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Lac Baïkal
Image illustrative de l’article Lac Baïkal
Carte du lac Baïkal.
Administration
Pays Drapeau de la Russie Russie
Subdivision Bouriatie et oblast d'Irkoutsk
Statut Patrimoine mondial
Géographie
Coordonnées 53° 30′ 00″ N, 108° 00′ 00″ E
Type Lac d'eau douce
Origine Lac de rift (en)
Superficie 31 722 km2
Longueur 636 km
Largeur 79 km
Périmètre 2 125 km
Altitude 455,5 m
Profondeur
· Maximale
· Moyenne

1 642 m
744,4 m
Volume 23 600 km3
Hydrographie
Bassin versant 560 000 km2
Alimentation Selenga, Snejnaïa, Bargouzine, Angara supérieure
Émissaire(s) Angara
Îles
Nombre d’îles 22
Île(s) principale(s) Olkhon
Géolocalisation sur la carte : Russie
(Voir situation sur carte : Russie)
Lac Baïkal
Géolocalisation sur la carte : Oblast d'Irkoutsk
(Voir situation sur carte : Oblast d'Irkoutsk)
Lac Baïkal
Géolocalisation sur la carte : Bouriatie
(Voir situation sur carte : Bouriatie)
Lac Baïkal
Modèle numérique de terrain (MNT) du lac Baïkal (zone bleue au centre de l'image) et des régions avoisinantes. La ligne noire est-ouest est la frontière entre la Mongolie et la Russie.

Le lac Baïkal (en russe : Озеро Байкал, Ozero Baïkal) est un lac situé dans le sud de la Sibérie, en Russie orientale. Il constitue la plus grande réserve d'eau douce liquide à la surface de la Terre. La transparence de ses eaux permet une visibilité parfaite jusqu'à 40 m de profondeur. Il est parfois surnommé la « Perle de Sibérie ».

Pour ses premiers habitants, les différents peuples turcs et mongols, le lac était une mer sacrée[1], Baïkal provenant du mongol Baïgal la nature »)[2].

Géographie

Localisation

Le lac est enserré par les monts Iablonovy et Bargouzine à l'est et les monts Baïkal à l'ouest. Près de son extrémité sud-ouest se trouve la principale ville de la région, Irkoutsk[3], tandis qu'Oulan-Oude est la capitale de la république de Bouriatie. Il possède une grande île de 730 km2, l'île d'Olkhon[3], et une presqu'île, Sviatoï Nos, littéralement le « Saint-Nez » (sur la rive est, réserve et parc naturel).

D'un point de vue administratif, il est bordé à l'ouest par l'oblast d'Irkoutsk et à l'est par la Bouriatie. Du nord au sud, les raïons de l'oblast d'Irkoutsk bordant le Baïkal sont le raïon d'Olkhon, le raïon d'Irkoutsk et celui de Slioudianka. Sur le littoral bouriate se trouvent du sud au nord le raïon de Kabansk, celui Baïkalien (Pribaïkalski raïon), le raïon de Bargouzine et celui du Nord-Baïkal (Severobaïkalski raïon).

Dimensions

Orienté du sud-ouest au nord-est, le lac s'étend sur une longueur de 636 km avec une largeur variant de 24 km à 79 km[4]. Il couvre une superficie de 31 722 km2[4], ce qui en fait le 7e lac le plus étendu au monde[5]. Reposant par endroits sur plus de 6 000 mètres de sédiments[6], il est également le lac le plus profond, sa colonne d'eau atteignant jusqu'à 1 642 m[4],[Note 1].

Son volume d'eau (23 600 km3)[4] représente environ 20 % de l'eau douce retenue dans les lacs et les rivières[4],[6]. Cela correspond au volume de la mer Baltique, ou bien à 260 fois le volume du lac Léman, ou encore aux cinq grands lacs nord-américains réunis (lac Supérieur, lac Michigan, lac Huron, lac Érié, lac Ontario)[8]. Si le lac était vidé, une année entière ne suffirait pas à remplir son bassin en détournant l'ensemble des fleuves du monde[9].

