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Europe des nations et des libertés
Image illustrative de l’article Europe des nations et des libertés
Chambre Parlement européen
Législature(s) 8e
Fondation
Disparition
Fusionné dans Identité et démocratie
Partis membres Mouvement pour l'Europe des nations et des libertés
Partis et élus indépendants
Représentation
36 / 751
Positionnement Droite[1] - [2] - [3] à extrême droite[4] - [5] - [6] - [7] - [8] - [9] - [10]
Idéologie Euroscepticisme[11]
Nationalisme[11]
Opposition à l'immigration[12]
Populisme de droite[13] - [14]

L'Europe des nations et des libertés est un groupe politique du Parlement européen ayant existé entre 2015 et 2019. Il est situé à droite voire à l'extrême droite de l'échiquier politique européen. À la suite des élections européennes de 2019, le groupe change de composition et est renommé Identité et démocratie.

Histoire

Après les élections européennes de 2014, les membres de l'Alliance européenne pour la liberté, autour de Marine Le Pen (FN), Geert Wilders (PVV) et Matteo Salvini (Ligue du Nord) essaient de former un groupe politique d'extrême droite au Parlement européen[15]. Un groupe similaire avait existé de à (Identité, tradition, souveraineté, ITS)[16]. Cependant, ils ne réussissent pas à former un groupe rassemblant au moins 25 députés venant de 7 États-membres différents, refusant de s'allier avec les Grecs d'Aube dorée, les Hongrois du Jobbik, le NPD allemand ou les Polonais du KNP, jugés infréquentables[17],[18]. Ils siègent donc au début de la législature parmi les non-inscrits. Dans le même temps, le UKIP de Nigel Farage refuse toute alliance avec le FN, qu'il qualifie d'antisémite, et réussit à former un autre groupe eurosceptique, l'Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD)[19]. En , l'AEL fait place au Mouvement pour l'Europe des nations et des libertés (MENL), nouveau parti politique européen, mais sans le PVV qui préfère ne recevoir aucun financement de l'Union européenne[20],[21].

La création du groupe « Europe des nations et des libertés » est annoncée le par Marine Le Pen et Geert Wilders[22]. Le groupe rassemble les députés européens de plusieurs partis membres du MENL (le Front national, le FPÖ, la Ligue du Nord et le Vlaams Belang), auxquels se sont joints les députés du PVV néerlandais (trois au moment de la création du groupe), les deux membres du KNP polonais et une élue exclue du UKIP, Janice Atkinson.

Outre la disponibilité d'une exclue du UKIP, la création du groupe a été rendue possible par la mise à l'écart courant 2015 de deux figures historiques de l'extrême droite : celle de Jean-Marie Le Pen au Front national[10] et celle de Janusz Korwin-Mikke du KNP, qui permet à Marine Le Pen et Geert Wilders de s'allier avec deux autres députés de ce parti, ce qu'ils rejetaient auparavant[23],[9]. Au sein de la délégation FN, Bruno Gollnisch choisit de ne pas rejoindre le groupe par solidarité avec Jean-Marie Le Pen. Aymeric Chauprade intègre le groupe le [24].

Le , le député roumain Laurențiu Rebega, élu du Parti conservateur, classé au centre droit de l'échiquier politique roumain, quitte le groupe socialiste S&D pour rejoindre le groupe ENL[25]. En outre, le PVV détient un siège vacant dû à la mort d'un de ses quatre députés, Hans Jansen, qui est remplacé par Auke Zijlstra le  ; ce dernier rejoint le groupe ENL le [26]. À partir du , le député européen de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) Marcus Pretzell fait partie du groupe ENL[27]. À la fin de l’année 2017, les députés ayant quitté le FN avec Florian Philippot pour rejoindre Les Patriotes intrègrent le groupe ELDD[28],[29]. Par ailleurs, Laurențiu Rebega quitte le groupe en mars 2018 pour rejoindre les rangs des non-inscrits. Des tensions apparaissent dans le groupe en 2018 au sujet du Rassemblement national et des scandales financiers dont celui-ci fait l'objet. Le coprésident du groupe, le Néerlandais Marcel de Graaff, se déclare « offusqué » des pratiques d’« enrichissement de la part de la délégation française »[30].

