Naissance | |
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Décès | |
Nationalité | |
Domicile |
48, Welbeck Street W1 (d) |
Formation |
Université d'Édimbourg St George's, University of London Université de Göttingen Emmanuel College Institut universitaire de technologie de Nîmes (d) |
Activités |
Astronome, égyptologue, entomologiste, musicien, linguiste, philosophe, physiologiste, archéologue, physicien, professeur d'université, anthropologue, médecin, botaniste |
Père |
Thomas Young (d) |
Mère |
Sarah Davies (d) |
Conjoint |
Eliza Maxwell (d) |
A travaillé pour | |
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Membre de |
Royal Society () Académie des sciences de Turin () Académie royale néerlandaise des arts et des sciences Académie royale des sciences de Suède Académie des sciences Académie américaine des arts et des sciences |
Distinctions | |
Abréviation en botanique |
Young |
Thomas Young ( à Milverton (Somerset) – à Londres), est un physicien, médecin et égyptologue anglais.
Son excellence dans de nombreux domaines non reliés fait qu'il est considéré comme un polymathe, au même titre, par exemple, que Léonard de Vinci, Gottfried Wilhelm Leibniz ou Francis Bacon. Son savoir était si vaste qu'il fut connu sous le nom de phénomène Young.
Il exerça la médecine toute sa vie, mais il est surtout connu pour sa définition du module de Young en science des matériaux et pour son expérience des fentes de Young en optique, dans laquelle il mit en évidence et interpréta le phénomène d'interférences lumineuses.
Il s’intéressa également à l'égyptologie en participant à l'étude de la pierre de Rosette.
Biographie
Young vient d'une famille de quakers de Milverton, dans le Somerset, où il est né le , l'aîné de dix enfants. À l'âge de quatorze ans, il parle l'anglais, le français, l'italien, le latin, le grec, l'hébreu, le chaldéen, le syriaque, l'araméen samaritain, l'amharique, le turc, l'arabe et le persan[1].
Young commence à étudier la médecine en 1792 à Londres, part en 1794 pour Édimbourg, puis un an plus tard pour Göttingen, où il obtient le titre de docteur en physique en 1796. En 1797, il entre au Emmanuel College à Cambridge. La même année, il hérite de la propriété de son grand-oncle, Richard Brocklesby, ce qui le rend financièrement indépendant. En 1799, il s'installe en tant que médecin à Londres. Young publie anonymement beaucoup de ses premiers articles pour protéger sa réputation en tant que médecin.
En 1801, Young est nommé professeur de philosophie naturelle à la Royal Institution. Il donne 91 conférences en deux ans. En 1802, il est également nommé foreign secretary de la Royal Society, dont il a été élu membre en 1794. Il renonce au professorat en 1803, craignant que cela n'interfère avec sa pratique de la médecine. Ses conférences sont publiées en 1807 sous le titre Conférences sur la philosophie naturelle et anticipent certaines théories futures.
En 1811, il prend un poste de médecin au St George's Hospital et, en 1814, il participe à un comité pour l'étude des dangers liés à l'introduction généralisée de l'éclairage au gaz à Londres. En 1816, il est secrétaire d'une commission chargée d'évaluer la longueur du pendule dont la période vaut deux secondes (ce qui permet d'en déduire l'accélération de la pesanteur à l'endroit de l'expérience). En 1818, il devient secrétaire du Board of Longitude et superintendant du HM Nautical Almanac Office.
Quelques années avant sa mort il s'intéresse à l'assurance-vie et, en 1827, il est choisi comme l'un des huit associés étrangers de l'Académie des sciences de l'Institut de France.
Thomas Young meurt à Londres le .