La surface des eaux du lac se trouve à une altitude de 454 mètres[5], tandis que plusieurs sommets montagneux environnants atteignent 2 500 m[10],[6].

Environ quarante-cinq îles et îlots se trouvent au milieu du lac, parmi lesquels les îles Olkhon et Ouchkani (en)[6].

Bassins

Le réseau de failles tectoniques délimite trois bassins plus ou moins effondrés le long du lac[11],[8]. Les zones nord et centrale sont séparées par une chaîne sous-marine, et la délimitation des zones centrale et sud se situe au niveau de l'embouchure de la Selenga[5].

Le bassin nord est le moins profond (inférieur à environ 900 m)[5]. Sa zone la plus profonde se situe entre les caps Elokhine et Pokoïniki à 890 m sous le niveau de l'eau[11],[8].

Le bassin central est le plus creux, avec une profondeur majoritairement supérieure à 1 000 m[5]. Il est le plus profond des trois, la zone située à l'est de l'île d'Olkhon (entre les caps Ijimeï et Khara-Khouchoune) atteignant une profondeur de 1 642 m[11],[8].

Le bassin sud est légèrement moins profond que le précédent, sa profondeur maximale étant de 1 432 m dans une zone située entre les zones d'affluence des rivières Pereïemnaïa et Michikha.

Hydrologie

Le lac reçoit l'apport de 336 rivières et ruisseaux permanents[10],[8]. Son principal affluent est la Selenga[5] (alimenté par la Bargouzine, le Tchikoï et l'Ouda), tandis que son seul émissaire est l'Angara, dont les eaux rejoignent l'Ienisseï[10].

Les dimensions du lac font qu'il est soumis à un système de vagues parfois importantes (jusqu'à m) et qu'il est parcouru par des courants réguliers[12],[13].

Glace du lac Baïkal. Janvier 2016.

La quantité de précipitations varie de 200 à 500 mm par an (au sud, elle peut osciller entre 500 et 900 mm). Le lac n'est navigable que de juin à septembre. Le reste de l'année, il est couvert de glace, dont l'épaisseur, vers la fin de l'hiver, peut atteindre m, voire 1,5 à m à certains endroits, permettant la circulation des hommes et des véhicules.

En mai-juin et en octobre-novembre, lorsque la température des eaux du lac avoisine +4 °C (température à laquelle la densité de l'eau est maximale), de grands mouvements de brassage naturel de l'eau par convection se mettent en place, permettant une oxygénation des eaux jusqu'à 200 ou 300 m de profondeur, favorable à la faune et la flore du lac[11].

Principaux tributaires

Trois cent trente-six rivières et ruisseaux alimentent le lac Baïkal, parmi lesquels :

  • la Golooustnaïa ;
  • la Bougouldeïka ;
  • la Tyïa ;
  • la Kholodnaïa ;
  • l'Angara supérieure ;
    • l'Angarakan
    • le Iantchouï
    • la Kotera
    • la Svetlaïa
    • le Tchouro
  • la Bargouzine ;
    • l'Argada
    • l'Ina
  • la Davcha ;
  • la Tourka ;
  • la Kika ;
  • la Selenga ;
  • la Snejnaïa ;
  • le Khara-Mourin ;
  • l'Outoulik.

Climat

L'inertie thermique des immenses quantités d'eau contenues dans le lac tempère le climat de cette région de la Sibérie, très continental par ailleurs. La température moyenne hivernale est de −15 °C au lieu de −26 °C en janvier, et la température moyenne estivale de +13 °C au lieu de +19 °C en juillet[11]. La région du Baïkal est sèche et le total des précipitations annuelles sur l'île d'Olkhon, au milieu du lac, est inférieure à 200 mm.

