Type | Salle de concert |
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Lieu | New York |
Coordonnées | 40° 45′ 54″ nord, 73° 58′ 49″ ouest |
Architecte | William Burnet Tuthill |
Inauguration | |
Capacité | 2 804 |
Site web | www.carnegiehall.org |
Le Carnegie Hall est une salle de concert new-yorkaise située à l’angle de la 7e avenue et de la 57e rue Ouest, juste au sud de Central Park, dans l'arrondissement de Manhattan. Sa salle principale dispose de 2 800 places[1].
Tant pour la musique classique que populaire, c’est un endroit très prisé aux États-Unis, qui doit sa réputation à sa beauté architecturale, à son histoire, mais également à une très bonne acoustique.
Historique
Créateur
Dès les années 1870, Leopold Damrosch[2], chef d'orchestre et violoniste virtuose, émigré d'Allemagne en 1871, avait fondé les Oratorio Society et Symphony Society, reprises par ses fils, Frank et Walter Damrosch, tous deux chefs d'orchestre. Walter Damrosch convainquit Andrew Carnegie de financer cette nouvelle salle de spectacles, qui portera le nom de 'Carnegie Hall'. La construction débute en 1890, et l’inauguration a lieu le , avec un concert de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Cependant, les travaux continuent jusqu’en 1897[3].
Le Carnegie Hall reste la propriété de la famille Carnegie jusqu’en 1925, où la veuve d'Andrew Carnegie (1835-1919) le vend à un promoteur immobilier, Robert E. Simon. Dans les années 1960, quand le Philharmonique de New York déménage au Lincoln Center, on pense détruire le bâtiment pour le remplacer par un immeuble commercial.
Sous la pression d’un groupe mené par Isaac Stern, la ville de New York le rachète pour 5 millions de dollars, et le loue à une association à but non lucratif. Il est déclaré monument historique en 1964, et entièrement rénové entre 1983 et 1995 par James Polshek, connu plus tard pour avoir conçu le nouveau planétarium de l’American Museum of Natural History.
Le , le «concert du siècle» réunit Dietrich Fischer-Dieskau, Vladimir Horowitz, Yehudi Menuhin, Mstislav Rostropovitch, Isaac Stern et l'Orchestre philharmonique de New York, dirigé par Leonard Bernstein[4].
Malgré le statut protégeant ce monument, on n'a pu empêcher l'édification d’un immeuble commercial entre 1987 et 1990. Cet immeuble est constitué d'un même bloc avec une tour de 60 étages, qui abrite à la fois des commerces, des logements et un espace de 2 300 m2, dont un ascenseur à pianos, pour les équipements du Carnegie Hall, appelé Carnegie Hall Tower. Cet immeuble de 231m de hauteur, de l'architecte argentin César Pelli, a été construit avec une façade en briques rouges et orangées, par respect pour les couleurs du Carnegie Hall.
Architecture
Le Carnegie Hall a été conçu par l'architecte William Tuthill (en). Il est construit en briques et pierres brunes, dans un style renaissance italienne. C’est l’un des seuls grands bâtiments de New York entièrement fait en maçonnerie, sans aucune structure métallique[5].
La façade est recouverte de briques étroites, de couleur ocre, avec des détails en terre cuite et en pierre. Le hall d’entrée évite les exagérations baroques et s’inspire avec élégance du style florentin. On peut y retrouver des similitudes avec la chapelle des Pazzi de Filippo Brunelleschi : des ouvertures arrondies, harmonieusement entourées de pierre grise et de plâtre blanc, des pilastres corinthiens qui soutiennent une corniche surmontée d’une lunette, sous un plafond voûté. Le fameux décor intérieur, blanc et or, respecte la même sobriété de style.
Auditoriums
Le Carnegie Hall possède trois auditoriums : le Main Hall, le Recital Hall et le Chamber Music Hall.
Main Hall
Le Main Hall peut accueillir 2 804 spectateurs assis sur cinq niveaux. Il s’appelle maintenant officiellement l'« Auditorium Isaac Stern »[6].
