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L'imprudente, Elizabeth Jane Gardner, 1884.

La noyade est une asphyxie par inondation des voies respiratoires, causée par la submersion ou l'immersion dans un liquide et indépendamment des conséquences et de leur gravité[1]. L’immersion correspond au fait d’être recouvert de liquide (l’immersion de la face ou des voies aériennes seules suffit à causer la noyade). La submersion renvoie à un corps entier plongé dans du liquide[2].

Circonstances

La noyade peut être collective : inondations et autres catastrophes naturelles comme un tsunami, des naufrages...

Parmi les noyades individuelles, on peut distinguer[3] :

  • les noyades primitives (90 % des noyades) ; nageur épuisé, chute dans l'eau sans savoir nager (surtout enfants de moins de 4 ans), dans des cuves industrielles (accident professionnel) ;
  • les noyades par syncope survenant dans l'eau (10 % des noyades) : traumatisme (plongeon dans une eau pas assez profonde), affection médicale (trouble neurologique, cardiaque, métabolique, allergie aux méduses, hydrocution, etc.).

La noyade est le mode de suicide le plus utilisé après la pendaison, plus fréquemment en été ; le suicide par noyade en baignoire s'accompagne de prise de psychotropes, d'alcool… Les meurtres par noyade sont rares, ils étaient historiquement un moyen d'infanticide[3].

Mécanisme

La noyade n'entraîne pas nécessairement la pénétration d'une grande quantité d'eau dans les poumons. Même en faible quantité, l'eau inhalée peut provoquer une apnée réflexe associée ou non à un laryngospasme[1]. L'épiglotte se ferme par spasme laryngé pour protéger les voies respiratoires. Par conséquent, l'oxygène disponible dans l'organisme diminue. On parle d'hypoxie. Si l'hypoxie cérébrale se prolonge, le spasme se lève, permettant l'entrée de l'eau dans les voies respiratoires[4]. Un laryngospasme peut ne pas entraîner de fermeture glottique complète[5]. Dès les années 1950, certains auteurs ont affirmé que 10 % des noyades mortelles se produisaient sans que l'eau pénètre dans les poumons : la victime mourrait d'un laryngospasme[5]. Des études du début des années 2000 suggèrent que l'incidence réelle de la noyade sans inhalation de liquide est beaucoup plus faible qu'estimée précédemment[6]. Une évaluation critique de la littérature ainsi que des observations cliniques ont conclu que la « noyade sèche » à la suite d'un laryngospasme n'existait pas. Si un laryngospasme se produit initialement, il cesse de fonctionner en raison de l'hypoxie progressive des muscles laryngés alors que les efforts respiratoires sous l'eau sont soutenus[7]. Des études médico-légales, utilisant également des traceurs microscopiques du liquide de noyade, indiquent que la pénétration de liquide dans les poumons se produit dans presque tous les décès par noyade même chez ceux qui ont un poumon macroscopiquement apparent sec[8].

Au niveau cardiaque, le cœur s'accélère dans un premier temps puis ralentit et s'arrête (asystolie) en quelques minutes[4]. Ce délai peut très sensiblement s'allonger en cas de noyade en eaux froides[9].

Le fait que la noyade se passe en eaux douces ou en eaux salées ne semble pas changer fondamentalement les données[10]. Le fait d’aspirer de l'eau douce ou de l’eau salée n’a pas de signification clinique[1]. Dans les deux cas, il y a destruction des alvéoles pulmonaires avec extravasation de sang avec œdème pulmonaire. Il existe également un lavage du surfactant pulmonaire.

Les séquelles persistant après la noyade de la victime sont en fonction de l'importance de l'hypoxie et de sa durée. L'introduction d'eau dans les poumons peut entraîner une contamination par des bactéries ou des champignons[1].

La noyade ne doit pas être réduite à une forme d'asphyxie. Ainsi, le premier danger est l'hypothermie : dans une eau à 10°, la mort survient au bout d'une à deux heures, indépendamment de la quantité d'eau inhalée. Elle peut être aussi un avantage, procurant une certaine protection contre l'hypoxie tissulaire permettant une récupération malgré une prise en charge un peu plus tardive.

