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Georges Delerue
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Georges Delerue en 1952 (Studio Harcourt).
Nom de naissance Georges Henri Jean-Baptiste Delerue
Naissance
Roubaix (France)
Décès (à 67 ans)
Burbank (États-Unis)
Activité principale Compositeur pour le cinéma notamment
Années d'activité 1947-1992
Distinctions honorifiques Oscar de la meilleure musique originale (en 1980)
César de la meilleure musique (1979, 1980 et 1981)

Œuvres principales

B.O Hiroshima mon amour
Jules et Jim (excepté Le tourbillon de la vie)
Le Mépris
Le Corniaud
Le Cerveau
Heureux qui comme Ulysse
Les Deux Anglaises et le Continent
Les Rois maudits
Grand choral de La Nuit américaine
I love you, je t'aime
Le Dernier Métro
La Femme d'à côté
Platoon
Concerto de l'adieu
Hymne à la Liberté

Georges Delerue, prononcé [dɛlʁy], né le à Roubaix (Nord) et mort le à Burbank (Californie), est un compositeur et musicien français, spécialiste de musiques de films.

Auteur de plus de trois cents musiques de films, il reçoit à trois reprises le César de la meilleure musique, en 1979 pour Préparez vos mouchoirs, en 1980 pour L'Amour en fuite et en 1981 pour Le Dernier Métro, et l'Oscar de la Meilleure partition originale lui est décerné en 1980 pour I love you, je t'aime.

Biographie

Enfance ouvrière

Georges naît dans un milieu amateur de musique : ses parents, Georges Delerue, contremaître à la fabrique de limes de la rue Decrême, et Marie Lhoest, qui aime chanter Gounod ou Bizet en s'accompagnant au piano, emmènent souvent leur fils dans une des sept salles de projection que compte alors Roubaix. L'enfant se passionne pour le cinématographe et dès l'âge de cinq ans essaie de bricoler, avec le Meccano censé le mettre sur les traces de son père, un projecteur et de reproduire des pellicules à partir de ses dessins. Cette passion ne le quittera plus[1].

Élève de l'école professionnelle Turgot, qui le forme aux métiers de la métallurgie, il est inscrit en 1939 par sa mère au conservatoire pour apprendre à jouer de la clarinette qu'il a héritée de son oncle, mais il ne s'y intéresse guère[2]. Dès l'année suivante, à quatorze ans et demi, il doit cesser toutes études et prendre un travail dans l'usine où travaille son père afin d'aider financièrement sa famille[2]. Toutefois, il goûte avec son grand-père maternel, chef de chœur, le plaisir de la musique chantée en groupe et participe en tant que clarinettiste à la fanfare locale[2].

Il réussit à convaincre ses parents de lui laisser les après-midi pour étudier au conservatoire le solfège[2]. Il est admis dans la classe de piano de Madame Picavet-Bacquart, qui lui fait découvrir Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, Grieg[3]. Richard Strauss devient son idéal.

Souffrant d'une scoliose ancienne, il est opéré à la suite d'une chute de bicyclette. Cinq mois passés allongés dans un plâtre sont une épreuve qui détermine l'adolescent à consacrer sa vie à la composition musicale[3]. En 1943, en dépit des réticences qu'ont suscitées son extraction sociale, son inculture musicale et le retard en solfège qu'ont induits ses obligations professionnelles, il est admis en classe d'harmonie par un nouveau directeur, plus ouvert, Alfred Desenclos, lequel perçoit le talent de son élève et obtient des parents de celui-ci qu'il abandonne l'usine[3].

Conservatoire de Paris

En 1945, Georges Delerue termine le conservatoire de Roubaix par un premier prix de piano, un premier prix de musique de chambre, un premier prix d'harmonie, un deuxième prix de clarinette et réussit les épreuves d'admission au Conservatoire de Paris[4]. Il apprend la fugue dans la classe de Simone Plé-Caussade et la composition dans celle d'Henri Büsser, que remplace Darius Milhaud en 1948[4]. Bénéficiaire de la bourse Fernand-Halphen, il doit toutefois, pour financer ses études, jouer dans les bals jusqu'en province[4]. Il accompagne à l'orgue baptêmes, mariages, obsèques[4]. Attiré par le jazz, il se produit dans les pianobars du quartier de l'Opéra[4].

C'est dans ce cadre qu'il produit en 1947 une première œuvre, Panique, et s'initie à la conduite auprès de l'ex-chef d'orchestre des Ballets russes Roger Desormière[5]. Il reçoit des leçons également de Jean Rivier. Il produit son premier quatuor à cordes l'année suivante, en 1948 et, afin d'améliorer sa situation financière, travaille comme nègre pour le compositeur de cinématographe Jean Marion.

Radio France

En 1949, il obtient le Premier Prix de Composition ainsi que le Premier Second Grand Prix de Rome, auquel il avait échoué deux ans plus tôt. Il compose un Concertino pour trompette et orchestre à cordes en 1951 et l'année suivante, en 1952, il est nommé compositeur et chef d'orchestre à la Radiodiffusion française. C'est là qu'il écrit en 1955 sa Symphonie concertante.

En 1957, il crée à l'Opéra de Nancy, en collaboration avec Jésus Etcheverry (direction musicale) et Marcel Lamy (mise en scène), un opéra sur une pièce de Boris Vian d'après la légende des Chevaliers de la Table ronde, Le Chevalier de neige. Sur les conseils de Darius Milhaud, il commence à composer pour le théâtre, pour Jean Vilar, puis pour le cinéma, avec Hiroshima mon amour en 1959.

La Nouvelle Vague

Sa rencontre avec deux réalisateurs issus de « la Nouvelle Vague » que sont François Truffaut et Jean-Luc Godard sera déterminante pour faire connaître sa musique bien au-delà des frontières de la France, notamment avec ses compositions pour Jules et Jim en 1962 et Le Mépris en 1963. Son écriture musicale s'inscrit dès lors dans une veine romantique qu'il ne cessera de développer, parfois dans un style léger et aérien (Le Roi de cœur, Le Diable par la queue, Les Caprices de Marie), parfois dans une écriture plus grave et tourmentée (L'Insoumis, L'important c'est d'aimer). Collaborateur fidèle de Truffaut, il composera pour ce dernier une dizaine de partitions dont notamment Les Deux Anglaises et le Continent, La Nuit américaine, L'Amour en fuite, Le Dernier Métro, La Femme d'à côté ou Vivement dimanche !, le dernier film du cinéaste.

Le spectacle populaire

Autre collaboration privilégiée avec le réalisateur Philippe de Broca, la musique de Delerue sait aussi prendre une dimension plus aventureuse comme en témoignent ses partitions pour Cartouche, L'Homme de Rio ou L'Africain. Les films de Philippe de Broca lui ouvrent naturellement les portes d'un cinéma français populaire, où Delerue compose la musique de grands succès publics pour les films de Gérard Oury (Le Corniaud, Le Cerveau), d'Henri Verneuil (Cent mille dollars au soleil), d'Édouard Molinaro (Hibernatus), ou d'Henri Colpi (Heureux qui comme Ulysse).

Musicien prolifique, il compose également pour la télévision et la radio (Jacquou le Croquant, Les Rois maudits de 1972, l'indicatif de Radioscopie de Jacques Chancel). Il composera aussi la musique du spectacle de nuit La Cinéscénie du Puy du Fou (pour la période 1982-2002), auquel ont prêté leurs voix Alain Delon, Jean Piat, Suzanne Flon, Robert Hossein ou encore Philippe Noiret en 1981.

Dans les années 1970, il rencontre la faveur de nouveaux réalisateurs comme Claude Miller, Yannick Bellon ou Alain Corneau. Le cinéma français le récompensera trois années consécutives en 1979, 1980 et 1981, où il obtient le César de la meilleure musique pour ses compositions sur les films Préparez vos mouchoirs, L'Amour en fuite et Le Dernier Métro.

Carrière internationale

Les cinéastes étrangers commencent également à s'intéresser à son travail, notamment Fred Zinnemann (Un homme pour l'éternité, Chacal) ou Mike Nichols (Le Jour du dauphin), mais sa peur panique de l'avion l'oblige à limiter ses déplacements aux États-Unis. Il ne se décidera à s'installer à Hollywood qu'à partir de 1980, où il remporte l'Oscar de la meilleure musique pour le film I Love You, je t'aime de George Roy Hill. Il travaillera notamment sur les musiques de Salvador en 1985 et de Platoon en 1986 pour le réalisateur Oliver Stone. Son séjour américain lui laissa un sentiment d'insatisfaction : il ne trouva pas la liberté de composition nécessaire.

Parallèlement à sa carrière américaine, il continuera de composer pour le cinéma français, dont on retiendra les très belles partitions de Un homme amoureux de Diane Kurys en 1986, le diptyque La Révolution française en 1989 et surtout son magnifique Concerto de l'Adieu composé pour le film Dien Bien Phu en 1992.

Le tombeau familial au Père Lachaise, division 44, porte à l'ombre d'une grande croix une inscription In memoriam.

Georges Delerue meurt à 67 ans d'une attaque cérébrale au Providence Saint Joseph Medical Center (en) de Burbank[6]. Il est enterré au Forest Lawn Memorial Park de Glendale, en Californie[7].

