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Le est la date, dans le calendrier grégorien, d'au moins deux événements historiques :

Capitulation de l'Allemagne

Signature de la reddition de l'armée allemande à Reims, .
Deux femmes lisant la une du Montreal Daily Star annonçant la capitulation allemande et la fin imminente de la Seconde Guerre mondiale, .

L'amiral Dönitz, désigné par Hitler comme son successeur, ainsi que son état-major, ont compris que toute résistance est vaine. Dönitz consacre son énergie à ce que les troupes allemandes se rendent aux Alliés occidentaux et non aux Soviétiques, avant tout pour que les prisonniers allemands soient traités selon les conventions internationales, et non massacrés ou déportés en Sibérie. Aussi souhaite-t-il des capitulations partielles[1] à l'ouest afin de soustraire autant de troupes que possible du front occidental et poursuivre les combats sur le front oriental, en rapatriant le maximum de population[2].

C'est dans cette intention que Dönitz envoie une première fois, à Reims, au PC avancé du SHAEF d'Eisenhower, l'amiral Hans-Georg von Friedeburg pour tenter de convaincre les Occidentaux de conclure une paix séparée. Le général américain l'éconduit, tout en prévenant Staline des tentatives allemandes. Le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Union soviétique se sont en effet mis d'accord sur une capitulation totale et inconditionnelle du gouvernement allemand et de l'OKW sur tous les fronts, n'acceptant des redditions ponctuelles que dans le cadre des engagements (unités déposant les armes et se constituant prisonnières) et non dans le cadre d'un traité. Dönitz réitère ses avances le en désignant alors le général Jodl, son chef d'état-major, mais ce dernier essuie le même refus. L'intransigeance d'Eisenhower est en effet implacable depuis le , date à laquelle il découvre horrifié les charniers d'Ohrdruf, annexe du camp de concentration de Buchenwald qui vient d'être libéré[3].

C'est donc le , à 2 h 41, que la reddition de l'armée allemande est signée à Reims dans une salle du Collège technique et moderne (actuel lycée Roosevelt) abritant le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force, par le maréchal allemand Alfred Jodl[4], en présence des généraux américains Walter B. Smith et Eisenhower, du général français François Sevez et du général soviétique Sousloparov, les combats devant cesser le à 23 h 1. L'acte signé est purement militaire.

Ceci provoque la fureur de Staline qui veut que la capitulation de l'Allemagne soit signée dans sa capitale, à Berlin, où les soldats de l'Armée rouge règnent en maîtres[5]. Les journalistes occidentaux répandent rapidement la nouvelle de la capitulation, précipitant ainsi les célébrations. Les combats continuent cependant sur le front de l'Est.

L'exigence de Staline est honorée et une nouvelle signature a lieu le , dans la nuit du au à 0 h 16 heure russe (23 h 16 heure de l'Ouest), dans une villa de Karlshorst, quartier général du maréchal Georgi Joukov dans la banlieue Est de Berlin (aujourd'hui le musée germano-russe Berlin-Karlshorst). Les représentants de l'URSS, de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis arrivent peu avant minuit. Après que le maréchal Georgi Joukov eut ouvert la cérémonie, les représentants du Haut commandement allemand, dont le maréchal Wilhelm Keitel, sont invités à signer l'acte de capitulation entrant en vigueur à 23 h 1, heure locale[6] (heure d'Europe centrale), soit le à 1 h 1, heure de Moscou. C'est l'amiral Hans-Georg von Friedeburg et le maréchal Keitel qui signèrent l'acte de capitulation.

La reddition a donc lieu le pour les Soviétiques et les pays est-européens alliés. De ce fait les Soviétiques, puis les Russes et leurs alliés est-européens, commémorent cette capitulation le , sous le nom de Jour de la Victoire.

Il faudra cependant attendre la capitulation officielle du Japon le  V-J Day », pour « Victory over Japan Day », annoncé le ), lorsque le ministre des Affaires étrangères Mamoru Shigemitsu signe les articles de la reddition des forces japonaises sur le pont de l'USS Missouri dans la baie de Tokyo, pour que la Seconde Guerre mondiale prenne fin.

Commémoration de la Libération

La victoire de la capitulation allemande est fêtée différemment dans les différents pays d'Europe. Le 8 mai est un jour férié en France par exemple. Aux Pays-Bas, on célèbre le jour de la libération le 5 mai.

