Date |
– (9 ans, 1 mois et 22 jours) |
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Lieu | Afghanistan |
Casus belli | Invasion du territoire afghan par l'URSS pour soutenir l'une des factions afghanes communistes rivales |
Issue |
Victoire des moudjahidines
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Union soviétique République démocratique d'Afghanistan | Sept de Peshawar
Huit de Téhéran
Soutien : Iran |
Dmitri Oustinov Sergueï Sokolov Dmitri Iazov Valentin Varennikov (en)[2] Boris Gromov Babrak Karmal Mohammed Najibullah Abdul Rachid Dostom | Gulbuddin Hekmatyar Mohammed Younès Khalid Djalâlouddine Haqqani Abdul Haq Burhanuddin Rabbani Ahmed Chah Massoud Ismail Khan • Abdul Rasul Sayyaf (en) • Nabi Mohammedi (en) • Sebghatoullah Modjadeddi • Pir Sayyed Ahmad Gailani (en) Oussama ben Laden Michael G. Vickers (en) • Sayyed Ali Behechti (en) • Muhammad Asif Muhsini (en) |
Armée rouge 620 000 hommes au total[3] - [4] 150 000 hommes au maximum[5] Forces armées afghanes : 55 000 hommes[6] | Moudjahidines : 200 000–250 000 hommes[7] - [8] - [9] |
26 000 morts[3] 264 disparus[10] 1 500 chars et blindés détruits[3] 800 avions et hélicoptères détruits[3] 433 armes d'artillerie et mortiers 11 369 cargos et camions-citernes 18 000 à 20 000 morts[11] - [3] | Moudjahidines : 56 000 à 90 000 morts[12] - [3] 300 morts au moins 1 F-16 abattu[13] 2 hélicoptères AH-1J abattus Nombre inconnu de tués[14] |
562 000[15] - [3] à 2 000 000 morts[16] - [17] - [3]
5 millions de réfugiés afghans hors d'Afghanistan
2 millions de déplacés internes
≈ 3 millions d'afghans blessés (majoritairement civils)[18]
Conflit afghan
Batailles
- Opération Chtorm-333 (Hafizullah Amin)
- Siège de Khost
- Offensives du Pandjchir
- Bataille de Jaji
- Siège d'Urgun
- Bataille du col de Maravar
- Opération Magistral (Bataille pour la colline 3234)
- Retrait soviétique
Une phase de la guerre d'Afghanistan de l'histoire contemporaine a opposé, du au , l'Armée Rouge (URSS), aux moudjahidines (« guerriers saints »). Durant plus de neuf ans, cette guerre a ravagé l'Afghanistan. Du fait de l'implication des États-Unis et de l'URSS, cette guerre est considérée comme une des dernières crises de la guerre froide.
Contexte et déroulement
Prémices
L'invasion soviétique s’inscrit dans le contexte de la guerre froide. Face aux États-Unis qui soutiennent le Pakistan et face à une Inde qui se voulait le fer de lance des pays non alignés, l’URSS soutient l’Afghanistan qui avait, depuis 1919, des revendications territoriales sur les régions à majorité pachtoune du Pakistan dont l'acquisition lui aurait permis de se désenclaver en possédant un accès à la mer d'Arabie. L'Afghanistan entretient alors de très bonnes relations avec l'URSS, et reçoit depuis les années 1950 une importante aide militaire et économique, bénéficie de formations pour ses cadres, de livraisons d'armement, et de prêts à très faible taux d'intérêt.
Ainsi au début des années 70, bien que se réclamant comme non-aligné, le pays est plus ou moins sous influence soviétique, et le manque d'intérêt que lui portent les États-Unis encourage Moscou à continuer dans cette voie. Cependant, à la suite du coup d'État fomenté en 1973 par le prince Mohammad Daoud Khan, qui a renversé la monarchie, l’État afghan s’est de plus en plus éloigné de Moscou pour se rapprocher de l'Iran et du Pakistan, ce qui rappelle aux dirigeants soviétiques les échecs subis récemment en Égypte et en Somalie[19].
Le en Afghanistan commence la révolution de Saur, menée par la frange procommuniste de l'armée, et avec pour résultat l'exécution de Daoud Khan et l'arrivée au pouvoir du Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA), d'obédience marxiste, qui proclame le pays « République démocratique d'Afghanistan » (DRA).
Il existe une controverse sur l'implication soviétique dans le coup d'État. Selon Hélène Carrère d'Encausse, le degré de pénétration soviétique dans l'armée afghane était telle qu'elle ne pouvait ignorer les préparatifs. L'URSS avait de surcroît intérêt à écarter Daoud, et l'inaction des Occidentaux lors de ses récentes interventions en Angola ou en Ethiopie indiquait que le moment était propice à un nouveau pas en avant[19]. D'autres observateurs estiment plutôt que le putsch est le résultat d'évènements fortuits ayant débuté avec le meurtre de Mir Akhbar Khyber, figure de la gauche afghane. Une importante manifestation en sa mémoire fût alors organisée dans Kaboul, Daoud Khan, effrayé, fit arrêter les dirigeants du PDPA, et les officiers communistes, craignant d'êtres éliminés, prirent le contrôle de Kaboul[20].
