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Bataille des champs Catalauniques
Description de cette image, également commentée ci-après
Les Huns à la bataille de Châlons, vue par Alphonse de Neuville (1836–85) pour L’Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789 de Guizot, vol. I, p. 135.
Informations générales
Date ou
Lieu environs de Dierrey-Saint-Julien ou de Châlons-en-Champagne, champs Mauriaques (localisation incertaine)
Issue Retraite de l'armée hunnique et alliés. Les Huns se retirent de la Gaule.
Belligérants
Empire romain d'Occident
Royaume wisigoth
Francs saliens
Francs ripuaires
Burgondes
Saxons
Alains
Armoricains
Litiani
Olibriones
Empire hunnique
Commandants
Ætius
Théodoric Ier
Thorismond
Mérovée
Gondioc
Sangiban
Attila
Valamir
Ardaric
Bérik
Forces en présence
environ 45 000[1]environ 60 000[1]
Pertes
Inconnues, importantes[1]Inconnues, estimées plus importantes[1]

Déclin de l'Empire romain d'Occident

Batailles

  • Pollentia (402)
  • Vérone (403)
  • Fiesole (405/406)
  • Passage du Rhin (406)
  • Mayence (406)
  • Rome (410)
  • Carthage (439)
  • Champs Catalauniques (451)
  • Rome (455)
  • Sinuessa (458)
  • Carthagène (460)
  • Orléans (463)
  • Cap Bon (468)
Coordonnées 49° 00′ nord, 4° 30′ est

La bataille des champs Catalauniques (au lieu-dit de Campus Mauriacus) a opposé en 451 apr. J.-C. les forces coalisées romaines, gallo-romaines et surtout germaniques, menées par le patrice romain Ætius d'une part, et l'armée composite de l'empire des Huns, emmenée par Attila, d'autre part. La bataille qui met aux prises plusieurs dizaines de milliers de combattants, est une véritable lutte fratricide entre Goths, Francs d'un côté, Huns, Sarmates et autres peuples des steppes de l'autre, les uns dans le camp romain d'Occident, les autres dans l'armée d'Attila déjà en retraite après son siège infructueux d'Aurelianum (Cenabum, Orléans)[2]. Elle n'a jamais été précisément localisée : au XIXe siècle, M. Tourneux, ingénieur en chef de la Marne, situait la bataille aux environs de l'actuel Châlons-en-Champagne, Catalaunum à l'époque gallo-romaine, mais cette localisation reste l'objet de controverses archéologiques[3]. Le qualificatif Catalaunique vient en effet du peuple gaulois des Catalauni, installé sur le territoire de Châlons, et dont le terme « Champs Catalauniques » désignait, par extension la campania, soit la vaste plaine crayeuse courant de Reims à Troyes, et dont Châlons était l'épicentre[4].

La bataille des champs Catalauniques met fin à l'avancée extrême en Occident de l'Empire hunnique d'Attila, sous l'hégémonie des Huns des steppes, occupant les rives de la Volga vers 370 et établis durablement en Pannonie (actuelle Hongrie) au début du Ve siècle.

L'historiographie de Rome et de ses alliés attribue logiquement la victoire au chef recruteur des coalisés romano-germaniques, le généralissime romain Ætius, qui ne peut cependant pas battre Attila sans l'aide des Wisigoths qui ont quitté le champ de bataille. Par vengeance, Attila décide de frapper le cœur de l'Empire romain d'Occident, la péninsule italienne.

L'Église était la seule structure sociale restant solide en cette période de délitement de l'Empire romain. Malgré son appui et celui des évêques des Gaules, l'administration romaine d'Ætius perd le contrôle d'une grande partie de la Gaule, mais surtout, tout en conservant les structures administratives et religieuses, elle fut dans l'obligation de changer hâtivement les protections politiques et militaires des cités. Elle laisse les anciens limes[5] aux différents peuples germaniques installés à leurs voisinages, ordonne la migration du peuple des Burgondes, anciens gardiens officiels des limes de l'Empire romain, vers le sud, et leur établissement en Gaule romaine orientale, au nord des Alpes. Ainsi les Francs de Mérovée, simples auxiliaires du limes rhénan batave, obtiennent une entrée officielle de protecteurs auxiliaires dans les cités du Nord de la Belgique seconde[6].

