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Serge Reggiani
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Serge Reggiani en 1970 à Milan (Italie).
Informations générales
Nom de naissance Sergio Reggiani
Naissance
Reggio d'Émilie (Italie)
Décès (à 82 ans)
Boulogne-Billancourt (France)
Activité principale Acteur, chanteur, écrivain
Genre musical Variété, chanson française
Années actives 1938 - 1998 (acteur)
1964 - 2004 (chanteur)
Labels Disques Jacques Canetti, Polydor, Tréma

Sergio Reggiani, dit en français Serge Reggiani, né le à Reggio d'Émilie (Italie)[1] et mort le à Boulogne-Billancourt (France)[2], est un acteur et un chanteur français d'origine italienne.

Venu du théâtre, il tourne au cinéma sous la direction de plusieurs générations de réalisateurs et s'impose comme une figure marquante du cinéma français. Venu tardivement à la chanson (à 42 ans), il est considéré comme l'un des grands interprètes de la chanson française. Exigeant dans le choix des auteurs, il chante aussi bien Charles Baudelaire que Georges Moustaki, ou encore Arthur Rimbaud, Jean-Loup Dabadie ou Boris Vian. Dans les années 1980, il se découvre une passion tardive pour la peinture, ce qui l'amène, en 1991, à exposer pour la première fois. Durant cette décennie, il publie également deux ouvrages autobiographiques.

Biographie

Serge Reggiani en 1940.

Né à Reggio d'Émilie, en Émilie-Romagne (Italie), issu d'une famille modeste (son père, Ferruccio Reggiani, était associé coiffeur, sa mère ouvrière), Reggiani arrive en France en 1930, à l'âge de huit ans, avec sa famille, à Yvetot en Normandie. Il suit d'abord les traces de son père comme apprenti coiffeur, puis après la lecture d'une petite annonce, s'inscrit au Conservatoire des arts cinématographiques, à Paris, où la famille s'est installée entretemps[3].

Serge Reggiani prend des cours d'art dramatique auprès de Léon Smet en Belgique[4],[5]. Il reçoit en 1938 le 1er prix de comédie à Paris, et s'inscrit en 1939 au Conservatoire national d'art dramatique. En 1941, il commence sa carrière de comédien dans Le Loup-Garou de Roger Vitrac. Il interprète ensuite Britannicus auprès de Jean Marais, puis joue dans Les Parents terribles de Jean Cocteau[3].

En 1943, sur le tournage du Carrefour des enfants perdus de Léo Joannon, il rencontre la comédienne Janine Darcey, qu'il épouse en 1945. Ils ont deux enfants, Stéphan et Carine, à qui Serge Reggiani transmet la fibre artistique. Ils divorcent en 1955[3].

Serge Reggiani en 1944 (Studio Harcourt).

Après la guerre, il apparaît très souvent au théâtre ou au cinéma : Les Portes de la nuit en 1946, Casque d'Or en 1952, qui lui permet de rencontrer Simone Signoret, qui restera toujours son amie, et qu'il retrouvera plus tard dans L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville. Il est un comédien reconnu. Il est naturalisé français en 1948[6].

Serge Reggiani et Annie Noël dans Les Trois Mousquetaires au Théâtre de la Porte-Saint-Martin en décembre 1951.

Il excelle dans des personnages troubles, comme dans Manon d'Henri-Georges Clouzot en 1948 et dans Marie-Octobre de Julien Duvivier en 1958. En 1958, il se marie à la comédienne et metteur en scène Annie Noël. Entre 1958 et 1963, ils auront ensemble trois enfants, Célia, qui deviendra pianiste, Simon, acteur et Maria, réalisatrice.

En 1962, Serge Reggiani incarne Maximilien Robespierre dans un feuilleton italien en 6 épisodes intitulé I Giacobini. Le feuilleton est depuis considéré perdu[7].

À partir de 1964, Serge Reggiani s'oriente vers la chanson grâce à Jacques Canetti qu'il a rencontré chez ses amis Simone Signoret et Yves Montand. Jacques Canetti lui propose de participer à l'intégrale 100 chansons de Boris Vian et lui fait découvrir des chansons dont la plupart des textes sont inédits à l’exception du Déserteur.

