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Ire dynastie égyptienne

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La palette de Narmer
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Thinis
Religion mythologie égyptienne

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La Ire dynastie égyptienne, à la fin du quatrième millénaire avant notre ère, marque le début de plus de trois millénaires d'institution pharaonique[1] avec l'unification de l'Égypte antique, jusqu'alors divisée en deux royaumes distincts, celui du Nord et celui du Sud, et dure de 3150 avant notre ère[2] à approximativement 2850 avant notre ère[3].

La tradition attribue cette réunification au roi Narmer, même s'il ne fait pas partie de la Ire dynastie et est généralement classé dans la période prédynastique.

La première dynastie ouvre la période thinite, du nom grec de la capitale des deux premières dynasties, Thinis (Tjene en égyptien).

Souverains de la Ire dynastie

Toutes les dates sont avant notre ère.

 Pharaon Règne[4]  Capitale  Tombe Momie
Narmer vers 3150 avant notre ère Thinis Tombe B17-B18 du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Hor-Aha entre 3100/3095 Thinis Tombes B10-B15 et B19 du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Djer entre 3095/3040 Thinis Tombe O du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Djet, le roi Serpent (Ouadji) entre 3040/3020 Thinis Tombe Z du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Merneith ? vers 3000 Thinis Tombe Y du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Den (Oudimou) entre 3020/2985 Thinis Tombe T du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Adjib ou Merbapen entre 2985/2975 Thinis Tombe X du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Sémerkhet entre 2975/2955 Thinis Tombe U du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
entre 2955/2930 Thinis Tombe Q du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ?
Sneferka[5] Thinis Oumm el-Qa'ab à Abydos ? ?
Horus Oiseau[5] Thinis Oumm el-Qa'ab à Abydos ? ?

Arbre généalogique

Scorpion II ou Ka
Shesh Ire
Avant ce pointillé : Dynastie zéro
Nârmer
Neith-Hotep
Benerib
Âha
Khenthap
Djer
Herneith
Nakhtneith
Peneboui
Besou
Âhaneith
Djet
Meritneith
Den
Seshemetka
Semat
Serethor
Qaneith
Âdjib
Batyires
Semerkhet
Qaâ

Unification du pays

Portait d'un roi, Ire dynastie. Calcaire. Petrie Museum

La palette de Narmer témoigne de l'unification politique du pays.

Mais contrairement au récit traditionnel probablement conçu au début du Nouvel Empire[6] et qui attribue l'unification de l'Égypte au seul Narmer/Ménès, les historiens estiment que celle-ci aurait été très progressive et se serait déroulée sur plusieurs siècles[7]. De plus, l'aspect guerrier de l'unification est également remis en question, car aucun support archéologique ne vient le confirmer[7].

Construction d'un État centralisé

Le roi concentre le pouvoir entre ses mains, secondé par diverses « maisons » (agriculture, irrigation, finances, culte funéraire royal, armée). Le pays est déjà divisé en nomes (vingt pour la Haute-Égypte, dix-huit pour le delta du Nil) dirigés par un fonctionnaire (âdj-mer, « celui qui creuse le canal ») désigné par le roi. Dans la capitale de chaque nome siège un tribunal (djadjat).

La dualité administrative des « Deux Terres » est préservée au moins en ce qui concerne le Trésor, sous l'autorité de deux « chanceliers ». Le recouvrement itinérant des taxes par un voyage royal périodique dans les nomes est progressivement remplacé par un recensement.

Le siège de l'administration centrale est distinct du palais proprement dit, résidence du roi et de la cour, qui avec le harem (qui paraît jouer un rôle économique non négligeable), comprend ses propres services administratifs, domestiques et de production artisanale.

Création d'une économie prospère

Politique cohérente en matière d'irrigation permettant un meilleur rendement des terres. Développement des cultures traditionnelles (blé, orge et lin), multiplication des vergers (acacias, sycomores, palmiers-doum, jujubiers, figuiers, dattiers) et des potagers (fèves, lentilles, pois chiches, concombres, oignons), cultures florales, viticulture (vin : irep).

Événements politiques

Memphis est fondé par Narmer ou Hor-Aha sous la forme d'une forteresse au point de jonction des deux anciens royaumes. Il semble y avoir une tentative d'infiltration des Libyens sous Hor-Aha. Ce dernier combat aussi les Nubiens qui menacent les frontières méridionales.

Des expéditions en Nubie à des fins commerciales sont lancées sous Hor-Aha, Djer et Sémerkhet. Les routes caravanières vers l'Asie sont sous contrôle : expédition dans le désert arabique sous Djet. Oudimou s'attaque aux pilleurs de caravane du désert arabique. Expédition au Sinaï de Sémerkhet.

Le comptoir commercial d'En-Besor, au sud-est de Gaza, est établi. Il est très actif durant la Ire dynastie, ce qui témoigne de l'intensité des échanges avec la Palestine.

Adjib gouverne depuis Memphis en Basse-Égypte et s'emploie à apaiser les tensions entre les Deux Terres. Il préfère la diplomatie à la guerre. Toutefois, confronté aux aristocrates de la cour, il est possible qu'il ne mena pas à bien tous ses projets d'unification du pays.

