Kamala Harris | ||
Portrait officiel de Kamala Harris comme vice-présidente des États-Unis en 2021. | ||
Fonctions | ||
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49e vice-présidente des États-Unis | ||
En fonction depuis le (2 ans, 9 mois et 24 jours) |
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Élection | 3 novembre 2020 | |
Président | Joe Biden | |
Gouvernement | Administration Biden | |
Prédécesseur | Mike Pence | |
Sénatrice des États-Unis | ||
– (4 ans et 15 jours) |
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Élection | 8 novembre 2016 | |
Circonscription | Californie | |
Législature | 115e et 116e | |
Groupe politique | Démocrate | |
Prédécesseur | Barbara Boxer | |
Successeur | Alex Padilla | |
32e procureure générale de Californie | ||
– (6 ans) |
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Élection | ||
Réélection | ||
Gouverneur | Jerry Brown | |
Prédécesseur | Jerry Brown | |
Successeur | Kathleen Kenealy (en) (intérim) Xavier Becerra |
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27e procureure du district de San Francisco | ||
– (6 ans, 11 mois et 26 jours) |
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Élection | ||
Réélection | ||
Prédécesseur | Terence Hallinan (en) | |
Successeur | George Gascón (en) | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Kamala Devi Harris | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Oakland (Californie, États-Unis) | |
Nationalité | Américaine | |
Parti politique | Parti démocrate | |
Père | Donald J. Harris | |
Mère | Shyamala Gopalan | |
Fratrie | Maya Harris | |
Conjoint | Douglas Emhoff | |
Diplômée de | Université Howard Université de Californie |
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Profession | Juriste | |
Religion | Baptisme[1] | |
Résidence | Number One Observatory Circle (Washington D.C.) | |
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Procureurs généraux de Californie Vice-présidents des États-Unis |
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Kamala Harris (/ˈkɑ.mə.lə ˈhæ.ɹɪs/), née le à Oakland, en Californie, est une femme d'État américaine. Elle est la 49e vice-présidente des États-Unis, en fonction depuis le .
Membre du Parti démocrate, elle est procureure générale de Californie de 2011 à 2017, pendant le mandat du gouverneur Jerry Brown.
De 2017 à 2021, elle est sénatrice pour la Californie au Congrès des États-Unis. Candidate à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2020, elle réalise des performances remarquées lors des premiers débats, mais voit les intentions de vote en sa faveur décliner et se retire avant le début officiel des primaires.
Joe Biden la choisit ensuite pour être sa colistière en tant que candidate démocrate à la vice-présidence. Le ticket l’emporte, faisant d'elle la première femme ainsi que la première personne afro-américaine et asio-américaine à exercer la vice-présidence des États-Unis.
Situation personnelle
Origines et famille
Kamala Devi Harris est la fille de Donald J. Harris, économiste et professeur émérite à l'université Stanford, originaire de la Jamaïque, venu aux États-Unis en 1961 pour faire un doctorat à l'université de Californie à Berkeley[2], et de Shyamala Gopalan, une biologiste et oncologue spécialiste du cancer du sein, originaire du Tamil Nadu en Inde et venue aux États-Unis en 1960 pour faire un doctorat d'endocrinologie à la même université[3],[4]. Elle grandit à Oakland, en Californie. Ses parents se séparent lorsqu’elle a sept ans et Kamala vit à Montréal de 1976 à 1981, avec sa sœur Maya Harris et sa mère, cette dernière ayant obtenu un poste à l'Hôpital général juif et un emploi d'enseignante à l'Université McGill[5].
Elle poursuit ses études primaires dans une école francophone, puis entame des études secondaires au Canada à l'école secondaire de Westmount, Québec, où elle obtient un diplôme de fin d'études en 1981[5].
Elle revient aux États-Unis, à Washington, où elle obtient un baccalauréat universitaire en science politique à l'université Howard[6] suivi d'un diplôme de Juris Doctor à l'École de droit Hastings de l'université de Californie à San Francisco. Elle intègre le barreau de Californie en 1990[7],[8].
Vie privée
Kamala Harris épouse en 2014 l'avocat Douglas Emhoff, qui a deux enfants d'un premier mariage[9]. En 2021, le patrimoine du couple est estimé à 6,5 millions de dollars (environ 5,3 millions d'euros)[10],[11].
