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Louis Farrakhan
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Louis Eugene Walcott
Nationalité
Domicile
Kenwood
Formation
Boston Latin School
The English High School (en)
Winston-Salem State University (en)
Activités
Famille
Marié (à Khadijah Farrakhan), trois enfants (Donna Farrakhan, Muhammad et Mustapha Farrakhan)
Conjoint
Khadijah Farrakhan (en) (depuis )
Enfants
Mustapha Farrakhan (d)
Donna Farrakhan Muhammad (d)
Autres informations
Instrument
Distinction
Prix Kadhafi des droits de l'homme

Louis Farrakhan, né Louis Eugene Walcott le dans le Bronx à New York, est un chef religieux américain suprémaciste noir, dirigeant de l'organisation politique et religieuse afro-américaine antisémite Nation of Islam depuis 1981. Il a organisé la Million Man March de Washington en 1995.

Enfance

Louis Farrakhan est né Louis Eugene Walcott le 11 mai 1933 dans le Bronx, à New York, et a grandi au sein de la communauté antillaise du quartier Roxbury de Boston, dans le Massachusetts. Sa mère, Sarah Mae Manning, a émigré de Saint-Christophe-et-Niévès dans les années 1920 ; son père, Percival Clark, originaire de Kingston à la Jamaïque et chauffeur de taxi à New York, ne s'est pas investi dans l'éducation de son fils. Farrakhan n’a jamais rencontré son père biologique, « un Jamaïcain à la peau claire, aux cheveux raides et aux origines probablement juives », selon ses déclarations dans une entrevue accordée à l’historien Henry Louis Gates Jr. en 1996[1]. Il est reconnu par son beau-père Louis Walcott, originaire de la Barbade, dont il prend le nom.

Il reçoit une formation de violoniste. À l'âge de six ans il possède déjà son premier violon, et à l'âge de 13 ans il joue dans l'orchestre de l'université de Boston et le Boston Civic Symphony. Un an plus tard, il remporte des concours nationaux, ainsi qu'un concours télévisé de l'époque, Original Amateur Hour, présenté par l'animateur américain Ted Mack, une émission précurseur des futurs American Idol aux États-Unis. Il est d'ailleurs l'un des premiers Noirs à apparaître dans cette émission populaire.

À Boston, Louis Walcott passe sa scolarité dans les prestigieuses Boston Latin School et English High School, dont il sera diplômé[2]. Il poursuit durant deux ans ses études à l'université, mais abandonne pour poursuivre une carrière d'artiste.

Conversion

Dans les années 1950, Walcott enregistre plusieurs albums de calypso sous le nom de The Charmer et Calypso Gene. C'est en 1955, alors qu'il donne un spectacle intitulé Calypso Follies à Chicago, qu'il prend ses premiers contacts avec la Nation of Islam (NOI), une organisation religieuse et nationaliste noire américaine.

Louis Walcott se convertit en 1955[3], alors qu'il est âgé de 22 ans, sous l'influence de Malcolm X, et prend le nom de Louis X (le « X » signifiant que le nom originel — africain — du nouveau converti est inconnu à cause de l'esclavage). Après l'édiction par Elijah Muhammad, chef de la NOI, d'une règle interdisant la musique, il en abandonne la pratique[4]. Elijah Muhammad lui donne alors son nom de Louis Farrakhan.

En 1964, Malcolm X se convertit à l'islam sunnite, et quitte NOI. Farrakhan se livre alors à de violentes attaques contre lui au nom de l'organisation. La tension entre Malik El-Shabazz (nouveau nom de Malcolm X) et Nation of Islam ne cesse de croître. Le , sa maison est incendiée, et il est assassiné de dix-huit balles le . Deux mois auparavant, Louis Farrakhan avait écrit « un tel homme mérite la mort[5] » (such a man is worthy of death).

Trois membres de NOI sont reconnus coupables de ce meurtre en 1966 : Norman 3X Butler, Thomas 15X Johnson et Talmadge Hayer. L’organisation nie toute participation à l’assassinat. « Betty Shabazz, l'épouse de Malcolm X, accuse publiquement Farrakhan d'un rôle dans le meurtre[5] ». « J'ai pu être complice en mots », a-t-il admis au début de 2007, tout en niant la moindre implication directe de l'organisation[5].

La NOI avance l'hypothèse selon laquelle la CIA a eu connaissance du projet d’assassinat et l’a couvert, voire aidé[6].

