Genre | Série d'animation, comédie |
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Création | Jacques Rouxel |
Production | AAA (4e saison) |
Acteurs principaux | Claude Piéplu (voix) |
Musique |
Robert Cohen-Solal Générique : Ted Scotto |
Pays d'origine | France |
Chaîne d'origine |
Première chaîne de l'ORTF TF1 (à partir de 1975) Canal+ (saison 4) |
Nb. de saisons | 4 |
Nb. d'épisodes | 208 |
Durée | 2 à 3 minutes |
Diff. originale | – 2000 |
Les Shadoks sont une série télévisée d'animation française en 208 épisodes de deux à trois minutes, créée par Jacques Rouxel et le jeune dessinateur Jean-Paul Couturier, racontée par Claude Piéplu, et produite par la société AAA (Animation art graphique audiovisuel).
La série a été diffusée sur la Première chaîne de l'ORTF entre le [1] et le (trois premières saisons) et la quatrième saison, produite par AAA, à partir du sur Canal+.
Au moment de sa première diffusion, la série divise les Français en deux, créant la première polémique de la télévision française, mais se poursuit pendant trois saisons.
Synopsis
La série relate les différentes histoires et mésaventures des Shadoks, des créatures anthropomorphes à l'apparence d'oiseaux rondouillards, avec de longues pattes filiformes, des ailes minuscules et préhensiles, et de rares cheveux.
Ils possèdent pour tout vocabulaire quatre mots monosyllabiques : « Ga, Bu, Zo, Meu ». Ces mots servent aussi de chiffres pour compter (base 4).
Les Shadoks vivent sur une planète aux volumes changeants, dont ils tombent parfois. Bêtes et méchants, ils construisent des machines improbables qui ne fonctionnent pas, le plus souvent sous l'impulsion du Professeur Shadoko. La plus emblématique de ces inventions reste la « Cosmopompe » destinée à pomper le « cosmogol 999 », allusion à la propulsion à propergol solide (série BU), les Shadoks ayant pour but de construire une fusée pour rejoindre la Terre (la série a été écrite pendant la conquête spatiale) ; un projet auquel ils consacrent de nombreux essais aboutissant à autant d'échecs. Depuis lors, la principale occupation des Shadoks est de pomper. D'autres machines suivront, comme la machine à pilules qui manque de leur coûter la vie dans la série ZO.
Les Shadoks ont pour antagonistes les Gibis, êtres supérieurs qui, par pitié, aident les Shadoks qui ne représentent pour eux aucune menace réelle. Les Gibis sont coiffés d'un chapeau melon qui leur donne leur supériorité intellectuelle, leur permettant d'élaborer en commun des systèmes efficaces, de communiquer et de se moquer des ratages des Shadoks. En cas de perte de ce chapeau, ils sombrent dans la stupidité. Les Gibis vivent sur une planète plate mais à l'équilibre instable, et eux aussi convoitent la Terre. Celle-ci, qui se trouve entre les planètes des Shadoks et des Gibis, est habitée par un seul être, l'insecte cracheur de feu Gégène.
Genèse
Vers 1966, Jacques Rouxel propose un premier film d'animation « Drôles d'oiseaux », dans lequel évoluent un inventeur et un oiseau. Le projet n'est pas retenu par les studios d'animation. En 1966, inspiré par les comic strips américains[2],[3], Jacques Rouxel transforme son projet en spots d'interludes[4] qu'il présente à l'ORTF, au Service de la recherche[5]. Les Shadoks sont des oiseaux avec de longues pattes — du genre échassier[6] — au graphisme simple, uniquement au trait[7], graphisme étonnamment ressemblant avec les oiseaux représentés par le peintre Paul Klee dans sa toile La machine à gazouiller (1922).
Le projet est bien accueilli par André Voisin, le directeur des programmes, Michel Treguer et par Pierre Mandrin, le directeur de production[8]. Débute alors la production de quelques spots sur un animographe — une machine expérimentale inventée au Service de la recherche de l'ORTF, et qui permet de faire du dessin animé. L'équipe est composée de René Borg, chef animateur et réalisateur, Élisabeth Savel et Jean-Paul Couturier, dessinateur d’animation[8]. Le format ne convenant pas, André Voisin et Jacques Rouxel décident de faire du projet un feuilleton[8].
