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Charles Perrault, déclencheur de la querelle des Anciens et des Modernes.

La querelle des Anciens et des Modernes (ou querelle des Classiques et des Modernes) est une polémique née à l’Académie française et qui a agité le monde littéraire et artistique de la fin du XVIIe siècle.

Origines de la Querelle

La querelle des Classiques et des Modernes oppose deux courants distincts :

  • Les Classiques, ou Anciens, menés par Boileau, soutiennent une théorie de la création littéraire qui repose sur le respect et la juste appréciation de l'héritage de l’Antiquité[1]. D'après cette conception, c'est le jugement du public et de la postérité qui fait les chefs-d'œuvre, non pas l'opinion biaisée d'une élite de doctes ; la valeur des grands auteurs de la Grèce et de Rome se trouve confirmée par vingt siècles d'admiration universelle. Tout en reconnaissant les mérites des contemporains Boileau prédisait que Corneille, Racine et Molière seraient acclamés comme des génies dans les temps à venir il est aussi important de reconnaître la dimension cumulative de la culture et rendre hommage à nos prédécesseurs[2],[α 1]. Ainsi Racine traite dans ses tragédies (Phèdre par exemple) des sujets antiques déjà abordés par les tragédiens grecs, et les poètes classiques tirent des règles du théâtre classique de la Poétique d’Aristote. La métaphore des nains sur des épaules de géants illustre ce principe : en étudiant les travaux des grands hommes du passé, il est possible de les surpasser[α 2]. Boileau a pour lui les plus grands écrivains français de son temps, parmi lesquels il faut tout particulièrement mentionner Racine, La Fontaine, Fénelon et La Bruyère.
  • Les Modernes, représentés par Charles Perrault, soutiennent que le siècle de Louis XIV étant supérieur à tous les autres par sa perfection politique et religieuse, aboutie et indépassable, il s'ensuit que les œuvres créées par les contemporains à la gloire du Roi et de la Chrétienté sont forcément supérieures à tout ce qu'ont produit les siècles passés[3],[α 3]. Ils militent donc pour une littérature de formes artistiques nouvelles, adaptée à l’époque moderne, complaisante envers la Cour de France[4],[5], respectueuse de la bienséance, zélée pour la religion, fuyant les libertés des auteurs de l’Antiquité et cherchant toujours à célébrer la monarchie et l'Église françaises[6],[α 4]. Perrault a pour lui l'Académie[7],[α 5], le parti dévot[α 6], les salons littéraires[8],[α 7] et une foule de poètes à la mode du siècle aujourd'hui presque tous oubliés.

Chronologie de la Querelle

Boileau tenant des Classiques.

En France, la prise progressive de contrôle de l’espace des lettres par le pouvoir politique (pensions aux auteurs qui flattent le gouvernement, création de l'Académie par Richelieu avec mission d'agir comme tribunal suprême des lettres) est marquée par des querelles, autour par exemple de la question du merveilleux en littérature : doit-on continuer à louer les auteurs du passé qui chantaient des mythes païens ou faut-il se tourner vers des héros chrétiens, voire composer des épopées chrétiennes et françaises ? Le christianisme ne l’emporte-t-il pas sur les grands modèles passés ? C’est la Querelle du merveilleux chrétien.

De 1637 à 1674, les partisans d’une littérature adaptée à l’époque moderne se singularisent contre les « Anciens ». En 1637 le Cid de Corneille fait scandale : les « Modernes » l'accusent d'antipatriotisme et d'offenser la bienséance et la morale chrétienne. En 1641, Daniel de Rampalle avait traduit pour Richelieu le premier manifeste « moderne » publié en Italie en 1623, L'Hoggidi de Secondo Lancellotti (L'erreur combattue, Paris, Augustin Courbé, 1641)[9].

Le conflit éclate en 1664, quand Jean de la Fontaine fait paraître Joconde ou l'infidélité des femmes, imitation très libre du chant xxviii de l’Orlando furioso de l'Arioste, qui prend le contrepied de la traduction académique que le poète Jean de Bouillon, secrétaire des finances de Gaston d'Orléans, a composée vers 1660 et qui a été publiée, en 1663, dans un recueil posthume de ses œuvres[10]. Le Joconde de La Fontaine connaît un vif succès, brillamment défendu par l'auteur anonyme d'une Dissertation sur Joconde, publiée en 1669 et dont Boileau s'attribuera tardivement la paternité. Les « Modernes » se déchaînent en 1663 contre L'École des femmes de Molière et en 1667 contre l'Andromaque de Racine, accusées d'outrager la pudeur et donner à la société française des mauvais modèles de héros[11].

En 1677, c’est la première victoire des « Modernes », lors de la Querelle des inscriptions : après le débat sur l’affaire des inscriptions sur les monuments du règne, il est décidé que ceux-ci seraient gravés en français (et non plus en latin). Les deux partis sont alors constitués : d’un côté, les auteurs et poètes admirateurs de l'Antiquité, dont l'humanisme moral est tourné vers la rigueur et l’éternité de l’œuvre ; de l’autre, les doctes (clergé, académie) et les poètes galants qui prônent le respect des règles de la haute société (par exemple celle de la bienséance), critiques de la génération des classiques, s’appuyant sur les goûts du public parisien[12].

Le , Charles Perrault donne le coup d'envoi des hostilités en répliquant à l’abbé de Lavau, qui avait lu, à l’occasion d’une séance de l’Académie française tenue au Louvre pour fêter la guérison du roi, le discours de La Fontaine intitulé Sur l’avantage que les Anciens ont sur les Modernes, avec son poème intitulé le Siècle de Louis le Grand dans lequel il fait l’éloge de l’époque de Louis XIV, qu'il présente comme idéale, tout en remettant en cause la fonction de modèle de l’Antiquité[13].

Marc Fumaroli explique en ces termes les enjeux du débat: « Tout au long de la Querelle, qu’il s’agisse d’Euripide ou d’Homère, ce sont sous Louis XIV les Anciens qui admettent ce qu’il y a de vif, de déconcertant, de déchirant dans la représentation de la vie humaine par les poètes antiques, tandis que les Modernes sont favorables à des conventions morales et esthétiques uniformes et confortables[14]. » D'après lui, sous l’apparent progressisme des Modernes se cachent aussi des enjeux de pouvoir. Boileau est proche de Port-Royal. En défendant les Anciens, il défend aussi, au nom de la diversité des héritages, des marges de liberté dans la République des lettres. Perrault est pour Fumaroli un « apparatchik du pouvoir » célébrant jusqu’au délire la grandeur de son roi[15]. L’aspect personnel de la Querelle dissimulant les rivalités de personnes et de cabales entre coteries, sous l’apparence de deux camps bien tranchés, n’est pas à négliger non plus[16].

Finalement, Antoine Arnauld doit s’entremettre pour réconcilier les parties et, le , Perrault et Boileau s’embrassent en public à l’Académie française. La réaction du public de l’époque donne à penser que Perrault et son parti remportent la victoire dans cette polémique. En fait, Arnauld penchait plutôt du côté de Boileau, ce dont celui-ci ne manquera pas de se vanter dans son Épître X,[17] et la querelle s’était en quelque sorte épuisée lorsque le compromis se fait, même si Perrault en resta aigri et menaça par la suite de recommencer ses attaques contre Boileau (celui-ci répondit que cela lui était « fort indifférent[18] »). La postérité donna raison à Boileau, car toutes ses prédictions se sont accomplies : Homère et Virgile continuent d’être admirés, et les auteurs du XVIIe siècle célébrés de nos jours sont ceux que Boileau considérait comme des génies : Pascal et Descartes pour la philosophie, Molière pour la comédie, Corneille et Racine pour la tragédie[19]. Perrault, pour sa part, soutenait que Philippe Quinault, son ami intime, serait un jour reconnu par le monde entier comme le plus grand poète lyrique de tous les temps ; et jugeait que l’Iliade et l’Odyssée seraient oubliées par les générations futures et remplacées dans l'estime du public par les épopées chrétiennes comme La Pucelle de Jean Chapelain, Charlemagne de Le Laboureur, Clovis de Saint-Sorlin et Saint Paulin de Perrault lui-même[20]. Tout ce qu'il a prédit s'est révélé faux.

