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Un bocage mêlant haies larges (bandes arbustives), champs cultivés et prairies, Eildon Hill (Écosse).
Un paysage bocager : terres cultivées et pâturages protégés par des haies brise-vent, Toscane (Italie).
La haie plessée montre que le paysage bocager est le fruit de l'aménagement de l'espace rural par des générations d'agriculteurs (Angleterre).
Une structure bocagère de montagne riche en haies vives et écopaysagèrement connectée aux boisements et à un rivage lacustre, bord du Zeller See (Autriche).

On appelle bocage une région rurale où les champs cultivés et les prés sont enclos par des levées de terre ou talus portant des haies et taillis, et des alignements plus ou moins continus d'arbres et arbustes sauvages ou fruitiers. Cette végétation haute de 1 à 20 mètres marque généralement les limites de parcelles qui sont de tailles inégales et de formes différentes. Paysage agraire identitaire, l'habitat bocager y est souvent dispersé sous forme de fermes et de hameaux[1]. Des formes bocagères se sont développées sous différentes latitudes et époques.

Historiquement, si des formes de bocage ont pu apparaître dès l'époque antique, le bocage tel qu'on le connaît en Europe de l'Ouest s'est mis en place à la suite des phases de défrichements du Moyen Âge pour la création de cultures en joualles, l'établissement de vergers-potagers de monastères et la formation de jardins de « simples » et herbes à pot d'abbayes. La mise en place du paysage bocager s'est achevée aux époques suivantes et jusqu'au XVIIIe siècle pour quelques régions. À son apogée, le bocage occupait une large part de la façade atlantique européenne et était également présent à l'intérieur de certaines terres. C’est depuis le début du XXe siècle et surtout après la Seconde Guerre mondiale que le bocage a fortement régressé dans toute l'Europe, notamment dans le cadre de politiques nationales ou européennes de remembrement.

De nos jours, le bocage est encore présent de manière notable en Autriche, Belgique (dans le Pays de Herve), Italie, dans le Nord-Ouest du Royaume-Uni, en Espagne et au Portugal. En France, il est existant dans le Grand ouest (dans certaines parties de la Normandie, de la Bretagne, du Maine et du Poitou historique), et aussi dans le Centre (Berry, Creuse, Massif central), la Bourgogne (Morvan, Charolais, Brionnais) et même dans le Nord de la France (Avesnois, Boulonnais, Vimeu) et les Alpes (Champsaur).

Lorsque le bocage est reconstitué ou de création récente, il est rendu compatible avec l'agriculture intensive ou industrielle et les engins agricoles de grande taille. Il peut être associé en agroforesterie à une exploitation de terres agricoles mais dans d'autres situations, le nouveau bocage (bocage moderne ou néobocage) peut être sans biodiversité, d'aspect géométrique, aseptisé et monospécifique (une seule espèce). Il n'est alors qu'une médiocre source de bois à bas prix pour la sylviculture intensive.

Pourtant le bocage est un constituant important du réseau écologique. Ses réseaux imbriqués de prairies, haies, talus et fossés sont autant d'éléments jouant un rôle de corridors biologiques[2]. Les haies de ce type de bocage protègent les sols et cultures, et représentent aussi une intéressante source de bois-énergie[3], à l'origine de nouvelle filière économique locale[4].

On appelle débocagisation les phases de destruction de bocages ; à l'inverse, pour les constructions, reconstructions ou rénovations de bocages, on parle d'embocagement (encore appelé "rebocagement")

Étymologie

La forme bo(s)cage est un emprunt au normand et a supplanté l'ancien français boschage, il s'agit d'un dérivé du normand bosc « bois » à l'aide du suffixe -age cf. bosc. Il procède du germanique bŏsk- (bas latin boscus) qui a aussi donné les termes français bois cf. bois et bosquet (forme empruntée à l'occitan, elle-même issue du français).

D'un point de vue sémantique, il est nécessaire d'établir une distinction entre le sens ancien et le sens actuel. En effet, l'étymologie prête à confusion puisque le bocage désigne désormais une construction humaine et ne naît pas de la forêt.

L’ancien terme boscage ou bocage a longtemps désigné un petit bois, plutôt qu'un réseau de haies (Auia virgulta évoque le bocage où l'on ne peut passer). Au XIIe siècle, le poète Wace[5] distingue les habitants des bois et ceux des plaines Li païsan et li vilain, Cil del boscage et cil del plain [de la plaine]. Au XIIIe siècle, le bocage évoque encore un milieu sauvage : près de lui estoit [le loup] es boscages, Si li a fait sovent anui la rose (Ren. 7398) ; Si n'ai mès cure d'ermitages ; J'ai laissié desers et bocages (11906) ; Cil de Chartrouse sont bien sage ; Car il ont lessié le bochage Por aprochier la bone vile (RUTEB., 167).

Le mot s’est écrit boucaige aux XVIe et XVIe siècles. (Palsgrave note qu'on le prononçait boquaige).

Selon le premier Dictionnaire de l'Académie française (1694), le mot bocage a les mesmes significations que Bosquet. Le Dictionnaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) précise que le mot, comme l’adjectif bocager, -ère désigne un petit bois et qu’il n'est d'usage qu'en Poésie, non plus que bocager (loueroit comme toi les Nymphes bocagères (Gresset).

Le mot n'est plus à la mode à Paris ; l’Académie précise que bocager vieillit : c'est que le genre de poésie où il étoit employé, est assez hors de mode. Cependant, dans une pastorale, un poète s'en servirait sans scrupule, et l'on ne lui en ferait pas un crime. Au XVIIIe siècle, le dictionnaire lui donne une connotation plus positive, bucolique : un petit bois, ou lieu ombragé et pittoresque ; À l'ombre d'un bocage. Dans le bocage. Vert bocage. Bocage frais, agréable, délicieux (Dictionnaire de L'Académie française, 6e édition (1832-5). Pour la 8e édition du Dictionnaire de l'Académie française (1932-5), le terme bocage garde le même sens et s'emploie surtout en poésie.

La notion contemporaine de « réseau maillé de haies » n'a finalement été largement diffusée que dans les années 1960-1980, essentiellement par les géographes, au moment de la régression rapide du bocage détruit par les remembrements et l’urbanisation, via les alertes des milieux scientifiques et de la protection de l’environnement.

Présentation

Bocage français

Le bocage du Boulonnais, Nord de la France
Dans le Sud de la France : une structure bocagère du Massif central (Aveyron)
Bocage du Berry, commune de Coust (Cher)

On trouve des structures semi-bocagères en Charente et en Limousin. Mais nombre de régions françaises abritent des paysages que l'on peut véritablement qualifier de bocage.

