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Maria-Letizia Bonaparte
Letizia Bonaparte en robe de cour, peinture de Robert Lefèvre (1813).
Biographie
Naissance
Décès
(à 85 ans)
Rome (États pontificaux)
Sépulture
Chapelle Impériale d'Ajaccio
Nom dans la langue maternelle
Letizia Bonaparte
Nom de naissance
Maria Letizia Ramolino
Nationalités
Famille
Père
Gian Girolamo Ramolino (d)
Mère
Angela Maria Pietra-Santa (d)
Conjoint
Charles Bonaparte (de à )
Enfants
Napoleone Buonaparte (d)
Maria Anna Buonaparte (d)
Joseph Bonaparte
Napoléon Ier
Maria Anna Bonaparte (d)
Unnamed daughter Bonaparte (d)
Lucien Bonaparte
Élisa Bonaparte
Louis Bonaparte
Pauline Bonaparte
Caroline Bonaparte
Jérôme Bonaparte
Prononciation
Blason

Letizia Bonaparte, née Maria-Letizia Ramolino le à Ajaccio et morte le à Rome, est la mère de Napoléon Ier, connue sous son titre de « Madame Mère »[Note 1]. Elle fut au total la mère de six souverains (un empereur, trois rois, une reine et une grande-duchesse) et la grand-mère d'un empereur et d'un archiduc d'Autriche.

Biographie

Origines

Elle est la fille de Jean-Jérôme Ramolino (capitaine dans l'armée génoise puis inspecteur général des Ponts et Chaussées de l'île de Corse)[1],[2] et d'Angela-Maria Pietra-Santa, issue d'une famille noble originaire de Sartène.

La famille Ramolino est originaire d’Italie mais établie en Corse depuis au moins 250 ans, et serait issue des comtes de Coll'Alto ; le premier Ramolino établi à Ajaccio avait épousé la fille d'un doge de Gênes, et reçut de cette République de grandes distinctions[3].

Mariage et enfants

Charles Bonaparte a dix-huit ans quand son oncle lui fait épouser le Letizia Ramolino âgée de treize ans[4].

Présente aux côtés de son époux, dans la résistance des Corses contre la république génoise en mai 1768, au cours de la guerre d’indépendance, elle partage souvent les périls de son mari. Elle le suit à cheval dans ses expéditions, même pendant sa grossesse de Napoléon. Le , lors de la retraite de Ponte-Novo, enceinte de Napoléon, elle aurait répété plusieurs fois, dans l’ascension du Monte Rotondo, où les patriotes corses avaient trouvé refuge : « Il sera le vengeur de la Corse ! »[5].

Le Sacre de Napoléon () peint par David (musée du Louvre).
Gros plan du Sacre de Napoléon, devant sa mère, en réalité absente.

Après l’échec décisif de la bataille de Ponte-Novo le , elle se retire avec son mari sur le sommet du Monte Rotondo, ayant reçu du comte de Vaux des passeports pour se rendre à Ajaccio. Ses larmes et les supplications de Lucien Bonaparte, archidiacre d’Ajaccio, oncle de son mari, font renoncer celui-ci au dessein qu’il avait formé de suivre Paoli dans son exil.

Napoléon naît le à Ajaccio, une légende rapportée par Las Cases (chroniqueur le plus proche de Napoléon) voulant que cette naissance ait eu lieu sur un tapis représentant César[6]. Une rumeur persistante, défendue notamment par les auteurs Hervé le Borgne et Edmond Outin[7],[8], a fait du comte de Marbeuf, d'après une supposée liaison adultérine avec Letizia, le père de Napoléon Bonaparte qui, selon les défenseurs de cette thèse, est né, non à Ajaccio, mais à Sainte-Sève dans le Finistère, Letizia ayant suivi Marbeuf rentré en Bretagne en . Selon cette thèse, le comte fut le protecteur de Napoléon et lui obtint l'accès au collège militaire de Brienne qui n'était accessible qu'avec huit quartiers de noblesse. Cette hypothèse est rejetée par les historiens, pour Jean Tulard « on est dans l'invraisemblance » car il n'est pas possible que le séjour de Letizia en Bretagne n'ait pas été documenté[9]. Cette hypothèse adultérine est également infirmée par les analyses ADN concordantes entre Napoléon Bonaparte et un descendant de son plus jeune frère Jérôme[10].

