ٱلْحُسَيْن بِن عَلِي ٱلْهَاشِمِي
Calife | |
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Roi du Hedjaz | |
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Ali ben Hussein | |
Chérif de La Mecque | |
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Abd al-Ilah Pasha (en) Ali ben Hussein |
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle |
ونعم |
Nationalités |
ottomane (- royaume du Hedjaz (- |
Activité | |
Famille | |
Père |
Ali bin Mohammed bin Abdul Moin (d) |
Conjoint |
Adila Khanum |
Enfants |
Ali ben Hussein Abdallah Ier de Jordanie Fayçal Ier d'Irak Zeid bin Hussein |
Parentèle |
Conflit | |
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Maîtres |
الشنقيطي التركزي (d), Aḥmad Ibn-Zainī Ibn-Aḥmad Daḥlān |
Distinctions | Liste détaillée Chevalier grand-croix de l'ordre du Bain () Ordre de l'Osmaniye Grand cordon de l'ordre du Nichan Iftikhar Ordre de Mohamed Ali Ordre suprême de la Renaissance Grand-croix de la Légion d'honneur |
L'honorable |
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Hussein ben Ali al-Hashimi (en arabe : ٱلْحُسَيْن بِن عَلِي ٱلْهَاشِمِي, retranscrit en ʾal-Ḥusayn bin ʿAlī ʾal-Hāšimī), né vers 1853[3] à Constantinople et mort le à Amman, est un chérif de La Mecque jusqu'en 1924, roi du Hedjaz de 1916 à 1924 et dernier calife sunnite à partir de 1924[4][5].
C'est l'avant-dernier chérif de La Mecque provenant de la branche des Banu Qatadah de la dynastie Hachémite, qui contrôle les lieux saints de l'islam depuis Ja'far ibn Muhammad al-Hasani, au Xe siècle. Il est considéré comme le père du panarabisme.
Il lance la Grande révolte arabe pendant la Première Guerre mondiale contre l'Empire ottoman et le défait avec l'aide des puissances occidentales. Cependant, après la fin de la guerre, il est trahi par ces mêmes puissances, qui voient d'un mauvais œil l'émergence d'un état arabe trop puissant et un calife susceptible de provoquer l'instabilité de leurs colonies musulmanes. Des conflits au sujet de la Palestine émergent également et il refuse de signer le traité de Versailles en protestation contre la déclaration Balfour.
Dès lors, le Royaume-Uni et la France le trahissent, se partagent le territoire arabe en ne lui laissant que le Hedjaz puis soutiennent son opposant, Abdelaziz Ibn Saoud. Défait par ce dernier, il est exilé à Chypre où il demeure avant de rejoindre Amman pour mourir auprès de son fils, Abdallah Ier. Ses descendants ne reprennent pas le titre califal et la dignité de chérif de La Mecque est supprimée par Ibn Saoud dès sa conquête du Hedjaz
Il est enterré en tant que calife de l'islam sunnite, dans la madrasa al-Arghuniyya, à l'intérieur du complexe de l'esplanade des mosquées (al-Ḥaram aš-Šarīf)[6].
Son action pendant le génocide arménien, où il prend position pour protéger les Arméniens, fait de lui l'un des premiers dirigeants à s'engager, dès 1917, pour protéger les victimes, selon l'Institut national arménien.
Son califat rencontre à la fois l'opposition de l'Empire britannique, des sionistes et des wahhabites[7] mais il reçoit le soutien d'une large partie de la population musulmane de l'époque[8],[9],[10],[11] et de Mehmed VI[12].
Biographie
Ascendance
Hussein ben Ali ben Muhammad ben Abd al-Mu'in ben Awn naît à Constantinople en 1853 ou 1854. Il est le fils aîné du Chérif Ali ben Muhammad, qui est le deuxième fils de Muhammad ben Abd al-Mu'in, l'ancien Chérif de La Mecque. En tant que membre de la dynastie hachémite, il est un descendant de Mahomet par l'intermédiaire de son petit-fils Hassan ben Ali[13]. Sa mère Bezm-i Cihan, l'épouse d'Ali, est une Circassienne[14].