  • Le bocage de l'Avesnois dans le Nord de la France a été essentiellement reconstitué au XIXe siècle, avec une diversité génétique, des aubépines notamment plus pauvre pour cette raison. Les haies - composées majoritairement de saules têtards et d'aubépines[6] - y sont souvent plus basses, étroites, régulières et homogènes que dans les autres bocages français. Les haies ont presque disparu entre Maubeuge et la Haie d'Avesnes, mais elles subsistent plus au Sud ; de la Haie d'Avesnes à la Thiérache. Cette région aujourd'hui classée parc naturel régional a été au XIXe siècle très productrice de pommes, mais de nombreux pommiers ont été arrachés au début du XXe siècle.
  • Le bocage berrichon n'est plus voué à la disparition, les champs séparés par des bouchures (en berrichon, tourangeau), haies devant leur appellation à leur entretien (palisser), jadis effectué à la main, on bouchait les éventuels trous en pliant de jeunes arbres, d'où leur nom.
  • Les bocages charolais et brionnais (département de la Saône-et-Loire) en sont une composante des plus anciennes, au même titre que le bocage breton, datant du XVIIIe siècle[7].
  • Le bocage bourguignon (hors charolais-brionnais) est plus récent. Sa mise en place qui correspond à la spécialisation bovine de la région et au développement de la race charolaise, à la base cantonné à la seule région du même nom (sud-ouest de la Bourgogne), date du XIXe siècle. C'est un bocage géométrique, qui rappelle celui de Thiérache et de l'Avesnois, mais dont les haies sont plus riches, faites de divers épineux (notamment prunelier et aubépine), de sureaux et de noisetiers. On le trouve du nord de l’Auvergne (Allier), avec le Bocage bourbonnais, jusqu’au nord-est de la Bourgogne (Côte-d’Or), mais aussi dans la Loire et la Haute-Loire.
  • Le bocage bressuirais, le bocage vendéen et les Mauges couvrent une partie importante du Nord-Ouest des Deux-Sèvres, du Nord de la Vendée et du Sud du Maine-et-Loire. Ils ont constitué le bastion des guerres de Vendée. Avec la Gâtine de Parthenay ce sont des pays de chemins creux, boisés, assez vallonnés et maillés de haies (les palisses en poitevin)[8]. Des actions sont engagées pour préserver, voire replanter les haies bocagères, réapprendre le plessage mais le maillage devient toujours plus lâche[9].
  • Les bocages du pays de Bray (Normandie intérieure) et du Boulonnais. Ce dernier, constitué après les défrichements du Moyen Âge, a conservé plus d'un millier de mares qui sont des éléments supplémentaires de biodiversité en favorisant l'épanouissement d'une faune et d'une flore spécifique : (batraciens, iris, menthe aquatique…).
  • Bocage de Thiérache, dont les premiers noyaux datent du XIVe siècle, dans une région où les paysans sont frondeurs et portés à l'individualisme agraire. Ils se sont étoffés aussi, à la suite de la suppression des contraintes collectives et avec le développement de l'élevage laitier, aux XVIIIe et XIXe siècles. Ils ont aussi subi des remembrements.
  • Le bocage basque est constitué de prairies (sohro) ceintes de haies vives tressées (zerralia).

Bocages à rôles historiques

Les bocages de l'Ouest (Normandie, Bretagne, Maine, Vendée) se sont essentiellement développés au cours du Moyen Âge, la région ouest n'ayant pas connu la pénétration des systèmes d'assolement que l'on rencontre dans les openfield de l'Est. Les haies ont été systématisées de façon à se soustraire aux servitudes collectives et féodales autant que possible de la même façon que les renclôtures se sont développées en Angleterre[8]. Les bocages de l'Ouest se sont encore étoffés aux XVIIIe et XIXe siècles, puis ont finalement subi les remembrements au XXe siècle.

  • Les Bocages breton et vendéen se sont illustrés dans l'histoire de la chouannerie et des guerres de Vendée en France. Les Chouans et l'armée royaliste s'y sont longtemps protégés des armées républicaines[8].
  • Le Bocage normand a été le théâtre de combats entre les armées allemandes et alliées à la suite du débarquement, pendant la Seconde Guerre mondiale (bataille de Normandie). Le réseau des haies, talus et fossés du Bocage normand ont rendu le passage des chars plus difficile et ont multiplié les possibilités de se cacher, pour les deux camps.
Paysage actuel du bocage virois (Normandie).

Bocage belge

Bocage du Pays de Herve.

Dans l'Antiquité, César signale (dans sa Guerre des Gaules) des haies bien maintenues sur le territoire des Nerviens (dans l'Est de l'actuelle Belgique). Une région du Brabant située à l'est de Louvain s'appelle encore de nos jours le Hageland : « le pays des haies ».

Le Pays de Herve : un paysage de bocage persiste en Belgique dans le pays de Herve ou plateau de Herve. Cette région vallonnée, d'environ 450 km2, se trouve dans la sous-région agro-géographique de l'Entre-Vesdre-et-Meuse, à l'est de la Province de Liège. Elle est caractérisée par l'omniprésence des prés, prairies, vergers, souvent entourés de haies, mares. La dispersion de l'habitat y est totale : les villages regroupent les fonctions collectives mais les fermes sont dispersées à travers tout le finage, ce qui est rendu possible par la présence d'innombrables points d'eau. En raison de l'urbanisation croissante et de l'industrialisation de l'agriculture et de l'élevage, ce paysage est aujourd'hui dégradé.

Autrefois région de culture céréalière, le pays de Herve s'est reconverti en zone herbagère et laitière au XVIe siècle. À cette époque en effet, la région était isolée du reste de son territoire politique par la Principauté de Liège. Pour éviter de payer les taxes sur les céréales imposées par cette dernière, l'Entre-Vesdre-et-Meuse s'est reconverti dans l'élevage et l'arboriculture. Après cette reconversion, le Pays de Herve n’avait presque plus de forêts. Mais, les fermiers disposaient pourtant de bois de chauffage, car une partie de leurs haies, entourant prairies et vergers, comportaient des arbres (frêne, charme, chêne, saule…) taillés en têtard. Ils disposaient ainsi d’une source renouvelable de bois-énergie.

Dès 1970, la débocagisation est en marche en Belgique : les obligations de l'éradication du feu bactérien et l'arrachage encouragé par la Commission des Communautés Européennes ont quasi définitivement dégradé le bocage hervien. Les basses tiges sont encore présentes sur les seules terrasses mosanes.