Elle est baptiste, membre de la Third Baptist Church de San Francisco, affiliée aux Églises baptistes américaines USA[12],[13].
Carrière judiciaire
Débuts dans la région de San Francisco
Kamala Harris est adjointe au procureur de district du comté d'Alameda de 1990 à 1994[14]. En 1994, elle est nommée par le président de l'Assemblée de l'État de Californie, Willie Brown, avec qui elle a une relation extra-professionnelle, à des charges à la cour d'appel de l'assurance chômage (en) et à la commission de l'assurance médicale (California Medical Assistance Commission)[15]. Après six mois d'interruption de son mandat de procureur, elle le réintègre tout en combinant celui-ci avec ces deux autres charges. Sa relation avec Willie Brown suscite des critiques, tandis que celui-ci défend son activité[15],[16],[17]. En 2019, Willie Brown affirme qu'il « pourrait avoir aidé sa carrière » à travers ses nominations de 1994[18]. Il rompt avec elle lorsqu'il est élu maire de San Francisco en 1996[19]. En 1998, elle est choisie par le procureur du district de San Francisco Terence Hallinan (en) pour diriger le département des enquêtes criminelles (Career Criminal Division). Elle a sous son autorité cinq autres procureurs, et mène des poursuites pour des cas d'homicides, de cambriolages, de braquages, et d'agressions sexuelles, particulièrement dans des cas relevant de la loi des trois prises[20]. L'adjoint de Terrence Hallinan, nommé Darrell Salomon, s'active contre Kamala Harris[21], à propos du référendum 2000 California Proposition 21 (en), qui aurait permis aux procureurs de poursuivre des prévenus mineurs (moins de 18 ans) devant des cours pour majeurs plutôt que devant des cours pour mineurs[22]. Kamala Harris n'est pas favorable à ce référendum[23]. En 2000, elle est engagée par la mairie de San Francisco pour épauler l'avocate de la ville (en) Louise Renne (en)[24]. Kamala Harris y dirige la division de l'aide aux familles et aux enfants, traitant les cas d'abus et d'absence de soins. Louise Renne la soutient officiellement dans sa campagne à l’élection comme procureur du district.
Procureure du district de San Francisco
En 2003, elle est élue procureur du district de San Francisco face à Terence Hallinan[25] et Bill Fazio[19], avec 56 % des voix, devenant la première procureur de district de couleur de Californie[26] et la première femme à occuper cette fonction à San Francisco[27]. Elle promet de ne jamais requérir la peine de mort et de plaider pour les « trois coups » seulement s'il s'agit de crimes avec violences[28].
Kamala Harris mène une campagne « énergique », assistée de l'ex-maire de San Francisco Willie Brown, de la sénatrice de Californie et ancienne maire de San Francisco Dianne Feinstein, de l'écrivain et caricaturiste Aaron McGruder, et des comédiens Eddie Griffin et Chris Rock[29],[30]. Elle tente de se différencier de Terence Hallinan en critiquant son bilan[31]. Elle affirme qu'elle a quitté le parquet de ce dernier parce qu'il était technologiquement incapable et « dysfonctionnel », insistant sur le taux de condamnations « abyssal » de 52 % pour les crimes graves, en dépit d'une moyenne californienne de 83 %[32]. Elle accuse Terence Hallinan de promouvoir des gens sans mérite dans son parquet et de protéger des collaborateurs s'étant mal comporté[33]. Elle affirme de plus que son parquet ne fait pas assez pour limiter la violence armée dans la ville, particulièrement dans les quartiers pauvres comme Bayview ou Tenderloin, et critique sa propension à accepter des négociations de peine dans les cas de violence domestique[34],[35].
Lors de la campagne, elle est vivement critiquée pour sa proximité avec Willie Brown[36]. En réponse, elle tente de se distancier de ce dernier[37], affirmant que sa carrière est « derrière lui » et qu'elle « ne lui doit rien », tout en refusant « de concevoir [s]a campagne autour d'une critique » de Willie Brown[19].
En 2007, c'est sans opposition qu'elle se représente pour un deuxième mandat[38].
Procureure générale de Californie
En 2010, elle est élue procureure générale de Californie et réélue en 2014 pour un second mandat[39]. Elle est la première femme à occuper ce poste[27].
