1230 – vers 1600
Statut | Monarchie |
---|---|
Capitale |
Identification discutée[1] Dakadjalan Niani Kangaba |
Langue(s) | Mandingue |
Religion |
Islam Religions traditionnelles africaines |
Monnaie | Or |
Superficie | |
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• 1250[2] | 100 000 km² |
• 1312 | 1 294 000 km² |
• 1380 | 1 100 000 km² |
• 1500 | 400 000 km² |
~1235 | Établissement. |
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1559 | La capitale passe de Niani à Kangaba. |
~1610 | Subdivision territoriale entre les enfants de Mahmud IV. |
1670 | Sac de Niani par le Royaume bambara de Ségou. |
~1235 – ~1255 (1er) | Soundiata Keïta |
---|---|
1312 – 1337 | Kankou Moussa |
~1590 – ~1600 (der) | Mahmud IV |
Entités précédentes :
- Empire du Ghana
- Empire de Gao
Entités suivantes :
- Empire songhai
- Empire du Djolof
- Empire du Gaabu
- Royaume Denanke
L’empire du Mali, ou Empire mandingue, est un État africain médiéval. Fondé au XIIIe siècle par Soundiata Keita, il connut son apogée au XIVe siècle. Il serait à l'origine de la charte du Manden. Il s’étendait et englobait de grandes parties des actuels Mali, Burkina Faso, Guinée, Sénégal, Gambie.
Sources
Les sources concernant l'histoire de l'empire du Mali sont peu nombreuses, équivoques et lacunaires, ce qui explique que son histoire soit encore discutée.
Écrites
Elles sont de deux types : les sources écrites extérieures, les seules jusqu'au XVIe siècle et des sources écrites locales à partir du XVIe siècle qui émanent des cercles lettrés de la boucle du Niger. Les premières englobent les écrits des voyageurs et compilateurs arabes et berbères, essentiellement Al Bakri au XIe siècle et Al Umari, Ibn Battuta et Ibn Khaldoun au XIVe siècle. Les secondes sont le Tarikh es-Soudan et le Tarikh al-Fattach, chroniques/histoire des Noirs et chronique du chercheur, qui apparaissent après la conquête de l'empire songhaï par les Marocains et qui traitent un peu du Mali.
Les récits des voyageurs portugais et espagnols apportent des informations sur un royaume du Mali plus tardif et qui a alors beaucoup régressé. On peut donc contester leur légitimité à parler de l'empire du Mali car celui ci se serait au fil du temps désagrégé sous la pressions des révoltes des vassaux puis transformé en royaumes morcelés indépendant entre eux vers la fin de l'Empire avec le dernier Mansa connu de source écrite Mahmud IV vers 1600 ou 1630.
Orales
Eu égard à la place qu'occupaient les jeli (griots) à la cour malienne, et étant donné que cette fonction sociale existe toujours, les traditions orales occupent une grande place dans les études sur le Mali ancien. Elles n'ont pas fait l'objet d'un recueil général et d'une publication groupée qui permettraient des études comparatives. Elles sont censément fixées et transmises de génération en génération de façon formalisée mais elles varient d'un village à l'autre, d'une région à l'autre et, par le recueil précoce de ces traditions aux premières heures de la colonisation, il est possible de voir qu'elles ont subi aussi des altérations dans le temps.
Elles sont donc sujettes à caution et il ne faut pas y voir un réservoir brut d'informations historiques car elles reflètent des enjeux sociaux et informent davantage sur les représentations des sociétés au sein desquelles elles ont émergé.
La tradition la plus connue est celle relatant l'ascension au pouvoir de Soundiata Keïta qui a fait l'objet de nombreuses publications, dont Sunjata ou l'épopée mandingue de D.T. Niane ainsi que les travaux de l'historien Youssouf Tata Cissé, du griot Wa Kamissoko et de Siriman Kouyaté pour des écritures de la charte du Manden, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco mais dont l'ancienneté est contestée.
Études archéologiques
Peu d'études archéologiques sont disponibles. La plus importante, les fouilles de Filipowiak à Niani, en 1965, 1968 et 1973, n'a pas donné de résultat probant pour la période médiévale (XIIIe-XVIe siècle).
Étymologie
L'étymologie du nom « Mali » n'est pas claire. Les habitants de l'Empire ont toujours appelé leur pays Manden ou Mandé et non Mali.