Bocage anglais (Edale valley, Peak District, Royaume-Uni)

Bocage anglais, un cas particulier

Au Sud-Est de l'Angleterre, sur un sol sédimentaire poreux où, en principe, les haies présentent moins d'intérêt, s'est implanté un bocage résultant du mouvement des enclosures.

L'Angleterre ayant développé au XVIIe siècle une politique maritime ambitieuse, elle se mit à importer le blé russe, moins cher que le blé anglais. L'enclosure favorisa l'élevage de moutons et limita la production céréalière anglaise.

Parmi les conséquences de cette politique, l'exode rural fut amplifié et la révolution industrielle accélérée, les ouvriers agricoles désormais en surnombre migrant en masse vers les villes pour travailler dans les usines.

Haie bocagère

La haie bocagère est définie à l’IGN comme étant une formation pluristratifiée linéaire et arborée « comportant des arbres sur au moins 25 mètres de long, sans interruption de plus de 20 mètres, sur une largeur inférieure à 20 mètres et d’une hauteur potentielle supérieure à 1,30 mètre »[10].

L'inventaire botanique et la classification de ces haies permet de présenter la typologie suivante : alignement (haie monostratifiée constituée uniquement d'arbres proches), haies de hauts jets (haies à une strate[Note 1] ou multi-strates d'arbres issus de semis, de plantation ou de balivage, destinés à produire du bois d’œuvre), haies de cépées, haies de têtards (étêtage à une hauteur comprise entre 2 et 4 mètres, pour former des cépées perchées), autres haies (haies arbustives à une strate ou haies taillées inférieures à 2 mètres de hauteur)[11]. Une autre typologie distingue la haie basse (plantation, taillis, haie arbustive) et la haie arborée (régulière : futaie à houppiers libres, futaie d’émondes ; irrégulière : taillis sous futaie, futaie « jardinée »)[12].

Les haies bocagères peuvent être hautes ou basses, continues ou discontinues, composées d'espèces buissonnantes, d'arbustes, de cépées, d'arbres têtards et d'arbres de haut jet[Note 2]. « Les paramètres comme la largeur, la hauteur, le nombre de strates[Note 3] d'une haie influent aussi bien sur la qualité des habitats de la haie (microclimat, abri...) que sur la quantité d'habitats disponibles (volume de végétation, hétérogénéité...), ou la qualité et la quantité des ressources disponibles[13]. »

Les principaux modes de traitement sont le buisson linéaire (formé d'arbustes bas comme ajoncs, genêts, etc.), le taillis linéaire (composé d'arbustes et de rejets de souche et dont la hauteur dépend de la durée de la rotation), le taillis sous futaie linéaire (à trois strates : taillis, baliveaux, arbres de haut jet), enfin la futaie linéaire (constituée de baliveaux et d'arbres de haut jet)[14].

Pour l'agriculteur, les haies bocagères ont des avantages (anti-érosif, climatique, brise-vent, clôture, sources de revenus secondaires avec le bois, etc.), et des inconvénients (obstacle aux engins agricoles à taille toujours croissante, perte de surface[Note 4], perte de rendement[Note 5], coût d'entretien des talus éliminé par arasement)[15].

Évolutions historiques du bocage

Mise en place

Le néolithique est considéré comme la période des débuts de l’agriculture : un climat plus clément ainsi que la diminution vraisemblable des ressources de la chasse et de la cueillette, amènent progressivement les populations à se fixer et à entreprendre la domestication d’espèces végétales et animales. Les haies, qu’elles soient végétales ou minérales existent certainement déjà à cette époque dans un but de clore, délimiter un espace, se protéger, voire nourrir[16]. S'il est difficile de généraliser l'emploi de haies avec des pratiques agricoles au néolithique, plusieurs sites archéologiques[17] présentent une morphologie agraire et des vestiges rappelant l'existence locale d'un bocage, davantage lié à l'élevage qu'à la culture (l'archéozoologie sait distinguer les restes ostéologiques de bétail, l'archéobotanique détermine les essences de haie par la palynologie et les paléosemences par la carpologie, la micromorphologie des sols renseigne sur les pratiques agricoles, comme la fumure, l'étude dendrologique des charbons de bois permet de mettre en évidence la pratique du taillis)[18].

Une bonne part de la Gaule rurale est caractérisée par un paysage d'openfield. Les pays à champs ouverts et allongés utilisent la charrue à roues qui permet de retourner le sol en profondeur. Dans certains cas toutefois, les archéologues mettent en évidence des sites fossoyés qui livrent des pans de paysage anciens de bocage matérialisés par des talus arasés et des fossés comblés, mais là encore il est souvent difficile de distinguer une haie de clôture et une haie bocagère[19]. Après la conquête romaine, l'expansion des châtaigniers et des noyers sur les plateaux et dans les haies bocagères, issus de la Gaule du Sud, s'accompagne du développement des pratiques d'élevage et d'un système de polyculture associant aux céréales (seigle, sarrasin adaptés aux sols pauvres, humides et acides des bas pays), les chènevières (champs de chanvre, culture exigeante), l'arboriculture et la viticulture, tandis que l'intensification de l'agriculture est favorisée par la création de grandes villae gallo-romaines qui s'implantent généralement au centre des terres les plus fertiles[20].

Moyen Âge et époque moderne

Au XVe siècle, les haies bocagères encadraient et protégeaient les cultures comme sur cette enluminure sur vélin;
Les Très Riches Heures du duc de Berry, entre 1412 et 1416.
Paysage de bocage très ordonné du Genevois dans La Pêche miraculeuse de Witz (1444).

Au Moyen Âge, l'augmentation des besoins en céréales, qui constituent la base de l'alimentation humaine, entraîne de grands défrichements des forêts et des landes pour faire des terres arables, bordées en certains endroits par de larges bandes boisées. Après 1100, les seigneurs se montrent intéressés par le gain de terres et organisent eux-mêmes les opérations de défrichement. Si les paysages d'openfield ont été favorisés par la forte demande en céréales, l'enrichissement de certains propriétaires et l'avènement de l'âge d'or de la propriété privée à l'époque moderne les autorise à acquérir des parcelles individuelles. On commence donc à mettre en place des champs de petite taille, carrés, délimités par des enclos qui sont installés dans les parties médianes de collines, là où la terre est la plus riche, afin de la retenir, et dans le bas des vallées, où le sol est hydromorphe. À partir du moment où les défrichements permettent une activité rurale notable, se forme ainsi dans les pays un peu accidentés, à sol léger, et peu limoneux[21] un « proto-bocage » qui correspond plus à des espaces mi-agricoles mi-forestiers, qu'un bocage organisé comme celui que décrivent les géographes contemporains[22].

