accidents de manipulation et avant tout d’identifier les contre-indications possibles. Est-ce possible sans connaissances médicales et sans contact avec les médecins traitants ? Encore peu nombreux en France (450) ils sont très organisés aux États-Unis et surtout en Europe du Nord. Ils acceptent cependant de collaborer dans la recherche clinique et technique avec des médecins de médecine physique, des rhumatologues et des chirurgiens orthopédistes[113]. »
Le rapport entraîna des protestations officielles tant du Doyen Ludes[114] que des représentants de la chiropratique française et occasionna une réponse scientifique de la SOFEC (SOciété Franco-Européenne de Chiropratique)[115].
Selon le Pr Ludes : « ce rapport [de l'académie de médecine] est clairement opposé à l’attribution d’un titre d’ostéopathe ou de chiropracteur pour des personnes n’exerçant pas une profession de santé. Toutefois l’étude bibliographique citée aurait gagné en pertinence si elle avait été conduite selon les critères actuellement en cours, et conduite en prenant en compte les publications récentes dans les journaux anglo-saxons à comité de lecture en utilisant les principes du « reviewing » international employés dans les sociétés savantes. Nous produisons en annexe les réflexions de la Société franco-européenne de chiropraxie qui fait état de travaux publiés dans le « Journal of manipulative and physiological therapeutics » qui est une revue indexée par MEDLINE. De plus le descriptif des protocoles thérapeutiques utilisés dans les articles scientifiques cités dans ce rapport ne semble pas suffisamment analysé pour étayer les conclusions de ce dernier[114]. »
Dans son rapport de 2013 sur les thérapies complémentaires, l'Académie nationale de Médecine fait la distinction entre chiropraxie et l'ostéopathie, mais recommande d'éviter l'usage de ces deux thérapies en l'absence d'un diagnostic médical ou lorsque la présentation clinique est inhabituelle ou persistante[63]. Selon les détracteurs de la chiropratique, seule une minorité de praticiens est critique envers la théorie de la subluxation et travaille selon des méthodes s'éloignant d'une conception « mystique » de la chiropratique .
Critiques de l'efficacité et de l'innocuité de la chiropratique
Les études concernant l'efficacité de la chiropratique sont souvent accusées d'être biaisées et dans le monde de la médecine, la pratique chiropratique est critiquée[116].
Les ajustements pour les douleurs cervicales et lombaires sont jugés efficaces pour traiter les douleurs au bas du cou[117],[118],[119] et du dos[120],[121],[122],[123]. Une revue systématique publiée en avril 2017 par le Journal of American Medical Association supporte aussi ses recherches[124]. Selon les observations des dernières recherches, les manipulations vertébrales peuvent réduire modérément la douleur au dos d'une personne.
Les manipulations vertébrales seraient aussi recommandées par le prestigieux journal médical The Lancet lors de la parution de la Low Back Pain Serie, parue en mars 2018[125]. Certains soins chiropratique, concernant les douleurs lombaires, ont aussi été remarqués par le Harvard Medical School[126] ainsi que dans les directives cliniques du American College of Physicians[127].
Toujours en cas de douleur au dos, la chiropratique aiderait aussi à de meilleurs résultats cliniques pour le patient, surtout lorsque combiné avec un suivi médical standard[128] et que les soins chiropratiques ont le meilleur rapport coût/efficacité[129],[130],[131] et de meilleur rendement de satisfaction du patient[132].
Selon le Dr Ronald Glick, professeur adjoint de psychiatrie, de médecine physique et de réadaptation à l'University of Pittsburgh School of Medicine et coauteur de plusieurs, les bénéfices de la chiropratique pour les douleurs du bas du dos aiguës sont largement acceptés dans la communauté médicale. Un grand progrès selon lui sur les 30 dernières années.
Toutefois, la chiropratique est controversée quant aux bénéfices pour des conditions pas en liens avec le système neuro-musculo-squelettique[116].
Dr Scott Haldeman, neurologiste et chiropraticien à UCLA et UC Irvine explique le problème par le manque d'un front unifié chez les chiropraticiens. Un chiropraticien pourrait baser sa pratique sur la recherche scientifique tandis qu'un autre pourrait se décrire comme solution miracle à tous les problèmes.
