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William Wyler
Description de cette image, également commentée ci-après
vers 1945.
Nom de naissance Willi Wyler
Naissance
Mulhouse, Alsace
Nationalité Drapeau de l'Empire allemand Allemand
Drapeau de la Suisse Suisse
Drapeau des États-Unis Américain (à partir de 1928)
Décès (à 79 ans)
Los Angeles, Californie
Profession Réalisateur et producteur
Films notables L'Insoumise
Les Plus Belles Années de notre vie
L'Héritière
Vacances romaines
Les Grands Espaces
Ben-Hur

William Wyler, né Willi Wyler le à Mulhouse (Empire allemand) et mort le à Los Angeles (Californie), est un réalisateur et producteur américain d'origines suisse et allemande. Il est surtout connu pour avoir réalisé Vacances romaines ainsi que Ben-Hur, péplum récompensé par onze Oscars[1].

Biographie

William Wyler[2],[3],[4] est né au sein d'une famille juive[5],[6] à Mulhouse[N 1], en Alsace[7] (qui faisait alors partie de l'Empire allemand). Son père, Léopold Wyler, est suisse et sa mère, Mélanie Auerbach[8], allemande[9],[10]. Il fait des études à Lausanne[11] avant d'étudier le violon[12] au Conservatoire de Paris[13]. À partir de 1922, il part travailler aux États-Unis pour les studios Universal[14] dont le fondateur est un cousin de sa mère : Carl Laemmle[15]. Il est d'abord affecté aux services de la publicité, puis devient assistant de production. En 1925, il se lance finalement dans la réalisation et devient le plus jeune réalisateur employé par la firme. En 1928, Wyler est naturalisé américain. Dès les années 1930, il s'impose comme un cinéaste incontournable à Hollywood et collabore notamment avec la Warner Bros pour laquelle il assure la mise en scène d'un de ses plus grands chefs-d'œuvre : L'Insoumise avec Bette Davis. Plus tard, en 1936 il signe un juteux contrat avec la Metro-Goldwyn-Mayer[16] qui lui permet de réaliser de nombreux films à succès tels que La Vipère et plus tard Ben-Hur.

Entre 1942 et 1945, Wyler s'engage dans les forces aériennes de l'armée des États-Unis[N 2] avec le grade de major[17],[N 3]. Il réalise deux documentaires de propagande américaine[18] sur la guerre en cours : Memphis Belle: A Story of a Flying Fortress (en) (tourné en Angleterre et dans le ciel allemand en mai 1943 et sorti en salles en 1944) et Thunderbolt! (en) (tourné en Corse et en Italie pendant les premiers mois de 1944 et sorti en salles en 1947). Pendant la guerre, Wyler trouve par ailleurs le temps de signer des œuvres de fiction évoquant le destin tragique d'individus happés par le conflit (Madame Miniver, Les Plus Belles Années de notre vie[19]).

Pour faire face à la Commission parlementaire sur les activités antiaméricaines, du sénateur Joseph McCarthy, il co-fonde le Comité pour le premier amendement (donc en faveur de la liberté d'expression), avec Myrna Loy, John Huston et Philip Dunne[20].

De retour à Hollywood, il y mène une vie confortable, devenant une institution du cinéma commercial et des grandes majors pour lesquelles il assure la réalisation de triomphes commerciaux en tous genres. Ces réussites lui permettent de fonder, avec George Stevens et Frank Capra, une société de production indépendante : la Liberty Film. Mais les échecs successifs de La Vie est belle, L'Enjeu et Si l'on mariait papa de Capra l'amènent au dépôt de bilan en 1948.

Wyler meurt d'une crise cardiaque en 1981. Il avait été brièvement marié à l'actrice Margaret Sullavan entre 1934 et 1936. Il avait ensuite épousé en 1938 Margaret Tallichet (1914-1991), avec laquelle il vécut jusqu'à sa mort. Ils ont eu cinq enfants dont Catherine Wyler metteur en scène comme son père[21].

William Wyler est enterré au Forest Lawn Memorial Park de Glendale dans le comté de Los Angeles (Californie)[22].

Œuvre

Wyler[23],[24] fut une véritable mine d'or pour l'industrie hollywoodienne qui le mit aux commandes de grosses productions[25] nécessitant généralement des prouesses techniques périlleuses comme le péplum Ben-Hur, remake du film muet des années 1920 sur lequel il avait été assistant. Des caméras Panavision très imposantes, avec des négatifs de 65 millimètres (tirés en 70 mm, avec une image de taille identique mais une pellicule de 5 mm plus large pour y faire place à quatre pistes sonores) furent utilisées pour les scènes de courses, au plus près des chevaux. Des caméras automatiques furent également placées au bas des chars. Toutes garantissaient une meilleure définition de la profondeur de champ. Les prises de vue devenaient du coup plus impressionnantes, avec le travail de montage, et donnaient une sensation de réel : comme si le spectateur vivait le moment de l'action en même temps que les personnages.

Le réalisateur signa entre autres plusieurs drames historiques, films musicaux ou comédies où il laissait libre cours à son perfectionnisme légendaire[26] et garantissait aux acteurs ou actrices principaux ou secondaires une victoire aux Oscars, comme pour Bette Davis (La Lettre[27]) et Fay Bainter (L'Insoumise[28],[29], 1938), Greer Garson et Teresa Wright (Madame Miniver[30], 1942), Fredric March et Harold Russell (Les Plus Belles Années de notre vie, 1946[31]), Olivia de Havilland (L'Héritière[31] d'après Ruth Goetz, 1949), Audrey Hepburn (Vacances romaines[32], 1953), Charlton Heston et Hugh Griffith (Ben-Hur[33], 1959) ou encore Barbra Streisand (Funny Girl[34], 1968).