Entre 1400 et 1500, des propriétaires bourgeois, seigneurs ou non, donnent en bail et parfois même en métayage des terres. Il se développe des métairies constituées de champs ouverts ou de bocage formant un maillage très ordonné qui comprend de grandes parcelles intégrant un grand logis voire un château[23].

Ainsi, la vision d'un paysage agricole dominé par les haies est erronée : la mise en place d’un « proto-bocage » au cours du millénaire médiéval n'est que très progressive. Si la délimitation du parcellaire pour protéger les cultures contre la divagation des animaux (vaine pâture) et la garde des animaux à l'intérieur de l'herbage est attestée dès l'époque carolingienne[24], le droit coutumier qui incitait à matérialiser les limites de sa propriété par une haie sera surtout appliqué à partir de la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle marqués par le déploiement de la distribution des terres à la suite de la Révolution française, le développement de l'élevage et l'embocagement des communaux. Ainsi, « au Moyen Âge et à l'époque moderne, il s'agit moins d'enclore les terres agricoles… que de les « exclore » afin de les protéger des divagations du bétail[25] ».

À la fin du XIXe siècle, le maillage dans les pays de bocage se resserre : beaucoup de fermiers et métayers, locataires des grandes exploitations domaniales, acquièrent des biens de petite taille, qu'ils exploitent directement ou en location familiale, borderies partagées à chaque génération par leurs héritiers[26].

Le bouleversement européen contemporain

Haies relictuelles, arbres isolés, grandes surfaces herbagères et haies vives remplacées par des clôtures : les éléments du semi-bocage limousin (ou « campagne-parc »).

À l'époque contemporaine, avec la croissance de la mécanisation et l'arrivée de l'agriculture intensive, le bocage de l'Europe est bouleversé. La haie, les talus et le réseau hydraulique de fossés et mares associés, trois éléments qui se complètent pour créer les bocages les plus riches et écologiquement les plus stables sont également menacés par les mêmes causes : l'apparition des tracteurs et des grandes machines agricoles, et le besoin de parcelles de plus en plus grandes.

Les haies, encombrantes, sont détruites par les agriculteurs à la suite des remembrements. On souhaite de larges passages, les chemins et fossés sont agrandis, mis en culture ou laissés à l'abandon. La haie perd son caractère juridique propre.

On estime que 70 % des haies présentes en France à l'apogée du bocage vers 1860, soit environ 1,4 million de km (2 millions de km selon d'autres estimations), ont disparu[27].

À la suite de ces bouleversements, la gestion de l'eau s'en est trouvée bouleversée. Les destructions sont soupçonnées d'être à l'origine d'inondations et de sécheresses plus fréquentes et exacerbées, de pullulations d'insectes dits « nuisibles », de dégradation des sols et pollution de l'eau par le ruissellement et l'érosion. Parfois, les seules haies conservées sont dirigées dans le sens des pentes. La reconstruction est localement subventionnée, par exemple par les mesures agroenvironnementales, permettant la restauration des écosystèmes particuliers qu'abritent les haies (« rembocagement[28] »).

Une régression rapide en France

Le bocage traditionnel (ici du Cotentin, en France, vers 1945) offrait un compromis intéressant entre protection et exploitation des sols et des agro- et éco-systèmes. Souvent associé à la culture de fruitiers et à l’élevage laitier, il permettait des systèmes polyculture-élevages autonomes et résilients, fonctionnant en boucle fermée, c’est-à-dire sans intrants, et sans déchets.

Dans les années 1860 à 1970, le bocage a régressé ou disparu sur une grande partie de son aire antérieure :

  • on estime à 40 000 km les haies détruites dans le seul département du Finistère
  • ce sont 2 millions de km de haies, pour l'ensemble de la France, et ceci non sans conséquences.

De nombreuses régions connaissent désormais des structures dites de bocage altéré ou « semi-bocage » (comme en Charente et en Limousin). Ce paysage agraire à embocagement imparfait mêle des enclos à dominante herbagère et des openfield de labours[29].

Dans les années 1960 à 1990, les grands remembrements faits en France achèvent de détruire une grande partie du réseau bocager. S'ajoutent à cette catastrophe écologique, les effets des techniques « modernes « (fil barbelé puis électrique, chauffage au fuel, élevage privilégiant l'ensilage au pâturage, développement du drainage et des réseaux de transport, déconnexion des modes de vie[Note 6] et évolution de la PAC en 1992[Note 7] sont autant de facteurs qui ont contribué à la diminution des intérêts directs des haies)[30] et de l'épidémie de graphiose de l'orme qui tue presque tous les grands ormes de France, autrefois très présents dans le bocage[29]. À titre d'exemple, en Bretagne, on estime que le linéaire bocager a chuté à environ 74 000 km en 1971, 24 000 km en 1980 et 26 000 km en 1996.

Cependant, avec le développement de l'agriculture biologique et l'action d'enseignants et vulgarisateurs comme l'agronome Dominique Soltner l'intérêt pour le bocage et les haies vives connaît un renouveau à partir des années 1970[31] au moins dans les régions d'élevage.

Dans les années 1990 à 2010, la vitesse et l’ampleur de la régression ont diminué. Mais le recul s’est poursuivi, avec une perte estimée d’environ 1 000 km de haies par an de 1996 à 2009, soit 16 000 km supplémentaires perdus en 13 ans ; et ceci malgré les opérations de restauration de bocage. Par exemple, 760 km de haies ont été replantées avec l’aide du Conseil général du Finistère de 1991 à 2009[29]. Des associations, par exemple « Terres et bocages »[32], militent aussi pour la création de nouvelles haies bocagères.

Depuis avril 2015, le maintien des mares, bosquets et haies[33] fait partie des bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE), qui conditionnent les aides de la politique agricole commune.

Le dispositif national de suivi des bocages en France

En 2017, l'Office français de la biodiversité (OFB) et l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) se sont associés pour initier un ambitieux projet de suivi qualitatif et quantitatif des bocages en France. En effet, la dernière carte des bocages de France datait des années 1960[34]. Quelques études locales de description et de suivi du bocage avait ensuite été entreprises en utilisant des protocoles hétérogènes, ce qui ne permettait pas notamment d'agréger leur contenu. Dans le cadre de ce projet, les territoires bocagers ont été dans un premier temps identifiés et caractérisés pour la période 2019-2020[35]. Un protocole national de relevé qualitatif des haies a ensuite été développé en 2020. "Il intègre de nombreuses variables : épaisseur, présence de bande enherbée, de bois mort, de lianes, micros-habitats, diversité d’essences, état sanitaire des végétaux, etc"[36]. Les relevés de terrain sont en cours depuis 2021, selon deux types de protocoles : l'un plus scientifique destiné aux professionnels et l'autre plus simplifié pour le grand public. Pour les porteurs du projet, "cette connaissance est un prérequis indispensable à un suivi dans le temps de l’évolution des haies et du bocage, désormais protégés par plusieurs politiques publiques dont la Politique agricole commune, mais aussi certains documents d’urbanisme ou les politiques liées à la gestion de l’eau"[36]. Les données issues du dispositif de suivi des bocages seront en accès libre et gratuit pour des usages variées : par exemple, constitution de documents d’urbanisme, études en écologie, évaluation des politiques publiques.