Étapes

Le processus de noyade comporte quatre phases :

  • l'aquastress : la victime panique, a des gestes désordonnés, et fait ce qu'on appelle « le bouchon » : s'enfoncer dans l'eau puis remonter successivement, la tête en arrière, en battant l'eau avec les bras, incapable d'appeler à l'aide. Cette phase de la noyade, appelée réaction instinctive à la noyade, passe souvent inaperçue de ceux qui en sont pourtant témoins : la victime ne paraît pas se noyer, mais jouer dans l'eau. De nombreuses personnes se noient ainsi à quelques mètres d'autres nageurs qui ne remarquent rien ;
  • la petite hypoxie : la victime commence à être épuisée, elle est toujours à la surface de l'eau, toujours consciente mais elle a déjà inhalé ou bu plusieurs fois de l'eau ;
  • la grande hypoxie : la victime ne se maintient plus à la surface, elle est complètement épuisée. Elle a déjà inhalé beaucoup d'eau et elle est de moins en moins consciente ;
  • l'anoxie : la noyade dure depuis plusieurs minutes. La victime n'est plus consciente, ne respire plus, et ne montre plus de signe d'activité cardiaque.

Les victimes ne passent pas forcément par toutes ces étapes : dans des cas extrêmes d'hydrocution, d'arrêt cardiaque ou autre, l'inconscience, l'absence de respiration et de circulation sont immédiates. Ces noyades rapides (4 à 5 minutes), sont appelées submersion-inhibition, « noyade syncopale » ou « fausse noyade » (par opposition à la « noyade vraie » par asphyxie). Le phénomène réflexe d'hydrocution s'accompagne d'une fermeture des sphincters, ce qui fait que peu d'eau entre dans les voies aériennes supérieures. Ainsi, la blancheur cireuse des noyés par submersion-inhibition (appelés « noyés blancs ») s'oppose à la cyanose marquée sur le visage (avec les conjonctives hyperhémiées) et le corps des noyés par submersion-asphyxie (appelés « noyés bleus »)[11].

Prévention

Les noyades en piscines privées concernent essentiellement les jeunes enfants (moins de 6 ans). La surveillance active d'un adulte est un minimum, mais elle s'avère en la matière insuffisante : si elle est efficace durant une activité aquatique — l'adulte est là à proximité et a conscience que l'enfant est dans l'eau ou proche de l'eau —, en revanche, l'enfant jouant dans le jardin ou la maison peut échapper à la surveillance des adultes et se glisser dans la piscine. Il n'y a pas toujours de chute provoquant de bruit caractéristique (plouf), ce qui explique le nombre important d'accident.

En France, la loi n°2003-9 du relative à la sécurité des piscines a introduit une nouvelle législation en ce sens dans le code de la construction et de l'habitation. Au sein du Livre Ier, elle est alors insérée au titre II, chap. viii, art. L128-1 et suiv., ainsi que Livre Ier, titre V, chap. ii, art. L152-12. Depuis la recodification entrée en vigueur le , elle est fixée par les articles L.134-10 et L.183-13 de ce code. Elle impose la mise en place d'un dispositif de sécurité normalisé :

  • barrière physique : barrière, abri ou couverture empêchant l'accès à l'eau ;
  • alarme sonore lors de l'approche (alarme périmétrique) ou de la chute dans l'eau (alarme d'immersion).

Ne pas se surestimer, prévenir un responsable de la sécurité du lieu de baignade lors d'apnées ou bien pour les personnes sujettes à crises de spasmophilie ou d'épilepsie et AVC. Nager dans de bonnes conditions (pas de coup de pompe, etc.) ne pas jouer avec les jeunes enfants dans une eau trop profonde. La présence d'une équipe de sauveteurs sur les lieux de baignades est également un facteur important de sécurité.

Facteurs de risque

Les principaux facteurs de risque sont l'âge, le sexe, la consommation d'alcool, le bas revenu, le manque d'éducation, la résidence rurale, l'exposition aquatique, le comportement à risque et le défaut de surveillance[12].

