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Tableau électronique dans une école qui affiche « Bienvenue à l’école centrale de Nantes, 12 heures 09, 3 janvier 1900 ».
Bug de l'an 2000 : la pendule indique au lieu de .

Le passage informatique à l'an 2000, connu sous le terme de « bug de l'an 2000 », a représenté un défi sans précédent en matière de conception et de programmation informatique. Ce problème était attribuable à la manière dont les dates étaient formatées dans les systèmes informatiques, souvent réduites à deux chiffres pour l'année. Ainsi, en passant de 1999 à 2000, ces systèmes risquaient d'interpréter cette transition comme un retour à l'année 1900, entraînant des conséquences potentiellement graves sur le fonctionnement des programmes et des équipements.

Contrairement à la perception courante que ce problème était un simple 'bug,' il s'agissait en fait d'une question d'obsolescence systémique qui exigeait une refonte profonde de l'architecture des systèmes d'information. Cette mise à jour était d'autant plus complexe que certains composants anciens n'étaient plus maintenus, nécessitant parfois le remplacement complet des systèmes.

L'ampleur des efforts déployés pour résoudre ce problème a été considérable, mobilisant des ressources financières estimées à plusieurs centaines de milliards de dollars à l'échelle mondiale. Malgré les coûts et les défis, ces initiatives ont réussi à prévenir tout incident majeur lors du passage au nouveau millénaire.

Origines

Dans les années 1960-1970 et avant la 4e génération d'ordinateurs, la mémoire en informatique était coûteuse, la plupart des traitements étaient faits sur la base de la carte perforée stockant les données (système d'information utilisé avant-guerre). Ces cartes représentent un texte sur des lignes de 80 caractères. IBM est resté seul fabricant de l'époque de machines mécanographiques. Les cartes perforées sont destinées à un traitement de masse d'informations. Les langages de programmation d'alors, comme le FORTRAN, le COBOL et le RPG traitent les nombres à partir de leur représentation EBCDIC et apparut à partir de 1975 la norme ASCII non utilisée par IBM.

Le coût de la mémoire dynamique et le coût des données stockées sur des supports externes en forme de fiches ont fait coder les années sur deux chiffres seulement. Les évolutions spectaculaires des moyens de traitement et de stockage n'ont pas vraiment remis en cause ces pratiques[1].

Les systèmes du Web, Internet / extranet / intranet, plus récents que les applications informatiques de gestion classiques, étaient très peu affectés par les erreurs de format de date[2]. Ceci pour la simple et bonne raison que bon nombre de ces applications utilisent comme base de stockage pour les dates le timestamp UNIX. Les systèmes UNIX en général n'étaient donc pas touchés par ce bug, mais ils sont en revanche sujets à un autre bug : le bug de l'an 2038.

En réalité, « Y2K » n'était pas à proprement parler un bug, mais un choix de conception des matériels informatiques, des logiciels et de leur génération et des données[3].

Il s'agissait donc essentiellement d'un problème de normalisation et de conception[1] et a été très problématique aux États-Unis.

Y2K

Y2K (Y pour year, 2K pour 2000) fut le sigle américain le plus couramment employé pour désigner le problème. Par extension, Y2K a désigné le projet mondial de conversion des systèmes informatiques occasionné par le passage à l'an 2000. Les termes Year 2000 problem, Y2K problem, millennium bug bug du millénaire »), Y2K bug et Y2K glitch ont aussi été utilisés aux États-Unis, même si stricto sensu, le nouveau millénaire commençait le . Les Américains ont aussi parlé de Y2K bug et de Y2K time bomb.

Sensibilisation et mobilisation

Aux États-Unis

Peter de Jaeger, ingénieur canadien entré chez IBM en 1980, ne cessait d'alerter sur le problème. C'est en 1995 qu'il a quitté son entreprise pour fonder un centre d'information sur le passage à l'an 2000 (year 2000 information center). Son site internet, www.year2000.com, était à l'époque le plus interconnecté au monde avec 25 000 liens. Aux États-Unis, dans les années 1996-1999, il existait plusieurs sites internet du même type qui ont informé sur le problème. Le problème a suscité un véritable phénomène de société, de nombreux « Y2K speakers » prenant la parole ou s'exprimant sur des sites internet pour alerter le grand public, comme Donald S. Mcalvany[4],[5].

