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Aguirre, la colère de Dieu

Titre original Aguirre, der Zorn Gottes
Réalisation Werner Herzog
Scénario Werner Herzog
Acteurs principaux

Klaus Kinski
Helena Rojo
Ruy Guerra
Del Negro

Sociétés de production Werner Herzog Filmproduktion
Pays de production Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest
Drapeau du Mexique Mexique
Drapeau du Pérou Pérou
Genre Action, aventure, biopic, drame, historique
Durée 93 minutes
Sortie 1972

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Aguirre, la colère de Dieu (titre original allemand : Aguirre, der Zorn Gottes) est un film allemand réalisé par Werner Herzog, sorti en 1972, dans la mouvance du nouveau cinéma allemand.

Synopsis

Au XVIe siècle, une expédition espagnole mandatée par Gonzalo Pizarro part à la recherche de l'Eldorado sous les ordres de Pedro de Ursúa. Lope de Aguirre, l'un de ses lieutenants, illuminé et mégalomane, s'oppose à son autorité. Ses actions pour saboter l'expédition se multiplient. Lorsque Ursúa ordonne un arrêt des recherches, Aguirre lance une mutinerie contre lui et impose le « sacre » d'un noble du groupe, Fernando de Guzmán, comme « empereur d'Eldorado ». Il fait exécuter les partisans de l'ancien chef, à l'exception d'Ursúa lui-même qui est épargné par Guzmán. Les hommes restants, sous les ordres d'Aguirre et Guzmán, embarquent à bord d'un radeau et descendent le fleuve dans l'espoir de trouver la cité d'or.

Fiche technique

Distribution

  • Klaus Kinski (VF : Edmond Bernard) : don Lope de Aguirre
  • Helena Rojo (VF : Béatrice Delfe) : Inés de Atienza
  • Del Negro (VF : Jean Topart) : don Gaspar de Carvajal
  • Ruy Guerra (VF : Daniel Gall) : don Pedro de Ursúa
  • Peter Berling (VF : Henri Poirier) : don Fernando de Guzmán
  • Cecilia Rivera (VF : Sylvie Feit) : Flores de Aguirre
  • Daniel Ades (VF : Jacques Balutin) : Perucho
  • Armando Polanah (VF : Claude D'Yd) : Armando
  • Edward Roland (VF : Amidou) : Okello
  • Alejandro Repullés (VF : Jacques Berthier) : Gonzalo Pizarro
  • Justo González : González
  • Daniel Farafán, Alejandro Chávez, Antonio Márquez, Julio Martínez, Alejandro Repullés : les Indiens

Autour du film

  • L'histoire du conquistador Lope de Aguirre, inspirée notamment des chroniques de Gaspar de Carvajal, est authentique mais la réalité est quelque peu différente de la fiction du film : loin de se perdre sur l'Amazone comme le laisse croire la fin du film, il parvient jusqu'à l'océan Atlantique avec sa troupe et attaque les possessions portugaises.
  • Au début du film, Aguirre donne à sa fille un petit myrmidon.
  • Le film fut tourné en six semaines à Cuzco au Pérou[2].
  • Les scènes sur le fleuve ont été réalisées sur des rapides extrêmement dangereux, les techniciens étaient attachés par des cordes aux radeaux et Werner Herzog ainsi que son opérateur étaient à la merci des vagues et des tourbillons[2].
  • Klaus Kinski était tellement hystérique sur le plateau de tournage qu'il faisait peur aux Indiens à chaque fois qu'il se disputait avec Herzog[2].
  • Au deuxième jour de tournage, Kinski demanda à Herzog de renvoyer sans raison certains membres de l'équipe. Le refus du réalisateur provoqua la colère de l'acteur et celui-ci menaça de quitter le plateau : Herzog le menaça alors de huit coups de pistolet dans la tête s'il partait, et promit de se réserver la neuvième balle pour lui. Kinski, terrorisé, hurla en vain « Police ! » au milieu de la jungle (il n'y a pas de village à moins de 650 km[2]) et demeura sur le tournage.
  • Lors de la scène du débarquement où Kinski empêche ses compagnons de manger les fruits, ce dernier a frappé un comédien d'un coup d'épée, tellement fort qu'il a traversé le casque de l'acteur, engendrant un traumatisme crânien.
  • Herzog a embauché le comédien joueur de flûte en échange de ponchos tout neufs. Le comédien était tellement paranoïaque que, au début de chaque tournage, il allait les cacher dans la jungle. Ne les retrouvant plus à la fin de la journée, le joueur de flûte refusait de continuer le tournage. Herzog devait donc soudoyer ses techniciens pour qu'ils suivent le comédien lorsqu'il allait égarer ses habits et pour qu'ils l'aident à les retrouver par la suite.

