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Robert Merle
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Robert Merle en 1964.
Naissance
Tébessa, Département de Constantine, Algérie française
Décès
Grosrouvre, Yvelines, France
Activité principale
Distinctions
Prix Goncourt
Prix John-Wood-Campbell Memorial
Grand prix Jean-Giono
Prix de la Fraternité
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres

Œuvres principales

  • Week-end à Zuydcoote
  • La mort est mon métier
  • Un animal doué de raison
  • Malevil
  • Série Fortune de France

Robert Merle, né le à Tébessa (Algérie) et mort en son domaine de La Malmaison à Grosrouvre (Yvelines) le , est un écrivain français.

Biographie

Origines

Robert Merle est né à Tébessa (en Algérie) le [1].

Il est le fils de Félix Merle (1871-1915[2]), né en Algérie, soldat à la bataille des Dardanelles en 1915, puis rapatrié à Marseille en raison d'une fièvre typhoïde.

Carrière

Ancien élève des classes préparatoires (hypokhâgne et khâgne) du lycée Louis-le-Grand, titulaire d'une licence de philosophie, agrégé d'anglais (reçu 1er au concours), Robert Merle consacre sa thèse de doctorat de lettres à Oscar Wilde et devient professeur, successivement, aux lycées de Bordeaux, Marseille, puis à Neuilly-sur-Seine[3] où il fait la connaissance de Jean-Paul Sartre, à l'époque professeur de philosophie. Mobilisé en 1939, Robert Merle est agent de liaison avec les forces britanniques. Il est fait prisonnier à Dunkerque. Il témoigne de son expérience dans la poche de Dunkerque dans un documentaire d'Henri de Turenne[4] et dans son roman Week-end à Zuydcoote ; il reste en captivité jusqu'en 1943.

En 1944, il devient maître de conférences d'anglais à l'université de Rennes, puis professeur en 1949. Il sera successivement en poste à Toulouse, Caen, Rouen, Alger et enfin Nanterre où il se trouve en mai 1968. Cette dernière expérience a inspiré son roman Derrière la vitre.

Engagement politique

Membre du Parti communiste français auquel il adhère en 1977[5], il a quitté celui-ci après avoir critiqué l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique[6].

Vie privée et mort

Robert Merle s'est marié trois fois et a eu six enfants.

Il meurt à l'âge de 95 ans le en son domaine de La Malmaison à Grosrouvre, dans les Yvelines[7]. Il est inhumé au cimetière d'Aiguillon, dans le Lot-et-Garonne[8].

Héritage

En 2008, son fils Pierre Merle a publié une volumineuse biographie illustrée d'une vingtaine de photos : Robert Merle. Une vie de passions (Éditions de l'Aube, 2008, réédition De Fallois, 2013). L'ouvrage débute par une question : « Par quelle alchimie de hasard et de nécessité, Robert Merle, ce gosse courant dans les rues d'Alger, est-il devenu un écrivain ? » L'histoire mouvementée de son enfance, de son adolescence parisienne, de sa captivité en Allemagne, de ses engagements politiques et de ses amours constitue une « main du destin », minutieusement décrite, et la trame fondatrice d'une œuvre d'une grande diversité littéraire. L'ouvrage montre que la grande saga de Fortune de France (13 tomes), très documentée et très fidèle à l'histoire de France, est aussi, à travers les deux personnages de Pierre de Siorac et de son fils Pierre-Emmanuel, une autobiographie romancée de Robert Merle, un mélange continuel de sa vie réelle et de sa vie rêvée. Pour le centenaire de sa naissance, cette biographie est un éclairage particulier de la vie et de l'œuvre de celui que Le Monde a appelé le « plus grand romancier de littérature populaire en France »[9].