Rôle d'internet

Internet a joué un rôle clé dans la prise de conscience de l'ampleur du problème de l'an 2000 et dans sa résolution. Il a permis une mobilisation de la communauté mondiale. Pour le dixième anniversaire du passage à l'an 2000, Peter de Jaeger a été reconnu pour ses efforts de mobilisation mondiale[6].

Aspects sociaux et Pilotage

Le pilotage de l'opération passage à l'an 2000 (Y2K) s'est mis en place progressivement entre 1995, date à laquelle IBM a reconnu le problème, et 1998.

Les services de renseignement américains se sont penchés sur la question dès 1996. Pour le DoD (Department of Defense), c'est le cabinet Mitre qui a effectué les adaptations des systèmes. Le gouvernement américain a mis en place une cellule sous la responsabilité du vice-président Al Gore, et a installé une salle de commandement qui fournissait une visibilité mondiale sur l'avancement du projet. Les Américains étaient en mesure de connaître l'avancement de chaque pays dans la résolution du problème.

En France, le pilotage gouvernemental s'est mis en place en 1998. Il a porté sur cinq secteurs de services essentiels, dont l'électricité et l'eau. Le CIGREF (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises) s'est saisi du problème en 1995. Il a mis en place un premier groupe de travail constitué d'une dizaine de grandes entreprises. En Europe, la charge de travail pour les informaticiens était telle que, dans la plupart des cas, il a été nécessaire de repousser au-delà du les conversions à l'euro qui ne concernaient pas directement les marchés financiers.

La période transitoire de passage à l'euro a donc dû se dérouler en deux phases :

  • première phase en 1999 pour les systèmes financiers ;
  • deuxième phase en 2000-2001 pour les autres systèmes. Les bascules à l'euro, c'est-à-dire les conversions de la devise dans les systèmes comptables de la monnaie locale à l'euro, ont été effectuées la plupart du temps dans cette deuxième phase. Peu d'entreprises ont réussi à faire la bascule à l'euro en 1999.

Le gouvernement français a lancé une politique d'intelligence économique vers 1995. Elle a été arrêtée peu de temps plus tard.

Différents impacts selon les types d'informatique


Les principaux impacts se trouvaient en informatique de gestion, tant dans le matériel informatique (hardware) que dans le logiciel (software). Pour traiter ces non-conformités, il fallait soit migrer vers de nouvelles plateformes matérielles et applications logicielles, soit réparer les anciennes plateformes et applications.

En informatique technique (temps réel), les impacts étaient moindres, en raison du plus faible nombre de systèmes de pilotage industriels employant l'année. La plupart des systèmes embarqués ou de pilotage dans l'aéronautique, le spatial, l'armement, les transports, le nucléaire, n'utilisent que le jour, l'heure, la minute ou la seconde. La nécessité de garantir le bon fonctionnement des systèmes électroniques déjà embarqués fait rapatrier pour le changement de siècle les cartes électroniques et les reprogrammer[1]. Concernant l'informatique scientifique, les impacts étaient quasi nuls, le temps n'étant qu'un paramètre d'intégration des calculs scientifiques, pour la résolution des équations différentielles discrétisées.

Migration vs. conversion

Deux tactiques ont été utilisées par les grandes entreprises dans la décennie 1990.

Très souvent dans l'industrie des progiciels de gestion intégrés (PGI) étaient présents ex. : SAP en Europe , sous Unix ou « Type Unix » suivant le fabricant de matériel.

En Europe, cela a présenté l'avantage de coupler le passage à l'an 2000 et à l'euro, donc de réduire globalement les coûts.

En effet, le passage à l'euro consistait alors en une mise à jour vers une version euro, puis en une bascule à l'euro selon les spécifications du fournisseur de PGI. L'autre avantage réside dans le passage à des systèmes complètement rénovés, avec des architectures informatiques mieux normées. Environ 60 % des grandes entreprises françaises ont adopté ce type de stratégie selon un expert du CIGREF.

Réparation (ou conversion)

Cela a concerné les entreprises « moins prévoyantes », ou dont la complexité des systèmes ne permettait pas de mieux anticiper le problème (langages informatiques utilisés) ou encore structurées en « départements  » (production quelle que soit la nature du produit, recherche, etc.). En Europe, il comportait l'inconvénient de nécessiter une double conversion pour le passage à l'an 2000 et à l'euro, donc d'augmenter les coûts. D'autre part, ces entreprises sont restées avec d'anciennes architectures d'applications informatiques dites propriétaires. Environ 40 % des grandes entreprises françaises ont opté pour cette nécessité à court-terme selon le même expert du CIGREF.

Les « plus petites entreprises » avaient des problèmes beaucoup plus légers, dans la mesure où elles étaient déjà équipées de progiciels, qu'il suffisait de mettre à jour vers des versions conformes an 2000 et euro.

Couverture des programmes An 2000 et Plans de secours

Un point essentiel des programmes « An 2000 » était leur couverture sur le territoire. Il s'agissait en effet de s'assurer que toutes les organisations (administrations, entreprises, collectivités locales) ainsi que toutes les filiales (dans le cas des grands groupes) avaient un programme « An 2000 » avec un responsable. Par ailleurs, les organisations ont établi, à partir du début de 1999, des plans de secours. En Europe, ces plans ont en fait été utiles pour remédier aux conséquences de la tempête de fin décembre 1999.

Aspects économiques

De nombreuses estimations ont été avancées sur le coût de la correction du « bogue », surtout aux États-Unis. « Les plus sérieuses » seraient celles du cabinet d'analyse stratégique Gartner Group, qui a estimé en 1995 que le projet Y2K coûterait environ 300 à 600 milliards de dollars dans le monde[7], sur la base de 300 à 600 milliards de lignes de programme existant dans le monde, et un dollar par ligne de programme à convertir.

Le coût estimé est extrêmement variable si on se limite aux conversions de code proprement dites, ou bien si le coût de mise en œuvre de tous les progiciels qu'il a fallu déployer au cours de la décennie 1990 pour remplacer d'anciennes applications devenues obsolètes est inclus.

Il fut estimé en 1998 depuis les États-Unis que ce coût allait se répartir à peu près à parts égales en Amérique, en Europe, et en Asie. Le projet aurait donc coûté entre 100 et 200 milliards de dollars en Europe.

Le traitement du passage informatique à l'an 2000 a créé un marché temporaire de l'emploi informatique, d'autant plus qu'en Europe cette échéance était quasi simultanée avec le passage à l'euro. Même si les systèmes internet étaient peu concernés, la bulle internet a aussi encore accru cet appel d'air. Les sociétés d'informatique (constructeurs informatiques et sociétés de services en informatique) ont alors pour l'année augmenté leurs effectifs. La surcharge de travail autour de l'an 2000, aggravée encore par le passage à l'euro, a aussi entraîné une dépression sur le marché informatique à partir de 2002.

Aspects juridiques

Le bogue de l'an 2000 posait des questions juridiques sur les responsabilités respectives des utilisateurs d'informatique, et des fournisseurs de matériels informatiques et de logiciels[8].

Ces aspects étaient rendus complexes par le nombre important de fournisseurs engagés dans les grands contrats d'intégration, notamment :

  • Constructeurs de matériels informatiques et leurs services de maintenance ;
  • Fournisseurs de logiciels spécifiques ;
  • Éditeurs de solutions progicielles (ERP) ;
  • Intégrateurs ;
  • Entreprises d'infogérance ;
  • Opérateurs de télécommunications.

Les sociétés de conseil en management ont aussi joué un grand rôle, pour la planification des projets de mise en conformité à partir des estimations des analystes (Gartner Group…).

En France et en Europe

Lorsque le problème a commencé à être sérieusement identifié en dehors des entreprises de crédit bancaire, c'est-à-dire vers 1995 (en France, constitution d'un premier groupe de travail au CIGREF), le Club informatique des grandes entreprises françaises (CIGREF) s'est appuyé sur la directive européenne sur la responsabilité des produits défectueux de 1985, non encore transposée. Selon cette directive, le fournisseur d'un produit est responsable des défauts d'un produit pendant une période de dix ans après sa mise en service ou sa commercialisation. Ainsi, tout matériel ou logiciel commercialisé à partir du était concerné.

Ces questions se sont posées à partir de 1996 en France[Note 1]. Le SYNTEC, qui représente les SSII, n'a pas été d'accord avec cette position, et a adopté une position plus favorable aux fournisseurs, prenant comme référence la date du . Un grand fournisseur de logiciel a retenu la date du . Les juristes ont commencé à s'exprimer sur le sujet en 1996.

En France, le ministère de l'Économie et des Finances a donné une première position sur le sujet en , en réponse à une lettre envoyée par un cabinet de juristes spécialisés en droit de l'informatique. La directive sur les produits défectueux n'a été transposée en droit français que le . Certains fournisseurs se sont donc appuyés sur cette date.