Prolongements dans la France des Lumières

Le débat rebondit dans la deuxième décennie du XVIIIe siècle avec la mise en vers, en 1714, par Houdar de la Motte – à une époque où Perrault et Boileau sont morts – d’une traduction de l’Iliade publiée par Anne Dacier en 1711. L'original, « corrigé » et raccourci, est accompagné d’une préface contenant un Discours sur Homère, où sont défendus les Modernes. Anne Dacier réplique avec son Des causes de la corruption du goût, où elle débat la question de la priorité de l’original ou d’une traduction, dans une prolongation d’une discussion du troisième dialogue du Parallèle de Perrault.

Cette polémique, dans laquelle des auteurs aussi différents que l’abbé Terrasson et Jean Boivin interviennent, est entrée dans l’histoire de la littérature sous le nom de Querelle d’Homère. Elle s’achève en 1716 avec une réconciliation personnelle des principaux acteurs. Fénelon, choisi pour juge, termine la dispute avec un arrêt digne de Boileau : « On ne peut trop louer les modernes qui font de grands efforts pour surpasser les anciens. Une si noble émulation promet beaucoup ; elle me paraîtrait dangereuse si elle allait jusqu'à mépriser et à cesser d'étudier ces grands originaux »[21]. Même avec l’épuisement du conflit, les répercussions de cette « seconde Querelle des Anciens et des Modernes » perdurent au cours du siècle des Lumières pour se poursuivre jusqu’à la querelle suscitée par le romantisme.

Marivaux est l'un des représentants importants du courant moderne au début du XVIIIe siècle, en établissant un genre tout à fait nouveau de théâtre, inconnu des Anciens, avec ses comédies morales[22] et poétiques[23]. Diderot définit le genre du drame bourgeois en comédie larmoyante où la tragédie imminente est résolue avec des réconciliations vertueuses et des flots de larmes.

La querelle des Anciens et des Modernes aura finalement servi de couverture, souvent pleine d’esprit, à des opinions opposées d’une portée beaucoup plus profonde. Un côté s'attache à l'idéal classique de la Grèce et de Rome et rejette la littérature moderne devenue propagande au service du pouvoir, l’autre conteste l’idée même de valeurs intellectuelles ou esthétiques qui sont au dessus de l'autorité du Roi et de l'Église. Le renouvellement de l’intérêt pour l’Antiquité au Siècle des Lumières se traduit par une réévaluation des acquis du passé classique, et finit par soumettre les Écritures elles-mêmes à l’examen des penseurs critiques. L’attaque aux pouvoirs établis en politique et religion résonne avec les progrès de la recherche scientifique. Le défi jeté à l'autorité royale et ecclésiastique dans le champ littéraire annonce déjà les remises en question dont l'État et la société vont faire l’objet au temps de la Révolution française, quand la monarchie absolue et la religion officielle unique, idoles de la modernité, seront renversées au nom des anciennes idées de République, Démocratie et Liberté de religion.

Autres versions en Europe

Italie

Une querelle italienne des Classiques et des Modernes éclate au début de la Renaissance et se prolonge en se remanifestant avec intermittence pendant trois siècles[24]. Cette querelle italienne ressemble à la querelle française tout en étant différente : les Modernes italiens sont opposés à la scolastique médiévale, alors qu'en France les Modernes comme Bossuet la soutiennent et ce sont les partisans des Classiques qui sont pour le renouveau. Ainsi Boileau, Racine et Bernier défendent brillamment dans un « Arrêt burlesque » la renaissance de la philosophie et des sciences contre ceux qui refusent de rien changer à la modernité médievale[25],[26] ; d'après Brossette, cet Arrêt anéantit un projet de l'Université pour faire interdire l'enseignement du cartésianisme[27].