Il appartient au clan Dhawu Awn des Abadilah, une branche de la tribu des Banu Qatadah. Les Banu Qatadah gouvernent le chérifat de La Mecque depuis l'accession de leur ancêtre Qatadah ibn Idris en 1201, et sont la dernière des quatre branches de chérifs hachémites qui, ensemble, gouvernent La Mecque depuis le XIe siècle.
Luttes de pouvoir et naissance
En 1827, Muhammad ben Abd al-Mu'in est nommé chérif, devenant le premier chérif de la branche des Dhawu Awn et mettant fin à la domination séculaire des Dhawu Zayd. Il règne jusqu'en 1851, date à laquelle il est remplacé par le Chérif Abd al-Muttalib ibn Ghalib des Dhawu Zayd. Après avoir été déposé, il envoie avec sa famille et ses fils pour résider dans la capitale ottomane de Constantinople.
C'est là que Hussein naît du fils de Muhammad, Ali, en 1853–1854. Muhammad est rappelé au pouvoir en 1856, et Hussein, alors âgé de deux ou trois ans, accompagne son père et son grand-père à La Mecque[14]. Muhammad meurt rapidement, en 1858, et est remplacé par son fils aîné, le chérif Abdallah Pacha, l'oncle de Hussein. Quelques années plus tard, en 1861-1862, Ali est rappelé à Constantinople tandis que Hussein reste dans le Hedjaz sous la garde de son oncle Abdallah.
Jeunesse et éducation
Hussein est élevé à la maison contrairement aux autres jeunes hachémites, qui sont habituellement envoyés à l'extérieur de la ville pour grandir parmi les nomades bédouins. Apparemment un jeune studieux, il maîtrise les principes de la langue arabe et est également éduqué dans la loi et la doctrine islamiques. Parmi ses professeurs, on compte le cheikh Muhammad Mahmud at-Turkizi ash-Shinqiti, avec qui il étudie les sept Mu'allaqat. Avec le cheikh Ahmad Zayni Dahlan, il étudie le Coran, achevant sa mémorisation avant l'âge de 20 ans[14],[15],[16].
Pendant le règne d'Abdallah, Hussein se familiarise avec la politique et l'intrigue entourant la cour chérifienne. Il participe également à de nombreuses expéditions au Nejd et dans les régions orientales du Hedjaz pour rencontrer les tribus arabes, sur qui le Chérifat de La Mecque exerce alors une forme de contrôle lâche. Il apprend les coutumes des Bédouins, y compris les compétences nécessaires pour résister à l'environnement hostile du désert. Au cours de ses voyages, il acquiert aussi une connaissance approfondie de la flore et de la faune du désert et compose des poèmes en vers humayni, un type de poésie vernaculaire (malhun) des Bédouins. Il pratique également l'équitation et la chasse[14].
En 1871–1872, Hussein se rend à Constantinople pour rendre visite à son père, Ali, qui est tombé malade. Il retourne à La Mecque après la mort de son père plus tard cette année-là[17].
En 1875, il épouse la fille d'Abdallah, Abdiyah, sa cousine. En 1877, Abdallah meurt et Hussein ainsi que son cousin Ali ibn Abdallah reçoivent le rang de pacha.
Chérif de La Mecque
Hussein est nommé Chérif de La Mecque par décret du sultan Abdülhamid II le 24 novembre 1908[18].
Théologie
Théologiquement et juridiquement, Hussein ben Ali est difficile à qualifier. Il étudie majoritairement avec Ahmad Zayni Dahlan, avec qui il devient Hafiz[14],[15]. Il a une éducation chaféite et hanafite[19][20],[21] mais s'allie aussi aux malékites et s'oppose à la fois aux hanbalites et aux wahhabites[22], à une époque où l'appartenance à un madhhab est plus floue. On peut trouver ainsi chez lui des points de ces trois écoles de fiqh[23]. Par exemple, il préconise le retour du califat à un Quraych, une idée chaféite[24], alors qu'il choisit d'être élu à ce poste, ce qui est plutôt une vision hanafite et n'est pas nécessaire pour le chaféisme[25].