  • Âge : les enfants de moins de 14 ans, en particulier ceux de moins de 5 ans puis ceux de 5 à 9 ans ont les taux de noyade les plus élevés[13].
    Noyade dans le lac Kivu (RDC).
  • Sexe masculin : le taux de morts par noyade est deux fois plus élevé chez les hommes[13].
  • Consommation de boissons alcoolisées : l'alcool est associé à 25 à 50 % des décès par noyade d'adolescents et d'adultes[14].
  • Minorités ethniques : dans les pays développés, le taux de noyade des enfants issus de groupes raciaux et ethniques minoritaires est de 2 à 4 fois plus élevé. Parmi les explications avancées figurent la pauvreté, le manque d'éducation et le défaut de surveillance[15].
  • Dans la plupart des pays d'Afrique et d'Amérique Centrale, l'incidence des noyades est 10 à 20 fois supérieure à celle des États-Unis[12]. À égalité d'exposition ajustée (baignade et trafic routier), le risque de noyade est 200 fois plus élevé que le risque d'accident de la route[12]. Pour les personnes épileptiques, le risque de noyade est 15 à 19 fois plus élevé que celui des non-épileptiques[12].

Tests sécuritaires

En France :

  • Sauv'Nage par le Comité InterFédéral des Activités Aquatiques (CIAA) dont fait partie la FF Natation ;
  • Aisance Aquatique et ses trois paliers, sous l'égide du Ministère des Sports[16] ;
  • Savoir-Nager et son attestation définie dans le Code de l'Éducation[17],[18].

Sauvetage des victimes dans l'eau

Lorsqu'une personne se noie, il est nécessaire d'effectuer rapidement un sauvetage aquatique. C'est une opération de sauvetage en plusieurs phases[19], qui peut se résumer ainsi:

Sauvetage depuis une base sûre. Lorsque le sauveteur étend un objet, il convient de s'allonger pour ne pas être entraîné dans l'eau.

1. Commencer le sauvetage: Analyser la situation et faire quelque chose rapidement. C'est le plus rapide:

  • S'il y a un sauveteur dans les environs, lui demander d'aider la victime ou lui faire savoir où elle a disparu. Alternativement, il y a des drones volants modernes capables de larguer des gilets de sauvetage, et aussi des robots capables de flotter jusqu'à la victime et auxquels elle pourrait s'accrocher; demander pour eux est possible.
  • Apporter à la victime quelque chose à quoi s'accrocher. Si c'est quelque chose qui flotte (comme une branche épaisse), essayer de le lui lancer sans le frapper à la tête. S'il est possible, atteindre la victime depuis la terre ferme (avec un objet, une branche épaisse, une main ou un bras), mais s'allonger près du rivage pour éviter d'être entraîné dans l'eau et étendre l'objet pour que la victime puisse l'attraper.

Lorsqu'il n'y a pas de sauveteur, il est possible que quiconque essaie à la nage de faire sortir la victime, mais seulement s'il pense être capable de bien le faire (techniquement et physiquement). Si l'on croit que soi-même ne pourra pas sauver correctement la victime, il est encore possible de faire tout ce qui suit:

  • Appeler les services d'urgence (il y a les téléphones d'urgence de différents pays ici).
  • Conseiller à la victime de flotter horizontalement face vers le haut, car cette position ne demande aucun effort. Les gens autour peuvent donner d'autres conseils pour guider le sauvetage, s'ils ont quelque chose à dire.
  • Demander un bateau à rames ou un autre véhicule disponible pour l'aider à partir de là. C'est une bonne idée de transporter quelque chose à l'intérieur auquel la victime peut s'accrocher, soit quelque chose qui flotte et peut être lancé (sans toucher la victime à la tête), ou quelque chose qui peut être étendu (comme une corde ou une longue perche) d'où le secouriste peut le tirer (il est conseillé de s'allonger d'abord sur le véhicule pour éviter d'être entraîné).
  • Demander de l'aide à quelqu'un qui se trouve à proximité et qui est capable de le sortir de l'eau. Ensuite, on pourrait se livrer à guider le sauvetage, s'il sait comment.


