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La colonne d'eau et ses différents étages d'espèces.
Représentation schématique du concept pêche des maillons inférieurs de la chaine alimentaire (en) de l'halieute Daniel Pauly.

Le benthos est l'ensemble des organismes aquatiques (marins ou dulcicoles), appelés benthontes, vivant sur le fond des mers et océans, des lacs et cours d'eau. Par opposition, on parle de pélagos (constitué du plancton et du necton) pour désigner l'ensemble des organismes qui occupent la tranche d'eau supérieure, du fond à la surface.

Ce mot vient du grec ancien βένθος / bénthos, « profondeur ». L'adjectif benthique dérive de benthos et s'emploie pour préciser qu'une espèce vit dans la zone de fond marin, soit à proximité du fond (organismes vagiles), soit directement sur le substratum (épibenthique), soit même dans celui-là (endobenthique), cette espèce pouvant être sessile (fixée) ou vagile (mobile).

Exemples d'organismes benthiques.
Quelques vers marins (Planche naturaliste tirée de Das Meer de Matthias Jakob Schleiden (1804–1881)).
Marelle littorale (marée basse) avec divers organismes benthiques fixés et deux chitons.

Vie benthique et nature du substrat

Suivant la nature du substrat (sable, vase, roche compacte), le mode de vie des animaux va être :

  • épibenthique libre (mobile, vagile) ;
  • épibenthique fixé au substratum ;
  • endobenthique (organisme fouisseur).

Vie benthique et profondeur

La notion de benthos est indépendante de la profondeur. La vie benthique existe aux différentes profondeurs où se trouve le fond des océans. On peut distinguer quatre zones principales :

  • la zone littorale (supratidale, intertidale, infratidale, circatidale) qui correspond à la zone photique, jusqu'à 20 ou 50 m de profondeur, et où la pénétration de la lumière permet l'existence d'une production primaire (algues, phanérogames) ;
  • la zone bathyale ;
  • la zone abyssale ;
  • la zone hadale.

Taille des organismes benthiques

En fonction de leur taille, de leur poids et de leur vitesse de reproduction, la biologiste marine Molly F. Mare (en) a proposé en 1942 une classification des benthontes qui les regroupe en trois catégories[1] :

  • le macrobenthos, de taille supérieure à mm ;
  • le meiobenthos, de taille comprise entre mm et 63 µm (0,063 mm) ;
  • le microbenthos, de taille inférieure à 63 µm.

Macrobenthos

Le macrobenthos comprend les espèces les plus grandes et visibles (de plus de mm de longueur). On y compte par exemple les vers polychètes, les coquillages bivalves, les échinodermes, les anémones de mer, les coraux, les éponges, les ascidies, les turbellariés et les plus grands des crustacés dont les crabes, langoustes, homards, araignées de mer, requin du Groenland (de 2,50 à 7,30 m), etc.

Méiobenthos

Le méiobenthos comprend de petits organismes de moins d'un millimètre mais plus grand que 0,1 mm de long. Ce sont par exemple des nématodes, foraminifères, tardigrades, gastrotriches et de petits crustacés tels que des copépodes et ostracodes.

Microbenthos

Le Microbenthos comprend les animaux benthiques microscopiques (d'une taille comprise entre 0,1 mm et celle des plus petites bactéries. Ce sont des bactéries, diatomées, ciliés, amibes et des flagellés. Le microphytobenthos en est la partie constituée de microalgues benthiques.

  • Diatomées marines.
    Diatomées marines.
  • Cilié : stentor roeseli.
    Cilié : stentor roeseli.
  • Flagellé.
    Flagellé.

Dégradation des fonds marins

Fortement convoitées, la faune et la flore benthiques (zoobenthos et phytobenthos) sont soumises à de multiples pressions anthropiques. Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), 80 % des pollutions marines sont d'origine terrestre et anthropique[2]. Ces perturbations directes ou indirectes sont générées par les activités humaines, soit physiquement (effets du chalutage de fond, parfois comparés aux coupes rases en exploitation forestière, dragage pour l'extraction de granulats, aquaculture, etc.), soit résultant de pollutions chroniques (rejets urbains, agricoles (en) et industriels) ou d'apports accidentels (pollutions pétrolières, introduction d'espèces envahissantes)[3]. Le chalutage profond détruit également une partie de la faune benthique, très lente à se reconstituer[4].

De plus, beaucoup d'organismes benthiques ont des larves qui sont planctoniques et qui pourraient être négativement affectées par l'acidification des océans, à des seuils de teneur en CO2 déjà atteints ou qui pourraient bientôt l'être[5].

Notes et références

  1. (en) « A study of a marine benthic community with special reference to the micro-organisms », Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, vol. 25, no 3, , p. 517–554
  2. Rachid Amara, Impact de l’anthropisation sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes marins. Exemple de la Manche-mer du nord, VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Hors-série 9, juillet 2011
  3. (en) Benjamin S. Halpern, Shaun Walbridge, Kimberly A. Selkoe, Carrie V. Kappel, Fiorenza Micheli, Caterina D'Agrosa, « A Global Map of Human Impact on Marine Ecosystems », Science, vol. 319, no 5865, , p. 948-952 (DOI 10.1126/science.1149345)
  4. « Le monde des abysses, une biodiversité fragile et méconnue », sur Reporterre,
  5. Munday PL, Dixson DL, McCormick MI, Meekan M, Ferrari MC & Chivers DP, « Replenishment of fish populations is threatened by ocean acidification », PNAS, vol. 107, no 29, , p. 12930-12934 (lire en ligne)

Bibliographie

  • [PDF] Bajjouk T., Derrien S., Gentil f., Hily C., Grall J (2010) Typologie d’habitats marins benthiques : analyse de l’existant et propositions pour la cartographie. Habitats côtiers de la région Bretagne - Note de synthèse no 2, Habitats du circalittoral. Projets REBENT-Bretagne et Natura 2000-Bretagne. RST/IFREMER/DYNECO/AG/11-03/TB, 24 p + Annexes. (lire en ligne)
  • Ratsimbazafy, R., Boucher, G., & Dauvin, J. C. (1994). Mesures indirectes de la biomasse des nématodes du meiobenthos subtidal de la Manche. Cahiers de biologie marine, 35(4), 511-523 (résumé)
  • Thouzeau, G., Chauvaud, L., Durand, G., Patris, T., & Glemarec, M. (2003). Impact des polluants d'origine anthropique sur les organismes benthiques marins: notions d'indicateurs biologiques de perturbation et de réseaux de surveillance. (résumé)

Voir aussi

Articles connexes

  • Écologie benthique
  • Démersal
  • Épifaune
  • Pélagos
  • Macroinvertébré benthique dulcicole
  • Bionomie benthique : sur le Wiktionnaire

Liens externes