Jacques Rouxel, considérant que ces volatiles sont bêtes et méchants, leur donne un nom composé de consonnes dures, comme le D et le K. Il s'inspire également du groupe de rock très populaire à l'époque The Shadows[9]. Dans la première description de la bible littéraire et graphique de la série, les Gibis s'appellent d'abord les Zibis. Parfaitement antagonistes par rapport aux Shadoks, tant côté caractère que côté graphisme, ils deviendront assez rapidement les Gibis, en référence à la prononciation anglaise des initiales de la Grande-Bretagne (G.B.)[2]. Cette allusion aux Britanniques est renforcée par le fait que les Gibis portent un chapeau melon, ce qui leur permet de communiquer entre eux. À souligner que Jacques Rouxel était anglophile, parlait couramment l'anglais et s'inspirait beaucoup de l'humour et de la poésie britanniques.
La série suscite l'une des premières grandes polémiques de la télévision française[10]. On aurait compté parmi les téléspectateurs une moitié pour et une moitié contre ; c'est cette proportion que l'on retrouve dans les courriers reçus. En revanche, les rapports d'audience des deux premières séries sont hostiles à l'émission à près de 80 %. La quantité phénoménale de courriers de téléspectateurs (1 525 courriers conservés, et peut-être 5 000 reçus) a fait l'objet d'une émission présentée par Jean Yanne (et, de temps à autre, Les Charlots et Daniel Prévost) dans laquelle celui-ci lit les lettres : « Les Français écrivent aux Shadoks »[11].
Saisons
À l'origine, les trois premières saisons n'ont pas de titre officiel[12] et la quatrième série est nommée « Les Shadoks et le Big Blank ». Les titres des trois premières saisons ont été donnés[12] au moment de l'édition en VHS.
D'après Thierry Dejean, ces titres rompent avec les mathématiques shadokiennes selon lesquelles les quatre saisons auraient dû être numérotées « GA », « BU », « ZO », « MEU »[12] (ce qui est discutable puisque « GA » correspond à zéro ; or, on ne commence jamais par zéro quand il s'agit de numéroter des saisons, sauf peut-être dans le monde shadok) et le titre de la première série « La préhistoire » est inadapté puisque « c'est cette série qui a fait l'histoire des Shadoks »[12].
Première saison
La première saison (numérotée « BU » et nommée La préhistoire dans l'édition VHS) comprend cinquante-deux épisodes de deux minutes chacun, en 35 mm couleur. Réalisée en 1968, c'est la seule qui a été faite à l'animographe. Elle est diffusée à partir du 1968 sur la Première chaîne de l'ORTF, est interrompue par les événements de Mai 68, et reprend au mois de septembre. C'est ici que l'on trouve une grande partie des bases de la logique Shadok et que sont présentés les personnages principaux. Pendant toute la saison (ou presque), les Shadoks tentent de se rendre sur la Terre, sans succès avant la toute fin, dans des tentatives relativement répétitives.
- Fiche technique
- Production : Service de la recherche de la RTF
- Réalisation : René Borg
- Textes et storyboard: Jacques Rouxel
- Commentaires (voix) : Claude Piéplu
- Musique : Philippe Beetz et Robert Cohen-Solal
- Musique des génériques début et fin : Ted Scotto
Deuxième saison
La deuxième saison (numérotée « ZO » et nommée Le grand déménagement de la Terre dans l'édition VHS) comprend 52 épisodes réalisés en 1969, diffusés à partir du sur la Première chaîne de l'ORTF.
Cette saison a été faite à la suite de nombreuses plaintes de téléspectateurs et est plus variée que la première du fait du passage de l'animographe aux dessins réalisés à la main sur un plus grand format[13].
- Fiche technique
- Production : Service de la recherche de la RTF
- Réalisation : Robert Richez
- Textes : Jacques Rouxel
- Commentaires (voix) : Claude Piéplu
- Musique : Robert Cohen-Solal
- Musique génériques de début et de fin : Ted Scotto
Troisième saison
La troisième saison (numérotée « MEU » et nommée Les Shadoks pompent toujours dans l'édition VHS) comprend 52 épisodes réalisés entre 1972 et 1973, diffusés à partir du 11 novembre 1974 sur la Première chaîne de l'ORTF, puis sur TF1 à partir de 1975.
Du point de vue du scénario, l'histoire se situe dans la continuité de la deuxième saison. Par la suite, cette saison a une histoire qui lui est propre et qui s'éloigne de celle des précédentes saisons, avec nombre de nouveautés : les valises à ancêtres…
- Fiche technique
- Production : ORTF
- Réalisation : Jacques Rouxel assisté de Jean-Paul Couturier
- Textes : Jacques Rouxel
- Commentaires (voix) : Claude Piéplu
- Musique : Robert Cohen-Solal
Quatrième saison
La quatrième et ultime saison, nommée Les Shadoks et le Big Blank (numérotée « BU-GA » dans l'édition VHS), comprend 52 épisodes réalisés en 2000 diffusés à partir du sur Canal+
Elle reprend pour partie quelques thèmes des saisons précédentes. Le sujet principal en est la peur de la fin du monde puis de la « Bougrinette » (la mort ou la fin inéluctable incarnée), qui est la cause de la fin de l'univers où évoluent les Shadoks (et, partant, de la série).
- Fiche technique
Distribution
- Claude Piéplu : le narrateur
- Robert Cohen-Solal : musique originale des Shadoks
- Ted Scotto : compositeur et interprète des génériques de début et fin.
Univers
Personnages principaux
- Le chef Shadok
- Le Professeur Shadoko
- Le Devin Plombier
- Le Marin Shadok
- L'irrécupérable ou Shadok Population
Le monde des Shadoks
Une des caractéristiques du monde des Shadoks est sa représentation en deux dimensions. Si l'on introduit du relief, si l'on introduit une troisième dimension, ce n'est plus l'univers des Shadoks. « Je me souviens que quand on a fait des petites poupées Shadok, ça m'a fendu le cœur », a avoué Jacques Rouxel lors d'une émission télévisée[2]. À la fin de la première série, le prototype de l'Animographe rend l'âme. Les Shadoks arboreront par la suite une autre forme de dessin mais qui reste toujours simple, avec les mêmes méthodes d'expression graphique.
La planète Shadok
« À gauche du ciel, il y avait la planète Shadok… Elle n'avait pas de forme spéciale, ou plutôt elle changeait de forme. »
Dans le monde des Shadoks, l'espace est représenté comme un plan et, comme tel, il est plat. Il n'a donc pas de profondeur (comme tout l'univers shadokéen), seulement le haut et le bas, la gauche et la droite. La planète Shadok change de forme. C'est un grand danger pour les Shadoks puisque cela les fait trébucher et ils risquent de tomber dans le grand vide interstellaire. C'est cet aspect peu pratique qui les poussera, au cours de la série, à émigrer vers d'autres lieux, avec difficulté toutefois.
La planète Gibi
« À droite du ciel, il y avait la planète Gibi qui était plate et qui penchait, soit d'un côté, soit de l'autre. »
Les Gibis habitent donc à droite du ciel. Leur planète est plate et déséquilibrée. En conséquence, si les Gibis ne sont pas bien répartis, la planète se met à pencher d'un côté ou de l'autre et ils risquent de tomber. C'est cela qui les poussera également à émigrer vers d'autres lieux. Les Gibis, contrairement aux Shadoks, sont très gentils et intelligents. Ils sont les inventeurs de nombre de machines utilisant les dernières technologies, quand les Shadoks se contentent de « rassembler des trucs et des machins ». Le secret de leur intelligence réside dans leur chapeau, qui leur permet de réfléchir tous ensemble à un problème. Lorsqu'un Gibi perd son chapeau, il perd son intelligence et devient fou. Ce qui permet aux auteurs de dire qu'ils « travaillent du chapeau », au sens propre.
Les Gibis évoquent les Britanniques (G.B., Great Britain) avec leurs chapeaux melons. Les Shadoks représenteraient alors le peuple français et son fameux « système D » dont on parle beaucoup dans les médias de l'époque. Cependant, dans la première série, la course à l'espace entre les occupants des deux planètes fait évidemment penser à la course à la Lune qui faisait alors rage entre les États-Unis et l'Union soviétique, et qui devait se conclure peu après par une victoire américaine. Dans cette optique, les Gibis symboliseraient tous les pays anglophones, en particulier les États-Unis et leurs hippies amateurs de fleurs et de musique, tandis que les Shadoks seraient l'Union soviétique, avec un Goulp omniprésent qui s'inspirerait du Goulag. On peut même supposer que les Shadoks d'en bas seraient les Chinois, dont les relations avec les Soviétiques étaient à l'époque franchement hostiles. Cette interprétation s'estompe rapidement au cours de la deuxième saison. Par la suite, on voit plusieurs fois la tour Eiffel au milieu des Shadoks, ce qui les assimile sans ambiguïté possible aux Français.