Lieux de tournage

  • Cuzco
  • Río Huallaga
  • Rivière Nanay[3]
  • Río Urubamba

Récompenses et distinctions

  • César 1976 : nomination au César du meilleur film étranger
  • Prix Léon Moussinac du syndicat français de la critique de cinéma

Accueil critique

Bien qu'Aguirre, la colère de Dieu ait reçu un accueil commercial relativement pauvre à sa sortie en Allemagne[4], il est aujourd'hui considéré comme un film culte[3]. Le site Rotten tomatoes lui attribue 98 % d'avis favorables, et une note moyenne de 9,2/10, basé sur 47 critiques[5]. Il est noté à 8,0/10 sur la base de 37 482 critiques sur l'IMDd[6].

En France, le film est présenté, en , au Festival de Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs. Il sort confidentiellement, le à Paris, à l'UGC Marbœuf et au Studio des Ursulines[7]. Le public étudiant fait un triomphe au film et lui permet d'être repris dans d'autres salles et d'allonger sa durée d'exploitation[8].

Le film obtient une moyenne de 3,5/5 pour 1 196 critiques spectateurs et 5/5 pour 5 critiques presse sur le site Allociné[9].

Bibliographie

  • (en) Eric Ames, Aguirre, the Wrath of God, BFI Publishing, coll. « BFI Film Classics », , 96 p. (ISBN 978-1-84457-753-8, présentation en ligne).
  • (en) Eric Ames ( éd.), Werner Herzog : Interviews, University of Mississippi Press, , 208 p. (ISBN 978-1-4968-0251-4, présentation en ligne), [« Re-staging History : Werner Herzog's Aguirre, the Wrath of God », extrait d'un entretien en ligne].
  • (es) Carmen Becerra Suárez, « La figura mítica de Lope de Aguirre en las versiones de W. Herzog y C. Saura », Hispanística XX, no 15, , p. 331-340 (ISSN 0765-5681, lire en ligne).
  • (en) Patricio Boyer, « Fantasy and Imperial Discourse in Herzog's Aguirre, the Wrath of God », Journal of Latin American Cultural Studies, vol. 20, no 3, , p. 261-279 (DOI 10.1080/13569325.2011.617361).
  • (en) Stephen Brockmann, « Aguirre, der Zorn Gottes (1972): Film and the Sublime », dans A Critical History of German Film, série Studies in German literature, linguistics, and culture, Rochester, NY, Camden House, 2010, p. 329-341 (ISBN 978-1-57113-468-4)
  • (es) Nina Bruni, « Crónica, novela y transposición filmica : la figura de Lope de Aguirre en Abel Posse y Werner Herzog », Voz y Escritura. Revista de Estudios Literarios, no 13, , p. 105-116 (ISSN 1315-8392, lire en ligne).
  • Valérie Carré, La quête anthropologique de Werner Herzog : documentaires et fictions en regard, Presses universitaires de Strasbourg, coll. « Faustus / Études germaniques », 2008, 346 p.
  • (en) John E. Davidson, « As Others Put Plays upon the Stage : Aguirre, Neocolonialism, and the New German Cinema », New German Critique, Duke University Press, no 60 « Special Issue on German Film History », , p. 101-130 (DOI 10.2307/488668, JSTOR 488668).
  • (en) Ronald Fritze, « Werner Herzog's Adaptation of History in Aguirre, The Wrath of God », Film & History : An Interdisciplinary Journal of Film and Television Studies, vol. 15, no 4, , p. 74-86.
  • (en) Matthew Gandy, « Visions of Darkness : the Representation of Nature in the Films of Werner Herzog », Ecumene, vol. 3, no 1, , p. 1-21 (DOI 10.1177/147447409600300101).
  • (es) Teresa J. Kirschner et Enrique Manchón, « Lope de Aguirre como signo político polivalente », Revista Canadiense de Estudios Hispánicos, vol. 18, no 3 « Los dos nuevos mundos hoy : construcciones de la realidad en España y Latinoamérica », , p. 405-416 (JSTOR 27763135).
  • (en) Lutz P. Koepnick, « Colonial Forestry : Sylvan Politics in Werner Herzog's Aguirre and Fitzcarraldo », New German Critique, Duke University Press, no 60 « Special Issue on German Film History », , p. 133-159 (DOI 10.2307/488669, JSTOR 488669).
  • Sébastien Layerle, « L'oubli de nos métamorphoses : vulgarisation de l'histoire par l'image cinématographique dans Aguirre, la colère de Dieu (1972) et El Dorado (1987) », 1895, Paris, Association française de recherche sur l'histoire du cinéma (AFRHC), no 37 « Les images aussi ont une histoire », , p. 45-67 (lire en ligne).
  • (en) Aarti Smith Madan, « Werner Herzog as Double Translator : Thinking From Subalternity in Aguirre, the Wrath of God », Dissidences. Hispanic Journal of Theory and Criticism, vol. 5, no 9, article 3, (lire en ligne).
  • (es) María Dolores Pérez Murillo, « Dos visiones de Lope de Aguirre a través del cine europeo : Werner Herzog y Carlos Saura », Trocadero, no 23, , p. 261-275 (lire en ligne).
  • Brad Prager, « Aux limites du cadre : Werner Herzog n’est pas Alfred Hitchcock », Décadrages, Lausanne, no 25 « Werner Herzog », , p. 8-20 (lire en ligne).
  • (en) James Ramey, « Representational Imperialism in Aguirre, The Wrath of God », The Latin Americanist, vol. 56, no 2, , p. 137–159 (DOI 10.1111/j.1557-203X.2012.01153.x).
  • (en) Holly Rogers, « Fitzcarraldo's Search for Aguirre : Music and Text in the Amazonian Films of Werner Herzog », Journal of the Royal Musical Association, vol. 129, no 1, , p. 77-99 (JSTOR 3557489).
  • (es) Sabine Schlickers, « La reinvención de América en el cine : 1492 La conquista del paraíso (Scott, 1992), Aguirre, la ira de Dios (Herzog, 1972) y El Dorado (Saura, 1988) », dans Ana Luengo (dir.), La reinvención de Latinoamérica : enfoques interdisciplinarios desde las dos orillas, 2012, (ISBN 978-3-631-63577-3), p. 77-92.
  • (es) Sabine Schlickers, La conquista imaginaria de América : crónicas, literatura y cine, Berne, Peter Lang, coll. « Hispano-Americana » (no 48), , 153 p. (ISBN 978-3-63166-844-3), « El minotauro en su laberinto : Lope de Aguirre en literatura y cine », p. 95-116.
  • (en) Gundula M. Sharman, « The jungle strikes back : European defeat at the hands of the South American landscape in the films of Werner Herzog », Journal of Transatlantic Studies, vol. 2, no 1, , p. 96-109 (DOI 10.1080/14794010408656809).
  • (en) Victoria M. Stiles, « Fact and Fiction : Nature's Endgame in Werner Herzog's Aguirre, The Wrath of God », Literature / Film Quarterly, vol. 17, no 3, , p. 161-167.
  • (en) Cynthia L. Stone, « Aguirre Goes to the Movies : Twentieth-Century Visions of Colonial-Era « Relaciones » », Chasqui, vol. 34, no 2 « Cinematic and Literary Representations of Spanish and Latin American Themes », , p. 24-35 (JSTOR 29742041).
  • (en) William Verrone, « Transgression and Transcendence in the Films of Werner Herzog », Film-Philosophy, vol. 15, no 1, , p. 179-203 (lire en ligne).
  • (en) Gregory A. Waller, « Aguirre, The Wrath of God : History, Theater, and the Camera », South Atlantic Review, South Atlantic Modern Language Association, vol. 46, no 2, , p. 55-69 (DOI 10.2307/3199461, JSTOR 3199461).