Son premier disque sort en 1965, en pleine période yéyé, et connaît un succès très encourageant pour un interprète débutant dans la chanson. Diffusée deux jours durant par RTL, la chanson Arthur, où t'as mis le corps ? fait l'objet d'un concours où les auditeurs doivent deviner l'interprète-mystère. D'après Reggiani lui-même, seuls trois auditeurs ont trouvé la bonne réponse, alors que des milliers croyaient avoir reconnu Louis de Funès[8].

Au théâtre, sa performance dans Les Séquestrés d'Altona de Jean-Paul Sartre est particulièrement saluée.

En 1966, Barbara, séduite par son premier album de chansons de Boris Vian, lui propose de faire la première partie de son tour de chant. Il entre alors sans le vouloir en concurrence avec son fils Stéphan qui tente de percer en tant que chanteur. Les textes de Vian séduisent la jeunesse de l'époque. Reggiani est aussi très apprécié par la jeunesse « soixante-huitarde » pour son engagement à gauche. Barbara l'aide à travailler sa voix. En 1967 il enregistre avec Jacques Canetti son second album ; pour cet opus, Serge Reggiani précède certains titres par un poème mis en musique qui introduit le thème de la chanson. Il y interprète avec son timbre de baryton Le Petit Garçon – chanson écrite à sa demande par Jean-Loup Dabadie, dont c'est la première chanson – Le Déserteur et Quand j'aurai du vent dans mon crâne de Boris Vian, Les loups sont entrés dans Paris, Ma liberté et Sarah (deux chansons écrites par Georges Moustaki), Paris ma rose... L'album connaît un succès foudroyant et lance la carrière de chanteur de Serge Reggiani. Dès lors, la carrière de Reggiani se jouera sur deux tableaux : cinéma et chanson.

Il travaille aussi bien avec des compositeurs reconnus – Jacques Datin notamment – qu'avec de nouveaux auteurs dont certains deviendront célèbres : Pierre Tisserand, Serge Bourgois, Albert Vidalie, Georges Moustaki et Jean-Loup Dabadie (qu'il retrouvera de nouveau sur le tournage de Vincent, François, Paul... et les autres en 1974), ou encore Maxime Le Forestier et Serge Gainsbourg dans les années 1970. Son fils Stéphan et sa femme, Annie Noël, écriront également pour lui.

Dans les années 1970, Claude Lemesle lui écrit de nombreux textes : Venise n'est pas en Italie, Le Souffleur et Le Barbier de Belleville. Le parolier assure la direction artistique des derniers albums. De jeunes paroliers, tels Philippe Sizaire, Jacques Roure ou Marilena Orlando écrivent pour lui dans les années 1990. Reggiani chante également les mots de Didier Barbelivien. Michel Legrand et Alain Goraguer ont aussi composé pour lui.

Il tourne deux polars à succès de Roger Pigaut : Comptes à rebours en 1970 et Trois Milliards sans ascenseur en 1972. En 1973, après seize ans de vie commune, Serge Reggiani et Annie Noël divorcent. Noëlle Adam, danseuse et actrice rencontrée en 1972, partage ensuite sa vie pendant plus de trente années (la chanson Noëlle lui est consacrée). Ils se marient en 2003, un an avant la mort de Serge (en 2009, elle publie Dans les yeux de Serge[9]).

En 1974, il incarne Paul dans le film choral de Claude Sautet Vincent, François, Paul... et les autres. En 1975 il tourne pour Claude Lelouch dans Le chat et la souris, un polar humoristique qui marque par ailleurs le retour à l'écran de Michèle Morgan après huit ans d'absence. Il tient aussi un plus petit rôle dans le film suivant de Lelouch, Le Bon et les Méchants. À la fin des années 1970, il se produit sur scène avec son fils Stéphan, puis avec sa fille Carine. Un album est publié, la critique n'est pas tendre.

