Une résistance ou résistor est un composant électronique ou électrique dont la principale caractéristique est d'opposer une plus ou moins grande résistance (mesurée en ohms) à la circulation du courant électrique.
C'est par métonymie que le mot « résistance », qui désigne avant tout une propriété physique, en est venu à désigner aussi un type de composant que certains préfèrent appeler un « dipôle résistant ». On utilise également, pour l'enseignement de la physique, le terme « résisteur » ou l'anglicisme « résistor » (du mot resistor qui, en anglais, désigne ce type de composant), ou encore l'expression « conducteur ohmique », de façon à éviter d'utiliser le même terme pour l'objet et sa caractéristique.
Symbole et notation
Une résistance est généralement représentée par le symbole suivant :
On utilise parfois les lettres R, K et M dans la notation des valeurs des résistances, placées à la place de la décimale selon la norme BS-1852 (en) :
R = ohms ; K = kiloohms ; M = mégaohm.
Ainsi, par exemple : 100R = 100 ohm ; 2K2 = 2,2 kiloohm ; 1M2 = 1,2 mégaohm.
Technologies
Les résistances sont réalisées de manière à approcher de façon très satisfaisante la loi d'Ohm dans une large plage d'utilisation. Néanmoins, les contraintes techniques font qu'elles peuvent présenter une impédance ou une capacité non désirée. Aussi, leur résistance peut varier en fonction de paramètres tels que la température, le temps, etc.[1].
- Les résistances de faible puissance de l'ordre du watt sont généralement des résistances à couche de carbone sur un support de céramique. Toutefois, d'autres technologies sont utilisées : les résistances à couche ou oxyde métallique. Elles possèdent différentes propriétés : exactitude, stabilité, inductance ou capacité, bruit thermique[1]…
- Pour les puissances supérieures, la technique du fil résistant enroulé sur un corps en céramique est souvent utilisée. C'est en général un alliage chrome-nickel-fer qui est utilisé.
- Pour les très fortes puissances, on peut utiliser une technologie dite des « résistances liquides » consistant à faire passer le courant à travers une solution aqueuse contenant des ions cuivre.
Anciennes résistances agglomérées
Ces résistances étaient constituées d'un bâtonnet de carbone aggloméré. Un fil de connexion est enroulé à chaque extrémité. Leur valeur est donnée par un code de couleurs qui se lit dans l'ordre : corps, extrémité, point. Le point est le multiplicateur. Leur tolérance est généralement de 20 % ou de 10 % si l'autre extrémité est argentée. La puissance que peuvent dissiper ces résistances dépend de leur taille. Par exemple, une résistance quart de watt a un diamètre de 5 mm et une longueur de 18 mm. Ce type de résistance a été développé dès le début de la radio et abandonné dans les années 1950. Seul leur code de couleurs a été conservé sous la forme d'anneaux.
Résistances à couche de carbone
Elles sont très largement utilisées du fait de leur faible coût, mais sont généralement d'une exactitude limitée comparativement aux technologies métalliques. Elles se composent d'un substrat isolant recouvert d'une couche de carbone découpée en hélice afin d'en réduire la conductivité électrique. Le tout est enrobé d'un isolant fréquemment de couleur beige/orange. La plage de puissance d'une résistance à trou traversant se situe entre 0,125 et 5 watts. Les valeurs de résistances couvertes vont de l'ordre de 1 ohm jusqu'à 10 mégohm, pour une tolérance de 10 à 5 %.
Résistance à film métallique
Elles sont souvent fabriquées à la manière des résistances à couche de carbone, mais le carbone est remplacé par un conducteur métallique. Cela se traduit par une meilleure stabilité en température entre 50 et 100 ppm/K, des tolérances plus serrés entre 2 et 0,5 %. La linéarité et la stabilité de ces résistances sont appréciées lorsque la valeur de la résistance est critique. Elles possèdent souvent un corps bleu ou gris mais cela n'est ni systématique ni normalisé.