Chaque année, la région connaît les effets de l'anticyclone de Sibérie, le plus important de l'hémisphère Nord pendant l'hiver. Son centre se situe généralement près du lac à la surface duquel, de novembre à mars, la pression est le plus souvent au-dessus de 1 030 hPa[14].

Histoire

Origine géologique

La cuvette du lac Baïkal est d'origine tectonique[5] ; ce lac d'effondrement est en subsidence. Le socle ancien sur lequel le lac repose, en contact d'une part avec la plateforme sibérienne, d'autre part avec les monts de l'Asie centrale, présente un réseau de failles de direction générale NNE-SSO. Ces failles ont été actives dès le tertiaire, ce qui fait du lac Baïkal le plus ancien lac existant (vingt-cinq millions d'années[15]). Ces failles ont été actives au cours du quaternaire jusqu'à nos jours (plus de trente séismes suffisamment puissants pour être ressentis par les populations ont été enregistrés au XXe siècle). Les mouvements tectoniques ont conduit à un enfoncement du fond du lac[9], sur lequel s'est accumulée une grande épaisseur de sédiments, et un léger sur-élèvement des bordures montagneuses à plusieurs reprises (ce qui est visible au nord-est du lac, où des terrasses lacustres anciennes, témoins du niveau de l'eau dans le passé, s'élèvent jusqu'à 300 m d'altitude)[11].

Histoire humaine

La population autochtone était autrefois notamment constituée de « Burättes » (= Bouriates) plus ou moins nomades.

Une étude publiée en 2020 portant sur des génomes nouvellement séquencés de chasseurs-cueilleurs préhistoriques dans la région du lac Baïkal révèle des liens avec les premiers Américains. L'étude éclaire l'histoire de la population de la région, montrant des liens profonds avec les premiers peuples des Amériques, remontant aussi loin que la période du Paléolithique supérieur. Des études antérieures avaient indiqué un lien entre les populations sibérienne et américaine, mais un individu datant de 14 000 ans analysé dans cette étude est le plus âgé à porter l'ascendance mixte présente chez les Amérindiens[16],[17]. Cet individu du sud de la Sibérie, avec un jeune mésolithique du nord-est de la Sibérie, partage le même mélange génétique d'ascendance nord-eurasienne (ANE) et asiatique du nord-est (NEA) que l'on trouve chez les Amérindiens[16].

Depuis toujours, les lacs ont été des espaces naturels ayant une forte signification spirituelle pour les peuples turcs et mongols[18]. Grandes étendues d'eau, les lacs représentent à la fois le reflet du ciel sur terre (Tengri le Dieu Ciel étant la divinité suprême du tengrisme), et à la fois l'accumulation de l'eau en un point. L'accumulation étant définition de puissance pour les Turcs et les Mongols, de même que les forêts, accumulation d'arbres, sont souvent considérées comme des lieux sacrés. Il était de coutume que chaque tribu, chaque peuple ait son propre lac sacré. De ce fait, le lac Baïkal est cité de nombreuses fois dans les divers textes laissés par les Turcs (stèles de l'Orkhon) et les Mongols (l'Histoire secrète des Mongols)[2].

Au XVIIe siècle, la région est habitée par les Mongols et les Bouriates, et le lac est parfois dénommé « Mer baïcale », ou plus simplement « la mer » par les populations locales, ou encore « Dulaï Nor » pour les Bouriates, ou « Dalai » pour les Toungouses. La région et le lac sont explorés par le naturaliste allemand Pallas, parti de la ville de Selenguinsk en . Il indique notamment entre le lac des Oies et le lac Baïkal la présence remarquable dans le paysage de nombreux buissons épineux bas se couvrant de fleurs jaune soufre au printemps, espèce « qui n'étoit point encore connue des botanistes », qu'il nomme robinier féroce (Robinia ferox, (Pallas, Tome H.) et qu'il décrit comme « de grands buissons, à-peu-près de la hauteur d'un homme, qui étendent, à fleur de terre, jusqu'au-delà d'une toise en diamètre, leurs branches touffues & garnies d'épines fort serrées. Ce genre d'épine siliqueuse mériteroit bien, surtout à cause de son utilité économique, d'être multipliée dans les jardins d'Europe. On en formeroit, vû leurs longues pointes, & vû la propriété qu'a ce buisson, de s'étendre le long du fol en branches aussi touffues, les haïes les plus formidables, qu'il seroit également impossible aux hommes & au gros bétail, de pénétrer ; ses pointes encore tendres, & ses feuilles, procureraient un fourrage très agréable aux moutons, & leurs siliques, qui sont extraordinairement abondantes, feroient tout au moins d'une utilité analogue à celle des vesses »[19].

