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Léon Gambetta
Illustration.
Léon Gambetta (photographie d’Étienne Carjat).
Fonctions
Président du Conseil des ministres français

(2 mois et 16 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Gambetta
Législature IIIe
Prédécesseur Jules Ferry
Successeur Charles de Freycinet
Ministre des Affaires étrangères

(2 mois et 16 jours)
Président du Conseil Lui-même
Gouvernement Gambetta
Prédécesseur Jules Barthélemy-
Saint-Hilaire
Successeur Charles de Freycinet
Président de la Chambre des députés

(2 ans, 8 mois et 26 jours)
Législature IIe
Prédécesseur Jules Grévy
Successeur Henri Brisson
Ministre de l'Intérieur

(5 mois et 2 jours)
Président du Conseil Louis Jules Trochu
Gouvernement Défense nationale
Prédécesseur Henri Chevreau
(Second Empire)
Successeur Emmanuel Arago
Député

(1 an, 8 mois et 23 jours)
Élection 24 mai 1869
Réélection 8 février 1871
Circonscription Bouches-du-Rhône (1869-1871)
Bas-Rhin (1871)

(11 ans, 5 mois et 29 jours)
Élection (élection partielle)
Réélection 5 mars 1876
28 octobre 1877
4 septembre 1881
Circonscription Seine
Biographie
Nom de naissance Léon Michel Gambetta
Date de naissance
Lieu de naissance Cahors (France)
Date de décès (à 44 ans)
Lieu de décès Sèvres (France)
Sépulture Cimetière du Château (Nice)
Nationalité Sarde (jusqu'en 1859) Française (à partir de 1859)
Parti politique Républicains modérés
Diplômé de Faculté de droit de Paris
Profession Avocat

Signature de Léon Gambetta

Léon Gambetta, né le à Cahors et mort le à Sèvres, était un homme d’État français. Il est l'une des personnalités politiques les plus importantes des premières années de la Troisième République française.

Avocat, opposant au Second Empire, élu député en 1869, il défend le « programme de Belleville », qui est assez radical (extension des libertés publiques, séparation des Églises et de l’État, vote de l'impôt sur le revenu, élection des fonctionnaires, suppression des armées permanentes, etc.).

Le , après la défaite de Sedan et depuis l'hôtel de ville de Paris, il proclame le retour de la République. Le suivant, ministre de l'Intérieur du gouvernement de la Défense nationale, il quitte en ballon la capitale, assiégée par les troupes prussiennes, afin d'organiser les combats en province.

Après le traité de Francfort, il contribue à la pérennisation du régime républicain. Devenu une figure des républicains modérés, il est président de la Chambre des députés de 1879 à 1881, puis président du Conseil et ministre des Affaires étrangères pendant deux mois entre 1881 et 1882, sous la présidence de Jules Grévy, avec qui son inimitié est de notoriété publique.

Léon Gambetta meurt moins d'un an après avoir quitté la tête du gouvernement, à l'âge de 44 ans.

Biographie

Naissance et origines

Léon Michel Gambetta naît le à Cahors, au domicile de ses parents Joseph Nicolas Gambetta et Marie-Magdeleine Massabie[1],[2]. Sa famille paternelle est d'origine italienne. Son grand-père Giovanni-Battista Gambetta, né à Celle Ligure, un village de pêcheurs situé à 40 kilomètres de Gênes, vend des huiles, des pâtes et des poteries dans le sud-ouest de la France en naviguant le long du canal du Midi, de la Garonne, du Lot et du Tarn[1]. En 1818, il s'installe avec sa femme et ses enfants à Cahors, où il ouvre un commerce de faïences et d'épicerie. À l'âge de 10 ans, Joseph, le père de Léon, respecte la tradition familiale et s'engage comme mousse sur un voilier génois. Il navigue notamment jusqu'au Chili. Quelques années plus tard, il reprend le commerce de son père avec son frère Michel[1].

En 1837, Joseph Gambetta épouse Marie-Magdeleine-Orazie Massabie, la fille orpheline d'un pharmacien du village de Molières dans le Tarn-et-Garonne. Elle issue d'un milieu social plus aisé que Joseph, son père descendant d'une famille de paysans enrichis tandis que sa mère est issue de la petite noblesse du Quercy[1]. Selon l'un des biographes de Léon Gambetta, Daniel Amson, il s'agit d'un mariage de raison[3]. Peu de temps après leur mariage, Joseph Gambetta ouvre un nouveau commerce à proximité de la cathédrale de Cahors, le « Bazar génois »[1]. Le couple a deux enfants : Léon, l'aîné, et sa sœur cadette, Benedetta, née en 1848[4].

  • Joseph Gambetta, le père de Léon - A.Vincent - Musée de Cahors Henri-Martin
    Joseph Gambetta, le père de Léon - A.Vincent - Musée de Cahors Henri-Martin
  • Marie-Magdelaine Massabie, épouse Gambetta, la mère de Léon.
    Marie-Magdelaine Massabie, épouse Gambetta, la mère de Léon.
  • Plaque 7, rue de Tournon (Paris), où il vit de 1858 à 1861.
    Plaque 7, rue de Tournon (Paris), où il vit de 1858 à 1861.

Enfance et formation

Jeunesse provinciale (1838-1856)

À l'âge de 4 ans, Léon Gambetta entre à l'école des pères des Sacrés-Coeurs de Picpus, où il apprend à lire et à écrire. À 8 ans, il contracte une sévère péritonite qui manque de le tuer. L'infection, mal soignée, lui cause de sérieux troubles digestifs tout au long de sa vie, et entraîne son décès prématuré[4].

En 1847, son père l'inscrit au petit séminaire de Montfaucon, non par piété ni pour le destiner à la prêtrise, mais parce qu'il est un des fournisseurs de l'économat de cette institution et qu'à ce titre il bénéficie de frais de scolarité avantageux[4]. Lors de sa première année, en classe de huitième, ses résultats sont moyens : Léon Gambetta travaille peu car il apprend vite, sa tenue est négligée et ses devoirs sont peu soignés. En classe de septième, il se montre plus assidu et obtient le premier prix de lecture, ainsi que des accessits en version latine, en histoire, en géographie et en écriture[4]. Malgré son comportement turbulent, ses maîtres remarquent ses qualités : « Conduite : dissipé. Application : médiocre. Caractère : très bon, très léger, enjoué, espiègle. Talent : remarquable, intelligence très développée »[5].

Le jeune élève se montre particulièrement à l'aise au milieu de ses camarades et témoigne d'un intérêt pour la politique étonnant pour son âge, se montrant particulièrement critique à l'égard de Louis-Napoléon Bonaparte lors de l'élection présidentielle de 1848[4]. Cet intérêt pour la politique lui vient de sa propre famille, située plus à gauche que son environnement social : son père, bien que peu cultivé, lit Voltaire et soutient l'unité italienne, tandis que sa mère lui fait lire dans sa jeunesse des articles du journaliste libéral et républicain Armand Carrel[4].

Pendant les vacances scolaires de 1849, Léon Gambetta est victime d'un accident en regardant travailler le coutelier voisin du commerce de son père. Un éclat d'acier lui fait perdre l'usage de son œil droit[6],[7]. Il sera énuclé avec succès[8] en 1867 par le docteur Louis de Wecker[9].

Cet accident affecte sa scolarité et joue sur son humeur. Après avoir manqué l'entrée en sixième, il manque de se faire renvoyer après avoir mis le feu à une effigie de Louis-Napoléon Bonaparte dans la cour du petit séminaire, en pleine nuit, pour impressionner ses camarades. Souvent absent pour faire soigner son œil, il manque des compositions générales et ses résultats déclinent, ce qui le contraint au redoublement. Il obtient d'excellents résultats lors de sa deuxième année de sixième et ce dans toutes les matières[10].

À la rentrée d'octobre 1851, Léon Gambetta poursuit ses études au lycée de Cahors où il est directement admis en quatrième. Lors de ses deux premières années dans cet établissement, il n'est guère studieux et ses résultats sont plutôt moyens. Il se distingue en revanche par l'ascendant qu'il prend sur ses camarades, en véritable meneur. Sous l'impulsion de son professeur de lettres, ses résultats s'améliorent à partir de la seconde. Il se passionne pour la littérature française, l'histoire et le grec, apprenant par cœur plusieurs discours de Démosthène. Il reçoit de nombreux prix et obtient sans difficulté la première partie de son baccalauréat en 1855 puis, l'année suivante, il décroche un premier accessit de dissertation française au concours général des cinq lycées de l'Académie de Toulouse, et son titre de bachelier ès lettres[11],[12].

Pendant l'été 1856, Léon Gambetta voyage avec son père en Italie pour y découvrir la terre de ses ancêtres. Il y rencontre notamment pour la première fois sa grand-mère maternelle[13]. Refusant de reprendre le commerce de son père, il finit par le convaincre de le laisser s'inscrire à la faculté de droit de Paris en [13].

Études de droit à Paris (1857-1861)

À Paris, Léon Gambetta mène une existence relativement pauvre car son père, qui lui reproche de vouloir faire carrière autrement que dans le commerce et l'accuse de mener une vie dissolue, ne lui octroie qu'une faible pension. Assez mal nourri et mal logé, le jeune réussit néanmoins ses examens[14]. Il obtient sa licence en , quelques mois après avoir acquis la nationalité française, en [15],[16].

