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Union démocratique croate
(hr) Hrvatska demokratska zajednica
Image illustrative de l’article Union démocratique croate
Logotype officiel.
Présentation
Président Andrej Plenković
Fondation
Siège Trg žrtava fašizma 4
Zagreb (Croatie)
Fondateur Franjo Tuđman
Positionnement Centre droit[1] - [2] à droite[3] - [4] - [5]
Idéologie Démocratie chrétienne[6]
Conservatisme[6]
National-conservatisme[1]
Europhilie[1] - [7]
Affiliation européenne Parti populaire européen
Affiliation internationale Internationale démocrate centriste
Union démocrate internationale
Adhérents environ 200 000 (2017)[8]
Couleurs Bleu
Site web hdz.hr
Présidents de groupe
Parlement Branko Bačić
Parlement européen Manfred Weber (PPE)
Représentation
Députés
62 / 151
Députés européens
4 / 12

L’Union démocratique croate (en croate : Hrvatska Demokratska Zajednica, HDZ) est le principal parti politique croate de droite, conservateur et nationaliste.

Fondé en par le nationaliste Franjo Tuđman, il gouverne la Croatie entre et , de à et depuis . Il constitue l'un des deux plus grands partis croates avec le Parti social-démocrate de Croatie (SDP).

Histoire

Le parti clandestin et nationaliste de Franjo Tuđman

La HDZ a été fondé de manière presque clandestine en par des nationalistes croates dissidents menés par Franjo Tuđman lorsque le multipartisme en Yougoslavie était encore embryonnaire.

Le parti profita du discrédit relatif de la Ligue des communistes de Croatie, dont le chef Ivica Račan avait pourtant opté pour la social-démocratie. Tuđman et les fondateurs du parti bénéficièrent d'un large soutien financier de la part des Croates expatriés, dont beaucoup soutenaient les idées des Oustachis et de l'ancien État indépendant de Croatie. Cette influence se retrouva à la HDZ qui appela au rétablissement de la Croatie dans ses « frontières naturelles et historiques ». Celles-ci auraient inclus la Bosnie-Herzégovine jusqu'à la rivière Drina ainsi que les territoires que la commission Djilas avait attribué en à la Serbie et au Monténégro.

De 1990 à 2000, le parti au pouvoir

Franjo Tuđman, fondateur de la HDZ et premier président de la République croate (1922-1999).

L'Union démocratique croate a été au pouvoir de à , détenant la présidence de la République, la majorité à la Diète de la République et le gouvernement. Pendant ces mandats, la Croatie devint indépendante (), fut reconnue internationalement () et dut faire face à la Guerre de Croatie (1991-1995).

Aux élections législatives de 1990, la HDZ obtint une majorité relative des sièges au Parlement croate. Le peuple croate vit dans les idées de la HDZ à la fois un moyen de sortir du communisme et de la Yougoslavie mais aussi et surtout une réponse au « nationalisme » yougoslave — tentative de préserver les frontières de l’ex-Yougoslavie et de conserver le contrôle sur l’armée populaire yougoslave — de Slobodan Milošević. L'élection présidentielle croate de 1992 porta Franjo Tuđman au poste de président de la République qu'il occupa jusqu'à sa mort en .

Malgré son recrutement divers et le fait que nombre de ses dirigeants étaient d'anciens partisans, la HDZ fut assez impopulaire parmi les minorités serbes qui y virent une résurgence du mouvement oustachi, ce phénomène étant amplifié par la propagande en Serbie et auprès des Serbes de Croatie, majoritairement en Dalmatie du nord et dans certaines parties de l'ancienne frontière militaire des Habsbourg.

La HDZ mena la Croatie du communisme au capitalisme. Les gouvernements de la HDZ menèrent des privatisations. Franjo Tuđman avoua que son but était de créer une nouvelle élite croate de 200 familles qui auraient élevé le niveau de vie de la majorité des Croates. La HDZ au pouvoir, privatisant l'industrie croate, fut critiquée et accusée d'avoir accordé des passe-droits au profit des anciens profiteurs de guerre.

Le gouvernement issu du HDZ conduit la Croatie a s'écarter de l’héritage symbolique de la résistance antifasciste de la seconde guerre mondiale et à introduire un début de réhabilitation des oustachis[9].

La mort de Tuđman et le passage dans l'opposition

À la fin des années 1990 le parti perdit en popularité, notamment en raison des échecs politiques comme lors de la crise de Zagreb et d'une situation socio-économique allant en se dégradant. En , Franjo Tuđman, malade d'un cancer depuis , décède brutalement.