La famille Bonaparte connait la pauvreté au décès de Carlo-Maria en 1785. Seule l'entrée dans le métier des armes de son second fils Napoléon, permet à la famille de renouer avec un semblant de prospérité. En 1793, elle doit fuir la Corse insurgée et s'installer à Marseille dans l'hôtel de Cipières. De cette époque, Letizia conserve un goût certain pour l'austérité et l'économie[Note 2].

Mère d'empereur

Madame Mère peint par Joseph Karl Stieler, 1811.

Un tel caractère ne peut s'entendre avec l'extravagante Joséphine de Beauharnais que le futur Empereur des Français épouse en 1796. Contrairement à ce que peut laisser croire le célèbre tableau de David, sur lequel elle figure, Maria Letizia n'assiste d'ailleurs pas au sacre de son fils en 1804, en raison de leurs désaccords sur son mariage et son couronnement. Pour autant, elle est élevée, par décret du , au rang d'altesse impériale et Madame Mère. Vivant loin de la cour, elle s'installe au château de Pont-sur-Seine, offert par son fils, et demeure à l'Hôtel de Brienne lors de ses rares visites à Paris.

Profondément religieuse, elle se met sous la protection du Pape lors des exils napoléoniens et s'installe à Rome, d'abord au palais Falconieri chez son demi-frère le cardinal Joseph Fesch, puis au palais Rinuccini. Le général Bertrand, devant la santé déclinante de Napoléon, lui écrit une lettre lui demandant de faire venir un médecin et un prêtre à Sainte-Hélène. Croyant que son fils a quitté Sainte-Hélène par suite d’une intervention divine (Madame Mère et le cardinal Fesch, cloîtrés et atteints de mysticisme, sont sous l'influence d'une voyante autrichienne), elle refuse l'envoi d'hommes de qualité, n'y dépêchant qu'un vieil abbé corse hémiplégique, Antoine Bonavita, accompagné de l'ignorant abbé Vignali et du médecin François Antommarchi qui débarquent dans l'île le [11].

C'est à Rome qu'elle apprend la mort de son fils Napoléon le . Elle y décède quinze ans plus tard le . Enterrée à Corneto, sa dépouille sera transférée à Ajaccio en 1851, puis, dans cette même ville, en 1860 à la Chapelle impériale récemment construite, sur l'ordre de Napoléon III, son petit-fils[Note 3]

Elle est à l’origine de l’expression « Pourvu que ça dure ! », qu’elle employait en évoquant les victoires de son fils, Napoléon Ier (« Pourvou qu'ça doure ! » disait-elle avec l'accent corse)[12].


Famille Bonaparte

Elle donne à Charles Bonaparte quatorze enfants dont huit survivent (trois meurent en bas âge et trois à la naissance)[13] :

  • Napoléon Bonaparte[Note 4] (mort-né le ) ;
  • Maria Anna Bonaparte ( - ) ;
  • Joseph Bonaparte ( - ) ;
  • Napoléon Bonaparte ( - ) nommé en hommage à son frère aîné ;
  • Maria Anna Bonaparte (1770) nommée en hommage à sa sœur aînée ;
  • Maria Anna Bonaparte ( - ) nommée en hommage à ses sœurs aînées ;
  • un fils mort-né (1772) ;
  • Lucien Bonaparte ( - ) ;
  • Élisa Bonaparte ( - ) ;
  • Louis Bonaparte ( - ) ;
  • un fils mort-né (1779)[14] ;
  • Pauline Bonaparte ( - ) ;
  • Caroline Bonaparte ( - ) ;
  • Jérôme Bonaparte ( - ).

Album de famille

  • Madame Mère par Joseph Karl Stieler, 1811.
    Madame Mère par Joseph Karl Stieler, 1811.
  • Laetitia Ramolino par Charlotte Bonaparte.
    Laetitia Ramolino par Charlotte Bonaparte.
  • Charles Bonaparte.
    Charles Bonaparte.
  • Joseph Bonaparte.
    Joseph Bonaparte.
  • Napoléon Bonaparte.
    Napoléon Bonaparte.
  • Lucien Bonaparte.
    Lucien Bonaparte.
  • Élisa Bonaparte.
    Élisa Bonaparte.
  • Louis Bonaparte.
    Louis Bonaparte.
  • Pauline Bonaparte.
    Pauline Bonaparte.
  • Caroline Bonaparte.
    Caroline Bonaparte.
  • Jérôme Bonaparte.
    Jérôme Bonaparte.