La Terre
« Au centre du ciel, il y avait la Terre. À cette époque, elle ne comptait qu'un seul et unique habitant, un redoutable insecte nommé Gégène (il y avait bien également quelques dinosaures à la retraite, mais comme ils le disaient eux-mêmes, ils étaient voués à disparaître) qui ne s'appelait pas vraiment Gégène puisqu'il n'y avait personne pour l'appeler. Cependant, on l'appela de cette façon pour plus de simplicité. Passons. »
Les Shadoks et les Gibis, qui en eurent assez de vivre sur des « planètes qui ne marchaient pas bien », décidèrent les uns et les autres d'aller vers la Terre qui avait l'air de mieux marcher, bouleversant ainsi la vie de Gégène, qui n'allait pas s'en laisser conter.
La culture Shadok
Langue
La langue Shadok, que certains shadokophiles appelèrent par la suite la langue Gabuzomeuse, comprend quatre phonèmes de base : GA, BU, ZO, MEU. En effet, leur cerveau constitué de quatre cases ne peut en contenir plus, et s'il fallait introduire un nouveau mot dans leur langue — par exemple NI —, il faudrait d'abord en enlever un des quatre qu'ils ont déjà. D'autre part, ce qui pose un problème, c'est qu'ils ne peuvent connaître plus de quatre choses : par exemple, un Shadok ayant appris à marcher la veille ne peut apprendre à faire du vélo sans oublier comment marcher. De plus, leur faire apprendre des mots est très long et très pénible. En fait, la langue Shadok varie un peu entre les premiers épisodes et les livres. Au début de la série, on voit que les Shadoks ne connaissent que ces quatre mots, alors que dans les livres, ils utilisent des mots composés des syllabes Ga, Bu, Zo, Meu. On apprend alors que la langue Shadok est incompréhensible, tant les mots sont polysémiques. En fait, les mots peuvent tous signifier à peu près n'importe quoi, ce qui permet à chaque Shadok d'utiliser n'importe quel mot avec l'assurance que son interlocuteur comprend quelque chose qui lui convienne. Malgré cela, le texte narratif indique que les Shadoks sont capables d'échanger des idées complexes.
Quelques exemples de mots en Shadok :
- ZoGa signifie pomper, ZoBuGa signifie pomper avec une petite pompe et ZoBuBuGa signifie pomper avec une grosse pompe[14]. GaMeu signifie la nuit, BuBu la mer et BuGa la Terre.
Devises Shadoks
Les Shadoks, au quotidien, se référent constamment à des principes et proverbes qui leur sont propres et qui leur sont inculqués par leurs dirigeants (le devin plombier, le professeur Shadoko ou encore le chef Shadok). Ceci est peut-être dû au fait que leur évidente stupidité les empêche intellectuellement de faire autre chose que d'obéir aveuglément à des principes. La plupart de ceux-ci reposent sur des sophismes ou parodient des principes humains.
Aphorismes Shadoks
Plusieurs aphorismes humoristiques sont cités dans la série :
- « Je pompe, donc je suis. »
- « En essayant continuellement, on finit par réussir… Donc plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »
- « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. »
- « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes. »
Arithmétique Shadok
Malgré ses moyens intellectuels limités, le professeur Shadoko finira quand même par inventer une façon de compter (arithmétique) en base 4 avec comme chiffres GA, BU, ZO et MEU. Le devin plombier décréta que les écoliers shadoks avaient un jour pour apprendre à compter et que si, au bout de ce délai, ils s'en trouvaient incapables, on brûlerait le professeur Shadoko. Les écoliers shadoks, bien sûr, apprirent à compter, ça les intéressait beaucoup, mais brûler le professeur, ça les intéressait aussi ! Finalement, le lendemain, tous les écoliers shadoks savaient compter, au-delà de quatre.
Voici donc cette fameuse méthode : « Quand on a MEU shadoks et qu'on en ajoute BU, il n'y a plus de place. On les met alors dans une poubelle. Il y a donc BU poubelle et GA shadok à côté » Ce qui donne BU GA, soit quatre en décimal.
0 | Ga | 6 | Bu-Zo |
1 | Bu | 7 | Bu-Meu |
2 | Zo | 8 | Zo-Ga |
3 | Meu | 9 | Zo-Bu |
4 | Bu-Ga | 10 | Zo-Zo |
5 | Bu-Bu | 11 | Zo-Meu |
Un logiciel[15], une page Web[16] et une application Android[17] existent pour convertir un nombre de l'écriture décimale (base 10) en Shadok ou l'inverse, du Shadok en décimal.
Reproduction Shadok
Chez les Shadoks, la reproduction a toujours été un grand problème. Il n'y a pas de Shadoks Mesdames ou de Shadoks Messieurs. Lors de la crise démographique ayant suivi la guerre contre Gégène, il fut envisagé de confier la résolution du problème à l'Irrécupérable nommé, pour ce faire, ministre de la Population, et chargé de pondre pour l'ensemble de la communauté. Compte tenu des résultats notoirement insuffisants de cette politique, il fut décidé d'autoriser à pondre tous les Shadoks sachant compter jusqu'à quatre[18],[19] mais au début, ils pondaient des œufs ordinaires et ceux-ci se cassaient à chaque fois en raison des grandes pattes des Shadoks. Alors, ils se mirent à pondre des œufs en fer. Mais dans la série ZO, on découvre un nouvel inconvénient : les Shadoks oubliant la clé chez eux, le bébé shadok ne peut évidemment pas sortir de l’œuf. Il fut donc décidé d'attendre que celui-ci rouille, ce qui implique que quand il sort de l’œuf, le « bébé » Shadok est déjà très vieux…
Le service de contrôle des naissances a posteriori ayant conduit à la découverte d'une fraude à la loi particulièrement malhonnête — certains Shadoks se mettant à plusieurs pour compter jusqu'à quatre —, il fut ensuite décidé, par synthèse de plusieurs propositions, de modifier le permis de pondre et de ne l'accorder qu'aux Shadoks sachant compter jusqu'à cinq[18].
Selon un cours magistral du professeur Shadoko — sur la Lune, série ZO —, l'œuf est composé de trois sous-ensembles : l'intérieur, l'extérieur et l'entre-deux (la coquille), mais l'intérieur étant composé de la même chose que l'extérieur, on en déduit donc que l'œuf est composé essentiellement de l'extérieur.
La méthode reproductive en vigueur a considérablement freiné le développement de l'arithmétique, au moins chez ceux des Shadoks qui ne souhaitaient pas pondre, et en particulier parmi les Shadoks chargés de recenser les œufs. Pour qu'une ovulation se déclenche, il faut et il suffit de savoir compter jusqu'au nombre déterminé par le règlement (donc initialement quatre, puis cinq ensuite). De sorte que lorsqu'une équipe de recenseurs se mettait à compter les œufs, le premier à compter modifiait le résultat par sa seule action de comptage puisque, arrivé à quatre, il pondait un œuf et son travail devait être repris par un second, qui à son tour modifiait le nombre d'éléments à compter, etc. De même, de nombreux mathématiciens se limitaient à compter jusqu'à trois (voire jusqu'à deux pour les plus prudents) alors même qu'ils avaient les capacités pour compter au-delà. Selon l'un des plus grands spécialistes mondiaux des Shadoks[20], Jacques Rouxel, le changement de réglementation sur le permis de pondre a « remis en cause le fondement même des mathématiques » — sujet par ailleurs tabou devant les enfants[18].
Logique Shadok
Sa plus notable manifestation est le cours magistral du professeur Shadoko sur les passoires, dans le cadre du grand programme d'éducation des Shadoks.
La logique des Shadoks revêt, en les caricaturant[21], les caractéristiques propres à la logique de réalisation des programmes informatiques et des mathématiques. Cette forme d'humour provient en partie des concepteurs de l'Animographe et d'une amorce d'anti-bourbakisme.
Par exemple :
- tout type d'instrument est appelé passoire, sur lequel on peut définir trois sous-ensembles : l'intérieur, l'extérieur et les trous ;
- les trous ne sont pas importants. En effet, on ne change pas notablement les qualités de l'instrument en réduisant de moitié le nombre des trous, puis en réduisant cette moitié de moitié, etc., jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de trou du tout ;
- d'où théorème : la notion de passoire est indépendante de la notion de trou et réciproquement ;
- il y a pourtant trois sortes de passoires : celles qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau, celles qui laissent passer les nouilles et l'eau, et celles qui laissent passer quelquefois l'une ou l'autre et quelquefois pas. D'où les conclusions suivantes :
- une passoire qui ne laisse passer ni l'eau ni les nouilles est une casserole,
- une casserole sans queue est un autobus,
- un autobus qui ne roule ni vers la droite ni vers la gauche est une casserole.
Citons, à ce propos, la découverte de Gégène : « L'insecte Gégène avait trouvé le moyen de filtrer les nouilles et pas l'eau. Pour cela il suffit que le diamètre des trous soit supérieur au diamètre des nouilles et inférieur au diamètre de l'eau. »
Punition – Le Goulp
Le Goulp est une sorte de trou dans la planète Shadok. Avant l'abandon de cette planète, tous les Shadoks ne donnant pas entière satisfaction y étaient entassés. Il est également appelé Enfer, puisque ceux qui sont jetés dedans sont enfermés. Seul le Chef Shadok a le pouvoir d'envoyer quiconque au Goulp. Le professeur Shadoko, parce que sa Cosmopompe produit des résultats médiocres, en fait d'ailleurs l'expérience.