En bambara-malinké, « man » désigne le lamantin en et « den » veut dire « enfant » : « manden » signifie donc « enfant du lamantin ».
Dans les sources arabes, il est fait référence à l'empire du Malel, Malal, Melli ou Mali[3], sans indication sur la signification de ce terme.
Les Peuls (ethnie nomade présente au Mali depuis la création de l'empire) appellent les habitants du Manden : « Malinké », littéralement « la bonne chance ». Le pays est donc appelé Manden par ses habitants, les Mandenka, et nommé Mali ( « conclure un arrangement », « porter chance ») par les Peuls, qui désignent ses habitants sous le nom de Malinké, « ceux qui portent chance ».
Mali, en bambara, veut dire aussi « hippopotame »[4]. Il s'avère que cet animal se plaît particulièrement au sud du pays, là où habitent les Malinkés et les Bambaras.
Géographie
L'empire du Mali s’étendait entre le Sahara et la forêt équatoriale, l'océan Atlantique et la boucle du Niger soit sur les actuels Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Burkina Faso, Côte d'Ivoire et la Mauritanie[3].
Il était un carrefour important entre les peuples nomades du Sahara et les peuples de l'Afrique noire équatoriale.
Son économie reposait sur l'agriculture, l'artisanat, l'exploitation des mines d'or et le commerce de l'ivoire vers le bassin méditerranéen.
Capitale de l'empire du Mali
Les capitales de l'empire du Mali étaient Dakadjalan, Niani et Kangaba gouvernée par le clan Keïta, dépositaire de l'héritage de Soundjata Keïta de la lignée Impériale Keïta du Mali.
Les sources relatives à la capitale du royaume du Mali
Il existe plusieurs types de sources qui nous renseignent sur la capitale.
Les sources écrites des géographes arabes et des Tarikh
Pour la période de l'apogée du royaume (XIIIe-XVe siècle) nous disposons des récits de trois géographes et voyageurs arabes. Tout d'abord al-Umari[5] (1301-1349) nous livre des informations sur la ville qui datent d'avant 1340 par le biais d'un informateur. Le géographe suivant est Ibn Battûta (1304-1368). Sa relation est la plus importante concernant l'histoire du royaume du Mali en général. C'est le seul à s'être rendu dans le Sahel au cours d'un voyage débuté en et achevé en . Il séjourna huit mois dans la capitale et nous donne des informations très précises sur la structure de la ville. La description de son trajet pour s'y rendre comporte de nombreuses zones d'ombre et demeure le point le plus interprété par l'historiographie[6]. Enfin, le dernier grand auteur pour cette période est Ibn Khaldoun (1332-1406) qui a recueilli des informations depuis le Caire. Notons que les traductions et éditions des manuscrits, quand elles le donnent, comportent toutes un nom différent pour désigner la capitale.
On retrouve le même problème dans les chroniques (Tarikh) des XVIe et XVIIe siècles, respectivement le Tarikh es-Soudan d'Abderrahmane Es Saâdi et le Tarikh el-fettach de Mahmud Kati qui retracent l'histoire de l'empire du Songhay mais accorde une petite place à l'histoire du royaume du Mali.
Ainsi, finalement pour le nom de la capitale, il existe plusieurs traductions et vocalisations (Malli, Byty, Bini, Bani, Yani', liste non exhaustive). Dès lors, on ignore si tous ces noms renvoient au même lieu ou désignent la même capitale.
Les sources orales et archéologiques
Il n'est pas exact de parler de sources archéologiques pour la capitale puisque, à ce jour elle n'a pas été encore retrouvée. Cependant plusieurs sites apparaissent dans l'historiographie. Niani-Madugu, Mani-Koura ou Mali-Tombo, et enfin Niani, petit village près du fleuve Sankarani dont le site archéologique a été fouillé lors de trois campagnes en 1965, 1968 et 1973. Ce dernier site fait l'objet d'un développement ci-dessous.
Enfin le dernier type de source concerne les traditions orales, récits formalisés dont la transmission est assurée par la caste des jeli déjà présente sous le royaume du Mali et toujours présente dans certains villages du Mali aujourd'hui, dont le plus connu est Keyla.
