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Cartel de Cali
Image illustrative de l’article Cartel de Cali
Photos de membres du Cartel de Cali.

De haut en bas et de gauche à droite :

Gilberto Rodríguez Orejuela
Miguel Rodríguez Orejuela
José Santacruz Londoño
Helmer "Pacho" Herrera-Buitrago
Henry Loaiza-Ceballos
Victor Patiño-Fomeque

Date de fondation années 1970
Fondé par Miguel Rodriguez Orejuela et Gilberto Rodríguez Orejuela, et José Santacruz Londoño alias "Chepe"
Lieu Cali
Années actives années 1970–1996
Activités criminelles Trafic de stupéfiants, blanchiment d'argent, racket
Alliés Cartel de Guadalajara
Cartel de Juárez
Cartel du Golfe
Los Pepes
Camorra[1]
Rivaux Cartel de Medellín
Cartel du Norte del Valle

Le cartel de Cali est une organisation mafieuse colombienne de narcotrafiquants basée autour de la ville de Cali. Il a été créé par les frères Rodriguez Orejuela : Miguel et Gilberto, et José Santacruz Londoño alias « Chepe » pendant les années 1970.

Ceux-ci prennent leur indépendance de Pablo Escobar et du cartel de Medellin pendant les années 1980 quand Hélmer Herrera alias, « Pacho », les rejoint en tant qu'associé.

Le cartel de Cali est surnommé « l'organisation criminelle la plus puissante de l'histoire devançant le cartel de Medellin » par la DEA, avec de nombreux mercenaires, espions et liens avec le gouvernement. La ville entière de Cali était alors couverte par un vaste réseau de surveillance que le cartel avait mis en place, et la police locale lui était inféodée. À la différence d'autres cartels, celui de Cali était composé de plusieurs hommes d'affaires légitimes et de maints entrepreneurs[2].

Selon certaines estimations, le Cartel de Cali, dans sa période florissante, a contrôlé jusqu'à 90 % des exportations de cocaïne de Colombie vers les États-Unis et 80 % vers l'Europe[3]. Au milieu des années 1990, il brassait 7 milliards de dollars chaque année. Il disposait également d'une grande influence dans les milieux politiques en y injectant d'importantes quantités d'argent, principalement données au Parti libéral, mais aussi dans une moindre mesure au Parti conservateur[4].

Histoire

Nettoyage social

Le Cartel de Cali a participé à des opérations de « nettoyage social », tuant des centaines d'« indésirables ». Ces derniers comprenaient les prostituées, les enfants des rues, les petits voleurs, les homosexuels et les sans-abri. Le Cartel a formé des escadrons de la mort, dénommés « grupos de limpieza social », qui assassinèrent des centaines d'entre eux. De nombreux corps des personnes tuées ont été retrouvés dans le Río Cauca[5].

Guerre contre les guérillas

Dans les années 1990, les Forces armées révolutionnaires de Colombie procèdent à l’enlèvement de narcotrafiquants dans l'intention de rançonner le cartel de Cali. Celui-ci réagit par des enlèvements ou assassinats de militants de gauche afin de forcer la guérilla à ne plus s'attaquer au narcotrafic[6].

Élimination de Pablo Escobar

En 1992, les chefs du Cartel de Cali rencontrent un représentant du président César Gaviria, le procureur général Gustavo de Greiff et les chefs de la Police nationale colombienne pour constituer un Bloc de recherche afin de traquer et tuer Pablo Escobar. Le Cartel de Cali finance alors un réseau d'écoutes téléphoniques et le développement d'une technique de localisation électronique. Localisé en , Escobar est tué par un commando de dix policiers, qui reçoivent chacun un million de dollars du cartel[7].

Démantèlement du cartel

Le démantèlement du Cartel de Cali se déroule parallèlement à l'évolution de la Procédure 8000 (es), qui dévoile les relations entre le Parti libéral, dont était issu le gouvernement, et les cartels de drogue. Pour certains observateurs, le cartel se serait délibérément laissé démanteler afin de fournir au gouvernement des « gages » de sa bonne foi dans la lutte contre le narcotrafic (plusieurs ministres et le président Ernesto Samper lui-même étaient directement compromis dans les révélations) en échange de conditions de détention privilégiées, de promesses de non-extradition et de la possibilité pour eux de profiter de leur fortune après leur libération[7]. Le principal adversaire d'Ernesto Samper, Andrés Pastrana, aurait également bénéficié du financement du Cartel de Cali selon les déclarations de l'ancien président colombien César Gaviria[8].