Travaux de recherche
Fentes de Young
L'apport de Young au domaine de l'optique est sans doute son plus grand motif de célébrité, en particulier sa célèbre expérience de la double fente[2]. En 1801, il fait passer un faisceau de lumière à travers deux fentes parallèles, et le projette sur un écran. La lumière est diffractée au passage des fentes et produit sur l'écran des franges d'interférence, c'est-à-dire une alternance de bandes éclairées et non-éclairées. Young en déduit la nature ondulatoire de la lumière (voir aussi Dualité onde-corpuscule).
Module de Young
En mécanique des milieux continus, Young a laissé son nom au module de Young, qui caractérise la déformation élastique d'un matériau en fonction de la contrainte qui lui est appliquée. Plus le module de Young est élevé, plus le matériau est dit rigide[3].
Vision et théorie de la couleur
Young est également considéré comme le fondateur de l'optique physiologique. En 1793, il explique comment l'œil accommode la vision à différentes distances en modifiant la courbure du cristallin. En 1801, il est le premier à décrire l'astigmatisme. Il présente dans ses conférences l'hypothèse que la perception de la couleur est due à la présence sur la rétine de trois types de récepteurs qui réagissent respectivement au rouge et au jaune pour les récepteurs les plus gros, au vert pour les moyens et au bleu et au violet pour les plus petits[4]. Cette théorie, bien qu'utilisant un jeu de couleurs partiellement erroné, est développée par la suite par Hermann von Helmholtz, pour le rouge, vert et le bleu, et vérifiée expérimentalement en 1859.
Médecine
En physiologie, Young fait une contribution importante en hémodynamique lors de la Croonian Lecture de 1808 avec son exposé sur les Fonctions du cœur et des artères. Parmi ses écrits, on trouve aussi son Introduction à la littérature médicale, qui présente un Système de nosologie pratique (1813) et un Traité pratique et historique sur la tuberculose (appelée à l'époque « consumptive disease ») (1815).
Linguistique
Young a comparé la grammaire et le vocabulaire de quatre-cents langages différents. En 1813, il introduit dans The Quarterly Review le terme de langues indo-européennes[5].
Hiéroglyphes
Young est d'autre part un des premiers à déchiffrer certains hiéroglyphes. En , un de ses amis lui apporte un papyrus démotique ; séduit par l'aventure, Young entreprend la traduction du texte démotique ainsi que celui de la pierre de Rosette. Il prend contact avec Johan David Åkerblad qui avait abandonné ses propres recherches et qui met son alphabet démotique de seize lettres à la disposition de Young. Ce dernier s'aperçoit que cet alphabet n'est pas viable, et en trois mois, parvient à de meilleurs résultats. Il établit une traduction conjecturale du texte démotique de la pierre de Rosette ; guidé par son instinct mathématique, il instaure un astucieux système de découpage du texte par classement et comparaison des différents signes, lui permettant d'importantes découvertes :
- la mise en évidence de la valeur phonétique des signes hiéroglyphiques,
- la parenté entre les graphies cursives (hiératique et démotique) et les signes hiéroglyphiques,
- le marquage des noms de rois et de dieux par des cartouches.
À l'automne 1814, il fait part de ses résultats à Silvestre de Sacy qui est emballé et considère Young comme le déchiffreur des hiéroglyphes. Pendant les trois années suivantes Young poursuit ses travaux sur le démotique et fait des progrès dans la compréhension de l'alphabet hiéroglyphique, se rendant compte notamment que les signes n'étaient pas tous alphabétiques. Le 14 septembre 1822, Champollion publie sa lettre à Monsieur Dacier explicitant le système des hiéroglyphes. En 1823, Young publie un Compte-rendu des récentes découvertes sur l'écriture hiéroglyphique et l'Antiquité égyptienne. Il reprend, pour l'édition 1818, de l'Encyclopædia Britannica quelques-unes de ses conclusions dans le fameux article Égypte, un long texte de vingt pages suivi de quatre pages d'illustrations, consistant en exposés sur la mythologie, les institutions, l'histoire et la chronologie égyptienne, auxquels s'ajoute une partie consacrée à l'« analyse de la triple inscription de la pierre de Rosette ». Scientifique consciencieux, il y donne le nombre de groupes de signes identifiés pour chaque écriture et signale par exemple que le mot « roi » est écrit trente fois en grec, alors qu'un groupe de signes identiques apparaît trente-sept fois en démotique, ou encore que le nom « Ptolémée » est présent onze fois en grec, alors que quatorze cartouches renferment un même assemblage de signes en hiéroglyphes. Cependant, sur les deux-cent-vingt mots que Young prétendait avoir déchiffrés, seuls une moitié étaient justes.