Panarabisme et conflit avec les Ottomans
Bien qu'il n'y ait aucune preuve formelle suggérant que Hussein ben Ali soit enclin au nationalisme arabe avant 1916, la montée du nationalisme turc à la fin de l'Empire ottoman, culminant avec la Révolution des Jeunes-Turcs de 1908, déplaît fortement aux Hachémites et aux Bédouins[26]. De plus, la centralisation croissante de l'Empire ottoman, l'interdiction progressive de l'arabe, les politiques de turquisation, l'installation de colons turcs dans des zones arabes inquiètent et effraient les Arabes de tout l'Empire[27],[28].
En 1908, le chemin de fer du Hedjaz est achevé. Il permet aux Turcs de renforcer leur contrôle sur le Hedjaz et d'assurer une capacité de réaction rapide pour renforcer leurs garnisons à La Mecque et Médine. Il est construit sous la menace constante de raids arabes, comme ceux de la tribu Harb, qui témoignent de leur hostilité au projet[29],[30]. De plus, en avril 1915, le gouvernement ottoman commence une politique d'extermination des minorités de l'Empire ottoman, par différents génocides. Cela effraie les Arabes[31],[32],[33],[34], qui sont la minorité la plus importante de l'Empire, et est ouvertement critiqué par Hussein ben Ali[35],[36].
Ces conflits avec les Turcs deviennent si violents qu'ils éclipsent les tensions existantes au sein de la société arabe et bédouine, et de nombreuses tribus rivales des Hachémites se rallient à leur autorité[37].
Un mouvement arabe indépendantiste et anticolonial se développe, principalement en Syrie ottomane, où des intellectuels et des journaux arabes appellent à restaurer le califat dans les mains d'un Quraych, et surtout à acquérir l'indépendance des arabes vis-à-vis de l'Empire ottoman[38],[39].
Tous ces points entraînent une rupture violente entre les élites arabes et la classe politique ottomane[40] et se retrouvent dans sa proclamation d'indépendance, plus tard, lorsqu'il présente sa lutte comme une lutte religieuse et anticoloniale[27],[41],[42].
Vingt jours après le début du génocide arménien dans l'Empire ottoman, le fils de Hussein ben Ali, Fayçal, rencontre les dirigeants de l'organisation révolutionnaire Al-Fatat à Damas. Ils lui assurent de leur soutien en cas de révolte et reconnaissent Hussein comme le représentant de la nation arabe[43],[44],[45].
Lorsque Hussein reprend les revendications panarabes, en 1916, après sa proclamation d'indépendance ; il s'érige en première figure de taille derrière laquelle se rangent les panarabes, et est donc fréquemment considéré comme le père du panarabisme[46],[47],[48],[49].
Première Guerre mondiale
Au début de la Première Guerre mondiale, il écrit aux Jeunes-Turcs pour les dissuader d'intervenir dans le conflit[50]. Après l'entrée en guerre de l'Empire ottoman, qui proclame le djihad contre la Triple-Entente (par la voix du cheikh-al islam, Hayri Bey), Hussein refuse de se joindre à cet appel au djihad ; les Ottomans lui demandent à plusieurs reprises de le faire, conscients de son importance religieuse[51].
Le dirigeant ottoman Djemal Pacha redoute un soulèvement des tribus arabes, dont la loyauté est vacillante, et qui veulent mettre fin à la domination turque sur leur territoire. Il convoque Hussein ben Ali à Damas pour le faire arrêter, emprisonner et peut-être exécuter[50]. Hussein refuse de se rendre à Damas ; il propose toutefois de rester en contact avec les Ottomans et de discuter avec eux directement à La Mecque.
Ces discussions ont lieu mais ne durent pas très longtemps car Hussein ben Ali prend connaissance d'une série de lettres dévoilant un complot d'assassinat qui le prend pour cible, préparé par les autorités ottomanes[52].
Après ces révélations inquiétantes pour lui, il entre en relation avec les pays occidentaux de la Triple Entente pour savoir s'ils acceptent de soutenir l'indépendance des Arabes. Les Alliés répondent par l'affirmative et lui promettent de lui transmettre le contrôle de toutes les zones arabes prises jusqu'à Adana - dans le cadre du protocole de Damas, et dans la correspondance Hussein-McMahon[53]. Les puissances occidentales le trahissent après la fin de la guerre, ne transmettant qu'une partie minime des possessions promises à ses descendants.