En France

Jour férié

La loi du prévoit que la commémoration du soit fixée au de chaque année si ce jour est un dimanche, sinon le dimanche suivant. Dès cette année et plus nettement dans les années suivantes, c'est-à-dire jusqu'en 1951, la commémoration perd de son importance alors que les associations d'anciens combattants réclament la reconnaissance du comme jour férié et chômé. Ces associations organisent ainsi leur propre manifestation. L'adoption de la loi no 53-225 du clarifie la situation : le est déclaré jour férié (mais non chômé) de commémoration en France. Cela n'empêche pas les cérémonies de revêtir un réel éclat de 1953 à 1958[7].

Dans une logique de réconciliation avec l'Allemagne, le président Charles de Gaulle supprime le caractère férié de ce jour par le décret du qui fixe la date de la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai[8]. Puis le décret du décide que le sera commémoré chaque année, à sa date, en fin de journée.

En 1975, dans cette même logique visant à souligner la volonté des Européens d'organiser en commun leur avenir pacifique, le président Giscard d'Estaing supprime également la commémoration de la victoire alliée de 1945. Cette décision suscite un tollé général de la part des associations d'anciens combattants[9].

C'est à la demande du président François Mitterrand que cette commémoration et ce jour férié seront rétablis, par la loi no 81-893 du qui ajoute cette date à la liste des jours fériés désignés par le code du travail[10].

  • Le 8 mai 1945, jour de la victoire en Europe, Winston Churchill salue la foule à Londres.
    Le , jour de la victoire en Europe, Winston Churchill salue la foule à Londres.
  • Le 8 mai 1945, Londres.
    Le , Londres.
  • Le 8 mai 1945, Ottawa.
    Le , Ottawa.
  • Timbre de 1945.
    Timbre de 1945.
  • À Berlin, le 8 mai, le maréchal Wilhelm Keitel signe l’acte de capitulation de la Wehrmacht.
    À Berlin, le , le maréchal Wilhelm Keitel signe l’acte de capitulation de la Wehrmacht.
  • Le premier acte de capitulation, signé à Reims le 7 mai 1945.
    Le premier acte de capitulation, signé à Reims le .
Odonymes

Cette date historique de la fin de la guerre est rappelée par de nombreux odonymes : rue du 8-Mai-1945, etc.

En Belgique

Le 8 mai a également été un jour férié en Belgique pendant plusieurs décennies, même s'il ne l'était que pour les écoles et les administrations. Mais en 1983, le gouvernement belge a décidé, pour des raisons économiques, de supprimer ce jour férié du calendrier. De nombreuses commémorations et des hommages restent néanmoins encore organisés. Et un large mouvement de personnalités et d'associations de la société civile appellent à refaire du 8 mai un jour férié officiel, pour faire face notamment à la montée des mouvements d'extrême droite[11].

Aux Pays-Bas

En Hollande, la capitulation allemande est fêtée le 5 mai sous le nom du Jour de la Libération (en néerlandais : Bevrijdingsdag), sous la forme de congé optionnel. La date du 5 mai correspond au jour des pourparlers de capitulation. En 1946, le gouvernement a décidé que le jour de la libération devait être célébré le 5 mai, sauf s'il tombait un dimanche, car sinon la tradition du repos dominical chrétien serait perturbée. En 1968, il a été décidé que le jour de la libération, quel que soit le jour de la semaine, serait le 5 mai.

Il s'agit d'un jour de congé optionnel qui est réglé par des conventions collectives de travail et varie donc selon le secteur de travail.

Massacre de Sétif, Guelma et Kherrata

Le est aussi la date du début des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, qui sont des répressions sanglantes des émeutes nationalistes survenues en 1945 dans le département de Constantine en Algérie française. Il s'agissait de manifestations qui visaient à réclamer l'indépendance du pays colonisé par la France préalablement prévu par les ces-derniers ainsi que la libération du chef du Parti populaire algérien (PPA) Messali Hadj.

