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Le réformisme désigne des doctrines politiques visant à améliorer les structures existantes, économiques et sociales, par des modifications progressives des lois plutôt que par une révolution ou un schisme.

Le réformisme politique

Le socialisme réformiste a été défini par Eduard Bernstein (1850-1932) qui considérait que l'abolition du capitalisme et l'instauration du socialisme se feraient non par la révolution mais par une série de réformes.

En 1959, le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) assume sa ligne « réformiste » en rompant avec le marxisme lors de son congrès de Bad Godesberg. Actuellement, la plupart de ceux qui se réclament du réformisme visent à la prise du pouvoir pacifique et démocratique par la gauche et comptent sur la loi pour porter une transformation sociale dans le cadre du capitalisme. Ils peuvent néanmoins encore se réclamer de la visée originale du réformisme qui était le dépassement du capitalisme dans le cadre des élections démocratiques.

En France, le réformisme a commencé à être théorisé par Jean Jaurès, puis par Léon Blum, bien que ces deux socialistes se disaient dans le même temps révolutionnaire et réformiste, voire « réformiste-révolutionnaire » pour Jean Jaurès. Ces deux membres de la SFIO se disaient alors révolutionnaires et anticapitalistes. Léon Blum différencie en 1936 « exercice du pouvoir » (à la suite d'une victoire électorale), et « conquête du pouvoir » (pouvant mener au socialisme).

Au Canada, on appelle « réformistes » le groupe d'intellectuels canadiens-français qui, à la suite de l'échec des rébellions de 1837-1838 et de la réaction autoritaire du gouvernement britannique, a cherché à continuer de faire valoir les intérêts des Canadiens français et à faire évoluer leur société par des moyens strictements politiques et pacifiques (Louis-Hippolyte La Fontaine, George-Étienne Cartier).

Citation de Blum

« Un système socialiste se juge avant tout à sa conception révolutionnaire, parce que la conception révolutionnaire est l’essence de toute doctrine socialiste. Je ne veux pas refaire ici une déclaration que nous avons faite tant de fois, mes amis et moi. Nous avons dû en rebattre les oreilles des uns et des autres. Pourtant, il faut que je proteste une dernière fois contre ce moyen de polémique, de discussion, qui consiste à montrer les adversaires de la IIIe Internationale comme des contre-révolutionnaires, et à soutenir que le débat pour ou contre l’adhésion est en réalité le débat entre l’idée révolutionnaire et l’idée réformiste. Rien n’est plus erroné. Je vais essayer de vous le démonter. Je vous en prie, écoutez-moi. Le débat n’est pas entre la conception réformiste et la conception révolutionnaire, mais entre deux conceptions révolutionnaires qui, en effet, sont radicalement et essentiellement différentes l’une de l’autre. (Applaudissements) Laissez-moi vous dire que le réformisme, ou pour parler plus exactement le révisionnisme – j’aime mieux ce mot – n’existe plus dans le socialisme national, ni dans le socialisme international depuis le congrès d’Amsterdam et le pacte d’unité. La doctrine du Parti est une doctrine révolutionnaire. Si quelqu’un y manque, si quelqu’un y a manqué, c’est aux militants, aux fédérations, aux congrès à appliquer les sanctions que le règlement prévoit. (Applaudissements) Mais je ne connais, pour ma part, en France, jusqu’ici, qu’un socialisme, celui qui est défini par les statuts, mentionné sur notre carte, et qui est un socialisme révolutionnaire. J’ajoute en ce qui me concerne personnellement, que je ne connais pas deux espèces de socialisme, dont l’un serait révolutionnaire et dont l’autre ne le serait pas. Je ne connais qu’un socialisme, le socialisme révolutionnaire, puisque le socialisme est un mouvement d’idées et d’action qui mène à une transformation totale du régime de la propriété, et que la révolution, c’est, par définition, cette transformation même. Où donc est le point de désaccord, le point de conflit entre vous et nous ? Je vais essayer de préciser. C’est bien entendu, le désaccord capital. Révolution, cela signifie, pour le socialisme traditionnel français : transformation d’un régime économique fondé sur la propriété privée en un régime fondé sur la propriété collective ou commune, voilà ce que cela veut dire. C’est cette transformation qui est par elle-même la révolution, et c’est elle seule, indépendamment de tous les moyens quelconques qui seront appliqués pour arriver à ce résultat. Révolution cela veut dire quelque chose de plus. Cela veut dire que ce passage d’un ordre de propriété à un régime économique essentiellement différent ne sera pas le résultat d’une série de réformes additionnées, de modifications insensibles de la société capitaliste. Les progrès de la révolution sont parallèles avec l’évolution de la société capitaliste. La transformation sera donc nécessairement préparée par les modifications insensibles que subit la société capitaliste. Mais l’idée révolutionnaire comporte, à notre avis à tous, je crois, ceci : qu’en dépit de ce parallélisme, le passage d’un état de propriété à un autre ne sera pas par la modification insensible et par l’évolution continue, mais qu’à un moment donné, quand on en sera venu à la question essentielle, au régime même de la propriété, quels que soient les changements et les atténuations qu’on aura préalablement obtenus. Il faudra une rupture de continuité, un changement absolu, catégorique[1]. »

Léon Blum

Bibliographie

Notes et références

  1. Intervention de Léon Blum au Congrès de Tours de la SFIO le 27 décembre 1920

Articles connexes

  • Progrès
  • Progrès social
  • Progressisme
  • Syndicalisme réformiste
  • Les Réformistes