En algèbre, une puissance d'un nombre est le résultat de la multiplication répétée de ce nombre avec lui-même. Elle est souvent notée en assortissant le nombre d'un entier, typographié en exposant, qui indique le nombre de fois qu'apparaît le nombre comme facteur dans cette multiplication.
Elle se lit « puissance n-ième de a », « a puissance n » ou « a exposant n ». L'entier n est appelé exposant.
En particulier, le carré et le cube sont des puissances d'exposant 2 et 3 respectivement.
Tout nombre est égal à sa propre puissance d'exposant 1, tandis que toute puissance d'exposant nul vaut 1 par convention.
2^3 = 8
Pour chaque exposant, la puissance définit donc une opération, dont la notation est prioritaire sur les autres symboles d'opérations algébriques élémentaires. L'opération binaire associée est l'exponentiation, qui se note parfois à l'aide du symbole « ^ », notamment sur les calculatrices. On trouve aussi le symbole ** dans certains langages de programmation (par exemple Python ou Ada)
Lorsqu'un nombre possède un inverse, il est possible de définir ses puissances d'exposant négatif comme les puissances de cet inverse. Sous certaines conditions, il est même possible de définir des puissances d'exposant rationnel comme 1/2, qui correspond à la racine carrée pour les réels positifs. La fonction exponentielle permet ensuite d'étendre cette définition aux exposants réels ou complexes.
Les opérations algébriques sur les puissances d'un nombre ou de plusieurs possèdent des propriétés particulières. Les puissances de dix, comme 10−5, sont d'une utilisation régulière dans les autres sciences, notamment en physique et en chimie.
Puissance à exposant entier positif
On considère un nombre a quelconque et un entier naturel n non nul. La puissance énième de a, notée an et lue « a puissance n »[1], ou « a exposant n » est le résultat de la multiplication de ce nombre a par lui-même n – 1 fois :
Le nombre n est appelé l'exposant de la puissance an.
Le nombre n est un entier naturel (donc positif) et an est une puissance à exposant entier positif de a.
- Cas particuliers
- a1 = a ;
- On appelle a2 la puissance carrée ou le carré de a ;
- On appelle a3 la puissance cubique ou le cube de a.
On remarque que, quel que soit l'entier naturel n non nul, 0n = 0 et 1n = 1 (ces nombres sont idempotents).
Puissance à exposant zéro
Pour tout réel a, on pose a0 = 1 d'après la convention sur les produits vides. Cette définition sera cohérente avec les opérations algébriques sur les puissances.
La convention 00 = 1 est utilisée dans un cadre abstrait plus large, par exemple pour identifier le polynôme X0 avec la fonction constante de valeur 1. De même, dans le cadre de la théorie des ensembles, la notation 00 peut représenter le nombre d'éléments de l'ensemble des applications de l'ensemble vide dans lui-même et donc valoir 1.
Cependant, l'application , bien définie sur , n'admet pas de prolongement par continuité en (0, 0), ce qui interdit le choix d'une convention acceptable en toute généralité. Néanmoins des conventions sont possibles, limitées à des domaines bien définis[2].
Puissance à exposant entier négatif
On considère maintenant un nombre a non nul et un entier naturel n. Le nombre a–n, lu « a puissance moins n », ou « a exposant moins n » par abus de langage, est l'inverse de la puissance n-ième de a, c'est-à-dire :
Le nombre –n est l'exposant de la puissance a–n.
Le nombre –n étant négatif, car n est un entier naturel, a–n est une puissance de a à exposant négatif. On notera, en particulier, que a–1 = 1/a (l'inverse du nombre a).
On peut appliquer cette règle pour transformer une puissance positive en inverse d'une puissance négative :
Signe de l'exposant entier et signe du nombre
Il n'y a pas de rapport direct entre le signe du nombre et le signe du résultat. Celui-ci dépend de la parité de l'exposant.
Un nombre élevé à une puissance paire donne un résultat positif : si n est pair, alors (–a)n = an.
Un nombre élevé à une puissance impaire donne un résultat du même signe : si n est impair, alors (–a)n = –an.
- Exemples
- (–2)3, puissance cubique de –2, vaut (–2)×(–2)×(–2) = –8 < 0.
- 3–4, l'inverse de la puissance quatrième de 3, vaut
- .
- Remarque.
Il ne faut pas confondre les écritures (–a)n, où la puissance s'applique à –a (signe moins compris) et –an, où la puissance s'applique à a uniquement. En effet :
Opérations algébriques sur les puissances entières
Il n'y a pas de formule générale sur les additions ou les soustractions de puissances, sauf la factorisation de an – bn et le développement de (a + b)n.
En revanche, pour les multiplications et les divisions de puissances, on sait que pour tous nombres a et b et pour tous entiers naturels m et n :
- ;
- ;
- ;
- ;
- .
Ces formules sont encore valables si m ou n sont des entiers strictement négatifs, à condition que a et b soient non nuls.
On remarque que toutes ces formules sont cohérentes entre elles et avec la convention « a0 = 1 pour tout nombre réel a ≠ 0 ». Par exemple, pour tout entier naturel n ≠ 0 et pour tout réel a ≠ 0, Attention: , sauf pour des cas très particuliers ; de ce fait, l'écriture est ambiguë et, bien qu'il existe une convention qui favorise la désambiguïsation , celle-ci devrait être évitée sans parenthésage univoque[3].