Pour Marc Fumaroli, la querelle italienne « poursuit l’enquête comparative (la syncrisis, le paragone, la conférence) commencée par la Renaissance entre deux époques des lettres, des arts et des mœurs. Elle est le fait de lettrés qui se sentent plus enracinés dans la « République des Lettres » que dans aucun État contemporain. La comparaison entre Antiquité et Modernité est pour eux une condition de la liberté d’esprit. Il s’agit moins en Italie d’une Querelle que d’un championnat. La Querelle française en revanche est le fait d’hommes de lettres qui ont les yeux fixés sur leur roi ; ils font ou feront partie de la constellation d’Académies domiciliant la République française des Lettres dans l’État royal. »[28].

Grande-Bretagne

Déjà inscrite dans une plus longue tradition européenne de contestation de structures semblables (en particulier à la Renaissance, lorsque Galilée ridiculise l’autorité accordée à Aristote dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde[29]), la querelle des Anciens et des Modernes déclenchée par la polémique entre Perrault et Boileau est rapidement reçue au-delà des frontières françaises et adaptée aux situations locales.

La Grande-Bretagne de l’époque prend la querelle des Anciens et des Modernes un peu moins sérieusement. William Temple prend le parti des Anciens dans son essai Essay upon the ancient and modern learning (Essai sur l’étude antique et moderne) (1690) en réaction à la Digression sur les Anciens et les Modernes (1688) de Fontenelle, qui reprend l’image selon laquelle « nous sommes des nains sur des épaules de géants », image qui provoque une avalanche de réponses. Le critique William Wotton, avec ses Reflections upon ancient and modern learning (Réflexions sur les savoirs antique et moderne) (1694), le critique et classiciste Richard Bentley et Alexander Pope sont au nombre de ceux qui prennent le parti des Modernes à cette occasion. Newton se déclare pour les Anciens contre Hooke, un partisan des Modernes, lorsqu'il écrit que son travail s'appuie fortement sur le travail de ses prédécesseurs et affirme comme Temple « si j'ai vu plus loin, c'est en me tenant sur les épaules des Géants »[30]. L'écrivaine et critique de la culture Maria Popova commente à ce sujet: « L'humilité de Newton est née d'une compréhension précoce et formative de la façon dont la connaissance se construit sur elle-même, améliorant progressivement les idées existantes jusqu'à ce que le cumulatif aboutit au révolutionnaire »[31].

Bien que le débat soit clos en Angleterre dès 1696, le sujet semble avoir stimulé l’imagination de Swift qui vit dans les camps opposés des Anciens et des Modernes un résumé de deux manières générales de regarder le monde. Ce thème est développé dans sa satire A Tale of a Tub (Conte du tonneau), composé entre 1694 et 1697 et publié en 1704, longtemps après la fin de la querelle en France. L’expression de « Bataille des Livres » vient de la satire publiée anonymement en 1704 par Swift, Full and True Account of the Battle fought last Friday between the Ancient and the Modern Books in St. James’s Library (Compte-rendu complet et véritable de la bataille survenue vendredi dernier entre les ouvrages antiques et modernes de la bibliothèque de St. James).

Allemagne

La querelle des Anciens et des Modernes comporte une version allemande avec la polémique touchant au merveilleux entre Johann Christoph Gottsched, Johann Jakob Bodmer et Johann Jakob Breitinger[32]. Johann Joachim Winckelmann joue également un rôle important dans l’acclimatation de la querelle dans le monde germanophone avec, en particulier ses Gedanken über die Nachahmung der Griechischen Werke in der Malerei und Bildhauer-Kunst (Pensées sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture) (1755)[33]. Vers la fin du XVIIIe siècle, la thématique de la querelle des Anciens et des Modernes apparaît avec Herder, Schiller et Schlegel[34].