Chaman bouriate sur l'île d'Olkhon

Peter Simon Pallas signale aussi un lac salé et des salines. Il emprunte la vallée du Selenga, dont il précise qu'au-dessous d'Udinsk, elle abrite quelques petits villages, dans « une vallée de peu de largeur », qui se resserre plus bas en un passage très étroit avant de s'élargir ensuite près d'Iliinskoi vers une « vaste Steppe très fertile ; aussi ce canton, qui est un des plus peuplés qui soit en-delà du Baïkal, fait-il vivre 8 à 900 familles de paysans & deux Monastères[19]. Après quoi l'on entre au-delà de Kabanskoi Ostrog dans une Steppe élevée & aride, qu'on traverse pour parvenir au Baïkal, dont on suit le rivage couvert de gravier & de cailloux , pour se rendre enfin au monastère de Posolski. Dans toute la plaine, qui s'étend le long du lac, la Couche végétale couvre un lit de cailloux ou pierres roulées, qui prouve clairement qu'autrefois les eaux du Baïkal étaient beaucoup plus élevées, & couvraient peut-être toute la plaine, actuellement habitée, qui environne l'embouchure du Selenga ».

Palas décrit une longue période de brouillard dense qui couvre le lac durant plus d'une semaine en plein juillet, dont on lui dit qu'il s'agit d'un phénomène fréquent[19]. Il décrit aussi de fortes pluies d'été et d'automne qui ont suivi un printemps extraordinairement sec, ainsi que des « ouragans vraiment curieux » car soudains quand le vent vient des montagnes. Les lacs de cette région peuvent être venteux (vents d'ouest dominant pour le Baïkal) et développer de fortes vagues. On traversait alors le Baïkal sur une unique galiote impériale faisant office de paquebot, dénommée Boris & Gleb (l'autre galiote ayant été dépecée après s'être échouée en 1770 près de l'embouchure du Selenga)[19].

Les marchands utilisaient aussi des dostcheniks (ou dostchtseniki), embarcations en forme de nacelles ne supportant que le vent arrière à la voile et sinon menées à la rame. Palas décrit le lac comme d'une « profondeur très considérable » avec un seul haut-fond, et en partie « tellement profond, qu'il est arrivé souvent qu'en y employant plusieurs sondes, on n'a jamais pu en atteindre le fond ». Le naturaliste note « un nombre incroyable de peaux d'Aselles, ou cloportes aquatiques Oniscus trachurus, Pallas excoriées (exuvies), qui surnageoient tout le long du rivage »[19].

Il signale aussi le Polypode odoriférant (Polypodium fragrans) très apprécié des populations locales qui en font notamment un usage médicinal contre les rhumatismes et le scorbut[19].