Quand Jean-François Champollion publie sa traduction complète des hiéroglyphes, Young reconnaît son avancée mais lui demande en même temps de déclarer s'être appuyé sur ses articles antérieurs. Champollion, qui est parvenu à la compréhension fondamentale du système hiéroglyphique grâce à sa maîtrise du copte, refuse d'admettre toute paternité de la traduction à Young, dont les interprétations comportaient des manques et des erreurs. Un schisme s'ensuit, au cours duquel les Britanniques soutiennent Young et les Français maintiennent que Champollion est l'unique déchiffreur des hiéroglyphes. En dépit de cette querelle fortement nourrie par les tensions politiques de l'époque, Champollion laisse plus tard Young accéder à des manuscrits démotiques au Louvre quand il devient le conservateur des antiquités égyptiennes.
Notes et références
- ↑ Simon Singh, The Code Book: The Science of Secrecy from Ancient Egypt to Quantum Cryptography, Anchor, , 411 p. (ISBN 978-0-385-49532-5)
- ↑ « Fentes de Young : définition et explications », sur Techno-Science.net (consulté le )
- ↑ (en) « Thomas Young (scientifique) », sur stringfixer.com (consulté le )
- ↑ (en) Thomas Young, The Bakerian Lecture: On the Theory of Light and Colours, p. 20.
- ↑ (en) Oswald Szemerényi (en) (trad. de l'allemand), Introduction to Indo-European linguistics [« Einführung in die vergleichende Sprachwissenschaft »], Oxford, Oxford University Press, , XXXII + 352 (ISBN 0-19-823870-3), p. 12, n. 1. : « As a comprehensive term for this language family, Indo-European was first proposed (and probably coined) in 1813 by the well-known physician Dr Thomas Young in the London Quarterly Review 10/2 (no. 19), 255f., 264f. [...]. »
Annexes
Bibliographie
- François Arago, Éloge historique du docteur Thomas Young, lu le , dans Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, Gauthier-Villars, Paris, 1835, tome 13, p. LVII-CV (lire en ligne)
- Bernard Maitte, La lumière, vol. S28, Paris, éditions du Seuil, coll. « Points-sciences », (réimpr. 2005), 350 p., 11,5×18 cm (ISBN 2-02-006034-5, présentation en ligne), chap. 6 (« Crise et mutation de l'optique »)
- Simon Singh, Histoire des codes secrets : De l'Égypte des pharaons à l'ordinateur quantique, Paris, Lattès, , 431 p. (ISBN 2-7096-2048-0) ;
- Andrew Robinson, Thomas Young : The last man who knew everything, Pi Press, , 288 p. (ISBN 0-13-134304-1) ;
- (en) « Thomas Young », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [Young (en) Lire en ligne sur Wikisource].
- Riad Haidar, « Thomas Young et la théorie ondulatoire de la lumière », Bibnum. Textes fondateurs de la science, (ISSN 2554-4470, lire en ligne, consulté le )
- Encyclopædia Universalis, « Expérience de Young », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- « Ressources Éducatives Libres - data.abuledu.org | Les ressources libres du projet AbulÉdu », sur data.abuledu.org (consulté le )
Liens externes
- Ressources relatives à la recherche :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (en) National Portrait Gallery
- (en) Union List of Artist Names
- Ressource relative à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Académie des sciences : Les membres du passé dont le nom commence par Y