Pendant ses études, il fréquente régulièrement les cafés du Quartier latin, hauts lieux de socialisation, comme le café Voltaire ou le café Procope. Il s'y distingue par ses talents oratoires et sa voix porte qui impressionne ses interlocuteurs[16]. En 1860, il publie un premier article non signé sur la question italienne dans L'Opinion nationale, un journal de tendance républicaine[16]. En , il passe en conseil de révision mais il est exempté du service militaire à cause de son œil aveugle[16].

Alors que son père, qui le présente dans une de ses lettres comme un « orateur d'estaminet »[16], le presse de rentrer à Cahors, Léon Gambetta peut compter sur l'appui de plusieurs membres de sa famille. Un compromis est trouvé : sa tante est envoyé à ses côtés pour tenir son foyer et le surveiller[16]. Il emménage avec elle dans un appartement de quatre pièces de la rue Vavin et sa situation matérielle s'améliore[17]. Faute de pouvoir s'établir comme avocat, il s'inscrit en doctorat pour devenir professeur. Il échoue cependant à son examen de droit romain[16].

Avocat opposant au régime (1861-1869)

Portrait carte-de-visite de Léon Gambetta par Légé : borgne avec un œil de verre, il se fit toujours représenter de profil gauche[18].

En , Léon Gambetta est engagé comme secrétaire par maître de Jouy, l'un des meilleurs avocats de Paris. Au début du mois de juin, il prête serment et fait son entrée au barreau de Paris, présenté par le bâtonnier Jules Favre qui est également le chef de l'opposition républicaine au régime impérial[19]. Il plaide au conseil de guerre mais également dans des affaires civiles ou des affaires pénales et obtient plusieurs acquittements. Il est alors admis à la célèbre Conférence Molé où il rencontre des hommes d'affaires et des personnalités politiques comme les députés républicains Ernest Picard et Émile Ollivier[19].

Toujours passionné de politique, il assiste aux débats du Corps législatif et en , il écrit une « adresse à la jeunesse de France et d'Italie » après la mort de Camillo Cavour. Cette lettre, qui encourage les Italiens à se rapprocher du roi Victor-Emmanuel II pour parachever l'unité italienne, reçoit un accueil favorable dans l'opinion publique[19]. En , Léon Gambetta livre une plaidoirie remarquée lors du procès dit des « cinquante-quatre », une affaire de complot présumé visant à enlever l'empereur Napoléon III pour laquelle plaident des figures du barreau républicain comme Adolphe Crémieux, Emmanuel Arago, Jules Ferry ou Charles Floquet, et des plus jeunes comme Eugène Spuller et Clément Laurier. Gambetta défend l'un des accusés, Louis Buette, un jeune ouvrier républicain, en dénonçant la police, ses agents et leurs méthodes[20],[21]. Cette prestation lui vaut de rejoindre le cabinet d'Adolphe Crémieux au mois d'octobre suivant en tant que secrétaire[20].

En , Léon Gambetta emménage avec sa tante dans un appartement du no 45 de la rue Bonaparte. À la même époque, il s'engage activement dans la campagne des élections législatives et intègre le comité chargé de désigner les candidats de l'opposition. Bien que républicain, il soutient la candidature de l'orléaniste Lucien-Anatole Prévost-Paradol dans la sixième circonscription de la Seine, qui est finalement battu. Ces élections sont cependant un succès pour l'opposition qui triple son score en nombre de voix par rapport au dernier scrutin et obtiennent 32 sièges contre 7 dans la précédente législature[22].

Léon Gambetta poursuit son activité professionnelle et, bien qu'il soit reconnu comme un bon avocat et qu'il remporte de nombreuses affaires, ses revenus sont modestes. Sa véritable passion demeure la politique et il continue de fréquenter les couloirs du Corps législatif où les députés républicains le traitent presque en collègue. Il fait cependant preuve d'ouverture et de pragmatisme quand il approuve le discours de l'orléaniste Adolphe Thiers sur les « libertés nécessaires »[23]. Gambetta envisage lui aussi de faire carrière en politique et se constitue peu à peu un groupe d'amis pour l'accompagner dans ce projet, parmi lesquels Eugène Spuller, avocat comme lui, Arthur Ranc, ancien déporté, François Allain-Targé qui l'introduit dans les milieux mondains, et Paul Challemel-Lacour, fondateur de La Revue politique et littéraire, qui lui ouvre les colonnes de son journal[23],[23][24]. Gambetta y publie des articles à partir de , notamment sur le libre-échange, le général Grant ou la gestion financière du baron Haussmann pour les travaux de Paris[23]. Il fréquente également le salon politico-littéraire de Juliette Adam et voyage à l'étranger pour parfaire ses relations : durant l'été 1868, il rend visite en Roumanie au prince Georges III Bibesco, muni d'une lettre de recommandation de Thiers[23].

En , le procès de « l'affaire Baudin » le fait connaître au grand public. Il y défend Charles Delescluze, journaliste républicain inculpé pour avoir ouvert, avec trois autres personnalités, une souscription publique afin d'ériger un monument à la mémoire d'Alphonse Baudin, député de la Deuxième République, mort le sur les barricades en s'opposant au coup d'État de Napoléon III. Gambetta, qui s'exprime en dernier, prononce une plaidoirie virulente contre les fondements de l'Empire. Il dénonce fermement les emprisonnements et les déportations qui ont suivi le coup d'État et défend la mémoire de ceux qui l'ont payé de leur vie : « Cet anniversaire […] nous le prenons pour nous : nous le fêterons toujours, incessamment, chaque année ce sera l’anniversaire de nos morts, jusqu’au jour où le pays redevenu le maître vous imposera la grande expiation nationale au nom de la liberté, de l’égalité, de la fraternité ». Avant de se rasseoir, il conclut : « Vous pouvez nous frapper, mais vous ne pourrez jamais ni nous déshonorer ni nous abattre »[25],[26]. Ce plaidoyer vibrant soulève l'enthousiasme de l'auditoire et connaît un certain retentissement dans l'ensemble du pays après sa reproduction en plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires[25]. Delescluze est condamné à six mois de prison et 2 000 francs d'amende, mais l'impact politique du discours érige Gambetta en espoir du parti républicain[27],[25].

  • Léon Gambetta dans les années 1860.
    Léon Gambetta dans les années 1860.
  • Gambetta plaidant pour Charles Delescluze au procès Baudin, le 14 novembre 1868.
    Gambetta plaidant pour Charles Delescluze au procès Baudin, le .

Carrière politique

Député républicain (1869-1870)

Léon Gambetta incarne alors l'aile radicale chez les républicains et sa popularité grandissante en fait l'un de leurs principaux candidats pour les élections législatives de 1869[28]. La loi autorisant les candidatures multiples[29], il décide de se présenter dans la première circonscription de la Seine, dont le centre est le quartier populaire de Belleville, ainsi qu'à Marseille[28]. Dans cette circonscription laissée vacante par le décès du député légitimiste Pierre-Antoine Berryer quelques mois plus tôt, il doit affronter le candidat impérial Ferdinand de Lesseps, créateur du canal de Suez, et l'orléaniste Adolphe Thiers. À Belleville, il est opposé à l'ancien ministre de l'Instruction publique et des cultes, Hippolyte Carnot[28].

Il énonce son programme électoral, connu sous le nom de « programme de Belleville », lors d'un discours à Paris dont le texte est ensuite publié dans le journal L'Avenir national le . Parmi les thèmes exposés dans ce qui servira de cadre pendant de longues années aux républicains, figurent l'application stricte du suffrage universel, la garantie des libertés individuelles et l'extension des libertés publiques, en particulier la liberté de réunion, de presse et d'association, la la séparation des Églises et de l'État, l'instruction primaire gratuite et obligatoire, mais également le mandat impératif imposé à l'élu, l'élection des fonctionnaires et la suppression des armées permanentes[28].

Le , Léon Gambetta est élu à Paris par 21 734 voix contre 9 142 à Carnot. À Marseille, il arrive en tête du premier tour devant Lesseps et Thiers. Ce dernier se retirant à son profit, il est finalement élu au second tour par 12 868 voix contre 5 066 à Lesseps. Vainqueur dans deux circonscriptions, Gambetta choisit de représenter la préfecture des Bouches-du-Rhône et laisse vacant son siège de Belleville, qui sera pourvu plus tard par Henri Rochefort. Ces élections législatives marquent une forte progression des oppositions en nombre de voix, mais également en siège. Les républicains en remportent 30, soit 13 de plus que lors de la précédente législature. Les orléanistes et les légitimistes comptent 41 sièges tandis que les bonapartistes recueillent 212 sièges dont seulement 92 aux partisans d'un régime autoritaire et 120 aux membres du « tiers parti » d'Émile Ollivier, favorables à l'évolution libérale du régime[28].

À la même époque, en mai 1869, il est initié franc-maçon à la loge « La Réforme » au Grand Orient de France à Marseille[30], à laquelle appartiennent également Gustave Naquet et Maurice Rouvier.

