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Artemisia absinthium

Artemisia absinthium
Description de cette image, également commentée ci-après
Chromolithographie représentant Artemisia absinthium dans l'ouvrage Plantes médicinales de Köhler.

Espèce

Artemisia absinthium
L., 1753

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure

L'Absinthe (Artemisia absinthium L.), aussi nommée Grande absinthe en opposition avec la Petite absinthe (Artemisia pontica), est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Astéracées.

Noms communs : Grande absinthe, absin, aluyne, aluine, alvine, aloïne, armoise (herbe de la Saint-Jean), herbe sainte, herbe aux vers, menu alvine, armoise amère, absinthe.

Description

Inflorescence d' Artemisia absinthium.

Arbrisseau vivace qui mesure entre 50 centimètres et 1 mètre[1]. Plante recouverte de poils soyeux blancs argentés et de nombreuses glandes oléifères. La tige est de couleur vert argent, droite, cannelée, ramifiée et très feuillée.

Les feuilles sont alternes, gris verdâtre sur le dessus et presque blanches et soyeuses sur le dessous. Les feuilles basilaires mesurent jusqu'à 25 centimètres de long et sont longuement pétiolées[2]. Les feuilles caulinaires sont brièvement pétiolées, moins divisées. Les feuilles au sommet peuvent même être simples et sessiles (sans pétiole). La plante possède un rhizome dur.

La floraison a lieu de juillet à septembre. Les fleurs sont jaunes, tubulaires, réunies en capitules (Composée) globuleux, penchés, à leur tour réunis en panicules feuillés et ramifiées.

Les fruits sont des akènes.

Distribution et habitat

L'habitat type est les friches vivaces xérophiles, médio-européennes ; l'aire de répartition est eurasiatique[3].

Originaire des régions continentales à climat tempéré d'Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord. Naturalisée ailleurs. Elle y pousse sur les terrains incultes et arides, sur les pentes rocheuses, au bord des chemins et des champs.

Culture

Feuilles.

Cette plante est peu exigeante, se contentant de sols meubles, peu humides et ensoleillés[4]. Elle est à placer en exposition chaude sur sols fertiles, et semi-lourds. Elle préfère les sols calcaires et riches en azote. Elle se reproduit par éclat des vieux pieds à l'automne ou au printemps, éventuellement par semis en mars avril[5].

Une taille courte au printemps permet de régénérer la touffe et d'augmenter la durée de vie de la plante[6].

Dans un jardin naturel

L'extrait fermenté d'absinthe possède des propriétés insectifuges (repousse les femelles pondeuses de piéride du chou et de carpocapse) et fongicides (notamment sur la rouille du groseillier)[6].

Dans le principe des cultures associées, l'absinthe, de par ses sécrétions racinaires d'absinthine, exerce un effet inhibiteur sur la croissance des plantes environnantes, ainsi que des adventices[5]. Il est donc préférable de ne la planter que sur les bords des planches de culture.

Usages médicinaux

Médecines traditionnelles

L'absinthe était et est encore utilisée par la pharmacopée traditionnelle.

En usage interne

Sous forme de poudre, décoction ou infusion, parfois avec du vin ou de la bière[7], elle est ou a été utilisée comme vermifuge, contre les maladies de l'estomac, les coliques et maux de ventre[8], en tisane pour la digestion[8], pour provoquer les règles, contre la fatigue, contre le mal de mer et ses nausées. Dans la région de Bagnes (où le patois local la dénommait ahvaino ou alwainyo), au début du XXe siècle, elle était encore utilisée contre « l'anémie, les vers, la bile, les rougeurs, les enflures, la faiblesse des yeux »[8].
On la donnait souvent également au bétail[8].

En usage externe

Elle était appliquée en cataplasme chaud, mais aussi directement sous forme de décoction[7].

C'est l'une des plantes qui, après une étude de criblage à haut débit, a été retenue comme candidate pour produire un possible médicament contre le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19[9].