Réformes
Hussein lance une série de réformes, notamment pour ne pas choquer les musulmans des colonies françaises ou britanniques qui font le Hajj, et purge les chiens errants, tente d'assurer la sécurité des routes du Hajj, il cherche aussi à lutter contre les marchés aux esclaves qui sont assez nombreux dans le Hedjaz[54].
Grande Révolte arabe
Djihad contre les Jeunes-Turcs
Durant la Première Guerre mondiale, il joue un rôle important en lançant la révolte arabe[44] depuis son palais de La Mecque, où il proclame le djihad contre les Jeunes-Turcs. Armé d'un fusil, il déclare que le djihad est « entrepris contre la colonisation, l'oppression et l'esclavage » des Turcs[55],[56].
Dans les raisons qu'il donne pour justifier le djihad, il déclare agir pour une série de raisons : des persécutions des Arabes par les Ottomans, qui peuvent aller jusqu'à des déportations et des exécutions jusqu'au génocide arménien, que Hussein condamne[57]. On retrouve cette idée de libération nationale dans sa proclamation officielle d'indépendance[27], en 1916.
« Nous sommes déterminés à ne pas laisser nos droits religieux et nationaux être un jouet entre les mains du Parti Union et Progrès.
Dieu (béni et exalté soit-Il) a donné à la terre l'occasion de se révolter, lui a permis, par sa puissance et sa force, de s'emparer de son indépendance et de couronner ses efforts de prospérité et de victoire, même après qu'elle a été écrasée par la mauvaise administration des officiels civils et militaires turcs.
Cette terre se tient tout à fait à part et distincte des pays qui gémissent encore sous le joug du gouvernement du parti Union et Progrès. Elle est indépendante au plein sens du terme, libérée de la domination des étrangers et purgée de toute influence étrangère. Ses principes sont de défendre la foi de l'islam, d'élever le peuple musulman, de fonder sa conduite sur la loi sainte, d'édifier le code de justice sur le même fondement en harmonie avec les principes de la religion, de pratiquer ses cérémonies conformément aux progrès modernes, et faire une véritable révolution en ne ménageant aucun effort pour répandre l'instruction dans toutes les classes selon leur situation et leurs besoins. »
Opérations
Les soldats ottomans de La Mecque, réfugiés dans la forteresse d'Ajyad, sont rapidement encerclés au son des tambours de guerre et malgré leur défense soutenue par l'artillerie, ils doivent céder face aux Arabes qui prennent la forteresse en moins de deux jours[56]. C'est le début de la révolte arabe.
Djemal Pacha, à la nouvelle de la révolte, fait arrêter des intellectuels arabes de Syrie, menace de les exécuter ; mais il n'en fait rien après la réponse d'Hussein selon laquelle pour chaque Arabe exécuté, dix officiers turcs seraient mis à mort[56],[58].
C'est son fils, Fayçal, qui mène la plupart des campagnes de la Révolte arabe, il arrive à prendre Damas, puis il se lance à la poursuite des forces ottomanes pendant la Poursuite jusqu'à Haritan, où il écrase définitivement les troupes ottomanes et s'ouvre le chemin pour aller prendre Alep.
Ces combats sont popularisés en Occident grâce à l'histoire de Lawrence d'Arabie. Le chérif Hussein, trahi par les puissances occidentales, l'est aussi par des membres de familles liées aux Saouds, alliés aux Ottomans.
Hussein et le génocide arménien
En avril 1918, dans le cadre de sa reconquête des territoires syriens dans lesquels le génocide arménien a pris place, il prend un décret pour protéger les Arméniens des persécutions et leur permettre de s'installer en paix, dans celui-ci, il ordonne[57],[59] :
« Ce qui vous est demandé, est de protéger et de bien prendre soin de tous les membres de la communauté arménienne jacobite[60] vivant sur vos territoires et frontières ainsi que parmi vos tribus ; pour les aider dans toutes leurs affaires et les défendre comme vous vous défendriez vous-mêmes, vos biens et vos enfants, et leur fournir tout ce dont ils pourraient avoir besoin, qu'ils s'installent ou qu'ils se déplacent d'un endroit à l'autre, car ils sont le Peuple Protégé des Musulmans (Ahl Dimmat al-Muslimin) — à propos de qui le Prophète Muhammad (que Dieu lui accorde Sa bénédiction et sa paix) a dit : "Quiconque leur enlève ne serait-ce qu'une corde, je serai son adversaire le jour du Jugement". C'est l'une des choses les plus importantes que nous vous demandons de faire et que nous attendons de vous, compte tenu de votre noble caractère et de votre détermination. »
L'Armenian National Institute considère qu'il s'agit de la plus ancienne déclaration d'un chef d'État pour reconnaître le génocide arménien[61]. De plus, il ouvre la citoyenneté dans son royaume aux Arméniens[62].