Puissances de dix
Les puissances de 10 sont des cas particuliers de puissance. Leur intérêt réside dans le fait que notre écriture est décimale.
Puissance de dix négatives ou nulle | Préfixe | Puissance de dix positives ou nulle | Préfixe | |
---|---|---|---|---|
100 = 1 | - | 100 = 1 | - | |
10−1 = 0,1 | d (déci-) | 101 = 10 | da (déca-) | |
10–2 = 0,01 | c (centi-) | 102 = 100 | h (hecto-) | |
10–3 = 0,001 | m (milli-) | 103 = 1 000 | k (kilo-) | |
10–4 = 0,0001 | 104 = 10 000 | ma (myria-)[4] | ||
10–5 = 0,00001 | - | 105 = 100 000 | - | |
10–6 = 0,000001 | µ (micro-) | 106 = 1 000 000 | M (méga-) | |
etc. | etc. | etc. | etc. |
Le nombre 10 élevé à une puissance entière positive n est un chiffre 1 suivi de n zéros.
Le nombre 10 élevé à une puissance entière négative –n est un 1 placé à la n-ième position dans un nombre décimal, c.-à-d. précédé de n zéros en comptant celui avant la virgule.
On utilise fréquemment les puissances multiples de 3, qui correspondent aux préfixes du Système international d'unités :
Puissance de dix négatives | Préfixe SI | Puissance de dix positives | Préfixe SI | |
---|---|---|---|---|
10–3 = 0,001 un millième | m (milli-) | 103 = 1 000 mille | k (kilo-) | |
10–6 = 0,000001 un millionième | µ (micro-) | 106 = 1 000 000 un million | M (méga-) | |
10–9 = 0,000000001 un milliardième | n (nano-) | 109 = 1 000 000 000 un milliard | G (giga-) | |
10–12 = 0,000000000001 un millième de milliardième | p (pico-) | 1012 = 1 000 000 000 000 mille milliards | T (téra-) | |
etc. | etc. | etc. | etc. |
Si la virgule signale la position des unités dans l'écriture d'un nombre décimal, multiplier par 10 revient à déplacer la virgule d'un rang vers la droite et diviser par 10 revient à déplacer la virgule d'un rang vers la gauche. Donc multiplier par 10n pour tout entier positif n revient à déplacer la virgule de n rangs vers la droite ; diviser par 10n pour tout entier positif n revient à déplacer la virgule de n rangs vers la gauche. Ainsi,
- 325,72 × 10 = 3 257,2
- 325,72/10 = 32,572
- 325,72 × 105 = 32 572 000
- 325,72/105 = 0,0032572
Les propriétés énoncées sur les puissances de a restent valables pour les puissances de 10.
L'utilisation des puissances de 10 intervient :
- dans l'écriture explicite en base 10 :
- 325,72 = 3·102 + 2·101 + 5·100 + 7·10−1 + 2·10–2 ;
- dans l'écriture scientifique des nombres décimaux :
- 325,72 est noté 3,2572 × 102
- où le nombre est écrit comme le produit d'un nombre, appelé mantisse, compris entre 1 et 10 (strictement inférieur à 10), avec une puissance entière de 10 appelée exposant ;
- et dans la notation ingénieur :
- 325,72 est noté 325,72
- 32 572 est noté 32,572 × 103
- où le nombre est écrit comme produit d'un nombre compris entre 1 et 999 compris, avec une puissance de 10 dont l'exposant est un multiple de 3.
Généralisation aux puissances à exposant réel
On peut aussi élever un nombre a strictement positif à une puissance à exposant réel quelconque.
Pour cela, on peut définir successivement :
- d'abord des puissances fractionnaires simples : a1/n = n√a, où n est un entier, qui coïncident avec les racines n-ièmes pour tout a > 0. Voir racine carrée, racine cubique et racine d'un nombre ;
- puis des puissances fractionnaires composées : ap/q = (a1/q)p = (ap)1/q ;
- et enfin, par continuité, des puissances à exposant réel quelconque : ax peut ainsi être défini pour tout x réel et tout a > 0.
Pour un nombre a > 0 donné, la fonction ainsi obtenue est appelée fonction exponentielle de base a. Elle peut s'exprimer à l'aide des seules fonctions logarithme népérien et exponentielle :
Ces puissances fractionnaires et réelles répondent aux mêmes règles que les puissances entières. Notamment, pour tous a > 0, b et c réels quelconques :
On a en particulier :
- pour tout entier b non nul ;
- si c est entier non nul ;
- si b est entier non nul.
De même, , sauf pour des cas très particuliers suivants :
- Si a, n ou m est nul et les deux autres sont tous deux non nuls.
- Si m=1 et a et b ne sont pas tous deux nuls
- Si aucun des cas ci-dessus:
Exemple
Soit à trouver l'aire S d'un cube de volume V. En notant a la longueur d'un arête, on a : .
Notes et références
- ↑ Voir, par exemple, ce document d'Eduscol sur la présentation des puissances en cycle 4, chap. Introduire les puissances de dix.
- ↑ Jean Jacquelin, « Zéro puissance zéro », Quadrature, vol. 66, , p. 34-36 (lire en ligne).
- ↑ « Images des mathématiques », sur images.math.cnrs.fr (consulté le )
- ↑ TILF
Voir aussi
- Gogolplex
- Exponentielle
- Notation des flèches de Knuth