En matière de stupéfiants, elle lance le programme dit « Back on Track » (« Remise sur les bons rails »), pour réduire la récidive des primo-délinquants condamnés pour des infractions non assorties de violences[40]. Par ailleurs, elle fait le choix de ne pas s'associer à l'effort de plusieurs États qui tentent de faire retirer la marijuana de la liste fédérale des substances les plus dangereuses tenue par la Drug Enforcement Administration (DEA)[41].
En matière d'abus policiers, elle revendique un bilan progressiste, avec notamment les premiers programmes, soutenus par l'État de Californie, de formation des personnels judiciaires aux biais inconscients (en), l'usage de caméras-piétons pour les agents de son département de la justice, des enquêtes sur les pratiques des policiers, et la demande que les données concernant les décès ayant lieu au cours d'arrestations ou lors de détentions, ainsi que ceux dus à des tirs par des agents du maintien de l'ordre, soient rendues publiques[42].
L'une des actions phares de son mandat comme procureure générale d’État, est son implication lors de la crise des subprimes, dans la négociation d'un accord national avec les cinq plus grandes sociétés de prêts hypothécaires du pays, accusées d'avoir utilisé des méthodes illégales dans leurs saisies immobilières. En septembre 2011, après un an des négociations, menées avec d'autres procureurs d'État et des autorités fédérales, elle abandonne ses poursuites. Kamala Harris défendra plus tard sa décision en affirmant que l'accord qui était en voie d'être conclu n'apportait pas suffisamment d'aides à la Californie, et protégeait les banques de futures enquêtes sur les pratiques financières qui avaient mené à la crise des saisies immobilières. Elle affirme qu'elle a décidé d'interrompre ses poursuites et ses négociations après une rencontre avec les banques, qui prévoyaient selon elle un accord d'une valeur de 2 à 4 milliards de dollars, qu'elle considérait bien trop faible. Quelques mois plus tard, un accord national est signé, tandis que Kamala Harris a pu conclure, avec les trois plus grands fournisseurs d'hypothèques : les banques Wells Fargo, JPMorgan Chase et Bank of America, un accord séparé concernant la Californie. Ledit accord prévoit une réduction de dette de 12 milliards pour des propriétaires californiens, avec au total de 18 milliards d'aides financières. Plus précisément, les banques réduiront les dettes de 18,4 milliards, et apporteront 2 milliards en aides financières sous d'autres formes[43].
Seuls quelques directeurs d'agences bancaires à l'origine de la crise seront poursuivis[44]. C'est le cas de Steven Mnuchin, ex-directeur général de la banque OneWest (en) et futur secrétaire au Trésor des États-Unis au sein de l'administration Trump, qu'elle refusera, en 2012, de poursuivre, lui et sa banque, pour fraude hypothécaire, malgré une enquête et une recommandation du département de la Justice de Californie. Ses critiques de gauche lui reprochent d'avoir fait preuve de trop de retenue vis-à-vis du secteur financier, soulignant son inaction dans ce cas et d'autres, notamment par le fait que l'équipe anti-fraude hypothécaire qu'elle a créée « n'a traité que trois cas en 10 ans »[45]. En 2017 au Sénat, elle vote contre la nomination de Mnuchin au poste de Secrétaire du Trésor et, en réponse aux critiques, explique que « nous avons agi selon les faits et les preuves »[45].
En ce qui concerne les crimes sexuels, elle ordonne aux agents de probation de ne pas appliquer l'assignation à résidence à l'encontre des délinquants sexuels[46]. Elle s'attaque à la pornodivulgation[47]. Son action concernant le cas George Cage[48] est contestée par des journalistes travaillant pour The New York Times, étant donné qu'elle contribue à le maintenir en prison sans preuves du viol qu'il est soupçonné d'avoir commis[49]. Elle refuse de défendre devant les tribunaux l'interdiction du mariage homosexuel dans tout l'État (cette interdiction est connue sous le nom de proposition 8, qui est un référendum ayant le même objectif)[50].
En 2017, Larry Wallace, l'un des adjoints de Kamala Harris accepta une transaction de 400 000 dollars pour l'arrêt d'une procédure engagée à la suite d'accusations de harcèlement à l'encontre d'une de ses assistantes, dans un emploi antérieur, fait ignoré par Kamala Harris au moment où elle l'a embauché[51]. Elle se voit également reprocher par certains journalistes de ne pas travailler à la lutte contre les discriminations à l'encontre des justiciables de couleur ou de ne pas contribuer à améliorer la justice criminelle[52],[44],[53].