Pour fêter la fin des hostilités et la victoire des Alliés sur les forces de l'Axe, des défilés sont organisés le , y compris dans les trois départements français qui constituent l'Algérie. L'émeute de Sétif n'est pas due à l'indignation provoquée parmi les manifestants par la mort du porte-drapeau Saâl Bouzid mais à une véritable insurrection armée qui a fait 23 morts et 80 blessés européens à Sétif dont le régisseur du marché Gaston Gourlier tué 2 heures avant le début de la manifestation (Vétillard) et d'autres par armes à feu dans les minutes qui ont suivi les altercations entre forces de l'ordre et manifestants. Les forces de l'ordre interviennent et ramènent le calme en moins de 2 heures : 35 manifestants sont tués, des dizaines sont blessés.

Au même moment, et dans plusieurs endroits, parfois sans lien évident avec la manifestation de Sétif, d'autres soulèvements ont lieu dans une vingtaine de localités de la région (Périgotville, Chevreul, Kerrata, Lafayette, Sillègue, El Ouricia…) : on recense 145 morts le soir du 11 mai ainsi qu’environ 415 blessés dans les deux camps.

La répression ne débute que le . Elle concerne les communes où les Européens ont été visés. Conduite par l'armée et également par la milice civile de Guelma (Peyroulou, Vétillard) elle sera particulièrement . Les effectifs de la police nationale à Sétif ne sont que de 40 hommes. Dans les villages la police et l'armée sont absentes, les gendarmeries ne sont représentées que par 3 ou 4 hommes à Kerrata, Chevreul et Lafayette. Des renforts arrivent du Maroc, de Tunisie et d'Alger : 10 000 hommes sont déployés dans le Constantinois mais seulement 3 700 dans la subdivision de Sétif, la plus vaste (sa surface est l'équivalent de 2 départements métropolitains), le plus montagneuse et la plus touchée.

A Sétif, un policier tire sur un jeune nationaliste et le tue, ce qui déclenche des émeutes dans trois villes : Sétif, Guelma et Kherrata.

Le nombre des victimes algériennes reste sujet à débat. Les autorités françaises de l'époque fixèrent le nombre de tués à 1 165 ; un rapport des services secrets américains à Alger en 1945 notait 17 000 morts et 20 000 blessés ; le gouvernement algérien avance le nombre de 45 000 morts ; alors que selon les historiens français le nombre varie de 6 000 ou 8 000 (Charles-Robert Ageron[12], Charles-André Julien) à « des milliers de morts »[13].

Commémorée chaque année en Algérie, la date « a servi de référence et de répétition générale à l'insurrection victorieuse de 1954[14] ».

Notes et références

  1. Telle la capitulation partielle des troupes allemandes actives aux Pays-Bas, au Danemark et en Allemagne du Nord, demandée par l'amiral Hans-Georg von Friedeburg au général Montgomery. Ce dernier qui ne peut s'engager aussi loin, ne signe qu'un cessez-le-feu le .
  2. Ian Kershaw, La Fin, Allemagne, 1944-1945, Éditions du Seuil
  3. (en) Stephen Goodell et Sybil Milton, 1945 : the year of liberation, U.S. Holocaust Memorial Museum, , p. 143
  4. Voir scoop Associated Press avant l'annonce officielle.
  5. Beevor, La Chute de Berlin, 2002, éditions de Fallois, p. 427.
  6. Earl F. Ziemke, The US Army in the Occupation of Germany, 1944-1946, Chapitre XV : « The Victory Sealed », p. 258.
  7. Bernard Accoyer, La Mémoire des Français : quarante ans de commémorations de la Seconde Guerre mondiale, Éditions du CNRS, , p. 207.
  8. « Le 8 Mai : Fête de la victoire de 1945 », Chemins de mémoire.
  9. Bernard Accoyer, Questions mémorielles : rassembler la nation autour d'une mémoire partagée, CNRS, , p. 166.
  10. Établissement du 8 Mai comme fête légale fériée, Légifrance.gouv.fr.
  11. « Appel de la Coalition 8 mai »
  12. Charles-Robert Ageron, « Mai 1945 en Algérie. Enjeu de mémoire et histoire », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1995, v. 39, no 39-40, p. 52, note 1.
  13. La guerre d’Algérie a commencé à Sétif - Mohammed Harbi, Le Monde diplomatique, mai 2005.
  14. Charles-Robert Ageron, « Les troubles du Nord Constantinois en mai 1945 : une tentative insurrectionnelle ? », XXe siècle, no 4, octobre 1984, p. 112.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes