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Vulpes lagopus

Vulpes lagopus
Description de cette image, également commentée ci-après
Un Renard polaire dans son pelage d'hiver, en Islande.

Espèce

Vulpes lagopus
Linnaeus, 1758

Répartition géographique

Description de l'image Cypron-Range Vulpes lagopus.svg.
Description de cette image, également commentée ci-après
Répartition autour du pôle Nord.

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure

Synonymes

  • Alopex lagopus (Linnaeus, 1758)

Le Renard arctique (Vulpes lagopus) ou Renard polaire ou bien Renard isatis ou Isatis ou encore Renard bleu, de la famille des canidés, est un renard natif des régions arctiques qui comprend au moins quatre sous-espèces et qui a fait l'objet d'élevage pour sa fourrure durant l'entre-deux-guerres.

Répartition

Renard polaire, perdant sa dernière toison d'hiver.
Sur l'île de Nizki (attitude de crainte et défense).
En captivité (attitude de sommeil).

La répartition contemporaine est circumpolaire mais il semble, au vu des ossements trouvés par les paléontologues, qu'il ait pu vivre, dans les millénaires qui ont suivi la dernière glaciation, avec le renard roux jusqu'en Belgique et en France, avec le lion des cavernes et des hyènes.

Les renards polaires sont présents actuellement dans l'ensemble de l'Arctique, à savoir au Groenland, en Russie, au Canada, en Alaska, au Svalbard, en Islande et dans les Alpes scandinaves. Le statut de conservation du renard polaire à l'UICN est bon (préoccupation minimale), à l'exception de la Scandinavie. Le renard polaire est par ailleurs le seul mammifère natif d'Islande. Il est venu sur cette île isolée de l'Atlantique Nord à la fin de la dernière glaciation en marchant sur la mer gelée.

Le nombre de renards polaires tend à varier dans un cycle correspondant à la population de lemmings, l'une de leurs principales proies. En revanche, comme les renards se reproduisent très rapidement et meurent souvent jeunes, ils sont peu sensibles aux effets de la chasse. Ils ont toutefois été exterminés dans plusieurs zones où les humains se sont établis.

Le renard polaire est en train de perdre du terrain au profit du renard roux, plus grand. Historiquement, le loup gris a maintenu la population du renard roux à un niveau assez bas. L'extermination du loup gris dans de nombreuses régions a permis à la population de renards roux de grandir et ces derniers ont repris la niche du grand prédateur. Dans certaines régions du nord de l'Europe, des programmes autorisent la chasse du renard roux dans les anciennes zones de peuplement des renards polaires.

Les renards polaires utilisent leur queue pour protéger leur museau du froid.

Description

Plus petit que son cousin le renard roux, il mesure entre cinquante centimètres et un mètre et pèse environ cinq kilogrammes. Ses oreilles sont plus petites que celles du renard roux et son museau est plus court.

Le renard polaire est le seul canidé à présenter un dimorphisme saisonnier[1]. Sa fourrure lui permet de limiter la déperdition thermique, un atout qui lui est vital étant donné son environnement polaire. Sa fourrure blanche en hiver lui permet de mieux se fondre dans le décor neigeux de son habitat. En été, son pelage est brun foncé. Il se sert de sa longue queue pour recouvrir son museau et ses pattes lorsqu'il dort. Son espérance de vie en liberté est de dix à quinze ans. Il se nourrit essentiellement de petits animaux qu'il repère grâce à son ouïe fine comme les lemmings ou les lièvres polaires, les oiseaux et leurs œufs. Il s’approvisionne aussi sur les carcasses de phoques et de rennes laissées par les ours blancs et les loups.

La fourrure du renard polaire est très efficace contre les déperditions de chaleur, ce qui explique pourquoi il a été chassé par l'Homme pour faire des manteaux. Elle est capable de le protéger contre des températures extérieures pouvant descendre jusqu'à -45°C[2]. Les renards polaires ont aussi pour habitude de se protéger en se roulant en boule, plaçant leurs pattes et leur tête sous leur corps et derrière leur queue, la position qui donne à leur corps le plus faible rapport entre la surface exposée et son volume[3],[2].

Bien qu'ils n'hibernent pas, ils tendent à se protéger des vents d'hiver en restant dans leurs terriers[3],[4]. Ils se créent des réserves de graisse durant l'automne, augmentant parfois leur masse de plus de 50%. Cela isole mieux leur corps durant l'hiver et leur fournit une réserve d'énergie.

Reproduction

Pelage d'automne.

La période de reproduction des renards polaires va de début septembre à début mai. Ils forment des couples monogames durant cette période. La période de gestation dure 52 jours. Les portées sont en moyenne de six ou sept renardeaux, mais peuvent monter jusqu'à onze[5]. Le mâle et la femelle participent à l'éducation des renardeaux dans un terrier. Les femelles quittent ensuite la famille pour former leurs propres groupes, tandis que les mâles restent avec la famille.

Espèce-ingénieure, effets écopaysagers

On avait déjà montré que l’environnement est beaucoup plus productif autour des tanières de castors et de leurs barrages. Une grande partie des tourbières de la toundra et des boisements du grand nord n’existeraient pas sans ces castors qui stockent l’eau pour l’été.

Plus au nord, le renard arctique crée aussi des « oasis de nature ». Ces taches sont visibles d’avion dans le parc national Wapusk (Canada) ; chaque tanière de renards est surplombée et entourée d’une tache de végétation beaucoup plus luxuriante qu’aux alentours (2,8 fois plus de biomasse végétale en aout). Sans doute parce que là, les lemmings (Dicrostonyx et Lemmus spp.) et les campagnols (Microtus et Myodes spp.) y sont mieux régulés par leur prédation. Le lemming ayant un cycle pluriannuel de pullulation, le renard arctique consomme en été durant les années à faible densité de lemmings[6],[7] plus d’oies et d’œufs ainsi que les petits du phoque annelé (Phoca hispida) et des carcasses de phoques ou de saumons tués par les ours (Ursus maritimus) pendant l'hiver.

Autour de chaque tanière, le sol reçoit ainsi plus d’excréments et d’urine riches en nutriments[8]. La décomposition de restes des proies enrichissent aussi le milieu (en phosphore, magnésium notamment)[8]. Autour de la tanière, le sol est en août ainsi enrichi en azote inorganique (71 % de plus) et en phosphore biodisponible (+1195 %) et même si le niveau d'azote inorganique diminue de juin à août, le phosphore biodisponible augmente durant cette période.

Chaque portée compte jusqu’à 8 à 10 renardeaux, mais ne laissera que quelques survivants en fin d'hiver suivant[8]. Cependant les parents chassent activement pour nourrir cette portée[9]. Les renards - comme les castors - apparaissent ainsi fournir un service écosystémique qui avait été mal évalué et être également une « espèce-ingénieur ». Les taches vertes ainsi entretenues dans le paysage influencent ensuite la répartition d’autres espèces et tout l’écosystème de la toundra, notamment car les renards évitent les zones engorgées ou inondables et choisissent des crêtes, talus, monticules ou moraines pour y faire leur tanière[8].

Cet effet positif persiste au moins plus d’un an après la disparition d’une famille de renards arctiques[8].

Le réchauffement fait reculer le renard arctique au profit du renard roux (Vulpes vulpes)[8].

Élevage

Des renards sont actuellement élevés dans des "fermes" pour leur fourrure, passant leur vie dans des cages en grillage minuscules, s'auto-mutilant et présentant de nombreux signes de stress.