Utilisations médicinales contemporaines

Un verre d'absinthe, le spiritueux.

La recherche médicale a confirmé certaines propriétés pharmaceutiques découvertes par les médecines traditionnelles, mais en a aussi trouvé d'autres : cette plante a aussi un effet antiprotozoaire, antibactérien, antifongique, anti-ulcéreux, hépatoprotecteur, anti-inflammatoire, immunomodulateur, cytotoxique, analgésique, neuroprotecteur, antidépresseur, procognitif, neurotrophique, stabilisante et antioxydant de la membrane cellulaire[10].

Les composés actifs connus sont, outre ses huiles essentielles (qui se montrent en laboratoire antimicrobiennes contre un large spectre d'agents pathogènes humains communs)[11], des lactones sesquiterpénoïdes amères, des flavonoïdes, et d'autres composés conférant de l'amertume (azulènes, acides phénoliques, tanins et lignanes[10]. Parmi les flavonoïdes synthétisés par cette plante, la 5,6,3',5'-tétraméthoxy 7,4'-hydroxyflavone (p7F) régule (in vitro et in vivo) la production d'oxyde nitrique (NO), de prostaglandine E2 (PGE2) et de facteur de nécrose tumorale-α (TNF-α) ainsi que l'expression de la NO synthase inductible (iNOS), la cyclooxygénase 2 (COX-2) et l'arthrite induite par le collagène[12]. Le flavonoïde « p7F » inhibe l'expression ou la production de médiateurs pro-inflammatoires (tels que COX-2/PGE2 et iNOS/NO) dans les cellules RAW 264.7 stimulées par les lipopolysaccharides (LPS)[12]. p7F supprime aussi le taux sérique de TNF-α chez les souris traitées avec du collagène, tout en inhibant l'activation du facteur nucléaire-κB (NF-κB) et l'activité du promoteur NF-κB dans les cellules RAW 264.7 stimulées par le LPS[12]. p7F inhibe aussi l'accumulation intracellulaire d'espèces réactives de l'oxygène dans les cellules RAW 264.7 stimulées par le peroxyde d'hydrogène. Enfin p7F a se montre antioxydant et inhibe l'activation de NF-κB ; autant d'éléments qui évoquent un intérêt contre diverses maladies inflammatoires[12].

Dans les médecines officielles eurasiatiques, l'espèce est utilisée contre certains affections gastro-intestinales, contre les helminthiases (vermifuges), contre l'anémie, l'insomnie, des maladies de la vessie, des plaies difficiles à cicatriser et la fièvre (fébrifuge)[10], et antispasmodique[10].

    • Partie utilisée : Cueillette des sommités fleuries en ajoutant les feuilles lors de la pleine floraison.
    • Propriétés : vermifuge, stomachique, emménagogue, cholagogue.
    • Substances actives : silice, deux principes amers (absinthine et anabsinthine), substances tanniques et résineuses, acides malique et succinique et la thuyone (un terpénoïde).
  • Préparation :
    • Séchage rapide à l'ombre, ou par chaleur artificielle, au four de 35 à 40 °C au maximum.
    • Infusion : mettre 5 g de sommités fleuries séchées par litre d'eau bouillante, prendre une petite tasse 2 à 3 fois par jour.
    • Macération : on peut obtenir du vin ou de la liqueur. Pour le ratafia il faut laisser macérer 15 jours dans 1 litre d'eau de vie à 60° le mélange de 40 g de feuilles d'absinthe, 20 g de baie de genièvre, 5 g de cannelle et 1 g de tige fraîche d'angélique. Après avoir filtré on ajoute le mélange de 1/3 l d'eau 15 g d'eau de fleur d'oranger et 250 g de sucre.
    • Poudre : L'herbe ainsi employée peut servir de vermifuge : la dose pour une potion est alors de 2 à 3 grammes.
    • Teinture (également vendue en pharmacie) : 10 à 30 gouttes dans 100 ml d'eau, prendre 2 à 3 fois par jour, 3 minutes avant le repas (comme tonique) ; 20 à 60 gouttes 3 fois par jour dans 50 ml d'eau (pour la bile).
  • Précautions d'emploi :
    • La plante possède des substances actives dangereuses, il faut l'utiliser à petite dose.
    • Ne pas administrer aux femmes enceintes ou qui allaitent, ni aux enfants[13].