Résonances plus récentes de la Querelle

Au XIXe siècle

Dans « De l'Allemagne », Germaine de Staël « appelle les Français à renouveler leurs modèles, à sortir des limites trop strictes du classicisme d’où bien peu cherchaient à s’évader, et que le pouvoir en place maintenait fermement. » Face à la référence constante aux Anciens qu’impose l’Empire, elle préfère la culture allemande d’un sentiment national libre, dans laquelle elle voit une création féconde. Ce texte introduit le romantisme en France.

Son ami Benjamin Constant reprend sur un plan politique cette critique de l’imitation des anciens : dans sa célèbre conférence De la Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, prononcée en 1819 à l'Athénée Royal de Paris, il oppose la « liberté des anciens » à la « liberté des modernes ». Il faut adjoindre à la première, limitée à une dimension publique soumettant le citoyen à la grandeur de l’État, la défense de la seconde, l’espace autonome privé, affranchi du contrôle du pouvoir[35].

Chateaubriand reprend sur un plan moins tranché certains aspects de la querelle (par exemple en préférant le merveilleux chrétien au classique). En ce sens, les pensées « progressistes » et les mouvements littéraires romantiques et post romantiques qui insistent sur la liberté sont influencés par les modernes.

Au XXe siècle

Au XXe siècle, par opposition, on retrouve en général des échos de ce débat chez des penseurs post heideggeriens, qui interrogent la dérive d’un humanisme qui – selon eux – se soumet depuis les Lumières à la modernité, voire à la mode. Ils lui reprochent d’entraîner l’asservissement de la culture à l’étroitesse de la raison technicienne, et au mythe d’un progrès démocratique du « tout culturel ».

Alain Finkielkraut par exemple, y voit une « défaite de la pensée », abandonnant l’exigence de la tradition. Il l’utilise pour souligner la différence entre l’expérience de la vie politique des Anciens et l’expérience des Modernes. Celle-ci s’enracine pour lui dans la « colère anti-théologique » de Machiavel et de Hobbes, pour s’épanouir dans les nouvelles conceptions de la liberté issues du mouvement des Lumières. Pour lui, un des acteurs fondamentaux de cette querelle dans les temps modernes est Jean-Jacques Rousseau. Il est reproché à cette critique des modernes un certain élitisme[36].

Textes de référence

Anciens

  1. Antoine Furetière, Nouvelle allégorique (1659)
  2. Nicolas Boileau, Satires I-VI et VIII-IX (1666-1668) – Traité du sublime de Longin (1674) – L’Art poétique (1674)
  3. René Rapin, Réflexions sur la Poétique d’Aristote (1674)
  4. Jean Racine, Préfaces d’Iphigénie (1675) et de Phèdre (1677)
  5. Jean La Fontaine, Épître à Huet (1687)
  6. Jean de La Bruyère, Les Caractères (1688) – Préface du Discours de réception à l’Académie Française (1694)
  7. Hilaire-Bernard de Longepierre, Discours sur les Anciens (1688)
  8. Nicolas Boileau, Ode sur la prise de Namur / Discours sur l’Ode (1693) – Réflexions sur Longin (1694) – Satire X (1694)
  9. Anne Dacier, L’Iliade d’Homère traduite en français avec des remarques (1711) - Des causes de la corruption du goût (1714) – La Suite de la corruption du goût (1716)
  10. Fénelon, Lettres à l’Académie (1714) – Lettre sur les occupations de l’Académie (1716)
  11. Étienne Fourmont, Examen pacifique de la querelle de Madame Dacier et Monsieur de La Motte sur Homère (1716)