Intérêt écologique du bocage

Mélange d'un bocage très géométrique et de haies-ripisylves ou galeries le long des cours d'eau (île des Açores)
Exemple de néobocage monospécifique et très artificiel (Açores, Portugal)

Évaluation quantitatives et qualitative d'un bocage

Mesurer la qualité et la quantité d'une haie ou d'un réseau de haies est une opération difficile.

  • État quantitatif : Aux échelles locales, il peut être évalué sur le terrain par la mesure du nombre moyen d'arbre et buissons, de la hauteur de ces arbres ou buissons, du diamètre moyen des troncs, de la surface terrière, de la biomasse végétale, etc.
    Des indices de biomasse et des indices de linéaires (km de haies) peuvent être établis aux échelles paysagères et régionales par analyse de photos aériennes. Mais les résultats de différentes campagnes de mesure sont parfois difficilement comparables.
    Certaines évaluations différencient les haies vives des haies basses, et Les photos prises en hiver peuvent faire sous-estimer le linéaire ou la biomasse alors que celles prises en été peuvent le faire surestimer.
    Ainsi, selon le projet interreg ARCH de cartographie transfrontalière des habitats naturels[37] le Nord-Pas-de-Calais abritait en 2009 27 871 km de haies vives, haies basses, et alignements, surtout concentrés dans l'Avesnois et le Boulonnais. Mais d'autres calculs faits pour des régions plus bocagères donnent des chiffres inférieurs, car n'ayant comptabilisé que les haies vives (qui concentrent l'essentiel de la biomasse).
  • État qualitatif : Il est lié à la diversité des essences, à leur autochtonie, à la richesse écologique des essences d'accompagnement, des ourlets, de la strate herbacée, à la santé et résilience des haies.
    Il est aussi lié aux services écosystémiques rendus par le bocage, en particulier à ses fonctions de corridors biologiques et d'abri pour de nombreuses espèces. Des protocoles de qualification des haies sont en cours de déploiements en France dans le cadre d'un projet conjoint OFB et IGN[36].
    Bien qu'il ne s'agisse pas de bocage stricto sensu, très localement, quelques vieilles haies patrimoniales pourraient descendre de la forêt préhistorique ; au contact de plusieurs anciens noyaux de défrichements notamment. Ce semble aussi être le cas des haies-frontières telles que la (haie d'Avesnes par exemple en Thiérache)[38]. Le terme de « haie » désigne alors un boisement linéaire, de très grande surface, non une haie au sens actuel du terme. Ces haies ont une valeur de conservatoire naturel, génétique notamment, d'autant qu'elles sont souvent restées connectées à une structure bocagère jouant probablement vis-à-vis de ces dernières le rôle d'un cœur d'habitat ou tout au moins d'un réservoir de biodiversité et de propagules. Mais les écosystèmes ayant une forte inertie, la biodiversité dépend aussi fortement de l'âge des boisements et de l'ancienneté des structures bocagères[39].

Pour ces deux thèmes, il est en outre nécessaire de relativiser et pondérer les chiffres au regard du contexte biogéographique et climatiques, ainsi que des enjeux écopaysagers et agro-sylvicoles.

Valeur agroécologique

  • Le bocage est idéalement adapté à la production fourragère et à l'élevage en pâturages, et offre également des ressources fruitières, en gibier et en champignons bien plus importantes que dans le cas de l'openfield.
  • Une meilleure rétention et protection de l'eau ainsi qu'une forte limitation de l'érosion agricole[40] sont d'autres aspects remarquables du paysage bocager. En occident, quand elles ont été constituées, les parcelles encadrées de haies, talus et/ou murets et fossés ont contribué à conserver des rivières claires et pures où saumons et truites de mer sont longtemps restés abondants.
    • Lors de la saison humide, le fossé draine les sols. Le talus bloque le ruissellement, et donc la détérioration ou la destruction de la terre cultivable. En Bretagne, dans bien des cas, les fossés sont suffisamment larges pour former des chemins creux.
    • Lors de la saison sèche, le fossé hydrate le sol, et donc augmente le rendement de la production agricole.
  • C'est un paysage dans lequel on ne constate pas ou peu d'invasions ou de pullulations biologiques, car les haies abritent de nombreux animaux régulateurs des insectes.
  • La haie a un rôle de protection microclimatique : elle augmente la température, diminue l'évapotranspiration et limite les effets des intempéries (vent, pluie, froid, gel, neige, etc.) avec un effet brise-vent marqué[41] et en limite les effets négatifs : « feuilles arrachées ou lacérées, fruits abîmés ou tombés, verse des cultures, fécondation perturbée (un vent sec et violent peut dessécher le style des fleurs ; des particules fines entraînées par le vent peuvent se fixer sur les pistils et avoir un effet stérilisant pour les fleurs ; le pollen peut être emporté assez loin par le vent et la pollinisation est alors réduite[42] ».
  • La haie sert de refuge au bétail lors des épisodes climatiques extrêmes (vents forts, neige, chaleur…)[43].
  • Elle abrite souvent des arbres fruitiers, qui complètent la production des champs.
  • Le bocage demande cependant un entretien constant. Ainsi, talus et murets doivent être réparés, les haies doivent être taillées et restaurées là où le temps ou le bétail les ont dégradées.

En outre, la protection contre le vent et le soleil, si avantageuse en été, peut augmenter le nombre de jours de gel, tout en atténuant les chocs climatiques. Cet entretien était en quelque sorte compensé par la production de bois de chauffage, d'œuvre et de fourrage, qui ne sont aujourd'hui plus attrayants pour les agriculteurs et nécessitent souvent d'être brûlés sur place. La valorisation des branchages pour le bois raméal fragmenté (BRF) et les plaquettes forestières est cependant en train de redonner un intérêt économique grandissant à ces sous-produits.

