Mamba noir
- Dendraspis polylepis Günther, 1864
- Dendraspis angusticeps Boulenger,1896
- Dendraspis antinorii Peters, 1873
- Dendroaspis polylepis antinori (Peters, 1873)
Dendroaspis polylepis est une espèce de serpents de la famille des Elapidae[1]. En français, il est appelé Mamba noir.
Répartition
Cette espèce se rencontre[1],[2] :
- au Sénégal, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Mali, en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso, au Cameroun et en Centrafrique ;
- en Éthiopie, en Érythrée, à Djibouti, en Somalie, au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie, au Gabon en République démocratique du Congo et au Congo Brazzaville ;
- en Angola, en Zambie, en Namibie, au Botswana, au Zimbabwe, au Malawi, au Mozambique, en Eswatini et en Afrique du Sud.
Description
Ce serpent très venimeux doit son nom à la coloration noire de l'intérieur de sa bouche. La couleur de sa peau varie du jaune-vert au gris métallique,parfois noire. Ce serpent venimeux compte parmi les plus grands et les plus répandus en Afrique.
Sa taille varie de 2,50 à 4 mètres de long avec parfois des individus de 4,30 m[3],[4]. Il peut atteindre une vitesse de 23 km/h Il est doté d'une grande agilité sur terre ou dans les arbres de la savane arborée où il vit.
Un mamba noir peut vivre jusqu'à 20 ans.
Comportement
C'est un animal diurne qui apprécie les zones boisées ou rocheuses et chasse activement.
Fait rare chez les ophidiens, il a un comportement territorial. Il peut se montrer agressif. Il lui arrive de poursuivre son adversaire et d'infliger plusieurs coups de crochets lorsqu'il se sent menacé ou défend son territoire. Les morsures de mamba noir sur l'homme sont cependant bien moins fréquentes que celles d'autres espèces de serpents, car cette espèce n'est pas abondante et sa rapidité à la fuite lui permet d'éviter la plupart des rencontres rapprochées accidentelles, à la différence de la vipère heurtante par exemple qui est responsable d'un nombre considérable de morsures en Afrique.
C’est le serpent le plus rapide des espèces connues, capable de se déplacer de 4,32 à 5,4 m/s soit entre 16 et 20 km/h[5].
Alimentation
Il se nourrit d'oiseaux, de damans, d'écureuils, de chauve-souris et à l'occasion des œufs et même d'autres serpents[3]. Lorsqu'il a trouvé une proie, il lui délivre une seule morsure et se replie, laissant le temps à la neurotoxine de son venin de la paralyser. Il a aussi une digestion relativement rapide aidée par la toxicité de son venin, par exemple un rat est digéré en une heure.
Venin
Le venin du mamba noir contient des neurotoxines et des cardiotoxines. Sa morsure injecte en général 100 à 120 mg de venin, 400 mg peuvent être injectés[6], 10 à 15 mg de son venin étant mortel pour un homme adulte. Par conséquent, la quantité de venin injectée en une seule morsure suffirait en théorie pour tuer entre 12 et 40 hommes.
Une personne envenimée peut perdre la capacité de parler en 20 minutes, et sera probablement comateuse une heure après la morsure. La mort survient le plus souvent dans les six heures après l'injection[7] ou encore une fourchette de 7 à 15 heures[6].
La létalité de sa morsure dépend d'un certain nombre de facteurs, tels que la quantité de venin injectée et l'emplacement de la morsure. Cependant, si le venin atteint la circulation sanguine rapidement, les risques de mortalité augmentent drastiquement. Le premier symptôme d'une morsure est une douleur locale dans la zone de la morsure, cependant moins douloureuse que celle des serpents disposant d'un venin chargé d'hémotoxines. Puis la victime sent des fourmillements à ses extrémités, cligne des yeux, sa vision se rétrécit, elle se met à transpirer et à saliver de manière excessive, puis perd le contrôle de ses muscles (d'abord la bouche et la langue). Si la victime ne reçoit pas de soins appropriés très rapidement, les symptômes progressent, et elle éprouve alors des nausées, perd son souffle, est confuse, a des problèmes pour respirer et se paralyse. Elle peut éventuellement être prise de convulsions, d'un arrêt respiratoire, d'un coma, ou mourir de la suffocation résultant de la paralysie des muscles respiratoires. Bien qu'avec un traitement il soit possible de soigner 99 % des victimes, si la morsure n'est pas traitée, le taux de mortalité est proche de 100 %[6]. La paralysie causée par le venin n'est pas permanente, si bien que la victime a besoin de respirer artificiellement jusqu'à ce que son propre système immunitaire ait complètement nettoyé le sang de toute trace du venin.