Le Main Hall est un lieu qui dégage une ambiance chaleureuse et qui possède une bonne acoustique. Il est très haut de plafond, et les spectateurs du dernier balcon doivent grimper 105 marches pour y accéder. La plupart des plus grands musiciens classiques du XXe siècle s’y sont produits. Son vestibule est décoré avec des souvenirs et des portraits signés.
L'Orchestre philharmonique de New York, qui y a joué pendant plusieurs décennies, a maintenant déménagé au Lincoln Center, dans l'Avery Fisher Hall. Beaucoup de critiques regrettent ce départ.
Autres salles
Les deux autres salles, plus petites, que l’on appelle maintenant le « Judy and Arthur Zankel Hall » et le « Joan and Sanford I. Weill Recital Hall», contiennent respectivement 599 et 268 places assises.
Les deux plus grands auditoriums ont été rebaptisés à la suite de leur rénovation complète en 1986. Le plus petit avait été loué à l'American Academy of Dramatic Arts (AADA)[7] en 1898, et transformé en salle de cinéma vers 1959. On décida de le réutiliser pour la musique en 1997 et il ouvrit ses portes en 2003.
Dans l’enceinte du Carnegie Hall, on trouve également le « Rose Museum » et le « Carnegie Hall Archives », qui sont deux extensions relativement récentes[8].
Archives
En 1986, on se rend compte que ce haut lieu de la musique n'a curieusement pas conservé d’archives sur son histoire ; tous les documents et souvenirs le concernant étaient dispersés. Une grande campagne d’information est alors lancée, à l’aide de publicités et de messages dans les médias, provoquant une excellente réaction du grand public.
En effet, beaucoup de mélomanes avaient conservé leurs anciens programmes et les envoyèrent. Les gestionnaires du Carnegie Hall n’en reçurent pas moins de 12 000, ainsi que d’autres objets et documents, ce qui permit de reconstituer la plus grande partie de son histoire.
Concerts célèbres
Depuis que le Carnegie Hall existe, la plupart des plus grands compositeurs et interprètes de musique classique ont effectué des représentations en ce lieu, et ses couloirs sont ornés de portraits signés, ainsi que des souvenirs de leur passage. De nombreuses légendes du blues, du jazz, du rock et de la pop y ont également donné des concerts, devenus légendaires, dont certains ont été enregistrés.
- Jascha Heifetz, le (à l'âge de seize ans)[9].
- George Gershwin, le . Rencontre mythique avec Maurice Ravel (anniversaire) autour de Rhapsody in Blue. Ravel refuse leur collaboration, « Mieux vaut un bon Gerschwin qu'un mauvais Ravel » ; néanmoins, on peut déceler des traits de Rhapsody in Blue dans le Boléro de Ravel (longueur, présence appuyées des instruments à vent, mélodies fantasques et narrant une odyssée, marche militaire, alternance de rythme mélodique, montées en puissance)[10].
- Maurice Ravel, le [10].
- W.C. Handy, le [11].
- Vladimir Horowitz (Les 12, 13 et 15 janvier, 11, 20, 21 février, 23 mars, 2 novembre, 3, 6 et , le , le 24 février et le et le )[9].
- Benny Goodman, le [12] ; le disque The Famous 1938 Carnegie Hall Jazz Concert y est enregistré et sort en 1950.
- From Spirituals to Swing, les et [13], avec Count Basie, Benny Goodman, Meade Lux Lewis, Albert Ammons, Big Joe Turner, Pete Johnson, Rosetta Tharpe le Golden Gate Quartet, Big Bill Broonzy, etc.
- Duke Ellington, le [14].
- Lors du 4025e concert au Canergie Hall, le à 15 h, le chef d'orchestre Bruno Walter, grippé, ne peut diriger son orchestre ; la baguette est finalement confiée à un inconnu. Il s'agit d'un jeune assistant chef d'orchestre du New York Philharmonic. Il obtient un énorme succès sur place et sur les ondes, le concert étant retransmis par la radio. Ainsi commença la carrière publique de Leonard Bernstein[15],[16].
- Florence Foster Jenkins, le [17].