Quant aux Wisigoths qui ont forcé le cours de la bataille longtemps indécise, par l'audace de leur roi, et payé le prix fort du sang selon les historiographes médiévaux, ils sont reconnus maîtres tutélaires de l'Aquitaine et protecteurs des Germains et Romains de l'ancienne Lyonnaise occidentale et méridionale.

Introduction

Le contexte historique : l'Empire romain et l'Empire hunnique vers 450

  • Empire romain
  • Fédérés burgondes
  • Fédérés wisigoths
  • Fédérés francs
  • Territoires sous contrôle d'Attila

L'Empire hunnique est apparu dans l'histoire romaine en 370, au moment où les Huns franchissent la Volga et soumettent les Alains. Ils franchissent ensuite le Don et soumettent les Ostrogoths. Les Wisigoths, alors au nord du Danube, préfèrent entrer dans l'empire d'Orient, et de là après diverses péripéties ils arrivent en Gaule en 418.

Poursuivant leur avance vers l'ouest, les Huns suscitent d'autres mouvements des peuples germaniques, et des troubles pour l'Empire. Dans la première moitié du siècle, ils s'installent dans les plaines danubiennes de Pannonie.

L'Empire d'Occident est envahi dès 407 par un certain nombre de peuples germaniques fuyant les Huns. Certains s'installent en Gaule, parfois avec le consentement de l'empereur, sous forme d'un traité de fédération (fœdus) qui impose des obligations et des droits au peuple concerné, considéré comme allié à Rome, bien qu'à l'intérieur de l'Empire : les Burgondes, fédérés installés en 411 près de Worms, et depuis 440, en Sapaudie (Nord des Alpes et Jura) ; les Francs saliens dans la région de Tournai et Cambrai ; les Wisigoths fédérés installés en Aquitaine depuis 418. Il y a aussi des groupes moins conséquents mais également remuants : Alains de la région d'Orléans, Taïfales de la région de Tiffauges (Vendée), Sarmates de la région de Baugé (Maine et Loire), Bretons d'Armorique.

Dans l'empire d'Occident (dont la capitale est Ravenne), Valentinien III règne depuis 425.

Le principal chef politico-militaire, en dehors de la famille impériale, est le patrice Ætius, un demi-barbare, qui connaît bien les Huns, ayant été otage à la cour hunnique, où il a probablement rencontré Attila, et qui utilise volontiers les Huns comme soldats dans l'armée romaine. Les légions romaines à cette époque sont en effet en quasi-totalité formées de Barbares, soldats et officiers.

Les Huns en Gaule en 451

Itinéraires probables des Huns lors de l'invasion de la Gaule, et situation des villes sur leur parcours.

Attila avait le soutien de Genséric, roi des Vandales qui lui servait aussi d'agent de renseignement et de diplomate[7].

L'origine de la campagne d'Attila en Gaule est à rechercher dans la quête de butin. Attila avait imposé par la force à l'empire d'Orient le paiement d'un lourd tribut, mais en 450 le nouvel empereur Marcien refuse de payer[8]. Attila se tourne alors vers l'Occident qu'il avait jusqu'alors épargné. Selon Jordanès, il prétexte pour son intrusion sur le sol de Gaule qu'il va soumettre les Wisigoths, ancien peuple fédéré aux Huns d'Ermanaric[7]. Pour les Huns, tout peuple soumis un jour aux Huns leur doit tribut pour la postérité. La démarche n'est pas fortuite, l'Aquitaine est de loin la province la plus riche des Gaules.

Attila franchit donc le Rhin d'autant plus facilement que vingt ans auparavant, les Huns alliés aux Romains avaient détruit le royaume burgonde de Gondicaire à la demande du général romain Ætius et que les Burgondes survivants ont été répartis dans la Sapaudie sous la surveillance de Rome.

Attila fait le siège de Metz[9], qu'il rase complètement et dont il fait massacrer la population entière puis se dirige vers Orléans. Attila sait qu'il ne va rencontrer que peu ou pas de résistance significative jusqu'à ce qu'il atteigne Aurelianum (l'actuelle Orléans). Pourtant, il s'arrête devant Lutèce (l'actuelle Paris) mais ne cherche pas à la conquérir ni même à la traverser. On ignore s'il a reçu un tribut des patriciens pour épargner la ville ou s'il ne souhaite pas prendre de retard de crainte de rencontrer les troupes romaines.