Les premières hypothèses (1841-1912)
Cooley[7], géographe anglais, est le premier à émettre en 1841 une hypothèse sur la capitale. Il la situe près du village de Samee, près du fleuve Joliba. Binger, officier français qui traversa le Sahel, donne en 1892 une localité toute différente, le site de Nianimadougou, près de Yamina. Ces hypothèses ont en commun la rive gauche du fleuve Niger. Elles n'ont pas été reprises par l'historiographie[8].
C'est Maurice Delafosse qui le premier donne une vraie consistance au sujet. En 1912, dans son ouvrage Haut-Sénégal-Niger, il donne raison à Binger dans un premier temps, avant de s'orienter vers une nouvelle hypothèse qui s'est imposée comme un paradigme sur la question.
Niani est la capitale du Mali (1923-1958)
C'est la période où les publications sur la question de la capitale atteignent leur apogée. Les administrateurs coloniaux, Delafosse tout d'abord, puis Vidal et Gaillard par la suite, établissent, par une série d'articles, un lien formel entre le nom de Niani du site près du Sankarani, et le nom présent dans les sources écrites. Un paradigme s'est formé et il est clairement un lien causal fort des fouilles archéologiques qui se sont opérées à Niani.
Les campagnes archéologiques à Niani (1965-1973)
Le Polonais Filipowiak a mené les campagnes de fouilles sur ce site. Il a été assisté du spécialiste de l'histoire du Mali, D. T. Niane, et entretenait une correspondance avec Raymond Mauny le spécialiste français du Soudan médiéval, professeur en Sorbonne. À l'issue des fouilles, il a publié en 1979 un ouvrage qui présente les conclusions de ses travaux, Études archéologiques sur la capitale médiévale du Mali. Il y affirme avoir trouvé la capitale du royaume du Mali. La remise en cause des résultats de Wladislaw Filipowiak arrive vite. En effet, les conclusions de ses travaux sont connues avant la sortie de son livre. Meillassoux et Hunwick, en reprenant l'itinéraire d'Ibn Battuta, proposent de nouvelles localisations. Raymond Mauny avant eux[9] avait pointé les contradictions des écrits de Filipowiak avec les résultats des analyses au carbone 14.
Vers la remise en cause du site de Niani comme capitale, le renouvellement des hypothèses
Face à cette impasse des tentatives de retrouver la capitale à l'âge d'or, les historiens se tournent vers la capitale primitive (Conrad, Greenn) et utilisent désormais des termes plus neutres, comme « cour des Mansa » ou « cour royale des Mansa », pour supplanter le terme de « capitale » étant donné que les dernières hypothèses tendent à envisager le caractère mobile ou nomade de la cour entre plusieurs villes (idée véhiculée par la communauté historienne anglo-saxonne)[10]. La question reste donc en suspens, les sites ayant été étudiés n'ayant pas donné de résultats probants. La capacité heuristique du travail des sources semble entamée, ce qui explique un certain abandon de la question. Peut-être faut-il redéfinir l'espace et les études pour relancer les prospections sur de nouvelles aires.
Organisation de la dynastie impériale Keïta
Sur le plan politique
L'empire du Mali était une confédération constituée des États tributaires et des provinces. Les provinces étaient dirigées par des gouverneurs appelés Farins ou Farba, et il y avait un vizir, qui assumait les fonctions de premier ministre. L'empereur était secondé par un conseil des anciens (chefs militaires, civils et marabouts). Toutes les décisions politiques et administratives étaient prises en conseil.
Il n'y avait pas de règles précisément écrites attestant du mode de transmission du pouvoir en raison de la prédominance de la tradition orale, mais certains exemples nous permettent de connaître les critères d'éligibilité au trône Impérial du temps de la gouvernance des Mansa à savoir :
- Appartenir à la dynastie Keïta : parfois le frère du Mansa pouvait accéder au Trône, parfois le fils du souverain défunt succédait.
- Être un descendant Keïta immédiat en ligne féminine directe d'une princesse Keïta comme pour le cas du 5ème Mansa Abu Bakr Keïta, fils d'une des filles de Soundjata Keïta.
- Se faire élire Mansa pour ses capacités à régner après vote du conseil de la Barga (conseil des anciens) uniquement sur décision des anciens.
Le point certain et le critère commun pour un prétendant au trône impérial, au vu de tous les modes de transmission du pouvoir évoqués ci-dessus, serait de faire partie de la Dynastie Impériale par le sang, en lignée masculine ou féminine pour un descendant immédiat, et d'être adoubé par l'Assemblée constitutive (la Barga).