Lors des élections européennes de 2019, Matteo Salvini et Marine Le Pen travaillent à l’élargissement du groupe à d’autres partis européens[31]. Une alliance avec le Fidesz du Premier ministre hongrois de Viktor Orbán, le parti Droit et justice au pouvoir en Pologne ou encore le Parti du Brexit au Royaume-Uni est notamment envisagée[32],[33], mais cet élargissement échoue. À la suite d’une Alliance des peuples et des nations plus réduite, les membres du groupe ENL et ses nouveaux alliés se réunissent le et décident de renommer le groupe « Identité et démocratie »[32]. Présidé par Marco Zanni, le groupe devrait compter au moins 73 membres issus de neuf pays, contre 36 élus à la fin de la législature précédente[32].

Positionnement

L'historien Nicolas Lebourg constate qu'au sein d'ENL, « seul le FN adopte une conception économiquement interventionniste de l’État ; leur minima idéologique commun est l’islamophobie, le rejet de l’immigration extra-européenne, la revendication d'une démocratie plus directe »[34].

Les positions des partis membres vis-à-vis de l'Union européenne « peuvent peu ou prou se résumer à deux espaces, l'un au souverainisme ultra (FN, PVV, KNP), l'autre critique envers l'UE mais non isolationniste (LN, VB, FPÖ, AfD) »[34].

Le politologue Jean-Yves Camus considère que « les élus ENL défendent de manière constante les intérêts de la Russie, que ce soit lors de leurs interventions dans les différentes commissions, en séance plénière ou à travers leurs votes : dans 93 % des votes de à , les députés ENL, ont voté contre les résolutions défavorables aux intérêts du Kremlin »[35]. L’« affaire d’Ibiza », qui entraîne en mai 2019 la démission comme vice-chancelier autrichien de Heinz-Christian Strache du FPÖ, accrédite cette thèse[36].

Membres

Avec 36 membres, le groupe est le plus petit du Parlement européen (4,9 % des députés européens). Nicolas Lebourg observe : « La comparaison avec les autres groupes parlementaires formés dès 2014 témoigne d'une banalité sociologique du groupe ENL : le taux de féminisation (34 %) et l'âge moyen en 2014 (51 ans) y sont ainsi exactement les mêmes que pour l'ensemble des députés européens »[34].

Composition à la fin de la législature

Pays Sièges Parti national Député européen Parti européen
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 1 Parti bleu (élu avec l'AfD) Marcus Pretzell
(À partir du )
aucun
Drapeau de l'Autriche Autriche 4 Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) Barbara Kappel AEL puis MENL
Georg Mayer
Franz Obermayr
Harald Vilimsky
Drapeau de la Belgique Belgique 1 Vlaams Belang (VB) Gerolf Annemans
Drapeau de la France France 15 Front national (FN)
puis Rassemblement national (RN)
Marie-Christine Arnautu
Nicolas Bay
Dominique Bilde
Marie-Christine Boutonnet
Steeve Briois
Jean-François Jalkh
France Jamet
(Remplace Louis Aliot le )
Gilles Lebreton
Christelle Lechevalier
(Remplace Marine Le Pen le )
Philippe Loiseau
Dominique Martin
Joëlle Mélin
Mylène Troszczynski
Jacques Colombier
(remplace Édouard Ferrand le 2 février 2018)
Sans étiquette (élu avec le FN) Jean-Luc Schaffhauser
Drapeau de l'Italie Italie 6 Ligue du Nord Mara Bizzotto
Mario Borghezio
Angelo Ciocca
(Remplace Gianluca Buonanno le [37],[38])
Lorenzo Fontana, puis Giancarlo Scottà
Matteo Salvini, puis Danilo Oscar Lancini
Sans étiquette puis Ligue du Nord (élu avec le M5S) Marco Zanni
(À partir du )
aucun
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas 4 Parti pour la liberté (PVV) Marcel de Graaff AEL
Olaf Stuger
André Elissen
(Remplace Vicky Maeijer le )
Auke Zijlstra
(À partir du )
Drapeau de la Pologne Pologne 2 Congrès de la nouvelle droite (KNP) Michał Marusik aucun
Stanisław Żółtek
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 3 Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) Gerard Batten
Stuart Agnew
Sans étiquette (élue avec UKIP) Janice Atkinson

Membres ayant quitté le groupe pendant la législature

Pays Parti national Député européen Parti européen
Drapeau de la France France Indépendante (ex-RN) Sylvie Goddyn

(membre du groupe ENL de la création du groupe jusqu'à sa démission le 19 octobre 2018)