Pallas collecte et décrit l'éponge du Baïkal (Spongia baicalensis Pallasii) très abondante dans la Bolschaja Guba & près de Lístweniíchnoi Sihi sur les pierres du fond du lac, à trois ou quatre toises de profondeur et rejetée en grande quantité par les flots sur le rivage ; d'un verd de pré foncé très-agréable, & exhalent la même-odeur de poisson, que répandent les éponges de rivière. Leurs ouvertures étoilées font fort dilatées au fond de l'eau, mais elles ne manifestent aucun mouvement animal. Tout le tissu de l'éponge est rempli d'une moelle verte, qui forme sur la superficie des branches une manière de peau lisse & compacte, & qui, du moment que l'éponge est morte, en dégoutte sous la forme d'une glaire verte fluide ; de sorte que cette éponge, une fois sur le rivage, se putrifie aussitôt, soit par l'eau, soit par la pluie, soit par l'air et se blanchit entièrement. Selon Johann Gottlieb Georgi (autre savant explorteur du Baïkal) « on l'employe uniquement à frotter des ustensiles de cuivre, & particulièrement les cadres des images des Saints, qui en reçoivent un poli aussì brillant, que si l'on les eu passé sous la meule »[19] Georgi signale notamment outre les chiens de mer (phoques) d'importantes colonies de mouettes et de martinets nicheurs et d'hirondelles de cheminées, la présence de cormorans (« en nombre prodigieux » selon Georgi) et de hérons, et des sources et une source chaude que les habitants fréquentaient autrefois.

Au XVIIIe siècle le lac était encore très poissonneux et la pêche au filet (de chanvre) était autorisée pour sa subsistance pour les populations locales « idolâtres » et louée (baux de quatre ans) par les monastères par zone, au plus offrant. De petits groupes de pêcheurs se rassemblaient en « compagnies » qui pouvaient pêcher jusqu'à 8 tonnes d'Esturgeon sibérien (Acipenser baeriiesturgeon) dans l'année, alors que d'autres n'en trouvaient pas. Le brochet et l'Omul (ou Omoul) étaient aussi très appréciés[19]. Le poisson était salé puis vendu ou il était (par millions chaque année selon Georgi) enfoui dans la neige pour être vendu toute l'année à Irkoutz. Des nasses et claies étaient utilisés sur les cours d'eau abouchant dans le lac[19]. La chasse au phoque de Sibérie (Pusa sibirica, autrefois improprement identifié comme phoque commun (Phoca vitulina) était également attribuée par adjudication, aux compagnies de pêcheurs puis à des chasseurs qui le traquaient sur la glace, cachés derrière un panneau de tissu blanc de mars à fin avril à l'arquebuse ou à la javeline.

Selon Géorgi ils étaient écorchés sur place, dépouillés de leur lard dont on tirait de l'huile (et de leur peau pour les jeunes phoques, peau dont la fourrure était appréciée des commerçants chinois) ; le reste du phoque tué était laissé aux corbeaux ou aux Bouriates autochtones (Bouriates)[19]. Jusqu'à 2000 jeunes phoques étaient tués en quelques mois, rien que pour leur fourrure. Georgi signale que le Castor était autrefois présent sur les bords d'un grand nombre de rivières de la région, mais que « l'on n'en trouve plus aujourd'hui que dans les environs du Baunt ». L'écureuil petit-gris était abondamment présent et chassé (plus d'un millier de fourrures par chasseur et par an dans certains cas) et l'écureuil volant était présent mais plus rare[19].

Tourisme

Le lac Baïkal est un arrêt apprécié des voyageurs par le chemin de fer transsibérien. Le lac lui-même est situé à la frontière de l'oblast d'Irkoutsk et de la République de Bouriatie. Les deux parties ont quelque chose à offrir aux voyageurs : Listvianka, l’île d’Olkhon, le sentier du Grand Baïkal, le chemin de fer Circum-Baïkal – du côté d’Irkoutsk ; la baie de Bargouzine et la presqu'île Sviatoï Nos sur le côté bouriate du Baïkal[20]. Cependant, la nature et la côte sont plus diversifiées dans la région d’Orkastk.

Le lac Baïkal et l'humain

Économie

Cinquante mille personnes vivent près du lac dans des conditions difficiles. Les sols sont pauvres. Poissons et pommes de terre servent de base à la nourriture quotidienne. Un afflux de population a été provoqué par la construction de la voie ferrée Baïkal Amour Magistral.