Ascension politique
Élection sénatoriale de 2016
En janvier 2015, la sénatrice démocrate Barbara Boxer annonce qu'elle ne se représentera pas à l'élection sénatoriale de 2016, après 24 ans de mandature. La campagne, pressentie comme très compétitive, voit Antonio Villaraigosa, ex-président du parlement de l'État et maire de Los Angeles, faire très vite part de son intérêt pour ce mandat, tandis que Kamala Harris est la première à se déclarer candidate[54]. Gavin Newsom, alors lieutenant-gouverneur de Californie et le financier Tom Steyer, autres potentiels candidats favoris, ne se déclarent pas intéressés[55],[56]. Kamala Harris est la favorite grâce au fort soutien qu'elle reçoit dès le début[57], notamment des sénateurs démocrates Elizabeth Warren, Cory Booker et Kirsten Gillibrand[54] et des milieux des forces de l'ordre. Dès le début de la campagne des rivalités régionales et ethniques se manifestent, les décideurs du Parti démocrate étant plutôt situés au Nord (les deux sénatrices Barbara Boxer et Dianne Feinstein venant de la baie de San Francisco) et Antonio Villaraigosa, venant du Sud. S'il était élu, il pourrait devenir ainsi le premier sénateur latino[54],[55],[58]. Willie Brown invite Antonio Villaraigosa à ne pas se présenter par « loyauté » envers Kamala Harris, et le président du Parti démocrate de Californie, John Burton réfute les insinuations d'une tentative des dirigeants du parti de favoriser Kamala Harris. Quelques semaines plus tard, Antonio Villaraigosa se résout à ne pas se présenter, mettant ainsi Kamala Harris face à des candidats inconnus du grand public comme Loretta Sánchez, Xavier Becerra et Adam Schiff[55],[58],[56].
En février 2016, Kamala Harris obtient le soutien du Parti démocrate de Californie, en réunissant 78 % des suffrages parmi les délégués du parti réunis en convention[59]. Le , elle arrive largement en tête de la primaire[60] avec 39,9 % des voix, suivie par la représentante démocrate Loretta Sánchez (18,9 %) qu'elle affronte en novembre lors de l'élection générale[61]. 34 candidats de divers partis participent à la primaire[57]. Pour la première fois, aucun candidat républicain ne participera à l'élection sénatoriale de novembre[62] : Duf Sundheim, qui fait le meilleur score parmi les républicains, étant arrivé troisième de la primaire avec 7,8 % des suffrages[61].
En juillet 2016, après la primaire, elle obtient les soutiens du président Barack Obama et du vice-président Joe Biden[63], auquel s'ajoutent, en octobre, c'est-à-dire vers la fin de la campagne, ceux de sa prédécesseure Barbara Boxer et de l'autre sénatrice de Californie Dianne Feinstein[64].
Entre la primaire et l'élection générale, la campagne ne passionne pas[57],[65], notamment en raison d'une campagne nationale qui occupe tout l'espace médiatique[66] et en raison des faibles différences idéologiques entre Kamala Harris et Loretta Sánchez[65], bien que cette dernière courtise également l'électorat républicain[65],[67]. Kamala Harris mène une campagne progressiste et indique que la lutte contre le changement climatique, l'augmentation du salaire minimum, la réforme de la justice pénale et l'interdiction des fusils d'assaut seront parmi ses priorités[57]. Elle est largement donnée favorite, levant plusieurs millions de dollars et disposant d'une confortable avance de 20 points dans les sondages[65]. Son statut de favorite lui permet de faire campagne pour d'autres candidats démocrates, à la Chambre des représentants et à la législature de Californie[57]. En novembre 2016, elle remporte l'élection avec 61,6 % des voix et arrive en tête dans 54 des 58 comtés de l'État[68].