Martin Scorsese utilise le Thème de Camille musique du film Le Mépris dans son film Casino. Catherine Corsini reprendra aussi ses musiques dans son film Partir (2009). Wong Kar Wai, reprendra Julien et Barbara du film Vivement dimanche! dans son film 2046 (2004).

Compositions

Musiques de films

Cette liste est non exhaustive, Georges Delerue a composé des musiques pour 348 films[8] :

Musique de télévision

  • 1958 : L'Alcade de Zalamea, de Marcel Bluwal (TV)
  • 1959 : Macbeth, de Claude Barma (→ INA)
  • 1959 : Marie Stuart, de Stellio Lorenzi (→ INA)
  • 1960 : Andromaque, de Roger Iglésis (→ INA)
  • 1961 : La Reine morte (Henry de Montherland), de Roger Iglésis (→ INA)
  • 1962 : Les Caprices de Marianne (Alfred de Musset), de Claude Loursais (→ INA)
  • 1962 : Le Cid (tragi-comédie de Pierre Corneille), téléfilm de Roger Iglésis (→ INA)
  • 1963: Le Scieur de long, de Marcel Bluwal (→ INA)
  • 1963 : La Surprenante Invention du professeur Delalune, de Marcel Cravenne (→ INA)
  • 1964 : Les Indes noires de Marcel Bluwal (→ INA)
  • 1964 : Woyzeck, de Marcel Bluwal (→ INA)
  • 1967 : Le Secret de Wilhelm Storitz de Éric Le Hung1967 :
  • 1967 : Les Aventures de Huckleberry Finn (Mark Twain), de Marcel Cravenne (→ INA)
  • 1968 : Thibaud ou les Croisades de France Bennys et Henri Colpi
  • 1969 : Fortune de Louis Falavigna et Bernard Dabry
  • 1969 : Jacquou le Croquant de Stellio Lorenzi
  • 1971 : Adieu mes quinze ans de Claude de Givray
  • 1972 : Les Rois maudits de Claude Barma
  • 1972 : L'Homme qui revient de loin de Michel Wyn
  • 1974 : Paul et Virginie de Pierre Gaspard-Huit (feuilleton télévisé)
  • 1974: La Cloche tibétaine de Michel Wyn (mini série télévisée)
  • 1975 : Splendeurs et misères des courtisanes (mini-série) de Maurice Cazeneuve
  • 1975 : Les Compagnons d'Eleusis de Claude Grinberg
  • 1975 : Paul Gauguin (mini-série) de Roger Pigaut
  • 1976 : Milady de François Leterrier
  • 1977 : Le Chandelier (téléfilm) de Claude Santelli
  • 1978 : Photo souvenir (téléfilm) d'Edmond Séchan
  • 1978 : Madame le juge de Nadine Trintignant (série TV), épisode : Un innocent
  • 1978 : Messieurs les ronds-de-cuir (téléfilm) de Daniel Ceccaldi
  • 1980 : Les Chevaux du soleil de François Villiers
  • 1980 : Les Visiteurs (mini-série) de Michel Wyn
  • 1980 : Fantômas de Claude Chabrol
  • 1980 : Arsène Lupin joue et perd d'Alexandre Astruc
  • 1981 : Le Mythomane de Michel Wyn
  • 1985 : Amos, le grand-père justicier (Amos) de Michael Tuchner
  • 1986 : L'Épée de Gédéon de Michael Anderson
  • 1986 : Saison 1 d'Histoires fantastiques, épisode 18 "Dorothy et Ben" de Thomas Carter
  • 1986 : Sin of Innocence de Arthur Allan Seidelman
  • 1987 : Les Rescapés de Sobibor de Jack Gold
  • 1987 : Queenie, la force d'un destin de Larry Peerce
  • 1991 : The Josephine Baker Story de Brian Gibson

Musiques de documentaires

  • 1952 : Les ingénieurs de la mer de Jean Raynaud (documentaire)
  • 1952 : Nos soldats en Afrique noire du Service cinématographique des armées (documentaire)
  • 1952 : Paysages antarctiques de Luc-Marie Bayle et Jean Rouilly (documentaire)
  • 1953 : L'Aventure et ses terre-neuvas de André Nester (documentaire)
  • 1953 : Madagascar, terre de traditions et d'avenir du Service cinématographique des armées (documentaire)
  • 1953 : Soldats du Maroc de Bernard Simiot (documentaire)
  • 1978 : Le Testament de l’île de Pâques de Jacques-Yves Cousteau (documentaire)
  • 1979 : Le Nil de Jacques-Yves Cousteau (documentaire)
  • 1987 : Tours du monde, tours du ciel de Robert Pansard-Besson (documentaire d'astrophysique et de cosmologie)