2. Faire sortir à la victime hors de l'eau:

Sauvetage aquatique: Le sauveteur a déjà contrôlé la position d'une victime anxieuse (la partie avec le plus grand risque) et entame une manœuvre de remorquage vers la terre ferme. La bouche et le nez de la victime sont maintenus hors de l'eau.

Si la victime ne s'accroche pas à quelque chose et ne peut pas sortir de l'eau, il faut la sortir de là. Pour ce faire, quelqu'un doit nager jusqu'à l'endroit où il se trouve et effectuer une manœuvre pour le remorquer jusqu'à terre. C'est une opération qui comporte certains dangers, donc c'est recommandé seulement si l'on se croit capable de bien le faire (techniquement et physiquement). Il est possible d'essayer la même chose depuis un véhicule flottant: barques à rames, etc. (comme déjà mentionné).

En sauvetage à la natation, le moment où le sauveteur atteint la zone de la victime et tente d'entrer en contact avec elle est d'une grande importance. Lorsque la victime le voit approcher, il est normal qu'il tente désespérément de l'attraper. Certains sauveteurs experts nagent apportant avec eux un objet ou une serviette à laquelle la victime peut s'accrocher (et même pour la remorquer comme ça, si possible). D'autres commencent par offrir une main. D'autres encore lui prennent directement le bras et le placent derrière son dos, pour l'immobiliser avant d'entreprendre toute manœuvre. Dans tous les cas, le sauveteur doit gérer ce premier instant et communiquer avec la victime pour tenter de coordonner une manœuvre de remorquage.

Dans le cas où la prise initiale échoue, et que la victime s'accroche au sauveteur, et que le sauveteur est incapable d'immobiliser ou de dégager la victime, le sauveteur pourrait se libérer simplement en plongeant un peu (car les non-nageurs ont tendance à se déplacer dans le direction opposée: vers le haut, pour regarder la surface). Après s'être échappé de cette manière, le sauveteur peut réessayer la saisie initiale.

Si la victime est submergée, elle doit être ramenée à la surface. Dans le cas où il serait coulé à faible profondeur, il suffirait de saisir l'un de ses bras (avec précaution, car une victime consciente peut désespérément essayer de s'accrocher au sauveteur), et de simplement tirer ce bras vers le haut et en diagonale pendant qu'on nage (car les corps ont tendance à flotter), et continuer à nager jusqu'à ce que la victime s'élève hors de l’eau complètement (après, elle devrait être transportée jusqu'au rivage en position horizontale et face vers le haut, ou du moins avec la tête hors de l'eau). Mais il peut être que la victime soit encore consciente et s'accroche au sauveteur sous l'eau d'une manière dangereuse, ou soit enfoncée si profondément que son bras ne peut pas être atteint depuis la surface, et il est donc parfois nécessaire de l'immerger, de la tenir par derrière, et de la soulever verticalement.

Lorsque le sauveteur a déjà attrapé la victime, elle doit être remorquée pour atterrir. Il existe plusieurs manœuvres de remorquage, mais quelle que soit celle choisie, la bouche et le nez de la victime doivent toujours être hors de l'eau, et la manœuvre doit permettre au sauveteur de nager couramment. La manœuvre de remorquage la plus courante est:

  • Remorquage à la mâchoire: Placez-vous derrière la victime et inclinez-la face vers le haut. Ensuite, placez un bras sous l'aisselle de la victime et tenez sa mâchoire avec la main du même bras qui est passée sous son aisselle. Le sauveteur peut tirer la victime avec ce bras, laissant un autre bras libre pour nager. La façon la plus simple de nager ainsi serait vers l'arrière (le dos crawlé), mais le sauveteur peut essayer un autre style tant qu'il ne coule pas le visage de la victime.

Si la victime est inconsciente, il existe une option pour rendre le remorquage encore plus facile, car dans ce cas, il suffit de l'allonger horizontalement face vers le haut, et de nager en tirant une partie de son corps (généralement le poignet) ou ses vêtements (généralement le col de chemise); mais c'est le sauveteur qui doit voir comment le remorquer au mieux. Les sauveteurs professionnels connaissent plusieurs autres manœuvres, adaptées à chaque occasion, et peuvent s'aider d'un instrument réglementaire.