Après la Première Guerre mondiale
Dégradation des relations avec les Britanniques
En janvier et , Hussein reçoit le Message de Hogarth (en) et la Lettre de Bassett (en) en réponse à ses demandes d'explication concernant la Déclaration Balfour et l'Accord Sykes-Picot, respectivement[63]. Il reçoit une subvention britannique totalisant 6,5 millions de livres sterling entre 1916 et . En , la subvention est réduite à 100 000 livres par mois (au lieu de 200 000), puis à 75 000 livres à partir d'octobre, 50 000 livres en novembre, et 25 000 livres en décembre. À partir de , aucun paiement supplémentaire n'est fait.
Les Britanniques ne sont pas disposés à tenir leurs promesses envers Hussein, comme le déclare le colonel Wilson dans une correspondance secrète[64] :
« À un moment donné, nos copies arabes des lettres de Sir H. MacMahon au Grand Chérif ne pouvaient être retrouvées ; si elles ne sont toujours pas disponibles, cela pourrait être quelque peu gênant lorsque le roi Hussein présentera les originaux. (...) Si aucune solution satisfaisante n'est trouvée, le roi Hussein aura des motifs de considérer que la Grande-Bretagne a rompu sa parole donnée. »
En 1919, le roi Hussein refuse de ratifier le Traité de Versailles. En , cinq jours après la signature du Traité de Sèvres, Curzon demande au Caire de procurer la signature de Hussein sur les deux traités et accepte de faire un paiement de 30 000 livres sterling conditionné à la signature. Hussein décline et déclare en 1921 qu'il ne peut pas être tenu de « mettre son nom sur un document attribuant la Palestine aux sionistes et la Syrie à des étrangers »[65].
Cependant, même après une assurance de McMahon, Hussein ne reçoit pas les terres promises par leurs alliés britanniques. McMahon prétend que les terres proposées pour être incluses dans le nouvel État arabe ne sont pas exclusivement arabes. En réalité, McMahon refuse de remettre les nouvelles terres car les zones en question ont déjà été revendiquées par le nouvel allié britannique, la France[66],[67].
Califat
Début , au lendemain de l'abolition du califat ottoman, le roi Hussein est proclamé calife[44],[68]. Sa prise du titre est reconnue par une grande partie de la population musulmane de la région du Hedjaz et plus largement du Levant[11].
Il est soutenu par le dernier sultan ottoman et avant-dernier calife ottoman, Mehmed VI, selon The Times et Vatan (en)[12]:
« Selon un rapport envoyé au Times depuis Jérusalem, Vehideddin, qui se trouve dans la ville italienne de San Remo, a envoyé un télégramme au roi Hussein et annoncé qu'il reconnaît Hussein en tant que calife. »
Étant donné la difficulté de sa situation contre Ibn Saoud, qui harcèle ses troupes, et le fait que les Britanniques, depuis qu'il veut être calife, le perçoivent comme un ennemi, et accordent désormais leur soutien aux Saoudiens[69], il décide d'abdiquer de son poste de roi du Hedjaz pour le laisser à son fils, Ali ben Hussein.
Dans un souci de légitimer sa proclamation et d'établir des bases juridiques pour son califat, il fait réunir un Concile Consultatif[70], composé de trente-et-un représentants du monde musulman, élus par les oulémas et les habitants du Haramayn. Ce Concile se réunit douze fois, avant d'être ajourné sine die face à l'avancée des troupes saoudiennes[70]. Ainsi, son califat dure simplement quelques mois[71] car il est rapidement envahi et détruit par les troupes d'Ibn Saoud[11],[72].