La pêche se pratique tout au long de l'année, même en hiver après avoir foré un trou dans la glace. Les eaux du lac, fortement oxygénées, sont riches. L'omoul est très prisé pour sa chair savoureuse et l'esturgeon pour son caviar.

Le lac constitue, de par sa forme allongée, une excellente voie navigable dans cette région montagneuse et difficile d'accès, mais prise par les glaces près de la moitié de l'année[11]. En hiver, après l'embâcle (prise en glace) qui a lieu en octobre-novembre, tous les bateaux de pêche, d'exploration scientifique ou de tourisme sont paralysés par le froid dans les ports établis sur le Baïkal. Le trafic reprend avec la débâcle, en mai-juin. En outre, la navigation sur cette mer intérieure est rendue dangereuse par des vents parfois violents qui soufflent en rafales.

Panneau d'information au début de la route de glace
Panneau d'information au début de la route de glace : Ледовая переправа через Μалое море обслуживается Усть-Ордьнским филиалом ОАО Дорожная служба Иркутскои области ответственныи бонсоев СВ конт. Сахюртинское ПСП МЧС России по Ирк. обл. En français : La traversée de la Petite Mer sur la glace est entretenue par le service d'entretien de la route d'Ust-Ordynsky de OAO Irkutsk Oblast et relève de Sakhyurtinskoe PSP MSS de la fédération de Russie pour l'Oblast d'Irkutsk.

De novembre à mai, les voitures et camions peuvent circuler sur le lac gelé. Cette possibilité compense le manque de route car il y a peu d'infrastructures routières le long des plus de 2 000 kilomètres de rives[21]. Une route sur la glace est préparée par des spécialistes chaque année et ouvre lorsque les conditions de glace le permettent. Longue de 12 km, elle va du village de Kurkut sur le continent à Irkutskaya Guba sur l'île d'Olkhon[22]. C'est la seule route sur la glace légale du lac Baïkal. L'épaisseur de la glace sur la route est d'environ 60 cm, la capacité maximale autorisée de 10 t. Une épaisseur de 75 cm de glace est suffisante pour qu'un camion de 15 t puisse passer[23]. La période la plus sûre pour emprunter ces routes est de début février à fin mars où l'épaisseur de la glace est d'un mètre ou plus[23]. En 2015, la route de glace vers Olkhon a été ouverte du 17 février au 23 mars et de 7 heures à 19 heures.

Industrie

L'usine de papier et de cellulose Baikalsk sur les rives du lac Baïkal
L'usine de papier et de cellulose Baikalsk sur les rives du lac Baïkal.

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'industrialisation des environs du lac s’accélère, notamment grâce aux lignes de train Transsibérien et Magistrale Baïkal-Amour. Des usines de papier et de cellulose sont construites près de Baïkalsk (1966) et de Selenginsk. La pêche sur le lac s'industrialise. Et les villes situées sur les rives du lac, notamment Baïkalsk, croissent en taille et en nombre d'habitants. Les eaux usées de la ville et de l'industrie sont déversées dans le lac Baïkal sans être traitées. Ces deux éléments contribuent fortement à la pollution de l'environnement local, c'est-à-dire de l'eau du lac, des sols et de l'air[24].

Le lac Baïkal a longtemps été menacé de pollution industrielle par une usine de pâte à papier, à Baïkalsk, qui fournissait, à l'époque de la guerre froide, la cellulose pour les pneus d'avion de l'armée soviétique. L'usine a été fermée en [25] mais a cependant repris ses activités en février 2010 sans que les problèmes de pollution aient été résolus[26].