Source de matériaux

La haie permet aussi, dans les économies moins ouvertes, un apport de repousses servant au fourrage du bétail[Note 8], de fagots[44] destinés à la cuisson ou à la vannerie, de bois de chauffage[45], bois d'œuvre[46], ou fournissant des perches. Le frêne commun est ainsi réputé pour ses usages en ébénisterie, manches d’outils, aviron, sabot. L'alisier torminal est utilisé en lutherie, tournerie, pour des pièces mécaniques ou des instruments de précision. L'aulne glutineux est employé en ébénisterie, tournerie, bardage. Contrairement à une idée reçue, l'essentiel de la production de bois issu des haies ne servait pas à construire, réparer ou chauffer l'habitat, mais à fournir les énormes quantités de fagot nécessaires à la cuisson du pain[47]. En résumé, « le bocage est un réel magasin à ciel ouvert[48] ».

La productivité en bois du bocage varie beaucoup selon le contexte édaphique (types de sols et de micro-climat), mais aussi selon les essences, et selon l'âge des arbres et leur type d'entretien[49]. Si la grande forêt préhistorique a depuis longtemps disparu des régions bocagères, certains arbres restants du bocage (ormes, chênes) étaient régulièrement émondés. Ils produisaient des troncs rectilignes particulièrement durs et résistants, qu'on a notamment utilisés comme poutres et pour les charpentes de ces régions où ils se sont généralement bien conservés sans pesticides ni traitements.

La cueillette peut donner lieu à des créations de vannerie sauvage ou de jeux buissonniers : « banjo » avec des feuilles de Grand plantain[50], « musique verte »[Note 9] (hautbois de pissenlit, sifflets d'herbe[51], de feuille[Note 10] ou de fruit[52], flûte à bec[Note 11], mirliton ou kazoo, appeaux[53], rhombe avec une planchette d'écorce et une cordelette[54], feuille de houx tournoyant, flûte de Pan[Note 12], crécelle de Chardon, claquoirs, cuillers de noix)[55],[56],[57].

Services écosystémiques

Dans ce paysage de bocage ancien anglais, certaines des haies naturelles séparant des parcelles agraires, ont été attaquées par les machines agricoles. Elles sont devenues peu denses et discontinues.
North York Moors, Angleterre.

Les services écosystémiques rendus par les bocages sont nombreux (services d'approvisionnement, de régulation, socioculturels). Le bocage ancien est une sorte de « forêt linéaire » densément maillée qui a su préserver des reliques de la forêt antique ou préhistorique (on parle souvent dans ces cas de haies patrimoniales). Il a offert durant des siècles aux espèces écotoniales des lisières et clairières et aux petites espèces forestières un « habitat de substitution ».

C'est un écosystème particulièrement résilient où les pullulations (de rats, souris, limaces, insectes et autres parasites des cultures ou animaux d'élevages) sont étouffées dès leur origine par leurs prédateurs toujours présents dans le refuge permanent que constitue pour eux le réseau de haies. On connaît une exception ; la maladie des ormes (graphiose, véhiculée par un scolyte), qui a fait disparaître des millions de ces arbres à la fin du XXe siècle, peut-être aussi en raison du fait d'une certaine homogénéité génétique des ormes plantés dans le bocage pour produire du bois de charpente.

Au niveau socioculturel, le bocage est un facteur esthétique et identitaire du paysage. Il contribue à l’attachement des habitants à leur territoire qui peuvent en faire même un critère sélectif d'installation. La destruction progressive du bocage traditionnel, en lien avec l'agrandissement des exploitations, entraîne une banalisation du paysage et des risques environnementaux. Le maillage bocager permet le maintien des chemins de randonnée et participe à l’attrait touristique du territoire. La haie bocagère structure le territoire en soulignant les axes et les limites de parcelles, aidant à la lecture d’un paysage[58].

Le bocage est dans tous les cas un élément important du réseau écologique local. À cet effet, il peut prétendre à certaines aides :

  • Le bocage est éligible à certains écosociolabels tels que le FSC.
  • Dans certains pays, il peut faire l'objet de protection en tant que corridor biologique ou en tant que élément patrimonial paysager (cadre de la Trame verte).
  • Enfin en France, la loi paysage permet le classement de haies pour leur protection.
L'ancien bocage périurbain de Brest, juste derrière les fortifications de la ville, tel qu'il existait encore en 1811, selon le Plan-relief (visible sur la vignette en bas à droite) réalisé de 1807 à 1811 à l'Échelle 1/600e).

Valeur énergétique

Enfin, depuis qu'il existe, le bocage est une source de bois de feu et de fagots qui est encore promue par les parcs naturels régionaux bocagers. Ainsi dans les Côtes-d’Armor, depuis le début des années 2000, une société coopérative d'intérêt collectif[Note 13] récolte pour des chaudières et réseaux de chaleur du bois issu de bosquets et bocages bretons ou en replantant des haies et en produisant du bois de paillage et du BRF. Avec 3 000 tonnes de bois, elle alimente une dizaine de chaufferies à 30 kilomètres à la ronde. Les communes desservies ont une énergie de chauffage à 4 centimes d'€/kWh, contre 8 pour le gaz[59].

Notes et références

Notes

  1. Haies souvent le long des parcelles céréalières qui sont plus grandes, l'absence de branches basses facilitant le passage des machines agricoles.
  2. Arbre au tronc élevé pouvant atteindre 15 à 30 mètres de hauteur.
  3. Strates végétales herbacée (ficaire, stellaire, Véronique petit-chêne, silène…), arbustive (noisetier, fusain d'Europe, sureau, aubépine, ajonc…) et arborée (chêne, châtaignier, merisier …).
  4. Lorsque la maille bocagère dépasse 5 ha, la faune et la flore attachées au milieu disparaissent, les rendements ne sont plus optimisés.
  5. Écran pour la lumière nuisant aux cultures.
  6. Au XXIe siècle, « les habitants du monde rural travaillent souvent en ville et ne s'investissent plus guère dans le paysage ».
  7. « Les surfaces agricoles arborées ne seront pas éligibles aux primes de la PAC ».
  8. Émondes de frêne, d'orme fournissant un fourrage consommé vert durant la saison sèche ou consommé l'hiver.
  9. La musique verte est une pratique populaire qui consiste à fabriquer des instruments de musique en éléments naturels.
  10. Par exemple, sifflet de lierre…
  11. Flûte avec un bout de sureau dont on a retiré la moelle, une tige creuse de certaines plantes (berce, spirée ulmaire…) ou une écorce prélevée sur de jeunes pousses (saule, châtaignier). L'anche est remplacée par un bec (bout de bois en biseau) et un trou vibratoire.
  12. Avec l'anthrisque, le bambou, la Cardère.
  13. SCIC Énergies renouvelables du Pays de Rance, basée à Pleslin-Trivagou, récompensée en 2017 par le Prix national de l’Économie sociale et solidaire