La chiropratique a été accusée de causer des accidents vasculaires cérébraux autant dans les médias et que par des chercheurs[133]. Il a été suggéré que lorsque le chiropraticien ajuste le cou, il pourrait causer une déchirure de l'artère vertébrale localisée dans les vertèbres cervicales. Par contre, la cause serait plutôt une coïncidence plutôt que la faute de l'ajustement chiropratique. La recherche indique que les patients visiteraient leur chiropraticien pour une douleur causée par un accident vasculaire cérébral en cours plutôt que le chiropraticien qui cause l'accident[134],[135],[136]. Le patient irait donc consulter pour une douleur au cou ou un mal de tête, tous les deux des symptômes d'un AVC[137], alors qu'ils ont un accident vasculaire cérébral en cours. Une étude de 2001 indique même que les personnes de moins de 45 ans victimes d'un AVC ont cinq fois plus de chance d'avoir consulté un chiropraticien durant la semaine précédant l'AVC[138].
L'étude de Cassidy[134] à ce sujet a été très exhaustive. Ils ont observé tous les cas admis aux hôpitaux ontariens pour des accidents vasculaires cérébraux dus à une rupture de l'artère vertébrale entre et . Ils ont comparé l'âge, le sexe et l'historique médical de consultation en chiropratique et en médecine de chaque patient. Après compilation, Il y a eu 818 cas d'AVC de l'artère vertébrale hospitalisés sur une population de plus de 100 millions de personne-année. Selon les statistiques recueillies, les risques d'engendrer un AVC à la suite de la visite d'un chiropraticien seraient les mêmes que pour une visite chez un médecin.
Pour ce qui a trait à une déchirure de l'artère vertébrale, une étude[139] aurait trouvé seulement 23 cas sur plus de 134 millions de manipulations chiropratiques au Canada entre 1988 et 1997.
Néanmoins, selon une étude publiée par le chercheur chiropraticien Alan Terrett, les accidents de manipulations seraient le plus souvent faussement attribués aux chiropraticiens lors d'étude sur les risques des manipulations vertébrales auprès d'auteur médicaux, de journaux médicaux respectés et d'organisation médicale. Alors qu'ils sont finalement, après enquête, déterminés comme étant le fait de divers manipulateurs (non-chiropraticiens)[140]. Une position aussi partagée par le chiropraticien Adrian Wenban en lors d'une autre étude en 2006[141].
Quant à des blessures moins sérieuses, une augmentation de la douleur et de la rigidité de l'articulation sont communes et se soulagent rapidement après le traitement[142],[143]. Fatigue, étourdissements, nausées ou résonnements dans les oreilles ont aussi été observés, mais sont peu communs.
Lorsque comparés aux conséquences potentielles des autres traitements comme la médication par opioïde (dépendance et mort dû à une overdose)[144] et la chirurgie, les risques des soins chiropratiques sont minimes[125],[145].
Une étude rétrospective examinant 960 140 séances de manipulation vertébrale chiropratique a révélé deux événements indésirables graves, les deux étant des fractures des côtes chez les femmes âgées atteintes d'ostéoporose (incidence de 0,21 pour 100 000 séances)[146]. Une étude systématique développant le sujet de la relation entre la pratique chiropractique et l'apparition de dissection de l'artère vertébrale publiée en 2016[147] affirme qu'un risque considérable de biais et de confusion dans les études disponibles a été découvert. En particulier, l'association connue entre la dissection de l'artère vertébrale et la cervicalgie, elle-même étant un motif de consultation chiropractique, peut expliquer ces confusions.
Offensive de l'AMA (1962-1987)
En novembre 1962, le docteur Robert Throckmorton, secrétaire de l'Iowa Medical Society présente son plan pour « contrôler et éliminer » les chiropraticiens de l'Iowa[148]. Il est nommé conseiller spécial de l'AMA en septembre 1963.
L'American Medical Association nomme Throckmorton conseiller spécial pour mettre son plan en action au niveau national et lui annonce que « la chambre des délégués » et la commission juridique de l'A.M.A ont décidé que « leur objectif était, principalement, l'élimination complète de la chiropratique[149]. »
Le 2 novembre 1963, le Comité sur la chiropratique est rebaptisé « comité sur le charlatanisme »[150]. pour « éviter de donner une quelconque légitimité à la chiropratique ». Il effectuera des actions d'« information » jusqu'en 1968, mais le Congrès revient sur cette décision en 1972.
En 1968, chaque médecin est invité à placer dans sa salle d’attente un exemplaire de la brochure d'information de l’AMA « chiropractic, the unscientific cult » (chiropratique, la secte non scientifique). Plus de 10 000 brochures sont distribuées dans les lycées pour « informer » les futurs étudiants en chiropratique et leurs futurs clients. En 1969, un journaliste publie en partenariat avec l’A.M.A un livre : « À vos risques et périls ! ».