Le scandale est provoqué peu après l'élection présidentielle de juin 1994 par la divulgation d'un enregistrement audio dans lequel les frères Miguel et Gilberto Rodriguez évoquent leur soutien financier au candidat libéral, élu président, Ernesto Samper. Le , les États-Unis émettent une « certification conditionnée » pour la Colombie[9], lui reprochant de ne pas combattre sérieusement le narcotrafic. Dès le lendemain, Jorge Eliécer Rodriguez, frère de Miguel et Gilberto, est arrêté. En juin, le président du Parti libéral, Eduardo Mestre, est incarcéré et une dizaine de parlementaires mis en cause pour leurs rapports avec le Cartel de Cali. Le , Gilberto Rodriguez est arrêté. Le , José Santacruz est arrêté, alors que la revue Semana, quelques jours auparavant, faisait état d'un coup d’État militaire en préparation[7]. Le , le trésorier du Parti libéral Santiago Medina est arrêté, reconnaissant avoir touché des sommes considérables du Cartel et met également en cause le Président et son bras droit, le ministre de la Défense Fernando Botero. Le , l’enregistrement d'une conversation téléphonique entre Ernesto Samper et Elizabeth Montoya, membre du Cartel de Cali, est divulgué. Le lendemain, Miguel Rodriguez est arrêté.

Condamnations :

Estradés aux Etats-Unis entre 2004 et 2005, les frères Rodriguez acceptent en 2006 une peine de 30 ans de prison avec confiscation de leurs biens à la condition que les membres de leur famille ne soient pas inquiétés et puissent, si ils le souhaitent, venir s'installer aux Etats-Unis[10].

En 2006, les exportations de cocaïne en provenance de Colombie vers les Etats-Unis étaient évaluées à 800 tonnes par an soit 200 fois la cargaison annuel à l'époque du Cartel de Cali[10].

Le Cartel de Cali est remplacé dans les années suivantes par le Cartel du Norte Del Vallee[10] contre lequel la Colombie va réactiver le Bloc de Recherche en 2004.

Culture populaire

  • Le livre El cartel de los sapos (Le cartel des crapauds[Note 1]) de l'auteur Andrés López López met en scène les trafiquants du Cartel de Cali.
  • La série télévisée El Cartel diffusée sur Caracol Televisión se base sur ce livre colombien à succès.
  • Le rappeur français MC Solaar en parle également dans sa chanson Gangster Moderne. Il y fait d'ailleurs de nombreuses allusions à l'univers du trafic de drogue colombien.
  • La rivalité entre Pablo Escobar et le Cartel de Cali est une des trames majeures de la telenovela colombienne Pablo Escobar, le patron du mal.
  • Dans le film Paradise Lost, la rivalité entre le Cartel de Cali et le Cartel de Medellín est évoquée.
  • La série Narcos (durant les saisons 1 et 2) diffusée sur Netflix fait allusion au Cartel de Cali et sa rivalité avec celui de Medellìn lorsque Pablo Escobar en était le chef. La saison 3 de la série suit la montée en puissance du cartel de Cali à la suite de la mort de Pablo Escobar, jusqu'à sa chute.

Notes et références

Notes

  1. En argot colombien, « sapo », littéralement « crapaud », signifie « mouchard » — Joaquim Ibarz, Courrier international, « Plus belle la vie des mouchards », , lire en ligne, (consulté le 09-01-2020).

Références

  1. (en) Ron Chepesiuk, « US author tells of European connection to cartel featured in hit series Narcos », sur The Irish News, (consulté le )
  2. Nicaso Antonio et Lee Lamothe, Trafic de drogue. Voyage dans le monde des motards et des narcoterroristes, Montréal, Éditions de l'Homme, 2006, page 181.
  3. Illegal drug trade - The War on Drugs par Heinz Duthel.
  4. « EL 8.000 DIA A DIA », sur www.semana.com.
  5. Manuel Castells, L'Ère de l'information. Vol. 3, Fin de millénaire, Fayard,
  6. « GUERRA ENTRE FARC Y CARTEL DE CALI - Archivo Digital de Noticias de Colombia y el Mundo desde 1.990 - eltiempo.com », eltiempo.com, (lire en ligne).
  7. 1 2 3 Ingrid Betancourt, La rage au cœur, Éditions XO,
  8. (es) « César Gaviria dice que los dineros del narcotráfico financiaron campaña de Pastrana », ELESPECTADOR.COM, (lire en ligne, consulté le )
  9. Les États-Unis notent les pays en voie de développement et ces notes, attribuées selon la façon dont ces pays donnent satisfaction aux requêtes des États-Unis, conditionnent une éventuelle aide économique.
  10. 1 2 3 Delcas Marie, « Les anciens parrains du cartel de Cali condamné à trente ans de prison à miami » Accès libre, sur https://www.lemonde.fr, (consulté le )

Liens externes