Modernes

  1. Charles Perrault (Le Siècle de Louis le Grand, 1687 – Parallèle des Anciens et des Modernes 1688-1697 – Des hommes illustres qui ont paru en France 1696-1711),
  2. Poèmes épiques de Pierre Le Moyne (Saint-Louis, 1653), Georges de Scudéry (Alaric, 1654), Antoine Godeau (Saint-Paul, 1656), Jean Chapelain (La Pucelle, 1657), Desmarets de Saint-Sorlin (Clovis, 1657), Le Laboureur (Charlemagne, 1664)
  3. Nicolas Pradon, Phèdre et Hippolyte (1677)
  4. Desmarets de Saint-Sorlin, La comparaison de la langue et de la poésie française avec la grecque et la latine (1670) – Défense du poème héroïque (1675) - Défense de la poésie et de la langue française (1675)
  5. Michel de Marolles, Traité du poème épique (1662)
  6. Louis Le Laboureur, Avantages de la langue française sur la langue latine (1667)
  7. Paul Pellisson, Relation contenant l’Histoire de l’Académie Françoise (1672)
  8. François Charpentier, Défense de la langue françoise pour l’Arc de triomphe (1676) – De l’excellence de la langue françoise (1683)
  9. Michel de Marolles, Considérations en faveur de la langue françoise (1677)
  10. Fontenelle, Dialogues des morts (1683) – Digression sur les Anciens et les Modernes (1687)
  11. Saint-Evremond, Sur les poèmes des Anciens (1686) - Sur la dispute touchant les Anciens et les Modernes (1692)
  12. Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique (1695-1697)
  13. Antoine Houdar de la Motte, L’Iliade en vers français (1714) – Réflexions sur la critique (1715)
  14. Jean Terrasson, Dissertation critique sur l’Iliade d’Homère (1715)
  15. Abbé d’Aubignac, Conjectures académiques, ou Dissertation sur l’Iliade (1715)

Principaux Anciens et Modernes

Anciens Dates Modernes Dates
Montaigne 1533-1592 Jean Bodin 1530-1596
Francis Bacon 1561-1626 Scipion Dupleix 1569-1672
Marin Mersenne 1588-1648 Guez de Balzac 1595-1654
Gabriel Naudé 1600-1693
Duc de Montausier 1610-1703 Desmarets de Saint-Sorlin 1595-1676
Saint-Evremond vers 1615-1703
Antoine Arnauld, le Grand Arnauld 1612-1694 Descartes 1596-1650
François de La Rochefoucauld 1613-1680
Olivier Le Fèvre d'Ormesson 1616-1686 Nicolas de Rampalle 1603-1660
Furetière 1619-1688
Grand Condé 1621-1686 Jacques Rohault vers 1617-1672
La Fontaine 1621-1695 Charles Le Brun 1619-1690
Madame de Sévigné 1626-1696 Blaise Pascal 1623-1662
Thomas Corneille 1625-1709
William Temple 1628-1699 Bossuet 1627-1704
Charles Perrault 1628-1703
Madame de Thianges 1631-1693 Pierre-Daniel Huet 1630-1721
Madame de La Fayette 1634-1693 Jean-Baptiste Lully 1632-1687
Madame de Maintenon 1635-1719 Philippe Quinault 1635-1688
Nicolas Boileau 1636-1711 Antoinette Des Houlières 1638-1694
Jean Racine 1639-1699 Nicolas Malebranche 1638-1715
Madame de Montespan 1640-1707 Gabriel Guéret 1641-1688
Isaac Newton 1642-1726
Jean de La Bruyère 1645-1696 Pierre Roullé Avant 1643-Après 1664
Fénelon 1651-1715
Anne Dacier 1654-1720 Bernard de Fontenelle 1657-1757
Jean Boivin 1663-1726 Abbé de Saint-Pierre 1658-1743
Claude-François Fraguier 1660-1728
Jonathan Swift (secrétaire de William Temple) 1667-1745 William Wotton 1666-1726
Limojon de Saint-Didier 1669-1739 Giambattista Vico en Italie 1668-1744
Académie Lamoignon 1670 Jean Terrasson 1670-1750
Abbé du Bos 1670-1742
Marquise de Caylus 1671-1729 Antoine Houdar de La Motte 1672-1731
Antonio Schinella Conti 1677-1749
Rémond de Saint-Mard 1682-1757 Olivet 1682-1768
Abbé de Pons 1683-1732 Saint-Hyacinthe 1684-1746
Alexander Pope 1688-1744
Johann Christoph Gottsched (trad Fontenelle) 1700-1766 Voltaire 1694-1778
Jean-Jacques Rousseau 1712-1778 Diderot 1713-1784