Après une campagne électorale éreintante, la santé de Léon Gambetta se dégrade brutalement. Sur les conseils du docteur Fieuzal, il séjourne dans la station thermale rhénane d'Ems puis au bord du lac Léman, en Suisse[31]. Il regagne Paris à la fin du mois d'octobre et s'installe avec sa tante au no 12 de l'avenue Montaigne[31].

Ses premiers pas au Corps législatif sont remarqués[32]. Le , lors d'un échange avec le ministre de la Guerre Edmond Le Bœuf, il prône l'instauration d'un régime républicain et déclare : « Vous n'êtes qu’un pont entre la République de 1848 et la République à venir, et nous passerons le pont[33] ! » À la Chambre, il s'oppose régulièrement à Émile Ollivier, l'ancien républicain rallié au régime et nommé chef du gouvernement[34]. Son discours critique du contre le sénatus-consulte fixant la Constitution de l'Empire, soumis au plébiscite, trouve un large écho parmi les opposants du régime[35]. Ses talents d'orateur sont unanimement salués par la presse et en quelques mois seulement, Léon Gambetta s'impose comme le chef du parti républicain[32].

Il fait campagne en faveur du non au plébiscite du mais le oui l'emporte largement avec 7 358 000 voix sur près de 11 millions d'inscrits, l'abstention dépassant même le nombre de voix en faveur du non. Gambetta reconnaît la défaite et déclare que l'Empire paraît alors plus fort que jamais[36],[37]. La guerre contre la Prusse précipite pourtant sa chute moins de quatre mois plus tard[38].

Proclamation de la Troisième République (1870)

Gravure montrant un homme debout sur un balcon haranguant la foule à ses pieds, tandis que plusieurs hommes se tiennent en retrait derrière lui dans la pièce.
Léon Gambetta proclamant la République à l'hôtel de ville de Paris, le .

Dans un contexte de tensions diplomatiques avec la Prusse, ravivées par la candidature du prince Léopold de Hohenzollern au trône d'Espagne[39], le gouvernement impérial exige des garanties sur l'avenir de la part du roi Guillaume Ier[40],[41]. Le chancelier Otto von Bismarck, pour qui la guerre contre la France apparaît comme un moyen de parachever l'unification allemande, met de l'huile sur le feu en faisant transcrire dans la dépêche d'Ems une version dédaigneuse de la réponse formulée par le roi à l'ambassadeur de France. L'opinion publique s'enflamme et le Corps législatif, dans sa grande majorité, se montre favorable à la déclaration de guerre[41].

Parmi les rares voix discordantes figure celle de Léon Gambetta qui, à la tribune, condamne le refus du gouvernement de produire les documents témoignant de sa bonne foi quand il affirme que le pays a été outragé[41][42]. Par instinct patriotique, il se décide pourtant à voter les crédits de guerre le [43],[44], la déclaration intervenant quatre jours tard[41]. Dans une lettre adressée à son ami Clément Laurier, Léon Gambetta affiche d'ailleurs sa confiance et la conviction que le pays sortira vainqueur du conflit[44].

L'armée française connaît cependant une véritable déroute. Après la démission d'Émile Ollivier le , Léon Gambetta s'exprime plusieurs fois devant le Corps législatif pour demander la nomination d'un comité de défense et pose la question de la déchéance de l'empereur, du moins de sa suspension : « Il faut savoir si, ici, nous avons fait notre choix entre le salut de la patrie et le salut de la dynastie »[45].

Quand la nouvelle de la capitulation de l'empereur après la défaite de Sedan parvient à Paris le , Léon Gambetta fait partie d'un groupe de réublicains qui tentent de convaincre Adolphe Thiers de prendre la tête d'un gouvernement d'union et de défense[46]. Le soir même, alors que de nombreux Parisiens se rassemblent devant les grilles du palais Bourbon, où siège le Corps législatif, il tente de rassurer la foule pour prévenir tout risque d'émeute[47]. Les députés républicains maintiennent leur doctrine qui consiste à prendre le pouvoir par les urnes, de façon démocratique, et ne veulent pas encore d'une révolution qui discréditerait la république[48]. Pourtant, la situation évolue précipitamment dans l'après-midi du lorsque la foule envahit le palais Bourbon pendant la séance du Corps législatif. Gambetta, qui veut garder le contrôle de la situation, fait preuve d'opportunisme. Il monte à la tribune et annonce la chute de l'Empire : « Citoyens, attendu que tout le temps nécessaire a été donné à la représentation nationale pour prononcer la déchéance ; attendu que nous sommes et que nous constituons le pouvoir régulier issu du suffrage universel libre, nous déclarons que Louis-Napoléon Bonaparte et sa dynastie ont à jamais cessé de régner sur la France[48]. »

Il prend alors avec Jules Favre la tête du cortège qui se dirige vers l'hôtel de ville pour y proclamer la République[48]. En agissant de la sorte, Favre et Gambetta veulent devancer les meneurs d'extrême gauche comme Auguste Blanqui, Jean-Baptiste Millière, Charles Delescluze ou Gustave Flourens qui pourraient profiter des circonstances pour renverser l'ordre social. Sans en être les déclencheurs, les députés républicains choisissent alors de prendre la tête du mouvement révolutionnaire pour tenter de l'endiguer[49].

Gouvernement de la Défense nationale (1870-1871)

Entrée en fonction et délégation de Tours
Gambetta et les autres membres du gouvernement de la Défense nationale.

Les députés républicains s'emparent du pouvoir et décident la création d'un gouvernement de la Défense nationale sous la présidence du général Trochu, gouverneur militaire de la capitale. Ce gouvernement autoproclamé d'une dizaine de membres compte principalement des députés parisiens[50]. Malgré la protestation d'Ernest Picard, Léon Gambetta s'arroge le ministère de l'Intérieur[51].

La première mission du nouveau gouvernement consiste à mobiliser tous les hommes en âge de se battre pour reconstituer les troupes françaises décimées par la défaite de Sedan et l'encerclement dans Metz de l'armée du Rhin. Les troupes prussiennes poursuivent leur progression et la capitale est assiégée dès la mi-septembre[52]. Alors que le pays est envahi, Léon Gambetta est déterminé à organiser la résistance et, pour cela, il cherche à s'appuyer sur des hommes de confiance. Il choisit de révoquer les préfets impériaux et nomme à leur place des militants républicains, avocats ou journalistes, parfois sans expérience pour de tels postes. En une dizaine de jours, 80 préfets sont nommés. À Lyon notamment, où des militants avaient proclamé la république et hissé le drapeau rouge sur l'hôtel de ville dès le matin du , il désigne son ami Paul Challemel-Lacour, professeur agrégé de philosophie, dont il compte sur l'autorité morale pour rétablir l'ordre et apaiser une situation proche de l'insurrection[53],[54],[55].

Tableau de Jules Didier et Jacques Guiaud représentant le départ de Léon Gambetta de Paris le à bord d'un ballon monté (musée Carnavalet).

Soucieux de légitimer sa formation tant aux yeux de la population que des puissances étrangères, le gouvernement envisage d'organiser des élections législatives mais l'avance des troupes prussiennes condamne le projet. Devant la menace du siège de Paris, Adolphe Crémieux est envoyé à Tours le pour y représenter le gouvernement et associer la province à la résistance. Il est rejoint par deux autres ministres six jours plus tard, l'amiral Fourichon et Alexandre Glais-Bizoin. La délégation gouvernementale commence la réorganisation de l'armée et de l'artillerie, mais son action est insuffisante, d'autant plus que le , les Prussiens coupent le câble télégraphique installé dans le lit de la Seine, ce qui prive dès lors Paris de communiquer avec la province. Le gouvernement choisit d'envoyer un nouveau représentant à Tours avec des pouvoirs élargis et une voix prépondérante au sein de la délégation en cas de partage des voix. Léon Gambetta est désigné[56],[57].

Il n'y a d'autre moyen que de quitter la ville en ballon, aussi, le , accompagné de son secrétaire Eugène Spuller, il embarque sur l'Armand-Barbès, piloté par Alexandre Trichet. Le ballon décolle en fin de matinée de la place Saint-Pierre[57],[58] et malgré la menace des tirs prussiens, finit par s'éloigner de la capitale et se poser vers 15 h dans le bois de Favières, sur la commune d'Épineuse dans le département de l'Oise. Le maire de la commune conduit les voyageurs jusqu'à Montdidier, dans la Somme, d'où ils gagnent Amiens puis Rouen par le train. Il parvient à Tours le , où il reçoit un accueil triomphal[57],[59].

Organisation de l'armée
Léon Gambetta en 1870.