Les enjeux incluent les responsabilités respectives des utilisateurs et des fournisseurs, la façon dont les fournisseurs ont exercé leur devoir d'information et la façon dont les fournisseurs ont exercé leur devoir de conseil. À travers la date de référence (1990, 1995…), la transposition de la directive sur les produits défectueux de 1985, et l'applicabilité effective en droit national de cette directive non transposée. Un délai de 13 ans a été nécessaire pour transposer la directive de 1985. En moyenne, une directive européenne est transposée en droit national en deux ans.

Du fait que de nombreux logiciels non conformes an 2000 ont été conçus à une époque où toute l’industrie informatique utilisait la programmation à deux chiffres pour économiser la mémoire des ordinateurs, c’est-à-dire pour un motif à la fois technique et économique, certains juristes ont estimé que la non-conformité d’anciennes programmations à l'an 2000 ne relevait pas d'un vice caché, mais résultait en fait de l’absence d’une spécification par suite d’un choix délibéré. C'est ainsi que, en France, la garantie légale contre les vices cachés n'a généralement pas pu être invoquée par les clients[9].

Aux États-Unis

Le projet Y2K a été l'une des raisons qui ont poussé le gouvernement fédéral à définir une loi (Clinger-Cohen Act) de mise en conformité des systèmes d'information par rapport aux directives gouvernementales. Le cadre d'architecture DoDAF du département de la défense a été défini pour se conformer à cette loi.

Le cabinet MITRE a assisté les armées des États-Unis et les agences dépendant du département de la Défense (National Security Agency, DISA…) pour la résolution de ce problème, dès 1993 pour l'US Air Force.

La grande majorité des mises en conformité a été faite grâce au remplacement des applications spécifiques par des progiciels de gestion intégrés, ou bien par des conversions des lignes de code, à 80 % en utilisant la technique du fenêtrage.

Les systèmes critiques du gouvernement fédéral des États-Unis ont été identifiés en définissant des profils d'application dans le Global Information Locator Service(en) (GILS), en employant des jeux de données signifiantes (Dublin Core).

Cependant, aux États-Unis, certaines données spécifiques (legacy data) ont dû être traitées par du langage XML.

En 1998, à l'approche de l'échéance (le président Bill Clinton était informé depuis le début de 1996), et confrontée à un problème de plus en plus urgent, l'administration américaine a fait voter une loi permettant un échange de bonnes pratiques entre les fournisseurs d'équipements informatiques et de logiciels : Year 2000 Information and Readiness Act (), également surnommée Good Samaritan Law en référence à la parabole du Bon Samaritain dans la Bible. Cette loi limitait la responsabilité des fournisseurs en cas d'erreur ou d'imprécision dans les informations échangées.

Relations clients / fournisseurs

Un aspect important du problème du millénaire était le fait que les entreprises dépendaient à la fois de leurs fournisseurs et de leurs clients. Le problème pouvait affecter l'ensemble des chaînes logistiques par effet domino. Les programmes an 2000 comportaient donc systématiquement des actions d'information et de questionnement sur les programmes an 2000 de leurs partenaires. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles pratiquement aucune entreprise n'a échappé au problème.

Pratiqué depuis la décennie 1970 sur la croissance industrielle établie après la Deuxième Guerre mondiale le système de la production après acte d'achat était la « production tirée ».

Cependant la production des produits industriels commence à être pensée « pour pousser à l'achat » et assurer la rentabilité pour l'entreprise par la vente des pièces de rechange (après 2010 selon ce qui sera le marketing management)[Note 2].

Communication utilisée

La presse américaine a été beaucoup plus communicative que la presse française, et de façon plus générale que la presse européenne, sur le problème de passage informatique à l'an 2000.

Un journaliste américain avait qualifié ce problème de la façon suivante : « Y2K is a œcumenical problem », dans la mesure où ce problème était universel.

Internet a joué un grand rôle dans la communication sur le problème de l'an 2000, surtout aux États-Unis. Plusieurs sites spécialisés ont été créés pour communiquer sur le problème (systèmes impactés, informations sur les fournisseurs, outils et méthodes, bonnes pratiques…). Pour donner une idée de l'importance de la communication sur le sujet, le site year2000.com du consultant canadien Peter de Jaeger, créé en 1995, était à l'époque le site le plus interconnecté au monde avec 25 000 liens.