Indiquée en cas d'insuffisance de suc gastrique, active la circulation sanguine dans les régions du bassin (emménagogue), l'excrétion biliaire, et agit comme désinfectant.

[réf. nécessaire]

Au Moyen-âge, c’était une plante réputée être un remède général à tous les maux[2]. Au XVIIe siècle, l'absinthe servait d'insecticide.

Artemisia absinthium est une herbe aromatique-amère. Dans cette étude[14], la modélisation et l'optimisation de l'extraction assistée par micro-ondes (MAE) d'antioxydants et de composés phénoliques de l'absinthe a été réalisée. La méthode MAE s'est avérée environ deux fois plus efficace que l'extraction de chaleur classique. Elle peut donc être appliquée à l'extraction d'antioxydants et de composés phénoliques de l'absinthe dans l'industrie des produits naturels[14].

Contre-indications de l'absinthe

L’absinthe est contre-indiquée chez les personnes qui souffrent d’obstruction des voies biliaires (calculs), d’inflammation de la vésicule biliaire ou de maladie du foie[2]. Elle est également contre-indiquée chez les personnes souffrant d’ulcère de l’estomac ou du duodénum, de reflux gastro-œsophagien, ainsi que chez les personnes épileptiques[2].

Effets indésirables et surdosage de l'absinthe

Les effets indésirables de l’absinthe sont surtout liés à la présence de thuyone qui, au-delà de mg par jour, peut provoquer des vomissements, de la diarrhée, des vertiges et des convulsions[2]. L’emballage des produits contenant de l’absinthe doit indiquer leur teneur en thuyone[2]. L’huile essentielle d’absinthe, qui peut contenir jusqu’à 18 % de thuyone, ne doit jamais être consommée[2].

En tant qu'aromate

  • L'absinthe est surtout connue pour avoir été l'ingrédient de base d'une boisson populaire au XIXe siècle (voir Absinthe (spiritueux)). Rimbaud, Baudelaire et Verlaine étaient des buveurs d'absinthe[5]. Interdite dans de nombreux pays depuis le début du XXe siècle, elle est de nouveau autorisée dans certains pays depuis quelques années (2001 en France et 2005 en Suisse[15]), à condition que son taux de thuyone soit limité[16].
  • Vin d'absinthe, dont le vin pelin (ro) Roumain.
  • Au Maghreb , où on l'appelle chiba ou encore chadjret maryem(au Maroc), elle est utilisée en remplacement de la menthe dans le thé. La menthe étant rafraîchissante, on lui préfère le chiba quand le temps se refroidit.
  • Dans le sud de l'Algérie (chibat echikh) elle est fumée et ajoutée aux sauces de beaucoup de plat tel que le couscous de Laghouat.

Autres usages

En bouquet sec, l'absinthe éloigne les insectes. Son purin peut agir en tant que répulsif pour les pucerons et éloigne les acariens[17].

L'absinthe dans la culture

Dans le langage des fleurs, l'absinthe symbolise l'absence[18].

Calendrier

Le 9e jour du mois de messidor (des moissons) du calendrier républicain / révolutionnaire français est officiellement dénommé jour de l'absinthe[19], généralement chaque 27 juin du calendrier grégorien.