Le venin de ce serpent contient des peptides (dénommées mambalgines) qui possèdent des propriétés analgésiques sans neurotoxicité sur la souris. Les principes de fonctionnement de la douleur étant semblables chez la souris et l'homme, les scientifiques pensent pouvoir arriver à produire des anti-douleurs aussi puissants que les dérivés morphiniques, sans les effets secondaires de ceux-ci[8].
Prédateurs
Le mamba noir a peu de prédateurs naturels à l'âge adulte. Néanmoins, il peut être la proie des mangoustes[9], du ratel, d'autres serpents ou de rapaces comme le Messager sagittaire et le Circaète brun[10]. Les juvéniles peuvent également être la proie du Calao à bec rouge, du serpent Gonionotophis capensis ou même de poissons comme le Mérou géant[11].
Liste des sous-espèces
Selon The Reptile Database (13 mai 2014)[12] :
- Dendroaspis polylepis polylepis (Günther, 1864),
- Dendroaspis polylepis antinorii (Peters, 1873).
Galerie
Dans la littérature
Le roman de John Godey Le rôdeur de Central Park (titre original : The Snake) met en scène un mamba noir relâché par accident au milieu de Central Park, à Manhattan.
Filmographie
La morsure par un mamba noir est illustrée dans le film de Quentin Tarantino, Kill Bill : Volume 2, lorsque Budd est mordu au visage par un mamba noir en ouvrant une mallette de billets où se trouve le serpent. Rapidement, il est paralysé et perd connaissance.
Le mamba est également au centre du film Venin réalisé par Piers Haggard et sorti en 1982. Le film raconte l’histoire d’une gouvernante et d’un chauffeur qui mettent au point un plan pour enlever le fils de leurs patrons. Le plan tourne au drame lorsqu'un serpent mamba se retrouve à la maison, à la suite d'une erreur de livraison.
Publications originales
- Günther, 1864 : Report on a collection of reptiles and fishes made by Dr Kirk in the Zambesi and Nyassa Regions. Proceedings of the Zoological Society of London, vol. 1864, p. 303-314 (texte intégral).
- Peters, 1873 : Über Zwei Giftschlangen aus Afrika und über neue oder weniger bekannte Gattungen und Arten von Batrachiern. Monatsberichte der Königlich Preussischen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, vol. 1873, p. 411-418 (texte intégral).
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (fr+en) Référence ITIS : Dendroaspis polylepis (Günther, 1864) (consulté le ).
- (en) Référence NCBI : Dendroaspis polylepis (taxons inclus) (consulté le ).
- (en) Référence Reptarium Reptile Database : Dendroaspis polylepis Günther, 1864 (consulté le ).
- (en) Référence UICN : espèce Dendroaspis polylepis Günther, 1864 (consulté le ).
Notes et références
- 1 2 Reptarium Reptile Database, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
- ↑ UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
- 1 2 (en) WCH Clinical Toxinology Resources
- ↑ ADW: Dendroaspis polylepis: Information
- ↑ (fr)« Black Mamba Dendroaspis polylepis », National Geographic (consulté le )
- 1 2 3 (en) « Black Mamba », sur inaturalist.org (consulté le ).
- ↑ (en) « Snakebit: Surviving the Black Mamba », sur ABC News, (consulté le ).
- ↑ Le venin du mamba noir, meilleur remède antidouleur que la morphine ?
- ↑ Functional characterization of mongoose nicotinic acetylcholine receptor alpha-subunit: resistance to alpha-bungarotoxin and high sensitivity to acetylcholine, consulté le 2 juillet 2013
- ↑ Dendroaspis polylepis (Black mamba, Southern brown mamba) sur biodiversityexplorer.org, consulté le 2 juillet 2013
- ↑ The maintenance and propagation of the Black Mamba Dendroaspis polylepis at the Manyeleti Reptile Center, Eastern Transvaal, décembre 2007, consulté le 2 juillet 2013
- ↑ Reptarium Reptile Database, consulté le 13 mai 2014