Ce mode de transmission diffère de celui traditionnellement retrouvé en Europe pour les dynasties royales ou impériales par primogéniture mâle, mais il trouverait son essence dans la succession traditionnelle observée au Mali avant l'islamisation générale de l'Empire. À certaines époques l'on pouvait constater que le régime de transmission pouvait changer comme sous le règne de Kankou Moussa où le système était passé matrilinéaire. Kankou Moussa signifie « Moussa, fils de Kankou Hamidou » en référence à sa mère, les Malinkés étant à cette époque une société matrilinéaire ; d'autres variantes de ce nom sont Kankou Moussa, Kanga Moussa et Kankan Moussa.
Le Système Impérial serait donc quasi calqué sur une monarchie élective comme pour le Saint Empire Romain Germanique, avec un grand conseil composé d'électeurs du clan Keita, de chefs de guerre, de vieux sages parmi les hautes sphères et de notables. L'adoubement était donné par le chef du conseil, en général un « haut chef Keïta » qui rendait la sentence. Cela était un parfait exemple de démocratie « médiévale » comme pour la rédaction de la première constitution pour la société avec la charte de Kurukan Fuga enregistrée au patrimoine de l'UNESCO en 2009. Mais ce système n'a pas toujours été respecté comme pour le cas du Mansa Sakoura, esclave affranchi puis général ayant effectué un coup d'état qui a régné pendant 10 ans et étendu le territoire de l'empire avant d'avoir été renversé par un descendant Keïta.
Dans les années 1960 Cheikh Anta Diop l’illustre savant-scientifique sénégalais, dans son fameux ouvrage L’unité culturelle de l’Afrique noire : domaines du patriarcat et du matriarcat dans l’antiquité classique, affirme avec conviction que les sociétés africaines étaient essentiellement matriarcales.
Composition du Grand Conseil
L'Assemblée constitutive – le Premier Grand Conseil de l'Empire – est réunie à Kouroukafouga (Kangaba) vers 1235 et Soundiata Keïta est élu après un coup d'État contre un Kanté avec pour programme : « Que ceux qui font la guerre, fassent la guerre, que ceux qui font du commerce, fassent du commerce, que ceux qui pratiquent l'agriculture fassent de l'agriculture, ainsi le mandé sera agréable à vivre. »
- Abolition de l'esclavage entre Malinkés
- Réformes administratives
Composition
- Un représentant et porte-parole du roi, président (Balafasen Kuyate en 1235) nom de famille aujourd'hui en tant que « Kouyate » djélis du clan des Keïta.
- Dix représentants de chefs de guerre dont le roi
- Cinq sages marabouts
- Cinq représentants d'hommes de castes : c'est-à-dire des forgerons, des artisans, des commerçants, des esclaves, des granke
- Dix femmes et sorcières
- Dix niangas
Sur le plan économique
L'Empire était devenu prospère grâce aux mines d'or, de cuivre, la vente d'esclaves et un grand commerce transsaharien. Cette prospérité entraîna le progrès des villes telles que Oualata, Tombouctou, Djenne et Niani.
Sur le plan social
La famille étendue (Maisons/Clans) était la base de l'organisation sociale. La société était composée de nobles, d'hommes libres et de prisonniers.
Sur le plan religieux
Tous les empereurs de l'empire mandingue étaient musulmans. La religion officielle était l'islam. L'empereur était musulman, mais la plupart des personnes vivant dans cet empire étaient animistes. Le peuple acceptait l'islam de l'empereur comme un attribut de sa force magique. De son côté, l’empereur n'a jamais eu la volonté de convertir la population. En effet, dans la société médiévale malinké, le commerce des prisonniers était source de revenus lors des guerres. Or, l'esclavage entre musulman est interdit en islam. De ce fait, il n'y eut jamais de tentative de conversion.
Histoire
Les origines
La région du Manding (ou Mandé) était divisée en trois provinces dirigées par les clans malinkés : les Condé régnaient sur la province du Do, les Camara sur le Bouré et les Keita Konaté alliés aux Traoré dans le Kiri. Vers 1050, le clan des Keita Konaté l’emporte sur les autres. Ils se convertissent à l’islam et refusent la soumission à l’empire du Ghana.