Lors des élections parlementaires du 3 janvier 2000, la HDZ, bien que restant le premier parti de Croatie, est battue par une coalition de centre gauche et de centre droit emmenée par le social-démocrate Ivica Račan. Ce scrutin marque alors la première alternance depuis .

Trois semaines plus tard, le ministre des Affaires étrangères Mate Granić, candidat du parti à l'élection présidentielle anticipée, remporte 22,6 % des suffrages et se classe troisième du premier tour, derrière Stjepan Mesić, du Parti populaire croate (HNS), et Dražen Budiša, du Parti social-libéral croate (HSLS). En moins d'un mois, la HDZ est donc contrainte d'abandonner l'ensemble des leviers du pouvoir de l'État croate.

Pendant la période -, beaucoup pensent que l'Union démocratique croate ne pourra pas se relever après la mort de son fondateur et les défaites qui ont suivi. Granić ainsi que Vesna Škare Ožbolt, quittent le parti pour former le Centre démocratique (Demokratski centar, DC), un parti modéré de centre droit.

Avec Ivo Sanader, le virage pro-européen

Ivo Sanader, deuxième président de la HDZ, Premier ministre entre 2003 et 2009, artisan du virage centriste et pro-européen.

La HDZ se renforça lorsque le TPIY commença à rechercher et à inculper les décideurs de l'armée croate ce qui entraina de nombreuses protestations en Croatie. Bien que la HDZ et son nouveau leader Ivo Sanader prirent part à ces événements, ils se détachèrent des idéologies les plus extrêmes. Par ailleurs, le Parti social-libéral croate (HSLS) s'affirma comme étant de droite ce qui fit passer Ivo Sanader pour un centriste en comparaison.

En , Ivić Pašalić, leader de la branche dure de la HDZ associée aux excès de l'ère Tuđman, s'opposa à Sanader à la tête du parti, l'accusant de trahir la mémoire de Tuđman. Contre toute attente, mais du fait du soutien de Branimir Glavaš et du soutien implicite de la Croatie libérale, Ivo Sanader conserva la direction du parti et Pašalić quitte la HDZ pour former le Bloc croate (Hrvatski Blok, HB). Ainsi Sanader débarrassa le parti de ses branches extrêmes et la HDZ devint un parti « réformé ». Il parvient à rendre la HDZ crédible comme une alternative au gouvernement d'Ivica Račan, qui stagnait entre indécision et luttes internes.

Le retour au pouvoir en 2003

Lors des élections législatives du 23 novembre 2003, la HDZ, qui reste le premier parti du pays, remporte 66 députés sur 151, soit 20 parlementaires de plus. Sanader forme alors un gouvernement minoritaire avec le centre démocratique (DC), qui dispose du soutien du Parti paysan croate (HSS), du Parti social-libéral croate et du Parti démocratique indépendant serbe (SDSS). C'est alors la première fois que la majorité parlementaire est ouverte aux Serbes.

L'exécutif poursuit les réformes pour l'entrée dans l'Union européenne, notamment l'aide au retour des réfugiés, la reconstruction des maisons détruites, favorise le droit des minorités, la coopération avec le TPIY et la consolidation de l'économie croate. Malgré cela, l'ouverture des négociations quant à l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne sont repoussées en 2005 sur la base de la non-coopération de la Croatie avec le TPIY sur le cas du général croate Ante Gotovina.

Jadranka Kosor, troisième présidente de la HDZ, bras droit de Sanader, candidate malheureuse à la présidentielle de 2005, Première ministre entre 2009 et 2011.

À l'occasion de l'élection présidentielle de janvier 2005, la HDZ choisit comme candidate Jadranka Kosor, vice-présidente, vice-Première ministre et ministre de la Famille et des Anciens combattants. Avec 20,3 % au premier tour, elle met en ballottage le sortant Stjepan Mesić, qui la défait sans difficulté au second tour avec 65,9 % des suffrages exprimés.

Les élections législatives du 23 novembre 2007 reconduisent le parti au pouvoir avec le même nombre de députés. Cette fois-ci, le HSS, le HSLS et le SDSS entrent au gouvernement. Brusquement, le , Ivo Sanader annonce sa démission de l'ensemble de ses fonctions, et la HDZ choisit, sur sa recommandation, Jadranka Kosor comme présidente et Première ministre. Le onzième gouvernement de Croatie est investi le . C'est alors la première fois qu'une femme dirige l'un des deux principaux partis croates et le gouvernement. Le HSLS décide de se retirer en , mais les deux députés sociaux-libéraux quittent leur formation et continuent d'appuyer, en tant qu'indépendants, l'exécutif de Kosor.