Dans la dernière saison (BU-GA), les Shadoks changent de planète et le Goulp fait place au Grand Dépotoir. Il s'agit de la boîte de conserve où s'enroule le passé de la planète des Shadoks après le Big Blank. Si, à l'instar du Goulp, le Grand Dépotoir permet de se débarrasser des Shadoks n'ayant pas donné entière satisfaction, il leur permet aussi de se débarrasser de toutes leurs vieilleries. Néanmoins, cet enroulement étant inhérent au passage du temps, de nombreux accidents arrivaient : pour y remédier, un service de train fut instauré afin de ramener les Shadoks au bout du rouleau, de l'autre côté de la planète.
Expressions du langage courant issues de la série
La plus connue :
- « Et les Shadoks pompaient, pompaient... » : exprimé quand on réalise une tâche fastidieuse dont on ne voit pas la fin et/ou l'efficacité/l'utilité.
Moins ou très peu connues :
- « C'est Shadok » (variantes possibles) : décrit un dispositif ou une procédure relevant du principe Shadok « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ».
- « C'est fait à la GA BU ZO MEU » : réalisé avec des moyens simplistes ou inadaptés, peut-être dans l'espoir qu'à force d'échouer ça finira bien par marcher.
Apparitions dans d'autres médias
Adaptations télévisuelles
- En 1971, une version allemande de la première série est diffusée en Bavière et en Allemagne du Nord.
- À partir de 1973, une version anglaise de la série est diffusée sur Thames Television, avec Kenneth Robinson à la narration.
- En 1974, une version italienne de la première série est diffusée sur la R.A.I, avec Oreste Lionello à la narration.
- En 2016, un épisode spécial les Shadoks et la Maladie mystérieuse pour la collection "Dessine toujours !" des programmes courts de Canal +.
Littérature
À partir de 1994, Jacques Rouxel publie des livres illustrés des Shadoks[22],[23], aux Éditions Circonflexe :
- Les Shadoks GA BU ZO MEU, collection "Aux couleurs du temps" (1994)
- La Vengeance du marin (1996)
- La Course à la lune (2000)
- Les Shadoks et le désordinateur (2000)
- Les Shadoks et Le Big Blank (2006)
- Les Shadoks en grande pompe : textes choisis (2008).
- Les Shadoks - Devises et théories (2018)
Chez d'autres éditeurs :
- Les Shadoks et les Gibis, par Jacques Rouxel Et J.-F. Borredon, éditions Julliard (1968)
- Les Shadoks ; pompe à rebours, éditions Grasset (1975)
- Les Shadoks et les Gibis Infos, BD pour l’introduction sur le second marché de la société Info Réalités (1995)
- Les idées de Valeoman, BD didactique à usage interne pour la société Valeo (1996)
- Abécédaire raisonné des Shadoks, par Jean-Paul Dupuy, éditions Nicolas Philippe (2003).
- Les Shadoks en Grande Pompe - livre + dvd, par Jacques Rouxel, 120 pages, éditions France Loisirs (2009)
- Les Shadoks, une vie de création - les archives, par Thierry Dejean - Marcelle Ponti-Rouxel, 317 pages, éditions Le Chêne (2012)
- Les Shadoks Comics, par Jacques Rouxel - Thierry Dejean, 127 pages, éditions Le Chêne (2013)
- Pop up les Shadoks, par Philippe UG et Thierry Dejean, éditions Les grandes personnes (2015)
- Les Shadoks, calendrier perpétuel 52 semaines, par Jacques Rouxel, 108 pages, éditions Du Chêne (2016)
- Les Shadoks parlent aux Shadoks, l'intégrale, 128 pages, éditions Fage (2017)
- Les Shadoks de Jacques Rouxel, par Thierry Dejean, 224 pages, éditions Hoëbeke (2018)
- Et Revoilà Les Shadoks - Dessein et Dessins de Jacques Rouxel, par Lucie Cabanes - Maurice Corbet - Thierry Dejean, 264 pages, éditions de l’œil (2018)
Presse
- Bande dessinée Shadoks quotidienne, en collaboration avec Jean-Paul Couturier, pour France-Soir (1970)
- bande dessinée hebdomadaire Les Shadoks en vacances pour le magazine Globe (1993).
Bande son
Vidéos
DVD
- Les Shadoks : Édition intégrale 5 DVD comprenant les quatre séries (BU, ZO, MEU, BU GA) et un DVD bonus (sortie le ), de René Borg avec Claude Piéplu, Archives Ina - TF1 Vidéo[25]
- Les Shadoks - N° BU-GA (volume 4) « Les Shadoks et le Big Blank » (), Ina - Universal
- Les Shadoks - N° BU (volume 1) « La Préhistoire » (), Ina - Universal
- Jacques Rouxel, les Shadoks… autrement : triple DVD consacré à l’œuvre de Jacques Rouxel, (), proposant l’ensemble de ses films éducatifs, environ 10 heures de programme accompagné de bonus[26].
VHS
- Les Shadoks, N° ZO « Le grand déménagement de la terre », Polygram Vidéo - Ina
- Les Shadoks, N° MEU « Les Shadoks Pompent Toujours ! », Polygram Vidéo - Ina
- Les Shadoks, N° BU « La Préhistoire », Polygram Vidéo - Ina
Ces trois vidéocassettes ne sont plus éditées ; mais on peut encore les trouver de la même façon que les deux DVD ci-dessus, et leur contenu intégral se trouve dans la nouvelle édition 5 DVD INA.
Jeux vidéo
En 1997, Bertrand Biss et Jean-Christophe Bardin conçoivent un jeu vidéo, Les Shadoks, Le Jeu, La Promenade ; Jacques Rouxel participe à la réalisation[27]. Il est édité par Microfolie's, peu avant la reprise de la série par Canal+. Le but est d'emmener les Shadoks de planète en planète, en résolvant divers problèmes[28].
Les studios GlobZ et aaa Production développent en 2015 un jeu pour iOS[29].
Publicité
En 1981, un spot publicitaire met en scène les Shadoks et les Gibis pour vanter les mérites de la boisson fortifiante Quintonine[30].
En 1992, L'agence Unicom commande à aaa un spot pour promouvoir la ville de Rennes[31].
En 1995, l'agence BDDP commande à aaa quatre spots pour les crackers Belin[32].
En 2001 sont produits trois spots publicitaires pour Fortis Assurances[33].
Événements
Le , pour célébrer les 48 ans de la première diffusion des Shadoks, Google dédie 4 Doodles à cet événement sur sa page d'accueil française[34]. C'est la première fois[35] dans l'histoire des Google Doodles qu'un illustrateur français les réalise et il s'agit, pour l'occasion, d'Hélène Leroux.
L'exposition « Shadoks ! Ga Bu Zo Miam », au Musée international des arts modestes de Sète (Hérault), s'est tenue de juin à [36]. Le Monde salue Le retour en grande pompe des Shadoks[37].
Notes et références
- ↑ Isabelle Nataf, « Quand les Shadoks coupaient la France en deux », sur -Le Figaro.fr, .
- 1 2 3 Propos de Jacques Rouxel dans l'émission Les Shadoks, mythe ou légende, incluse dans le DVD bonus de l'édition intégrale.
- ↑ Dejean et Ponti-Rouxel 2012, p. 24.
- ↑ Dejean et Ponti-Rouxel 2012, p. 22.
- ↑ Jocelyne Tournet-Lammer, « Le Service de la Recherche de l'ORTF : expérience historique, école pionnière », (consulté le ) : « [...] la définition du nouveau Service de la Recherche de la RTF est à la fois celle d’un bureau d’études, d’un centre expérimental et d’un studio d’essai. ».
- ↑ Dejean et Ponti-Rouxel 2012, p. 26
- ↑ Dejean et Ponti-Rouxel 2012, p. 25
- 1 2 3 Dejean et Ponti-Rouxel 2012, p. 27.
- ↑ dejean thierry, Jacques rouxel les shadoks une vie de création, France, le chêne, , 416 p. (ISBN 978-2-8123-0679-2).
- ↑ « Quand les Shadoks coupaient la France en deux », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- ↑ Claire Doutriaux, « L'émission : les Shadoks », sur Arte, (consulté le ) : « En 1968, en France, une toute petite émission de télévision fait son apparition sur le petit écran. Elle va marquer très fortement et très durablement les esprits. ».
- 1 2 3 4 Dejean et Ponti-Rouxel 2012, p. 8
- ↑ Voir l'émission télévisée Les Shadoks, mythe ou légende.