En 1980, à l'âge de trente-quatre ans, son fils Stéphan met fin à ses jours dans la maison de Mougins où il se trouve avec sa femme et sa grand-mère. Son petit fils, Maxime Dala-Libéra, berger dans la vallée du Moudang chantera d'ailleurs sa chanson Gabrielle à ses bêtes en hommage à sa mère. Bien qu'il ressente moins de goût pour la chanson, Serge Reggiani, soutenu par ses amis, trouve dans le travail la force de lutter contre la dépression et l'alcoolisme pourtant présents. Il continue ainsi de produire des albums qui bénéficient de la faveur du public et rencontre également un grand succès à l'Olympia en 1983 et 1989. En 1986, il tourne dans L'Apiculteur de Theo Angelopoulos.

Serge Reggiani en 1993. Photo d'identité (Sacem).

Au cours de la décennie 1990, il reprend goût à la vie et se produit sur de nombreuses scènes : le Palais des congrès, les Francofolies, l'Olympia. Il sort un album par an dont 70 balais, puis un tous les deux ans. Il peint également et expose ses œuvres.

Il tient en 1991 le premier rôle du film De force avec d'autres, réalisé par son fils Simon Reggiani.

En 1995, il participe au concert des Enfoirés, « Les Enfoirés à l'Opéra-Comique ». Il se produit à Reggio d'Émilie, sa ville natale, puis encore à Paris à la fin des années 1990.

Tombe au cimetière du Montparnasse (division 9).

Le , il meurt d’une crise cardiaque à l'âge de quatre-vingt-deux ans[10]. Il repose au cimetière du Montparnasse[11] (9e division), auprès de ses parents et de son fils Stéphan Reggiani, et non loin des sépultures de Sophie Desmarets et de Maurice Pialat.

Hommages

  • En 2002, l'année de ses quatre-vingts ans, de nombreuses personnalités lui rendent hommage au travers d'un album nommé Autour de Serge Reggiani[12]. Il reçoit l'année suivante une Victoire d'honneur[13] ainsi que la cravate de commandeur de l'ordre du Mérite, remise par Jacques Chirac. Il se produit encore la même année sur de nombreuses scènes françaises et internationales. Il continue aussi d'exposer sa peinture.
  • En 2005, Gérard Berliner revient sur scène pour lui rendre hommage par un concert le 22 juin au Petit Journal Montparnasse[14].
  • En 2007, la chanteuse Julie Pietri reprend le titre Votre fille a vingt ans dans son album Autour de minuit.
  • En 2008, le chanteur Karim Kacel reprend le répertoire de Serge Reggiani dans un album intitulé Karim Kacel chante Reggiani.
  • En 2009, le chanteur Gérard Berliner reprend le répertoire de Serge Reggiani en concert dont est issu un double album live intitulé Gérard Berliner chante Reggiani.
  • En 2014, la chanteuse Isabelle Boulay reprend le répertoire de Serge Reggiani dans un album intitulé Merci Serge Reggiani[15].
  • La même année, le chanteur Sanseverino reprend à nouveau le titre Il suffirait de presque rien dans son album Le Petit Bal perdu.
  • En 2018, Quamido Pirendo, le chanteur lyonnais reprend quatorze chansons de Serge Reggiani dans l'album "Quamido chante Serge Reggiani". Il entame également une tournée régionale durant toute l'année à venir[16].
  • En 2019, pour les quinze ans de sa disparition, la Ville de Paris inaugure le square Serge-Reggiani, dans le 19e arrondissement[17], à proximité de la promenade Signoret-Montand et des allées Jacques-Brel, dans le quartier du canal de l'Ourcq et du bassin de la Villette.

Carrière

Le comédien

Théâtre

Cinéma

Révélé par Marcel Carné et André Cayatte, Serge Reggiani incarne à ses débuts les jeunes premiers au destin dramatique. En 1952, il joue avec Simone Signoret dans Casque d'Or réalisé par Jacques Becker[18]. Il tourne par la suite avec Julien Duvivier, Jean-Pierre Melville, Luchino Visconti, Claude Chabrol, Marco Ferreri, Costa-Gavras, Theo Angelopoulos, Jacques Rouffio, etc. mais c'est certainement avec Claude Sautet et Claude Lelouch qu'il trouve ses meilleurs rôles[19].