L'usine de papier et de cellulose près de Baikalsk a reçu en 2003 un crédit de la Banque mondiale d'un montant de 22,4 millions de dollars US, selon Greenpeace, afin de cofinancer la modernisation de l'usine, estimée à l'époque à 33,5 millions de dollars US. La mise en œuvre du plan de transformation étant restée insuffisante, la Banque mondiale a retiré le crédit en 2005[27]. En 2009, le gouverneur de la région d'Irkoutsk a promis de fermer l'usine[28]. Cette décision a cependant été annulée par le Premier ministre Poutine[29], ce qui a entraîné des protestations d'experts en environnement[30]. L'usine a finalement été fermée en 2012. Une petite partie de l'installation est encore utilisée pour produire de l'eau chaude et du chauffage urbain pour la localité de Baikalsk. Le nombre d'habitants de Baikalsk diminue en raison de la fermeture.

Le paysage du lac Baïkal est menacé par l'exploitation des forêts sous forme de coupes à blanc, qui modifient fortement l'aspect des environs du lac. Les rives sont de plus en plus occupées par des datchas de riches Russes, souvent en contournant les lois nationales ou régionales sur la protection de la nature et du paysage.

Patrimoine mondial de l'UNESCO

Lac Baïkal *
Image illustrative de l’article Lac Baïkal
Panorama sur le cap Bourkhan et la Petite Mer.
Pays Drapeau de la Russie Russie
Subdivision Oblast d'Irkoutsk
République de Bouriatie
Type Naturel
Critères (vii) (viii) (ix) (x)
Superficie 88 000 km2
Numéro
d’identification
754
Région Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 1996 (20e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Inscrits par l'Unesco en 1996 au patrimoine mondial pour sa richesse écologique, ces « Galápagos de la Russie » ont produit une des faunes d'eau douce les plus riches et originales de la planète, qui présente une valeur exceptionnelle pour la science de l'évolution. On y recense 1 550 espèces animales et plus de 600 espèces végétales ; près de la moitié des espèces du lac sont endémiques[11], comme le coméphore baïkal (golomianka).

On a trouvé plus de 250 espèces de crevettes d'eau douce dans le lac Baïkal, ce qui représente le tiers de toutes les espèces de crevettes connues[31].

Le lac accueille aussi une des rares espèces de phoque vivant exclusivement en eau douce : le phoque du lac Baïkal ou nerpa, qui représente le superprédateur de l'écosystème du lac.

Réserves naturelles et parcs nationaux

De nombreuses aires protégées ont été créées à partir de 1969 sur le pourtour du lac. La plus importante est la réserve naturelle Baïkal-Léna (6 600 km2 au nord d'Irkoutsk) créée en 1986 ; en Bouriatie au sud la réserve naturelle du Baïkal (1 657 km2) créée en 1969, à l'est la réserve naturelle de Bargouzine (3 740 km2) créée en 1916 pour protéger les zibelines, et au nord-est la réserve naturelle de Djerguine (2 380 km2) créée en 1992[32]. À ces réserves s'ajoutent les parcs nationaux du Zabaïkal, du Pribaïkal et de la Tounka.

Autres activités

Le lac accueille également dans ses eaux un observatoire de neutrinos, installé depuis 1998 à 1 200 m de profondeur[33].

Une expédition organisée par le scientifique russe Arthur Tchilingarov a tenté, à partir du , d'établir un record mondial de plongée en eau douce dans le Baïkal[34]. Mais les deux submersibles de l'expédition, Mir-1 et Mir-2, ne sont descendus dans un premier temps qu'à 1 580 m et 1 592 m[35]. Les plongées se poursuivent actuellement, après la réparation de Mir-2 qui a été endommagé[35],[36]. Politicien russe et scientifique, Arthur Tchilingarov, a participé aux 60 plongées. Ces submersibles sont connus pour avoir servi à d'autres missions, notamment sur l'épave du Titanic et au pôle Nord.

Le , Vladimir Poutine, alors Premier ministre, a également plongé à bord du Mir-1[37].