Dès le , dans une proclamation aux départements, Léon Gambetta exhorte la population à prendre les armes contre les Prussiens. Ces propos reçoivent un accueil favorable, y compris dans les milieux monarchistes, dont il exalte le sentiment patriotique. De fait, Gambetta s'approprie la fonction de ministre de la Guerre, qu'il cumule avec le ministère de l'Intérieur, et s'entoure d'hommes de confiance en désignant notamment Charles de Freycinet comme délégué du ministre auprès du département de la Guerre. Gambetta et Freycinet procèdent au recrutement de 200 000 hommes dont ils assurent l'équipement et la nourriture, engagent un effort matériel avec un nouvel approvisionnement en armes et en munitions, mettent en place un service de reconnaissance et d'information, ainsi qu'un corps de génie civil. Onze camps sont également créés pour assurer la formation des nouvelles recrues[60]. L'action de Gambetta est alors largement reconnue, comme le souligne le futur président de la République Paul Deschanel : « Gambetta rendit à la nation confiance en elle-même. Sa chaude et virile éloquence, sa foi enthousiaste, remuaient les cœurs […]. La France sentit qu’elle avait un chef, elle se reprit à espérer. Il lui apportait l’énergie et le rayon de la jeunesse. Il croyait, lui, alors que tant d’autres ne croyaient pas. Il animait tout de sa flamme »[61].

Après la reddition du maréchal Bazaine à Metz, qui permet aux Prussiens de concentrer de nouvelles troupes vers l'ouest, le gouvernement veut briser au plus vite le siège de Paris. Malgré le succès de l'armée de la Loire conduite par le général Aurelle de Paladines à Coulmiers le , les opérations militaires tournent de nouveau à l'avantage des Prussiens et le choix des troupes françaises de concentrer leurs efforts sur la capitale apparaît finalement comme une erreur stratégique[62]. Les désaccords entre Gambetta et Aurelle de Pradines entraînent la destitution de ce dernier et la nomination du général Chanzy à la tête des armées[62], mais les efforts déployés par le ministre et ses collaborateurs ne suffisent pas à contrer la supériorité numérique et matérielle de l'ennemi[63].

Le caricaturiste accentue la proéminence de la prothèse oculaire de Gambetta, notamment lorsqu’il le dessine en bicorne[18].
Repli à Bordeaux et démission

Devant l'avancée de l'armée prussienne et la perte d'Orléans, la délégation doit quitter Tours et s'installe à Bordeaux, le . Gambetta la rejoint deux jours plus tard mais, gardant espoir en une victoire française, il multiplie les déplacements pour réorganiser les armées, notamment à Bourges, Lyon, Laval mais également Lille, où il se rend par la mer. Les efforts de l'armée du Nord et de l'armée de l'Est ne permettent cependant pas de rompre le siège de la capitale, où les Parisiens meurent de froid et de faim. L'optimisme de Gambetta se heurte à l'aspiration à la paix, devenue majoritaire dans la plupart des régions[64].

Paris étant à court de vivres et bombardé depuis le , Jules Favre signe, pour le gouvernement provisoire, un armistice de vingt-et-un jours le [64]. Gambetta s'élève contre les conditions imposées par le chancelier Bismarck, notamment l'abandon d'une partie du territoire et adresse un courrier au gouvernement à Paris : « Capituler comme gouvernement, vous ne le pouvez ni en droit ni en fait. Poursuivre la guerre jusqu’à l’affranchissement […] telle doit être notre tâche »[65]. Quand la nouvelle de l'armistice parvient à Bordeaux le , Gambetta, furieux et découragé, écrit une lettre de démission à Adolphe Crémieux qui lui demande l'arrivée de Jules Simon en tant qu'émissaire du gouvernement[64].

Entre-temps, le , Gambetta prévoit l'organisation des élections législatives et décrète l'inéligibilité des anciens ministres, sénateurs, conseillers d'État, préfets et candidats officiels de l'Empire, ce qui provoque la colère de Bismarck qui menace le gouvernement de rompre l'armistice. Le , Jules Simon arrive à Bordeaux pour mettre fin aux fonctions de Gambetta et, si besoin, l'arrêter. Ce dernier compte encore sur le soutien des membres de la délégation et de nombreux préfets. Les autorités lyonnaises lui proposent de s'y installer pour mener la résistance, mais l'armée est divisée : le vice-amiral Jauréguiberry veut poursuivre la guerre tandis que les généraux Chanzy et Faidherbe se prononcent en faveur de la paix[64].

Le , une manifestation menée par l'extrême gauche se tient devant la préfecture de Bordeaux pour soutenir Gambetta, qui ne veut cependant pas d'une guerre civile qui emporterait la République. Le lendemain, trois autres membres du gouvernement arrivent à Bordeaux pour appuyer Simon, à savoir Eugène Pelletan, Emmanuel Arago et Louis-Antoine Garnier-Pagès[64]. Gambetta préfère démissionner ce [66] et l'annonce aux préfets : « Ma conscience me fait un devoir de résilier mes pouvoirs de membre d'un gouvernement avec lequel je ne suis plus en communion d'idées ni d'espérances »[64].

Instauration de la IIIe République

Opposition et rapprochement avec Thiers
Léon Gambetta (par Étienne Carjat, avant 1876).
Croquis du tribun Gambetta.

Les élections législatives se déroulent le . La loi autorisant les candidatures multiples, Léon Gambetta est élu dans dix départements[note 1] et choisit de représenter le Bas-Rhin par patriotisme. Ce scrutin montre que Gambetta conserve une certaine influence, en particulier dans les grandes villes et les régions de l'est, mais le grand vainqueur en est Adolphe Thiers, élu dans vingt-six départements et qui devient le chef du pouvoir exécutif, au sein d'une Assemblée nationale largement dominée par les monarchistes[67].

Léon Gambetta s'associe à la protestation des élus alsaciens et lorrains qui s'insurgent de la cession de ce territoire à l'Empire allemand. Le , les préliminaires de paix sont pourtant adoptés par 546 voix contre 107, et 23 abstentions. Le , il démissionne de son mandat, comme l'ensemble des députés alsaciens-lorrains, après la lecture par Jules Grosjean d'une nouvelle proclamation qu'ils ont signée. Par solidarité, des députés de la Gauche radicale démissionnent à leur tour, parmi lesquels Arthur Ranc, Henri Rochefort et Victor Hugo[67].

Fatigué physiquement et moralement, Léon Gambetta se retire à Saint-Sébastien, en Espagne, et c'est de là qu'il assiste, en spectateur, aux événements de la Commune de Paris[68]. Son ami Eugène Spuller le convainc d'effectuer son retour en politique. Candidat aux élections partielles du , il est élu dans les départements du Var, des Bouches-du-Rhône et de la Seine, et choisit de représenter cette dernière circonscription, celle de Belleville où il était élu avant la proclamation de la République. Les premiers discours de Gambetta étonnent par leur modération qui contraste avec la « guerre à outrance » qu'il entendait mener quelques mois plus tôt. Dès lors, il prône l'union des républicains et fait de l'accomplissement de ce régime un idéal qui doit être atteint sans violence[68].

Gambetta est isolé à l'Assemblée : il prend la tête de l'Union républicaine, un groupe parlementaire d'une trentaine de membres, tandis que les « quatre Jules », Ferry, Favre, Simon et Grévy, fondent la Gauche républicaine. Ce dernier est particulièrement virulent à l'égard de Gambetta et leur inimitié est largement reconnue[69]. Ces groupes parlementaires ne sont pas encore de véritables partis politiques : non organisés, ils ne s'appuient pas sur des réseaux de militants et ne dispensent pas de véritables consignes de vote, mais leur existence témoigne d'une grande pluralité d'opinions et de la présence de certaines lignes de fracture parmi les républicains. Léon Gambetta, conscient du faible poids qu'il représente, intervient peu dans l'hémicycle. Il prône cependant la dissolution de l'Assemblée à coloration monarchiste élue pour mettre un terme à la guerre et milite pour l'élection d'une véritable Assemblée constituante, sans succès[69].

Alors que les républicains ne cessent de gagner des sièges lors des élections législatives partielles et que les monarchistes sont toujours divisés entre orléanistes et légitimistes, le président Adolphe Thiers se rapproche de la gauche et se prononce ouvertement en faveur d'une république conservatrice, quoique le pacte de Bordeaux prévoyait qu'il ne prenne pas position sur le futur régime. Gambetta le soutient à plusieurs reprises mais les deux hommes, malgré la convergence de leurs intérêts, continuent de s'opposer[70]. Thiers condamne ainsi le discours dans lequel le député évoque l'avènement d'une couche sociale nouvelle engagée en politique, ce que Thiers considère comme un appel à la guerre des classes. Albert de Broglie, qui prend la tête de la droite conservatrice, assimile l'appel aux couches nouvelles de Gambetta à la Commune et souhaite que Thiers le condamne explicitement, de manière à séparer le président de la République de la gauche. Lors de l'élection législative partielle du , Gambetta soutient à Paris la candidature radicale de l'ancien maire de Lyon, Désiré Barodet, face au candidat soutenu par Thiers et les républicains conservateurs, Charles de Rémusat. Gambetta s'implique personnellement dans la campagne, rédige la profession de foi du candidat, et multiplie les réunions. Son discours séduit à la fois l'extrême gauche et les républicains modérés, et permet à Barodet d'emporter une nette victoire[70].

Ce succès de l'union des gauches inquiète la droite qui souhaite contenir la montée du radicalisme en se débarrassant de Thiers : mis en minorité malgré le soutien de la gauche et de Gambetta, le président de la République démissionne et Patrice de Mac Mahon est élu. La chute de Thiers marque le retour du clivage gauche-droite à l'Assemblée nationale et Gambetta retrouve dès lors son statut de chef de file de l'opposition[70].