En 2016, Anne Wattel a soutenu une thèse sur l'œuvre de Robert Merle : "Robert Merle, écrivain singulier du propre de l'homme". « Robert Merle est au purgatoire des Belles-Lettres françaises. Quelque chose dans sa trajectoire, qui va du prix Goncourt avec son tout premier roman, Week-end à Zuydcoote, aux treize tomes d’une saga historique, Fortune de France, a semble-t-il sonné le glas de sa consécration. Et ce quelque chose tient sans doute à la singularité d’un écrivain franc-tireur, allergique à toute mode, à toute école, à tout parti (…).Toujours il s’est agi, pour cet écrivain-militant, de poursuivre le combat, envers et contre l’amnésie, les œillères, les mensonges, et de le poursuivre pour les générations à venir »[10].

Œuvres

Romans divers

Robert Merle a été marqué par la guerre et par sa captivité de 1940 à 1943. Ceci explique que beaucoup de ses romans traitent de la hantise du lieu clos et de la guerre. Par ailleurs, nombre de personnages de ses romans sont inspirés par ses proches et sa vie privée.

  • 1949 : Week-end à Zuydcoote (prix Goncourt) : près de Dunkerque assiégé par les Allemands en mai-, un soldat français tente d'embarquer avec les troupes anglaises pour rejoindre l'Angleterre (adaptation cinématographique d'Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo, en 1964).
  • 1952 : La mort est mon métier : roman historique inspiré de la biographie de Rudolf Höß, commandant du camp de concentration d'Auschwitz (adaptation cinématographique « Aus einem deutschen Leben (de) » de Theodor Kotulla (de) en 1977).
  • 1962 : L'Île (prix de la Fraternité), inspiré des révoltés du Bounty : un groupe de mutins se réfugie sur une île et tente d'y organiser une société.
  • 1967 : Un animal doué de raison : roman de science/politique-fiction sur ce qui sépare l'homme de l'animal (adaptation cinématographique sous le titre Le Jour du dauphin (The Day of the dolphin) par Mike Nichols en 1973).
  • 1970 : Derrière la vitre : récit romancé de la journée d'une trentaine de personnes à l'université de Nanterre dont certaines occupent la salle du conseil des professeurs le [11] dénoncé par certains comme « un livre à charge contre Mai 68, péchant par un excès d'ironie » et salué par d'autres pour son coup d'œil aiguisé sur le vie quotidienne des personnages[11].
  • 1972 : Malevil : une communauté de survivants, retranchée dans un château après une guerre nucléaire (adaptation cinématographique de Christian de Chalonge en 1981, adaptation télévisuelle de Denis Malleval en 2010).
  • 1974 : Les Hommes protégés : la domination soudaine des femmes après que les hommes ont été foudroyés en grand nombre par un type d'encéphalite qui s'attaque exclusivement à eux.
  • 1976 : Madrapour : l'aventure des passagers d'un avion sans équipage, métaphore métaphysique sur le passage à l'au-delà.
  • 1986 : Le jour ne se lève pas pour nous : un récit-reportage sur la vie en mission à bord du sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) français L'Inflexible.
  • 1987 : L'Idole : au XVIe siècle, en Italie, une petite bourgeoise devenue grande dame déchaîne des passions contradictoires.
  • 1989 : Le Propre de l'homme : le défi d'un scientifique qui élève, en famille, une chimpanzé, lui enseigne la langue des signes pour prouver qu'elle possède une forme d'intelligence.
  • 2013 : Dernier été à Primerol, inédit suivi d'une postface de Pierre Merle (Édition de Fallois). Ce texte, premier écrit littéraire de Robert Merle, a été rédigé au cours de sa captivité en Allemagne en 1942-1943. La postface éclaire la genèse du texte lié à la captivité de son auteur et son contexte historique.

Série Fortune de France (romans historiques)

Robert Merle (1985).

La série Fortune de France est une fresque historique s'étendant de 1547 à 1661.

La première partie (6 premiers tomes) est décrite à travers les yeux de Pierre de Siorac, personnage fictif, noble à la cour.

La seconde partie (7 tomes a priori interrompus par son décès), à travers ceux de son fils, Pierre-Emmanuel.

  • 1977 : Fortune de France
  • 1979 : En nos vertes années
  • 1980 : Paris ma bonne ville
  • 1982 : Le Prince que voilà
  • 1983 : La Violente Amour
  • 1985 : La Pique du jour
  • 1991 : La Volte des vertugadins
  • 1993 : L'Enfant-Roi
  • 1995 : Les Roses de la vie
  • 1997 : Le Lys et la Pourpre
  • 1999 : La Gloire et les Périls
  • 2001 : Complots et Cabales
  • 2003 : Le Glaive et les Amours (Grand prix Jean-Giono 2003)

Théâtre

  • 1950 : Tome I : Flamineo, Sisyphe et la mort, Les Sonderling
  • 1957 : Tome II : Nouveau Sisyphe, Justice à Miramar, L'Assemblée des femmes (d'après Aristophane)
  • 1992 : Tome III : Le Mort et le Vif suivi de Nanterre la Folie (adaptation de Sylvie Gravagna)
  • 1996 : Pièces pies et impies

Autres œuvres

  • 1948 : Oscar Wilde, appréciation d’une œuvre et d’une destinée (essai)
  • 1955 : Oscar Wilde ou la « destinée » de l'homosexuel (essai)
  • 1959 : Vittoria, Princesse Orsini (biographie)
  • 1965 : Moncada, premier combat de Fidel Castro (histoire contemporaine)
  • 1965 : Ahmed Ben Bella (histoire contemporaine)

Traductions

  • (avec Magali Merle) Ralph Ellison, Homme invisible, pour qui chantes-tu?
  • Erskine Caldwell, Les Voies du seigneur
  • John Webster, Le Démon blanc
  • (avec Magali Merle) Ernesto Che Guevara, Souvenirs de la guerre révolutionnaire (deux tomes)
  • Jonathan Swift, Les Voyages du capitaine Gulliver

D'après la biographie de son fils Pierre, les traductions que Robert Merle a cosignées avec Magali Merle, sa troisième épouse, sont en réalité principalement le fait de celle-ci.

Récompenses

  • 1949 : prix Goncourt pour Week-end à Zuydcoote.
  • 1962 : prix de la Fraternité pour L'Île[12]
  • 1974 : prix John-Wood-Campbell Memorial pour Malevil.
  • 2003 : grand prix Jean-Giono pour l'ensemble de son œuvre.

Introductions

  • Pour une édition en 1956, par les Éditeurs Français Réunis du roman de Jonathan Swift : Le Voyage à Lilliput (Série Les Voyages du capitaine Gulliver, volume Premier), il rédigea une longue introduction de 59 pages présentant le contexte politique de cette satire.
  • W. Somerset Maugham, Les Nouvelles complètes, préface de Robert Merle, Omnibus, Presses de la cité, 1992.

Notes et références

  1. Encyclopædia Universalis, « ROBERT MERLE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  2. Mort pour la France.
  3. « Le romancier Robert Merle est mort », sur lemonde.fr, (consulté le )
  4. [vidéo] « Bataille de France » sur YouTube, à 1:09:40.
  5. Merle, père et fils, la-croix.com, 2 juillet 2008
  6. Pascale Frey, Robert Merle, le familier des rois, lexpress.fr, 1er avril 2001
  7. « Domaine de la Malmaison », sur lamalmaison.net.
  8. Cimetières de France et d'ailleurs
  9. Le Monde du .
  10. Anne Wattel, Robert Merle, écrivain singulier du propre de l'homme, Septentrion,
  11. 1 2 Jacques Cantier, « 22 mars 1968 : une journée particulière à Nanterre. Retour sur le roman Derrière la vitre de Robert Merle »,
  12. Remise du prix de la Fraternité, Droit et Liberté no 211, juillet 1962, page6-7 (Consulté le 03/12/2020)

Voir aussi

Liens externes