À la fin du XIIe siècle, règne sur le manding Naré Maghann Konaté, père de Soundiata Keita. Il a pour résidence Dakadjalan[11](vieux Manding). Il cherche à s’allier avec les royaumes voisins afin de s’opposer aux nomades venant du Sahara afin de capturer des esclaves.
Au nord, Soumaoro Kanté, roi du Sosso conquiert les petits royaumes voisins au XIIIe siècle et constitue une armée très disciplinée. Voulant contrôler les mines d’or, Soumaoro Kanté attaque le Manding.
Soundiata Keïta
La vie de Soundiata Keïta est connue par la tradition orale rapportée par les griots : sous la forme d'une épopée légendaire, elles en font un héros-fondateur. Néanmoins de brèves mentions du personnage et du contexte géopolitique à l'époque de son règne chez deux auteurs arabo-berbères du XIVe siècle (Ibn Khaldun et dans une moindre mesure Ibn Battuta), ainsi que dans les chroniques écrites du XVIIe siècle, confirment qu'il fut bien un personnage historique et corroborent certains faits évoqués dans les sagas orales.
En difficulté devant les attaques de Soumaoro Kanté, les Malinkés font appel à Soundiata Keïta. Selon la tradition racontée par les griots, Soundiata Keïta serait né handicapé et ce n’est que tard qu’il aurait pu marcher. Il aurait été persécuté par son frère aîné Dankaran Tuman, ce qui l'aurait poussé à s’exiler à Néma.
Vers 1230, il devient roi et il réunit les clans malinkés à Siby. Selon les traditions orales, il aurait organisé une armée composée de dix mille cavaliers et de cent mille fantassins et entrepris la guerre contre le roi du Sosso. Après plusieurs batailles, c’est vers 1235 que Soundiata Keïta vainc l’armée de Soumaoro à Kirina. Selon la légende, Soumaoro disparaît dans les montagnes autour de Koulikoro. Sundjata Keïta conquiert alors tous les royaumes de la région qu’il unifie pour former l’empire du Mali. Il est proclamé « Mansa » ce qui signifie « Roi des rois ». Il met en place une organisation administrative et militaire. La population est répartie en 30 clans : 16 clans d'hommes libres ; 4 clans de griots ; 5 clans maraboutiques , et 5 clans d'artisans. Pour rassembler ces clans, il instaure le système de parenté à plaisanterie. Il met en place deux gouvernements militaires au Nord à Soura et au Sud à Sankaran. Il établit la capitale de l’Empire à Niani.
Après ces conquêtes, le règne de Soundiata Keïta est connu pour être une époque de paix, de prospérité et de liberté à la suite de la proclamation de la Charte du Manden[11]. L’empire du Mali regroupait alors des populations issues de différentes ethnies: Malinkés, Soninkés, Jallonké, Peuls,Wolofs, Toucouleurs, Sereres, Bainouks, Diolas, Manjaques, Balantes, Mancagnes, Bambaras, Khassonkés, Koniankés, Mahous, Diakhankés, l'ethnie dominante était les malinkés.
Soundiata Keïta meurt vers 1255, mystérieusement, Wa Kamissoko dit qu'il est par vieillesse à Dakadjalan d'autres de noyade. Selon la légende, il se serait transformé en hippopotame.
Les successeurs de Soundiata Keïta
À la mort de Soundiata Keïta, plusieurs de ses fils lui ont succédé : Ouali Mansa wullen (vers 1255 - vers 1270), Ouati (vers 1270 - vers 1274), Khalifa (vers 1274 - vers 1275). Ensuite, c’est Abu Bakr (Abubakar I) (vers 1275 - 1285), petit-fils de Soundiata Keïta qui prend le trône.
Après la mort de ce dernier, Sakoura, qui ne fait pas partie de la lignée des Keïta, s’empare du trône et règne pendant 15 ans, de 1285 à 1300 pendant lesquels il va consolider l’Empire.
À sa mort, les descendants de Soundiata Keïta retrouvent le pouvoir avec Gao (vers 1300-1305), puis le fils de ce dernier, Mohammed ibn Gao (vers 1305-1310), enfin son neveu Aboubakri II (vers 1310-1312).