Le « commis voyageur de la République »

Dans les premières années de la Troisième République, Léon Gambetta s'efforce d'étendre son influence et de répandre plus largement ses convictions dans la société française. Le , il fonde avec quelques amis le journal La République française, un quotidien qui cherche à concurrencer le Journal des débats, plus libéral. Gambetta n'en est pas le principal rédacteur mais bien l'animateur : il décide du contenu du journal, commande des articles et suggère des modifications aux membres de son équipe qui constituent peu à peu « un contre-gouvernement, un cabinet fantôme de l'opposition, à la britannique », selon l'expression de son biographe Gérard Unger. Tiré à 15 000 exemplaires, La République française rencontre un certain succès, et ses articles sont repris par des journaux républicains locaux, ce qui leur assure une plus grande diffusion[71].

La presse n'est pas le seul instrument utilisé par Gambetta : il s'appuie notamment sur les loges maçonniques, étant membre lui-même de la loge marseillaise « La Réforme », sur la Ligue de l'enseignement dont il est également membre et qui partage son idéal d'éducation laïque et nationale, et sur les salons qu'il fréquente régulièrement, en particulier celui de Juliette Adam. La présence de hauts gradés républicains dans l'administration de l'armée, comme les généraux Chanzy, Faidherbe ou le colonel Denfert-Rochereau, lui vaut la sympathie de ceux qui admirent son patriotisme, tandis qu'il se lie d'amitié avec de grands financiers et industriels comme Emmanuel-Vincent Dubochet[71].

En s'appuyant sur ses talents d'orateur, Léon Gambetta choisit de s'adresser directement aux Français. Il sillonne le pays pour rencontrer les électeurs, assiste aux banquets, multiplie les discours dans lesquels il affirme sa doctrine, et devient alors le « commis voyageur de la République »[72].

Combat contre les monarchistes

Dès son arrivée au pouvoir, Patrice de Mac Mahon entend poursuivre « l'œuvre de la libération du territoire et le rétablissement de l'ordre moral ». Léon Gambetta rédige un appel des représentants républicains à la nation, signé par 128 élus de l'Assemblée, dans lequel il exhorte son camp à ne pas céder à la tentation révolutionnaire pour ne pas assimiler la République à l'anarchie. Face au risque de rétablissement monarchique, il cherche l'union de tous les républicains et se rapproche de nouveau d'Adolphe Thiers et de ses amis, tout en continuant de militant pour la dissolution de l'Assemblée. Considéré comme la « bête noire » du gouvernement, Gambetta sait parfois se mettre en retrait pour servir les intérêts de tous les opposants à la politique réactionnaire du gouvernement de Broglie[73]. Il fait également échouer le projet de loi qui vise à rehausser l'âge de la majorité électorale à 25 ans et à exiger trois ans de résidence pour les électeurs non nés dans une commune, qui serait ainsi défavorable aux républicains en raison de la grande mobilité d'une partie de leur électorat[74].

L'élection d'un candidat bonapartiste, le baron de Bourgoing, face au député radical sortant lors d'une élection partielle dans la Nièvre le démontre la persistance du camp impérial et de son influence au sein de l'opinion. Ancien président du Sénat, le député de Corse Eugène Rouher conduit une propagande active avec son groupe l'Appel au peuple à l'Assemblée. En plus de son combat contre les monarchistes, Léon Gambetta poursuit donc de sa vindicte les représentants d'un « régime détesté et corrupteur », ce qui lui vaut d'être frappé au visage le par un ancien officier de la garde impériale, Henri de Sainte-Croix[74].

Inquiet des tentatives de Restauration monarchique comme de la poussée des bonapartistes, Léon Gambetta fait preuve de pragmatisme et engage l'ensemble des groupes de la gauche républicain à accepter un compromis[75]. L'union des républicains, du centre gauche et du centre droit aboutit aux votes des lois constitutionnelles en janvier et [76]'[77]. Les républicains cèdent sur les pouvoirs du président de la République et le principe du bicamérisme, en acceptant la création du Sénat, mais ils obtiennent la réduction du nombre de sénateurs inamovibles et l'élection de ses autres membres au scrutin indirect par un collège électoral départemental. Le 16 juillet, le vote de la loi sur les rapports entre les pouvoirs publics, qui prévoit les sessions des Chambres et les relations du président de la République avec elles, achève l'organisation du nouveau régime[75]. Tout au long de ce travail parlementaire, Léon Gambetta s'emploie à convaincre les réticents, et agit « en négociateur avisé, en diplomate clairvoyant »[78].

À ses amis qui lui reproche d'avoir renoncé à certains des idéaux républicains et que le prix à payer pour aboutir au compromis s'avère très élevé, il affirme : « Quels que soient les défauts ou les mérites de la Constitution, il faut la consolider et non l'ébranler. C'est une œuvre de paix et de conciliation, qui a été pour les républicains une occasion brillante de montrer leur union apparente. Nous avons bien fait de rompre un instant avec les intransigeants. […] Notre nouvelle née est une œuvre de conciliation, par conséquent de patriotisme. Le pays voit enfin se réaliser ce rapprochement tant désiré qui, s’il s’était opéré il y a soixante, quarante ou seulement trente ans, aurait achevé le cycle de la Révolution française »[78].

Comme à son habitude, Léon Gambetta s'engage fermement dans les combats électoraux en multipliant les déplacements et les discours, qu'il s'agisse des élections sénatoriales ou législatives[79]. En , il profite des désaccords entre le centre droit et le centre gauche pour faire élire 57 républicains parmi les 75 sénateurs inamovibles. Au mois de janvier suivant, 92 républicains sont élus sénateurs, ce qui porte leur total à 149 membres sur les 300 que compte le Sénat, ce qui constitue une victoire pour le camp républicain tant ils redoutaient que la chambre haute soit un bastion conservateur[79]. Dans les jours qui précèdent les élections législatives des et , Gambetta ne ménage pas sa santé. Candidat dans cinq circonscriptions, il sillonne la France et dort fréquemment dans les trains de nuit. Élu dès le premier tour à Lille, Bordeaux, Marseille et Paris, et seulement battu à Avignon, il choisit une nouvelle fois de représenté la circonscription de Belleville. La victoire des républicains est totale, ceux-ci remportant les deux tiers des sièges avec 360 élus dont une centaine de membre de l'Union républicaine de Gambetta[79].

République opportuniste

La crise du 16 mai 1877 : tel un diable à ressort, Gambetta jaillit d'une boîte à surprise devant le président de la République Patrice de Mac Mahon, maréchal dont les opinions monarchistes sont symbolisées par la fleur de lys.
Surmonté d'un bonnet phrygien et du chiffre évoquant les 363 députés républicains, un nuage darde des éclairs sur le président tandis que le représentant de la majorité républicaine à la Chambre des députés prononce la péroraison de son discours lillois du  : « Se soumettre ou se démettre ».
Caricature de Jean Robert, carte postale d'époque.

Au lendemain des élections, Gambetta devient le principal leader de l'opposition mais il suscite encore la méfiance des autres chefs républicains, comme le souligne l'historien Daniel Halévy : « Gambetta avait bien travaillé au succès commun et on l’en félicitait, mais on n’était pas pressé de travailler au sien »[80]. Il accède cependant à la présidence de l'importante commission du budget à l'Assemblée. Il propose notamment d'introduire l'impôt sur le revenu, un projet adopté par la commission mais qui n'est jamais discuté en session plénière dans la mesure où de nombreux députés s'opposent à ce projet, en particulier le ministre des Finances Léon Say[81].

L'unité républicaine est alors loin d'être acquise et Gambetta reçoit des critiques de toutes parts. Sur sa gauche, un groupe de radicaux intransigeants menés par Louis Blanc ne reconnaît plus son autorité et conteste sa position sur l'amnistie partielle des Communards. Ils réclament une amnistie complète, tout comme la fermeture de l'ambassade de France auprès du Vatican et la révision des lois constitutionnelles de 1875[81]. Sur sa droite, Gambetta est aux prises avec la Gauche républicaine de Jules Ferry au sujet de l'organisation des élections municipales de 1877, ce dernier acceptant un compromis que Gambetta rejette et qui permet au président de la République de pouvoir nommer un plus grand nombre de maires[81].

En parallèle, Léon Gambetta développe ses activités de presse afin d'élargir son lectorat. Il accepte l'idée d'Alphonse Péphau de créer La Petite République, un journal lié à La République française et vendu bon marché (5 centimes contre 15), ce qui permet de toucher des lecteurs plus modestes. Péphau organise l'achat d'un hôtel particulier au no 53 de la rue de la Chaussée-d'Antin pour y réunir les deux titres et loger Gambetta. Ce dernier prend d'ailleurs la direction de La Petite République après l'éviction de Péphau pour sa mauvaise gestion financière de l'entreprise[82].

Une première crise éclate en entre la majorité de l'Assemblée et le président de la République Mac Mahon à propos de la loi d'amnistie sur les événements de la Commune, entraînant la démission du cabinet Dufaure et la désignation de Jules Simon comme président du Conseil. Simon qui vient du Centre gauche obtient la majorité à l'Assemblée[83].

