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Prunus spinosa Épine noire

L'Épine noire, Prunelier[1] ou Prunellier[2] (/pʁy.nə.lje/) (Prunus spinosa) est un arbuste de la famille des Rosaceae.

Il est parfois appelé, selon les régions, buisson noir, épinette, belossay, créquier, fourdinier, fourdraine, mère-du-bois, pelossier ou prunellier commun.

Depuis les rectifications orthographiques de 1990, la graphie « prunelier »[3] est également acceptée. Cette nouvelle orthographe bien que conforme à la prononciation, n'est pas répertoriée dans de nombreux dictionnaires de référence[4],[5].

En raison de son caractère épineux et d'une forte tendance à drageonner, il est très utilisé pour former des haies infranchissables pour le bétail. Comme l'aubépine, il peut former une haie ou un taillis inextricable en quelques années. Ses fruits étant appréciés des oiseaux qui disséminent ses graines, il est une espèce envahissante des friches et de certaines pâtures. C'est une espèce pionnière de pleine lumière qui tolère mal la concurrence.

Description

Le Prunellier est une plante vivace, jusqu'à -20 °C, pouvant mesurer de 0,50 à 6 mètres de haut. Ses rameaux très épineux portent une écorce noirâtre, par opposition à celle de l'épine blanche (aubépine). Jeunes, ils sont pubescents. Les prunelliers forment des buissons très épineux, parfois difficilement pénétrables[6].

Son feuillage est caduc, ses feuilles sont oblongues ou lancéolées, de 1-2 × 2-cm de long, à marge finement dentée, en coin à la base. Elles sont souvent pubescentes sur les nervures de la face inférieure.

Les fleurs blanches apparaissent avant les feuilles. Elles sont pour la plupart solitaires (parfois par 2-4), portées par un pédoncule de 3-mm. Elles apparaissent en mars-avril(-mai) et sont mellifères. Le prunellier est une espèce hermaphrodite (les organes mâles et femelles se trouvent dans la même fleur) et entomogame, c'est-à-dire pollinisée par les insectes.

Ses drupes (à un seul noyau appelées prunelles, localement plosses), de 6–15 mm de diamètre, pruineuses, violettes à noirâtres sont astringentes et très âpres tant qu'elles n'ont pas subi les premières gelées. Les graines sont dispersées par les animaux (voir zoochorie et endozoochore).

Il existe différents cultivars du prunellier dont Prunus spinosa 'Plena' qui dispose de fleurs doubles.

Distribution

Le prunellier est largement présent de l'Europe de l'Ouest à l'Asie Mineure, dans la région du Caucase et en Afrique du Nord[7].

Propriétés médicinales

Les fruits sont astringents et toniques, car riches en tanin, vitamine C et acides organiques.

En décoction, le prunellier est laxatif, et ses fruits sont utilisés comme remède contre les constipations.

Piqures

Les piqures d'épines noires ont la réputation d'être dangereuses[8].

La piqure peut être douloureuse et occasionner des infections chez l'homme ou chez le bétail. L'épine se casse également facilement et des fragments peuvent alors rester sous la peau, aggravant le risque d'infection.

Utilisation

Agriculture

Le prunellier est un des constituants naturels des haies, car les bovins et ovins n'apprécient pas ses fruits et restent à bonne distance de ses épines.

Ses drageons à croissance rapide en font un arbuste idéal pour la consolidation des terrains en pente. Par sa robustesse et sa résistance au gel, il peut être cultivé dans des terrains difficiles et les jardins sauvages[9].

Il peut être utilisé comme porte-greffe naturel pour le prunier, le pêcher et l'abricotier. Au bout de 2 à 3 ans, on obtient une fructification faible avec une durée de vie assez courte.

Gastronomie

Ses prunelles sont comestibles quand elles sont blettes et peuvent être utilisées pour obtenir une liqueur réputée (comme le patxaran ou la veine d'épine noire) et pour l'élaboration d'eau-de-vie.

La confiture de prunelles était très souvent confectionnée autrefois dans les régions au climat rude, elle est encore utilisée en cuisine dans l'élaboration des recettes à base de vin rouge, bourguignons, civets, etc. Afin de diminuer l'astringence du fruit, il faut le cueillir après les premières gelées [10]

Pour éviter que les oiseaux ne mangent la majorité de la récolte, il est possible de cueillir les drupes avant les gelées, et de les passer au congélateur.

Ce sont les sommités des rameaux qui sont utilisées pour faire le vin d'épines. Les levures indigènes naturellement présentes sous forme de pruines, ainsi qu'à la surface du végétal sont à l'origine du processus de fermentation du vin de prunelle.

Les fleurs de prunellier décorent au printemps les salades et les desserts. Elles peuvent aussi servir à parfumer des crèmes, auxquelles elles communiquent leur petit goût d’amande amère.

Son bois est très dur, il était utilisé comme bois d'œuvre, en marqueterie, pour des jouets et pour la confection des cannes appelées bâtons d'épines[10]. En Irlande des cannes traditionnelles nommées shillelagh sont un élément du folklore celtique.

Écologie

Ses fruits attirent les grives et merles[11].

Hôtes

Cet arbuste est un excellent site d'accueil pour de nombreux lépidoptères tels que les thècles. Il est l'hôte principal de la chenille de la Thècle du bouleau (Thecla betulae)[12], et un des hôtes d'autres chenilles de rhopalocères (papillons de jour) comme :

  • le Flambé (Iphiclides podalirius)[11],[12],
  • le Gazé (Aporia crataegi),
  • la Thècle de l'amarel (Satyrium acaciae),
  • la Thècle du prunier (Satyrium pruni)[12].

Les chenilles d'hétérocères (papillons de nuit) suivantes (classées par familles) se nourrissent également de prunellier, quelques espèces pouvant être localement causes de défoliations temporaires :

  • la Cidarie du prunier, Eulithis prunata (Geometridae),
  • la Citronnelle rouillée, Opisthograptis luteolata,
  • l'Hibernie hâtive, Agriopis marginaria,
  • la Phalène sillonnée, Hemithea aestivaria,
  • la Phalène du sureau, Ourapteryx sambucaria,
  • la Cabère distincte, Lomographa distinctata[12],
  • la Philobie alternée, Semiothisa alternaria[12],
  • la Laineuse du prunellier, Eriogaster catax,
  • la Laineuse du cerisier, Eriogaster lanestris (Lasiocampidae),
  • la Feuille-morte du chêne, Gastropacha quercifolia,
  • la Livrée des arbres, Malacosoma neustria,
  • le Double oméga, Diloba caeruleocephala (Noctuidae),
  • le Moyen paon de nuit, Saturnia spini (Saturniidae),
  • le Petit paon de nuit, Saturnia pavonia,
  • la Zygène des épines, Aglaope infausta (Zygaenidae).

Culture

Le prunellier se reproduit par semis ou par multiplication végétative des drageons. Il supporte très bien la sécheresse mais ne s'épanouit véritablement que dans une terre profonde.

Galerie

Références

  1. L'orthographe rectifiée, présentée par Bernard Cerquiglini, Édition J'ai lu, 2016.
  2. orthographe classique, d'après prunelle, mais non conforme à la prononciation du e.
  3. Orthographe recommandée
  4. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
  5. Dictionnaire Larousse
  6. (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Prunus spinosa L., 1753
  7. G. Hegi, Illustrierte Flora von Mittel-Europa, Lehmann,
  8. « Piqûres, brûlures et autres « violences » : socialisation des agres... », sur calenda.org (consulté le )
  9. Flowerdew, Bob., Bob Flowerdew's the complete book of fruit : a practical guide to growing and using fruits and nuts., Penguin Studio, (ISBN 0-670-86752-7 et 9780670867523, OCLC 34776996, lire en ligne)
  10. 1 2 Pierre Lieutaghi, Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux, Arles, France, Actes sud, , 1322 p. (ISBN 978-2-7427-4778-8), p. 1072-1074
  11. 1 2 Couplan, François., Le jardin au naturel : [le guide pour faire vivre votre jardin], Paris, Bordas, , 208 p. (ISBN 2-04-019998-5 et 9782040199982, OCLC 715698343, lire en ligne)
  12. 1 2 3 4 5 Carter, David J. (David James), 1943-, Guide des chenilles d'Europe, Delachaux & Niestlé, (ISBN 2-603-00639-8 et 9782603006399, OCLC 20701874, lire en ligne)

Références externes