Un puzzle (prononcé : /pœzl/ ; en anglais : /ˈpʌzəl/[alpha 1] ), aussi appelé casse-tête[1] au Canada francophone, est un jeu de patience, de la catégorie casse-tête, qui consiste à reconstituer un objet à deux ou trois dimensions à l'aide de pièces qui s'emboîtent les unes dans les autres. Les puzzles en deux dimensions sont des reproductions de tableaux, de photos ou de dessins. Certains puzzles en trois dimensions peuvent représenter par exemple des monuments connus.
Le puzzle peut se pratiquer seul ou à plusieurs et dans certains pays se joue en famille au moment des fêtes.
Historique
L'invention des puzzles est attribuée à John Spilsbury, un cartographe et graveur londonien qui, vers 1760, eut l'idée de découper des cartes représentant différents pays du monde et de les vendre comme moyen ludique d'apprendre la géographie [2]. Les premiers puzzles se faisaient en peignant une image sur la surface d'une fine planche de bois que l'on découpait ensuite à l'aide d'une scie à chantourner, appelée en anglais jigsaw[3]. D'où le terme d'origine désignant un puzzle, jigsaw puzzle, le mot anglais puzzle signifiant d'une façon générale une énigme ou un casse-tête.
Au début du XXe siècle et plus particulièrement dans les années 1930 aux États-Unis, les techniques de productions changent et se mécanisent grâce à la forme de découpe (die-cut en anglais) : c'est le début de la production de masse qui permet une plus large diffusion, grâce à la baisse des coûts de production.
Il existe encore aujourd'hui des fabricants de puzzles artisanaux en bois[4] : le découpeur de puzzle scie en superposant deux, trois, ou cinq planches où la reproduction a été collée. La découpe est fonction de l'image à reconstituer pour apporter une difficulté et un plaisir supplémentaire, en tout cas différent.
Internet a permis une diffusion plus large du concept de puzzle. Certains sites Internet proposent ainsi un grand nombre de puzzles à faire sur écran. La dématérialisation totale du jeu permet de s'affranchir de certaines contraintes du jeu physique – comme la perte d'une pièce.
« Le rôle du faiseur de puzzle est difficile à définir. Dans la plupart des cas — pour tous les puzzles en carton en particulier — les puzzles sont fabriqués à la machine et leur découpage n'obéit à aucune nécessité : une presse coupante réglée selon un dessin immuable tranche les plaques de carton d'une façon toujours identique ; le véritable amateur rejette ces puzzles, pas seulement parce qu'ils sont en carton au lieu d'être en bois, ni parce qu'un modèle est reproduit sur la boîte d'emballage, mais parce que ce mode de découpage supprime la spécificité même du puzzle ; il importe peu en l'occurrence, contrairement à une idée fortement ancrée dans l'esprit du public, que l'image de départ soit réputée facile (une scène de genre à la manière de Vermeer par exemple, ou une photographie en couleurs d'un château autrichien) ou difficile (un Jackson Pollock, un Pissarro ou — paradoxe misérable — un puzzle blanc) : ce n'est pas le sujet du tableau ni la technique du peintre qui fait la difficulté du puzzle, mais la subtilité de la découpe, et une découpe aléatoire produira nécessairement une difficulté aléatoire, oscillant entre une facilité extrême pour les bords, les détails, les taches de lumière, les objets bien cernés, les traits, les transitions, et une difficulté fastidieuse pour le reste : le ciel sans nuages, le sable, la prairie, les labours, les zones d’ombre, etc. »
— Georges Perec, La Vie mode d'emploi
Types de puzzles / casse-têtes
Puzzles en deux dimensions
Les pièces d'un puzzle, en carton, en plastique ou en bois, sont des formes de taille semblable présentant des excroissances et des creux sur leurs bords. Faire un puzzle consiste à poser les pièces sur une surface plane et à les emboîter les unes dans les autres pour reconstituer une image dont le modèle accompagne le puzzle. Les pièces sont conçues pour ne permettre qu'une seule configuration. Les puzzles sont le plus souvent de forme rectangulaire ou carrée, mais on trouve aussi des variantes de toutes sortes.