La présidentielle de décembre 2009 et janvier 2010 marque la première grande défaite de l'Union démocratique croate. Ancien vice-Premier ministre et ministre de la Santé sous Sanader, Andrija Hebrang, qui avait également été ministre à l'époque de Franjo Tuđman, se contente de 12 % des voix, ce qui le place en troisième position et l'élimine de l'élection. Face à cette débâcle, Ivo Sanader, devenu président d'honneur de la HDZ, tente un retour en politique mais se voit expulsé du parti le , par un vote de la direction acquis à 16 voix contre 3 et 2 abstentions.

Retour dans l'opposition et aux fondamentaux

Tomislav Karamarko, président de la HDZ entre et , artisan du renouveau nationaliste.

À l'occasion des élections législatives du 25 novembre 2011, la HDZ s'allie avec le Parti civique croate (HGS) et le Centre démocratique. La coalition que mène Jadranka Kosor doit se contenter de 23 % des voix, soit 44 députés pour l'Union démocratique, contre 40 % à la coalition Cocorico, que domine le Parti social-démocrate de Croatie, ce qui lui accorde 80 députés, ainsi qu'un député des minorités, soit 81 sièges en tout.

Six mois plus tard, l'élection du président du parti par les adhérents voit l'ancien ministre de l'Intérieur Tomislav Karamarko, qui a repris sa carte en , en tête des deux tours, ce qui fait de lui le nouveau président de l'Union démocratique croate. Sous sa présidence, la HDZ devient membre à part entière du Parti populaire européen (PPE). Son premier test électoral, les élections européennes spéciales du 14 avril 2013, voit une alliance avec le Parti croate du Droit - Ante Starčević (HSP-AS), une formation nationaliste d'extrême droite. Contre toute attente, cette liste arrive en tête avec 32,9 % des voix, soit six députés européens sur 12, devant la liste de la coalition gouvernementale.

Dans la perspective de l'élection présidentielle du , la HDZ investit l'ancienne ministre des Affaires étrangères Kolinda Grabar-Kitarović pour affronter le chef de l'État sortant soutenu par les sociaux-démocrates Ivo Josipović. Au premier tour, elle se classe deuxième avec 37,21 % des voix, soit seulement 22 200 bulletins de retard sur le président en exercice. Au soir du second tour le , elle est élue présidente de la République par 50,74 % des suffrages exprimés, devançant Josipović de 32 200 voix.

2015 : une alternance imparfaite

Andrej Plenković, président de la HDZ depuis , élu après une importante crise politique.

Le , Karamarko annonce la création de la « Coalition patriotique » (DK) qui associe l'Union démocratique au HSP-AS, au Parti paysan croate (HSS) et au Parti social-libéral croate (HSLS) ainsi qu'à divers petits partis. Au cours des élections législatives du suivant, la DK remporte 33,4 % des voix et 59 députés sur 151, constituant la première force du Parlement. Toutefois, elle doit s'associer avec le Pont des listes indépendantes (Most) pour accéder au pouvoir et soutenir l'investiture de l'indépendant Tihomir Orešković au poste de Premier ministre. Tomislav Karamarko se trouve ensuite désigné premier vice-Premier ministre le .

Après cinq mois de désaccords au sein de la coalition majoritaire, la HDZ annonce le qu'elle compte présenter une motion de censure contre Orešković et propose le ministre des Finances Zdravko Marić pour lui succéder. Karamarko remet sa démission du cabinet le , après avoir été convaincu de conflit d'intérêts dans une affaire impliquant son épouse et la société hongroise d'énergie MOL. La motion est approuvée le lendemain à une large majorité, faisant chuter l'exécutif mais l'Union démocratique n'est pas en mesure de rallier une majorité absolue en soutien à Marić.

Les députés adoptent finalement une motion de dissolution de leur assemblée le et le président du parti annonce qu'il abandonne cette responsabilité dès le lendemain. Le député européen Andrej Plenković, seul candidat à sa succession, est élu à la direction de la HDZ le et décide que son parti ne formera pas de coalition politique au niveau national en vue des élections législatives anticipées du .

Idéologie

En termes d'idéologie, les leaders de la HDZ se sont tout d’abord définis comme un parti de droite et Tuđman se disait inspiré par Margaret Thatcher. Plus tard, le parti se définit comme de centre droit et comme chrétien démocrate.