Hommages

  • Lycée Laetitia Bonaparte, à Ajaccio.

Représentations dans la culture

Cinéma

Télévision

  • 1979 : Dans Joséphine ou la Comédie des ambitions de Robert Mazoyer, elle est interprétée par Paola Borboni
  • 1987 : Dans la mini-série américaine Napoleon and Josephine: A Love Story de Richard T. Heffron, elle est interprétée par Jane Lapotaire
  • 2002 : Dans la mini-série Napoléon de Yves Simoneau, elle est interprétée par Anouk Aimée

Notes et références

Notes

  1. Ce titre inhabituel en apparence est issu de l'Ancien Régime et s'appliquait à la mère d'un souverain qui ne portait pas le titre de reine (cas de la mère de François Ier par exemple.)
  2. « […] Mon cousin racontait que son patron, homme en 1818 de près de quatre-vingts ans, se rappelait le temps où la maman Bonaparte, la mère Lajoie (Letitia), comme l'appelaient les émigrés, était à Marseille avec ses trois filles : Élisa, Pauline et Caroline, tenant une maison où, moyennant un écu de Brabant ou une piastre à colonne, on faisait mettre à l'Élisa et à la Pauline l'habit sans couture […] » Gustave Revilliod : lettre à Louis-Étienne Jousserandot, 9 février 1872, publiée dans Lettres d'un inconnu bien connu (Genève, 1883).
  3. La dépouille de son demi-frère, le cardinal Fesch sera également transférée à la Chapelle impériale au même moment, celle de son époux Charles Bonaparte n'y sera transférée que 90 ans plus tard, en 1951.
  4. D'après le Dictionnaire Napoléon (sous la direction de Jean Tulard). Cependant, dans ses Mémoires domestiques de la famille Buonaparte, Charles Bonaparte indique que son premier enfant avec Maria Letizia Ramolino, était une fille : « […] je partis pour Rome […], laissant ma femme enceinte d'une fille qui est morte. » Ces mémoires ont été traduits de l'italien et publiés pour la première fois en 2002 dans l'ouvrage de Dorothy Carrington, Portrait de Charles Bonaparte (Cahors, 2002).

Références

  1. Bonaparte Letizia (1749-1836), Mère de Napoléon Ier
  2. Hyppolyte Larrey, Madame Mère (Napoleonis Mater) avant 1750
  3. Alain Decaux, op. cit., p. 12
  4. Friedrich Max Kircheisen, Napoléon, Plon, , p. 3
  5. André Castelot, Bonaparte
  6. François Duhourcau, op. cit., p .44
  7. Edmond Outin dans Napoléon fils du comte Marbeuf, 2006
  8. Herve Le Borgne dans Napoléon Breton ?, 2008
  9. Notice « Marbeuf » dans : Jean Tulard, Dictionnaire amoureux de Napoléon 2012
  10. (en) Gérard Lucotte, Thierry Thomasset et Peter Hrechdakian, « Haplogroup of the Y Chromosome of Napoléon the First », Journal of Molecular Biology Researc, vol. 1, no 1, , p. 12-19 (ISSN 1925-430X, lire en ligne)
  11. Michel Vergé-Franceschi, Napoléon, une enfance corse, éd. Larousse, 2009
  12. Petit Larousse de l'histoire de France.
  13. François Duhourcau, op. cit., p. 34
  14. D'après une lettre du capitaine Ristori à un ami, l'ex-intendant Colla de Pradine, datée du 27 septembre 1779, publiée en partie par Paul Bartel, le Figaro Littéraire du . Dorothy Carrington date cette lettre du 17 août.

Bibliographie

  • François Duhourcau , La Mère de Napoleon: Letizia Bonaparte éd. Excelsior, 1933
  • Alain Decaux Letizia, mère de l'Empereur, éd. Amiot Dumont, 1951
  • Patrick de Carolis, Letizia R. Bonaparte, la mère de toutes les douleurs, Plon, 2014 (roman historique)
  • Éric Le Nabour, Letizia Bonaparte: La mère exemplaire de Napoléon Ier éd. Corps 16, 2009
  • Félix Hippolyte Larrey (Baron Larrey de l'Institut de France), Madame Mère, E. Dentu Editeur, 1892, 2 Vol.

Liens externes

Articles connexes