Sénatrice des États-Unis
Kamala Harris prête serment en tant que sénatrice des États-Unis le , devant le vice-président (et donc président du Sénat) Biden et sa famille[69]. Elle devient la première sénatrice américaine d'origine indo-américaine et la deuxième sénatrice afro-américaine après Carol Moseley-Braun[57],[69]. Lors de son accession au Sénat, elle entre à la commission du renseignement et à la commission sur la sécurité intérieure et les affaires gouvernementales[70]. L'année suivante, elle siège à la commission sur la justice[71]. Grâce à son expérience de procureure, elle se fait remarquer pour ses échanges musclés avec des membres de l'administration Trump, à l'image de Jeff Sessions et Brett Kavanaugh[72]. Des Républicains, dont le président Donald Trump, lui reprochent son manque de respect des personnes auditionnées[73]. Hors des audiences publiques, ses collègues démocrates comme républicains reconnaissent sa compétence lors des interrogatoires, en particulier lorsqu'elle siège dans la commission du renseignement dont la plupart des réunions se déroulent à huis clos[72].
Elle démissionne le , après quatre années passées au Sénat, en raison de son élection à la vice-présidence des États-Unis. Elle est remplacée par Alex Padilla, nommé par le gouverneur de Californie Gavin Newsom[74].
Élection présidentielle de 2020
Primaires démocrates
Dès le début de son mandat au Sénat, elle apparaît comme l'une des opposantes démocrates les plus déterminées aux décisions prises par l'administration Trump, suscitant des questions sur sa possible candidature aux primaires démocrates pour l'élection présidentielle de 2020[75],[76]. À l'approche d'une possible candidature présidentielle, des reproches provenant de la gauche et accusant Kamala Harris de ne pas avoir suffisamment lutté dans sa carrière contre les violences policières se font entendre[77]. En , Kamala Harris soutient les liens forts entre Israël et les États-Unis dans un congrès organisé par le lobby pro-israélien AIPAC[78]. Elle est considérée (par exemple par le Washington Post) comme proche de Barack Obama et des dirigeants du Parti démocrate[79],[80]. Le , elle annonce sa candidature à l'investiture démocrate[81]. Cette déclaration entraîne une hausse forte et rapide des intentions de vote en sa faveur[82],[83],[84]. Elle publie par la suite deux autobiographies : The Truths We Hold: An American Journey et un livre pour enfants intitulé Superheroes Are Everywhere[85].
Elle attire l'attention médiatique à la suite du premier débat télévisé entre les candidats à l'investiture démocrate, organisé le , où elle s'oppose au favori Joe Biden, l'accusant d'avoir travaillé avec des sénateurs favorables à la ségrégation raciale aux États-Unis et de s’être opposé au busing, un dispositif visant à lutter contre la ségrégation en favorisant la diversité sociale et raciale au sein des établissements scolaires[86],[87]. Cependant, la dynamique qu'elle a créée après ce premier débat semble éphémère et les intentions de vote en sa faveur s'essoufflent pendant l'été[88], notamment à cause de ses positions contradictoires au sujet de l'assurance-maladie[27]. Lors du débat télévisé entre les principaux candidats démocrates du mois d’octobre, elle demande l'interdiction du compte Twitter de Donald Trump, l'accusant d'utiliser cette plateforme et ses 65 millions d'abonnés pour faire obstruction à la justice et intimider les témoins dans la procédure de destitution le visant[89].
Entre novembre et , elle n'est créditée que d'environ 3 % des intentions de vote[90] alors qu'elle talonnait Joe Biden dans les enquêtes d'opinion réalisées quatre mois plus tôt[91]. Le , elle annonce le retrait de sa candidature, évoquant un manque de moyens financiers[92]. En , elle apporte son soutien à Joe Biden[93] bien qu'elle indique croire à certaines des accusations d’agressions sexuelles portées à son encontre[94].
Colistière de Joe Biden
Lorsque Joe Biden devient le candidat présumé du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de 2020, elle fait rapidement figure de favorite pour être désignée candidate démocrate à la vice-présidence[95],[96]. Le , Joe Biden confirme qu'il la désigne pour être sa colistière[97]. L’universitaire Françoise Coste indique que « Joe Biden l'a choisie avant tout pour son identité, pas pour ses qualités politiques »[98].
Elle est en effet la troisième femme (après la démocrate Geraldine Ferraro en 1984 et la républicaine Sarah Palin en 2008) candidate à la vice-présidence de l'un des deux grands partis américains[99],[100], ainsi que la première personne afro-américaine et la première personne asio-américaine[101]. Elle devient aussi le premier candidat sur un ticket du Parti démocrate à représenter un État de la côte ouest des États-Unis[102]. Pendant la campagne électorale, Donald Trump, rappelant ses origines indiennes et jamaïcaines, déclare à son sujet : « Kamala Harris ne pourrait jamais devenir la première femme présidente, ce serait une insulte à notre pays », « sans qu'il juge nécessaire de préciser devant ses partisans ce qui serait insultant » commente Philippe Corbé sur RTL[103].