La crise rebondit en à l'initiative des évêques catholiques qui exhortent les pouvoirs publics à intervenir en faveur du Pape qui se considère prisonnier du royaume d'Italie. Estimant que Jules Simon manque de fermeté dans cette affaire, Gambetta intervient le à la Chambre contre les doctrines ultramontaines et termine son discours en reprenant la célèbre formule due à Alphonse Peyrat : « Le cléricalisme ? Voilà l'ennemi »[84],[85]. Le , Jules Simon remet sa démission au président de la République, qui la lui a demandée. Ce dernier demande au duc de Broglie de former le nouveau gouvernement et proroge le Parlement pour une période d'un mois.

La dissolution de la Chambre est décidée par Mac-Mahon après avis favorable du Sénat. La campagne est féroce, le gouvernement déplaçant de nombreux préfets et fonctionnaires. Le , Gambetta, dans le discours de Lille, prononce la phrase célèbre : « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre[note 2]. »

Gambetta envisage la démission de Mac-Mahon et de faire appel à Thiers pour lui succéder. Mais Adolphe Thiers meurt le , et c'est le nom de Jules Grévy qui s'y substitue. Les élections législatives du 21 et 1877 confirment la majorité des trois parties de l'Union républicaine (du Centre gauche aux Radicaux)[86].

Mac Mahon commence par se soumettre, au moins quelque temps, mais finit par démissionner en . Jules Grévy lui succède comme président de la République, avec le soutien de tous les républicains. Gambetta remplace Grévy à la présidence de la Chambre des députés. Gambetta siège avec ses amis de l’Union républicaine dans des commissions parlementaires importantes. Ses deux journaux, La République française et La Petite République française, diffusent les idées républicaines modérées. Il met en place ou fédère un réseau d’associations, de comités et de cercles[87].

Oscar Bardi de Fourtou (1836-1897), est élu député le , mais son élection est invalidée le . C'est au cours de cette séance du , que Gambetta accuse monsieur de Fourtou de mensonge. Ce dernier offensé, charge ses témoins, Alexandre Blin de Bourdon (1837-1940) et Robert Mitchell (1839-1916), députés, de demander à Gambetta soit une rétractation ou une réparation par les armes. Gambetta de son côté, demande à François Allain-Targé (1832-1902), et à Georges Clemenceau (1841-1929), de se mettre en rapport avec les témoins de Fourtou. Le duel se fera au pistolet à canon rayé, et à 35 pas avec une seule balle tirée. La rencontre a lieu quelques jours plus tard au Plessis-Piquet par un jour de brouillard. Ils tirent sans aucune égratignure pour les deux protagonistes.

Duel entre Oscar Bardi de Fourtou et Léon Gambetta en 1879, au Plessis-Robinson, illustré par Henri Dupray.

Sa popularité provoque l’inquiétude de certains de ses alliés. Les ferrystes, les libéraux républicains et Jules Grévy s’inquiètent de ses tendances au pouvoir personnel. Les radicaux (Clemenceau) le trouvent trop modéré. À la présidence de la Chambre, il s’aliène une partie de la gauche sans arriver à rassurer la droite[88]. Grévy qui ne l'aime pas[89], évite de faire appel à lui comme chef de gouvernement préférant successivement Waddington, Freycinet, puis Jules Ferry.

La campagne pour les élections législatives d'août-septembre 1881 oppose essentiellement les radicaux aux républicains modérés. Le scrutin est remporté par l'Union républicaine de Gambetta (204 sièges), devant la Gauche républicaine de Jules Ferry, l'extrême-gauche radicale de Clemenceau (46 sièges) et le Centre gauche (39 sièges). Les conservateurs, monarchistes et bonapartistes n'en conservent plus que 90. Jules Ferry et les responsables de la Gauche républicaine décident de s’entendre avec lui. Gambetta doit entraîner à sa suite les hommes de l’Union républicaine et les détacher de l’extrême gauche[90].

Après la chute du gouvernement Ferry sur l'Affaire tunisienne, Grévy n'a plus d'autre choix que d'appeler Gambetta aux affaires.

« Grand ministère »

Portrait de Léon Gambetta par Léon Bonnat (peint en 1888, soit six ans après sa mort[91]).

Léon Gambetta est nommé président du Conseil le , décision qui rassure plus qu'elle n'effraie les financiers[92], en raison de son expérience à la tête de la commission du Budget de l'Assemblée nationale.

À l’origine, il souhaitait mettre en place un cabinet d’« union républicaine », qui aurait rassemblé tous les grands chefs du mouvement, sauf les radicaux. En raison du refus de Léon Say, Freycinet et Ferry, il compose un cabinet Union républicaine, constitué de membres jeunes et relativement peu connus. Gambetta prend aussi le portefeuille des Affaires étrangères. Les autres ministres sont Cazot (Justice), Waldeck-Rousseau (Intérieur), Allain-Targé (Finances), Paul Bert (Instruction publique), Raynal (Travaux publics), Campenon (Guerre), Gougeard (Marine). L’Agriculture (Devès) est séparée du Commerce (Maurice Rouvier). Le secrétariat des Beaux-arts devient un ministère à part entière ; il est confié à Antonin Proust. Adolphe Cochery est nommé aux Postes et Télégraphes. Le gouvernement compte enfin neuf sous-secrétaires d’État, dont Eugène Spuller (Affaires étrangères) et Félix Faure (Commerce et Colonies)[93].

Le nouveau cabinet marque plusieurs innovations significatives. L’Agriculture devient un ministère à part entière. Les Colonies sont détachées de la Marine et rattachées au Commerce. La constitution d’un ministère des Arts est une nouveauté importante, destinée à répandre le goût de la culture et des arts dans les classes populaires ; elle se veut la naissance d’une politique culturelle française ambitieuse et démocratique[94].

Le gouvernement a plusieurs projets de réformes : réorganisation judiciaire, réduction du service militaire, loi sur les associations, création d’institutions de prévoyance et d’assistance, réforme des sociétés financières, développement de l’éducation nationale, réforme des rapports entre l’État et les Églises[95].

L’attitude autoritaire de Gambetta vis-à-vis de la Chambre heurte les parlementaires. La circulaire Waldeck-Rousseau aux préfets et la nomination de personnalités ralliées récemment à la République à des postes importants sont particulièrement critiquées. Cette circulaire visait à affranchir l’administration de la pression des députés. Considérée comme jacobine, elle est critiquée par les républicains libéraux[96].

Léonie Léon en 1875.

Le , Gambetta dépose un projet de réforme constitutionnelle, qui propose de changer le mode de scrutin et de l’inscrire dans la Constitution. Il prévoit aussi d’élargir la base électorale du Sénat et de limiter ses pouvoirs financiers. Le projet est repoussé, certains républicains ayant voté avec les conservateurs. Le gouvernement tombe le [97]. L’échec de son gouvernement montre le refus, par la Chambre, d’un exécutif fort[98].

Rongé par l'asthme et le diabète, Léon Gambetta se retire alors dans sa maison des Jardies à Sèvres, en compagnie de sa maîtresse depuis 1872, Léonie Léon (1838-1906), fille d'un officier créole et ancienne maîtresse de Louis-Alphonse Hyrvoix, directeur de la police des résidences impériales[99].

Mort et obsèques

Gravure antimaçonnique tentant d'accréditer la thèse de l'assassinat de Gambetta (illustration de Pierre Méjanel pour un ouvrage de Léo Taxil, 1886).

Léon Gambetta meurt le dans sa maison des Jardies[100], au 14 rue du Chemin Vert, des suites d'une pérityphlite (inflammation du péritoine du cæcum, découlant probablement d'un cancer de l'intestin ou de l'estomac) diagnostiquée dès le par le professeur Charcot et jugée inopérable[101].

Ses derniers jours sont relatés dans un compte-rendu médical très détaillé du docteur Lannelongue, ami personnel de Gambetta, puisque le il s'était blessé à la main et au bras en s'exerçant à tirer au revolver depuis sa bibliothèque sur une cible au fond du jardin (s'étant fait récemment ridiculiser à un duel au pistolet, il s'imposait cet entraînement) et se trouvait donc sous surveillance médicale constante. Cela n'empêche pas la presse des opposants de Gambetta (Léon Daudet, Henri Rochefort[102]) d'accuser Léonie Léon d'avoir tiré sur son amant dans une crise de jalousie[103]. Cette presse sous-entend aussi qu’il y a eu un complot maçonnique ou que Gambetta est accidentellement intervenu pour éviter une tentative de suicide au revolver de sa maîtresse à la suite d'une lettre qu'il avait reçue, révélant qu'elle était un agent des Henckel proches de Bismarck (comme le soupçonne la conseillère et égérie de Gambetta Juliette Adam)[104]. C'est également la thèse soutenue quarante ans plus tard par Léon Daudet dans son roman : Le Drame des Jardies. La blessure par balle n'était pas très grave, mais Gambetta souffrait depuis longtemps de sévères troubles gastriques et intestinaux. À l'âge de 11 ans déjà il avait failli mourir d'une péritonite[105].

Après une autopsie au cours de laquelle les amis de Léon Gambetta se partagent ses restes (sa tête, son cerveau, son bras droit, son intestin et son cœur), gardés comme reliques, Émile Baudiau utilise du chlorure de zinc pour embaumer le corps de Gambetta en l'injectant dans ses artères. Le , Léon Gambetta est inhumé au cimetière du Château, à Nice, où sa famille s’était installée[106].

Le Monument à Léon Gambetta par Aubé et Boileau, inauguré six ans après sa mort devant le square de la cour Napoléon du palais du Louvre.

Le , pour le cinquantenaire de la proclamation de la Troisième République, son cœur est transféré au Panthéon[107]. Il repose dans une urne placée dans l'escalier qui descend à la crypte. Le transfert de cette relique républicaine reproduit ainsi la tradition capétienne de la bipartition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur et ossements) avec deux sépultures[108].

Détail des mandats et fonctions

Léon Gambetta en 1873 (huile sur toile d'Alphonse Legros, Paris, musée d'Orsay, 1875).
  • 1869-1870 : député des Bouches-du-Rhône.
  • 1870 : chef de la Délégation.
  • 1871 : député du Bas-Rhin - démissionne le 1er mars, lors de l’annexion de l’Alsace-Lorraine.
  • 1871-1876 : député de la Seine (élu le ) ; maintenu au poste de ministre de l'intérieur sous Broglie.
  • 1874 : renversement du ministère à la suite d'une coalition d'extrémistes : légitimistes/ républicains.
  • 1876-1882 : élu député du 20e arrondissement de Paris.
  • 1877 : dissolution de la Chambre des députés le par le Sénat : Gambetta se représente.
  • 1881 : président du Conseil des ministres, il se réserve les Affaires étrangères.

Ses journaux

Léon Gambetta a fondé différents journaux :

  • La Revue politique : un journal d’opposition au Second Empire (1869) ;
  • La République française (1871).

Portrait

Intérêt artistique et littéraire

Doté d'une grande culture, Léon Gambetta est un lecteur infatigable. François Rabelais, dont il admire la truculence, le sens de la parodie et de la satire, est son écrivain favori. Il admire des œuvres classiques comme celles de Montaigne ou La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, mais également les Fables de La Fontaine et surtout les Contes de ce dernier, dont il apprécie le genre grivois. Parmi ses contemporains, il admire les œuvres de Victor Hugo, opposant comme lui au régime impérial, en particulier Les Châtiments ou La Légende des siècles, dont il est capable de réciter de mémoire de nombreuses strophes[109]. La littérature anglaise l'intéresse également, de même que l'histoire politique et le développement économique de ce pays qu'il découvre à travers les œuvres de l'historien britannique Henry Thomas Buckle[109].

Les écrivains grecs et latins sont pour lui une source d'inspiration dans son métier d'avocat et d'homme politique. Il admire l'éloquence de Démosthène ou de Cicéron et puise dans les œuvres d'Aristophane et Tacite pour en tirer des citations[109]. Il s'inspire également de Mirabeau, qu'il considère comme son maître, et se réclame d'Auguste Comte sur le plan philosophique. Le Cours de philosophie positive est pour lui une source de réflexion et comme l'auteur, Gambetta est convaincu l'ère positive qui succède aux âges théologique et métaphysique doit permettre de résoudre tous les problèmes de l'humanité à travers le développement des sciences. Il est également proche d'Émile Littré, disciple de Comte, et d'Herbert Spencer, penseur positiviste anglais qui insiste sur la notion d'évolution[109].

Léon Gambetta affiche un goût prononcé pour les beaux-arts, et notamment la peinture. Sa préférence se porte sur la peinture flamande et les artistes du siècle d'or néerlandais, comme Jan van Eyck et Hans Memling. Il se rend parfois aux Pays-Bas pour y admirer ses artistes préférés[109]. En revanche, il ne possède aucun goût pour la musique, qui le laisse insensible[109].

Regards contemporains

Selon ce qu'écrivent, en 1914, les auteurs membres de l'Action française de l'ouvrage Gambetta et la défense nationale (chapitre 18), après la guerre, l'action de Gambetta est jugée sévèrement par certains de ses contemporains.

« Nous avons bien le droit de maudire celui qui s'est présenté comme capable de nous mener à la victoire et qui ne nous a menés qu'au désespoir. Nous avions le droit de lui demander un peu de génie, il n'a même pas eu de bon sens », écrit George Sand dans le Journal d'un voyageur pendant la guerre.

Le général Trochu lui reproche « d'avoir voulu faire prédominer ses passions politiques dans les questions où elles n'auraient pas dû trouver place, par exemple dans la défense du pays réduit aux dernières extrémités ».

Thiers affirme que, si l'on n'avait pas prolongé la guerre, « nous aurions moins perdu en territoire et moins donné en indemnité de guerre ». Il poursuit, le , devant l'Assemblée nationale : « Ils se sont trompés, gravement trompés : ils ont prolongé la défense au-delà de toute raison ; ils ont employé […] les moyens les plus mal conçus qu'on ait employés à aucune époque, dans aucune guerre […] Nous étions tous révoltés, je l'étais comme vous tous contre cette politique de fous furieux qui mettaient la France dans le plus grand péril ».

L'Assemblée nationale, le , ordonne une enquête parlementaire sur les actes du gouvernement de la Défense nationale.

Hommages et distinctions

Souvenirs historiques

L'urne contenant le cœur de Gambetta au Panthéon de Paris.
  • L'œil de Gambetta, qui a voyagé à travers toute l'Europe, est conservé dans le musée de Cahors Henri-Martin qui possède également le coffret de pistolets de duel Gastinne Renette qui pourraient être ceux utilisés par Gambetta lors de son duel avec Fourtou le [110]. Le moulage de son cerveau, exposé dans le musée Orfila, est désormais conservé à la faculté de médecine de Montpellier[111]. Son cœur inséré dans un morceau de pin des Vosges évidé, est placé dans une urne au Panthéon de Paris[112].
  • La médaille d'identité de Gambetta comme député de la Seine pour la législature de 1873 est conservée au musée Carnavalet (ND 4415).
  • Dans Les Déracinés de Maurice Barrès (1897), Gambetta est l'inspirateur et le maître-à-penser d'un jeune loup de la politique nancéienne, le Pr. Bouteiller.
  • La correspondance entre Léon Gambetta et Léonie Léon est conservée à la bibliothèque de l'Assemblée Nationale (BAN).

Dans le livre Au Théâtre La sortie au spectacle, dirigé par Pascale Goetschel, Jean-Claude Yon (2014, éditions de la Sorbonne), un chapitre retrace cette correspondance de Léon Gambetta et de sa maîtresse, sous l'angle des goûts et habitudes théâtrales d'une « nouvelle couche sociale ».

Hommages

Timbre du centenaire de la naissance de Léon Gambetta.

De nombreuses statues et monuments ont été élevés en hommage à Gambetta, dont :

  • Cahors : un monument à Léon Gambetta est inauguré en . C’est une statue d'Alexandre Falguière, qui montre le tribun, devant les allées Fénelon, appuyé sur un canon, bras tendu, en pleine déclamation patriotique. À l'origine, le soubassement du socle était décoré de statues de marin et d'un drapeau de bronze, lesquels furent envoyées à la fonte durant l'Occupation[113] ;
  • Cavaillon : monument à Léon Gambetta (1876) ;
  • Épineuse (Oise) : monument d’Épineuse avec cette inscription : « Le , Gambetta, accompagné de son ami Spuller, est sorti de Paris assiégé, dans le ballon de l'Armand Barbès. Ce ballon, après avoir essuyé le feu de l'ennemi, est venu atterrir dans le bois de Favières, territoire d'Épineuse. Les habitants de l'Oise, pour consacrer ce souvenir, ont érigé ce monument au grand citoyen, qui fut organisateur de la Défense nationale. Inauguré le sous la présidence de M. Spuller, ministre des Affaires étrangères... » Le monument œuvre de M. Woillez, se compose d'un socle carré portant un obélisque en pierre des Vosges ;
  • Nice : monument en bronze érigé en 1909, sur l'actuel place du Général-de-Gaulle, détruit en 1943 durant l'occupation allemande ;
  • Paris :
    • la statue de Gambetta : une statue provenant d'un groupe monumental érigé sous la IIIe République au jardin des Tuileries à Paris, inaugurée le , enlevée en 1954, seule la statue de Gambetta a été conservée, après un passage au Palais du Louvre, dans la Cour Napoléon, la statue a été installée en 1982 au square Édouard-Vaillant dans le 20e arrondissement[114],
    • Au Panthéon, le cœur de Léon Gambetta fut transféré, dans une urne de marbre rouge, le . Gambetta était déjà indirectement présent depuis près de quarante ans dans ce monument grâce à une fresque du croisillon sud, due à Joseph Blanc, qui prête les traits du tribun républicain à Aurélien, compagnon de Clovis[115] ;
  • Saint-Maixent-l'École : un buste en pierre (ou en marbre) inspiré de son portrait peint par Léon Bonnat au pied d'un monument commémoratif formé d'une demi-lune et d'une colonne surmontée d'un coq dressé, fermant les « allées Jacques Fouchier » au bord de l'avenue Gambetta (près de la place Denfert-Rochereau) ;
Monument à Léon Gambetta par Auguste Bartholdi à Sèvres.
  • Sèvres : monument à Gambetta par Auguste Bartholdi (1891).
  • Hô Chi Minh-Ville : Monument à Léon Gambetta (1892), identique au monument de Cahors. Il est déposé en 1955 et son sort reste mystérieux[116].
  • Divers :
    • Plusieurs timbres français en son honneur.
    • Émission d'une pièce de 10 francs commémorative à son effigie en 1982.
    • De nombreuses voies adoptent son nom en odonyme, ainsi que, par extension, certains quartiers à Montpellier et à Tourcoing.