Filmographie

Le chanteur

Serge Reggiani chante Boris Vian (Arthur, où t'as mis le corps ?, Le Déserteur, [...]) et Jacques Prévert.

Il doit à Georges Moustaki de nombreux succès : Ma liberté, Ma solitude, Votre fille a vingt ans (titres également interprétés par Moustaki), Sarah, Madame Nostalgie[20]. Serge Reggiani compte également parmi ses grands succès Il suffirait de presque rien et Les loups sont entrés dans Paris. Sa dernière chanson Le Temps qui reste agrémente le générique de fin du film de Jean Becker Deux Jours à tuer (2008).

Discographie

Publications

  • La question se pose (Éditions Robert Laffont, 1990), « autoportrait » cosigné avec Simon Reggiani et Blaise N'Djehoya (ISBN 2221059549)
  • Serge Reggiani, Dernier courrier avant la nuit, Paris, Éditions de l'Archipel, , 279 p. (ISBN 2-909241-99-8 et 2841875253), recueil de lettres écrites à des personnalités qu'il aime ou qu'il admire.
  • Un enfant de mon âge, Marque Pages Éditions, 2003, ouvrage autobiographique largement illustré, par Serge Reggiani et Rémi Bouet.

Distinctions

Récompenses

Décorations

Notes et références

  1. Extrait de naissance n° 896I/1922.
  2. Extrait de décès n°624/2004 : l'acte précise que le décès a eu lieu le 22 juillet 2004 « à vingt heures quarante minutes ». Mais l'acte n'a été dressé que le lendemain 23 juillet « à 12 heures 26 minutes ».
  3. 1 2 3 Biographie de Serge Reggiani Universal Music
  4. Yves Santamaria, Johnny, sociologie d'un rocker, La Découverte, 2 décembre 2010
  5. Tout le monde en parle, Interview "Première fois" de Johnny HALLYDAY par Thierry Ardisson, émission du 27 septembre 2003
  6. Serge Reggiani sur rfimusique.com
  7. (it) Maria Volpe, « Tenco, Totò e Vermicino, i segreti dell'archivio Rai », Corriere della Sera, , p. 59 (lire en ligne)
  8. Reggiani, chapitre « À Boris Vian »
  9. Noëlle Adam Reggiani, Dans les yeux de Serge, Paris, Éditions de l'Archipel, (ISBN 9782809801163).
  10. Olivier Corriez, Serge Reggiani est mort, TF1 News, 23 juillet 2004
  11. Lena Lutaud, « J'irai chanter sur vos tombes », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous », 30-31 octobre 2021, p. 28-29 (lire en ligne).
  12. Album autour de Serge Reggiani (Crédit)
  13. Article évoquant la victoire d'honneur
  14. « Gérard Berliner - Carine et Nicola Reggiani - Stephen Stills », sur France Inter, (consulté le )
  15. Isabelle Boulay chante Serge Reggiani sur son nouvel album sur le site Evous.fr.
  16. « La genèse de l'album », sur https://quamido.wixsite.com/quamido-pirendo, (consulté le )
  17. « Délibération du Conseil de Paris » (consulté le )
  18. Carrière cinématographique de Serge Reggiani Cinéma Encyclopédie
  19. Jean Tulard, Dictionnaire du cinéma : Les acteurs, éd. Robert Laffont, coll. « !bouquins »
  20. Georges Moustaki: la liberté en étendard Le Figaro, 23 mai 2013
  21. Décret du 31 décembre 1997 portant promotion et nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur
  22. Décret du 30 avril 2002 portant promotion et nomination dans l'ordre national du Mérite
  23. Who's who in France, biographie n° 5801
  24. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Annexes

Bibliographie

  • Serge Reggiani - C'est moi, c'est l'Italien... (Hors Collection Éditions, 2005), biographie, par Jean-Dominique Brierre.
  • Dans les yeux de Serge (Éditions de l'Archipel, 2009), par Noëlle Adam-Reggiani, avec la collaboration de Christian Mars.
  • Serge Reggiani - L'acteur de la chanson (Éditions Fayard, 2014), biographie, par Daniel Pantchenko.

Liens externes