ELDD
Indépendant (ex-FN) Chauprade, Aymeric Aymeric Chauprade
(membre du groupe ENL du au L'indépendant 2015.)
aucun
Debout la France Bernard Monot
(membre du groupe ENL de la création du groupe jusqu'à sa démission le 30 mai 2018)
ELDD
Front national Marine Le Pen
(remplacée par Christelle Lechevalier le )
AEL puis MENL
Louis Aliot
(remplacé par France Jamet le )
Édouard Ferrand
(Mort le 1 février 2018, remplacé par Jacques Colombier le )
Les Patriotes Sophie Montel
(membre du groupe ENL de la création du groupe au 3 octobre 2017[28])
aucun
Florian Philippot
(membre du groupe ENL de la création du groupe au 3 octobre 2017[28])
Mireille d'Ornano
(membre du groupe ENL de la création du groupe au 3 octobre 2017[28])
Drapeau de l'Italie Italie Ligue du Nord Buonanno, Gianluca Gianluca Buonanno
(membre du groupe ENL de la création du groupe à sa mort le )
AEL puis MENL
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas Parti pour la liberté Maeijer, Vicky Vicky Maeijer
(membre du groupe ENL de la création du groupe jusqu'à sa démission le )
AEL
Drapeau de la Roumanie Roumanie Sans étiquette (élu avec le Parti conservateur)[25] Laurențiu Rebega
(Membre du groupe du au )
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni Parti du Brexit (ex-UKIP) Jane Collins
(Réintègre le groupe ELDD quelques jours après l'avoir quitté)

Bureau

À la fin de la 8e législature

Bureau du groupe parlementaire européen ENL à la fin de la 8e législature
Fonction Député européen Parti national
Co-président Marcel de Graaff Drapeau des Pays-Bas Parti pour la liberté
Co-président Nicolas Bay Drapeau de la France Rassemblement national
Vice-président Gerolf Annemans Drapeau de la Belgique Vlaams Belang
Vice-présidente Janice Atkinson Drapeau du Royaume-Uni Indépendante (ex-UKIP)
Vice-président Michał Marusik Drapeau de la Pologne Congrès de la nouvelle droite
Vice-président Marcus Pretzell Drapeau de l'Allemagne Parti bleu
Vice-président Harald Vilimsky Drapeau de l'Autriche Parti de la liberté d'Autriche
Vice-présidente Mara Bizzotto Drapeau de l'Italie Ligue du Nord

Historique des présidents

Le groupe est dirigé en co-présidence depuis sa création.

Parti national Nom Début Fin
Drapeau des Pays-Bas Parti pour la liberté Marcel de Graaff 16 juin 2015 En cours
Drapeau de la France Rassemblement national Nicolas Bay 12 septembre 2017 En cours
Drapeau de la France Front national Marine Le Pen 16 juin 2015 18 juin 2017