Le , elle est confrontée au vice-président sortant Mike Pence durant un débat télévisé à Salt Lake City, dans l'Utah[104] ; à l’issue de la confrontation, courtoise et centrée sur la pandémie de Covid-19, aucun vainqueur n’émerge[105]. Une semaine plus tard, Kamala Harris annonce qu'elle suspend momentanément sa campagne en raison de cas de Covid détectés dans son entourage proche[106].
En , il est annoncé qu'en cas de victoire, le poste de cheffe de cabinet de Kamala Harris serait occupé par Karine Jean-Pierre[107].
Élection générale
Le , quatre jours après l'élection présidentielle, de nombreux médias américains annoncent que Joe Biden a dépassé la barre des 270 grands électeurs. Le candidat démocrate, âgé de 77 ans, est élu 46e président des États-Unis[108]. Donald Trump conteste les résultats mais la quasi-totalité des recours des républicains contre l'élection sont jugés infondés par les tribunaux locaux, et les recomptages confirment la victoire de Joe Biden dans les États en litige. Le ticket Biden-Harris totalise finalement 306 grands électeurs du collège électoral des États-Unis contre 232 pour le ticket Trump-Pence[109],[110]. Kamala Harris devient ainsi la première femme, ainsi que la première personne afro-américaine et asio-américaine (indo-américaine), élue à la vice-présidence des États-Unis[111],[112].
Transition
Fin , sans reconnaître officiellement sa défaite et persistant à contester les résultats, Donald Trump se résigne à autoriser les agences fédérales à commencer la transition avec la future équipe présidentielle. Le 30 novembre, Joe Biden et Kamala Harris ont ainsi pour la première fois accès à la President's Daily Brief, le document contenant un résumé d'informations classifiées en lien avec la sécurité nationale, collectées par différentes agences de renseignement américaines[113],[114]. Elle compose également son cabinet, constitué notamment d'Ashley Etienne (en) et Symone Sanders[115]. Elle condamne l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021 alors que le 117e congrès des États-Unis est réuni pour certifier les résultats du vote du collège électoral[116].
Vice-présidente des États-Unis
Investiture et premières actions
Kamala Harris entre officiellement en fonction lorsqu'elle prête serment le 20 janvier 2021, à 11 h 42 (heure US), sur les marches du Capitole, quelques minutes avant Joe Biden.
Son premier acte en tant que vice-présidente est d'assermenter son remplaçant au Sénat, le démocrate Alex Padilla, et les nouveaux sénateurs géorgiens démocrates Raphael Warnock et Jon Ossoff, élus lors du second tour des élections en Géorgie de 2021[117].
D'après la Constitution, en tant que présidente du Sénat, sa fonction lui confère le rôle d'arbitre en cas d'égalité de vote au sein de la chambre haute du Congrès, alors que les groupes républicain et démocrate sont à égalité après les élections sénatoriales de 2020[118]. Elle peut donc départager les votes de l'institution en apportant à ces derniers la majorité par son vote. Elle émet ainsi son tout premier vote décisif en faveur des démocrates le 5 février 2021, pour accélérer l'aide liée à la crise sanitaire du Covid-19[119]. Le 15 février 2021, deux jours après l'acquittement de l'ancien président Donald Trump, le sénateur Lindsey Graham menace, si les républicains reprenaient le contrôle de la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat en 2022, de mettre en accusation la vice-présidente[120].
Gestion de la crise migratoire
En , Kamala Harris est chargée par Joe Biden de la gestion diplomatique de la crise migratoire en cours à la frontière mexicaine, le même dossier qu'avait confié Barack Obama à Joe Biden quand ce dernier était son vice-président[121]. Sa gestion lui vaut de nombreuses critiques, y compris au sein du Parti démocrate[122].