Notes et références

Notes

  1. Boileau rappelle, dans sa lettre à Perrault écrite après leur accommodement, que leur siècle est fécond en grands auteurs et génies, et donne des noms… mais on remarque que ceux-ci ne sont pas du parti des Modernes : « Dans quel siècle a-t-on plus applaudi aux bons livres naissans que dans le nôtre ? Quels éloges n'y a-t-on point donnés aux ouvrages de Monsieur Descartes, de Monsieur Arnauld, de Monsieur Nicole, & de tant d'autres admirables Philosophes et Théologiens que la France a produit depuis soixante ans ? Mais pour ne nous arrêter icy qu'aux Auteurs qui nous touchent vous et moy de plus près, je veux dire les Poètes. Quelle gloire ne s'y sont point acquis les Malherbes, les Racans, les Maynards ? Avec quels battements de mains n'y a-t-on point reçu les ouvrages de Voiture, de Sarrazin & de La Fontaine ? Quels honneurs n'y a-t-on point, pour ainsi dire, rendu à Monsieur de Corneille & à Monsieur Racine ? Et qui est-ce-qui n'a point admiré les comédies de Molière ? ».
  2. Boileau s'étonne, dans la même lettre à Perrault, que celui-ci ne comprenne pas l'influence des prédécesseurs sur la création nouvelle, même révolutionnaire : « Quel est donc le motif qui vous a fait tant crier contre les Anciens ? Pouvez-vous nier que c'est dans Tite Live, dans Dion Cassius, dans Plutarque, dans Lucain & dans Sénèque, que Monsieur de Corneille a pris ses plus beaux traits, a puisé ces grandes idées qui luy ont fait inventer un nouveau genre de Tragédies inconnu à Aristote ? ».
  3. Le poème que Perrault lit à l'Académie le 27 janvier 1687 est un vrai manifeste :
    Les siècles, il est vrai, sont entr’eux différents,
    Il en fut d’éclairés, il en fut d’ignorants ;
    Mais si le règne heureux d’un excellent monarque
    Fut toujours de leur prix et la cause et la marque,
    Quel siècle pour ses rois, des hommes révéré,
    Au siècle de Louis peut être préféré ?
    De Louis, qu’environne une gloire immortelle,
    De Louis, des grands rois le plus parfait modèle ?
    Toute l'idéologie des Modernes y est résumée : la grandeur littéraire, artistique et scientifique d'un siècle dépend exclusivement de l'excellence du monarque (« la cause et la marque ») et Louis XIV étant le roi le plus parfait de tous les temps il faut conclure que les œuvres des hommes de son règne sont aussi les plus parfaites de tous les temps.
  4. Il était dangereux, sous Louis XIV, de penser que le siècle du Roi Très Chrétien ne surpassait pas en tout l'époque païenne. Charles Perrault accuse Boileau d'insulter la religion catholique et affirme que Boileau « n'est pas en état de faire son salut, » et Claude Perrault charge Boileau d'un crime de lèse-majesté. Ces calomnies, rapporte Arnauld dans sa lettre à Dodart du 10 juillet 1694, allaient « le perdre sans ressource, si on y avoit ajouté foi ».
  5. Charles-Henri Boudhors (d) écrit que, lors de la Querelle, Boileau a dû engager le combat « contre Perrault et l'Académie ». À ce sujet voir ses épigrammes XXI et XXII :
    Et l’Académie, entre nous,
    Souffrant chez soi de si grands fous,
    Me semble un peu Topinamboue.
    (Édition de l'Imprimerie générale, 1872, Volumes 1 et 2, p. 450 et 451.).
  6. Voir les jugements de Bossuet dans la lettre de Dodart à Arnauld du 6 août 1694, et l'Épître à l'Évêque de Soissons (ou Épître à Huet) de La Fontaine.
  7. Les salons littéraires étaient souvent tenus par des dames qui favorisaient les Modernes. D'après Albert Cahen, c'est là une des raisons de la Satire X (« Contre les Femmes ») dont la rédaction tient étroitement à la Querelle.