Œuvres pour la scène

Opéras

  • Ariane
  • Le Chevalier de neige
  • Une regrettable histoire
  • Médis et Alyssio

Théâtre

  • L'Alcade de Zalamea
  • La Princesse d'Elide de Molière (mise en scène de Jacques Charron, réalisation pour la télévision par Jeannette Hubert - 1970)

Ballets

  • L'Emprise
  • Conte cruel
  • La Leçon
  • Les Trois Mousquetaires

Spectacle

Œuvres chorales

  • Prières pour les temps de détresse, pour baryton solo, chœur mixte et ensemble instrumental - partition éditée aux Éditions À Cœur Joie (création aux Choralies de Vaison-la-Romaine en 1983) [12]

Musique pour orchestre

  • Panique, mouvement symphonique
  • Suite de danses
  • Concertino pour trompette et orchestre à cordes
  • Triptyque sur des thèmes roumains
  • Suite d'orchestre pour la libération de Paris
  • Variations libres pour un libre penseur sur le nom de Ludwig van Beethoven
  • Concertino pour piano et orchestre à cordes
  • Symphonie concertante pour piano et orchestre
  • Concerto pour piano et orchestre
  • Dialogue concertant pour trompette, trombone et orchestre
  • Prélude et danse pour hautbois et orchestre à cordes
  • Concerto pour cor et orchestre à cordes
  • Concerto pour trombone ténor et orchestre à cordes
  • Concerto pour quatre guitares et orchestre
  • Concerto de l'adieu, pour violon et orchestre

Musique de chambre

  • Quatuor pour piano et cordes
  • Deux quatuors à cordes
  • Mouvement pour percussion et piano
  • Poème fantasque pour cor et piano
  • Concertino pour deux pianos
  • Vitrail pour quintette de cuivres
  • Sonate pour trompette et orgue

Distinctions

César du cinéma

  • Césars 1977 : double nomination au César de la meilleure musique originale pour Le Grand Escogriffe et Police Python 357
  • Césars 1979 : César de la meilleure musique pour le film Préparez vos mouchoirs
  • Césars 1980 : César de la meilleure musique pour le film L'Amour en fuite
  • Césars 1981 : César de la meilleure musique pour le film Le Dernier Métro
  • Césars 1983 : nomination au César de la meilleure musique originale pour La Passante du Sans-Souci
  • Césars 1984 : nomination au César de la meilleure musique originale pour L'Été meurtrier
  • Césars 1993 : nomination au César de la meilleure musique originale pour Diên Biên Phu

Oscar du cinéma

Golden Globes

  • 1969 : nomination au Golden Globe de la meilleure musique de film Anne des mille jours
  • 1973 : nomination au Golden Globe de la meilleure musique de film Le Jour du dauphin
  • 1979 : nomination au Golden Globe de la meilleure musique de film A Little Romance

Notes et références

  1. G. Delerue, cité in Gimello, op. cité.
  2. 1 2 3 4 « Biography : itinéraire d'un élève doué, p. 1 ».
  3. 1 2 3 « Biography : itinéraire d'un élève doué, p. 2 ».
  4. 1 2 3 4 5 « Biography : itinéraire d'un élève doué, p. 3 ».
  5. N. Guillot, « Georges Delerue/Roger Désormière : leçon de direction d'orchestre », Comité Roger Désormière, novembre 2015.
  6. (en) Burt A. Folkart, « G. Delerue; Maestro of Film Scores », Los Angeles Times, Los Angeles, (consulté le ).
  7. (en) « Georges Delerue », sur Find a Grave
  8. Filmographie sur ciné ressources
  9. réédition en 1952 du film Un chapeau de paille d'Italie sorti en 1928
  10. réédition en 1952 du film Les Deux Timides sorti en 1928
  11. réédition en 1989 du film Casanova sorti en 1927
  12. « Partition Prières pour les Temps de Détresse - 4 Voix Mixtes - chœur Piano », sur www.editionsacoeurjoie.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Frédéric Gimello-Mesplomb (trad. David Hocquet, préf. Oliver Stone), Georges Delerue : une vie, Hélette, J. Curutchet, , 277 p. (ISBN 2-904348-78-6).
  • Bernard Grelle (dir.), Georges Delerue, Roubaix, la Médiathèque, coll. « Rencontre avec... » (no 35), , 31 p.
  • Vincent Perrot (préf. Philippe de Broca), Georges Delerue, de Roubaix à Hollywood, Chatou, Carnot, coll. « Musique & cinéma », , 253 p. (ISBN 2-84855-100-3).
  • Daniel Bastié, Georges Delerue, la musique au service de l'image, Éd. Grand Angle, 2014.

Liens externes