L’opposition républicaine lui reproche d’avoir renforcé la crise avec la promesse d’une « politique plus humaine », qui aurait créé un « appel d’air », alors qu’en le nombre d’arrestations de clandestins atteint son plus haut niveau en quinze ans (plus de 170 000 personnes appréhendées), avec un nombre de mineurs non-accompagnés record (près de 20 000). Pendant des mois, les élus républicains déplorent également le fait que la vice-présidente n’aille pas constater la situation à la frontière avec le Mexique, où les centres d’accueil gouvernementaux sont débordés et non adaptés à l’accueil d’enfants[122],[123]. Publiquement, elle se contente de dénoncer la poursuite des Haïtiens par des agents frontaliers à cheval, certains y voyant un symbole du passé esclavagiste du pays[124].
Dans le même temps, alors qu’elle avait mis l’accent sur la négociation avec le Mexique et les pays d’Amérique centrale pour régler le problème migratoire, ses relations avec les dirigeants de ces États se dégradent, notamment lorsque le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, ne reçoit pas les vaccins anti-Covid-19 qu’elle lui a promis et se tourne vers la Russie pour obtenir des doses de Spoutnik V, ainsi qu’en raison des déclarations de l’administration américaine sur la situation démocratique dans ces pays[122]. En visite au Guatemala en , Kamala Harris appelle les migrants illégaux potentiels à ne pas se rendre aux États-Unis, déclarant qu'ils seraient « renvoyés »[125].
Son manque d'implication et sa gestion de la crise contribuent à sa chute dans les sondages[124].
Redécoupage électoral
À sa demande, Kamala Harris est chargée par le président de s'occuper du redécoupage électoral aux États-Unis. L’administration démocrate accuse à cette occasion les Républicains de vouloir limiter le droit de vote des minorités dans certaines circonscriptions[122].
Intérim de la présidence
Le , Kamala Harris, en tant que vice-présidente, exerce temporairement (1 h 25) les prérogatives de la présidence des États-Unis, durant un examen médical de Joe Biden, dont l’état de santé fait l'objet de spéculations. Harris est la troisième personne ainsi que la première femme à assurer cet intérim[126].
Critiques et impopularité
Dès le début de son mandat, Kamala Harris ne s’affirme pas sur le plan médiatique et prend peu de décisions, alors qu’elle se voulait être une vice-présidente « généraliste » et avait suscité beaucoup d’espoirs pendant la campagne présidentielle, notamment sur la question migratoire[127]. Un an après son élection, en , elle tombe à 28 % d’opinions favorables selon USA Today/université Suffolk, ce qui en fait la vice-présidente la moins populaire de l’histoire contemporaine des États-Unis et conduit les démocrates à s'inquiéter en vue de l’élection présidentielle de 2024, lors de laquelle Joe Biden aura 82 ans et pourrait ne pas se représenter[128]. Alors qu’elle se recentre sur la politique internationale, l’universitaire Jay Gonzalez indique que « la vice-présidente, dont les actions et l’esprit se situent à gauche de l’échiquier politique, peut facilement attiser les tensions, ce qui explique en partie pourquoi la Maison-Blanche juge préférable de lui donner un rôle plus secondaire »[124]. Sa ligne politique, ni progressiste ni conservatrice, l'expose également aux critiques des deux franges du parti démocrate[87]. Considérée par certains comme une possible candidate du parti à l'élection présidentielle de 2024[87], elle n'est pourtant pas donnée favorite pour les primaires, le président Joe Biden étant susceptible de se représenter[129].
Élection présidentielle de 2024
Joe Biden, président sortant, publie le une vidéo dans laquelle il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2024 pour un second mandat[130],[131]. Kamala Harris est candidate à un second mandat de vice-présidente en tant que colistière de Joe Biden[132]. La candidature de la vice-présidente sortante est jugée comme étant stratégique dans la mesure où elle pourrait succéder à Joe Biden qui sera âgé de 82 ans lors de l'élection en 2024, si celui-ci ne terminait pas son second mandat[133].
Prises de position
Armes à feu
En réponse à la fusillade de 2017 à Las Vegas, Kamala Harris appelle à davantage de contrôle des armes à feu. Elle déclare que les pensées et prières restent des réponses insuffisantes à ces fusillades et appelle à « s'engager et à agir. Un autre moment de silence ne suffira plus »[134],[135].