Le PDPA est alors fragile puisque formé par la récente fusion du Khalq (« le Peuple ») tendance radicale menée par Nour Mohamed Taraki et Hafizullah Amin et regroupant surtout des pachtounes, et du Parcharm (« l’Étendard »), plus modéré et mené par Babrak Karmal. Dès juillet 1978, Taraki et Amin, purgent les parchamis[19],[20]. On a longtemps cru que les Soviétiques avaient été les initiateurs de ce conflit, pour soutenir le PDPA.
L'URSS voit d'un œil favorable le coup d'État et développe vite des relations privilégiées avec le nouveau régime, qui met en place une série de réformes collectivistes et sociales (imposition d'un athéisme d'État[21], alphabétisation, droits des femmes, réformes agraires…) qui contrarient les coutumes conservatrices afghanes, ainsi qu'une politique répressive envers les élites et classes moyennes du pays[22]. Les tentatives faites par les dirigeants du pays de mettre en œuvre de nouvelles réformes, qui permettraient de surmonter le retard de l'Afghanistan, rencontrent la résistance de l'opposition islamique, que le nouveau gouvernement réprime violement. En 1978, avant l'entrée des troupes soviétiques en Afghanistan, la guerre civile a déjà éclaté. Les tentatives de déstabilisation se font via le Pakistan où le général Zia a instauré, après le coup d’État de 1977, un régime militaro-islamiste et fait pendre, le , le Premier ministre démocratiquement élu Zulfikar Ali Bhutto.
Le , le président américain Jimmy Carter s'ingère dans la politique afghane en signant la première directive pour aider les islamistes opposés au régime communiste de Kaboul[23],[24].
Le 14 septembre, le président afghan Nour Mohammad Taraki, très favorable à Moscou, est arrêté puis exécuté par Amin, qui lui succède et prend ses distances avec Moscou. De plus, l’Iran de Khomeiny, hostile au « grand Satan » américain, déteste tout autant l’Union soviétique et suscite l’inquiétude de Moscou de voir s’étendre la contestation religieuse en Asie centrale soviétique. En mars, un mois seulement après la révolution iranienne, la ville d’Hérat s'était d’ailleurs soulevée contre le régime communiste de Kaboul ; les services soviétiques y avaient vu la main de Téhéran. Toutes ces raisons poussent Moscou à intervenir. Le 25 décembre, l’Armée rouge entre en Afghanistan[25] pour la deuxième fois de son histoire, la première étant en 1929 pour appuyer Amanullah Khan dans sa reprise de pouvoir[26].
On peut diviser ce conflit en quatre grandes phases[25],[note 1] :
- L'invasion : l'entrée et installation de l'armée soviétique en Afghanistan ;
- De 1980 à 1983 : insurrection nationale et opérations de ratissage ;
- De 1984 à 1985 : adaptation de l'armée soviétique à la contre-guérilla ;
- De 1986 au retrait de l'Armée rouge : « afghanisation » de la guerre et retrait soviétique.
L'intervention militaire
Dans la nuit du 24 au à 3 h du matin, dans le cadre de l'opération Chtorm-333, deux divisions de l'armée de l'air soviétique atterrissent à Kaboul et à Shinband, dans l'ouest de l'Afghanistan. Au même moment des unités motorisées stationnées en Ouzbékistan franchissent la frontière. Deux jours plus tard, le président du Conseil révolutionnaire, Hafizullah Amin, est exécuté par les Spetsnaz et remplacé par son rival, Babrak Karmal[27].
L'URSS justifie son intervention par la volonté de préserver le régime en place et de maintenir le calme en Asie centrale. Par rapport au principe du respect du droit international, elle invoque de très nombreuses demandes d'intervention du gouvernement communiste afghan auprès d'elle dans toute l'année 1979 et par l'existence des ingérences américaines qui suscitaient à l'époque majoritairement du scepticisme à l'étranger [28]. Par ailleurs, le 11 mars 1980, invité à l'émission télévisée, Les Dossiers de l'écran, le représentant du gouvernement afghan, lit des extraits d'articles ou des encadrés de journaux occidentaux, publiés avant l'intervention soviétique qui informaient de l'ouverture de ces camps d'entraînement.
Le plan « Chtorm 333 » (surnommé « opération Prague » en référence à l'invasion de la Tchécoslovaquie de 1968) prévoit l'entrée en force de la 40e armée soviétique (renommée pour l'occasion « Contingent limité des forces soviétiques en Afghanistan »[29]) commandée par le général-lieutenant Yuri Toukharinov. Un pont aérien est établi entre Tachkent, en Ouzbékistan et les principaux aéroports d’Afghanistan. Les troupes d’élite s’emparent des lieux stratégiques, à commencer par la capitale (près de 10 000 paras se retrouvent rapidement sur place), tandis que le reste des forces emprunte la « route des invasions » à partir des deux villes frontalières de Kushk (à l’ouest) et Termez (à l’est).
La force d'intervention déploie trois divisions d'infanterie équipées de nombreux blindés, une division aéroportée (105e division aéroportée de la Garde, renforcée d'un régiment de la 103e division et d'un de la 104e, et formant un groupe spécial sous les ordres du général Moussa Yevanov pour prendre la capitale) et différentes unités autonomes, soit un total de 55 000 hommes.
En , les hommes du général Sergueï Sokolov prennent plusieurs villes afghanes après que les renseignements soviétiques (GRU) ont commandité la mort de Hafizullah Amin. Dans le même temps, des troupes aéroportées soviétiques occupent des villes du centre.
La colonne pénétrant à l'ouest (par Kuska) prend les villes d'Harat et Chin Dand (en) puis continue sur Kandahar.
