La gestion d'actifs (ou « gestion de portefeuille », en anglais, asset management), est une activité financière qui consiste à gérer des capitaux, ou bien détenus en propre (capital propre) ou bien confié par un investisseur. L'objectif de la gestion d'actifs est de dégager le meilleur rendement possible en fonction d'un niveau de risque choisi.
Définition
Concept
Un actif est, sur le plan comptable, un élément identifiable du « patrimoine », lequel représente l'ensemble des biens dont une entité (entreprise, ou particulier) possède la propriété. L'actif est alors traduit en termes de valorisation, il doit correspondre à une certaine valeur comptable, une estimation au plus près du marché. De plus, cette traduction est une opération de liquidation, sans quoi l'actif ne peut être géré. La « réalisation » d'un actif, est, au sens littéral, le transfert d'un bien propre, en flux financier.
La gestion d'actifs fait référence, au sens large, à toute pratique qui consiste en la mise en œuvre de « stratégies » pour faire fructifier des titres financiers, autrement dit, des valeurs mobilières valorisées, selon le modèle de l'offre et de la demande : plus un actif est recherché, plus sa valeur augmente.
La gestion d'actifs est le fait de fonds d'investissement professionnels de plusieurs types. Les investissements peuvent être réalisés dans des classes d'actifs différents, tels que des actions boursières, des produits obligataires et monétaires, des propriétés immobilières, des matières premières, etc.[1]
La gestion d'actifs est parfois divisée en deux segments : la gestion d'actifs classique et la gestion alternative. Les techniques de gestion alternative sont utilisées par des fonds de couverture (hedge funds)[1].
Typologie
Plusieurs types de gestion de portefeuille existent sur le plan juridique. La gestion sous mandat, d'abord, est un type de contrat où l'investisseur délègue totalement la gestion de son portefeuille au gérant. La gestion conseillée est un type de contrat où le gérant est force de proposition, mais ne peut intervenir directement sur le portefeuille ; l'investisseur garde le pouvoir de décision. Enfin, dans le cas d'une gestion pilotée, l'investisseur confie ses fonds au gérant pour qu’ils soient gérés selon l'orientation qu'il a préalablement choisie.
Histoire
L'histoire de la gestion d'actifs est liée à celle du capital-investissement et à celle des marchés à terme et bourses de commerce. La crise de 1929 va d'abord mettre un frein considérable aux premiers gestionnaires, lesquels se sont révélés incapables d'assurer aux détenteurs de valeurs financières un minimum de sécurité en termes d'investissements et de retour sur capital investi (voir Glass-Steagall Act).
Après 1945, les opérations de gré à gré augmentent, elles sortent du cadre qui consiste à avoir trois acteurs : un vendeur, un acheteur et un intermédiaire, lequel prend une commission pour service rendu. Ce cadre est censé rassuré l'investisseur : l'intermédiaire s'appuie en général sur des banques ou des organismes financiers supposés être solides et expérimentés.
L'opération prend place ici strictement entre le propriétaire de valeurs financières et le gestionnaire, d'où le nom en anglais, de private equity. À la fin des années 1960, du fait de la dérèglementation progressive des marchés financiers, d'abord aux États-Unis, puis en Europe, ce type d'opérations connaît une croissance de plus en plus rapide. Cette croissance est aussi liée à la gestion des flux financiers par le biais de l'informatique et des réseaux : les ordres d'achat-vente vont devenir quasiment instantanés, et des machines vont être capable de programmer des milliers d'opérations par minute, puis par seconde. L'ingénierie financière a donc pu émerger, au départ, en lien avec les universités américaines comme Stanford ou le MIT.
Ce genre de transactions a augmenté de façon importante depuis les années 2000 : aux États-Unis, 40 % des actions étaient échangées de gré à gré en 2014, contre 16 % en 2008[2].