La difficulté d'un puzzle dépend du nombre de pièces, et varie en fonction de leur taille et de celle du puzzle complet. Les puzzles ordinaires commencent à 300 pièces puis on trouve des versions de 500, 750 puis des multiples de 1 000 à 10 000 pièces. Ils sont généralement accompagnés d'une indication de l'âge nécessaire pour pouvoir le résoudre sans trop de difficulté (ni de facilité).
Le plus grand puzzle commercialement distribué en 2017 est Travel around Art de Grafika (54 000 pièces) avec 8,64 m de long pour 2,04 m de haut[5].
Résolution
La méthode de résolution commune comporte généralement les étapes suivantes (mais il existe des puzzles sans bord droit et donc sans coins) :
- recherche des coins : les quatre pièces formant les coins du puzzle complet se repèrent par leur absence d'excroissance ou de creux sur deux côtés contigus ;
- recherche des bords : les bords se repèrent par leur absence d'excroissance ou de creux sur un des quatre côtés ;
- remplissage : il faut ensuite assembler le reste des pièces, soit à partir des bords, soit à partir des éléments les plus aisément reconnaissables sur l'image (par exemple le personnage ou le monument principal) ;
- pour ne pas avoir à piocher au hasard une pièce parmi plusieurs centaines, voire plusieurs milliers, on peut au préalable trier les pièces par couleur dominante ou par la forme de leurs excroissances et de leurs creux.
- utiliser ensuite les symétries existantes dans la découpe des pièces (liées à l'utilisation répétée de l'emporte pièces aux quatre coins du puzzle habituellement) pour déduire plus rapidement le positionnement des pièces. Ainsi, au-delà de 2 000 pièces, il apparaît systématiquement un motif reproduit par symétrie centrale et, au-delà de 4 000 pièces, la combinaison de symétrie centrale et de translation est souvent observée. Ainsi, un des plus grands puzzle du monde, de 40 320 pièces, est constitué de dix reproductions d'un motif de 4 032 pièces, celui-ci étant lui-même composé de quatre blocs de 1 008 pièces.
Dans ce type de grands puzzles, les pièces situées à la jonction des plaques de découpe sont aisément reconnaissables car elles ont une forme spécifique permettant un emboîtement entre plaques et non pas « d'une pièce à l'autre ».
Casse-têtes en trois dimensions
Le type de casse-tête en 3D nous vient de Montréal, Québec, inventé par Paul-Émile Gallant en 1990. Il fut breveté sous le nom de Puzz-3D et fabriqué par la compagnie montréalaise Wrebbit inc.
Il existe différentes formes de puzzles en trois dimensions :
- Monuments historiques ou sites célèbres (Mont Saint-Michel, Empire State Building…)
- Boule représentant différentes images (globe terrestre, ballons, ou images animalières…)
- Statue ou autre sculpture coupées en tranche (Baiser de Rodin, Réveil…)
Expressions avec le mot puzzle
- Les pièces du puzzle ou Les morceaux d'un casse-tête : multiplicité d'éléments devant être assemblés en un tout pour avoir du sens.
- Un puzzle auquel il manque une pièce ou Un casse-tête auquel il manque une pièce : ensemble dont la valeur est réduite à néant ou considérablement amoindrie par l'absence d'un élément.
- Le mot puzzle s'emploie également au sens figuré pour désigner la dispersion d'objets qui étaient réunis ou qu'on cherche à réunir. On dit alors, par exemple, qu'on cherche à rassembler le puzzle de tels ou tels objets, associations, etc.
- « ... on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. » dialogue du film Les Tontons flingueurs par Michel Audiard.
Notes et références
Notes
- ↑ Prononciation en anglais retranscrite selon la norme API.
Références
- ↑ « casse-tête », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
- ↑ « Histoire du puzzle », (consulté le ).
- ↑ En fait, la scie à chantourner est appelée fretsaw, jigsaw désignant la scie sauteuse ; la confusion semble s'être produite très tôt.
- ↑ « Accueil », sur puzzle-bois.fr (consulté le )
- ↑ Puzzle "Travel around Art" - 54000 pièces
Voir aussi
Articles connexes
- Ravensburger
- Tangram
Bibliographie
- Antoine Bello, Éloge de la pièce manquante, Coll. La Noire, Éd. Gallimard, 1998.
- Georges Perec, La Vie mode d'emploi, 1978.