Notes et références

  1. Michel Botineau, Guides des plantes toxiques et allergisantes, Belin, , 239 p. (ISBN 978-2-7011-5602-6), p. 102-103
  2. 1 2 3 4 5 6 7 Aminthe Renouf, L’Absinthe (Artemisia absinthium L.) : approche ethnobotanique. (Thèse en Sciences pharmaceutiques.), (HAL dumas-02459122�)
  3. données d'après : Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004.
  4. Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, Actes Sud, , 517 p. (ISBN 978-2-7427-0953-3), p. 83
  5. 1 2 3 « Fiche plante : Absinthe », sur Ooreka.fr (consulté le ).
  6. 1 2 « Purin d'Ortie et compagnie 4e édition mise à jour - Éditions de Terran », sur www.terran.fr (consulté le )
  7. 1 2 plantes-bienfaits.com
  8. 1 2 3 4 Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », Bulletin de la Murithienne, no 102, , p. 129-158 (ISSN 0374-6402, OCLC 716291575, lire en ligne).
  9. JOSHI, T., JOSHI, T., SHARMA, P., MATHPAL, S., PUNDIR, H., BHATT, V., et CHANDRA, S. (2020). In silico screening of natural compounds against COVID-19 by targeting Mpro and ACE2 using molecular docking. European Review for Medical and Pharmacological Sciences| publié le 21 avril 2020 | 24, 4529-4536.
  10. 1 2 3 4 (en) Agnieszka Szopa, Joanna Pajor, Paweł Klin et Agnieszka Rzepiela, « Artemisia absinthium L.—Importance in the History of Medicine, the Latest Advances in Phytochemistry and Therapeutical, Cosmetological and Culinary Uses », Plants, vol. 9, , p. 1063 (ISSN 2223-7747, PMID 32825178, DOI 10.3390/plants9091063, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Polina Blagojević, Niko Radulović, Radosav Palić et Gordana Stojanović, « Chemical Composition of the Essential Oils of Serbian Wild-Growing Artemisia absinthium and Artemisia vulgaris », J. Agric. Food Chem., vol. 54, , p. 4780–4789 (ISSN 0021-8561, DOI 10.1021/jf060123o, lire en ligne, consulté le ).
  12. 1 2 3 4 (en) Hee-Gu Lee, Hyoson Kim, Won-Keun Oh et Kyung-Ae Yu, « Tetramethoxy Hydroxyflavone p7F Downregulates Inflammatory Mediators via the Inhibition of Nuclear Factor κB », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 1030, no 1, , p. 555–568 (DOI 10.1196/annals.1329.065, lire en ligne, consulté le )
  13. Pierre Lieutaghi, « Absinthe », sur Encyclopedia universalis (consulté le )
  14. 1 2 Mustafa Bener, « Modeling and Optimizing of Microwave-Assisted Extraction of Antioxidants and Phenolics from Wormwood (Artemisia absinthium L.) Using Response Surface Methodology », Journal of the Institute of Science and Technology, , p. 357–367 (ISSN 2146-0574, DOI 10.21597/jist.587756, lire en ligne, consulté le )
  15. « Dépénalisation et légalisation de l’absinthe en Suisse en 2005 », sur AbsintheMarket (consulté le ).
  16. « La folle histoire de l'absinthe », sur larvf.com, La Revue du vin de France, (consulté le ).
  17. « Plantes amies - absinthe ou artemisia absinthum », sur homejardin.com (consulté le ).
  18. Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Éditions du Chêne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).
  19. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 28.

Voir aussi

Bibliographie

  • Larousse ménager 1926 424.6.1945
  • François-Joseph Cazin (préf. Pierre Lieutaghi), Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes : 3e éd. rev. et augm. par le Dr Henri Cazin, Abel Franklin, , 1189 p. (ISBN 978-2-909-907-38-3)
  • Michel Botineau, Guides des plantes toxiques et allergisantes, Belin, , 239 p. (ISBN 978-2-7011-5602-6), p. 102-103
  • Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, Actes Sud, , 517 p. (ISBN 978-2-7427-0953-3)
  • Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de france, Omnibus, , 1047 p. (ISBN 978-2-258-08434-6), p. 100-103.
  • Aminthe Renouf, L’Absinthe (Artemisia absinthium L.) : approche ethnobotanique. (Thèse en Sciences pharmaceutiques.), (HAL dumas-02459122�).

Articles connexes

Liens externes

Références externes