Aboubakri II est devenu célèbre en lançant deux expéditions pour connaître les limites de l’océan. En effet, Ibn Fadl Alla Al Omari[12] rapporte qu'Aboubakry II aurait d'abord équipé deux cents « navires » en vue d'explorer l'autre rive de l'océan Atlantique ; dont aucun équipage ne serait revenu. Puis il en affréta deux mille autres dont il prit le commandement, mais ne revint jamais de son expédition[13]. La tradition malinké le considérant alors comme mort, ce qui en justifia la succession, en l'occurrence, par son fils Kankou Moussa ou Kangou Moussa ou encore KanKan Moussa.
- Soundiata Keïta (1240-1255)
- Ouali Keïta (1255-1270) son fils ;
- Ouati Keïta (1270-1274) son frère ;
- Khalifa Keïta (1274-1275) son frère ;
- Abu Bakr Konaté - Keïta (1275-1285), fils d'une princesse Keïta ;
- Sakoura, usurpateur au trône ayant pris le pouvoir par la force (1285-1300)
- Gao Keïta (1300-1305), fils de Ouati ;
- Mohammed ibn Gao Keïta (1305-1310) son fils ,
- Aboubakri II Keïta (1310-1312) petit-fils de Soundiata.
Kankou Moussa
Vers 1312, Kankou Moussa (aussi appelé Kango Moussa, Kankan Moussa ou Mansa Moussa), arrive au pouvoir. C’est sous son règne que l’empire du Mali atteint son apogée : de l'Adrar des Ifoghas à l'estuaire de Gambie.
En 1324, il effectue un pèlerinage à la Mecque dont la tradition et les sources arabes[12] garderont le souvenir des fastes : accompagné de milliers de serviteurs et d’esclaves, il aurait emporté tellement d’or (environ 10 tonnes) que le cours du métal précieux aurait baissé pendant plusieurs années. Sa générosité aurait frappé les esprits. Néanmoins, selon Elikia Mbokolo, Mansa Moussa aurait vendu la plupart des esclaves (8 700 à 14 000 selon des sources) en Égypte et en Arabie[14],[15].
Toutefois, Serge Daget et François Renault observent qu'à ce propos les sources arabes ne sont pas unanimes, ni sur les effectifs (de 8 000 à 14 000) du cortège de Kankou Moussa, ni sur leur statut : tantôt on parle d'« esclaves », tantôt de « sujets » ou encore de « personnes » ; sans toujours savoir s'ils ont été vendus par le Mansa Mali[16].
Kango Moussa revient au Mali accompagné de plusieurs hommes de science et de culture dont Abou Ishaq es-Sahéli, originaire de Grenade qui a été l’architecte de la Mosquée Djingareyber construite en 1328 à Tombouctou. Mansa Moussa meurt sans doute en 1337.
Les successeurs de Kankou Moussa et le déclin de l’empire du Mali
Plusieurs empereurs se sont succédé : Mansa Maghzen (1337-1341), Mansa Souleymane, frère de Mansa Moussa (vers 1341-1360), son fils Tassa (vers 1360), Mari Diata II, fils de Mansa Maghan (vers 1360-1374), son fils Moussa II (vers 1374-1387), Magha II (vers 1387-1389), et l'usurpateur Sandaki (vers 1389-1390).
Après la mort de Mansa Souleymane, des querelles de successions affaiblissent l’Empire. Il est attaqué par les royaumes mossi, les Touaregs, qui brûlent Tombouctou en 1431, puis le Songhaï, qui fait sécession en 1464. Cela n'empêche pas le développement du commerce, porté par les Dioulas, et même une extension territoriale réorientée vers le sud, le Mali poussant vers la côte les Ashanti et annexant au milieu du XVIe siècle Begho, principale ville au sud de la savane située dans ce qui est aujourd'hui la région Brong Ahafo[17]. De la fin du XVe siècle au XVIIe siècle, Mali se réduit peu à peu à ses dimensions d’origine.
- Kanga Moussa (ou Kouta Moussa) (1312-1337)
- Maghan (1337-1341), son fils ;
- Mansa Souleymane (1341-1360), son oncle frère de Kanga Moussa ;
- Kassa (1360), son fils ;
- Mari Diata II (1360-1374) fils de Maghan ;
- Moussa II (1374-1387) son fils ,
- Maghan II (1387-1389) son frère
- Sandaki (1389-1390) épouse la mère des précédents
- Mahmud (1390-1400), descendant de Gao ;
- Mansas inconnus (1400-1546) dont:
- Moussa III ;
- Mansa Ouali II ;
- Mamadou Ier (vers 1481 -1496) ;
- Mamadou II (vers 1496 1559).