Cependant selon la tradition, lors du siège de Paris en 451, grâce à sa force de caractère, Sainte Geneviève, qui n’a que 28 ans, convainc les habitants de Paris de ne pas abandonner leur cité aux Huns. Elle encourage les Parisiens à résister à l’invasion par les paroles célèbres : « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications. » De fait, Attila évita Lutèce (Paris).

Sangiban, roi des Alains, dont le territoire incluait Aurelianum, avait promis d'ouvrir les portes de cette ville à Attila, mais les Romains eurent connaissance de ce complot et furent non seulement capables d'occuper par la force la cité, mais aussi d'obliger les troupes de Sangiban à se joindre à l'armée alliée. Lorsque Attila se présenta et constata qu'il ne pouvait compter sur cette ville, il fit retraite. Poursuivi, il décida de faire front dans l'espoir de tuer Ætius[10]. Le volume des richesses accumulées au cours des pillages de l'Europe centrale le ralentit considérablement. Devant les troupes hunniques, le point de passage est Catalauni (actuelle Châlons-en-Champagne) distant de près de 200 km d'Orléans. Mais les Francs avaient investi Catalauni, seul point de passage de la Marne, et renforcé ses défenses. Attila n'avait plus le choix, le combat devait s'engager.

La bataille des champs Catalauniques réunit les armées fédérées et les forces romaines présentes en Gaule. Les préfets, tel Avitus, y participèrent activement, ainsi que les représentants de l'Église chrétienne d'Occident. Ce fut une coalition de peuples hétéroclites contre l'envahisseur barbare hunnique qui emmenait sous sa bannière, lui aussi, ses peuples fédérés.

La bataille

Les forces en présence

Les Huns

Derrière ce mot, il faut comprendre les Huns et tous les peuples soumis à leur empire[11] qui s'étend du centre de l'Asie au Danube : Ostrogoths, Ruges, Skires, Gépides, Alains, Suèves, Sarmates, Thuringes, Gelonians. À combien s'élèvent leurs forces combattantes ? 500 000 selon Jordanès, ce qui semble irréaliste. En revanche, si on compte les familles qui se déplacent avec ces peuples en marche, le chiffre de 500 000 personnes ne serait pas exagéré. Mais, en ce qui concerne les combattants seuls, ils sont estimés à 60 000, ce qui est tout de même une armée très importante pour l'époque.

Les Huns sont au centre face au piémont : ce sont des cavaliers légers qui combattent à l'aide d'arcs en tirant sur l'ennemi pour le harceler puis finissent par le combattre à l'épée. Leur équipement est partiellement romanisé après un siècle de contacts.

À l'aile gauche sont placés leurs meilleurs alliés : les Ostrogoths dirigés par trois frères à la tête chacun d'un groupe placé de gauche à droite : Thiudimir, Valamir, Vidimer. Les Gépides font la jonction avec les Huns du centre. Les Ostrogoths combattent de la même manière qu'ils l'ont fait à Andrinople en 378 et qu'ils feront à Taginæ en 552 :

  • en première ligne, une cavalerie lourde combattant à la lance et à l'épée et dont les chevaux sont en partie recouverts d'armure ;
  • la seconde ligne, de réserve, constituée d'infanterie représente un mur derrière lequel la cavalerie peut se réfugier.

À l'aile droite : les moins bonnes troupes face aux Romains - l'infanterie (Suèves, Hérules, Thuringes).

Les Romains

Les forces impériales sont composées d'une coalition de fédérés et d'alliés de l'Empire ainsi que d'éléments romains, et non de ses légions, qui ne sont plus qu'un souvenir à cette époque. Ætius a utilisé ses talents de diplomate pour réunir une coalition de peuples barbares fatigués des razzias des Huns. L'ensemble représente de 40 000 à 50 000 hommes. Jordanès donne une liste non exhaustive des éléments non romains : Francs, Sarmates, Armoricains, Burgondes, Saxons, Litiani et Ripariolibriones (Ripari et Olibriones ou Riparioli et Briones selon les auteurs)[12].

Le plus puissant élément de cette force hétéroclite (10 à 15 000 hommes) n'est en réalité pas fédéré à l'Empire mais allié[13] : ce sont les Wisigoths du roi Théodoric, placés à l'aile droite. Théodoric est secondé par ses deux fils Thorismond et Théodoric II, respectivement commandants des ailes droite et gauche wisigothiques. Cette armée est constituée de la même manière que celle des Ostrogoths.