- ↑ L'encyclopédie Shadok, Les Shadoks et le Désordinateur (J.Rouxel), Circonflexe
- ↑ Programme téléchargable, créé par Philippe Gremillet
- ↑ « Convertisseur Shadok - Numération GA BU ZO MEU - Logiciel en Ligne », sur www.dcode.fr (consulté le ).
- ↑ « calculatrice GaBuZoMeu », sur google.com (consulté le ).
- 1 2 3 Jacques Rouxel, Les Shadoks en Grande Pompe - Les personnages, leurs devises, leurs inventions, Éditions Circonflexes, 2012, (ISBN 9782878336399), p. 20-21 (L'Irrécupérable) 30-31 (Reproduction) 34-35 (Contrôle des naissances).
- ↑ Voir à la fin de la première série.
- ↑ Jacques Rouxel étant le créateur des Shadoks, il pourrait même être tentant de parler du plus grand spécialiste mondial, sans craindre le moindre aspect hagiographique. Toutefois, afin de respecter les principes de vérifiabilité en vigueur sur Wikipédia, et nul rédacteur ne sachant par avance s'il n'existera pas un jour un autre auteur considéré comme « le spécialiste mondial des Shadoks », la présente formulation présente l'avantage de ne pas obérer le futur.
- ↑ Dichotomie poussée jusqu'à l'absurde en cherchant à réaliser des classements d'objets hétéroclites et peu nombreux, usage inconsidéré de la théorie des ensembles qui à cette époque faisait l'objet de controverses sur le bien-fondé de son enseignement à de jeunes lycéens ou écoliers, utilisation ridiculisée des relations de cause à effet etc.
- ↑ Le père des Shadoks pompe pour l'éternité, article de rétrospective, 28 avril 2004, sur le site ladepeche.fr.
- ↑ « Curriculum vitæ de J. Rouxel par aaa Production », sur aaaproduction.fr (consulté le ).
- ↑ « Les Shadoks (50th Anniversary Edition), by Robert Cohen-Solal », sur WRWTFWW Records (consulté le ).
- ↑ voir site de l'INA ou sur le site de aaaproduction.
- ↑ Voir page consacrée sur le site de aaaproductions.
- ↑ « GA BU ZO MEU » (consulté le ).
- ↑ Cyril De Graeve, « Les Shadoks, le jeu, la promenade », sur Chronic'art, (consulté le ).
- ↑ Julie Kuhn, « Le jeu Shadoks », sur Super-Julie (consulté le ).
- ↑ « Les Shadoks font la publicité de la Quintonine », sur www.france-pittoresque.com.
- ↑ « rennes-promotion-ville-de-rennes », sur inatheque.ina.fr (consulté le ).
- ↑ « Pub Belin n°1 », sur Chaîne YouTube de aaa productions (Shadoks & Co.), (consulté le ).
- ↑ « aaa Production :: Le Catalogue », sur www.aaaproduction.fr (consulté le ).
- ↑ « 48th Anniversary of first TV broadcasting of Les Shadoks », sur www.google.com (consulté le ).
- ↑ « Comment une Française a créé le Doodle sur "Les Shadoks" », sur RTL.fr (consulté le ).
- ↑ « Shadoks GA BU ZO MIAM », sur www.miam.org (consulté le ).
- ↑ Philippe Dagen, « Le retour en grande pompe des Shadoks », Le Monde, (lire en ligne)/
Annexes
Bibliographie
- Thérèse Willer et Musée Tomi Ungerer, Les Shadoks: une odyssée en couleurs, Strasbourg, France, Éditions des musées de Strasbourg, 2018, 102 p.
- Thierry Dejean et Marcelle Ponti-Rouxelle, Jacques Rouxel et Les Shadoks : une vie de création, Paris, Éditions du Chêne, coll. « Art », , 416 p., 28,6 cm x 25,8 cm x 4,8 cm (ISBN 978-2-8123-0679-2, présentation en ligne)
Articles connexes
- Animation Art-graphique Audiovisuel
- Animographe
- Claude Piéplu, narrateur
- Jacques Rouxel, créateur des Shadoks
- Jean Cohen-Solal, voix additionnelles des Shadoks
- Musique concrète et Pierre Schaeffer
- ORTF
- Robert Cohen-Solal, musique des Shadoks
- René Borg, coréalisateur de la première série (BU)
- Ted Scotto, génériques musicaux de début et fin
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Cinémathèque québécoise
- (en) IMDb
- (de) OFDb
- « Le premier épisode des Shadoks » [vidéo], sur ina.fr