3. Faire les premiers secours requis:

Après avoir retiré la victime de l'eau, il est nécessaire de pratiquer les premiers soins appropriés (voir ci-dessous).


Premiers secours pour des victimes de la noyade

Lorsque le sauveteur est déjà avec la victime sur terre:

Ventilations.

Si la victime respire, mais est inconsciente, elle doit être tournée sur le côté pour éviter de vomir et de s'étouffer avec le vomi.

Si la victime ne respire pas, ou si son cœur ne bat pas, il est nécessaire de faire rapidement une réanimation cardiopulmonaire (RCP) pour des victimes de la noyade, qui est très similaire à la réanimation normale[20].

Compressions thoraciques.

En la réanimation cardiopulmonaire (RCP) pour des victimes de la noyade, la victime est allongée sur le dos et le sauveteur se place à côté d'elle, et:

  • Si la victime est plus grande qu'un bébé (être adulte ou enfant): Commencer par lui donner 5 ventilations bouche-à-bouche initiales (épingler son nez avec les doigts, ouvrir sa bouche, la couvrir avec la bouche du sauveteur, et insuffler de l'air ceci), pour mobiliser l'eau qui est entrée dans le poumons. Ensuite, séries de 2 ventilations (du même type) sont alternées en continu avec séries de 30 compressions thoraciques (appui mains croisées sur la moitié inférieure du sternum, l'os vertical de la poitrine). Après 2 minutes ou 5 cycles de faire ces séries de réanimation, il faut appeler les services d'urgence (il y a une liste avec les numéros de téléphone d'urgence de différents pays ici), et continuer avec ces séries de réanimation. Ces séries se poursuivent jusqu'à ce que la victime respire à nouveau correctement ou que les services médicaux arrivent.
  • Si la victime est un bébé (un tout petit enfant, généralement de moins de 1 an): La méthode est très similaire. Commencer par faire 5 ventilations bouche-à-bouche initiales couvrant avec la bouche du sauveteur le nez et la bouche du bébé en même temps, et insufflant de l'air comme celui-ci (mais pas avec autant de force qu'il est excessif). Ensuite, séries de 2 ventilations (du même type) sont continuellement alternées avec séries de 30 compressions thoraciques pressant avec seulement 2 doigts sur la moitié inférieure de son sternum: l'os vertical du centre de la poitrine. Après 2 minutes ou 5 cycles de faire ces séries de réanimation, il faut appeler les services d'urgence (il y a une liste avec les numéros de téléphone d'urgence de différents pays ici), et continuer avec ces séries de réanimation. Ces séries se poursuivent jusqu'à ce que la victime respire à nouveau correctement ou que les services médicaux arrivent.

L'idée que la manœuvre de Heimlich anti-étouffement fonctionnerait également pour réanimer les personnes qui se noient dans l'eau a été popularisée pendant un certain temps, mais elle est actuellement déconseillée pour la réanimation.

L'hypothermie est protectrice: la noyade en eau glacée donne de meilleures chances de succès à la réanimation, surtout chez le sujet jeune[19].

La prise en charge médicalisée peut recourir à une oxygénothérapie au masque ou à une intubation trachéale avec mise sous ventilation mécanique; la mise en place d’une sonde gastrique pour vidanger l’estomac de l’eau déglutie; la mise en place d’une voie veineuse.

Statistiques

Il s'agit de la troisième cause de décès accidentel (après les accidents de la circulation et les chutes) avec 376 000 morts par noyade en 2002 à travers le monde[21]. Les noyades non fatales sont quatre fois plus fréquentes[4].

En France

Chaque année en France, environ 1 000 personnes décèdent de noyade accidentelle (dont environ 400 pendant la période estivale), ce qui en fait la première cause de mortalité accidentelle chez les moins de 25 ans[22].

L'Enquête NOYADES 2021[23], menée entre le 1er juin et le 30 septembre 2021 par Santé Publique France auprès des services de secours, recense 1 753 noyades suivies d’une prise en charge hospitalière ou d’un décès. Elles sont réparties en :

  • 1 480 noyades accidentelles (85 % de l’ensemble des noyades) dont 394 suivies de décès (27 %) ;
  • 181 noyades intentionnelles (suicide, tentative de suicide ou agression ; 10 %) dont 95 suivies de décès (52 %) ;
  • 92 noyades d’origine inconnue (5 %) dont 60 suivies de décès (65 %).