Au centre, les Alains du roi Sangiban sont des fédérés installés dans l'Orléanais : ce sont des cavaliers lourds équipés à la sarmate de façon romanisée.

L'aile gauche est commandée par Ætius, maître des deux milices. Elle est constituée des troupes romaines et de leurs alliés francs, burgondes, saxons et armoricains. Il s'agit principalement de contingents de fantassins appuyés par des archers[12].

Le déroulement de la bataille

La nuit précédant la bataille, une partie des forces romaines rencontra une bande de Gépides loyaux à Attila. Dans l'engagement, environ 15 000 hommes de chaque camp auraient été mis hors de combat.

Le combat débuta au début d'une après-midi de l'été 451 pour ne finir que tard dans la nuit. Les forces d'Ætius occupant un sommet de colline, les Huns lancèrent une attaque de cavalerie. Repoussés, ils furent poursuivis par les Wisigoths dont le chef Théodoric Ier fut tué (probablement de la main du roi ostrogoth Valamir), et se retranchèrent à la tombée de la nuit derrière leurs chariots placés en cercle.

Le lendemain Ætius et le fils de Théodoric Ier, Thorismond, discutèrent de la stratégie à adopter. Ce dernier voulait attaquer le camp des Huns encerclé, mais Ætius craignait sans le dire que les Wisigoths ne deviennent trop puissants. Il conseilla à son allié de retourner à Toulouse pour s'assurer de son royaume vis-à-vis de ses frères[14]. Plus probablement, Thorismond lui-même aurait choisi de quitter le champ de bataille estimant que le fœdus de Théodoric Ier était annulé avec sa mort.

Objectivement, Thorismond avait autant d'avantage qu'Ætius à ne pas anéantir les Huns. La menace représentée par ses frères était réelle sans compter qu'une déroute des Huns aurait sans doute largement fourni l'armée romaine en auxiliaires. Quant à Ætius, il pouvait se présenter en triomphateur sans déchoir grâce à une victoire sur le sol de la Gaule, conscient que l'empire d'Occident ne pouvait contrôler toutes ses terres d'Empire par ailleurs. Une fois Attila reparti vers sa base en Pannonie, les Huns redevenaient le problème de l'empire d'Orient, de même qu'en lui laissant la vie, Ætius se gardait un ennemi à combattre pour asseoir sa puissance à Rome. Thorismond prit le temps d'organiser les funérailles de Théodoric Ier et quitta le camp. Toutefois, ces deux alliés d'une guerre firent un mauvais calcul : le court règne de Thorismond prit fin l'année suivante, assassiné par Théodoric II (qui sera lui-même assassiné par Euric) et Ætius fut assassiné par Valentinien III.

Attila était suffisamment inquiet de la suite pour avoir fait préparer une pile de selles faisant un éventuel brasier dans lequel il aurait fait jeter son corps si la situation devenait critique. Selon d'autres sources, le feu venait d'un grand festin pour fêter sa victoire. Lorsqu'Attila vit que les Wisigoths partaient, il crut à une feinte, mais il finit par comprendre qu’Ætius lui laissait ouvert le chemin du retour. Les autres alliés barbares se dispersèrent. Ætius ne pouvait attaquer seul Attila, qui resta un temps sur les lieux puis se retira lentement sur le Rhin, guidé par l’évêque Loup de Troyes.

Bilan et suites

Si le nombre des combattants était peut-être élevé, il est difficile de connaître les pertes, possiblement assez lourdes[1]. L'historien espagnol Hydace rapporte que 300 000 combattants périrent[15], tandis que Jordanès, qui lui est postérieur, mentionne 90 000 morts dans l'affrontement préliminaire entre Francs et Gépides, et 162 000 pour l'ensemble des combattants engagés dans la bataille[16], nombres tenus pour exagérés. Attila fut par ailleurs diabolisé par les historiens de l'époque, tendant à augmenter sa puissance. Les contingents alains venus d'Orléans durent néanmoins subir de lourdes pertes, car on n'entendit plus parler d'eux.

Stratégiquement, il n'y eut pas de vainqueur : les coalisés d'Ætius se désunirent, et Attila mena l'année suivante une nouvelle offensive contre l'Italie du Nord sans rencontrer de résistance[17], ce qui semble indiquer que ses pertes furent minimes et que son prestige n'avait pas diminué.

De manière générale, si les autorités ecclésiastiques romaines ont paru grossir exagérément l'importance du revers infligé aux Huns, ceux-ci se sont retirés du champ de bataille les chariots remplis de butin, ce qui était l'objectif primordial de leur campagne. Cela permettra à Attila de continuer à entretenir ses vassaux pour les campagnes à venir.

La bataille des Champs Catalauniques fut suffisamment importante pour être relatée parce qu'elle amena un changement fondamental dans les rapports des peuples soumis vis-à-vis de Rome. En paiement de ses loyaux services, Mérovée, roi des Francs saliens, fut reconnu par Rome comme roi de la Gaule belgique. À partir de là, les Francs imposèrent graduellement leur domination sur toute la Gaule gallo-romaine pour les trois siècles à venir. Gondioc, chef des Burgondes, dont le royaume outre-Rhin avait été mis à sac vingt ans plus tôt par les Romains avec l'aide des Huns, se tailla le royaume de Bourgogne. Il ne resta bientôt plus qu'un seul patrice romain en Gaule, Syagrius, entouré de rois barbares.

Historiographie

Le problème de la localisation

Napoléon III, fasciné par l'histoire, fait lancer des fouilles de 1861 à 1865 qui ne donnent rien.

L'historien Jordanès qui donne une longue narration de la bataille situe le champ de bataille dans les champs Catalauniques, également nommés Campus Mauriacus, lieu dont la localisation précise reste incertaine. Cinq lieux principaux se dégagent des études.

  1. À l'ouest de Troyes (Dierrey-Saint-Julien). Le lieu a été cherché entre Sens et Troyes, à quinze kilomètres à l'ouest de Troyes, dans la plaine de Moirey[18], anciennement Mauriacum, localité aujourd'hui disparue au sud de la commune de Dierrey-Saint-Julien (Aube).
  2. À l'ouest de Troyes (Montgueux). Certaines études supposent que ce combat se serait déroulé dans un lieu appelé champs Mauriaques (campus mauriacus)[19]. Ces études situent le campus mauriacus à l'ouest de Troyes près du village de Montgueux[20]. On trouve également le chemin des Maures entre Troyes et Montgueux, lequel nom est considéré par les toponymistes comme dérivant de « mont des Goths ».
  3. Au nord-est de Châlons (La Cheppe). Pour d'autres chercheurs européens, le champ de bataille serait situé à une douzaine de kilomètres au nord-est de Châlons-en-Champagne, dans la commune de La Cheppe[21]. On y trouve une vaste enceinte protohistorique dite « camp d'Attila », datant du Ier siècle av. J.-C., située sur les bords de la Noblette, vestige d'un oppidum gaulois occupé ensuite par les Romains. Cette place forte de forme elliptique comprenait des remparts en terre, hauts d'environ sept mètres, entourés de fossés ; de nos jours la végétation l'entoure d'une épaisse barrière d'arbres. La voie romaine passant à proximité, et la vaste plaine qui la jouxte permettent d'envisager qu'une bataille s'y soit déroulée. Toutefois, ce camp ne fut désigné comme « camp d'Attila », qu'à partir du XVIIe siècle. Napoléon III y fit lancer des fouilles, mais sans résultat. Une autre série de fouilles (à la fin du XIXe siècle) permit de mettre au jour des céramiques, des colliers en bronze et diverses pièces en fer forgé (conservés au musée de Saint-Germain-en-Laye). Les fouilles s'étendirent jusqu'aux tumulus de Bussy-le-Château en remontant la Noblette.
    • C'est aussi lors de cette quête que fut recherché le tombeau de Théodoric dans les tumulus autour de Chalons, classé monument historique en 1963.
  4. Au nord-ouest de Troyes (Méry-sur-Seine). À la suite de la découverte du trésor de Pouan et de son étude[22] par Achille Peigné-Delacourt, la bataille se serait déroulée entre Méry-sur-Seine et Arcis-sur-Aube. L'historien britannique Thomas Hodgkin propose aussi le site de Méry-sur-Seine.
  5. Au nord-ouest de Troyes (Sainte Maure). Près de Sainte-Maure à quelques kilomètres au nord-ouest de Troyes, se trouve une plaine (qui pourrait être le Campus Mauriacus dont parle Grégoire de Tours) dominée par deux collines qui pourraient être les lieux où Ætius et Attila s'installèrent avant la bataille.

Le lieu exact reste cependant incertain.

Sidoine Apollinaire et Grégoire de Tours, historiens des Ve et VIe siècles

L'échec inattendu des troupes d'Attila est né d'abord de la prise en main des opérations, par Aignan, l'évêque d'Orléans assiégée. C'est à partir de là que naquit l'espoir. Les historiens des Ve et VIe siècles Sidoine Apollinaire et Grégoire de Tours décrivent l'échec des Huns comme miraculeux pour l'Empire romain, dès le moment où commença à se manifester la volonté de résistance de l'évêque et des Orléanais (dont on nous dit qu'ils ne manquèrent pas de s'en remettre à Dieu par leur foi et par leurs prières), puis lors de l'arrivée opportune de l'armée d'Ætius (qu'Aignan avait été convaincre en Arles)[23], avant d'aboutir à la défaite finale d'Attila face à Ætius. Par ailleurs, le massacre de Metz commis l'année précédente par les Huns est interprété par Grégoire comme une punition divine pour les péchés de ses habitants : seul l'oratoire de Saint-Étienne échappa miraculeusement à l'incendie de la ville[24].

Die Hunnenschlacht La Bataille des Huns »), tableau de Wilhelm von Kaulbach.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir.

Au XIXe siècle, en pays germaniques, le mythe romantique d'une victoire chrétienne sur le paganisme

Au XIXe siècle, des artistes romantiques allemands ou d'inspiration germanique essayèrent d'élever au rang d'un mythe cette bataille des champs Catalauniques et la victoire contre les Huns. Cela s'accompagna de toutes les altérations de l'histoire qui permettent de forger un mythe : ainsi, une fresque gigantesque du peintre allemand Wilhelm von Kaulbach la dépeint comme une bataille des chrétiens contre les Huns, où le roi Théodoric mort au combat plane au milieu du tableau, tenant une croix qui irradie dans toutes les directions. Frappé par cette fresque, le pianiste virtuose européen Franz Liszt, d'origine hongroise (et donc né dans l'Empire austro-hongrois), composa en 1857 un poème symphonique qu'il intitula La Bataille des Huns (Hunnenschlacht). Il y mêla un thème tzigane pour les Huns (la musique tzigane de Hongrie étant alors très à la mode[25]) et un style qu'on a parfois qualifié de « wagnérien » pour l'engagement militaire.

Notes et références

  1. 1 2 3 4 5 Michel Rouche, « Attila en Gaule : la bataille des champs Catalauniques », Neopodia.
  2. Le nombre de combattants est estimé au minimum à deux grandes armées de part et d'autre, soit environ 24 000 à 25 000 combattants (hypothèse de Michel Rouche) mais d'autres historiens médiévaux n'ont pas hésité à évoquer un grand fracas d'hommes, mettant en prise plus de 100 000 hommes de part et d'autre. Il est certain que les chiffres médians décomptent déjà tous les participants ou groupes épars concernés par les déplacements militaires qui ne pouvaient être présents sur le lieu de la bataille.
  3. Un campus est un lieu à végétation basse ou rase, d'où l'observateur peut voir de loin
  4. Gabriel (1889-1991) Auteur du texte Groley, Ces fameux Champs catalauniques ! : nouvelle version de la bataille d'Attila localisée à Mauriac (Moirey) devenu Dierrey-Saint-Julien (Aube)... (Avec une bibliographie inédite (1951 à 1964) et une iconographie auboise de Saint-Loup...) / Gabriel Groley,... ; notes de Jean Amsler,..., (lire en ligne)
  5. Mot latin signifiant « limites, frontières ».
  6. Cette Belgica secunda est la partie occidentale de la Belgique romaine, ayant gardé son ancienne capitale Reims. Il est évident d'en déduire le prestige religieux de Reims et de son archevêché.
  7. 1 2 Jordannes, Guerres des Goths, chap0 36.
  8. Riché 1983, p. 54.
  9. « 7 avril 451 : Attila saccage Metz », sur Revue Des Deux Mondes, (consulté le ).
  10. Jordanès, Histoire des Goths, 37.
  11. Philippe Richardot, La fin de l'armée romaine (284-476), Economica, , 408 p. (978-2717848618), p. 351-366.
  12. 1 2 Christophe Burgeon, « Les batailles d’Andrinople et des Champs Catalauniques ou la fin des armées romaines », Folia Electronica Classica, , p. 37-43 (lire en ligne)
  13. André Loyen, « L'œuvre de Flavius Merobaudes et l'histoire de l'Occident de 430 à 450 », Revue des Études Anciennes, vol. 74, no 1, , p. 172-173 (DOI 10.3406/rea.1972.3921, lire en ligne, consulté le )
  14. Jordanès, Histoire des Goths, chapitre 41.
  15. Hydace, Chronique [lire en ligne].
  16. Jordanès, Histoire des Goths, 41.
  17. Joseph Épiphane Darras, Histoire générale de l'église depuis le commencement de l'ère chrétienne…, 1855, p. 544.
  18. Riché 1983, p. 55.
  19. Page 273 dans Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances extraordinaires du Comité Impérial des Travaux Historiques et des Sociétés savantes (1864)].
  20. Prosper d'Aquitaine, « 451 : on s'est battu près de Troyes à cinq bornes milliaires de la ville » (7,5 km) et poème local du XIIIe siècle faisant allusion à la bataille près de La Rivière-de-Corps.
  21. Geneviève Dévignes, Ici le monde changea de maître, 1953.
  22. « Recherches sur le lieu de la bataille d'Attila en 451 / Peigné-Delacourt, Achille - 1860 », sur reader.digitale-sammlungen.de (consulté le ).
  23. Sidoine Apollinaire, Lettres, livre VIII, lettre XV.
  24. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, II, 7 et suivants.
  25. La musique traditionnelle hongroise était encore pratiquement ignorée : elle sera découverte et mise en valeur par Béla Bartók et Zoltán Kodály au XXe siècle seulement.

Voir aussi

Bibliographie

Sources anciennes

  • Jordanès, Histoire des Goths [détail des éditions] [lire en ligne], VIe siècle.
  • Sidoine Apollinaire, Une histoire commencée de l’invasion d’Attila dans les Gaules, invasion dont il avait été témoin. Œuvre inachevé.

Ouvrages contemporains

Sur l'ensemble de la période :

  • Pierre Riché, Les invasions barbares, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », (réimpr. 6e édition) (1re éd. 1953), 127 p. (ISBN 2-13-038308-4).

Sur Attila :

  • Thierry Amédée, Histoire d'Attila et de ses successeurs, Didier, (ISBN 0-543-86531-2, lire en ligne).

Sur les Huns en Gaule et sur la bataille :

  • Philippe Richardot, La fin de l'armée romaine (284-476), chapitre 18 « Les champs catalauniques (20 juin 451) : une bataille entre fédérés » p. 351-366, 2005.
  • Geneviève Dévignes, Ici le monde changea de maître, 1953.
  • Iaroslav Lebedynsky, La campagne d'Attila en Gaule, Lemme edit, (ISBN 978-0-543-86531-1 et 0-543-86531-2).
  • Anne Logeay, « Aux champs Catalauniques… », dans Historia, juin 2007.
  • R.G. Grant (dir.), Les 1 001 batailles qui ont changé le cours de l'histoire, Flammarion, 2012, avec une préface de Franck Ferrand (ISBN 978-2-0812-8450-0), traduction-adaptation française collective sous l'autorité de Laurent Villate. Titre anglais original : 1001 battles that changed the course of history, Quintessence, 2012.
  • Fabrice Delaître, « La bataille des champs Catalauniques, 1er-2 septembre 451 », Les batailles oubliées, 2016.

En littérature :

  • Népomucène-Louis Lemercier, La Mérovéïde, ou les Champs Catalauniques, Firmin Didot, Paris, 1818.
  • William Napier, Attila, trilogie de 2005 : Ætius est l'héroïque « dernier des Romains » lors de la bataille des champs Catalauniques.
  • Thomas B. Costain, The Darkness and the Dawn, 1959, décrit la bataille.
  • Jack Whyte, L'Aigle, dans lequel la bataille entre Ætius et Attila est décrite en détail, lors d'une conversation entre le roi Arthur et Sire Clothaire.

Articles connexes

Liens externes