Galerie de photographies

  • Monument à Gambetta (1891) par Auguste Bartholdi à Sèvres.
    Monument à Gambetta (1891) par Auguste Bartholdi à Sèvres.
  • Paris (20e), statue de Gambetta par Jean-Paul Aubé, 1888.
    Paris (20e), statue de Gambetta par Jean-Paul Aubé, 1888.
  • Maison des Jardies où est mort Gambetta à Sèvres.
    Maison des Jardies où est mort Gambetta à Sèvres.
  • Tombe de Léon Gambetta à Nice.
    Tombe de Léon Gambetta à Nice.
  • Statue de Gambetta à Cahors.
    Statue de Gambetta à Cahors.

Citations

  • À Émile Ollivier : « Vous n'êtes qu'un pont entre la République de 1848 et la République à venir. »
  • Au sujet de l'Alsace-Lorraine : « Y penser toujours, n'en parler jamais. »
  • Par rapport à la crise du 16 mai :
    • « Nous reviendrons 400 » ;
    • « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre. »
  • Au sujet de l'emprise de l'Église catholique sur la société au XIXe siècle : « Le cléricalisme, voilà l'ennemi. »

Notes et références

Notes

  1. Le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Meurthe, la Moselle, la Seine, la Seine-et-Oise, le Var, les Bouches-du-Rhône, Algeret Oran.
  2. « La République sortira triomphante de cette dernière épreuve, et le plus clair bénéfice du 16 mai sera, pour l’histoire, d’avoir abrégé de trois ans, de dix ans, la période d’incertitude et de tâtonnements à laquelle nous condamnaient les dernières combinaisons de l’Assemblée nationale élue dans un jour de malheur.
    Messieurs, telle est la situation. Et j’ose dire que les espérances du Parti républicain sont sûres ; j’ose dire que votre fermeté, votre union, que votre activité sont les garants de ce triomphe. Pourquoi ne le dirais-je pas, au milieu de ces admirables populations du département du Nord, qui, à elles seules, payent le huitième des contributions de la France, dans ce département qui tient une des plus grandes places dans notre industrie nationale, aussi bien au point de vue mécanique qu’agricole ? N’est-il pas vrai que, dans ce pays, vous avez commencé aussi à faire justice des factions qui s’opposaient à l’établissement de la République et que vous n’attendez que l’heure du scrutin pour que tous vos élus forment une députation unanime ?
    Vous le pouvez si vous le voulez, et vous savez bien ce qui vous manque : ce ne sont pas les populations disposées à voter pour des candidats républicains ; ce sont des candidats qui consentent à sortir définitivement d’une résistance dictée par des intérêts privés et comprennent qu’il s’agit aujourd’hui d’un service public et d’élections d’où dépendent les destinées de la France. Il faut que ces hommes fassent violence à leurs intérêts domestiques pour aborder la plate-forme électorale.
    À ce point de vue, des adhésions significatives ont déjà été obtenues et vous avez su trouver des candidats qui vous mèneront à la victoire. Je devais plus particulièrement le dire ici, dans ce département qui, parmi les autres, tient la tête dans les questions d’affaires et de politique. Je devais le dire ici pour vous mettre en garde contre certains bruits qui ont été répandus et dont on alimente la basse presse, à savoir que si le suffrage universel dans sa souveraineté, je ne dirai pas dans la liberté de ses votes, puisqu’on fera tout pour restreindre cette liberté, mais dans sa volonté plénière, renomme une majorité républicaine, on n’en tiendra aucun compte. Ah ! tenez, Messieurs, on a beau dire ces choses ou plutôt les donner à entendre, avec l’espoir de ranimer par là le courage défaillant de ses auxiliaires et de remporter ainsi la victoire : ce sont là de ces choses qu’on ne dit que lorsqu’on va à la bataille ; mais, quand on en revient et que le destin a prononcé, c’est différent ! Que dis-je, le destin ? Quand la seule autorité devant laquelle il faut que tous s’inclinent aura prononcé, ne croyez pas que personne soit de taille à lui tenir tête. Ne croyez pas que quand ces millions de Français, paysans, ouvriers, bourgeois, électeurs de la libre terre française, auront fait leur choix, et précisément dans les termes où la question est posée ; ne croyez pas que quand ils auront indiqué leur préférence et fait connaître leur volonté, ne croyez pas que lorsque tant de millions de Français auront parlé, il y ait personne, à quelque degré de l’échelle politique ou administrative qu’il soit placé, qui puisse résister.
    Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre. »

Références

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Sources primaires

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  • Lettres de Gambetta, recueillies et annotées par Daniel Halévy et Émile Pillias, Grasset, Paris, 1938.
  • Discours et plaidoyers politiques de M. Gambetta, édités par Joseph Reinach, Charpentier, Paris, 1881-1885, 11 volumes. lire en ligne sur Gallica
  • Francis Laur, Le Cœur de Gambetta, Paris, 1907. lire en ligne sur Gallica
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Bibliographie

Ouvrages généraux

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  • Vincent Duclert, 1870-1914 : La République imaginée, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », (1re éd. 2010), 1104 p. (ISBN 9782072799433).
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  • Arnaud-Dominique Houte, Le triomphe de la République. 1871-1914, Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », , 461 p. (ISBN 978-2-02-100102-0).
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Ouvrages biographiques

Ouvrages sur Gambetta et son action

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  • Sylvie Aprile, « « Qu'avons-nous fait, nous les purs ? ». Figures singulières et recompositions plurielles de l'opportunisme », Politix, vol. 14, no 56 « Inconstances politiques », 4e trimestre 2001, p. 109-122 (lire en ligne).
  • Pierre Barral, « Gambetta et Ferry, amis et rivaux », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, no 648, , p. 891-919 (lire en ligne).
  • John Patrick Tuer Bury (trad. Geneviève et Pierre-François Caillé), Gambetta, défenseur du territoire (1870-1871) [« Gambetta and the National Defence : A Republican Dictatorship in France »], Bar-le-Duc / Paris, Imprimerie Comte-Jacquet / Éditions de la Nouvelle Revue critique, , 232 p.
  • (en) John Patrick Tuer Bury, Gambetta and the Making of the Third Republic, Londres, Longman, , X-499 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne].
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  • Anne Carol, La mise en pièces de Gambetta : autopsie d'un corps politique, Grenoble, Jérôme Millon, , 313 p. (ISBN 978-2-84137-383-3)
  • Anne Carol, « Autopsie d'un grand homme : Gambetta, », Parlement(s) : revue d'histoire politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, no HS 16 « La mort au Parlement », , p. 75-94 (DOI 10.3917/parl2.hs16.0075).
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  • Dominique Damamme, « Corps de la république. Blessure et maladie de M. Gambetta », Genèses. Sciences sociales et histoire, Paris, Calmann-Lévy, no 5, , p. 160-171 (lire en ligne).
  • Jean-Philippe Dumas, Gambetta : le commis-voyageur de la République, Paris, Belin, coll. « Portraits », , 168 p. (ISBN 978-2-7011-5241-7, présentation en ligne).
  • Susan Foley, « J'avais tant besoin d’être aimée... par correspondance : les discours de l'amour dans la correspondance de Léonie Léon et Léon Gambetta, 1872-1882 », Clio, no 24, (lire en ligne).
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  • Jérôme Grévy, « Une relique laïque. Le cœur de Gambetta », dans Albrecht Burkardt et Jérôme Grévy (dir.), Reliques politiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 425 p. (ISBN 978-2-7535-7898-2), p. 325-336.
  • Maurice Rouget, Léonie Léon et Gambetta : un étonnant roman d'amour de dix années (1872-1882), Édicausse, 2020, 80 p. (ISBN 978-2917626207).
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  • Vincent Wright (texte complété, mis à jour et présenté par Éric Anceau et Sudhir Hazareesingh), Les préfets de Gambetta, Paris, Presses de l'université Paris-Sorbonne, coll. « Collection Roland Mousnier » (no 34), , 482 p. (ISBN 978-2-84050-504-4, présentation en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

  • Camp de Conlie
  • Pièce de 10 francs Léon Gambetta (pièce commémorative émise en 1982 à l’occasion du centenaire du décès de Léon Gambetta)
  • Maison des Jardies (demeure dans laquelle Gambetta est mort, labellisée Maisons des Illustres et ouverte à la visite)
  • Second Empire
  • Troisième République
  • Union républicaine
  • François Léon Jouinot-Gambetta

Liens externes