Environnement
En , Kamala Harris et sept autres membres du Sénat parrainent une proposition de loi écrite par leur collègue Elizabeth Warren, le Climate Risk Disclosure Act, demandant plus de transparence aux grandes entreprises sur les risques économiques et financiers liés au changement climatique[136]. Selon Elizabeth Warren, cette loi utiliserait « les forces du marché pour accélérer la transition des combustibles fossiles vers des énergies plus propres — réduisant ainsi les risques d'un problème environnemental et financier catastrophique, sans dépenser l'argent des contribuables »[137]. Kamala Harris a déclaré que son objectif serait que les États-Unis produisent 100 % de l'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables. Elle soutient le Green New Deal, tel qu'introduit par la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, déclarant que « le changement climatique est une réalité qui nous menace tous »[138].
Immigration
Kamala Harris soutient la politique de sanctuarisation de la ville de San Francisco[139]. D'autre part, elle pense qu'il est important que les immigrants puissent dialoguer sans crainte avec les forces de l'ordre[140].
Police et justice
Elle revendique une carrière de procureure progressiste[42], tout en ayant participé à la culture politique de répression dure à l'égard de la criminalité qui a prévalu en Californie après les années 1970, tant au sein des Républicains que des Démocrates[141]. Cette culture aurait contribué à un très haut taux d'emprisonnement des Afro-Américains, qui représentaient cinq fois leur proportion de la population de l'État. Cet emprisonnement disproportionné, devenu un sujet majeur de la campagne présidentielle de 2020, handicape Kamala Harris, qui compte sur le soutien des Afro-Américains, alors que nombre d'entre eux ne voient pas d'un bon œil ses 27 ans à mettre en œuvre des lois qui enfermaient des Afro-Américains. De manière plus générale, les tensions entre la communauté noire et les forces de l'ordre sont profondes. Au cours de sa campagne, elle promet de diminuer l'emprisonnement de masse et de corriger les inégalités raciales dans le système judiciaire. En tant que procureure générale, elle a lancé un programme de formation aux biais inconscients pour les forces de l'ordre, et comme procureure de district elle a initié un programme qui donnait la possibilité d'un non-lieu aux primo-délinquants pour des faits non accompagnés de violence s'ils terminaient une formation professionnelle. Ses critiques lui reprochent son attitude au tribunal quand il s'agissait de faire appliquer la peine de mort en vigueur en Californie, malgré son opposition personnelle, et ses menaces d'emprisonnement envers les parents d'écoliers absentéistes chroniques[141]. À ce sujet, elle est notamment la cible du mouvement Black Lives Matter[27].
Moyen-Orient
Kamala Harris a déclaré au média américain The Arab American News (en) « croire en la valeur de chaque Palestinien et de chaque Israélien, et nous travaillerons pour garantir qu'ils jouissent de mesures égales concernant la liberté, la sécurité, la prospérité et la démocratie »[142].
Minorités sexuelles et de genre
Pendant son mandat en tant que procureure générale de Californie, Kamala Harris refuse de défendre devant un tribunal l'interdiction du mariage entre personnes de même sexe. Elle soutient les directives de l'administration Obama en faveur des étudiants transgenres. Lorsqu'elle siège au Sénat des États-Unis, elle parraine la loi sur l'égalité (Equality Act), visant à protéger les individus des discriminations en raison de leur orientation sexuelle[143].
Santé
Le , Kamala Harris annonce devant la mairie d'Oakland qu'elle parrainerait le projet de loi « Medicare for All » du sénateur Bernie Sanders, qui promeut un système de santé universel (à payeur unique)[144].
Distinction
En 2020, elle est désignée troisième femme la plus puissante du monde selon Forbes, deuxième en 2021 et troisième en 2022.
Publications
- Avec Joan O'C Hamilton, Smart on Crime: A Career Prosecutor's Plan to Make Us Safer, San Francisco, Chronicle Books, 2009 (ISBN 978-0-8118-6528-9).
- Superheroes Are Everywhere, Londres, Penguin Young Readers Group., 2019 (ISBN 978-1-984837-49-3).
- The Truths We Hold: An American Journey, Londres, Penguin, 2019 (ISBN 978-1-984886-22-4).
- Traduit en français par Pierre Reignier sous le titre Nos vérités, mon rêve américain, Robert Laffont, 2021.
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Voir aussi
Articles connexes
- Liste des vice-présidents des États-Unis
- Liste des sénateurs des États-Unis pour la Californie
- Liste des résultats des élections présidentielles américaines
- List of African-American United States presidential and vice presidential candidates (en)
Liens externes
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