Les hommes (959 noyades, soit 66 %) sont proportionnellement plus nombreux à se noyer que les femmes (501 ; 34 %).

Les noyades accidentelles concernent essentiellement les personnes de plus de 65 ans (26 % des noyades accidentelles et 41 % des décès) et les enfants de moins de 6 ans (22 % des noyades et 6 % des décès).

Les noyades accidentelles sont survenues dans 47 % des cas en mer (25 % de décès), 26 % en piscine (15 % de décès), 23 % en cours d’eau ou plan d’eau (41 % de décès) et 4 % dans d’autres lieux (14 % de décès).

Le tableau suivant recense les noyades (et décès) par lieu et classe d'âge :

Nombre de noyades accidentelles (et suivies de décès) par lieu et par classe d’âge
Lieu 0-5 ans 6-12 ans 13-19 ans 20-24 ans 25-44 ans 45-64 ans > 65 ans Total
Piscines (familiales, privées et publiques) 231 (18) 59 (0) 17 (2) 9 (1) 10 (1) 18 (11) 40 (25) 384 (58)
Fleuve, rivière, canal ou rigole 8 (0) 24 (3) 29 (15) 16 (10) 45 (17) 29 (16) 25 (14) 176 (75)
Plan d'eau, étang, lac, mare 25 (2) 14 (5) 19 (9) 20 (10) 23 (14) 21 (16) 38 (23) 160 (79)
Mer (dans la bande des 300 mètres ou au delà) 39 (1) 79 (3) 71 (4) 35 (3) 84 (27) 100 (37) 263 (96) 671 (171)
Autre lieu (baignoire, bassin, etc.) 29 (2) 5 (0) 7 (0) 0 (0) 8 (2) 5 (1) 11 (4) 65 (9)
Total 332 (23) 181 (11) 143 (30) 80 (24) 170 (61) 173 (81) 377 (162) 1456 (392)

Les départements qui ont enregistré le plus de noyades sont le Var (146 noyades), l’Hérault (112), les Bouches-du-Rhône (83), les Alpes-Maritimes (80), la Gironde (66) et les Pyrénées-Atlantiques(64).

En Suisse

En moyenne 45 personnes se noient chaque année en Suisse, dont 80 % de sexe masculin et 7 domiciliées à l’étranger. Les changements des conditions météorologiques, et donc une fréquentation plus ou moins importante des eaux fraîches et de leur environnement proche, explique les fluctuations annuelles. Sur la période 2000–2010, soit sur onze ans, les personnes décédées de noyade en Suisse proviennent de plus de 25 pays et 42 Suisses se sont noyés à l’étranger[24].

Selon le bureau de prévention des accidents (BPA), la noyade (23 %) est la deuxième cause d'accidents de sport après la chute d’une certaine hauteur (53 %) sur la période 2000 - 2009 durant laquelle 458 personnes se sont noyées[25]. La noyade est également la deuxième cause de décès accidentels d'enfants après la route[26].

Les personnes de nationalité étrangère ont représenté une part importante des victimes de noyade en Suisse en 2015 et 2016 (26 noyades sur 49). Réagissant aux cas de noyade de demandeurs d’asile, de personnes issues de l’immigration ainsi que de touristes, la société suisse de sauvetage a traduit en 2015 les 6 Maximes de baignade et de comportement en rivières en tigrigna, arabe, tamoul, anglais, serbo-croate, portugais et somali. Ils sont disponibles dans les centres d’accueil des réfugiés et sur le site Internet de la SSS. En 2017, 41 personnes se sont noyées en Suisse, 21 dans des lacs et 18 dans des cours d'eau, dont 13 de nationalité étrangère soit un recul de 50 % par rapport à 2016.