- Mansa inconnus (vers 1559-1590)
- Nani Mansa Mamadou (vers 1590-1610)
Voir aussi
- Histoire militaire de l'empire du Mali
Bibliographie
- Louis-Gustave Binger, Du Niger au golfe de Guinée, Paris, Hachette, 1892, 416 p
- William Cooley, The Negroland of the Arabs, London, Frank Casse and Co, 1966 (2e édition) (1re édition 1841), 143 p
- David Conrad, Empires of Medieval West Africa, Ghana, Mali, and Songhay, New York, Facts On File, 2005, 128 p.
- David Conrad, « A Town Called Dakajalan : The Sunjata Tradition and the Question of Ancient Mali's Capital », The Journal of African History, Vol. 35, no 3 (1994), p. 355-377.
- Dialiba Konate, L’épopée de Soundiata Keïta, Seuil jeunesse, Paris, 2002.
- Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l'épopée mandingue, Présence africaine, Paris, 1960.
- François-Xavier Fauvelle, Les masques et la mosquée : l'empire du Mâli (XIIIe – XIVe siècle), Paris, CNRS Éditions, coll. « Zéna », , 295 p. (ISBN 978-2-271-14370-9, présentation en ligne).
- Wladyslaw Filipowiak, Études archéologiques sur la capitale médiévale du Mali, Varsovie, Muzeum Narodowe, 1979, 315 p
- M. Gaillard, « Niani ancienne capitale de l'Empire mandingue », Bulletin du comité d'études historiques et scientifiques de l'Afrique Occidentale Française, Tome VIII, 1923, p. 620-636.
- Kathryn L. Green, « Mande Kaba, the Capital of Mali : A Recent Invention? », History in Africa, Vol. 18 (1991), p. 127-135
- Histoire Générale de l'Afrique, tome IV, chapitres 6&7, éd. Présence africaine/UNESCO/EDICEF, 1991
- John Hunwick, « The Midfourteenth Century Capital of Mali », The Journal of African History, XIV, no 2, 1973, p. 195-208
- Jean Jolly, Histoire du continent africain, tome 1 (sur 3), L’Harmattan, 1996 (ISBN 2-7384-4688-4)
- Pekka Masonen, The Negroland Revisited, Discovery and Invention of the Sudanese Middle Ages, Helsinki, Academia Scientiarum Fennica, 2000, 597 p.
- Claude Meillassoux, « L'itinéraire d'Ibn Battuta de Walata à Malli », The Journal of African History, Vol. 13, no 3, 1972, p. 389-395.
- Tidiane N'Diaye, L'Éclipse des Dieux, chap. "« Empire du Mali »", Éditions du Rocher/Serpent A Plumes, 2006, 317 p. (ISBN 2-268-05641-4)
- J. Vidal, « Le véritable emplacement de Mali », Bulletin du comité d'Études historiques et scientifiques de l'AOF, octobre-, no 4, p. 606-619.
- Youssouf Tata Cissé, Confrérie des chasseurs Malinké et Bambara, étude (broché). Paru en 10/1994
- Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, La grande geste du Mali - Des origines a la fondation de l'empire- Karthala - Hommes et Sociétés - Civilisation
- Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, Soundjata, la gloire du mali - Karthala - Hommes et Sociétés - Histoire
Articles connexes
- Atlas catalan (1375), avec l'empereur noir à la boule d'or
- Ibn Battûta (1304-1377)
- Civilisations de l'Antiquité et de la Protohistoire
- Chronologie de l'Afrique
- Royaumes sahéliens (Alodia, Bagirmi, Bamana, Baol, Bornu, Dagbon, Daju, Darfur, Dendi, Futa Jallon, Futa Toro, Gao, Ghana, Grand Fulo, Hausa, Jolof, Kaarta, Kaabu, Kanem, Kong, califat Mahdiyya, Mali, Massina, Mossi, Saloum, Sennar, Shilluk, Sine, Sokoto, Songhai, Takrur, Toucouleur, Tunjur, Wadai, Wassoulou)
- Histoire militaire de l'empire du Mali
- guerrier Sofa esclave
Liens externes
- www.histoire-afrique.org
- Boubacar Séga Diallo, L’Empire du Mali, un dossier thématique sur le site Histoire de l’Afrique de l’ouest.