En France, la communication institutionnelle par Internet n'est apparue qu'à partir de , avec la création du site gouvernemental urgence2000.fr.

Il était nécessaire de faire une veille pour se tenir informé de l'avancement des méthodes de résolution du problème auprès des fournisseurs notamment. Ainsi, le passage informatique à l'an 2000 comportait certains aspects d'intelligence économique.

Nature détaillée du problème

Les programmes informatiques utilisés pour la gestion risquaient de s'arrêter de fonctionner ou produiraient des résultats erronés. Cela parce que la date système du matériel informatique (hardware) ne comportait que deux chiffres pour l'année, sans le siècle, et que les logiciels et bases de données présentaient le même problème, avec seulement les deux derniers chiffres pour l'année. Ainsi, l'année 2000 serait représentée par 00 et ne suivrait pas 1999 (99) dans une séquence numérique. Ceci risquait de créer des calculs et des comparaisons de données avec des résultats incorrects.

Les systèmes embarqués, dans la mesure où ils obéissaient à une logique similaire, risquaient de ne plus fonctionner, entraînant le dysfonctionnement d'outils et d'autres infrastructures cruciales dans les systèmes industriels.

Dans les années précédant 2000, quelques entreprises et gouvernements, lorsqu'ils ont fait des tests pour déterminer les impacts potentiels, ont rapporté que des systèmes critiques auraient besoin de grandes réparations ou risqueraient des problèmes sérieux. De 1997 à 1998, des estimations incertaines et alarmistes étaient rapportées sur des entreprises dans l'industrie et le service.

L'imprécision de ces rapports et l'incertitude des possibilités que le bug de l'an 2000 se produise ainsi que des centaines de milliards de dollars soient dépensés dans la correction du problème, furent une raison majeure de la peur du public. Des comités spéciaux furent établis par les gouvernements pour analyser les travaux nécessaires pour éviter le bug, particulièrement pour les infrastructures cruciales comme les télécommunications, afin d'assurer que la plupart des services critiques soient prêts au . À partir de 1999, même si les mêmes organisations et gouvernements prétendaient être bien préparées, la confiance du public n'y était plus[10].

Aux États-Unis surtout, la presse a beaucoup communiqué dès 1996, notamment sous l'influence de Peter de Jaeger, avec comme corollaire des craintes millénaristes.

Certains estiment que cette psychose aurait été volontairement alimentée par des entreprises informatiques dans le but de pousser les consommateurs et les professionnels à s'équiper de matériel informatique plus récent. Dans la plupart des cas, les modifications étaient en réalité justifiées. Si le problème avait été réellement anticipé, son traitement aurait coûté beaucoup moins cher.

Un label « compatible an 2000 » fut créé et attribué aux matériels informatiques censés ne pas souffrir du passage à l'an 2000.

Ce ne fut que le passage sans problème du millénaire qui a complètement écarté les craintes du public.

Matériel informatique

Quelques fabricants du circuit faisant fonction d'horloge électronique dans les ordinateurs avaient fabriqué des composants incapables de stocker ou d'exploiter les deux chiffres du siècle. Ceux-ci valaient 19 par défaut, comme pour les programmes extrapolés. Évidemment, de tels circuits, et par conséquent les ordinateurs et leurs logiciels, pouvaient difficilement passer avec succès le 01/01/2000 sans commettre une erreur d'interprétation de date.

Ceux-ci se retrouvaient dans nombre d'ordinateurs vétustes, mais pas seulement ceux-là. Certains constructeurs peu scrupuleux ou ignorants avaient continué à utiliser des composants connus comme bugués mais beaucoup moins chers. Des patches furent distribués à l'envoi pour être mis en place avant le jour fatidique.

Logiciel

Au fil du temps, les cartes à perforer furent remplacées par des rubans magnétiques, des fichiers sur disque, puis des bases de données simples comme ISAM, mais la structure des programmes ne changeait habituellement pas beaucoup. Des logiciels populaires ont continué la pratique de stocker les dates comme du texte. Rares étaient les logiciels utilisant les bases de données qui stockaient ou même prenaient en compte les deux chiffres du siècle, ceux-ci étaient presque systématiquement extrapolés.