Limites d'utilisation
Les valeurs électriques maximales supportées par une résistance sont généralement définies par la valeur maximale de la puissance qu'elle est capable de dissiper en régime permanent. On peut les calculer au moyen des relations suivantes :
avec :
R, la valeur de la résistance, exprimée en ohms ;
P, la puissance maximale que peut dissiper la résistance, en watts ;
U, la tension ou différence de potentiel aux bornes de la résistance, en volts ;
I, l'intensité du courant traversant la résistance exprimée, en ampères.
Bruit thermique
Le bruit thermique, généré par le passage d'un courant dans la résistance, est également nommé bruit de résistance, bruit Johnson ou bruit de Johnson-Nyquist. Il est le bruit produit par l'agitation thermique des électrons dans une résistance électrique en équilibre thermique. Le bruit thermique est un bruit blanc dont la densité spectrale de puissance dépend uniquement de la valeur de la résistance. Le bruit thermique peut être modélisé par une source de tension en série avec la résistance qui produit le bruit. Il dépend de la technologie employée pour fabriquer la résistance (carbone, céramique, couche métallique).
Repérage et valeurs normalisées
La valeur des résistances à couche standard est habituellement indiquée sur le composant sous forme d'anneaux de couleurs. Le code en est défini par la norme CEI 60757. Afin de standardiser les valeurs possibles des résistances, il existe des séries de valeurs normales pour résistances. Ces valeurs normalisées sont définies par la norme CEI 60063.
1er anneau gauche |
2e anneau gauche |
3e anneau gauche* |
Dernier anneau gauche |
Anneau droite |
Anneau suppl. |
Abrév. | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Couleur | 1er chiffre | 2e chiffre | 3e chiffre | Multiplicateur | Tolérance | Coeff. temp. | Alpha. | |
noir | 0 | 0 | 0 | 100=1 | ± 20 % | 200 ppm | BK | |
marron | 1 | 1 | 1 | 101 | ± 1 % | 100 ppm | BN | |
rouge | 2 | 2 | 2 | 102 | ± 2 % | 50 ppm | RD | |
orange | 3 | 3 | 3 | 103 | 15 ppm | OG | ||
jaune | 4 | 4 | 4 | 104 | 25 ppm | YE | ||
vert | 5 | 5 | 5 | 105 | ± 0,5 % | GN | ||
bleu | 6 | 6 | 6 | 106 | ± 0,25 % | 10 ppm | BU | |
violet | 7 | 7 | 7 | 107 | ± 0,10 % | 5 ppm | VT | |
gris | 8 | 8 | 8 | 108 | ± 0,05 % | GY | ||
blanc | 9 | 9 | 9 | 109 | WH | |||
or | 0,1 | ± 5 % | GD | |||||
argent | 0,01 | ± 10 % | SR | |||||
(absent) | ± 20 % |
* Le troisième anneau n'est utilisé que lorsque la tolérance de la résistance est inférieure ou égale à 2 %.
Plusieurs phrases peuvent servir de moyen mnémotechnique pour retenir l'ordre du code des couleurs de la norme CEI 60757, comme « Ne Manger Rien Ou Jeûner Voilà Bien Votre Grande Bêtise »[2].
Les valeurs normalisées en série E12 (12 valeurs possibles par décade) sont les suivantes : 1,0 ; 1,2 ; 1,5 ; 1,8 ; 2,2 ; 2,7 ; 3,3 ; 3,9 ; 4,7 ; 5,6 ; 6,8 ; et 8,2.
- Notations de couleur sur différents types de résistances.
- Résistances marquées selon la norme CEI 60757.
- Les nombreuses formes et couleurs des résistances.
- Les résistances sont généralement proposées en bandes dans les kits.
Marquage des résistances CMS
Jusqu'à la taille 0603
Les résistances CMS sont marquées d'un code numérique de trois ou quatre caractères.
- Avec le marquage à trois caractères, les deux premiers sont les chiffres de la valeur, le troisième est le chiffre du multiplicateur en puissance de dix ; pour les valeurs inférieures à 10, la position du séparateur décimal est représentée par la lettre R.
- Avec le marquage à quatre caractères, les trois premiers sont les chiffres de la valeur, le quatrième est le chiffre du multiplicateur en puissance de dix ; pour les valeurs inférieures à 100, la position du séparateur décimal est représentée par la lettre R.
Valeur | 3 caractères | 4 caractères |
---|---|---|
0,01 ohm | R01 | 0R01 |
0,22 ohm | R22 | 0R22 |
1,5 ohm | 1R5 | 1R50 |
15 ohms | 150 | 15R0 |
100 ohms | 101 | 100R |
4,7 kiloohms | 472 | 4701 |
12 mégaohms | 126 | 1205 |
Taille (0603)
Il existe un autre type de marquage, appelé « EIA-96 ». Il utilise deux chiffres pour la valeur et une lettre pour le multiplicateur, selon les correspondances ci-dessous.
Valeur :
01 = 100 13 = 133 25 = 178 37 = 237 49 = 316 61 = 422 73 = 562 85 = 750 02 = 102 14 = 137 26 = 182 38 = 243 50 = 324 62 = 432 74 = 576 86 = 768 03 = 105 15 = 140 27 = 187 39 = 249 51 = 332 63 = 442 75 = 590 87 = 787 04 = 107 16 = 143 28 = 191 40 = 255 52 = 340 64 = 453 76 = 604 88 = 806 05 = 110 17 = 147 29 = 196 41 = 261 53 = 348 65 = 464 77 = 619 89 = 825 06 = 113 18 = 150 30 = 200 42 = 267 54 = 357 66 = 475 78 = 634 90 = 845 07 = 115 19 = 154 31 = 205 43 = 274 55 = 365 67 = 487 79 = 649 91 = 866 08 = 118 20 = 158 32 = 210 44 = 280 56 = 374 68 = 499 80 = 665 92 = 887 09 = 121 21 = 162 33 = 215 45 = 287 57 = 383 69 = 511 81 = 681 93 = 909 10 = 124 22 = 165 34 = 221 46 = 294 58 = 392 70 = 523 82 = 698 94 = 931 11 = 127 23 = 169 35 = 226 47 = 301 59 = 402 71 = 536 83 = 715 95 = 953 12 = 130 24 = 174 36 = 232 48 = 309 60 = 412 72 = 549 84 = 732 96 = 976
Lettre | Multiplicateur |
---|---|
Z | 0,001 |
R ou Y | 0,01 |
S ou X | 0,1 |
A | 1 |
B ou H | 10 |
C | 100 |
D | 1000 |
E | 10 000 |
F | 100 000 |
- Résistances CMS soudées, le numéro qui suit le « R » est lié au schéma fonctionnel du circuit.
- C28 est un condensateur.
- Diodes et résistances.
- Résistances aux côtés d'un circuit intégré.
Résistances en réseaux
Les réseaux de résistances permettent d'intégrer en un seul boitier plusieurs résistances afin de répondre à des besoins spécifiques. Les boitiers sont souvent du type SIL mais peuvent aussi être du type DIL. Les résistances peuvent être toutes reliées à un point commun, souvent pour les résistances de rappel ou pour les résistances de limitation de courant des afficheurs 7 segments. Il existe aussi des réseaux dans lesquels les terminaisons sont reliées à des diviseurs de tension[1]. Les échelles de résistances (aussi nommées parfois « réseau de résistances »), dont notamment les réseaux R – 2R, constituent un moyen simple et peu coûteux d'effectuer une conversion numérique-analogique.
Notes et références
- 1 2 3 (en) Horowitz, Hill, The Art of Electronics, Cambridge University Press, , 1192 p. (ISBN 978-0-521-80926-9).
- ↑ Les conducteurs ohmiques : Phrase mnémotechnique, sur le site des sciences du collège Crochepierre (consulté le 25 octobre 2016).
Articles connexes
- Loi d'Ohm
- Résistance (électricité)
- Conductivité électrique
- Résistance de saignée
- Photorésistance
- Conduction électrique dans les oxydes cristallins
- Bruit thermique
- Montages simples avec des résistances :
- Circuit RLC
- Filtre (électronique)
- Diviseur de tension
- Pont de Wheatstone