Son successeur, Sémerkhet, intrigue les égyptologues. Il est lié à la cour et son rang princier ne fait pas de doute, mais il aurait usurpé le trône. Sa mère, la reine Batyrites, était bien l'épouse de Adjib, mais il semble que Sémerkhet ne fut pas le fils choisi pour régner. Ainsi, des chercheurs estiment que Qâ a été désigné à sa place et Sémerkhet, par jalousie, aurait usurpé le trône. Cette thèse de l'usurpation a été défendue par l'égyptologue Jürgen von Beckerath.

Il apparaît, pour étayer cette thèse, qu'une partie de la cour, des hauts fonctionnaires et des prêtres de Saqqarah, n'ont pas reconnu la légitimité du roi. Les relations entre les Deux Terres se sont tendues et il y a eu parfois des conflits. Toutefois, la richesse de l'Égypte est immense et le commerce extérieur reste important. La tombe de Sémerkhet est somptueuse et cela amène les égyptologues à relativiser une éventuelle usurpation violente du pouvoir.

D'ailleurs, certains indices laissent penser qu'il chercha à se réconcilier avec son demi-frère, Qâ. Celui-ci succèdera à Sémerkhet et ne fera pas effacer son nom, comme c'était l'usage après le règne d'un usurpateur. Le nom de Henuka, ministre de Sémerkhet, figure en compagnie du nom du roi et de celui de Qâ. Sémerkhet doit faire face à un autre danger à l'est et conduit une expédition dans le Sinaï.

Qâ est un roi plutôt autoritaire. Il tente de remettre de l'ordre dans les affaires de la cour et du pays. Il mène des campagnes militaires en Palestine. C'est le retour de la prospérité et de la stabilité entre les Deux Terres. Le Sud du pays lui était soumis, comme en témoignent des sculptures du roi retrouvées à Hiérakonpolis. Le pouvoir reste toutefois concentré autour d'Abydos et Qâ s'entoure de fonctionnaires de cette région.

Pour lui succéder, Qâ choisit de marier sa fille à un haut fonctionnaire d'Abydos, Hotepsekhemoui (« Les deux puissances sont en paix »). C'est la réconciliation du Sud et du Nord, du dieu Horus avec le dieu Seth. Cet évènement est assez important pour marquer un changement de dynastie dans les listes royales, alors que, en réalité, la succession de Qâ s'est plutôt relativement bien passée. Qâ meurt vers 2828 avant notre ère. Certains chercheurs évoquent les noms de deux possibles rois contestataires : Bâ et Seneferkâ. Ils auraient bien existé, mais se seraient battus entre eux, permettant à Hotepsekhemoui de les anéantir plus facilement.

Hotepsekhemoui se charge lui-même des offrandes destinées à son beau-père dans l'au-delà. Cela montre, en plus de la splendeur de la tombe de Qâ, que la famille royale était solidement unie. La transition entre la Ire dynastie et la IIe est tout à fait pacifique.

Apparition de l'écriture hiéroglyphique

D'emblée, la double utilisation des signes, pour leur valeur image (idéogramme) et pour leur valeur son (phonogramme) est attestée (le nom du roi est noté par deux signes utilisés comme phonogrammes : le poisson nâr et le ciseau de sculpteur mer). Le système hiéroglyphique, complexe avec plus de 700 signes, apparaît totalement constitué dès les premiers exemples répertoriés. Au début, il n'apparaît qu'en rapport immédiat avec l'institution royale (« énoncés-titres » ne se développant pas en phrases complexes, essentiellement à usage administratif ou à finalité idéologique).

Notes et références

  1. Bien que le terme pharaon, utilisé avant le Nouvel Empire soit en réalité anachronique (voir Pharaon#Emploi de « pharaon » chez les Égyptiens de l'époque dynastique).
  2. 3150 est la date généralement retenue pas les égyptologues (N. Grimal), une date également reprise par Sophie Desplancques, L'Égypte ancienne, p. 122.
  3. Plusieurs dates sont retenues : -2926 (N. Grimal), -2850 (R. Krauss), -2828 (J. von Beckerath), -2793 (J. Málek).
  4. Plusieurs dates peuvent exister ; voir le détail à la page de chaque pharaon
  5. 1 2 Jean-Pierre Pätznick, « Horus Seneferou ka-s, quand le dernier souverain de la Ire dynastie devint la première femme pharaon de l’Histoire à porter un nom d’Horus », Procedings of the XIe international Congress of Egyptologists, , p. 468-475
  6. Sophie Desplancques, L'Égypte ancienne, p. 37.
  7. 1 2 Sophie Desplanques, L'Égypte ancienne, p. 38.

Bibliographie

  • Sophie Desplancques, L'Égypte ancienne, Paris, P.U.F, coll. « Que sais-je ? 247 », , 126 p. (ISBN 978-2-13-057680-8)
  • Toby A.H. Wilkinson, Early Dynastic Egypt, Routledge, , 413 p. (ISBN 978-0-415-18633-9)
  • Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : De Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 848 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes