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Trouble dissociatif de l'identité
Causes Traumatisme psychologique ou traumatisme infantile (en)
Traitement
Traitement Psychothérapie, soins de support (d), relation d'aide, psychoéducation et art-thérapie
Spécialité Psychiatrie et psychologie
Classification et ressources externes
CIM-10 F44.8
CIM-9 300.14
eMedicine 916186
MeSH D009105

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Le trouble dissociatif de l'identité (TDI, anciennement appelé le trouble de la personnalité multiple selon la CIM-10) est un trouble mental défini en 1994 dans le DSM par un ensemble de critères diagnostiques comme un type particulier de trouble dissociatif. Le diagnostic requiert la présence d'états de personnalité distincts avec altération significative de la mémoire, la perception, des affects, de la cognition et possiblement du fonctionnement sensorimoteur. De plus, les symptômes ne peuvent être l'effet temporaire d'un abus de substances ou d'une condition médicale généralisée[1]. Le TDI est moins répandu que les autres troubles dissociatifs, qui surviennent dans approximativement 1 à 3 % des cas, et est souvent comorbide avec d'autres troubles[2].

La validité du TDI en tant que diagnostic médical a très souvent été remise en question[3],[4]. Le TDI est plus fréquemment et systématiquement diagnostiqué en Amérique du Nord que dans le reste du monde[5],[6].

Histoire

Avant le XIXe siècle, des individus qui montraient des symptômes similaires pensaient être possédés par des esprits[2]. Le premier cas de TDI aurait été décrit par Paracelse. Au XIXe siècle, le « dédoublement » ou double conscience, le précurseur historique du TDI, était fréquemment décrit comme un état de somnambulisme, suggérant que le somnambule passait d'un comportement normal à un « état de somnambulisme »[7]. Un très fort intérêt pour le spiritualisme, la parapsychologie et l'hypnose s'ensuit durant le XIXe siècle et au début du XXe[6]. Le XIXe siècle a vu naître de nombreuses personnalités estimées à 100 par Rieber[8]. Dans certains cas, l'épilepsie était considérée comme un facteur de risque[8].

Depuis le cas spectaculaire de Christine Beauchamp présenté par Morton Prince en 1906, la question des personnalités multiples avait sombré dans un relatif oubli. C'est surtout après la publication de l'ouvrage Sybil, en 1973, qui a été un immense succès de diffusion, que des cas ont été à nouveau décrits. Parallèlement, la figure de la personnalité multiple commençait à apparaître dans des films de fiction, dans les talk-shows ; un thème exploité dans le roman de Mary Higgins Clark Nous n'irons plus au bois (1992) et dans la série américaine United States of Tara (2008). Ce regain d'intérêt a conduit les concepteurs du Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux, classification américaine des maladies mentales de référence, à introduire ce trouble dans la troisième version de leur manuel : le DSM-III.

Le trouble de la personnalité multiple est décrit pour la première fois en Amérique du Nord dans les années 1980, notamment à la suite de l'affaire Billy Milligan. De tels troubles, quoique rares, avaient été décrits depuis des temps anciens, et puis plus particulièrement à la charnière entre le XIXe siècle et le XXe siècle en France à partir des travaux notamment de Pierre Janet. Ces cas restaient rares, mais dans les années 1980 on a assisté à une véritable explosion de ces troubles, si bien que certains ont parlé d'« épidémie ». Cela s'est accompagné de nombreuses dérives, alors qu'une large partie de la communauté scientifique restait sceptique. Il a d'ailleurs été renommé dans le DSM-IV en trouble dissociatif de l'identité.

Signes et symptômes

Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), le TDI implique « la présence de deux ou plusieurs identités ou « états de personnalité » distincts qui prennent tour à tour le contrôle du comportement du sujet, s'accompagnant d'une incapacité à évoquer des souvenirs personnels[9]. » Chez chaque individu, les symptômes varient et le comportement peut souvent être inadapté à une situation vécue[10],[11]. Les patients peuvent faire l'expérience de symptômes pseudo-comitiaux qui ressembleraient à de l'épilepsie, schizophrénie (voir aussi sa confusion avec le sens commun), aux troubles anxieux, troubles de l'humeur, au trouble de stress post-traumatique, troubles de la personnalité et aux troubles des conduites alimentaires[10].

Les symptômes de l'amnésie dissociative, fugue dissociative et trouble de la dépersonnalisation sont liés aux diagnostics du TDI et ne sont jamais diagnostiqués séparément. Les individus peuvent être effrayés des symptômes du TDI (pensées intrusives ou émotions) et de leurs conséquences[12],[13].

Comorbidités

Généralement, les antécédents psychiatriques des individus comprennent des diagnostics antérieurs de troubles divers ainsi que de nombreux échecs de traitement[1]. La raison de consultation la plus fréquente du TDI est la dépression, les maux de tête représentant un symptôme neurologique commun. Les comorbidités peuvent inclure des troubles mentaux et du comportement lié à l’utilisation de substances psychoactives, des troubles des conduites alimentaires, des troubles anxieux, un trouble bipolaire et des troubles de la personnalité[14],[15]. Les manifestations de dissociation chez les personnes atteintes de schizophrénie diffèrent de celles rencontrées chez les personnes atteintes de TDI, car elles ne sont pas enracinées dans un traumatisme. Bien que cette distinction puisse être testée de manière efficace, les deux conditions partagent un taux élevé d’hallucinations auditives dissociatives. En comparant les individus ne présentant pas de diagnostic de TDI, on a constaté des comorbidités avec d’autres troubles comme les troubles somatiques, les troubles de dépression majeure, de même que des antécédents de tentatives de suicide. En dépit de la forte comorbidité du TDI et de la corrélation entre son développement et un traumatisme, des données probantes suggèrent que le TDI requiert un diagnostic distinct de celui d’autres affections comme le syndrome de stress post-traumatique[16].

Causes

Selon certains auteurs, ce trouble est lié à l'expérience d'événements traumatiques avant l'âge de 7 à 9 ans[17], à une nutrition insuffisante durant l'enfance, ou à une capacité innée de dissocier des souvenirs ou des expériences vécues[10]. Un haut pourcentage de patients rapportent avoir été maltraités durant leur enfance[3],[18].

Les individus diagnostiqués de TDI rapportent avoir souvent vécu des agressions physiques et sexuelles, spécialement durant la petite à la deuxième enfance[19].

Controverse

Le TDI figure parmi les troubles dissociatifs les plus discutés et parmi les troubles les plus controversés du DSM-IV-TR[20].

La controverse principale oppose l'idée selon laquelle le TDI est causé par un stress traumatique forçant l’esprit à se diviser en plusieurs identités, chacune avec un ensemble de souvenirs séparé[21],[22], et la conviction que certains symptômes sont engendrés par des pratiques psychothérapeutiques, les patients jouant alors un rôle qu'ils jugent correspondre à celui d'une personne atteinte de TDI [23],[24]. Il existe entre ces deux positions un désaccord intense. Les recherches, de plus, ont été menées selon une méthodologie de faible qualité [21]. Le psychiatre Joel Paris note que l'idée selon laquelle une personnalité serait capable de se diviser en plusieurs entités autonomes constitue une affirmation non prouvée qui contredit la recherche en psychologie cognitive[25].

Certains auteurs pensent que le TDI est causé par les soins psychiatriques, c’est-à-dire que les thérapeutes eux-mêmes induisent des symptômes de TDI, via l'hypnose notamment. Cette croyance implique également que les personnes atteintes de TDI sont plus susceptibles d'être manipulées par l'hypnose et plus vulnérables à la suggestion que d'autres. Le modèle iatrogene indique aussi parfois que le traitement du TDI est nocif. Mais selon Brand, Loewenstein et Spiegel, « les allégations selon lesquelles le traitement du TDI est nocif sont basées sur des cas anecdotiques, des articles d'opinion, des rapports de dommages, non étayés par la littérature scientifique, de la phénoménologie du TDI. »

Les psychiatres August Piper et Harold Merskey ont contesté l'hypothèse du traumatisme, arguant que la corrélation n'implique pas le lien de causalité. Ils affirment que TDI ne peut pas être diagnostiqué avec précision en raison de critères de diagnostic vagues et malléables du DSM et de la présence de concepts non définis, tels que ceux d'« état de personnalité » et d'« identités », et remettent en question les preuves de maltraitance infantile au-delà des témoignages individuels[26].

Le psychiatre Colin Ross est quant à lui en désaccord avec la conclusion de Piper et Merskey selon laquelle le TDI ne pourrait pas être diagnostiqué avec précision, indiquant une cohérence interne entre différents entretiens structurés sur les troubles dissociatifs (s'appuyant notamment sur la DES, la SCID-D ainsi que la DDIS). Selon lui, Piper et Merskey fixent la norme de preuve plus haut que pour d'autres diagnostics. Il affirme également que Piper et Merskey ont sélectionné certaines données et n'ont pas incorporé toute la littérature scientifique disponible, comme des preuves indépendantes corroborant un traumatisme[27].

Dans la culture populaire

Séries

Films

Certaines franchises de films traitent de ce sujet. Certains de ces films sont exagérés pour affirmer le genre du film (que ce soit un film d'horreur ou un thriller).

Romans

  • La Proie des âmes. Un conte spirituel (2005) de Matt Ruff, Éditions du Seuil

Notes et références

  1. 1 2 (en) « Mental Health: Dissociative Identity Disorder (Multiple Personality Disorder) », sur Webmd.com (consulté le ).
  2. 1 2 Sadock 2002, p. 681.
  3. 1 2 (en) « Dissociative Identity Disorder, patient's reference », sur Merck.com, (consulté en ).
  4. (en) Carroll RT, « Multiple personality disorder (dissociative identity disorder) », sur Skeptic’s Dictionary, (consulté le ).
  5. (en) Paris J, « Review-Essay : Dissociative Symptoms, Dissociative Disorders, and Cultural Psychiatry », Transcult Psychiatry, vol. 33, no 1, , p. 55–68 (DOI 10.1177/136346159603300104).
  6. 1 2 (en) Atchison M, McFarlane AC, « A review of dissociation and dissociative disorders », The Australian and New Zealand journal of psychiatry, vol. 28, no 4, , p. 591–9 (PMID 7794202, DOI 10.3109/00048679409080782).
  7. DOI  10.1177/1745691612437597 .
  8. 1 2 (en) Rieber RW, The duality of the brain and the multiplicity of minds: can you have it both ways?, vol. 13, , 3–17 p. (PMID 12094818, DOI 10.1177/0957154X0201304901).
  9. Association Américaine de Psychiatrie, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Arlington, VA, USA, American Psychiatric Publishing, Inc., , 943 p. (ISBN 978-0-89042-024-9, DOI 10.1176/appi.books.9780890423349, lire en ligne), p. 526–529.
  10. 1 2 3 (en) « Dissociative Identity Disorder », sur Merck.com, (consulté le ).
  11. (en) John Wiley & Sons, Adult Psychopathology and Diagnosis, Hoboken, N.J., Michel Hersen, Samuel M. Turner, Deborah C. Beidel, , 473–503 (ISBN 978-0-471-74584-6), « Dissociative Disorders ».
  12. (en) [PDF] Spiegel, D.; Loewenstein, R. J.; Lewis-Fernández, R.; Sar, V.; Simeon, D.; Vermetten, E.; Cardeña, E.; Dell, P. F., « Dissociative disorders in DSM-5 » (consulté le ).
  13. (en) J.R. Maldonado, R.E. Hales (dir.), S.C. Yudofsky (dir.), G.O. Gabbard (dir.) et Alan F. Schatzberg (préface), D. Spiegel, The American Psychiatric Publishing textbook of psychiatry, Washington, DC, American Psychiatric Association, , 5e éd., 681–710 (ISBN 978-1-58562-257-3, lire en ligne), « Dissociative disorders — Dissociative identity disorder (Multiple personality disorder) ».
  14. (en) Martin J Dorahy, Bethany L Brand, Vedat Şar et Christa Krüger, « Dissociative identity disorder: An empirical overview », Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, vol. 48, no 5, , p. 402–417 (ISSN 0004-8674 et 1440-1614, DOI 10.1177/0004867414527523, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Aytül Gursu Hariri, Medine Yazici Gulec, Fatma Fariha Cengiz Orengul et Esra Aydin Sumbul, « Dissociation in bipolar disorder: Relationships between clinical variables and childhood trauma », Journal of Affective Disorders, vol. 184, , p. 104–110 (ISSN 0165-0327, DOI 10.1016/j.jad.2015.05.023, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Vedat Şar, Gamze Akyüz et Orhan Doğan, « Prevalence of dissociative disorders among women in the general population », Psychiatry Research, vol. 149, no 1, , p. 169–176 (ISSN 0165-1781, DOI 10.1016/j.psychres.2006.01.005, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Pearson, M.L., Childhood trauma, adult trauma, and dissociation, vol. 10, , 58–62:, PDF (lire en ligne), chap. 1.
  18. (en) Kluft RP, « Current Issues in Dissociative Identity Disorder », Bridging Eastern & Western Psychiatry, vol. 1, no 1, , p. 71–87 (lire en ligne).
  19. Association américaine de psychiatrie, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV TR (Text Revision)), Arlington, VA, États-Unis, American Psychiatric Publishing, Inc., , 943 p. (ISBN 978-0-89042-024-9, DOI 10.1176/appi.books.9780890423349, lire en ligne), p. 943.
  20. Lynn, SJ; Berg J; Lilienfeld SO; Merckelbach H; Giesbrecht T; Accardi M; Cleere C (2012). "14 - Dissociative disorders". In Hersen M; Beidel DC. Adult Psychopathology and Diagnosis. John Wiley & Sons. pp. 497–538 (ISBN 1-118-13882-1).
  21. 1 2 (en) E. Howell, « Dissociation and dissociative disorders: commentary and context », dans Petrucelli E, Knowing, not-knowing and sort-of-knowing: psychoanalysis and the experience of uncertainty, Karnac Books, (ISBN 1-85575-657-9), pp. 83–98.
  22. Kihlstrom JF (2005). "Dissociative disorders". Annual Review of Clinical Psychology. 1 (1): 227–53. doi:10.1146/annurev.clinpsy.1.102803.143925 PMID 17716088.
  23. Rubin, EH (2005). Rubin EH; Zorumski CF, eds. Adult psychiatry: Blackwell's neurology and psychiatry access series (2nd ed.). John Wiley & Sons. p. 280 (ISBN 1-4051-1769-9).
  24. Piper A, Merskey H (2004). "The persistence of folly: A critical examination of dissociative identity disorder. Part I. The excesses of an improbable concept" . Canadian Journal of Psychiatry. 49 (9): 592–600. doi:10.1177/070674370404900904 PMID 15503730.
  25. Paris J (2012). "The rise and fall of dissociative identity disorder". Journal of Nervous and Mental Disease. 200 (12): 1076–9. doi:10.1097/NMD.0b013e318275d285 PMID 23197123.
  26. Piper A, Merskey H (2004). "The persistence of folly: Critical examination of dissociative identity disorder. Part II. The defence and decline of multiple personality or dissociative identity disorder" (PDF). Canadian Journal of Psychiatry. 49 (10): 678–683. doi:10.1177/070674370404901005 PMID 15560314.
  27. Ross CA (2009). "Errors of Logic and Scholarship Concerning Dissociative Identity Disorder". Journal of Child Sexual Abuse. 18 (2): 221–231. doi:10.1080/10538710902743982. PMID 19306208.
  28. Sébastien Mauge, « Écrans & TV. Séries. Quand les héros troublés font des séries troublantes », Télérama, 13 mars 2017 ; mis à jour le 8 décembre 2020.
  29. Simone Fortin , « Est-ce que Moon Knight représente bien le trouble dissociatif de l’identité selon deux psychologues », 24heures, 18 mai 2022.
  30. Sandra Lorenzo, « Dans Split de Night Shyamalan, le personnage principal souffre de TDI et non de schizophrénie », Huff Post, 22 février 2017.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Benjamin J. Sadock et Virginia A. Sadock, Kaplan and Sadock's Synopsis of Psychiatry : Behavioral Sciences/Clinical Psychiatry, Lippincott Williams & Wilkins, , 9e éd., 1460 p. (ISBN 0-7817-3183-6)
  • Morton Prince. La Dissociation d'une personnalité. Étude biographique de psychologie pathologique. Le cas Miss Beauchamp (1906 - 1911), éd. L'Harmattan, 2005 (ISBN 2-7475-8809-2)

Article connexe

  • Dissociation mentale

Liens externes