Abdication
Bien que les Britanniques soutiennent, du moins officiellement, Hussein depuis le début de la Révolte arabe et de la Correspondance McMahon-Hussein, ils choisissent de ne pas l'aider à repousser la conquête saoudienne du Hedjaz et soutiennent même les Saoudiens sur le plan militaire, en fournissant des armes à Ibn Saoud[11], qui finit par prendre La Mecque, Médine et Djeddah. Les Britanniques proposent à plusieurs reprises de l'assister et d'arrêter de soutenir les Saoudiens, en échange de sa reconnaissance de la Déclaration Balfour, mais il refuse à chaque fois[11]. Après son abdication, un autre de ses fils, Ali, assume brièvement le trône du Hedjaz, mais il doit lui aussi fuir face à l'avancée des forces saoudiennes. Son autre fils, Fayçal, devient brièvement roi de Syrie puis roi d'Irak, tandis qu'Abdallah devient émir de Transjordanie, la future Jordanie. Alors qu'il part en exil, il utilise encore le titre de calife[73] jusqu'à sa mort[74].
Exil
Hussein est ensuite contraint de fuir à Amman, en Transjordanie, où son fils Abdallah est émir. Pendant cette période, on décrit le roi Hussein comme ayant cherché à restaurer son Royaume en Transjordanie, même si cela le fait entrer en conflit avec son fils, Abdallah, déjà désigné roi de Transjordanie[75]. Il est donc écarté vers Aqaba[75]. Les Britanniques décident ensuite de l'exiler de force à Chypre, et il arrive à Nicosie en 1925[75].
Ses fils viennent parfois le visiter, même si ses relations avec eux sont tendues, sauf pour Zeid, qui le visite le plus souvent[75]. Selon le gouverneur britannique de l'île, Ronald Storrs, se rendant le voir, il aurait trouvé Zeid en train de lire à son père un commentaire d'al-Boukhârî sur le Coran[75]. Il sort rarement de chez lui, mène un style de vie austère et lit le Coran et des livres religieux[75]. Hussein lit aussi des journaux arabes le matin[75]. Cependant, il assiste toujours aux courses de chevaux et a ramené des chevaux arabes en exil qu'il traite « comme sa propre famille »[75]. Hussein accorde quelques interviews à la presse chypriote grecque pendant son exil[75]. Il reçoit également quelques visiteurs, tels que Sheikh Fuad al-Khatib, Muhammad Jamil Bayham, qui souhaite écrire sa biographie, ou le poète jordanien Mustafa Wahbi Tal, entre autres[75]. Hussein est ruiné mais la population locale chypriote grecque et chypriote turque considère qu'il s'agit d'un homme richissime et essaie donc de se l'attacher et d'acquérir ses faveurs ; lui, de son côté, est empêtré dans des affaires judiciaires quant aux revenus de propriétés en Égypte, entre autres[75].
Il essaie d'être amical envers les différentes communautés ethniques de l'île, mais il est particulièrement proche des Arméniens de l'île, les considérant comme des victimes, tout comme lui, des Jeunes-Turcs[75]. Il n'a pas de lien renseigné avec la communauté chypriote turque, bien qu'ils existent peut-être et n'est pas mentionné comme s'étant rendu dans une mosquée turque de Nicosie[75]. En 1926, il rencontre l'archevêque arménien de Nicosie, qui lui réserve un accueil chaleureux[75]. Par la suite, il fait don de tambours et d'instruments à la communauté arménienne de l'île, notamment à la Philharmonique de l'école arménienne Melkonian[75],[76],[77].
Il commence à tomber malade dès 1928, mais sa femme favorite, Adila Khanum, décède en 1929, ce qui aggrave son état de santé[75]. Elle est inhumée dans le Hala Sultan Tekke, le plus grand sanctuaire musulman de l'île. Ses deux fils, Ali et Abdallah, assistent aux funérailles et commencent à préparer et à demander aux Britanniques son rapatriement, estimant qu'il ne lui reste pas longtemps à vivre et qu'ils doivent être à ses côtés[75].