La 105e division aéroportée de la Garde sécurise la capitale puis aide la seconde colonne (qui vient par Termez avec les 201e et 360e divisions d'infanterie) à s'emparer du tunnel stratégique de Salang qui tombe le . L'avance se poursuit sur Ghazni, pour rejoindre l'autre colonne, et Jalalabad pour prendre la passe stratégique de Khyber, lieu de passage entre l'Asie centrale et le sous-continent indien.
Au début de 1980, près de 100 000 soldats soviétiques sont en Afghanistan, installant des bases, mais ils ne contrôlent que les grandes villes et principales régions économiques (20 % du pays). De plus, les chars et véhicules blindés se montrent inadaptés au relief montagneux et les forces soviétiques ne peuvent compter sur l'armée afghane sous-entraînée et peu sûre. Cependant, les combats sont peu nombreux jusqu'en .
Cette intervention est condamnée par l'ONU le . La condamnation est renouvelée tous les ans. Elle marque la fin de la détente entre l'est et l'ouest dont les pays sont inquiets de la proximité de l'armée soviétique du pétrole arabe. Seule la Roumanie, dans le camp des démocraties socialistes, condamne l'invasion. 34 États musulmans protestent. Cependant dix-sept pays (dont l'Inde, le Nicaragua, l'Algérie) s'abstiennent, renvoyant dos-à-dos l'intervention soviétique et la responsabilité des ingérences américaines dont ils ne veulent pas dégager Washington.
Une vive résistance nationale se met en place face à un occupant soviétique qui ne s’attendait pas à une telle réaction. De plus cette agression soulève une grande émotion dans l’ensemble de la résistance afghane moudjahidine, soutenue et financée entre autres par la CIA et autres services secrets occidentaux.
Une partie de l'armée afghane se laisse désarmer tandis qu'une autre partie résiste farouchement avant de gagner les montagnes. En quelques jours, la moitié de ses 80 000 hommes désertent avec leur armement.
Des réseaux sont mis en place pour acheminer armes et volontaires venant du Maghreb, de la péninsule arabique, d'Égypte, du Levant voire d'Europe, via le Pakistan qui sert de base arrière. Le , une « Alliance islamique » regroupe une partie des résistants.
Le 22 février, une manifestation à Kaboul fait 1 000 morts. Loi martiale et couvre-feu sont instaurés. Le , un accord entre Afghans et Soviétiques officialise la présence militaire soviétique.
De 1980 à 1983
Durant les trois premières années, les Soviétiques étendent leur contrôle sur le pays et augmentent leurs effectifs sur place, passant de 85 000 hommes en [30] à 120 000 hommes en 1983[31].
Les Soviétiques voulaient tenir les villes et axes de communications laissant l'éradication des rebelles à l'armée afghane. Mais ils font face à la désertion des deux tiers des effectifs de cette dernière (120 000 hommes).
En , les combats s'intensifient, l'Armée rouge utilisant massivement sa puissance de feu aérienne. Au printemps, une offensive lancée à l'est et sur la frontière pakistanaise échoue.
Les Soviétiques prennent conseil auprès d'anciens commandants vietnamiens qui préconisent l'utilisation de forces spéciales et d'hélicoptères en se concentrant sur l'Afghanistan « utile ». Ils mettent en place sept régions dirigées par un général russe et un afghan. Les formations de soutien et blindées sont renvoyées.
Nouveaux échecs en automne, lors d'offensives dans les vallées du Pandjchir et du Kunar. L'armée soviétique s'enferme dans ses camps et lutte pour maintenir ses communications. La violence contre les populations renforce les rebelles.
Les moudjahidines, soutenus et armés par la Chine et les pays occidentaux, États-Unis en tête, prennent progressivement le contrôle de la majorité du territoire (80 %) à l'exception des villes principales. Les Soviétiques sont réduits à des opérations ponctuelles comme la protection de leurs convois ou le largage de millions de mines antipersonnel. Des attaques tentent de dégager les garnisons tenant la frontière pakistanaise.
Face à la terreur et aux combats, trois millions de réfugiés fuient au Pakistan et en Iran ou remplissent les villes d'Afghanistan. Certains pays occidentaux boycottent les jeux olympiques de Moscou en 1980.
En , les Soviétiques lancent leur troisième offensive sur le Pandjchir du commandant Massoud sans plus de succès.
De plus, les unités motorisées venant d'Ouzbékistan et du Turkestan ont tendance à être moins combatives contre d'autres musulmans. Intégrant 70 % de réservistes mal préparés pour ce type de guerre en montagne, elles seront remplacées par des unités de Baltes et d'Ukrainiens. Le rappel des réservistes afghans provoque de violentes manifestations à Kaboul les et .
En , se déroule une quatrième offensive très meurtrière au Pandjchir.
En , les moudjahidines surprennent, par une puissante attaque, les Soviétiques à Khost, à laquelle ils répliquent, en , par une cinquième offensive au Pandjchir, avec 12 000 soldats et 104 hélicoptères, précédée comme à chaque fois par un bombardement aérien et des posées de paras par hélicoptère pour sécuriser le haut des montagnes.
Massoud perd la vallée et les Soviétiques prennent une liste de 600 espions situés à Kaboul, ce qui décapitera le système de renseignement du commandant. Mais cette victoire est éphémère. Les combattants rebelles se sont échappés et ont réoccupé la vallée. Une trentaine d'hélicoptères a été perdue chez les Soviétiques qui lancent une nouvelle offensive en août et . Les villages suspects sont bombardés par des Tu-16 venant directement d'URSS.