Références

  1. Nicolas Boileau-Despréaux, Art poétique, Paris, Hachette, 1888.
  2. Nicolas Boileau-Despréaux, « Lettre à M. Perrault », Dialogues, Réflexions Critiques, Œuvres Diverses, p. 118-119, Paris, Société Les Belles Lettres, 1942.
  3. Charles Perrault, Le siècle de Louis le Grand : poème (Éd. 1687), Hachette Livre-BNF, 2018.
  4. Lucien Bély, La France au XVIIe siècle : Puissance de l'État, contrôle de la société, Presses Universitaires de France, 2009.
  5. Oded Rabinovitch, « Stratégies familiales, carrières littéraires et capitalisme de cour dans la famille Perrault », Dix-septième siècle, no 264, 2014/3, p. 403-415.
  6. Antoine Arnauld, « Lettre à Dodart, 10 juillet 1694 », dans Lettres de Monsieur Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne, V. 3, Nabu, 2011.
  7. Charles-Henri Boudhors, « Notices et notes », p. 253, dans Nicolas Boileau-Despréaux, Dialogues, Réflexions Critiques, Œuvres Diverses, Paris, Société Les Belles Lettres, 1942.
  8. Albert Cahen, « Introduction », 23, dans Nicolas Boileau-Despréaux, Satires, Édition critique, Paris, Droz, 1932.
  9. Voir à ce propos Marc Fumaroli, "Les abeilles et les araignées", préface à La Querelle des Anciens et des Modernes, anthologie établie par A.-M. Lecoq, Paris, coll. Folio Classique, 2001, p. 76-105.
  10. Jean de Bouillon, Les Œuvres de feu Monsieur de Boüillon : contenans l’Histoire de Joconde, le Mary commode, l’Oyseau de passage, la Mort de Daphnis, l’Amour déguisé, portraits, mascarades, airs de cour, et plusieurs autres pièces galantes, Paris, C. de Sercy, , 286 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  11. Lucien Bély, Louis XIV : le plus grand roi du monde, Paris, Jean-Paul Gisserot, , 714 p., 18 cm (ISBN 978-2-75580-582-6, OCLC 1033456634, lire en ligne).
  12. Françoise Waquet : Le latin, ou, l'empire d'un signe: XVIe-XXe siècle ; Paris, Albin Michel, 2014.
  13. Itinéraires littéraires, XVIIe siècle, Hatier.
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  15. Ibid., p. 131.
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  19. Nicolas Boileau-Despréaux, Lettre à M. Perrault, dans : Dialogues, Réflexions Critiques, Œuvres Diverses, Société Les Belles Lettres, Paris, 1942, p. 118-119 ; et Pierre Clarac, Introduction de : Boileau, œuvres de Nicolas Boileau-Despréaux, Paris, Mellottée, « Collection Les Grands Auteurs Français », 1936, p. 60.
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Hubert Gillot, La Querelle des Anciens et des Modernes en France : De la Défense et Illustration de la langue française aux Parallèles des anciens et des modernes, Paris, Champion, 1914.
  • Augustin Simon Irailh, Querelles littéraires : ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des Lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours, Paris, Durand, (lire en ligne sur Gallica).
  • Anne-Marie Lecoq, La Querelle des Anciens et des Modernes : XVIIe – XVIIIe siècles. Précédé d’un essai de Marc Fumaroli, suivi d’une postface de Jean Robert Armogathe. Paris, Gallimard, 2001.
  • Alain Niderst, « Les « Gens de Paris » et les « Gens de Versailles » dans Louise Godard de Donville », D’un siècle à l’autre : anciens et modernes, XVIe colloque, , Paris, Éd. du CNRS, 1987. (Centre Méridional de Rencontres sur le XVIIe siècle ; 17) p. 159-165.
  • Hippolyte Rigault, Histoire de la querelle des anciens et des modernes, Paris, Hachette, (lire en ligne).
  • Marc Fumaroli, La Querelle des Anciens et des Modernes + extraits, Paris, Gallimard-Folio, 2001.

Liens externes