- Billie Holiday, le 27 mars 1948 et le 10 novembre 1956[18].
- Édith Piaf, le et en 1957[19].
- Herbert von Karajan, le [20].
- Maria Callas, le [9].
- Judy Garland, le , enregistré sur l'album Judy at Carnegie Hall[9].
- Miles Davis, le et le ; l'album Dark Magus y est enregistré[21].
- The Dave Brubeck Quartet, le [22].
- Pete Seeger, le ; le disque We Shall Overcome (en), y est enregistré.
- Bob Dylan, en 1963[23].
- Nina Simone, en 1963 ; le disque Nina Simone at Carnegie Hall y est enregistré[24].
- Charles Aznavour, le [25].
- The Beatles, le [9].
- Manitas de Plata, en décembre 1965[26].
- Jacques Brel, en et en [27],[28].
- Simon and Garfunkel, le [29].
- Melanie Safka, le ; le disque Leftover Wine y est enregistré. Les 2 et , le disque Melanie Live at Carnegie Hall y est enregistré ; le .
- Frank Zappa & The Mothers of Invention, le , pour deux concerts[30].
- Bill Withers, les [31], [32], [33].
- Pink Floyd, le [34].
- The Beach Boys, le [35].
- Shirley Bassey, le [36].
- Bernard Peiffer, en 1974 ; album The Newport Jazz Festival et un enregistrement en 1975.
- Mireille Mathieu, en 1975 et 1982.
- Le « Concert du siècle » (classique) pour le 85e anniversaire du Carnegie Hall, le : Leonard Bernstein, Dietrich Fischer-Dieskau, Vladimir Horowitz, Yehudi Menuhin, Mstislav Rostropovitch, Isaac Stern, le New York Philharmonic... ; ce concert a donné lieu à un enregistrement, republié en CD par Sony[37].
- Dalida, en [38].
- Stevie Ray Vaughan, le [39].
- Thierry Le Luron, le [40].
- Violetta Villas, en [41].
- Buena Vista Social Club, le ; un double CD At Carnegie Hall, enregistré ce jour, sort 10 ans plus tard[42].
- Tammy Wynette, le ,
- Youssou Ndour, le [43].
- The Chieftains et la Kevrenn Alré, le [44].
- Denis Matsuev, le : 2e concerto pour piano de Tchaikovski..
- Daniil Trifonov, le [45].
La pédagogue italienne Maria Montessori y donna une conférence en 1913[46].
Notes et références
- ↑ Pianist Magazine, « Carnegie Hall : History of one of America's greatest concert venues », Pianist Magazine, (lire en ligne )
- ↑ (en) « Carnegie Hall : History of one of America's greatest concert venues », (consulté le )
- ↑ « Visiter le Carnegie Hall comme si vous étiez ! », sur New York City.fr, .
- ↑ « Le concert du (XXe) siècle », France Musique, 30 novembre 2013.
- ↑ « Carnegie Hall, New York City, États-Unis », sur HiSoUR Art Culture Histoire, (consulté le )
- ↑ « Guide du Carnegie Hall à New York », sur Imagine New York, (consulté le )
- ↑ Scott Eyman, Empire of Dreams: The Epic Life of Cecil B. DeMille, page 35 édition Simon and Schuster, 2010, 592 pages.
- ↑ « Carnegie Hall - New World Encyclopedia », sur www.newworldencyclopedia.org (consulté le )
- 1 2 3 4 5 Site officiel du Carnegie Hall
- 1 2 (en) « When Ravel Met Gershwin », carnegiehall.org (consulté le 16 novembre 2018).
- ↑ (en) JOHN S. WILSON, « MUSIC: HANDY'S NIGHT, 50 YEARS LATER », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne)
- ↑ « Benny Goodman à Carnegie Hall », sur RFI Musique, .
- ↑ Alex Dutilh, « Jazz au Trésor : From Spirituals to Swing, Carnegie Hall 1938-39 », sur France Musique, (consulté le )
- ↑ (en-US) « The Duke Elington Carnegie Hall Concerts, January 1943 - Duke Ellington, Duke Ellington & His Orchestra | Songs, Reviews, Credits », sur AllMusic (consulté le )
- ↑ (en) « The Debut Concert », Leonard Bernstein, comme raconté à Burton Bernstein, leonardbernstein.com (consulté le 25 août 2018).