Références

  1. Albert Dauzat, J. Dubois et H. Mitterand, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse 1971
  2. « Le bocage et les haies en France », sur polebocage.fr (consulté le ).
  3. « Le bocage et les haies en France, Les fonctions de la haie », sur polebocage.fr (consulté le ).
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  5. Roman de Rou ou Roman de Rol
  6. Rodolphe DUMOUCH, Formes spatiales héritées, discontinuités et espaces boisés, France du Nord et Benelux, escapades hercyniennes et slaves, Arras, Thèse de doctorat - Université d'Artois, , 503 p. (lire en ligne), p 73
  7. « Le Charolais-Brionnais, paysage culturel de l'élevage bovin ».
  8. 1 2 3 Bernadette Bucher, Descendants de Chouans : histoire et culture populaire dans la Vendée contemporaine, Paris, Ed. Maison des sciences de l'homme, , 338 p. (ISBN 2-7351-0644-6 et 978-2-7351-0644-8, OCLC 406802703, lire en ligne)
  9. « Planter des haies bocagères avec subventions », sur Mission Bocage, (consulté le ).
  10. Marion Simon, Frédéric Letouzé, Antoine Colin, Évaluation de la biomasse bocagère en Bretagne. Rapport d’étude, janvier 2018, p. 11
  11. Marion Simon, op. cit., p. 16-19
  12. « Typologie des linéaires bocagers », sur cms.geobretagne.fr (consulté le ).
  13. Jacques Baudry et Agnès Jouin, De la haie aux bocages. Organisation, dynamique et gestion, éditions Quae, , p. 308.
  14. Les bocages, histoire, écologie, économie, éditions INRA, , p. 38.
  15. M. C. Borde, « Le bocage d'hier : avantages et inconvénients », Petites nouvelles du patrimoine et des paysages en Morbihan, no 17, , p. 3.
  16. Des cernes de croissance très serrés puis s'élargissant avec l'augmentation de la masse foliaire dans plusieurs arbres (saule, chêne) de sites néolithiques suggèrent un recépage de certaines essences dont le feuillage et les rameaux étaient recherchés par des animaux domestiques ou le bétail. Certaines longues baguettes d'osier pouvaient aussi être utilisées pour la vannerie. Cf CHTS, Archéologie et environnement des milieux aquatiques, éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, , p. 145.
  17. Pierre-Roland Giot, Dominique Marguerie, « Les traces d’aménagement et d’agriculture en Armorique », Penn ar Bed, nos 153-154, , p. 44-55 (lire en ligne).
  18. Jacques Baudry et Agnès Jouin, De la haie aux bocages. Organisation, dynamique et gestion, éditions Quae, (lire en ligne), p. 248.
  19. Alain Ferdière, Histoire de l'agriculture en Gaule : 500 Avant J-C - 1000 après J-C, Éditions Errance, , p. 79.
  20. Annie Antoine, Le paysage de l'historien. Archéologie des bocages de l'ouest de la France à l'époque moderne, Presses universitaires de Rennes, , p. 49.
  21. Dans ce type de paysage, se maintient l'emploi de l'araire ou de la charrue sans avant-train roulant. Les régions à la topographie plate et au sol riche limoneux privilégient l'openfield et la charrue à roue. Cf Louis-Henri Parias, Régine Pernoud, Edmond Pognon, Pierre Lafue, Georges Duveau, Jean-Marie Mayeur, Des origines au Moyen Âge, Nouvelle Librairie de France, 1951, p. 191
  22. Annie Antoine, Le paysage de l'historien. Archéologie des bocages de l'ouest de la France à l'époque moderne, Presses universitaires de Rennes, , p. 52.
  23. Annie Antoine, op. cit., p. 67
  24. Thiérache, Champsaur…
  25. Bernard Merdrignac, « Philippe Bardel, Jean-Luc Mayard, Gilles Pichard, L’arbre et la haie. Mémoire et avenir du bocage », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, vol. 115, no 4, , p. 238-241 (lire en ligne).
  26. Transmissions patrimoniales, L'Harmattan, , p. 22.
  27. https://www.liberation.fr/depeches/2019/07/06/la-difficile-renaissance-du-bocage-breton_1738427 et https://www.letelegramme.fr/economie/bocage-breton-la-difficile-renaissance-15-07-2019-12339512.php
  28. Lamarche H. (2003). Bocagement, reconstitution et protection du bocage : évaluation des politiques de paysagement du bocage. Rapport final de synthèse. LADYSS. Université de Paris X. www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/Recap_Lamarche.pdf
  29. 1 2 3 Conseil général du Finistère (29), Ressource en bois énergie du bocage du Finistère, consulté le 23 mai 2013.
  30. Fabien Liagre 2006, p. 14.
  31. Dominique Soltner, Planter des haies : brise-vent, bandes boisées., [s.n.], 1984. ; (ISBN 2-907710-07-9 et 978-2-907710-07-7, OCLC 491325149, lire en ligne)
  32. « À propos de – Association TERRES & BOCAGES », sur Association TERRES & BOCAGES (consulté le ).
  33. Article 4 modifié de l'arrêté du 24 avril 2015 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE).
  34. BRUNET, P., DIONNET, M.-P., 1962, Présentation d’un essai de carte des paysages ruraux de la France au 1/1.000.000, Bulletin de l’association de Géographes Français, n° 305-306, 39e année, mars-avril 1962, p. 98-103.
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  36. 1 2 3 Morin S et al., « Caractériser et suivre qualitativement et quantitativement les haies et le bocage en France », Sciences Eaux & Territoires, no 30, , p. 16-21 (DOI 10.14758/SET-REVUE.2019.4.03., lire en ligne)
  37. ARCH, Guide d’interprétation, calculs faits d'après des données aériennes datées de 2009 (Travaux et de la méthodologie accessible sur le site internet ARCH.(www.archnature.eu)), consulté 2013-05-22
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  39. Jérôme Buridant, Émilie Gallet-Moron, Guillaume Decocq, « Fractionnement des paysages forestiers et diversité floristique : le poids de l'histoire. L'exemple des fragments forestiers du bocage de la Thiérache (nord-est de la Picardie) », in : Christine Farcy, Jean-Luc Peyron, Yves Poss, Forêts et foresterie, mutations et décloisonnement, Paris : L'Harmattan, 2013, p. 245.
  40. « Ressources en eau, ressources bocagères », Sciences Eaux & Territoires, no 30, , p. 98 pages (lire en ligne)
  41. Une haie semi-perméable (composée de différentes strates végétales) freine la vitesse du vent de 30 à 50 % sur une distance égale à 15 à 20 fois leur hauteur, ce qui limite la verse et l'évapotranspiration des cultures (réduction de 20 à 30 % d’évaporation). Elle diminue de 1 à 2° de température, voire 4 à 5° en cas de vent froid. Des haies composites de 10 m de hauteur, placées perpendiculairement au sens dominant du vent et espacées d'environ 150 m les unes des autres, peuvent contribuer à augmenter les rendements de 10 à 15 %. Cf Damagnez J., 1976. Caractérisation physique des bocages. Bioclimatologie. In CNRS, INRA, ENSA, université de Rennes Ed. Les bocages : histoire, écologie, économie, p. 105-108
  42. Jacques Baudry et Agnès Jouin, De la haie aux bocages. Organisation, dynamique et gestion, éditions Quae, , p. 248.
  43. Le bocage, fiche Eau et rivières de Bretagne, p. 8
  44. Les petites branches fagotées issues de l'émondage servent à la cuisson (cuisine, pain, forges), voire à la confection de jeux en bois ou en végétaux par les enfants pour qui la haie bocagère est un terrain de jeu. La bourrée, grand fagot d'épines et de ronces, était ainsi destinée au four à pain et à poterie. Le boulanger venait à la ferme acheter des bourrées et des bûches pour allumer son four, ou les fermiers cuisaient eux-mêmes leur pain dans le fournil. Cf Pierre Brault, Montanel : géographie, histoire, institutions, vie religieuse et langage, vie économique et sociale, l'Amitié par le livre, , p. 40.
  45. « L’exploitation d’environ 200 mètres de haie haute (recépage des arbustes et émondage des branches latérales d’arbres) permet de produire environ 20 à 35 Mètres cubes Apparents de Plaquettes (MAP) ou bien 10 à 20 stères de bois bûche. Autrement dit, une haie haute de 200 mètres peut couvrir les besoins en chauffage annuel d’une maison individuelle de 120 m². Si l’on considère qu’une haie haute peut être exploitée tous les 15 ans environ, un linéaire de 3 km de haie peut couvrir les besoins en chauffage d’une maison individuelle ». Cf Fiche connaissance bocage
  46. Ce bois d’œuvre, très important au début du XXe siècle (notamment pour l’ameublement), est utilisé marginalement aujourd’hui. En effet, la croissance de l'arbre des haies de taillis sous futaie ne donne pas un bois d'œuvre de grande qualité en raison de cette croissance (nœuds, fibres moins droites et rigides). « Alternativement dégagé et resserré, il présente de fortes recrudescences et des diminutions non moins fortes dans l'activité végétale, qui provoquent un développement, certes, notable, mais de l'aubier beaucoup plus que du bois parfait ». Cf Andrée Corvol, op. cit., p.252
  47. Andrée Corvol-Dessert, « La récolte en bois d'œuvre : une insuffisance chronique », in Hoffsummer P. (dir.), Les charpentes du XIe au XIXe siècle, typologie et évolution en France du Nord et en Belgique. Monum, p.49, 2002.
  48. Philippe Bardel, Jean-Luc Maillard et Gilles Pichard, L'arbre et la haie : mémoire et avenir du bocage, Presses universitaires de Rennes, , p. 121.
  49. Jezegou M. (2008), Données relatives à la production de haies bocagères. Conseil Général des Côtes d’Armor, 15 p.
  50. (en) Richard Mabey, Flora Britannica, Chatto & Windus, , p. 48.
  51. Herbe verticale entre les pouces ou horizontale entre les doigts. Exemple : souffler dans une paille de blé ou un bâtonnet de sucette dans une coquille d'escargot percée ou un noyau d'abricot évidé. Cf « Les sifflets d’herbe », sur reveeveille.net, .
  52. Par exemple sifflet avec la cupule du gland imitant le cri des rapaces comme la Bondrée apivore ([vidéo] visionner la vidéo sur YouTube), capsules de Silène…
  53. Pipoir fabriqué en coinçant une feuille de lierre dans la fente d’une branche (frêne, noisetier, peuplier). [vidéo] Visionner la vidéo sur YouTube
  54. [vidéo] Visionner la vidéo sur YouTube
  55. Arnö Pellerin, Le guide magique des instruments de la nature. Tome 1 : Les flutins des bois, Prikosnovenie, , 44 p..
  56. Michel Scrive, Jouer Nature, éd. Michel Scrive, , 95 p..
  57. Jacques Coget, L'homme, le minéral et la musique, Fédération des associations de musiques et danses traditionnelles, , 147 p..
  58. « Fiche d'inventaire du patrimoine culturel immatériel », sur parc-golfe-morbihan.bzh, .
  59. Ministère de l'environnement -(2017) Dans les Côtes d’Armor, une filière bois énergie locale gérée en coopérative, 22 nov 2017