Les actes héroïques sont nombreux des deux côtés. Les pertes sont lourdes chez les Soviétiques et les loyalistes afghans (au moral très bas et qui perdent les zones « libérées » qui leur sont confiées) autant que chez les rebelles. Cela entraîne l'ouverture de négociations en .
Un cessez-le-feu est signé mais les combats se poursuivent autour de la passe de Salang qui est d'une importance vitale pour la liaison entre Kaboul et l'URSS.
Massoud en profite pour étendre son influence et fortifier sa vallée du Pandjchir.
L'ambassade d'URSS est attaquée en .
Les moudjahidines établissent des installations dans les zones habitées durant l'hiver 1983 et après. Ils mettent ainsi en place des hôpitaux, des centres de transmission ou des fabriques de munitions[32].
De 1984 à 1985
En 1984-1985, les Soviétiques l'emportent sur les moudjahidines relégués dans leurs montagnes.
Les Soviétiques lancent encore de grosses offensives en , (dont la 7e sur le Pandjchir) et avril 1985 mais ils adaptent leur armée à ce type de conflit : ils se concentrent sur la sécurité des convois et des bases et utilisent de façon accrue l'armée afghane et surtout les troupes d'élite (paras et Spetsnaz) héliportées. Ils obtiennent quelques succès mais la livraison de missiles Stingers permet aux rebelles de leur infliger de lourdes pertes. Surtout, les effectifs soviétiques sont insuffisants pour quadriller efficacement le territoire (1 million d'hommes serait nécessaire selon certains experts) et permettre autre chose que des succès tactiques ponctuels et peu décisifs.
Les Soviétiques adaptent aussi leurs matériels (dont l'emploi des hélicoptères Mil Mi-24 Hind à partir du milieu de la guerre qui fera pencher la balance côté soviétique jusqu'à l'arrivée des FIM-92 Stinger) et s'allègent; ils adoptent également une certaine autonomie au sein des unités. Gourmands en effectifs, les postes et bases le long des axes de communication se multiplient, ce qui réduit les capacités combattantes et le moral des garnisons. Ils emploient aussi la tactique de la terre brûlée contre les rebelles et les techniques contre-insurrectionnelles.
D'avril à , Tchernenko, lance une offensive au Pandjchir précédée de deux jours de bombardement aériens par des Tu-16, Tu-22 et Su-24. 200 avions et 190 hélicoptères en soutien. La vallée est abandonnée par l'armée rouge en septembre peu avant de lancer la 8e offensive.
En , a lieu une violente contre-attaque soviétique toujours au Pandjchir à la suite de la destruction d'un poste.
Le , une tentative d'attaque contre la présidence afghane fait 16 morts.
Mikhaïl Gorbatchev voulant quitter l'Afghanistan sans ternir l'image de l'armée, décide d'obtenir une victoire nette. Il fait renforcer le contingent qui comprend quatre divisions renforcées, cinq brigades, quatre régiments, six bataillons, quatre escadrons d'avions et trois régiments d'hélicoptères, soit 150 000 hommes.
Pour la première fois, l'hiver de 1985-1986 voit la poursuite des actions alors qu'habituellement, en cette saison, les combats s'arrêtent.
De 1986 au retrait de l'Armée rouge
80 % du pays est toujours entre les mains des moudjahidines. Des millions de mines antipersonnel sont larguées à travers le pays.
Mohammed Nadjibullah remplace Babrak Karmal à la tête de l'État afghan et veut négocier avec les rebelles en suivant un processus de réconciliation nationale sur le principe d'une perestroïka afghane. Les Soviétiques envoient des raids d'hélicoptères MI-24 Hind et des chasseurs-bombardiers vers les places fortes afghanes, les Spetsnaz subissant de lourdes pertes au sol.
En 1986, les moudjahidines commencent à recevoir des missiles sol-air FIM-92 Stinger, ce qui fait perdre aux Russes le contrôle du ciel, bouleversant l'équilibre des forces.
Les Soviétiques mettent en place une armée gouvernementale afghane de 302 000 hommes en 1986 mais, chaque année, 32 000 soldats désertent les rangs de cette armée.
Mikhaïl Gorbatchev change de stratégie et interdit les grandes opérations. Il évoque publiquement un retrait.
Dès janvier 1987, les Soviétiques ne participent plus aux combats, se contentant de se défendre, laissant l'effort de guerre à l'armée afghane largement modernisée et bien entraînée, mais peu fiable.
En 1987, une vaste opération de bombardement a lieu en direction de Kandahar, entraînant la prise de Khost en novembre par un régiment soviétique. Cela permet aux Russes de quitter le pays sur une victoire : l'échec de négociations avec un chef rebelle déclenche l'opération. Pour éviter des massacres, les Soviétiques procèdent à une vaste propagande pour prévenir la population et l'inciter à partir. Les soldats afghans nettoient la région. La ville est prise en décembre et abandonnée en janvier.
En février 1988, Mikhaïl Gorbatchev décide de retirer les troupes (à la suite de la colère au sein de la population face au retour des cercueils), appuyé par la trêve négociée avec Ahmed Chah Massoud.
La trêve devient effective un an plus tard, le , date de la fin du retrait soviétique d'Afghanistan.
En , 200 camions sont détruits près de Ghazni.