La seule idéologie officielle était la réconciliation nationale, une idée qui gagnait le soutien des Croates partisans comme de la droite extrémiste se réclamant des oustachis. En pratique, cette idéologie justifia une réhabilitation au moins informelle des oustachis et une justification implicite de leur idéologie. Ceci spécialement lorsque Gojko Šušak, le ministre de la défense croate à la tête de la branche extrême de la HDZ gagna le support de Tuđman. Stjepan Mesić et Josip Manolić refusent cette tendance et quittent le parti en . Ils formèrent le parti Démocrates indépendants croates (Hrvatski nezavisni demokrati, HND).

La HDZ mobilise une rhétorique nationaliste traditionnellement porté par l’extrême droite et met en avant son identité chrétienne.

Elle adopte un rivage plus modéré dans les années 2000, conduisant à une scission et à la création du Bloc croate en 2002. L'arrivée à la tête du parti en mai 2012 de Tomislav Karamarko, ancien vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, pousse la HDZ à renouer avec les thèmes de l'extrême droite. En 2013 et en 2015, elle forme même un cartel électoral avec le parti d’extrême droite HSP-AS[10].

Au pouvoir, la HDZ fait pression contre le droit à l'avortement[11].

Résultats électoraux

Élections législatives

Année Coalition Voix  % RangSièges Gouvernement
1990 - 1 201 122 41,90 1er
205 / 351
Ier, IIe et IIIe
1992 - 1 176 437 44,68 1er
85 / 138
IVe et Ve
1995 - 1 093 403 45,23 1er
75 / 127
VIe
2000 - 790 728 26,88 2e
46 / 151
Opposition
2003 - 840 692 33,90 1er
66 / 151
IXe
2007 - 907 743 36,60 1er
66 / 153
Xe et XIe
2011 HGS-DC 563 215 23,50 2e
44 / 151
Opposition
2015 HSS-HSP-AS-HSLS-HRAST-BUZ-HDS-ZDS 771 070 33,46 1er
51 / 151
XIIIe
2016 682 687 36,27 1er
58 / 151
XIVe
2020 HSLS-HDS-HDSSB 621 008 37,26 1er
62 / 151


Élections européennes

Année Coalition Voix % Rang Sièges
2013 HSP AS-BUZ 243 654 32,86 1er
5 / 12
2014 HSS-HSP AS-BUZ-ZDS-HDS 381 844 41,42 1er
4 / 11
2019 Sans coalition 244 076 22,72 1er
4 / 12


Élections présidentielles

Année Candidat 1er tour 2d tour
% Rang % Rang
1992 Franjo Tuđman 56,7 1er
1997 Franjo Tuđman 61,4 1er
2000 Mate Granić 22,5 3e
2005 Jadranka Kosor 20,3 2e 34,1 2e
2010-09 Andrija Hebrang 12,0 3e
2014-15 Kolinda Grabar-Kitarović 37,2 2e 50,7 1re
2019-20 Kolinda Grabar-Kitarović 26,7 2e 47,3 2e

Notes et références

  1. 1 2 3 (en) Marko Stojic, Party Responses to the EU in the Western Balkans: Transformation, Opposition or Defiance?, Springer, , p. 136
  2. Thomas Jansen Steven Van Hecke, At Europe's Service: The Origins and Evolution of the European People's Party, Springer, (lire en ligne), p. 79
  3. Boris Pavelic, Croatia PM Accuses Right-Wingers of Ethnic Hate, Balkan Transitional Justice, (lire en ligne)
  4. Croatian Democratic Union, Encyclopædia Britannica, (lire en ligne)
  5. « HDZ Croatia: Communist totalitarianism should be clearly condemned », Oslobođenje - Bosanskohercegovačke nezavisne novine (consulté le )
  6. 1 2 (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe » (consulté le ).
  7. « Croatia Is Starting Preparations To Join Eurozone », euinside, (lire en ligne)
  8. (hr) « Plenković: Započinjemo novo poglavlje - HDZ će postati središnja snaga razvoja Hrvatske », Croatian Radiotelevision, (lire en ligne)
  9. Jean-Arnault Dérens, « Le choc des mémoires au mépris de l'histoire », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
  10. Benjamin Biard, « L’extrême droite en Europe centrale et orientale (2004-2019) », sur CRISP,
  11. « Croatie : le droit à l’avortement en danger », sur Le Courrier des Balkans,

Voir aussi

Liens externes