Notes et références

  1. (en) « EU's right-wing ENF faction unites to fight for 'patriotism, sovereignty and identity' », sur Deutsche Welle, .
  2. (en) « Marine Le Pen hails patriotism as the policy of the future », sur BBC News, .
  3. (en) « Europe’s top rightwing politicians gather in Koblenz », sur Financial Times, .
  4. Le Figaro - 16 juin 2015
  5. Le Figaro - 18 juin 2015.
  6. Faye 2015
  7. BBC - 17 juin 2015
  8. Bel RTL - 16 juin 2015
  9. 1 2 France info - 16 juin 2015
  10. 1 2 Majerczak 2015
  11. 1 2 (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe », sur parties-and-elections.eu (consulté le )
  12. (en) « Expelled UKIP MEP 'agrees to join' eurosceptic group », Daily Mail, London, .
  13. (de) Tobias Gerhard Schminke, « Instabile Rechtsfraktion im EU-Parlament – Treffpunkt Europa | europäisch, politisch, kritisch », Treffpunkteuropa.de (consulté le ).
  14. Europe’s right-wing populist leaders to confer in Germany. The Washington Post. Published 19 January 2017. Retrieved 22 January 2017.
  15. Times 2014
  16. Laible 2008
  17. Willsher et Traynor 2014
  18. International Business Times UK 2015
  19. Boudet 2014
  20. Mudde 2014
  21. Boudet 2014
  22. Europe 1 - 16 juin 2015
  23. Faye et Chastand 2015
  24. Houchard 2015.
  25. 1 2 Ionaşc 2015
  26. De Telegraaf 2015
  27. « Allemagne: un député AfD s'allie au FN français au Parlement européen », sur Lexpress.fr, (consulté le )
  28. 1 2 3 4 « Communiqué de presse des députés Patriotes au Parlement européen », Les Patriotes, (lire en ligne, consulté le )
  29. « Le groupe du Front national perd l’économiste Bernard Monot au Parlement européen », sur Le Monde.fr, (consulté le )
  30. « Au Parlement européen, les dîners de luxe du FN fâchent son allié néerlandais », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  31. Tristan Berteloot, « A Milan, les extrêmes droites réunies autour de Matteo Salvini », sur Libération, .
  32. 1 2 3 AFP, « Parlement européen: le groupe du RN et de la Ligue devient «Identité et démocratie» », Le Figaro, (lire en ligne).
  33. Cécile Ducourtieux et Jean-Pierre Stroobants, « A Bruxelles, la grande alliance des droites extrêmes est compromise », sur Le Monde, (ISSN 1950-6244).
  34. 1 2 3 Nicolas Lebourg, « Les alliés du Front national au sein de l'Union européenne », Notes de la Fondation Jean-Jaurès, (lire en ligne, consulté le ).
  35. Jean-Yves Camus, « Le Front national et les relations internationales », Notes de la Fondation Jean-Jaurès, (lire en ligne, consulté le ).
  36. « Autriche: la Russie, facteur exogène qui a fait tomber le FPÖ de Strache », sur Radio France internationale, .
  37. (it) « Gianluca Buonanno della Lega Nord morto in un incidente vicino a Varese. Salvini: “Non molleremo anche per te” », sur Il Fatto Quotidiano, (consulté le )
  38. « Députés entrants », sur europarl.europa.eu (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • « Ce que la création d'un groupe au Parlement européen va changer pour le FN », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  • « L'extrême-droite s'organise au Parlement européen », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  • Béatrice Houchard, « Aymeric Chauprade rejoint le groupe de Marine Le Pen », sur L'Opinion, (consulté le )
  • « Aymeric Chauprade, ancienne figure montante du FN quitte le mouvement sur un fracassant réquisitoire », sur Lindependant.fr, (consulté le )
  • Olivier Faye, « Strasbourg, l’autre QG du Front national », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  • « Bruxelles : un groupe d’extrême droite », BBC, (lire en ligne, consulté le )
  • « Marine Le Pen y est parvenue: elle a formé son groupe d’extrême-droite européen… avec le Vlaams Belang », RTL, (lire en ligne, consulté le )
  • Julie Majerczak, « Marine Le Pen crée son groupe à Bruxelles », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Janet Laible, Separatism and Sovereignty in the New Europe : Party Politics and the Meanings of Statehood in a Supranational Context, Palgrave Macmillan, , 272 p. (ISBN 978-0-230-61700-1, lire en ligne), p. 215
  • Alexandre Boudet, « Marine Le Pen sans groupe à Bruxelles : les trois raisons de son échec », Le HuffPost, (lire en ligne, consulté le )
  • Alexandre Boudet, « Le Front national n'arrive pas à former de groupe parlementaire à Bruxelles et se contente d'une fondation », Le HuffPost, (lire en ligne, consulté le )
  • Olivier Faye et Jean-Baptiste Chastand, « Marine Le Pen annonce la création d’un groupe au Parlement européen », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Cas Mudde, « The EAF is dead! Long live the MENL! », openDemocracy., (lire en ligne, consulté le )
  • « Parlement européen : le FN forme un groupe sans Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch », France Info, (lire en ligne, consulté le )
  • « Bruno Gollnisch conditionne sa participation au groupe FN au Parlement européen au sort de Jean-Marie Le Pen », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
  • « L'Orléanaise Jeanne Pothain (FN) démissionne de son mandat de députée européenne », La République du Centre, (lire en ligne, consulté le )
  • « Procès-verbal de la séance du jeudi 3 juillet 2014 », sur Europa, Parlement européen (consulté le )
  • (en) Kim Willsher et Ian Traynor, « Marine Le Pen fails to form far-right bloc in European parliament », The Guardian, (lire en ligne)
  • (ro) Sorina Ionașc, « România se alătură extremiștilor din Parlamentul European. « Problema țigănească este o problemă Bruxellesului. Să și-o asume », Gândul, (lire en ligne)
  • (nl) « Europese fractie PVV weer compleet », De Telegraaf, (lire en ligne, consulté le )
  • (en) « Le Pen's Far-Right EU Parliament Alliance Fails at Start », sur International Business Times UK, (consulté le )
  • (en-GB) « Le Pen party steals Farage’s Italian allies |. The Times », sur The Times, (consulté le )

Liens externes