Économiser deux caractères pour chaque champ de date était jusqu'au milieu des années 1970 une économie vitale pour certains systèmes. Cette logique a persisté dans les années 1980 en raison d'un coût élevé de l'octet. La plupart des programmes informatiques était présumé d'une durée de vie d'environ 10 ans, calqués sur la vie de l'entreprise type société-à-capital et ses opérations de fusion-absorption ; la majorité des programmeurs de l'époque ne s'attendaient pas à ce que leurs travaux demeurent en utilisation durant plusieurs décennies.

Le problème a été reconnu pour la première fois en 1958 par Bob Bemer par le résultat d'un travail sur un logiciel de généalogie. Il passa les vingt années suivantes à essayer de sensibiliser les programmeurs, IBM, le gouvernement des États-Unis et l'ISO au problème, avec peu de résultats. Ceci incluait la recommandation d'utiliser quatre chiffres dans les clauses PICTURE du COBOL pour les années. Cela aurait pu être fait par les programmeurs à n'importe quel moment à partir de la version initiale du premier compilateur COBOL en 1961. Toutefois, pour certains « une indifférence et un manque de vision à long terme » ont fait que cette préconisation ne fut pas suivie.

Malgré des articles de magazines sur le sujet à partir de 1970, la majorité des programmeurs ont seulement commencé à reconnaître l'année 2000 comme un problème dans les années 1990, mais même alors, il a été grandement ignoré jusqu'aux toutes dernières années de la décennie.

C'est parce que les méthodes informatiques d'analyse fonctionnelle et de programmation commencent seulement vers 1975 à émerger (par ex. Merise) et structurent tout le "métier" d'informaticien et son marché de l'emploi.

En pratique, le codage des dates sur deux chiffres est toujours utilisé sans grand problème en 2003, dans de nombreux systèmes, les programmeurs (quel que soit le langage) utilisent des techniques de fenêtrage (ceci rend le système très légèrement plus lent) pour déduire le siècle, souvent par un système de date pivot (>=50 est traduit 19xx, <50 est traduit 20xx). Cette logique ne fait que repousser le problème à 2050 sans le résoudre.

Normalisation

L'une des raisons pour lesquelles les informaticiens ont tant tardé à s'attaquer au problème venait de ce que les dates n'étaient pas normalisées. Différentes formes de stockage des dates existent dans les mémoires, les programmes, et les bases de données des systèmes d'information selon le format de date français, américain ou anglais adopté. Les systèmes Unix de leur côté décomptent les secondes pour calculer les dates.

Défaut de conception systémique

Selon certains experts américains[Note 3], le problème de l'an 2000 ne s'apparentait pas exactement à un bug, mais plutôt à un choix de conception. En effet, dans les spécifications fonctionnelles détaillées et les études techniques, on prévoyait un format de date inadéquat excluant le siècle. Ce défaut était systémique, puisqu'il était quasi général dans les systèmes d'information.

Négligence

Le problème informatique de l'an 2000 a été jugé comme une négligence lors de la conception de produit

Exploités dans les environnements « Mainframe » (IBM Bull NEC et autres), les millions d’« objets » dans le monde (programmes, clause copy, bases de données, etc.) auraient pu être corrigés plutôt que laissés en l'état au fil des nouveaux projets ou des Tierces Maintenances Applicatives, dans les années 1990. Cependant pour ces processeurs, la programmation structurée (type Unix) avec des spécifications générales, dans les années 1970 et 1980 n'était pas de mise. La notion de sous programmes exclusivement dédiés est celle du Système de gestion d'exceptions pour sa relation partie-tout dans le système d'exploitation de la machine… La traduction du binaire (assembleur) fait partie de ce qui est nécessaire à la mise en marche de tout ordinateur.

La programmation procédurale par « PERFORM » en Cobol massivement utilisé en 1974 sur les machines de gestion fut calquée sur les enchainements de sources écrits en assembleur, abondance de « GO TO », structure pérennisée dans le Cobol 85. Par conséquent les changements à effectuer sur l'ajout des deux chiffres du siècle fut d'une très grande complexité, de plus sur les calculs effectués sur ces dates (échéanciers ou majorations de retard).

Ultime difficulté, dans de rares cas, certains load modules (exécutables constitués par compilation des sources écrits en Cobol, langage informatique le plus fréquent (voir IBM 1130) n'avaient plus leur source pour y porter les modifications. Une décompilation était nécessaire, interdite par la loi lorsqu'il n'y a pas extrême nécessité[Note 4] .