- Le cours au Collège de France « Le royaume du Mâli (XIIIe-XIVe siècles) » dont l'introduction illustre par la lecture et discussion de cet article la difficulté pour Wikipédia de produire des articles exacts sur des domaines sur lesquels les sources secondaires sont rares.
Notes et références
- ↑ Hadrien Collet, « L’introuvable capitale du Mali. La question de la capitale dans l’historiographie du royaume médiéval du Mali », Afriques. Débats, méthodes et terrains d’histoire, no 04, (ISSN 2108-6796, DOI 10.4000/afriques.1098, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Smith Hempstone, Africa, Angry Young Giant, Kessinger Publishing, 2007.
- 1 2 « Sous Kanku Musa, l’empire du Mali s’étendait de l’Océan Atlantique à Takedda à l’est, de la zone forestière au sud aux salines de Teghezza. L’empire contrôlait alors les placers aurifères du Buré, du Banbuk, de la Falémé et les salines du nord » Boubacar Séga Diallo (Flash, Université de Bamako, L’empire du Mali, 28 septembre 2007, Histoire de l’Afrique de l’Ouest
- ↑ Jean Gallais, « Signification du groupe ethnique au Mali », Homme, vol. 2, no 2, , p. 106–129 (DOI 10.3406/hom.1962.366487, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Cuoq, J, Recueil des sources arabes concernant l'Afrique occidentale du VIIIe au XVIe siècle, Paris, Centre national de la recherche scientifique, 1975, 490 p (Pour toutes les sources arabes consulter ce même ouvrage).
- ↑ voir les articles de Meillassoux, Delafosse, et Hunwick signalés dans l'historiographie
- ↑ Voir référence complète dans la bibliographie.
- ↑ C'est-à-dire toutes les études parues après cette première hypothèse, voire les références dans la bibliographie
- ↑ Hirsch, Fauvelle-Aymar, « La correspondance entre Raymond Mauny et Wladislaw Filipowiak au sujet de la fouille de Niani (Guinée), capitale supposée de l'empire médiéval du Mali », in Mélange offert à Jean Boulègue, 2009 à paraître
- ↑ On peut citer notamment Conrad et Green, voir les références pour leurs articles dans la bibliographie
- 1 2 Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, Soundjata, la gloire du mali - Karthala - Hommes et Sociétés - Histoire
- 1 2 Ibn Fadl Allah Al ‘Omari, Masalik el Absar fi mamalik el Amsar, Traduit par Gaudefroy-Demombynes, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, Paris 1927
- ↑ Voir les ouvrages d'Ivan Van Sertima, en particulier They Came Before Columbus : The African Presence in Ancient America, Hardcover, Random House, 1976. Où l'auteur soutient que des membres des équipages d'Aboubakry II auraient bel et bien atteint l'Amérique du Sud, laissant des traces dans certaines cultures précolombiennes.
- ↑ Hugh Thomas, La traite des Noirs, éditions Robert Laffont, 2006, p. 27
- ↑ Elikia M'Bokolo, Afrique noire, Histoire, tome 1, éditions Hatier, 1995, p. 174
- ↑ François Renault et Serge Daget, Les traites négrières en Afrique, éd. Karthala, 1985, page 25, note no 34 : « Al Omari affirme que le souverain [Mansa Moussa] était accompagné « de quatorze mille jeunes esclaves affectés à son service particulier » [Cf. Masalik el Absar, traduction de 1927, p. 90]. Le même chiffre est retenu par Makrizi, mais il précise que c'était des esclaves femmes [Cf. Joseph Cuoq, Recueil des sources arabes concernant l'Afrique occidentale du VIIIe au XVIe siècle, Paris CNRS, 1975, p. 390]. Al Omari, toutefois, deux pages après la citation précédente, réduit le chiffre à dix mille et ne mentionne plus que des « sujets ». Le Tarikh el Fettach, (traduction) Paris, 1964, de son côté mentionne « huit mille personnes » »
- ↑ I. Wilks, « Wangara, Akan, and Portuguese in the Fifteenth and Sixteenth Centuries », in P. Bakewell, Mines of Silver and Gold in the Americas., Ashgate (en), Aldershot, 1997.