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Phragmites australis Roseau, Roseau à balais

Phragmites australis
Description de cette image, également commentée ci-après
Roseau commun

Espèce

Phragmites australis
(Cav.) Trin. ex Steud., 1841

Synonymes

  • Arundo phragmites L.
  • Arundo australis Cav.
  • Phragmites communis Trin.
  • Arundo vulgaris Lam.
  • Phragmites vulgaris (Lam.) Crép.
  • Phragmites longivalvis Steud.
  • Phragmites communis var. longivalvis (Steud.) Miq.
  • Phragmites vulgaris var. longivalvis (Steud.) W.Wight

Classification phylogénétique

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure

Le Roseau commun, Roseau à balais ou Sagne (Phragmites australis) est une espèce cosmopolite[1] de plantes herbacées vivaces de la famille des Poaceae, sous-famille des Arundinoideae.

Il existe plusieurs lignées de roseau commun, qui ont évolué indépendamment pendant des milliers d'années[2]. Depuis le début du XXe siècle, on assiste en Amérique du Nord à une invasion cryptique par une ou des lignées d'origine eurasienne[2],[3], notamment au niveau des bords de routes[4].

Taxonomie

Sous-espèces

En Amérique du Nord, où la situation du roseau commun est bien documentée, on distingue trois sous-espèces :

  • Phragmites australis subsp. americanus Saltonstall, P.M. Peteron & Soreng, endémique d'Amérique du Nord. Elle est largement répandue au Canada et aux États-Unis ;
  • Phragmites australis subsp. berlandieri (E. Fourn.) C.F. Reed, que l'on retrouve aux États-Unis au sud-est le long de la côte du golfe du Mexique et dans le Sud-Ouest, ainsi qu'en Amérique centrale et en Asie[2] ;
  • Phragmites australis subsp. australis, originaire d'Eurasie.

Description

Phragmites australis

Cette poacée (graminée) atteint 3-5 m de hauteur, possède des feuilles faisant 20–50 cm de long par 2-3 cm de large. Ses longues tiges fines ornées d'un plumeau argenté peuvent mesurer jusqu'à m de haut. L'inflorescence, une panicule pourpre de 20 à 50 cm de long, apparaît de juillet à octobre[5].

Sa numération chromosomique est 2n=36, 48, 54, 96.

Aire de répartition et habitats

Une colonie au bord du lac Baiyangdian, au nord de la Chine

Phragmites australis est une espèce cosmopolite, c'est-à-dire qu'on la retrouve dans toutes les régions du monde ou presque. En effet, des colonies sont présentes en Afrique, en Amérique (du Nord, centrale et du Sud), en Asie, en Australie, en Europe, et en Nouvelle-Zélande[2].

Le roseau commun est une plante de milieux humides. Il prospère sur des sols gorgés d'eau et peu oxygénés, comme le long des cours d'eau, dans les marais et dans les fossés bordant les routes. On nomme roselières les colonies de cette espèce.

Caractère envahissant

P. a. subsp. australis, la sous-espèce considérée envahissante, forme rapidement des colonies très denses qui deviennent pratiquement monospécifiques[6]. De plus, sa forte productivité mène à l'accumulation de matière organique au sol et, le cas échéant, à la fermeture de l'eau libre[7].

Colonie de Phragmites australis à Canala, Nouvelle-Calédonie

En Nouvelle-Calédonie, le Code de l'environnement de la Province Sud interdit l’introduction dans la nature de cette espèce ainsi que sa production, son transport, son utilisation, son colportage, sa cession, sa mise en vente, sa vente ou son achat. Il est tout de même possible de demander une dérogation pour l'utiliser de manière contrôlée, en particulier dans les stations d'épuration[8].

Utilisations

Les roseaux étaient et sont toujours utilisés localement, dans la constitution de murs et toitures des maisons (mudhif des Arabes des marais en Mésopotamie), et pour fournir de la litière aux animaux (vache allaitante notamment)[9].

Ils constituent un abri de choix pour des passereaux et pour de petits mammifères. Ils sont aussi largement utilisés dans les stations d'épurations à filtre planté de roseaux (phytoépuration).

Les patronymes Sagne, Sagnes, Sagnier, etc. sont liés aux anciens métiers d'exploitation de ces roseaux. Le toponyme La Seyne-sur-Mer est lié à la présence de roseaux sur le territoire.

En Camargue, le roseau est appelé sagne quand il est assez sec pour être coupé, récolté et devenir matériaux d'isolation et de construction. Il est utilisé dans la construction traditionnelle de la cabane camarguaise dite aussi cabane de gardian[10].

Toxicité

La sous-espèce P. a. subsp. australis sécréterait de l'acide gallique, dégradé en acide mésogallique sous l'effet des ultraviolets naturels (photodécomposition), ce qui constituerait une explication allélopathique à sa tendance envahissante[11]. Toutefois, on a récemment remis en question la sécrétion d'une telle substance par cette sous-espèce[12].

Phragmites et cycles des métaux lourds

Durant le temps de décomposition des feuilles de P. australis dans l'eau ou sur la vase, on observe que le taux d'éléments traces métalliques et de métaux lourds augmente dans la matière organique en décomposition. Il augmente au même rythme que le taux d'ergostérol, ce qui laisse penser que ce sont les champignons aquatiques qui se nourrissent des feuilles en décomposition qui y fixent des ions métalliques collectés dans l'eau[13]. Les tourbières pourraient ainsi jouer un certain rôle dans la dépollution de l'eau et interférer avec le cycle des polluants métalliques dans les zones humides[14].

Notes et références

  1. Haslam, S.M. 1972. Phragmites communis Trin. (Arundo Phragmites L., ? Phragmites Australis (Cav.) ex. Steudel) (in Biological Flora of the British Isles). Journal of Ecology 60(2):585-610.
  2. 1 2 3 4 Saltonstall, Kristin. 2002. Cryptic invasion by a non-native genotype of the common reed, Phragmites australis, into North America. PNAS 99(4):2445-2449.
  3. Meyerson, Laura A. & James T. Cronin. 2013. Evidence for multiple introductions of Phragmites australis to North America: detection of a new non-native haplotype. Biological Invasions 15(12):2605-2608.
  4. (en) Yvon Jodoin, Claude Lavoie, Paul Villeneuve, Marius Theriault, Julien Beaulieu, François Belzile, « Highways as corridors and habitats for the invasive common reed Phragmites australis in Quebec, Canada », Journal of Applied Ecology, vol. 45, no 2, , p. 459–466 (DOI 10.1111/j.1365-2664.2007.01362.x).
  5. Benoît Larroque et Jean Favennec, Guide de la flore du littoral sableux méditerranéen : De la Camargue au Roussillon, Éditions Sud Ouest, , 277 p. (ISBN 9782817704487), p. 227
  6. Lavoie, Claude, Martin Jean, Fanny Delisle & Guy Létourneau. 2003. Exotic plant species of the St-Lawrence River wetlands: a spatial and historical analysis. Journal of Biogeography 30:537-549.
  7. Meyerson, L.A., K. Saltonstall, L. Windham, E. Kiviat & S. Findlay. 2000. A comparison of Phragmites australis in freshwater and brackish marsh environments in North America. Wetlands Ecology and Management 8:89-103.
  8. Code de l'environnement de la Province Sud, Nouméa, , 346 p. (lire en ligne), p. 147
  9. Daphné Durant, Anne Farruggia et Alexandre Tricheur, « Le roseau commun (Phragmites australis) : un capital naturel utilisé en litière pour le logement des vaches allaitantes », BASE, no 4, , p. 223–235 (ISSN 1780-4507 et 1370-6233, DOI 10.25518/1780-4507.19164, lire en ligne, consulté le )
  10. Evelyne Duret, Cabanes de Camargue. Documents sur l'architecture traditionnelle au début du XXe siècle., Musée camarguais - Parc naturel régional de Camargue,
  11. Rudrappa, T., Y.S. Choi, D.F. Levia, D.R. Legates, K.H. Lee & H.P. Bais. 2009. Phragmites australis root secreted phytotoxin undergoes photo-degradation to execute servere phytotoxicity. Plant Signaling and Behavior 4:506-513.
  12. Weidenhamer, J.D., Mei Li, J. Allman, R.G. Bergosh & M. Posner. 2013. Evidence does not support a role for gallic acid in Phragmites australis invasion success. Journal of Chemical Ecology 39:323-332.
  13. Gijs Du Laing, Gunther Van Ryckegem, Filip M.G. Tack, Marc G. Verloo (2006), Metal accumulation in intertidal litter through decomposing leaf blades, sheaths and stems of Phragmites australis ; Chemosphere Volume 63, Issue 11, June 2006, Pages 1815–1823 (résumé)
  14. G. Du Laing, A.M.K. Van de Moortel, W. Moors, P. De Grauwe, E. Meers, F.M.G. Tack, M.G. Verloo (), Factors affecting metal concentrations in reed plants (Phragmites australis) of intertidal marshes in the Scheldt estuary ; Pollution control by wetlands ; Ecological Engineering Volume 35, Issue 2, 9 February 2009, Pages 310–318 (résumé)

Voir aussi

Articles connexes

Références taxonomiques

Liens externes

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