Conséquences

Le passage informatique à l'an 2000 n'a entraîné aucun dommage sur l'économie, contrairement à ce que l'on craignait.

En revanche, le passage à l'an 2000 ainsi que, en Europe, le passage à l'euro, ont entraîné des investissements très lourds dans les années 1990. Les entreprises ont dû amortir ces investissements au début des années 2000. Il y a donc eu une baisse d'activité très significative entre 2002 et 2005 environ. Les plus grandes entreprises du secteur ont dû licencier du personnel pour s'adapter au changement de conjoncture.

Avenir

Le bug de l'an 2038 devrait affecter les systèmes Unix en 2038. En effet, ces systèmes utilisent le nombre de secondes écoulées depuis le (cette date « 0 » est appelée Epoch) pour exprimer les dates. Or le à 3 h 14 min 7 s, le nombre de secondes écoulées devrait dépasser les capacités de stockage des nombres signés sur quatre octets. Sur les variantes d'Unix représentant ce nombre de secondes avec des entiers non signés (ce qui, pour des raisons techniques, est peu fréquent), le problème se posera en 2106 (le à 6 h 28 min 15 s en temps universel). Pour éviter ce problème, il faut stocker la date sur un plus grand nombre de bits. Avec l'arrivée de systèmes 64 bits, il sera possible de stocker des dates à plus de 250 milliards d'années dans le futur. Or, d'après les scientifiques, notre planète disparaîtra dans environ 4,5 milliards d'années, en même temps que le Soleil, ce qui résout donc largement le problème du stockage des dates en cette norme.

Le problème de stockage provient plutôt maintenant d'une gestion anarchique des hyperdonnées.

Dans la culture populaire

  • Les passages informatiques de l'an 2000 ont été parodiés dans le dixième Horror Show de la série Les Simpson.
  • Dans le jeu vidéo Metal Gear Solid 2, les correctifs informatiques du bug de l'an 2000 sont présentés comme un virus déguisé permettant le contrôle du flot d'information mondial par internet.
  • Le catcheur Chris Jericho utilise le surnom Y2J en référence au sigle Y2K.
  • Il a été moqué dans Les Guignols de l'Info à travers la World Company, montrant le passage informatique comme une arnaque digne d'une blague de maternelles.

Notes et références

Notes

  1. Voir aussi 1996 en informatique, 1997 en informatique, 1998 en informatique, 1999 en informatique.
  2. Au XXIe siècle, il est question de consommation responsable selon le secteur.
  3. Lane Core Junior notamment.
  4. Il n'est possible de faire de la décompilation et de la correction que s'il s'agit d'un système hérité et que le fabricant ne peut pas corriger le code dans les temps s'imposant à l'utilisateur final.

Références

  1. 1 2 3 Le changement de standard des données sur papier ayant été mises sur électronique (bandes et disques) en 1999 pose problème en France aussi bien pour les grosses entreprises que les petites et aussi pour le gouvernement : il y a 20 ans le bug an-2000 fin du monde, Radio France internationale (consulté le ).
  2. (en) Internet Y2K ready.
  3. En anglais, design flaw : (en) Silicon Valley Law Firm Weighs In On Y2K Bug & Legislation (SJ Merc News).
  4. (en) Donald S. Mcalvany, Y2K Crisis: Preparing for the Coming Computer Crash!
  5. (en) Donald S. Mcalvany, The Y2k Tidal Wave: Year 2000 Economic Survival, Frontier Research Publications, 1999, (ISBN 0921714548 et 9780921714545).
  6. (en) 2009 Peter de Jager Named Lifeboat Foundation 2009 Guardian Award Winner.
  7. Selon la modélisation mathématique de Y2K, Stephanie Schmitt-Grohé, Rutgers university[PDF], thèse écrite en 1998 sur le passage en macro-économie depuis la micro-économie, (consulté le ).
  8. Voir notamment ce site, où il est question de la position du CLUSIF vis-à-vis des fournisseurs informatiques.
  9. An 2000 : quels risques juridiques ? Une synthèse 23/07/1999.
  10. le bug de l'an 2000 vu en 1996, l'Express, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

  • Court-termisme#L'informatique
  • Professionnalisme et gestion de crise
  • Responsabilité du fait des produits défectueux
  • Obsolescence programmée
  • Date (métadonnée)
  • ITSEC ; TCSEC
  • MITRE ; Profil de protection
  • Bug de l'an 2038

Liens externes