Principaux gestionnaires d'actifs
Le marché de la gestion d'actifs comprend un très grand nombre d'acteurs. Toutefois, les leaders mondiaux du secteur sont pour la plupart américains. Fin 2021, le trio de tête est composé de BlackRock, Vanguard et State Street. Dans le top 20 du secteur, on trouve quatre sociétés d'origine française, au premier rang desquelles Amundi, filiale du Crédit agricole.
Classement mondial des plus grosses sociétés de gestion d'actifs[3] :
Classement | Nom | Total Montants des actifs(US$ Milliard) |
---|---|---|
1 | BlackRock | 8,676 |
2 | The Vanguard Group | 7,148 |
3 | Fidelity | 3,609 |
4 | State Street | 3,467 |
5 | Allianz Group | 2,934 |
6 | JPMorgan Chase | 2,716 |
7 | Capital Group | 3,383 |
8 | BNY Mellon | 2,210 |
9 | Goldman Sachs | 2,145 |
10 | Amundi | 2,126 |
Cadre normatif
Les définitions ci-dessous ont été extraites des normes internationales de système de management ISO 55000, ISO 55001 et ISO 55002 publiées en sur l'« asset management » qui couvre tout type d'actifs, tout type d'organisation (un actif étant ce qui crée de la valeur pour l'organisation).
La gestion d'actifs implique d'équilibrer les coûts, les opportunités et les risques par rapport aux performances souhaitées des actifs, afin d'atteindre les objectifs de l'organisation. Il peut être nécessaire de considérer l'équilibre sur différentes périodes.
La gestion d'actifs permet à une organisation d'examiner les besoins et les performances des actifs et systèmes d'actifs à différents niveaux. De plus, elle permet l'application de méthodes d'analyse en vue de la gestion d'un actif aux différentes phases de son cycle de vie qui peut commencer à la conception du besoin de l'actif et aller jusqu'à son démantèlement, et qui comprend la gestion de toute obligation éventuelle après le démantèlement.
La gestion d'actifs est fondée sur un ensemble de principes.
Valeur
Les actifs existent pour fournir de la valeur à l'organisation et à ses parties prenantes. La gestion d'actifs ne se focalise pas sur l'actif proprement dit, mais sur la valeur que l'actif peut fournir à l'organisation. La valeur (qui peut être matérielle ou immatérielle, financière ou non financière) sera déterminée par l'organisation et ses parties prenantes, en fonction des objectifs de l'organisation.
- Ceci comprend :
- l'énoncé de la manière dont les objectifs de la gestion d'actifs s'alignent sur les objectifs de l'organisation ;
- l'utilisation d'une approche de gestion du cycle de vie pour réaliser de la valeur avec des actifs ;
- l'établissement de processus décisionnels reflétant le besoin des parties prenantes et définissant la valeur.
Alignement
La gestion d'actifs traduit les objectifs d'une organisation en décisions techniques et financières, plans et activités. Les décisions concernant la gestion d'actifs (techniques, financières et opérationnelles) permettent collectivement la réalisation des objectifs de l'organisation.
- Ceci comprend :
- la mise en œuvre d'une planification basée sur les risques et sur les informations, ainsi que de processus décisionnels et d'activités transformant les objectifs de l'organisation en plans de gestion d'actifs ;
- l'intégration des processus de gestion d'actifs avec les autres processus de management fonctionnel de l'organisation, tels que : finance, ressources humaines, informatique, logistique et exploitation ;
- la spécification, la conception et la mise en œuvre d'un système de gestion d'actifs.
Culture d'entreprise
Le leadership et la culture d'entreprise sont des facteurs importants pour la réalisation de valeur. Le leadership et l'engagement à tous les niveaux de responsabilité sont essentiels pour mettre en place, utiliser et améliorer avec succès la gestion d'actifs au sein de l'organisation.
- Ceci comprend :
- une définition des rôles, responsabilités et autorités ;
- l'assurance que les salariés sont sensibilisés, compétents et habilités à exercer leurs responsabilités ;
- une consultation des salariés et des parties prenantes concernant la gestion d'actifs.