Les accords de Genève sont signés le entre l'Afghanistan et le Pakistan, tandis que les États-Unis et l'URSS se portent garants de leur application. Le retrait des troupes russes commence le . En octobre, les Américains interrompent les livraisons de missiles antiaériens.
Une ultime offensive a lieu en janvier 1989 contre Massoud au Pandjchir pour amoindrir la menace. L'opération consiste principalement en de violents bombardements d'artillerie et de missiles.
Le , le général Boris Gromov passe à pied le pont de « l'Amitié » sur l'Amou-Daria, dernier soldat soviétique de la 40e armée à quitter le pays derrière une colonne de 450 véhicules et 1 400 hommes.
Rapidement, la guerre civile s'installe entre les différents groupes armés moudjahidines et l'armée du gouvernement communiste fidèle au président Mohammed Nadjibullah.
Conséquences
Dans les années 1990, la guerre civile fait suite à la lutte contre l’URSS. Dès la chute du régime prosoviétique, des dissensions ont commencé à apparaître entre moudjahidines afghans et volontaires islamistes étrangers (des arabophones le plus souvent) qui entendent désormais faire de l’Afghanistan une base pour l’entraînement à la guerre sainte (jihad) contre l’Occident et un État respectant la charia. En 1996, les talibans, soutenus par le Pakistan (matériels) et l'Arabie saoudite (financement), prennent le pouvoir et contrôlent, avec l’aide des islamistes étrangers, la majeure partie du pays en repoussant progressivement les moudjahidines du commandant Massoud dans les confins du nord-est du pays. Durant cette période de troubles, le Mollah Omar, chef militaire et religieux des talibans, impose la loi islamique à l'ensemble du pays. L'Afghanistan deviendra effectivement un camp d'entraînement pour les terroristes islamistes[33].
Enfin, quand en 1991 les républiques soviétiques d'Asie Centrale deviennent indépendantes, ces États majoritairement musulmans, que sont le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan, et le Kirghizistan (ou Kirghizie), vont conserver un modèle laïc et vont observer avec prudence l'évolution de l'Afghanistan, avec l'arrivée des talibans qu'ils vont considérer comme inquiétants. Surtout, ils vont veiller à ce que le fondamentalisme, ou fanatisme religieux, ne se développe pas en ces pays, où les partis politiques religieux seront interdits. De nos jours, ces pays d'Asie centrale observent toujours avec inquiétude, et méfiance, ce qui se passe dans l'Afghanistan des talibans.
Les mouvements de résistance afghans
Sept mouvements de résistance afghans seront reconnus par le Pakistan[34] :
- Le Hezb-e-Islami Gulbuddin (Parti islamique), parti fondamentaliste, dirigé par Gulbuddin Hekmatyar, qui s'était opposé, déjà, en 1975, au régime de Mohammed Daoud Khan. Il est composé de pachtounes du nord-est. Il sera soutenu activement par l'ISI.
- Le Hezb-e-Islami de Younos Khales, né d'une scission en 1979. Il est plus traditionaliste que le précédent et proche de l'école de Deoband (en).
- Le Jamiat-e Islami (Société islamique) de Burhanuddin Rabbani, parti islamiste modéré, surtout connu pour l'aura de deux de ses commandants : Ahmed Chah Massoud, du Pandjchir, et Ismail Khan d'Herat. Il s'était aussi opposé au régime de Mohammed Daoud Khan, en 1975. Persanophone et surtout constitué de Tadjiks, il sera souvent ignoré par l'ISI pakistanaise.
- L' Ettehad-e-Islami (en) (Alliance islamique), d'Abdul Rasul Sayyaf (en), d'obédience wahhabite. C'est un mouvement salafiste soutenu par l'Arabie saoudite et les États du Golfe persique. Il est composé de pachtounes.
- Le Harakat-e enqetab-e Islami (Mouvement de la révolution islamique) de Nabi Mohammedi, un parti traditionaliste qui va s'affaiblir au profit du Jamaat de Rabbani.
- Le Jebh-e-Nejat-e Melli (Front de libération nationale) de Sebghatoullah Modjadeddi, parti issu de la confrérie des soufis. Il est composé de pachtounes du sud du pays.
- Le Mahaz-e-Melli-e-Islami (Front national islamique) de Pir Sayyed Ahmad Gailani, parti pachtoune royaliste, constitué de pachtounes du nord et du sud.
À ces sept mouvements de résistance sunnites, s'ajoutent deux mouvements de résistance chiites :
- Le Choura-e-ettefaq (Conseil de l'unité islamique) de Sayyed Ali Behechti, constitué de Hazaras.
- Le Harakat-e-Isami (Mouvement islamique) de l'Ayatollah Mosseni, constitué de Hazaras.
À partir de 1988, les mouvements de résistance chiites, sous l'influence de l'Iran, se réuniront sous le nom de Hezb-e Wahdat[35].
Qu'ils soient chiites ou sunnites, les rebelles afghans sont armés de la même façon.
Aide extérieure aux mouvements de résistance
L'aide américaine et saoudienne
Au cours de la guerre froide, les États-Unis, via entre autres l'opération Cyclone de la CIA, ont dépensé 3,3 milliards de dollars américains et l'Arabie saoudite presque autant[36] durant les dix ans de la guerre d'Afghanistan, pour alimenter la résistance antisoviétique et anticommuniste incarnée par, entre autres, les moudjahidines de Hekmatyar et d'Oussama ben Laden.
Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité de Jimmy Carter, a déclaré en janvier 1998, que c'est à la suite du coup d'État communiste à Kaboul d', que « le , le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul », six mois avant l'intervention des Soviétiques[37] avec pour objectif d'entraîner l'Armée rouge dans le « piège afghan ».
Mais le président Carter, nouvellement arrivé au pouvoir, s'il est prêt à faire de l'Afghanistan, le « Viêt Nam » des Soviétiques, voulait avoir la responsabilité du combat sur le terrain et avait posé une condition à la CIA, celle de laisser à l'ISI, le pilotage de l'aide à la résistance afghane et la ventilation des fonds versée à celle-ci[38].
L'aide, discrète les premières années, s'amplifie lorsque le Sénat triple, malgré l'hostilité de la CIA qui ne voulait pas provoquer une escalade avec l'URSS, le budget passant de 40 millions de dollars pour l'année fiscale 1983, à 120 millions de dollars pour 1984, 250 millions de dollars en 1985, 470 millions de dollars en 1986, 630 millions en 1987 et 584 millions en 1988[39]. Mais pour Hamid Gul, ancien directeur de l'ISI pakistanaise, les Américains n'auraient financé qu'un quart du djihad afghan, les trois quarts restants auraient été financés par l'Arabie saoudite et les États du golfe Persique[40].
Le rôle de Ben Laden et des volontaires arabes
L'Arabie saoudite étant un bailleur de fonds majeur du djihad afghan, puisqu'ayant financé les 3/4 de la guerre contre les Soviétiques[40], avec les États du Golfe persique, Oussama ben Laden, à l'origine, n'est qu'un représentant du Prince Turki al-Fayçal, alors chef des services de renseignements saoudiens, chargé de ventiler les sommes allouées à la résistance afghane[41]. Le chef de file des volontaires arabes était un certain Abdullah Azzam, un cheikh palestinien, qui avait enseigné à l'université de Djedda, en Arabie saoudite. Au début des années 1980, il s'installa au Pakistan pour enseigner à l'Université Islamique Internationale, à Islamabad, construite avec des fonds saoudiens[42]. En 1984, il partit vers Peshawar, près de la frontière afghane, pour fonder le Maktab al-Khadamat (MAK), ou Bureau de Recrutement, chargé de recevoir et d'organiser le flux des volontaires arabes voulant participer à la guerre contre les Soviétiques[42]. Aux yeux d'Azzam, le djihad afghan était une obligation morale pour tous les musulmans, le sixième pilier de l'islam. Mais, déjà, Abdullah Azzam dépassait le cadre de l'Afghanistan, puisque dans son livre Défendre la terre des musulmans est le plus important devoir de chacun, il écrivait que l'Afghanistan n'était qu'un début :
« Ce devoir ne prendra pas fin avec la victoire en Afghanistan ; le Jihad restera une obligation individuelle jusqu'à ce que toutes les autres terres jadis musulmanes nous reviennent afin que l'islam règne de nouveau : nous attendent ainsi la Palestine, Boukhara, le Liban, le Tchad, l'Érythrée, la Somalie, les Philippines, la Birmanie, le Sud-Yémen, Tachkent et l'Andalousie[43]. »
L'internationalisme d'Azzam était donc une évolution capitale qui influença fortement Ben Laden[44]. En plus du recrutement, Azzam s'efforçait d'inculquer aux volontaires le goût du martyre mettant en avant les récompenses promises en citant le seul hadith dans lequel le prophète garantit au Chahid l'absolution de tous ses pêchés, 72 vierges et la permission d'emmener au Paradis 70 membres de sa famille[44].
Des branches du MAK s'ouvrirent dans beaucoup de pays de musulmans, et il y eut même une antenne à Brooklyn, à New York[45]. Ils s'appuyaient sur le vaste réseau des Frères musulmans, qui pourvoyaient le djihad afghan en volontaires pour le martyre. Des représentants de l'organisation intégriste pakistanaise Tablighi Jamaat séjournent en Algérie dans le but de recruter. Fin 1980, trois à quatre mille volontaires algériens sont ainsi acheminés au Pakistan et en Afghanistan[46].
Milton Bearden, le chef de l'antenne locale de la CIA au Pakistan, de 1986 à 1989, évalue le flux des volontaires arabes pour toute la guerre à environ 25 000, dont la moitié de combattants[41].
Oussama ben Laden passait son temps entre le Pakistan et l'Arabie saoudite, pour collecter des fonds et les redistribuer. À Peshawar, il louait une villa au 61, rue Sayyid Jamal al-Din Afghani, qu'il appelait beit al-ansar1, la maison des partisans[47]. Pour Jason Burke, journaliste britannique, correspondant pour The Guardian en Asie du Sud, Ben Laden ne fut jamais financé par la CIA, puisque les accords entre les Américains et le général Zia, président du Pakistan, prévoyaient que les fonds américains finançaient uniquement les organisations de résistance afghanes, par le biais de l'ISI, et non les volontaires arabes[38]. Ben Laden, d'ailleurs, n'était pas spécialement un combattant, mais plutôt un riche mécène saoudien qui créait des hôpitaux, aidait les familles des martyrs[38].