- ↑ Image d'un article de journal anglophone racontant l'histoire, leonardbernstein.com (consulté le 25 août 2018).
- ↑ (en) Donald Collup et Gregor Benko, Florence Foster Jenkins: A World of Her Own, DVD, 2008.
- ↑ « Billie Holiday: 1956 at the Carnegie Hall. The Essential Billie Holiday » [archive du ]
- ↑ Hugues Vassal, Dans les pas de... Édith Piaf, Univers poche, 30 mai 2013.
- ↑ (en) Howard Taubman, « Music: Berlin Orchestra; Von Karajan Conducts at Carnegie Hall », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne)
- ↑ « Great Albums You May Have Missed: Miles Davis Dark Magus (1997) », sur The New York Public Library (consulté le )
- ↑ (en) All About Jazz, « The Dave Brubeck Quartet: At Carnegie Hall », sur All About Jazz (consulté le )
- ↑ (en-US) « Live at Carnegie Hall 1963 - Bob Dylan | Songs, Reviews, Credits », sur AllMusic (consulté le )
- ↑ « The Nina Simone Database - 1963 New York Carnegie Hall », sur boscarol.com (consulté le )
- ↑ « Charles Aznavour - On n'est pas couché 13 décembre 2008 », chaine YouTube officielle de l’émission (à partir de 5.18 min), mise en ligne le 25 novembre 2014.
- ↑ « Biographie de Manitas De Plata », sur Universal Music France (consulté le )
- ↑ « De Paris à Bruxelles, on n'oublie rien de Brel le Belge », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le )
- ↑ France-Amérique, « Tournée d'hommage à Jacques Brel recherche salle de concert à New York », sur France-Amérique, (consulté le )
- ↑ New York Magazine du 1er décembre 1969.
- ↑ (en) « Carnegie Hall », sur Zappa.com, (consulté le )
- ↑ New York Magazine du 29 novembre 1971, page 22.
- ↑ New York Magazine du 9 octobre 1972, page 21.
- ↑ New York Magazine du 25 octobre 1976, page 27.
- ↑ New York Magazine, 1er mai 1972.
- ↑ New York Magazine, 20 mars 1972.
- ↑ New York Magazine du 3 juin 1974, page 27.
- ↑ (en) « Live from Carnegie Hall: Concert of the Century », carnegiehall.org, 15 septembre 2010.
- ↑ (en) « Dalida at Carnegie Hall in New York (29.11.1978) »,
- ↑ (en-US) « Live at Carnegie Hall - Stevie Ray Vaughan & Double Trouble, Stevie Ray Vaughan | Songs, Reviews, Credits », sur AllMusic (consulté le )
- ↑ Virginie de Clausade, De bruit et de fureur, Paris, Place des éditeurs, , 198 p. (ISBN 978-2-259-25241-6, lire en ligne), chapitre 1
- ↑ (en) « Coloratura soprano, cabaret star Violetta Villas dies at 73 », sur Washington Post (consulté le )
- ↑ R. Robert, « Le disque du jour : Buena Vista Social Club, "At Carnegie Hall" », sur Les Inrocks.com,
- ↑ (en) « About Youssou N'Dour », nonesuch.com (consulté le 24 août 2018).
- ↑ « Festival interceltique. La Kevrenn Alré retrouve les Chieftains », sur Le Telegramme, (consulté le )
- ↑ (en) « Daniil Trifonov, Piano », carnegiehall.org, 9 février 2019.
- ↑ Thomas Saintourens, « Maria Montessori, une vedette américaine », sur Le Monde, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Richard Schickel, The World of Carnegie Hall, 1960.
Liens externes
- (en) Site officiel
- Ressources relatives au spectacle :
- (en) Carthalia
- (en) Internet Broadway Database
- Ressource relative à l'architecture :
- Ressource relative à la géographie :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :