W | |
Graphies | |
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Capitale | W |
Bas de casse | w |
Lettre modificative | ʷ, ᵂ |
Utilisation | |
Alphabets | Latin |
Ordre | 23e |
Phonèmes principaux | /w/, /v/, /ʋ/... |
W est la 23e lettre et la 18e consonne de l’alphabet latin moderne.
Histoire
Bas Empire
Avant la ligature, on a eu d'abord le redoublement du u (ou v), utilisé durant le Bas Empire, et ce, donc, à la fin de l'Antiquité et dans le midi de l'Europe, et non pas d'abord au Moyen Âge et en territoire germanique. Des écrivains ou scripteurs latins employèrent alors ce redoublement quand ils voulurent indiquer que la lettre v en position consonantique devait encore se prononcer à l'ancienne manière, celle du latin classique, c'est-à-dire [w] (comme un w anglais actuel, ou comme ‹ ou › dans le français ouest) ; alors que pourtant, un changement phonétique avait conduit à substituer à ce phonème le son de la labiale [b], lequel son devait aboutir lui-même plus tard à la labio-dentale [v] (en français ou italien par exemple).
Ce v redoublé fut employé pour écrire en tout cas certains noms de lieux géographiques de l'Empire romain, à propos desquels le changement susdit ne s'était pas produit. Le nom géographique « Seuo », toujours prononcé « Sewo » à la fin de l’Empire, fut orthographié « Seuuo »[1],[2].
Moyen Âge
Au Moyen Âge, la réunion de deux V (d'où le nom en français, double v) ou de deux U (en anglais : double u) devient systématique. Chilpéric ajoute à l'alphabet quatre caractères de son invention, parmi lesquels un affecté à la prononciation qu’on a depuis rendue par le double v. Les noms propres d'origine germanique devaient ainsi recevoir, dans les textes écrits en latin, une graphie exacte et fixe[3],[4] pour rendre le son [w]. Dans la tapisserie de Bayeux fabriquée au XIe siècle, dont le texte est rédigé en latin, le W- croisé alterne librement avec VV-, par exemple on brode indifféremment WILLELM ou VVILLELM (ou parfois VVILGELM) pour indiquer que c'est bien Guillaume le Conquérant qui est représenté dans la scène[5].
Le v latin initial originellement prononcé comme une semi-consonne s'est consonantisé en [v] en latin vulgaire, alors que les migrations germaniques ont réintroduit le phonème /w/ [w][6], noté W en gallo-roman. Ainsi, même des noms communs d'origine latine tel que VASTARE « rendre désert, dépeupler; ravager, dévaster, ruiner » se sont hybridés en gallo-roman[6], d'où *WASTARE > gâter en français moderne, sous l'influence du germanique *wōsti « désert », *wōstjan « rendre désert, ruiner », comparable au vieux haut allemand wuostan, allemand verwüsten « dévaster, ravager, ruiner »[7], Wüste « désert »; voir aussi guêpe, gui, goupil, etc. [w] est d'abord passé à [gw], puis à [g] noté g ou gu en français central, alors que l'italien par exemple, conserve le [v] commun à la plupart des autres langues romanes : vastare, vespa, visco, volpe, etc. dans les mots d’origine latine. En outre, les dialectes les plus septentrionaux de la langue d'oïl ont conservé le w [w] : wallon, picard, normand septentrional (groupe du nord ouest : dialectes septentrionaux) et champenois, bas lorrain, bourguignon (groupe du nord est : dialectes orientaux)[8].
Cependant, le graphe w ne tient pas toujours compte de l'évolution phonétique, ainsi par exemple w se prononçait [w] en allemand comme en anglais avant de se consonantiser en [v] en allemand vers le XIIIe siècle et ce, contrairement à l'anglais : vieux haut allemand wint [wint] > allemand moderne Wind [vint] « vent ». C'est la même chose en normand septentrional où [w] est passé à [v] dans le courant du XIIe siècle[9], tout en continuant d'être écrit w- dans certains cas jusqu’au XIIIe siècle, c'est pourquoi la prononciation retenue pour mentionner l'écrivain Wace qui vivait au XIIe siècle est « vace » [vas][9]. Les emprunts de l'anglais à l'anglo-normand conserve cette graphie w et ce son [w] : waste (gâter), wait (A. F. guaiter > guetter), walop / galop, warrant / garant, war (guerre), wicket (< ancien normand wiket > normand viquet / français guichet), etc.
Usage en français moderne
La lettre W est la dernière lettre conventionnellement entrée dans l'alphabet français. Le Grand Robert la reconnaît comme 23e lettre de l'alphabet en 1964, tandis que le Petit Larousse l'avait intégrée depuis 1948[10],[11]. Cependant, W n'est jamais complètement sortie de l'usage pour retranscrire des noms communs étrangers ou dialectaux, ainsi que des noms propres. En 1751, l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert utilise le W mais indique à l’entrée « W » que « cette lettre n’est pas proprement de l’alphabet françois. C’est la nécessité de conformer notre écriture à celle des étrangers, qui en a donné l’usage[12]. » ; de la même façon, le Dictionnaire de Trévoux en 1771 indique « Cette lettre n’est pas proprement une lettre Française. C’est une lettre des peuples du Nord. Cependant nous l'admettons pour plusieurs noms propres[13]. ».
Effectivement, et contrairement à ce qu'affirment Diderot et D’Alembert, le W- ou -w- a toujours été utilisé dans les noms propres du Nord de la France et de la Belgique francophone, c'est-à-dire dans l'anthroponymie (surtout des patronymes aujourd'hui) et dans la toponymie. Ainsi le normand septentrional, le picard, le wallon (comme son nom l'indique), le bas-lorrain, le champenois et le bourguignon n'ont jamais abandonné l'usage de cette lettre dans l'onomastique régionale, c'est pourquoi on trouve des noms de famille fréquents tels Watteau, Wace, Wautier, Waquet, Wartel, Warin, Willaume, etc. ou des toponymes comme Lawarde-Mauger, Wanchy-Capval, Wignicourt, Longwy, etc. Il ne s'agit pas d'une graphie arbitraire, mais le reflet de la phonétique régionale, à savoir la conservation du [w][14], passé plus tardivement à [v] dans certains cas (au XIIe siècle en normand par exemple[15]), alors que dans les autres dialectes d'oïl (« francien », occidentaux, centraux, méridionaux), le w- [w] initial ancien du gallo-roman est passé précocement à [gʷ], d'où le graphe gu- encore au Moyen Âge (d'où par exemple l’anglais guard), avant de se simplifier en [g], noté g- ou gu- selon les cas. Les noms propres issus des dialectes d’oïl occidentaux, centraux et méridionaux présentent donc des formes en G(u)-, correspondant souvent à celles en W- ci-dessus : Gautier, Garin, Guillaume, Lagarde, etc. Il existe cependant quelques rares exemples de l'usage de la lettre W dans les noms propres en dehors de l'aire de diffusion des dialectes d’oïl septentrionaux et orientaux, comme dans Wissous (Vizoor au XIe siècle, Vizeorium et Viceor au XIIe[16]), mais il s'agit dans ce cas de graphie abusive, le W- initial n'apparaissant qu'au XVIIe siècle[17].
Une relative incertitude règne aussi en français contemporain dans la prononciation des emprunts de termes commençant par la lettre w-, notamment de l'anglais, par exemple week-end [w] et wagon [v]. Il en est de même pour les noms propres commençant par W- caractéristiques des patronymes et toponymes flamands, picards, champenois et bas lorrains, où l’on note une certaine confusion, parfois dans une même commune on entend deux, voire trois, prononciations différentes du w, c'est ainsi que pour la ville de Wissant (Pas-de-Calais) l'on entend aussi bien les prononciations [ɥisɑ̃] (« huissant ») que [wisɑ̃] (« ouissant ») et [visɑ̃] (« vissant »). Le ch'ti et le wallon retiennent généralement la prononciation [w] de w, d'où wagon prononcé [waɡɔ̃].
Usage dans d'autres langues
Un W barré, ₩ (U+20A9), est le symbole monétaire du won, monnaie de Corée.
Langues romanes
Le W est inutilisé en Italie, en Roumanie, ainsi que dans les pays hispanophones et lusophones.
Langues germaniques
Langues slaves
Tracé
Il existe principalement deux tracés pour cette lettre : croisé ou non. La version croisée correspond à deux V superposés l’un sur l’autre.
