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Ruth Bader Ginsburg
Illustration.
Portrait officiel de Ruth Bader Ginsburg (2010).
Fonctions
Juge à la Cour suprême des États-Unis

(27 ans, 1 mois et 8 jours)
Président William Rehnquist
John G. Roberts, Jr.
Prédécesseur Byron White
Successeur Amy Coney Barrett
Juge à la cour d'appel des États-Unis pour le circuit du district de Columbia

(13 ans, 1 mois et 11 jours)
Prédécesseur Harold Leventhal
Successeur David S. Tatel
Biographie
Nom de naissance Joan Ruth Bader
Date de naissance
Lieu de naissance New York, État de New York (États-Unis)
Date de décès (à 87 ans)
Lieu de décès Washington D.C. (États-Unis)
Nature du décès Cancer
Sépulture Cimetière national d'Arlington
Nationalité Américaine
Conjoint Martin D. Ginsburg
Diplômée de Université Cornell
Faculté de droit de Harvard
Columbia Law School
Profession Juriste, professeur d'université
Religion Judaïsme

Signature de Ruth Bader Ginsburg

Ruth Bader Ginsburg
Membres de la Cour suprême des États-Unis

Ruth Bader Ginsburg, née Joan Ruth Bader le à Brooklyn (New York) et morte le à Washington, est une avocate, juriste, universitaire et juge américaine.

Membre de la Cour suprême des États-Unis de 1993 à 2020, elle est la deuxième femme nommée à la plus haute juridiction fédérale. Elle y adopte des positions résolument progressistes.

Biographie

Jeunesse et études

Ruth Bader Ginsburg naît à Brooklyn (New York)[1]. Elle est la deuxième fille de Nathan et Célia Amster Bader[2], immigrants juifs russes, qui vivent dans le quartier de Flatbush[3]. Sa mère Célia, qui n'a pas pu accéder à l'université, l'encourage à poursuivre ses études[4]. Ruth fait ses études secondaires à la James Madison High School de Brooklyn. Sa mère meurt lorsqu'elle est encore au lycée, en classe de terminale[4].

Ruth Bader Ginsburg continue ses études à l'université Cornell. Elle y étudie sous la férule de Vladimir Nabokov[5]. Elle est membre de la sororité Alpha Epsilon Phi (en)[6] et du club Phi Beta Kappa. C'est dans ce cadre qu'elle fait la connaissance de Martin Ginsburg, qu'elle épouse en 1954. Elle donne naissance à une fille en 1955[7]. Elle obtient en 1954 une licence en administration publique.

Ruth Bader Ginsburg poursuit ses études à la faculté de droit de Harvard en 1956. Elle est l'une des neuf étudiantes de sa promotion[8]. Elle est membre du comité de la prestigieuse revue juridique Harvard Law Review. Elle suit son mari à New York et est admise à la faculté de droit de l'université Columbia, où elle obtient son doctorat en droit en 1959[4]. Elle y est membre de la Columbia Law Review. Elle est vice-major de sa promotion[9],[10].

Activités professionnelles

Ruth Bader Ginsburg en 1977.

En 1970, Ruth Bader Ginsburg co-fonde le Women's Rights Law Reporter, premier journal américain qui se concentre sur les droits des femmes[11],[12]. En 1972, Ginsburg cofonde le Women's Rights Project dans les locaux d'une association appelée Union américaine pour les libertés civiles[8]. Le Women's Rights Project travaille sur plus de 300 cas de discriminations sexistes. Ginsburg fait valoir six cas de discrimination devant la Cour suprême des États-Unis entre 1973 et 1976. Elle remporte cinq victoires[13],[14].

Elle participe en 1972 à la création d'une section féminine au sein de l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU)[4].

Carrière universitaire

De 1972 à 1980, Ruth Bader Ginsburg enseigne à l'université Columbia. Elle est co-autrice d'un ouvrage sur les discriminations sexistes[15]. De 1977 à 1978, elle est chercheuse au Centre pour les études avancées en sciences du comportement (en) à l'université Stanford[16].

Elle est professeure de droit à l'université Rutgers[17], à Newark et à l'université Columbia[18].

Cour d'appel des États-Unis

Ruth Bader Ginsburg est nommée juge à la Cour d'appel des États-Unis pour le circuit du district de Columbia en remplacement d'Harold Leventhal le , par le président Jimmy Carter[19]. Elle quitte cette fonction lorsqu’elle est nommée à la Cour suprême en 1993[20].

Cour suprême

Prestation de serment de Ruth Bader Ginsburg comme juge à la Cour suprême.
Portrait de Ruth Ginsburg en 2000.

Elle est nommée juge assesseur à la Cour suprême en 1993, par le président Bill Clinton[4]. Elle est alors la deuxième femme à siéger à la Cour suprême[21], après Sandra Day O'Connor. Elle est considérée comme modérée lors de sa nomination, mais évolue vers des prises de positions plus progressistes[4].