Mort
À mesure que sa santé continue de se détériorer et qu'il est paralysé par une attaque cérébrale à l'âge de 79 ans en 1930[78], les Britanniques sont de plus en plus enclins à le renvoyer au Moyen-Orient. Ils craignent que sa mort ne suscite non seulement du ressentiment parmi les Arabes envers le Royaume-Uni, mais qu'elle ne compromette également leurs relations avec les dirigeants hachémites, tous alliés au Moyen-Orient[75]. Les Saoudiens expriment leur mécontentement face aux rumeurs de rapatriement d'Hussein, en particulier après qu'Hussein ait exprimé le souhait d'être enterré à La Mecque, un événement que les Saoudiens craignent de voir entraîner des « rassemblements pro-Hachémites »[75]. Finalement, les Britanniques décident de le rapatrier à Amman, avec Bagdad comme autre option envisagée. À son arrivée, il est accueilli par une foule nombreuse qui l'acclame et le suit jusqu'au Palais Raghadan[75].
Déjà très malade, il meurt le auprès de son fils, le roi Abdallah Ier de Jordanie[79]. Après une procession réunissant plus de 30 000 personnes[80], il est enterré dans la madrasa al-Arghuniyya, sur l'esplanade des mosquées (al-Ḥaram aš-Šarīf)[6]. Fayçal, avec qui les relations sont les plus tendues, refuse d'assister à son enterrement, citant des « affaires d'état »[75]. Sur la fenêtre au-dessus de sa tombe est écrite l'inscription suivante : « هذا قبر أمير المؤمنين الحسين بن علي » ce qui signifie « Voici la tombe du Commandeur des Croyants, Hussein ben Ali »[81],[82].
Postérité
Plusieurs mosquées portent encore son nom de nos jours, telles que la mosquée Hussein ben Ali à Aqaba[83] ou la mosquée Hussein ben Ali à Ma'an[84]. En 2020, un documentaire est réalisé sur lui et sa vie par Al-Arabiya[85], qui est visionné plus de cinq millions de fois sur YouTube à la date de [86].
Son action dans le génocide arménien lui vaut d'être cité en 2014 et 2020 par les présidents arméniens, Serge Sarkissian et Armen Sarkissian comme un exemple de tolérance et d'amitié entre les peuples[87],[88],[89],[90].
Descendance
Il a pour fils et filles :
- Ali ben Hussein (1879–1935)
- Hassan ben Hussein
- Abdallah Ier de Jordanie (1882–1951) : roi de Jordanie (1921-1951).
- Fayçal ibn Hussein (1885–1933) : roi de Syrie en 1920 puis d'Irak (1921-1933).
- Zeid ben Hussein (1898–1970) : épouse en 1933 la princesse Fahrelnissa Zeid (1901-1991).
- Saleha bint Hussein
- Fatima bint Hussein
- Sara bint Hussein
Décorations
- Grand-cordon de l'ordre de Mohamed Ali (Égypte)
- Grand-cordon de l’ordre de Léopold (Belgique)
- Grand-croix de la Légion d'honneur (France)
- Première classe de l'ordre de l'Osmaniye (Empire ottoman)
- Première classe de l'ordre du Médjidié (Empire ottoman)
- Grand-croix de l'ordre du Nichan Iftikhar (Empire ottoman)
- Chevalier grand-croix de l'ordre du Bain (Royaume-Uni)
Références et notes
- ↑ (en) « Husayn ibn 'Ali | king of Hejaz », Encyclopedia Britannica, 12-14-1998 (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Encyclopædia Universalis, « HUSAYN IBN 'ALI », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
- ↑ 1853 est l'année de naissance retenue en majorité par les notices d'autorité mais certaines sources indiquent d'autres années de naissance, notamment 1854[1], 1855 ou 1856[2].
- ↑ Clifford Edmund Bosworth, The new Islamic dynasties : a chronological and genealogical manual, Edinburgh University Press, (ISBN 0-7486-0684-X, 978-0-7486-0684-9 et 978-0-7486-2137-8, OCLC 35692500, lire en ligne)
- ↑ Dans les faits, il n'a jamais abdiqué de son rôle de calife, malgré son exil (fin 1925), comme le témoigne sa sépulture. La date de fin de son califat traditionnellement donnée (1925) est en réalité une date tirée du fait qu'il perd le contrôle du Haramayn cette année là mais on peut situer la fin de son califat au jour de sa mort aussi, en 1931.