Les volontaires arabes s'entraînaient surtout dans le camp d'Abdul Rasul Sayyaf, le seul chef de la résistance afghane qui était wahhabite, à l'Université du Da'wa et du Djihad, construite à Pabbi, près de Peshawar, et à Khaldan[48]. Ben Laden, lui, avait fait construire une base pour son propre usage, baptisée la « Tanière du Lion », près de Jaji[49]. Et c'est ici qu'il participa, pour la première fois, à des combats contre les Soviétiques, durant l'été 1986, à la tête de quelques centaines de volontaires arabes[49].
Les relations entre les volontaires arabes et les populations locales furent souvent tendues. L'islam rigoriste pratiqué par ces volontaires s'accordait mal avec les pratiques plus souples des Afghans. En 1988, Ben Laden refusa d'aider un chef moudjahidin local, Mohammed Saïd Pahlwan, parce qu'il fumait et ne portait pas la barbe[50]. Durant les dernières années de la guerre, les affrontements entre Arabes et Afghans devinrent plus fréquents, surtout dans le nord-est du pays, dans la province de Kounar, où les wahhabites avaient déclaré leur indépendance[50].
Contestation
Les commandants Massoud et Amin Wardak[51] et d'autres témoignent dans leurs livres de la situation très difficile des résistants afghans qui ont dû se battre quasiment toujours avec des armes dépassées ou dérobées aux Soviétiques lors de leurs victoires. Ceci laisse à penser que plusieurs groupes afghans n'ont bénéficié que peu de l'aide américaine et saoudienne, l'essentiel de l'argent étant détourné par l'État pakistanais pour ses propres besoins.
Bilan
Entre le et le , un total de 620 000 soldats soviétiques ont servi avec les forces en Afghanistan (bien qu'il n'y ait eu que 80 000 à 104 000 personnes à la fois) : 525 000 dans l'armée, 90 000 avec des troupes frontalières et d'autres sous-unités du KGB, 5 000 en formations indépendantes des troupes internes du MVD et de forces de police. Plus de 21 000 personnes étaient avec le contingent de la troupe soviétique au cours de la même période en faisant divers travaux en col blanc et en col bleu. Pour la CIA, le nombre de soldats soviétiques tués au combat, morts des conséquences d'accidents, de maladies, de causes psychologiques (suicides) ou de disparus, entre 1979 et 1989, serait environ de 50.000, soit un chiffre comparable à celui des pertes militaires des États-Unis au Vietnam, de 1964 à 1973, bien supérieur à celui cité par les autorités soviétiques, qui évoquaient environ 15.000 morts. En fédération de Russie, les chiffres de 49 850 morts et plus de 80 000 blessés pour toutes les ex-Républiques de l'URSS circulent, avec de nombreux cas de vétérans souffrant de syndromes post-traumatiques.
Le total des pertes de personnel irrécupérables des forces armées soviétiques, de la frontière et des troupes de sécurité intérieure s'élève à 14 453. Les formations de l'armée soviétique, les unités et les éléments du QG ont perdu 13 833, les sous-unités du KGB ont perdu 572, les formations MVD ont perdu 28 et d'autres ministères et départements ont perdu 20 hommes. Au cours de cette période, 312 militaires ont disparu en action ou étaient prisonniers; 119 ont été libérés plus tard, dont 97 sont retournés en URSS et 22 sont allés dans d'autres pays.
Néanmoins des recherches plus récentes, également acceptées par l’étude officielle sur la guerre préparée par le Bureau de l’histoire de l’État-major russe, ont porté le total à environ 26 000 hommes, militaires et paramilitaires morts au combat, mais aussi d'accidents ou de maladies contractées en Afghanistan[52],[53].
En 2007, le gouvernement russe annonce 15 400 tués et 39 000 blessés par la Russie en 2007. Ces chiffres n’incluent pas les décès des rapatriés en URSS[54]. Le Polit.ru du 19 novembre 2023, cité par Svetlana Alexievitch dans Les cercueils de zinc, indique : "Les pertes totales des Forces armées soviétiques se sont montées à 15 051 hommes. 417 hommes ont été portés disparus ou faits prisonniers. Début 2000, il demeurait 287 hommes qui n'étaient pas rentrés de captivité et n'avaient toujours pas été localisés."[55]
Parmi les troupes déployées, 53 753 soldats ont été blessés ou ont subi une commotion cérébrale et 415 932 sont tombés malades. Cette forte proportion de victimes tombées malades résultait des conditions climatiques et sanitaires locales, causant entre autres des infections aiguës qui se propageaient rapidement parmi les troupes. On a dénombré 115 308 cas d'hépatite infectieuse, 31 080 de fièvre typhoïde et 140 665 d'autres maladies. Sur les 11 654 personnes qui ont été déchargées de l'armée après avoir été blessées, mutilées ou avoir contracté des maladies graves, 10 751 hommes ont été handicapés. Entre un quart et un tiers des troupes soviétiques ont été touchées par une hépatite, le typhus, le paludisme, l'amœbose ou la méningite[32].
En , un comité d'anciens combattants estime à 264 le nombre de militaires toujours portés disparus, 29 autres ont été retrouvés après le départ de l'armée soviétique[56].
Les pertes matérielles sont les suivantes :
- 451 aéronefs (dont 333 hélicoptères) ;
- 147 chars ;
- 1 314 IFV / APC ;
- 433 armes d'artillerie et mortiers ;
- 11 369 camions-citernes à cargaison et à carburant.