En 2009, elle donne son point de vue concernant les droits à l'avortement et à l'égalité des sexes, dans une interview du New York Times. Elle déclare ainsi à propos de l'avortement que « le gouvernement n'a pas à faire ce choix pour une femme »[22]. Elle se montre critique contre Roe v. Wade, affirmant que la décision est juridiquement vulnérable et basée sur une mauvaise base constitutionnelle[23].

Maladie et fin de vie

Ruth Bader Ginsburg est opérée avec succès d'un cancer du pancréas en 2009[24]. Après un intense combat contre la maladie, la juge de la cour suprême, qui aura siégé pendant 27 ans, s'éteint à Washington le , à l'âge de 87 ans [4]. Des hommages de la classe politique américaine affluent quelques heures seulement après l'annonce de sa disparition.

Pour le politologue Jean-Éric Branaa, la disparition de cette alliée des démocrates, à 45 jours de l'élection présidentielle, risque d'entraîner des conséquences sur l'échiquier politique américain. En effet, sa disparition conduit à mettre en lumière l'importance d'une nouvelle nomination à la Cour suprême, aux conséquences différentes s'il s'agit d'un président démocrate ou républicain[25]. La conservatrice Amy Coney Barrett est finalement désignée par Donald Trump et prête serment le .

Le cercueil de Ruth Bader Ginsburg exposé lors de son hommage au Capitole.

Fait rare pour une personnalité autre que politique, le cercueil de la défunte juge a été exposé sous la coupole du Capitole des États-Unis les 23 et , une première pour un Juif aux États-Unis. Après une cérémonie de funérailles en privé, Ruth Bader Ginsburg a été inhumée le au cimetière national d'Arlington, aux côtés de son époux[26],[27].

Hommages et distinctions

Filmographie

En 2018, Julie Cohen et Betsy West réalisent le documentaire RBG qui retrace le parcours de Ruth Bader Ginsburg[28],[21].

La même année, le film Une femme d'exception, réalisé par Mimi Leder, retrace également le parcours de Ruth Bader Ginsburg, incarnée par Felicity Jones[29]. Il présente plus particulièrement ses études et le début de sa carrière d'avocate. Son petit fils acteur franco-américain Paul Spera est présent dans le film[30]. Ruth Bader Ginsburg fait une courte apparition à la fin du film.

Dans la mini-série Mrs. America (2020), son rôle est interprété par Tara Nicodemo.

Opéra

L'Américain Derrick Wang a composé la musique, et écrit le livret, d'un opéra-comique en un acte, intitulé Scalia/Ginsburg[31],[32],[33], joué pour la première fois en [34] au cours du Castleton Festival (en) (fondé par Lorin Maazel)[35],[36],[37] et diffusé à la radio le [38],[39].

Cette œuvre, mettant en scène les « joutes », au sein de la Cour suprême des États-Unis, entre les deux « hérauts » des camps conservateur (Antonin Scalia) et libéral (Ruth Bader Ginsburg), par ailleurs amis proches[40], faisait dire à son auteur, en 2013, bien avant la première mondiale, que la lecture d'une opinion dissidente exprimée par le juge Scalia était « la chose la plus spectaculaire qu'il ait jamais lue » lorsqu'il étudiait le droit[41].

Prix

  • 1995 : médaille d'or de l'American Academy of Achievement dans la catégorie Public Service
  • 2011 : Jefferson Awards for Public Service (en) dans la catégorie Prix du sénateur John Heinz pour service exceptionnel par un élu ou nommé
  • 2015 : prix des quatre libertés de Roosevelt dans la catégorie Médaille de la Liberté
  • 2016 : médaille Brandeis[42]
  • 2018 : prix Genesis dans la catégorie Accomplissement d'une vie
  • 2019 : lauréate du prix Berggruen[43]

Hommages

Décoration

  • Médaille de la Liberté de Philadelphie administrée par le National Constitution Center (2020)[49]