Notes et références

  1. Werner Herzog, Aguirre, the Wrath of God, (lire en ligne)
  2. 1 2 3 4 Pierre Tchernia, Jean-Claude Romer; 80 grands succès du cinéma d'aventures, Edition Casterman,1988, (ISBN 2-203-29804-9)
  3. 1 2 Peary, Danny. Cult Movies, Delta Books, 1981. (ISBN 0-517-20185-2)
  4. Herzog, Werner. Herzog on Herzog, edited by Paul Cronin, Faber & Faber, 2003. (ISBN 0-571-20708-1)
  5. « Aguirre, der Zorn Gottes (Aguirre, the Wrath of God) », sur www.rottentomatoes.com, (consulté le )
  6. Werner Herzog, Aguirre, the Wrath of God, (lire en ligne)
  7. Layerle, Sébastien, « L’oubli de nos métamorphoses », sur Revues.org, 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze. Revue de l'association française de recherche sur l'histoire du cinéma, no 37, Association française de recherche sur l’histoire du cinéma (AFRHC), (ISBN 2-913758-30-4, ISSN 0769-0959, consulté le ), p. 45–67.
  8. "In Paris, the film ran for more than twenty weeks straight at the famous Studio des Ursulines, the avant-garde theatre that premiered the work of Buñuel, Vigo and Vertov, among others. Though it never entered the commercial mainstream, Aguirre put Herzog on the map of world cinema". Ames, E. (2016) Aguirre, the Wrath of God. London: BFI Film Classics, pp. 9-10,
  9. AlloCine, « Aguirre, la colère de Dieu », sur AlloCiné (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

  • Fitzcarraldo (1982), du même Werner Herzog ; si l'époque retracée par le film est différente, on y retrouve le même environnement de jungle, Kinski et les mêmes difficiles conditions de tournage.
  • El Dorado (1988), film de Carlos Saura, est consacré également à l'épopée de Lope de Aguirre.

Liens externes