Même si son héritage est contesté, même si Wyler a pu être taxé par certains d'académisme, notamment en France[35], il eut des défenseurs passionnés tel Roger Leenhardt[36], poussant dans "L’Écran français" un cri de guerre resté célèbre : « À bas Ford, vive Wyler ! »[37]. Il s'est avant tout imposé, selon les termes de Claude Beylie, « comme un solide directeur d'acteurs, sachant tailler dans un matériau de base, littéraire ou théâtral, de qualité. »[38]. Certains critiques, comme André Bazin[39], décèlent de plus un vrai « style Wyler », reconnaissable dès le premier plan[40]. Ce style passe souvent par l'utilisation de la profondeur de champ et de plans séquences qui diluent la progression dramatique du récit et fonctionnent comme un révélateur sur l'état psychologique des personnages[40]. Ce procédé rend de surcroît poétiques les décors qui nourrissent les fictions successives : la Nouvelle-Orléans du XIXe siècle, l'Angleterre ravagée par les bombardements allemands, l'Amérique à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les intérieurs cossus du Londres victorien… Aussi ce principe se transforme-t-il, dans ses œuvres tardives, en une description sociologique acerbe, teintée d'une morale particulièrement pensée comme dans L'Obsédé. Ce film narre au départ l'histoire d'une séquestration, mais il se transforme peu à peu en une réflexion sur l'anomie et les névroses de la société contemporaine, annonçant les thèmes et les recherches plastiques[41] du cinéma conceptuel moderne[35],[42].

Wyler, détenteur du record de nominations à l'Oscar du meilleur réalisateur (douze au total)[43],[44], obtint la distinction à trois reprises[45] : en 1943 pour Madame Miniver, en 1947 pour Les Plus Belles Années de notre vie puis en 1960 pour Ben-Hur[33]. Ces trois œuvres ont par ailleurs toutes été récompensées par l'Oscar du meilleur film. Le cinéaste reçut également la Palme d'Or du Festival de Cannes pour son drame sur l'objection de conscience durant la guerre de Sécession : La Loi du Seigneur[46] en 1957.

Il possède également son étoile sur le Walk of Fame[47].

Filmographie

Distinctions

Récompenses

Nominations

  • Oscars 1937 : Oscar du meilleur réalisateur pour Dodsworth
  • Oscars 1940 : Oscar du meilleur réalisateur pour Les Hauts de Hurlevent
  • Oscars 1941 : Oscar du meilleur réalisateur pour La Lettre
  • Oscars 1942 : Oscar du meilleur réalisateur pour La Vipère
  • Oscars 1950 : Oscar du meilleur réalisateur pour L'Héritière
  • Oscars 1952 : Oscar du meilleur réalisateur pour Histoire de détective
  • Oscars 1954 : Oscar du meilleur réalisateur pour Vacances romaines
  • Oscars 1957 : Oscar du meilleur réalisateur pour La Loi du Seigneur
  • Oscars 1966 : Oscar du meilleur réalisateur pour L'Obsédé

Notes et références

Notes

  1. La maison d'enfance William Wyler et de sa famille est toujours existante au 15 rue de Zurich à Mulhouse et le commerce familial qui fut situé dans la principale artère commerçante de la ville, la rue du Sauvage à Mulhouse exista jusqu'à la fin des années 1960
  2. l’exploit du bombardier B17 Memphis Belle fut le sujet d’un documentaire réalisé par William Wyler, tourné à des fins de propagande de l'armée américaine, ce film un peu oublié plonge le spectateur dans ce que vivaient vraiment les équipages de ces bombardiers.
  3. William Wyler (interview, Cannes, 1957) : "[Je suis retourné en Alsace] tout de suite après la libération de Mulhouse. Comme j'étais dans l'aviation américaine et que Mulhouse a été libérée par la première armée française, je me suis arrangé avec mon général d'avoir la permission de visiter Mulhouse."

Références

  1. Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr, « William Wyler à propos de ses origines et de ses films », sur Ina.fr (consulté le )
  2. Encyclopædia Universalis, « WILLIAM WYLER », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  3. (it) « WYLER, William in "Enciclopedia del Cinema" », sur www.treccani.it (consulté le )
  4. « William Wyler’s Demanding Sets Were a Rite of Passage for Hollywood’s Greatest Stars », sur www.villagevoice.com (consulté le )
  5. « William Wyler - biographie », sur judaisme.sdv.fr (consulté le )
  6. « William Wyler », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
  7. « William Wyler - Cinémathèque française », sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr (consulté le )
  8. (en) « William Wyler », sur geni_family_tree (consulté le )
  9. « Festival de Cannes - Entretien avec William Wyler - Ina.fr » [vidéo], sur Festival de Cannes (consulté le ).
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  23. (en-US) « Review of Gabriel Miller's "William Wyler" | History News Network », sur historynewsnetwork.org (consulté le )
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  41. Selon le Larousse des films.
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Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre-Louis Cereja, William Wyler : de Mulhouse à Hollywood, Mulhouse, Médiapop, 2023, 120 p., coll. « Sublime » (ISBN 978-2-491436-78-0)
  • Odile Gozillon-Fronsacq, « William (Guillaume) Wyler », dans Jean-Pierre Kintz (dir.), Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne, N ° 40, Wel à Y, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, 2002, p. 4330 (ISBN 2-85759-039-3)

Liens externes