Références

  1. (en) « Ruth Bader Ginsburg | Biography & Facts », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
  2. (en) « Ruth (joan) Bader Ginsburg », sur www.encyclopedia.com (consulté le ).
  3. "Book Discussion on Sisters in Law" Presenter: Linda Hirshman, author. Politics and Prose Bookstore. BookTV, Washington. September 3, 2015. 27 minutes in; retrieved September 12, 2015 C-Span website Archived March 5, 2016, at the Wayback Machine.
  4. 1 2 3 4 5 6 7 Gilles Paris, « Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême des Etats-Unis, est morte à l’âge de 87 ans », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  5. « When Vladimir Nabokov Taught Ruth Bader Ginsburg, His Most Famous Student, To Care Deeply About Writing | Open Culture » [archive du ] (consulté le )
  6. (en) Scanlon, Jennifer, Significant contemporary American feminists : a biographical sourcebook, Greenwood Press, (ISBN 978-0-313-30125-4), p. 118.
  7. (en) David Margolick, « Trial by Adversity Shapes Jurist's Outlook », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  8. 1 2 (en) Thomas R. Hensley, Kathleen Hale et Carl Snook, The Rehnquist Court : Justices, Rulings, and Legacy, ABC-CLIO, , 443 p. (ISBN 978-1-57607-200-4, lire en ligne).
  9. « Ruth Bader Ginsburg » [archive du ], sur The Oyez Project, Chicago-Kent College of Law (consulté le )
  10. Toobin, Jeffrey (2007). The Nine: Inside the Secret World of the Supreme Court, New York, Doubleday, p. 82. (ISBN 978-0385516402)
  11. (en) « Women’s Rights Law Reporter - Home », (consulté le ).
  12. Carine Janin, « Portrait. Qui était Ruth Bader Ginsburg, la doyenne de la Cour suprême américaine ? », sur Ouest-France, (consulté le ).
  13. (en) Neil A. Lewis, « The supreme Court: Woman in the News; Rejected as a Clerk, Chosen as a Justice: Ruth Joan Bader Ginsburg », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  14. Frédéric Autran, « Ruth Bader Ginsburg, la fin d’une vie de combats », Libération, 2à septembre 2020 (lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Jeffrey Toobin, « Heavyweight », The New Yorker, (ISSN 0028-792X, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) « At the U.S. Supreme Court: A Conversation with Justice Ruth Bader Ginsburg | Stanford Law School », Stanford Law School, (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) « Ruth Bader Ginsburg at Rutgers », sur www.rutgers.edu (consulté le ).
  18. (en) « In Memoriam: Ruth Bader Ginsburg ʼ59 », sur www.law.columbia.edu (consulté le ).
  19. (en) « Historical Society of the District of Columbia Circuit », sur dcchs.org (consulté le ).
  20. (en) Sam Fulwood III, « Ginsburg Confirmed as 2nd Woman on Supreme Court », Los Angeles Times, (ISSN 0458-3035, lire en ligne, consulté le ).
  21. 1 2 Audrey Fournier, « Ruth Bader Ginsburg, icône populaire et progressiste », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) Emily Bazelon, « The Place of Women on the Court », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) « Why Ruth Bader Ginsburg Wasn’t All That Fond of Roe v. Wade », sur The Washington Post,
  24. (en) Josh Gerstein, « Justice Ginsburg released », Politico, (lire en ligne, consulté le ).
  25. « La mort de Ruth Bader Ginsburg bouleverse la campagne américaine », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  26. (en) « Ruth Bader Ginsburg to lie in repose at Supreme Court this week », sur www.cbsnews.com (consulté le ).
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  29. (en) Alissa Wilkinson, « Ruth Bader Ginsburg’s iconification culminates in the biopic On the Basis of Sex », sur Vox, (consulté le ).
  30. (en) « Professor Jane Ginsburg reflects on her family history as “On the Basis of Sex” screens at Athena Film Festival », sur www.columbiaspectator.com, .
  31. « Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême des Etats-Unis, est morte à l’âge de 87 ans », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
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  33. « Ruth Bader Ginsburg rend hommage à Antonin Scalia », sur The Times of Israël, (consulté le ).
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  37. (en) Emily Heil, « ‘Scalia/Ginsburg’ opera draws VIPs of the legal world », Washington Post, (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le ).
  38. (en) « OD Radio broadcasts | Trial by Jury & Scalia/Ginsburg », sur OperaDelaware (consulté le ).
  39. (en) Peter Dobrin, « Philadelphia’s opera community pours its love for Ruth Bader Ginsburg », sur https://www.inquirer.com (consulté le ).
  40. Gilles Paris, « Antonin Scalia, gardien ultraconservateur de la Constitution américaine », Lemonde.fr, (lire en ligne).
  41. (en) « Derrick Wang discusses ‘Scalia/Ginsburg,’ his opera about the Supreme Court justices », Washingtonpost.com, (lire en ligne, consulté le ). (en) « And I read what came after that, and I thought, ‘This is the most dramatic thing I’ve ever read in law school.’ ».
  42. (en) « Supreme Court's Ginsburg vows to resist pressure to retire », sur Reuters (consulté le ).
  43. (en) « Ruth Bader Ginsburg Wins $1 Million Berggruen Prize », New York Times, (lire en ligne, consulté le )
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  47. (en) « The 100 most influencial people of 2015 », sur The Times (consulté le ).
  48. Giulia Foïs, « Une candidate improbable en Russie pour l'Eurovision », sur France Inter, (consulté le ).
  49. (en) « Ruth Bader Ginsburg to be awarded this year's Liberty Medal », sur CNN – cnn.com (consulté le )

Liens externes