Noyades mortelle en Suisse en 2016[27]
LacRivièrePiscinePlongéeDiversTotale
Hommes232103148 (84 %)
Femmes330006 (8 %)
Enfants031004 (7 %)
Totale26 (45,6 %)27 (47 %)1 (2 %)3 (6 %)1 (2 %)

Méthode d'exécution

Historique

Scène de noyade, extraite de la Chronique de Nuremberg

La noyade fut utilisée comme méthode d'exécution rapide et économique pour tuer les condamnés. Le cas le plus fréquemment cité est celui des noyades de Nantes (1793-1794), ordonnées par Jean-Baptiste Carrier, pour vider les prisons des Vendéens qui s'y trouvaient. Ceux-ci étaient conduits au bord de la Loire, et, après avoir été dépouillés de leurs vêtements, étaient embarqués dans des barges que les bourreaux remorquaient avec des barques jusqu'au centre du fleuve. Là, les barges étaient coulées avec les condamnés, et les bourreaux achevaient à coup de sabre ceux qui cherchaient à nager. Carrier avait baptisé la Loire la « baignoire républicaine ».

La noyade était également un mode d'exécution classique à Venise, où elle se pratiquait le plus souvent de nuit. Les condamnés, au préalable enfermés à l’intérieur d'un sac lesté, étaient transférés des prisons jusqu'à une embarcation qui allait les jeter à l'eau dans le Rio degli Orfani, canal où la pêche était strictement interdite.

Une étude cite la « noyade dans un tonneau » aux Pays-Bas du XVIe au XVIIIe siècles[31]. Shakespeare raconte dans son Richard III que Georges Plantagenêt, duc de Clarence, frère d’Édouard IV et de Richard III, aurait été exécuté de cette manière dans un baril de vin de Malvoisie à la Tour de Londres en 1478.

La noyade a été appliquée à Genève aux XVIe et XVIIe siècles, voir par exemple le cas de Bartholomé Tecia condamné pour homosexualité[32].

Par l'État islamique

Le , la province de Ninive (Wilayat Ninawa) de l'État islamique publie une vidéo de sept minutes et demi dans laquelle 16 hommes accusés d'espionnage au profit de la coalition sont mis à mort, dont cinq par noyade. Enfermés dans une cage d'acier, cette dernière est soulevée du sol pour être immergée dans une piscine privée de Mossoul, où ils sont filmés en train d'agoniser par deux caméras amphibies[33],[34].

Le , la chaîne de télévision irakienne Al Sumaria (en) indique que 7 civils « accusés d'espionnage au profit des forces gouvernementales (en), des Peshmergas et des Assayech » ont été exécutés par noyade dans le centre-ville de Mossoul et que leur exécution a été filmé par l'État islamique. Le , Al Sumaria indique que 14 civils ont été exécutés sur des accusations et dans des conditions identiques. À chaque fois, Al Sumaria affirme s'appuyer sur « une source, qui a demandé à rester anonyme »[35],[36].

Début , 58 combattants de l'État islamique (dont un ancien assistant d'Abou Bakr al-Baghdadi) qui avaient prévu de se rebeller avant la bataille de Mossoul pour faciliter la reprise de la ville par le gouvernement irakien sont exécutés par noyade[37].

Le , la province de Ninive (Wilayat Ninawa) de l'État islamique publie une vidéo de 41 minutes dans laquelle deux hommes accusés d'espionnage sont mis à mort, dont un par noyade dans un aquarium[38].

Histoire des secours aux noyés

Savoir médical

Au début des Lumières, la médecine fait l'objet de scepticisme et de discrédit. L'exemple de la noyade et la crainte de l'enterrement vivant illustrent son incapacité à distinguer la vie de la mort, et dans de tels cas à sauver des vies. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, différents travaux sur les mécanismes de la noyade sont présentés devant l'Académie royale des sciences de Paris. La plupart des médecins pensent que la mort par noyade résulte d'une ingestion d'une trop grande quantité d'eau, ou encore d'un manque ou excès d'air dans les poumons provoqué par la fermeture de l'épiglotte[39].

En 1740, Réaumur recense les pratiques traditionnelles de secours dans son Avis pour donner du secours à ceux que l'on croit noyés. Il ne faut pas pendre le noyé par les pieds comme on le faisait habituellement, mais le déshabiller, le réchauffer, le faire vomir et éternuer, lui faire avaler des liqueurs ou de l'urine, insuffler de l'air chaud dans la bouche, de la fumée de tabac dans les intestins, faire une saignée à la jugulaire et une bronchotomie (trachéotomie)[40].