- 1 2 Martin Strohmeier, « The exile of Husayn b. Ali, ex-sharif of Mecca and ex-king of the Hijaz, in Cyprus (1925–1930) », Middle Eastern Studies, vol. 55, no 5, , p. 733–755 (ISSN 0026-3206, DOI 10.1080/00263206.2019.1596895, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Nidal Daoud Mohammad Al-Momani, « Al-Sharif, Al-Hussein Bin Ali between the Zionists and the Palestinians in 1924 A decisive year in the political history of Al-Hussein », Journal of Human Sciences, vol. 2014, no 02, , p. 312–335 (ISSN 1985-8647, DOI 10.12785/jhs/20140213, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) British Secret Service, Jeddah Report 1-29 Mars 1924, Jeddah, British Secret Service, , FO 371/100CWE 3356.
- ↑ Martin Kramer, Islam assembled the advent of the Muslim Congresses, Columbia University Press, (ISBN 1-59740-468-3, OCLC 1113069713, lire en ligne).
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- ↑ Certaines sources dont la fiabilité reste à démontrer mentionnent que Hussein a eu des diplômes islamiques dans des écoles hanafites. Ce serait cependant probable, puisqu'il s'agit alors de la branche majoritaire dans la hiérarchie de l'Empire Ottoman et qu'il semble étudier à Constantinople/Istanbul.
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« Dès l’automne 1916, il commence à imprimer sa marque dans le Hejâz, puisque le corps sénatorial qu’il constitue le 7 octobre est composé notamment des muftis chafite et malékite, mais pas des représentants du rite hanafte – offciel dans l’empire ottoman – ni hanbalite – celui des wahhabites. Le 23 décembre, il se déclare indifférent à la monarchie et libre face aux puissances européennes et va jusqu’à décliner l’offre de débarquement franco-britannique (27 décembre). Son obsession reste le califat. Sa législation en est le signe puisqu’il lance la lutte contre le péché à Médine. Le 30 octobre 1916, les cafés ne peuvent rien vendre durant les heures de prières ; le 3 mai 1917, l’alcool est interdit. Il restaure en janvier 1917 les titres traditionnels arabo-musulmans (chérif, sayyid, shaykh) et abolit les titres turcs (effendi, bey, pacha…). »
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- ↑ La centralisation déplaît aux élites bédouines, qui perdent leurs terres et leurs privilèges, l'interdiction de l'arabe déplaît au clergé et aux intellectuels arabes, qui considèrent cette interdiction comme une violation de l'islam (ce qui se retrouve dans la proclamation) et de la nation arabe, la modernisation de l'Empire ottoman effraie aussi beaucoup les bédouins, qui vivent encore majoritairement dans des espaces nomades et préservés de l'industrie ou du capitalisme. L'ouverture du Hedjaz, progressive, et le contact avec les Britanniques et les Français dans la Mer Rouge sont d'autres facteurs qui participent au choc qu'éprouvent les Arabes, et plus particulièrement les bédouins, vis-à-vis de l'Empire ottoman. De plus, un schisme religieux oppose entre eux les bédouins, entre la synthèse islamique plus ou moins traditionnelle poussée par les Hachémites de La Mecque et le wahhabisme porté par les Saoudiens du Nejd, beaucoup plus radical. Tant que les Hachémites parviennent à tenir les Saoudiens à distance de La Mecque, ils parviennent à se maintenir religieusement, mais quand les puissances européennes interviennent en faveur des Saoudiens, le wahhabisme s'impose et prend le pouvoir.
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« Au Hedjaz, l’émir Hussein tente de faire le ménage pour donner une image correcte de son pays. Il fait tuer les chiens galeux, tente d’assurer la sécurité sur les routes pour ne plus livrer les pèlerins aux bandits qui pullulent, et cherche à dissimuler les marchés aux esclaves qui indignent les musulmans français. Officiellement interdits par le gouvernement turc en 1908, ces marchés sont tellement ancrés dans la culture locale qu’ils se poursuivent au vu et au su de tous. On y achète un homme, une femme ou un enfant pour une somme allant de 1 000 à 3 000 F. »
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