Liste des sous-espèces

  • Renard polaire de l'Île Béring, Vulpes lagopus beringensis (Merriam, 1902).
  • Renard polaire d'Islande, Vulpes lagopus fuliginosus (Bechstein, 1799).
  • Vulpes lagopus lagopus (Linnaeus, 1758).
  • Renard polaire des Îles Pribilof, Vulpes lagopus pribilofensis (Merriam, 1902).

Statut de protection

Le renard polaire, abondant et dont le nombre est stable bien que variable en fonction du nombre de lemmings, n'est pas considéré par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme étant une espèce menacée[10].

Notes et références

  1. (en) Alexandra M. Audet, C. Brian Robbins et Serge Lariviere, « Alopex lagopus », MAMMALIAN SPECIES, American Society of Mammalogists, no 713, , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  2. 1 2 Britt Fuglesteg et al., « Seasonal variations in basal metabolic rate, lower critical temperature and responses to temporary starvation in the arctic fox (Alopex lagopus) from Svalbard », Polar Biology, vol. 29, no 4, , p. 308–319 (DOI 10.1007/s00300-005-0054-9, S2CID 31158070)
  3. 1 2 Pal Prestrud, « Adaptations by the Arctic Fox (Alopex lagopus) to the Polar Winter », Arctic, vol. 44, no 2, , p. 132–138 (DOI 10.14430/arctic1529, JSTOR 40511073, S2CID 45830118)
  4. John Klir et James Heath, « An Infrared Thermographic Study of Surface Temperature in Relation to External Thermal Stress in Three Species of Foxes: The Red Fox (Vulpes vulpes), Arctic Fox (Alopex lagopus), and Kit Fox (Vulpes macrotis) », Physiological Zoology, vol. 65, no 5, , p. 1011–1021 (DOI 10.1086/physzool.65.5.30158555, JSTOR 30158555, S2CID 87183522)
  5. (en) ADW: Vulpes lagopus Information.
  6. Bety, J., Gauthier, G., Korpimaki, E. & Giroux, J. F. (2002) Shared predators and indirect trophic interactions: lemming cycles and arctic-nesting geese. J. Anim. Ecol. 71, 88–98, 10.1046/j.0021-8790.2001.00581.x.
  7. Angerbjorn, A., Tannerfeldt, M. & Erlinge, S. (1999) Predator-prey relationships: arctic foxes and lemmings. J. Anim. Ecol. 68, 34–49, 10.1046/j.1365-2656.1999.00258.x.
  8. 1 2 3 4 5 6 Gharajehdaghipour, T. et al (2016) Arctic foxes as ecosystem engineers: increased soil nutrients lead to increased plant productivity on fox dens. Sci. Rep. 6, 24020; doi: 10.1038/srep24020 (2016). Mis en ligne 05 April 2016 (Résumé).
  9. Tannerfeldt, M. & Moehrenschlager, A. (2003) In Ecology and conservation of swift foxes in a changing world (eds M. A. Sovada & L. N. Carbyn) 167–181 ; Canadian Plains Research Center.
  10. UICN, consulté le 11 nov. 2013

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Angerbjörn, A. et al. (1995). Dynamics of the Arctic fox population in Sweden. Annales Zoologici Fennici 32 : 55–68.
  • (en) Garrott and Eberhardt (1987). Arctic fox. In: Novak, M. et al. (eds.) Wild furbearer management and conservation in North America, pp. 395-406.
  • (en) Goltsman et al. (1996). The Mednyi Arctic foxes: treating a population imperilled by disease. Oryx 30 : 251-258.
  • (sv) Lönnberg, E. (1927). Fjällrävsstammen i Sverige 1926. Royal Swedish Academy of Sciences, Uppsala, Sweden.
  • (en) Nowak, Ronald M. (2005). Walker's Carnivores of the World. Baltimore: Johns Hopkins Press. (ISBN 0-8018-8032-7)
  • (en) Tannerfeldt, M. (1997). Population fluctuations and life history consequences in the Arctic fox. Dissertation, Stockholm University, Stockholm, Sweden.

Articles connexes

Liens externes