Scission

Après la mort d'Elijah Muhammad en 1975, la NOI prend un virage religieux important en se rapprochant du sunnisme et en abandonnant son nom historique. En 1978, des membres de la NOI, dirigé par Louis Farrakhan, se réorganisent autour des enseignements d'Elijah Muhammad. En 1981, Louis Farrakhan proclame officiellement la restauration de la NOI, et la fidélité aux dogmes d'Elijah Muhammad. La « nouvelle » NOI s'affirme comme la légitime continuatrice de l'organisation créée par Elijah Muhammad, tant sur le plan religieux que sur le plan du nationalisme afro-américain.

Chef de la nouvelle NOI, Louis Farrakhan développe celle-ci et lui donne son orientation actuelle, proche de ce qu’elle avait sous Elijah Muhammad.

Il prête une attention particulière à l'Afrique, et y effectue plusieurs voyages[7]. En 1986, par exemple, il organise un voyage de cinq jours au Nigeria[8], provoquant des réactions négatives dans le pays[9].

En , Farrakhan se rend à Libreville, au Gabon, pour participer au second sommet africain - afro-américain. En , il emmène 2 000 Afro-Américains vers Accra, au Ghana, pour le premier international Saviour's Day de Nation of Islam (journée internationale du sauveur), fête en mémoire de Wallace Fard Muhammad. Le président ghanéen Jerry Rawlings ouvre et clôture les cinq jours de congrès[4].

Parmi de nombreux autres déplacements, on peut aussi citer la participation du dirigeant de la NOI (dans l'assistance) à la cérémonie inaugurale de l'Union africaine de 2002. Le journal de la NOI met en valeur ses rencontres avec « le Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan ; le ministre d'État Amara Essy de Côte d'Ivoire, Secrétaire général de l'Union africaine ; et le Secrétaire général de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest[10] ».

En 1996, Farrakhan se rend en Libye, à l'époque cible des sanctions des Nations unies, pour recevoir le prix Kadhafi des droits de l'homme, assorti d'une somme de 250 000 dollars[11].Depuis, il a été souvent reproché à la NOI d'être financée par la Libye.

Ces voyages renforcent la visibilité médiatique de la NOI et réaffirment les liens entre l'Afrique et « les fils et les filles de l'Afrique aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'au Canada[10] ».

Louis Farrakhan s'est exprimé en faveur de la création d'un État ethnique pour les Noirs[12]. Il est régulièrement classé à l'extrême droite[13],[14].

Polémiques

  • Louis Farrakhan est accusé de sexisme, d'homophobie, de racisme et d'antisémitisme.
  • Surnommé le « Hitler Noir »[15], Farrakhan a traité les Blancs de « diables aux yeux bleus », Hitler de « très grand homme » et les Juifs de « sangsues »[16]  ; il se voit reprocher ainsi qu'à son organisation[17] une vision complotiste et stigmatisatrice des Juifs, rendus responsables de l'esclavage et de la traite des Noirs (l'historien Saul S. Friedman montre qu'à l'exception du Brésil et des Caraïbes, leur participation à cette traite s'avère très faible[18] et le professeur émérite David Brion Davis (en) estime la « place très marginale des Juifs dans l'histoire du système ⟨esclavagiste⟩ global »[19]). En 1961 et 1962, la NOI invite George Lincoln Rockwell, le leader du Parti nazi américain (American Nazi Party) à s'exprimer lors d'un congrès[20]. Le , Farrakhan se répand lors d'un discours en commentaires antisémites, accusant notamment les Juifs de contrôler le gouvernement et Hollywood, d'être responsables du « comportement dégénéré d'Hollywood qui change les hommes en femmes et les femmes en hommes », d'être « les pères et les mères de l'apartheid » et d'altérer chimiquement la marijuana pour efféminer les hommes noirs[21]. En janvier 2019, le site Conspiracy Watch publie un article rejetant la thèse d'une implication des Juifs dans la traite négrière et la qualifiant « d'avatar du complot juif mondial »[22].
  • Dans la campagne présidentielle américaine de 2008, Louis Farrakhan apporte à Barack Obama son soutien, que celui-ci rejette mais que maintient Louis Farrakhan, puis retire quand Obama appuie l'intervention militaire de 2011 en Libye, Farrakhan soutenant le colonel Kadhafi.
  • Betty Shabazz, la veuve de Malcolm X, a publiquement accusé Farrakhan d'un rôle dans le meurtre de son mari[5] . Celui-ci a admis au début 2007 : « J'ai pu être complice en mots », tout en niant toute implication directe[5]. En 1995, l'une des filles de Malcolm X, Qubilah Bahiyah Shabazz, est arrêtée pour tentative d'assassinat sur la personne de Louis Farrakhan[23].
  • À la sortie du film Django Unchained de Quentin Tarantino, les critiques du réalisateur Spike Lee font réagir Louis Farrakhan qui déclare à ce sujet : « Le film a changé la direction des armes »[24].
  • De nombreuses personnalités de la musique ou de la téléréalité, séduites par les théories de Louis Farrakhan, apparaissent régulièrement à ses côtés comme Jeezy, Ice Cube, Mary J. Blige, Killer Mike, The Game, 2 Chainz, Cee Lo Green, Rick Ross, Young Thug ou Kanye West et Kim Kardashian[25].