Les pertes civiles afghanes sont estimées entre 562 000–2 000 000 [57][58],[59],[60],[61]. Cinq à 10 millions d'Afghans ont fui vers le Pakistan et l'Iran, 1/3 de la population d'avant-guerre du pays et 2 millions ont été déplacés à l'intérieur du pays. Dans les années 1980, la moitié des réfugiés dans le monde étaient afghans[62]. Il est à noter aussi qu'entre 1973, soit avant l'intervention soviétique de 1979, et 1989, une grande partie de l'élite du pays est morte de mort violente, dont des universitaires, des intellectuels, des militaires, des Afghans qui ont fait des études avant 1979, souvent à l'étranger, et d'autres Afghans, instruits, et éduqués, dont les idées étaient inspirées en parties par le modèle occidental, en passant par les idées laïques de la Turquie kémaliste. Le vide laissé par la perte de cette élite, dont une autre partie s'est exilée, va favoriser les mouvements religieux.
Répercussions internationales
L'invasion de l'Afghanistan par l'URSS a provoqué un vaste mouvement de protestation parmi les gouvernements pro-occidentaux.
L'une des conséquences immédiates fut le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980 à Moscou par de nombreux pays pro-occidentaux et le gel de la ratification des accords de limitation des armements SALT II, il est vrai en difficulté depuis six mois de par l'hostilité de la droite du Sénat dès son annonce, convaincue que la détente profitait surtout à l'URSS, de par ensuite les tirades de Carter lui-même sur l'existence d'une brigade soviétique à Cuba en , de par enfin son annonce le de l'augmentation du budget militaire des États-Unis de 5 % en 5 ans [63].
Au niveau de répercussions géopolitiques internationales de long terme, la défaite de l'Union soviétique dans un contexte de guerre froide est encore aujourd'hui perçue comme hautement symbolique, et symptomatique de la chute définitive de l'empire, tout juste un an après le retrait des troupes.
Également décisives dans la mise en place des enjeux sécuritaires mondiaux qui feront suite à la fin de la guerre froide, furent l'implication des États-Unis et des islamistes arabophones étrangers, qui feront rapidement de l'Afghanistan la principale base arrière pour la préparation d'attentats internationaux. Dans une large mesure, les évènements de la guerre d'Afghanistan et son issue seront le terreau du Salafisme djihadiste et du fondamentalisme islamiste, au cœur des enjeux sécuritaires du siècle suivant, pourtant phénomène insignifiant (et provincial) avant l'avènement de cette guerre[46].
Rétrospectivement, certains (comme Le Monde diplomatique dans un article de 2016) s'interrogeront sur la bienveillance de la presse occidentale à une époque où le radicalisme religieux affiché des moudjahidins ne portait pas à polémique[64].
Dans les arts et la culture populaire
Filmographie
Cinéma
- 1987 : James Bond 007 : Tuer n'est pas jouer de John Glen.
- 1988 : Rambo III de Peter MacDonald.
- 1988 : La Bête de guerre de Kevin Reynolds.
- 2005 : Le 9e escadron de Fiodor Bondartchouk.
- 2006 : L'Étoile du soldat de Christophe de Ponfilly.
- 2007 : La Guerre selon Charlie Wilson de Mike Nichols.
Télévision
Série
- 1986 : MacGyver, saison 1, épisode 17 : Mission Afghanistan, de Cliff Bole.
Documentaires
- 2005 : The Power of Nightmares, d'Adam Curtis.
- 2014 : Afghanistan 79, la guerre qui a changé le monde documentaire français de Gulya Mirzoeva.
Littérature
Bande dessinée
- 1986 : Dans Watchmen d'Alan Moore, Dave Gibbons et John Higgins, après le départ du Docteur Manhattan, les soviétiques envahissent l'Afghanistan.
Radio
- France Inter, Patrick Pesnot, Rendez-vous avec X, émission du : , l'invasion soviétique en Afghanistan.
Notes et références
Notes
- ↑ Ce découpage est indicatif. D'autres dates pour délimiter ces phases ont été proposées (cf. Russian General Staff, Grau et Gress 2002, p. XIV, 12-14, Goodson 2001, p. 54-69).
Références
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- ↑ Denis Souchon, « Quand les djihadistes étaient nos amis », sur Le Monde diplomatique,
Annexes
Articles connexes
- Djihad - Moudjahiddin
- Guerre d'Afghanistan (1989-1992)
- Guerre d'Afghanistan (1992-1996)
- Guerre d'Afghanistan (1996-2001)
- République démocratique d'Afghanistan
- Retrait soviétique d'Afghanistan
- Accords de Genève (1988)
- Embargo céréalier américain contre l'Union soviétique
Liens externes
- (fr) L’URSS en Afghanistan : aux sources de la décision d’intervention de décembre 1979, comment le directeur du KGB de l'époque a imposé l'intervention militaire face au Politburo
- (fr) Rétro Afghanistan 1980-1984, avec notamment une interview de Massoud - février 1984 - INA
- (fr) L'URSS en Afghanistan, de l'invasion au retrait, Jacques Lévesque, 1990, (ISBN 2-87027-357-6)
- (fr) Les Soviétiques en Afghanistan 1979-1989 sur le site du Centre de doctrine et d'emploi des forces de l'Armée française
Bibliographie
- Svetlana Alexievitch, Les Cercueils de zinc, , 373 p. (ISBN 978-2-267-01846-2)
- George Crile, La guerre de Charlie Wilson : L'extraordinaire histoire de la plus grande opération secrète de l'histoire, 2003.
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