Voir aussi

Bibliographie

  • Cogneaux Christian, Gambier Bernard, Plantes des haies champêtres, éd Rouergue, (ISBN 978 2 8126 0033 3) (Prix Redouté 2010)
  • Higounet C., Les grandes haies forestières de l’Europe médiévale, Revue du Nord, tome LXII, no 244, janvier – mars 1980, p. 213- 220, Lille, Université de Lille III, Faculté de Sciences Humaines, 1980.
  • Houzard G., Les Massifs forestiers de Basse-Normandie, Brix, Andaines, Écouves, thèse de doctorat d’État, Caen, université de Caen, 1980.
  • Kergoat, Serge, Animaux du bocage, du plus petit au plus grand, Locus Solus, dl 2019 (ISBN 978-2-36833-251-1 et 2-36833-251-0), (OCLC 1135293954)
  • Langley-Danysz, P. (1984), « Les haies de bocage : une « nouvelle source d'énergie » », La Recherche, 158 : 1170-1172.
  • Fabien Liagre, Les haies rurales : rôles, création, entretien, France Agricole Editions, (lire en ligne)
  • Otto H.-J., Écologie forestière, Paris, IDF, 1998, 397 p.
  • Simon L., Les Paysages végétaux, Paris, Armand Colin, 1998, 95 p.
  • Soltner D., Planter des haies ; 2000 (ISBN 2907710079)
  • Soltner D., Bandes enherbées et autres dispositifs bocagers, 2001, Ed : Sciences et techniques agricoles, Collection Sciences et techniques agricoles, 23 pages ; (ISBN 2-907710-21-4).

Articles connexes

Liens externes

Colloques

  • "Les bocages, terres d'hommes et de nature" 13 au 15 mai 2014 -6es {http://www.rencontres-biodiversite79.fr/ rencontres de la biodiversité], NIORT, organisé par le département des Deux-Sèvres, avec participation de l'ONCFS, l’AFACagroforesteries, et le Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC-CNRS), Bocage Pays Branché, Prom’haies et Sèvre Environnement.