Notes et références

  1. (en) « Farrakhan claims his father may have been a Jew », sur The Jewish News of Northern California, (consulté le )
  2. John B. Judis, Maximum Leader, The New York Times, , consulté le 19 mai 2006
  3. « Louis Farrakhan » Accès libre, sur Conspiracy Watch (consulté le )
  4. 1 2 Bio Sketch of the Honorable Minister Louis Farrakhan.
  5. 1 2 3 4 5 Voir, sur le site de CBS, le compte rendu de son émission 60 Minutes de janvier 2007, au cours de laquelle Farrakhan a admis pour s'en excuser : « ce que j'ai dit a causé la perte de la vie d'un être humain »
  6. An historical look at the honorable Elijah Muhammad.
  7. Voir plusieurs exemples de ces voyages sur le site de la NOI : Bio Sketch of The Honorable Minister Louis Farrakhan.
  8. D'après une dépêche de l'agence Associated Press du 9 février 1986, reproduite dans The New York Times Lecture by Farrakhan Is Prohibited in Nigeria - NYTimes.com.
  9. D'après une dépêche de l'agence Reuters du 10 février 1986, reproduite dans The New York Times Lecture by Farrakhan Is Prohibited in Nigeria - NYTimes.com.
  10. 1 2 Askia Muhammad, « Birth of the African Union », Finall Call (hebdomadaire de la NoI), 17 Juillet 2002.
  11. D'après The New York Times du 30 août 1996 Farrakhan, in Libya, To Get Rights Award - NYTimes.com.
  12. Lukas Mikelionis, « Louis Farrakhan calls for separate state for Black Americans, says that's 'what God wants' », foxnews.com, 1er février 2019.
  13. (en) Taylor Lorenz, « Instagram and Facebook Ban Far-Right Extremists » Accès libre, sur The Atlantic, (consulté le )
  14. (en) « Facebook bans Louis Farrakhan, Alex Jones for hate speech » Accès libre, sur Al Jazeera, (consulté le )
  15. par Nathan Pearlmutter, de la Anti-Defamation League de B'nai B'rith, ainsi que par la journaliste au Village Voice Nat Hentoff.
  16. Gilles-William Goldnadel, «Théo est mort dans le silence des “antiracistes” sélectifs », sur lefigaro.fr, .
  17. La NOI a publié un livre sur le sujet en 199 1: The Secret Relationship Between Blacks and Jews, qualifié de "Bible du nouvel antisémitisme" par Henry Gates, directeur du département des études afro-américaines à Harvard.
  18. Jews and the American Slave Trade, Saul S. Friedman, Transaction Publishers, 1999, pp. 2, 40.
  19. (en) David Brion Davis, « Jews in the Slave Trade », Culture Front, 1992, p. 15. Cité par F-X. Fauvelle-Aymart, CNRS, 2002. Lire en ligne.
  20. "The Messenger Passes". Time magazine. March 10, 1975. Retrieved 2007-08-19.
  21. (en) « Farrakhan Rails Against Jews, Israel and the U.S. Government in Wide-Ranging Saviours' Day Speech », Anti Defamation Ligue, (lire en ligne, consulté le ).
  22. « Un avatar du « complot juif mondial » : les Juifs et l’esclavage des Noirs », sur conspiracywatch.info, (consulté le ).
  23. Pierre BRIANCON, « La fille de Malcolm X accusée d'avoir voulu venger son père. », sur Libération (consulté le )
  24. Django, sur finalcall.com.
  25. 10 Rappers and Singers Embracing the Wise Words of Louis Farrakhan, The Boom Box.

Liens externes