Garantie
La gestion d'actifs garantit que les actifs rempliront leur fonction requise. La nécessité d’une garantie découle de la nécessité d'un pilotage efficace de l'organisation. La garantie s'applique à des actifs, à la gestion d'actifs et au système de gestion d'actifs
- Ceci comprend :
- mettre en œuvre de processus reliant les fonctions et les performances requises des actifs aux objectifs de l'organisation ;
- mettre en œuvre des processus de garantie de capacité pendant toutes les phases du cycle de vie ;
- mettre en œuvre des processus de suivi et d'amélioration continue ;
- fournir les ressources nécessaires et le personnel compétent pour la démonstration de l’assurance, en entreprenant des activités de gestion d'actifs et en exploitant le système de gestion d'actifs.
Styles de gestion
La gestion actions
Un gérant qui investit en actions boursières est amené à apprécier le couple rendement/risque de son portefeuille, ainsi que les écarts de risque (tracking error) et de rentabilité par rapport au benchmark.
La gestion de produits de taux
Le gérant investit principalement en produits obligataires et monétaires. Il est ainsi amené à apprécier la maturité de ses placements (duration), l'évolution des taux d'intérêt (écart de la courbe des taux par rapport à la normale) ainsi que la notation de ses obligations corporate.
La gestion diversifiée
Le gérant est amené à rechercher une optimisation de la diversification du portefeuille en allouant ses fonds sur différentes catégories d'actifs, sur différents secteurs d'activité et différentes zones géographiques. Au-delà des actifs purement financiers, le gérant peut opérer sur les devises, les matières premières, l'immobilier, etc.
La gestion alternative
Parmi la diversité des réalités qui se cache derrière ce terme, deux principales gestions : le private equity et les gestions de type « spéculatif » (hedge funds).
- Principalement investi en actions non cotées, le gérant private equity s'attache à la validité économique des sociétés dans lesquelles il investit ainsi qu'aux modalités d'entrée et de sortie du capital de la société.
- Les hedge funds sont caractérisés par des statuts peu contraignants et un recours quasi systématique à l'effet de levier, deux points qui les différencient des « mutuals funds » ou des « pension funds ». Pour autant, dans leur grande majorité, les « hedge funds » sont des investisseurs « long only » c'est-à-dire n'ayant pas recours à la vente à découvert et dont l'horizon d'investissement se situe entre deux et cinq ans, ce qui les rapproche de ces types d'investisseurs. Il n'en reste pas moins que certains « hedge funds » s'autorisent la vente à découvert et vivent d'opérations d'arbitrage à court terme et parfois utilisent des produits dérivés. Ils contribuent par ce moyen à la liquidité des marchés même s'ils ont tendance à augmenter la volatilité des cours.
Notes et références
- 1 2 David P. Stowell, Investment Banks, Hedge Funds, and Private Equity, (ISBN 978-0-12-804723-1, 0-12-804723-2 et 978-0-12-804724-8, OCLC 1000454382, lire en ligne)
- ↑ (en) « Dark markets may be more harmful than high-frequency trading », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) The P&I/Thinking Ahead Institute World 500 in 2021, 18 octobre 2021.
Articles connexes
Sources
- Arnaud Thauvron, Gestion de patrimoine : stratégies juridiques, fiscales et sociales, [Éd.] 2021-2022., Malakoff, Dunod, 2021.
- Gilles Mougenot, Xavier Jaspar et Louis de Lestanville (préf. Christian Poncelet), Tout savoir sur le capital investissement : Capital risque - capital développement - LBO, Paris, Gualino éditeur, coll. « City & York », , 4e éd., 394 p. (ISBN 978-2-297-00422-0)
Articles connexes
- Gestion indicielle
- Gestion structurée
- Gestion passive
- Private equity
- Fonds activiste
- Fonds vautour
- Allocation d'actifs
- Rééquilibrage de portefeuille