- La police Linux Libertine possède les deux tracés (le tracé croisé est codé dans la zone à usage privée (1re partie) à l’emplacement U+E02F)[18].
- Les capitales des polices Garamond et Sabon possèdent généralement le tracé croisé.
De façon, plus rare, on trouve parfois un W en forme de « trident » avec une seule hampe de jonction, notamment dans les polices Bauhaus ou OCR-A. On retrouve cette forme dans les minuscules des polices Garamond en italique.
- W croisé (Linux Libertine).
- W non croisé.
- Lettrine W « trident ».
Alphabet phonétique international
La lettre w est le symbole pour la consonne spirante labio-vélaire voisée.
La forme en exposant du w ‹ ʷ › est utilisée comme symbole phonétique de l’alphabet phonétique international pour la labiovélarisation mais aussi comme lettre dans l’écriture de plusieurs langues.
Codage
Informatique
Lettre | W | w | ||
---|---|---|---|---|
Nom Unicode | Lettre capitale latine W | Lettre minuscule latine W | ||
Encodage | décimal | hexadécimal | décimal | hexadécimal |
ASCII, ISO 8859, Unicode | 87 | 57 | 119 | 77 |
EBCDIC | 230 | E6 | 166 | A6 |
Radio
Fichier audio | |
W en code morse | |
Des difficultés à utiliser ces médias ? | |
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- Épellation alphabet radio
- international : Whiskey
- allemand : Wilhelm
- En alphabet morse, la lettre W vaut «
·--
»
Autres
Signalisation | Langue des signes | Écriture Braille | ||
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Pavillon | Sémaphore | française | québécoise | |
Notes et références
- ↑ David Sacks, Une Histoire de l'Alphabet, Les Editions de l'Homme, page 274
- ↑ Voir l'ouvrage du linguiste anglophone David Sacks, intitulé en français Une histoire de l'alphabet, éditions de l'Homme, pour ce qui est de la traduction française, page 274.
- ↑ Thierry 1851, p. 190.
- ↑ X*** 1834, colonnes 420‒421, s.v. Article III. Lettres inventées par le roi Chilpéric Ier.
- ↑ Panorama de toute la tapisserie : voir Fichier:Teppich von Bayeux.jpg (agrandir au maximum).
- 1 2 Françoise Nore, « influences germaniques sur le phonétisme » (lire en ligne)
- ↑ Site du CNRTL : étymologie de gâter Site du CNRTL : étymologie de gâter.
- ↑ Jacques Allières, La formation de la langue française, Paris, P.U. F. Que sais-je ?, no 1907, 1982, pp. 117 à 123.
- 1 2 René Lepelley, Guillaume le Duc, Guillaume le Roi : Extraits du Roman de Rou de Wace, Centre de Publications de l'Université de Caen, 1987, p. 15.
- ↑ W, dernière lettre entrée dans l’alphabet français.
- ↑
- ↑ Entrée « W » de l’Encyclopédie, 1re édition, 1751, tome 17, p. 583, lire en ligne.
- ↑ Entrée « W » du Dictionnaire de Trévoux, 6e édition, 1771, tome 8, p. 498, lire en ligne.
- ↑ Allières 1982, p. 117‒124.
- ↑ Lepelley 1999, p. 61.
- ↑ Dauzat et Rostaing 1979, p. 735a.
- ↑ Ciret 2004, p. 26.
- ↑ Uniquement dans la version régulière au format OpenType : LinLibertine_Re-4.7.3.otf.
Bibliographie
- Jacques Allières, La formation de la langue française, éditions PUF, coll. « Que sais-je ? »,
- Jean-Claude Ciret, Wissous : Au temps jadis : Un village du Hurepoix, LTD éditions, (ISBN 978-978-2879-03-5)
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN 2-85023-076-6)
- René Lepelley, La Normandie dialectale : petite encyclopédie des langages en mots régionaux de la province de Normandie et des l̂les anglo-normandes, Caen, Presses universitaires de Caen, , 175 p. (ISBN 2-84133-076-1, BNF 37008883)
- Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, Furne, (lire en ligne)
- X***, Dictionnaire de paléographie, de cryptographie, de dactylogie, d’hiéroglyphie, de sténographie et de télégraphie, Jacques-Paul Migne, (lire en ligne)