En 2006, un projet de pipeline transsibérien devait initialement passer à moins d'un kilomètre du lac avant qu'une alternative de route hors du bassin versant du Baïkal ne soit décidée par Vladimir Poutine, sous la pression des écologistes[38]. Ce tracé reste à confirmer.

Le lac Baïkal sert aussi de lac réservoir pour les centrales hydroélectriques qui jalonnent le cours de l'Angara[11].

Au vu des menaces environnementales pesant sur le lac Baïkal, celui-ci pourrait être inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril[39].

Depuis 2004 se tient chaque année au début du printemps le Baikal Ice Marathon[40]. Destiné à promouvoir la préservation des eaux pures du Baïkal, cette course sur le lac gelé est considérée comme l'une des plus difficiles au monde et rassemble près de 200 participants chaque année. Le parcours se situe à la pointe sud du lac entre Tanhoy et Listvianka. En 2016, le record est de 3 heures 55 minutes et 51 secondes pour le marathon (42,2 km). La course se décline également en semi-marathon (21 km)[41].

Galerie

  • Sviatoï Nos.
    Sviatoï Nos.
  • L'île d'Olkhon.
    L'île d'Olkhon.
  • Le lac Baïkal en hiver.
    Le lac Baïkal en hiver.
  • La glace du lac Baïkal.
    La glace du lac Baïkal.
  • L'ile d'Ogoï en hiver.
    L'ile d'Ogoï en hiver.
  • Coucher de Soleil sur le lac Baïkal.
    Coucher de Soleil sur le lac Baïkal.
  • Avant le lever du Soleil sur le lac Baïkal.
    Avant le lever du Soleil sur le lac Baïkal.
  • Lac Baïkal en hiver, vers Olkhon.
    Lac Baïkal en hiver, vers Olkhon.
Première glace sur le lac. Vue depuis l’île d'Olkhon qui montre la zone la plus profonde.

Notes et références

Notes

  1. La profondeur maximale varie suivant les sources de 1 620 m à 1 742 m[7].

Références

  1. « Une "mer" sacrée », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  2. 1 2 Jean-Paul Roux, La Religion des Turcs et des Mongols, Payot, coll. « Bibliothèque historique », , 323 p., 14 x 23 cm (ISBN 978-2-228-13430-9).
  3. 1 2 « Le lac Baïkal, mer sacrée », sur L'Express, (consulté le )
  4. 1 2 3 4 5 (en) « A new bathymetric map of Lake Baikal – Morphometric Data », Université de Gand (consulté le ).
  5. 1 2 3 4 5 6 7 Lac Baïkal sur le site de l'Encyclopædia Universalis (consulté le 25 février 2023)
  6. 1 2 3 4 (en) Lac Baïkal sur l’Encyclopædia Britannica (consulté le 17 février 2023)
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  8. 1 2 3 4 5 (en) Irkutsk State University, « Baïkal, general background », baikal.ru, (version du 5 mars 2009 sur Internet Archive)
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Annexes

Sources et bibliographie

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  • Laurent Touchart, Le Lac Baïkal, L'Harmattan, , 240 p. (ISBN 2-7384-6411-4, lire en ligne)
  • Philippe Marchesin et Ludmila Marchesin, Baïkal : Guide, Paris, L'Infini, , 96 p. (ISBN 978-2-917256-08-4)
  • Nicolas Pernot (photogr. Nicolas Pernot), Le Lac Baïkal : Au cœur de la Sibérie, Quimper, Palantines, coll. « La bibliothèque des photographes », , 176 p. (ISBN 978-2-35678-102-4)
  • Philippe Guichardaz et Irina Muzyka, Baïkal : mer sacrée, Faucompierre, Pages du monde, , 160 p. (ISBN 978-2-915867-77-0)

Articles connexes

  • l'Angara
  • l'Iénisseï
  • l'Institut limnologique d'Irkoutsk

Liens externes

Vidéo

[vidéo] Lake Baikal sur Vimeo