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Le Sermon sur la montagne, par Cosimo Rosselli, chapelle Sixtine.

Le Sermon sur la montagne, ou Discours sur la montagne (du titre latin porté par ce passage dans la Vulgate, Sermo in Monte) est un discours adressé par Jésus-Christ à ses disciples ainsi qu'à une large foule, rapporté dans l'Évangile selon Matthieu aux chapitres 5, 6 et 7[v 1]. Jésus l'aurait prononcé au début de son ministère, peu après son baptême par Jean le Baptiste, du haut d'une montagne près du lac de Tibériade surplombant Génézareth, non loin de Capharnaüm. Ce discours, qui porte sur l'éthique, est le plus long enseignement oral du Nouveau Testament. Il comporte notamment les Béatitudes et la prière du Notre Père.

Le Sermon dans les Évangiles

Le Sermon sur la montagne se compare au « Sermon dans la plaine », similaire, mais plus succinct, rapporté dans l'Évangile selon Luc[v 2]. Le théologien Bart D. Ehrman pense qu'il s'agit du même sermon, d'autres, que Jésus a tenu des propos identiques dans plusieurs circonstances, d'autres encore, qu'aucun des deux sermons n'a eu véritablement lieu et qu'ils sont plutôt des combinaisons des enseignements de Jésus rassemblés par Matthieu et Luc[1].

La portion des Béatitudes se trouve au début. Le sermon contient aussi la prière du Notre Père et les injonctions contre la Loi du talion[v 3]« Ne résistez pas à celui qui vous veut du mal »[v 4] et « si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre »[v 4], ainsi que la version de Jésus de la Règle d'or qui constitue le « grand commandement » du judaïsme, formulé dans le Lévitique (Lv 19,18) : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Jésus fait également référence au « sel de la terre »[v 5], à « la lumière du monde »[v 6]. L'expression « lumière du monde » revient dans l’Évangile de Jean (8-12), où Jésus se désigne lui-même[2].

La phrase « Ne condamnez pas les autres, pour ne pas être vous-mêmes condamnés »[v 7] est une exhortation à ne pas juger son prochain avant de se juger soi-même. Ainsi, Jésus poursuit en disant « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! »[v 8]. Cette expression est restée dans la langue française.

Le troisième verset a donné lieu à plusieurs versions différentes, les traducteurs hésitant entre les expressions « pauvres d'esprit », « pauvres en esprit », « pauvre de cœur », « pauvre par l'esprit ». Les seules autres mentions des « pauvres en esprit » se trouvent à plusieurs reprises dans les manuscrits de la mer Morte[3]. « Par cette expression ne sont nullement visés les simples d'esprit, mais les humbles, les observants de la Loi qui vivent sous la mouvance de l'Esprit[3]. »

On connaît dans la Bible certaines « béatitudes » isolées, ou groupées par deux ou trois, rarement quatre[4]. Une série de huit béatitudes se trouve dans le Siracide « construite suivant un procédé poétique obéissant à des règles précises pour ce genre littéraire (Si 14, 20-27)[4]. » Le même procédé s'applique à l'un des manuscrits de la mer Morte provenant de la grotte 4 (4Q525 2 II)[4]. Le texte de l'évangile selon Matthieu présente une structure reposant sur le même procédé[4]. Toutefois, écrit Émile Puech, il s'en distingue par une « nouveauté totale » : la mention du Royaume, « proclamé par ce discours inaugural, auquel répondra le dernier discours (Mt 25,31-46) »[4].

Tradition critique du sermon sur la montagne

Au début du XXe siècle Sante Ferrini, sensible au message de Christ tel que rapporté dans le Nouveau testament, reproche au clergé et aux puissants d'avoir détourné ses préceptes à leur profit[5]. Il illustre son propos dans une parodie sans concession du sermon sur la montagne qu'il imagine pouvoir être prononcé par le Pape, sur la place Saint-Pierre à Rome :

« Heureux les forts car ils posséderont la terre !

Heureux ceux qui ont le cœur dur car ils riront des malheurs d’autrui et ne pleureront jamais !

Heureux les violents car ils seront respectés des timorés !

Heureux les injustes car ils auront leurs biens et ceux des autres !

Heureux les mauvais car ils se feront pardonner par la force !

Heureux ceux qui ont l’âme impure et malveillante car ils jouiront des turpitudes humaines !

Heureux ceux qui possèdent, car ils n’ont pas besoin de miséricorde !

Heureux les incrédules car ils ne seront pas trompés ! Amen[6] 

Plus récemment, la phrase « Bienheureux les pauvres d'esprit... » a parfois été interprétée à contresens comme « Bienheureux les imbéciles », par exemple par Luigi Cascioli[7], alors qu'elle ne peut être comprise que dans le judaïsme palestinien de l'époque de Jésus.

Notes et références

Versets bibliques

Références

  1. Cf. Bart D. Ehrman, A Brief Introduction to the New Testament, , 380 p. (ISBN 0-19-516123-8), p. 101
  2. (en) Charles Spear, Names and Titles of the Lord Jesus Christ, (ISBN 0-7661-7467-0), p.226
  3. 1 2 Émile Puech, « Les manuscrits de la mer Morte et le Nouveau Testament », in Aux origines du christianisme, Pierre Geoltrain (dir.), 2000, Gallimard, Paris, p. 161.
  4. 1 2 3 4 5 Émile Puech, « Les manuscrits de la mer Morte et le Nouveau testament », in Aux origines du christianisme, Pierre Geoltrain (dir.), 2000, Gallimard, Paris, p. 162.
  5. Pascal Dupuy, Folgorite, Sante Ferrini, anarchiste, typographe et poète (1874-1939), Lyon, Atelier de création libertaire, , 348 p. (ISBN 978-2-35104-138-3), p. 225, 226
  6. Sante Ferrini, « Ieri, oggi, domani », L'Alleanza Libertaria, no 46, 23 avril 1909.
  7. Point de vue de Luigi Cascioli.

Annexe

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Hans Dieter Betz (en) (trad. Laurence Welborn), Essays on the Sermon on the Mount, Philadelphie, Fortress Press,
  • (en) Warren S. Kissinger, The Sermon on the Mount : A History of Interpretation and Bibliography, Metuchen, Scarecrow Press,
  • (en) Andrej Kodjak, A Structural Analysis of the Sermon on the Mount, New York, M. de Gruyter,
  • (en) Harvey King McArthur, Understanding the Sermon on the Mount, Westport, Greenwood Press,
  • (en) Glen H. Stassen, Living the Sermon on the Mount : A Practical Hope for Grace and Deliverance, Jossey-Bass, , 222 p. (ISBN 0-7879-7736-5, lire en ligne)

Liens externes