En 1748, le chirurgien Antoine Louis présente le résultat de ses recherches qui seront publiées en 1752 sous le titre Lettres sur la certitude des signes de la mort : où l'on rassure les citoyens de la crainte d'être enterrés vivans : avec des observations [et] des expériences sur les noyés. Il démontre que la mort par noyade résulte de la pénétration de l'eau dans les bronches.

Cette idée avait déjà été envisagée par Théophile Bonet (1620- 1689) et Giovanni Maria Lancisi (1654-1720) mais de façon spéculative. Louis prouve de façon expérimentale que tel est le cas, que ce mécanisme est le seul, et que la pénétration de l'eau dans les poumons se fait toujours avant et non après la mort. Le mécanisme de la noyade diffère complètement de celui observé dans la mort par pendaison ou asphyxie. Il devient possible de distinguer un noyé, d'une personne décédée jetée à l'eau pour simuler un suicide par noyade[40].

Louis confirme la valeur de la plupart des mesures proposées par Réaumur. Il rejette cependant l'ingestion d'alcool ou d'urine et la bronchotomie, en préférant insister plus particulièrement sur l'insufflation d'air chaud dans la bouche qui doit être pratiquée en maintenant fermé le nez du noyé. L'insufflation de tabac dans les intestins reste inexpliquée dans le cadre de la nouvelle théorie, mais Louis la justifie par son efficacité empirique. Il fait adapter pour l'usage de la réanimation des noyés, un soufflet intestinal de conception anglaise utilisé pour « libérer le ventre ». Le soufflet introduisant de la fumée de tabac par le rectum devient ainsi le premier appareil de réanimation[40].

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les travaux sur les secours aux noyés se multiplient : comme Méthodes pour rappeler les noyés à la vie (1771) de Jacques-François de Villiers ; ou encore Instructions sur les moyens d'administrer des secours aux personnes noyées pour les rappeler à la vie (1795) de Jean-Baptiste Desgranges (1751-1831)[41].

Organisation des secours

La notion d'urgence apparait avec Samuel Tissot (1728-1797) qui indique l'existence, chez les noyés, d'un temps limité au-delà duquel tous les secours sont vains ; alors que pour Réaumur les mesures de secours devaient être maintenues plusieurs heures dans tous les cas. Antoine Portal (1742-1832) recommande la promptitude des secours « C'est dans le bateau même qui a repêché le noyé qu'il faut commencer les secours ». Cette mesure est contenue dans le règlement sur les noyés de la ville de Paris en 1781[41].

La première société de secours aux noyés apparait à Amsterdam en 1767. Ses publications sont traduites en français et en anglais dès 1768. En 1774, à Londres, se crée la Society for the Recovery of Persons Apparently Drowned, qui existe toujours au XXIe siècle sous le nom de Royal Humane Society (en).

Celle de Paris est fondée en 1772, par Philippe-Nicolas Pia (1721-1779), apothicaire et échevin de Paris[42], qui fait disposer sur les berges de la seine des boîtes-entrepots contenant les instruments utiles au sauvetage avec leur mode d'emploi, tout en organisant des cours de secourisme. Les résultats sont publiés régulièrement à partir de 1773 dans Les détails des succès de l'établissement que la ville de Paris a fait en faveur des personnes noyées. Dès 1773, ce système est adopté par 95 villes. L'enseignement de la natation se répand largement pour multiplier les sauveteurs[41].

Notes et références

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  42. Francis Trépardoux, « Philippe-Nicolas Pia (1721-1799), échevin de Paris, pionnier du secourisme en faveur des noyés (première partie) », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 85, no 315, , p. 257–268. (DOI 10.3406/pharm.1997.4543, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

  • Hydrocution
  • Sauvetage aquatique
  • Sécurité en mer
  • Courant d'arrachement
  • Effet du témoin
  • Accident
  • Accident domestique
  • Méthodes d'exécution

Liens externes