En 1975, un chiropraticien, Chester Wilk DC, et quatre de ses confrères de Chicago, portent plainte devant la cour fédérale, pour violation de la loi anti-trust. Après un premier procès en 1981 la cour d’appel ordonne un second procès qui débute en juin 1987.
En septembre 1987, le juge Getzendanner déclare l’AMA, l’American College of Radiology, l’American College of Surgeons et l’American College of Orthopedic Surgeons coupables de conspiration illégale en vue de « contenir et d'éliminer la profession chiropratique, en désorganisant l’éducation chiropratique, le remboursement par les assurances, les relations avec les médias et le gouvernement, les relations interprofessionnelles, et d’autres activités de boycott en violation du Sherman Antitrust Act », jugement définitivement confirmé par la cour suprême des États-Unis en 1990[151]. Le jugement de 1987 a considéré que l’AMA n’avait pas respecté les critères (b) ou (d) de la défense fondée sur les soins aux patients » Wilk et al. V. American medical Association (1987) Judgement (Northern district of Illinois, Eastern division No.76 C3777)[152].
Dès le milieu du procès, l’American Hospital Association affirmait « L’American Hospital Association désavoue spécifiquement tout effort illégal d’un quelconque groupe privé, concurrent pour « contenir », « éliminer » ou bien saper la confiance du public dans la profession chiropratique »[153].
Cette page de l'histoire semble être tournée dans d'autres pays avec le développement de la chiropratique universitaire. Dans le cadre de la Joint and Bone decade (2000-2010), les chiropraticiens ont participé en nombre, mais aussi dirigé la Neck Pain Task Force[154].
Article dans The Guardian
Le 19 avril 2008, le journaliste scientifique Simon Singh publie un article dans le quotidien britannique The Guardian critiquant la chiropratique[155],[156]. En réponse, l'association britannique de chiropratique (British Chiropractic Association) l'attaque en justice pour diffamation. À cette annonce, le Guardian a décidé de prendre à sa charge les frais de conseil juridique ainsi que de payer les frais légaux du BCA dans le cas où Singh choisirait de régler l'affaire à l'amiable avant de définitivement retirer l'article de son site web[157].
L'enquête préliminaire a eu lieu le jeudi 7 mai 2009 devant le juge Sir David Eady. Ce dernier conclut que les propos tenus par le journaliste signifiaient que le BCA avait délibérément menti sur la nature de ses activités[157]. Simon Singh a donc demandé le droit de faire appel à cette déclaration par le juge Eady. Le juge John Laws lui a accordé ce droit de faire appel le 14 octobre 2009[158]. Le 1er avril 2010, la cour d'appel a déclaré que le juge Eady a commis une erreur dans son jugement et que les expressions écrites par Singh dans son article tombaient sous la définition légale de « fair comment » (commentaire acceptable)[159]. Le 15 avril 2010, le BCA a retiré son procès contre Singh[160].
Simon Singh s'était appuyé sur les travaux du Pr Ernst qui a publié de nombreux articles s'attaquant aux médecines alternatives[161].
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Voir aussi
Articles connexes
- Ostéopathie
- Manipulation vertébrale
- Lombalgie
- Corréactologie
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- D.D. Palmer, The chiropractor, 1914
- Jacques Blanchard, En santé avec la chiropratique, Éditions Whiteson, 2002
- Roger Besançon-Matil, La Chiropractie, Éditions Équilibres Aujourd'hui
- Pierre-Louis Gaucher-Peslherbe et Sylvain Parny, La Chiropratique et vos vertèbres, Éditions Encre, 1985
- Benoit Rouy, La Chiropratique Histoire d'un combat, Éditions Multifidus
- Jean-Philippe Monvoisin, Soignez-vous par la Chiropraxie, Éditions Marabout, 1992
- Richard Monvoisin et Nicolas Pinsault, Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles, Saint-Martin-d'Hères (Isère), Presses universitaires de Grenoble (PUG), coll. « Points de vue et débats scientifiques », , 380 p. (ISBN 978-2-7061-1858-6, OCLC 880268020)
Liens externes
- Ressource relative à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Rapport de l'INSERM
- Rapport de l'OMS sur la Chiropratique
- Rapport de l'Académie nationale de médecine, seconde partie, 2006.
- Rapport de mission : Ostéopathie, chiropraxie, professeur Ludes, Paris, France, 2007 [PDF].
- Décret no 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de la chiropraxie sur legifrance.gouv.fr